De ce temps des stencils et autres duplications…

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De ce temps des stencils et autres duplications…
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De ce temps des stencils et autres duplications…
Bien sûr, se référer aux temps anciens et leurs
pratiques ancestrales, cela tendrait à ressembler étrangement à un écrit d’ancien combattant
nostalgique de son temps irréversiblement révolu. Celui de sa jeunesse. Il apparaîtrait utile de se
remémorer les conditions d’exploitation de bureau qui étaient les nôtres au début de l’année 1980 et
en particulier au secrétariat de notre bonne mairie de Beaumont en Valentinois. De ce temps là les
moyens bureautiques de la mairie et de toutes les mairies en général, étaient à l’image d’une période
historique très démunie et mal équipée au regard d’une exigence d’efficacité toujours souhaitable
mais alors impossible à atteindre. C’était la curieuse époque des stencils et des machines à
photocopier utilisant un énorme rouleau de papier avec une kyrielle de produits liquides. C’était le
libre cours de moyens allant s’améliorant au fil des nouveaux systèmes proposés par le marché. La
mairie d’alors s’était équipée du volumineux, bruyant et imparfait duplicateur de la marque
Gestetner. Tant il importait pour l’agent dactylographe de ne surtout pas faire d’erreur de frappe.
Etant entendu que les moyens pour réparer ces fautes de frappes impliquaient de se servir d’un
produit, du « blanco », une vague rustine, une approximation, un replâtrage, un pis-aller…Un petit
malheur en soi. Alors le compte rendu des réunions du Conseil Municipal était tiré au duplicateur
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doté d’une encre noire très salissante et même indélébile. Parce qu’il n’était pas rare que les
tirages soient imparfaits, tachés par un excès d’encre. Les mains maculées de saletés pour la furieuse
manipulatrice ne pouvant passer outre.
Il en était de même en ce qui concernait le
photocopieur du secrétariat de mairie, une machine salissante et d’efficacité presque nulle, à tout le
plus donnant des piètres résultats tellement décevants. Difficile d’utilisation sans compter le nombre
de pannes. C’était d’autant plus navrant que sur le marché des équipements de bureau, nous étions
presque au top de la technique dont pouvaient bénéficier tous les secrétariats de mairie comme le
nôtre. C’était d’autant plus regrettable que la mairie avait institué une régie municipale des
photocopies. En effet, pour rendre service au public, il était loisible à quiconque de se procurer à la
mairie la photocopie d’un document à faire authentifier. Le prix de l’épreuve était alors de un franc.
Un reçu était délivré et utilisée une billetterie placée sous la haute férule, la tutelle du percepteur de la
commune, le receveur municipal, le trésorier étant son titre glissant au fil des années. Le travail en
secrétariat se révélait très long et fastidieux. C’était de ce temps de la dactylographie ayant recours au
salissant et approximatif, imparfait papier carbone. Encore que les inévitables fautes de frappe se
révélaient graves de conséquences et nécessitant une longue et imprécise réparation. Ces machines à
écrire même électriques et à boule de la marque IBM se révélaient imparfaites et même carrément
désuètes avant même d’être achetées.
Pendant que les prémices des machines du nom de
Mac-Intosh permettaient d’envisager à court terme un outil ouvrant la voie royale et souveraine au
traitement de texte tel que nous le possédons aujourd’hui. Et puis advint dans les années quatre-vingtdix les logiciels Word et Excel. C’était la société Microsoft qui les installait sur le marché
bureautique de la planète entière. Ces vecteurs représentaient une avancée fondamentale. Tant
l’époque de la traditionnelle machine à écrire se montrait révolue et ce matériel non regretté et mis au
définitif rencard. Vivant ces mémorables circonstances, nous nous sentions comme avoir accédé à
une ère nouvelle, une sorte de nouveau départ vers la perfection absolue et irréversible. Plus
d’approximation ni de difficultés dans le secrétariat de la mairie de Beaumont en valentinois et dans
tous les secrétariats sans restriction.
Certes
équiper
les
services
municipaux
d’ordinateurs représentait un investissement important et coûteux mais, c’était la condition minimale
pour se montrer efficace dans toute la vaste gamme des attributions d’un secrétariat de mairie. Tant
cela se passait il y a trente deux ans, une génération d’hommes. La rédaction des actes d’état civil,
naissances, mariages, décès et transcriptions représentait alors comme une gageure, celle de dresser
sans faute de frappe ces documents nécessitant une parfaite présentation. Alors, le blanco et le timbre
réparateur marchaient tellement fort. Alors que de nos jours aucune fausse manœuvre préjudiciable
n’est possible, hormis les traditionnelles mais réparables fautes d’inattention. Puisque le passé
explique le présent en le conditionnant, c’était effectivement vivre dans une sorte d’allégorique
préhistoire que de se montrer dépendants de ces méthodes, de ces outils historiquement dépassés et
voués à court terme à la définitive réforme…Pendant que nous étions alors…
De ce temps des stencils et autres duplications…
Jean d’Orfeuille