Article de La Liberté du 23.07.2013 - HEdS-FR

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Article de La Liberté du 23.07.2013 - HEdS-FR
LA LIBERTÉ MARDI 23 JUILLET 2013
Gare aux coups de
soleil pour les haies
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23
MARDI
MONTAGNE
Neufs nominés
Demain la liberté sexuelle en EMS pour
un prix
DÉSIR • Celia Perriard s’est fait remarquer par un travail de diplôme engagé sur la
sexualité des personnes âgées dans les EMS. Elle plaide pour une formation continue.
CLAUDINE DUBOIS
Le Prix Montagne du Groupement suisse
pour les régions de montagne (SAB), qui récompense des projets modèles, susceptibles
de servir d’exemples dans d’autres régions, a
retenu neuf projets sur 50 lors d’une première sélection. Parmi les nominés figure notamment la Coopérative des producteurs de
fromage d’alpage l’Etivaz (VD), qui réunit
130 alpages et produit un fromage AOC réputé. Autre favori, l’exploitation agrotouristique de la famille Morier de Château-d’Œx.
Leur maison d’hôte a enregistré l’an dernier
plus d’un millier de nuitées.
Quatre projets grisons ont été retenus. Ils
mettent en valeur une tisane aux herbes de
montagne, une boutique de laine de mouton,
une boucherie et épicerie ainsi qu’un centre
hôtelier axé sur le développement durable et
qui fait office de pépinière de projets.
Un système d’isolation en bois (St-Gall),
un festival de musique et une fabrique de
pâtes sèches dans le Haut-Valais complètent
la première sélection du jury. Le lauréat sera
connu le 4 septembre prochain.I
> www.aideauxmontagnards.ch
EN BREF
ORNITHOLOGIE
L’échasse a pondu
un œuf suisse
Pas besoin d’être jeune pour avoir envie de l’autre… KEYSTONE
PROPOS RECUEILLIS PAR
FRANCESCA SACCO
Elle a 23 ans et vient d’obtenir, avec son
titre de Bachelor en soins infirmiers à la
Haute Ecole de santé de Fribourg, un
joli petit succès d’estime au sein de sa
profession. C’est que Celia Perriard
s’est attaquée à un sujet délicat pour
son travail de diplôme: le regard des
soignants sur la sexualité des personnes âgées dans les établissements
médico-sociaux (EMS). Interview.
MCFREDDY
Tout d’abord, les statistiques: 38% des
plus de 75 ans se disent intéressés par le
sexe.
Celia Perriard: Les personnes âgées ont des désirs et des besoins
sexuels, c’est une réalité!
Une autre évidence, c’est
que la population vieillit
et que la prochaine génération qui arrivera en EMS aura sans
doute une vision assez libérée de la
sexualité. Ce qui fait dire à certains
qu’elle sera plus revendicatrice en matière de droit à l’intimité. Actuellement,
les résidents ont tendance à faire montre de pudeur. Ils ont encore vécu avec
l’idée que la procréation était la finalité
de la sexualité et du mariage.
N’est-ce pas un peu étonnant que ce soit
des jeunes gens comme vous, âgés
d’une vingtaine d’années, qui fassent
l’éducation sexuelle des personnes
âgées?
Oui, peut-être, mais nous ne faisons
pas de l’éducation sexuelle au sens
strict du terme. Nous essayons de permettre aux personnes âgées de vivre
mieux leur sexualité. Et puis il y a de
toute façon une rencontre intergénérationnelle dans les EMS, puisque les soignants sont forcément plus jeunes que
les soignés. On ne sait donc pas quelle
sera la mentalité des jeunes qui s’occuperont de la prochaine génération de
résidents. Peut-être seront-ils encore
plus libérés sexuellement qu’on ne l’est
aujourd’hui, ou qu’au contraire, ils seront légèrement revenus en arrière...
Enfin, il ne faut pas oublier qu’on finit
généralement tous par devenir un jour
les parents de ses propres parents, et ce
mécanisme entre plus ou moins fortement en jeu chez les soignants, inconsciemment ou non. Cela pourrait expliquer pourquoi ils se montrent parfois
gênés lorsqu’ils sont confrontés à la
réalité des besoins sexuels des résidents: ils réagissent comme s’il s’agissait de leurs proches, dont ils préféreraient ignorer qu’ils ont une sexualité!
Donc le personnel soignant n’est pas
très ouvert à l’expression de la sexualité
des résidents?
Non, les soignants sont 73% à dire que
la sexualité est importante pour les
personnes âgées. Mais il y a comme
un décalage entre leur ouverture d’esprit et la réalité: dans la pratique, ils se
montrent parfois déroutés, surpris,
incommodés, voire intolérants, moralisateurs et ironiques. Le moment de
la toilette est typiquement assez délicat. Qu’on le veuille ou non, l’image
de l’infirmière est susceptible de faire
naître des fantasmes et toutes les soignantes n’ont pas le même seuil de tolérance à certaines réactions grivoises. Une de mes collègues s’est fait
pincer les fesses, par exemple. Elle a
quitté la pièce si fâchée qu’elle a uti-
lisé l’expression «vieux cochon» pour
parler du résident. A mon avis, le personnel devrait être encouragé à reconnaître ses émotions et à exprimer
ses propres limites. Il n’est pas bon de
rester avec des choses désagréables
sur le cœur… On risque alors de vouloir régler les situations en décidant
qu’il y a les «bons» d’un côté et les
«méchants» de l’autre.
Et vous, on vous a déjà pincé les fesses?
Non, mais on m’a déjà dit des choses
du genre: «vous avez de jolies formes»
et «si j’avais quelques années de
moins, je vous demanderais en mariage». En fait, ce qui est déterminant
pour savoir comment réagir, c’est l’intention qui se trouve derrière le geste
ou la parole: par exemple, dans l’esprit
de la personne âgée, raconter des
blagues au-dessous de la ceinture ne
porte peut-être pas à conséquence.
Ainsi, il peut arriver qu’un soignant
accepte une fois de se laisser toucher
les fesses, parce qu’il est rassuré sur le
fait que le geste est anodin. Mais cela
peut aussi devenir lourd si cela se répète. Dans tous les cas, il est utile de
dialoguer pour pouvoir se positionner.
Qu’entendez-vous concrètement par:
«se positionner»?
J’estime que les directions des EMS gagneraient à définir clairement, avec le
concours du personnel, ce qu’elles tolèrent et ce qu’elles ne tolèrent pas. Par
exemple, est-il admissible qu’une travailleuse du sexe vienne dans l’établissement pour satisfaire la demande
d’un résident? Accepte-t-on d’entendre
des plaisanteries un peu grasses et si
oui, jusqu’où cela va-t-il?
N’y a-t-il pas de règlements internes
actuellement?
Le sujet de l’intimité en général et de la
sexualité en particulier est rarement
abordé à ce niveau. Cela me conforte
dans l’idée que ce serait bien s’il existait, au niveau des hautes écoles spécialisées, une formation complémentaire sur la thématique de la sexualité
dans les soins en gériatrie. Il y a une
réelle demande et des programmes-pilotes ont déjà été lancés à l’étranger,
notamment aux Etats-Unis. A noter
que la charte de l’Association fribourgeoise des institutions pour personnes
âgées (AFIPA) précise depuis 2011 que
ses membres doivent prendre les dispositions nécessaires pour permettre
aux résidents de «vivre leur intimité,
leurs relations affectives et leur sexualité sans crainte d’être dérangés».
Préserver l’intimité en EMS, ce n’est
donc pas facile…
Concrètement, il n’est pas évident de
trouver des solutions pour permettre
aux résidents des EMS de profiter de
moments d’intimité. Ils possèdent souvent une clé de leur chambre, mais les
soignants doivent pouvoir entrer à tout
moment pour des raisons de sécurité.
Certains établissements mettent à leur
disposition des pancartes disant «ne
pas déranger», mais on leur reproche
souvent de tuer la spontanéité: le moment d’intimité cesse aussitôt d’en être
un. Le principe des chambres communicantes semble plus satisfaisant – encore faut-il qu’il soit possible de rajouter des portes. Au final, il s’avère
indispensable de discuter avec le résident pour trouver une solution «sur
mesure». I
Les échasses blanches font escale chaque printemps en Suisse,
en petit nombre. C’est pourtant la
première fois que des ornithologues observent et documentent
la nidification d’un couple de ces
élégants limicoles à pattes
rouges, 219e espèce à avoir niché
au moins une fois dans notre
pays. Martin Hüsler et Anders
Storensten ont fait cette découverte fin mai, aux abords du lac
artificiel Flachsee dans la réserve
naturelle d’Unterlunkhofen. Un
couple d’échasses blanches, oiseau typique de la zone méditerranéenne, y a construit un nid rudimentaire pour accueillir un œuf,
le premier de Suisse, photographié et filmé par les deux ornithologues. De quoi ajouter quelques
pages au futur «Atlas des oiseaux
nicheurs», pour lequel le recensement commencé cette année sur
le terrain dure jusqu’en 2016. TR
> www.vogelwarte.ch
> atlas.vogelwarte.ch
GUIDE
Promenades sur la
frontière
«Les Etats meurent, les pierres
demeurent.» Ces pierres, ce sont
les bornes-frontière, disséminées
le long de la frontière francosuisse. Après un ouvrage du
même type consacré au Jura vaudois, Olivier Cavaleri invite à découvrir ces bornes au travers de
douze randonnées estivales dans
le Jura neuchâtelois, recueillies
dans un petit guide illustré. Des
gorges du Doubs aux pâturages
de Sainte-Croix en passant par La
Brévine, l’auteur mêle le plaisir de
la balade à celui de l’héraldique et
de l’histoire, en proposant de parcourir la frontière tout en guettant ces jalons sur lesquels sont
taillés et peints blasons, dates et
autres inscriptions, explicités par
une documentation fournie.
Comme la visite guidée d’un musée en plein air. TR
> Olivier Cavaleri, «Histoire de bornes. A la
découverte des bornes-frontière du Jura
neuchâtelois», Ed. Slatkine, 175 pp.