le libre penseur - Association Suisse des Libres Penseurs
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le libre penseur Périodique romand laïc et indépendant Editeur: Association vaudoise de la Libre Pensée Case postale 5264 CH-1002 Lausanne 38e année Décembre 2012 Trimestriel N° 155 Abonnement annuel: CH Fr. 10.–, CCP 10-7494-3 Etranger Euro 10.– ISSN 0256-8985 Rédacteur responsable Ivo Caprara Tirage 1800 exemplaires PAUL LÉAUTAUD, MISANTHROPE PACIFISTE Lorsque Paul Léautaud est « né » à la popularité, il avait septante-huit ans. Ce n'est qu'en 1950 que le jeune journaliste Robert Mallet demande à Léautaud de consentir à enregistrer, pour la Radio, une série d'entretiens. Après maintes réticences l'ombrageux misanthrope consentira à la diffusion de ces entretiens à la condition formelle que la spontanéité de sa conversation soit préservée de la moindre retouche ou censure. LE VIF-ARGENT DU « MERCURE » Le succès fut fulgurant et immédiat. Comment expliquer un tel engouement du public pour un personnage qui lui était auparavant inconnu ? Les auditeurs, habitués à un langage « politiquement correct », apprêté, convenu, n'en revenaient pas d'entendre un langage nouveau et tout à fait débridé. « Soudain voici qu'éclate un rire insolite, sarcastique, et qu'un irrévérencieux olibrius dit, avec une verdeur inouïe, tout ce qui lui passe par la tête, culbute les idées consacrées, se livre à un authentique jeu de massacre sur toutes les gloires éta- blies ! A la leçon apprise, au mensonge et à la flagornerie, voici qu'un original atrabilaire substitue le naturel et la vérité » s'enthousiasme Jean Galtier-Boissière, directeur du Crapouillot et ami du vieux misanthrope. Au lieu des dix entretiens prévus, on en fit quarante-trois. Auparavant, Léautaud n'était connu et apprécié que par un public d'élite, extrêmement restreint. Il n'avait publié que quelques ouvrages à tirage limité tels Le Petit Ami, Passe-temps, In memoriam2. Il tenait, aux éditions du Mercure de France, la critique littéraire puis la critique théâtrale sous le pseudonyme de Maurice Boissard. Comment ce misonéiste, presque octogénaire, qui s'éclairait à la bougie, écrivait à la plume d'oie et n'avait ni radio ni téléphone, avait-il pu séduire tant d'auditeurs beaucoup plus jeunes que lui ? C'est qu'ils voyaient en lui un homme libre, d'une farouche indépendance. Et c'est pourquoi des personnages connus, tels Georges Brassens, René Fallet, Louis Nucera, Pierre Perret ne lui ménageaient pas leur admiration. Pour la première fois, les auditeurs purent entendre des propos jamais encore exprimés sur les ondes, les pensées libres d'un esprit libre. INDIVIDUALISTE AVANT TOUT Fermement hostile à toute mode, à tout sentiment moutonnier, il n'avait que mépris pour tout grégarisme. Jamais il ne Paul Léautaud, 1872-1956 SOMMAIRE 1. Paul Léautaud, misanthrope pacifiste André Panchaud p. 1-3 11. Nuances et faux-semblants Pierre Lexert 2. Hommage à Georges Eperon p. 3-4 p. 12 12. Quand l’âme sœur cache l’hameçon Robert Lescuyer 3. Ectogenèse: gestation extracorporelle Mélanie Lafonteyn p. 4 13. Rires et colères d’un incroyant René Pommier p. 15 4. Les oiseaux noirs de Calcutta p. 5 14. Respect, qui es-tu ? Olivier Lazo p. 16 15. Les Brèves Thor Danneman p. 17 Narcisse Praz 5. Les raisons pour lesquelles j’ai entrepris «Les oiseaux noirs de Calcutta» Anne Lauwaert p. 5-7 6. Jésus aux Indes? Claude Cantini p. 8 7. Kapitalist nix gut André Thomann 8. Vive la Belgique athée Narcisse Praz 9. Civilisation et religions Edouard Kutten 10. Dis Papy… Anne Lauwaert p. 8-10 p. 10 p. 10 p. 10-11 p. 14-15 16. Examen des 12 preuves de l’inexistence de Dieu de Sébastien Faure J.L.H. Thomas 17. La fin du chemin de croix pour le prof anti-crucifix p. 17-20 p. 20 18. Justice à la valaisanne Narcisse Praz 19. Sacrifice humain Louis Delorme p. 21 20. En lisant Claude Cantini p. 21-23 p. 20-21 le libre penseur/no 155 2 se serait associé aux mouvements de foule pour lesquels il n'avait qu'aversion. De même pour les modes : « Suivre la mode, […] n'est-ce pas, pour les hommes comme pour les femmes, témoigner du manque le plus complet de personnalité dans le goût et même de l'absence de tout goût, puisque c'est volontairement ressembler à tout le monde et adopter le goût de tout le monde ? » Réticent à toute adhésion que ce soit, Léautaud, quoique athée, ne fréquenta aucune association de libres penseurs et athées. Cependant, peut-on trouver plus anticonformiste que lui ? Il y a des gens qui ont besoin d'un maître et qui ont une âme de disciple, disaitil. Il n'y a de maître que pour les gens nuls ; ils ne comptent pas et nous en aurons toujours trop. Parce qu'il ne voulait « ni dieu ni maître » on serait tenté de le cataloguer comme anarchiste. Il s'en défendait : « Pour me qualifier, il vaut mieux employer le terme d'individualiste plutôt que celui d'anarchiste. Je ne suis pas anarchiste mais individualiste. » Cependant il rejoint la pensée de Bakounine en déclarant : « Libre, moi, mais libres aussi les autres. » Propos qui nuance quelque peu la réputation d'égoïste qu'on lui attribue. « Tout ce qui est de l'autorité me donne envie d'injurier » a-t-il écrit. Aussi ne s'étonnera-t-on pas pour son aversion de tout ce qui représente le pouvoir : uniformes, galons, etc. Sur l'armée : « Il y a encore des sots qui coupent dans les phrases sur l'armée, le drapeau, la patrie. Ces idées sont aussi malfaisantes que les idées religieuses. Je ne sais pas si le métier d'officier n'est pas encore plus bas que celui de prêtre ou de magistrat. Alors que tout être aspire à la liberté, se faire volontairement esclave, machine à obéir. Le besoin de dominer est aussi bas que le besoin d'être dominé. » L'uniforme, ce n'est pas seulement le soldat mais aussi le policier. Pas plus d'indulgence, chez Léautaud, pour l'un que pour l'autre : « Je n'aime pas la police et n'en fais pas un secret. Du plus haut de ses fonctionnaires au plus bas, il faut une triste nature pour faire ce métier. » L'auteur du Petit Ami disait n'avoir pas le fétichisme de la nationalité : « Je ne regarde que ce que vaut l'homme, de quelque pays qu'il soit. » UN PERSONNAGE AUX MULTIPLES FACETTES C'est surtout contre le fait religieux que Léautaud se déchaîne. Pour lui, tous les mysticismes se valent et ont tous la bêti- se à leur base. Ne croirait-on pas que la crédulité est infuse chez l'homme ? Il faut vraiment qu'il croie à quelque chose. Se passer d'une idole lui est impossible. Pour notre réfractaire, la sorte de bêtise qui résume toutes les autres, qui contient et englobe toutes les autres, c'est la croyance religieuse. « Tout ce qui est sentiment religieux, dit-il, est aliénation mentale à un degré ou à un autre. » Le vrai fidèle, à son avis, ne réfléchit jamais et n'examine rien, il se contente de prier les yeux fermés autant que l'esprit. Malheureusement, en notre « civilisation », la bêtise et l'ignorance sont toujours plus puissantes et envahissantes que l'esprit et le savoir. C'est ce qui fait la force des religions. Personnage aux multiples facettes, estimé par les uns détesté par les autres, l'ermite de Fontenay-aux-Roses fascinait autant qu'il déplaisait. Qui était-il vraiment ? Un original, un misanthrope ? Un non-conformiste, en tout cas. Jugé insupportable, infréquentable par certains qu'il n'avait pas épargnés dans ses articles, il était pour l'écrivain André Billy, « un des écrivains les plus originaux, les plus fins, les plus spirituels que nous ayons ». La critique lui fit souvent une réputation de cynique, d'orgueilleux égocentrique, lui reprochant son indifférence à l'égard d'autrui. On l'accusait surtout d'égoïsme, de pingrerie. Egoïste, il l'était certes et ne s'en cachait pas. Quant à sa prétendue pingrerie, on voit mal comment il aurait pu se montrer généreux avec le maigre pécule qui lui était octroyé au Mercure de France par son directeur Alfred Vallette. La vérité était qu'il ne cherchait pas à plaire, ce qui ne plaisait pas à beaucoup de collectionneurs de distinctions et de compliments. Il n'écrivait jamais que ce qu'il lui plaisait de dire, sans litote ni euphémisme. Avec lui, le propos était toujours direct, non apprêté. Sa causticité s'exerçait contre la foire aux vanités des « gensdelettres ». Il disait ne pas apprécier les écrivains sentimentaux : « J'aime les moqueurs, les sarcastiques, les ronchonneurs ; je mets au plus haut point ceux qu'on appelle les écrivains d'humeur. » « LA BÊTISE ME REMPLIT D’UNE HAINE SANS BORNE » Entre autres reproches de ses adversaires, de ses ennemis même, celui de n'être pas d'un commerce facile, d'être plus porté à dénigrer qu'à complimenter. On stigmatisait ses attaques au vitriol, ses jugements corrosifs, brutaux. Pas dupe, il se dépeint lui-même « désagréable, hostile, agressif, insociable et, ce qui est mieux, avec une sorte de jouissance ». Sa misanthropie est attestée par cette anecdote. Une jeune étudiante en médecine lui ayant dit, lorsqu'il sortait de l'hôpital : « Quelle tristesse de voir tous ces gens mourir », il répliqua : « Ça nous console de tous ceux qu'on voit vivre. » Que l'on se garde à ce propos d'un jugement hâtif et trop sévère. Ce genre de boutade n'était, chez Léautaud, qu'une protection pour se défendre de toute sensiblerie. Pour ne pas donner l'impression de trop s'apitoyer, il faisait de son cynisme un bouclier. En fait, sa misanthropie n'était qu'apparente. Elle dénotait le plus souvent la révolte d'un esprit épris de justice, de probité et d'harmonie. Elle marquait une résistance farouche au conformisme et à la bêtise de la multitude : « La bêtise me remplit d'une haine sans borne. » Egocentrique au point de déclarer « il n'y a que moi qui m'intéresse. Il limitait son univers à son travail au Mercure de France, à ses chroniques théâtrales (signées Maurice Boissard), à ses liaisons amoureuses et à ses bêtes. Autant manifestait-il d'insensibilité envers les humains, autant se montrait-il sensible aux animaux. Il recueillit chez lui, dans sa « tanière » de Fontenay-aux-Roses, cent cinquante chiens, trois cents chats, une oie, une guenon, une chèvre. Pas tous ensemble, cela va sans dire. Quoique entouré de toute sa ménagerie, il n'aimait rien tant que la tranquillité. « Les gens qui ne supportent pas la solitude ni le silence m'exaspèrent. » Et, ajoutait-il : « J'aime mieux être chez moi, seul, que dans la société. » Il avouait le libre penseur/no 155 prendre en horreur la vie et les gens, en général, pour toute la laideur, la dureté, la brutalité qu'on y trouve à chaque instant, le manque de générosité et de vraie intelligence. Quoique violent dans ses propos, ce contempteur de l'humanité était un authentique pacifiste. « IL EST NOTRE DIOGÈNE » Bougon et peu sociable, le misanthrope du Mercure n'était pas l'ours qu'on serait tenté d'imaginer. Rivarol disait : « On peut être très cruel en esprit et très charitable en action. » Misanthrope, certes, mais bon pour ceux qui souffrent. On peut mépriser l'homme et ne pas être insensible. Tel pouvait être Léautaud. Il était considéré par ceux qui l'ont connu en dehors des milieux littéraires et qui ont eu des rapports intimes avec lui comme un homme serviable et complaisant. Pour eux, son humeur chagrine et ses propos venimeux ne pouvaient être qu'une posture. De nombreux exemples le démontrent. Il n'a jamais caché son horreur des enfants. Il ne pou- 3 vait supporter leurs piailleries. Il les trouvait cruels, fourbes, menteurs, hypocrites. Mais, corrigeait-il, « il est bien certain que je ne comprends pas qu'on maltraite les enfants. Quand je lis dans les journaux d'aujourd'hui des traits de sauvagerie à l'égard d'un enfant, je trouve ça immoral, immonde, immonde, immonde ! Non, je ne peux le supporter ! Pas plus que pour les animaux. » Et il ajoute : « Il y a deux sortes d'êtres qui ne devraient jamais être malheureux : les enfants et les bêtes. » Alors... insensible, Léautaud ? Il répond lui-même : « Je ne suis pas si sec qu'on pourrait le croire. Une action généreuse ? Aussitôt mes yeux se brouillent d'émotion. » « Il est notre Diogène » disait de lui son ami André Rouveyre. On pourrait même ajouter « il est notre Alceste », personnage pour lequel il avait un penchant tout particulier. Il avouait même : « Les larmes me viennent chaque fois que je vois jouer Le Misanthrope. » Cet être qui se prétendait fermé au sentiment pouvait pleurer en récitant des poèmes de Verlaine et Apollinaire. Il disait n'avoir eu que des rapports agréables avec les gens de son quartier et son entourage, sans jamais nul conflit. « Je n'ai rencontré dans ma vie que des sympathies, je peux le dire. Je n'ai rencontré, tout le long de ma vie, que des gens empressés à m'être utiles. » Ce que confirme son ami d'enfance André Rouveyre : « Il montre à qui sait le voir un cœur gentil comme il n'en est guère. » Cet « ours mal léché » était né à Paris… rue Molière ! le 18 janvier 1872. Mort le 22 février 1956. La lanterne de ce Diogène-là continue encore à nous éclairer sur la complexité de la nature humaine. ANDRÉ PANCHAUD 1 2 Mémoires d'un Parisien, Ed. Quai Voltaire, 1994. Œuvres, Mercure de France, 1988. HOMMAGE à GEORGES ÉPERON Il nous a quittés à l'âge de 90 ans, lucide, athée, le plus vieil anar de Genève et autres lieux, combatif comme au bon vieux temps où il manifestait contre les fascistes de Géo Oltramare dans les années 1930. Enfant abandonné, il fut recueilli dans un orphelinat destructeur de sa personnalité, puis envoyé se faire la peau dure chez des paysans exploiteurs, violents et cupides. Un pasteur protestant lui témoigna de la bienveillance, celle-là même dont usent les récupérateurs d'âmes prétendument perdues dans le but d'augmenter leur cheptel de brebis dociles toujours prêtes à bêler leurs cantiques. Et puis, soudain, vint la révolte. Georges Éperon prit le large. Pour gagner sa croûte il ne trouva rien de mieux que les chantiers où se pressaient les ouvriers étrangers, italiens pour la plupart et porteurs d'idées subversives anarchistes et donc anticléricales. Et pour cause : ceuxlà savaient le poids des religions en général et de l'Eglise catholique en particulier sur l'esclavage social des masses travailleuses (langage marxiste de l'époque oblige). Dès la première paie, Georges s'offre ses premiers livres. Autant dire que Georges Éperon vient d'entrer en religion : la lecture*. La lecture qui deviendra son anti religion: Bakounine, Kropotkine, Sébastien Faure, Proudhon, Zola. Plus tard, Camus le libertaire. La religion de Georges Éperon est faite : ce ne sera pas un athéisme doctrinaire, non, mais un agnosticisme lucide bientôt illuminé de rousseauisme contemplatif qui fera de lui l'homme libre, l'anar errant qui travaille l'hiver en Suisse pour gagner de quoi se payer printemps et l’été au soleil, dans son camping-car brinquebalant : le sud, la campagne vaudoise ou les montagnes du Valais. Sur les chantiers de l'hiver il apporte sa bonne humeur et ses réflexions caustiques sur le monde tel qu'il est, tel qu'il le voit : peu engageant. Il n'est pas le porteur d'une vérité quelconque, puisque de vérité il n'en existe aucune sinon la certitude de la limite de toute vie d'homme, non, mais il agit en démolisseur de toutes les impostures religieuses ou politiques déguisées en autant de vérités. Enfin, dans les limites du temps dont il dispose… en dehors de celui qu'il consacre à la lecture. Georges Éperon, modèle de culture ouvrière, deviendra à lui seul une bibliothèque ambulante. La télévision s'avise un jour d'engager le peintre en bâtiment qu'il était pour la réalisation des décors de certaines émissions. Et c'est le coup de foudre : la TSR découvre un homme exceptionnel. Elle lui consacre plusieurs émissions, notamment celles consacrées aux abus commis dans les orphelinats d'une certaine époque. C'est le monde de cette enfance-là qui est révélé au grand public le libre penseur/no 155 4 grâce à l'ami Georges: le monde qui lui a volé son enfance. Avec la disparition de Georges Éperon, Le Libre Penseur perd sûrement son plus vieil et son plus fidèle abonné. Il en est de même pour les autres journaux frères en rationalisme, La raison, La raison militante et les Cahiers de l'Union rationaliste de France. Le long des quais du Rhône on ne verra plus le vieillard à la blanche chevelure ondulée, contemplant la magnificence rousseauienne des ors de l'automne dans les arbres ou, assis sur un banc public, lisant et relisant… Les rêveries d'un promeneur solitaire. Salut à toi, Georges Éperon, tu as bien mérité de la liberté de penser et d'agir en conséquence. NARCISSE PRAZ * Une petite partie de sa riche bibliothèque à été offerte à l’Association vaudoise de la Libre Pensée. L’Association suisse de la Libre Pensée a le pénible devoir de faire part du décès, dans sa 91e année, de Monsieur Georges Éperon (1922-2012) Homme libre Les obsèques civiles ont eu lieu à Genève le vendredi 9 novembre 2012. ECTOGENÈSE : GESTATION EXTRACORPORELLE DANS CINqUANTE ANS ? OU AVANT ? UNE MACHINE à BÉBÉS Louer un utérus artificiel personnalisé, une couveuse adaptée, pour mettre au monde un enfant sans complications ni fatigue, sans accouchement ni récupération d'un poids conforme aux normes établies… c'est l'hypothèse futuriste que développe le biologiste Henri Atlan dans un ouvrage passionnant et provoquant. Donc, dans cinquante ans ou avant les femmes auraient le choix : elles pourraient porter leur enfant selon les méthodes ancestrales, ou bien s'adresser à un centre spécialisé dans l'ectogenèse, qui se chargerait d'assurer à leur fœtus une pré-vie confortable dans une couveuse miraculeuse. Baignant dans sa boîte en plastique remplie d'un pseudoliquide amniotique à température étudiée, relié par le nombril à un placenta artificiel, savamment bercé par impulsions programmées sur ordinateur, perfusé/e, sonorisé/e, le bébé, la bébé, avant la naissance, n'aura presque plus besoin de nous. Nous ne serons plus que producteurs d'ovocytes et de gamètes. Effacées d'un coup les encombrantes pathologies de la grossesse, ardemment désirée ou carrément détestée : plus de souffrance fœtale, plus de traumatisme à la naissance, dépistage précoce des maladies génétiques, possibilité d'interventions chirurgicales ; et une naissance programmée à heure fixe avec coupure du cordon hors de la boîte. Un frémissement à cette lecture ? Je pense à mon grand-père paternel qui tempêtait aussi lorsque nous lui affirmions avec une affectueuse taquinerie que nous mettrions un pied sur la Lune ! Et un jour, Neil Armstrong… Dissemblables et égaux les deux sexes ? Oui, existe l'égalité de principe devant la loi, mais l'égalité réelle entre masculin et féminin n'existe toujours pas en 2012, ni en France ni dans les autres Etats membres de l’Union européenne. Et n'examinons pas le reste du monde ! Les inégalités viennent du fait que les différences liées à la féminité sont considérées comme des signes d'infériorité. ET IL N’Y A PAS DE DEUXIÈME SEXE, LES FEMMES SE DÉFINISSENT PAR ELLESMÊMES. Ce qui était une fatalité est devenue un choix : avoir ou non des enfants, c'est un droit qu'a maintenant la femme à travers toutes les techniques de contraception et la légalisation de l'avortement. Si elle a des difficultés pour être mère, elle dispose de l'insémination artificielle, de la fécondation in vitro, et, dans certains pays, de la mère porteuse. Pourquoi ne disposerait-elle pas d'une solution bien plus simple qui lui garantirait plus d'indépendance et aucune contrainte physiologique ? Et l'homme ? Pourquoi devrait-il éternellement passer par la femme pour avoir une descendance et en être privé si elle n'en veut pas ? Comment ne pas reconnaître avec honnêteté que le pouvoir de la femme à donner la vie ou refuser de la donner est exorbitant et injuste pour l'homme ! Et il faudra bien qu'un jour on parvienne à résoudre en conscience le légitime désir d'enfants des couples homosexuels, hommes et femmes. L'ectogenèse, une prédiction apocalyptique, un délire de savants fous, un cauchemar à relents eugénistes ? Bien sûr que non ! Seulement une formidable perspective offerte à l'espèce humaine, à la résolution positive de situations aujourd'hui douloureuses, à une alliance beaucoup plus efficace et intelligente entre féminin et masculin, à un respect parfait de la volonté de l'Autre. MÉLANIE LAFONTEYN Les articles du Libre Penseur peuvent être reproduits librement, en indiquant la source, à l’exception (rare) de ceux qui sont protégés par le copyright © le libre penseur/no 155 5 VIENT DE PARAÎTRE LES OISEAUX NOIRS DE CALCUTTA Roman tiré d'une histoire vécue de Anne M. G. Lauwaert. Un séjour en Inde et dans les « slums » de Calcutta, vus non pas comme on aime les rêver, mais qu'on prend comme une beigne en pleine figure dès qu'on regarde avec les yeux en face des trous… Alice fait un bilan de sa vie et décide de partir en Inde. À peine arrivée à New Delhi elle se heurte aux absurdités des mentalités locales. Elle descend vers Calcutta par petites étapes pour découvrir le pays. À Calcutta, elle séjourne dans une institution pour enfants handicapés et abandonnés, rencontre Mère Teresa. Grâce à la présence d'une jeune bénévole allemande qui parle le bengali, Alice découvre le dessous des cartes. Petit à petit elle perd ses illusions. Elle devient malade et quitte l'orphelinat. Quand son compagnon vient la rejoindre elle comprend que leur relation est arrivée à sa fin… Elle a donc tout raté. Epilogue : Alice rentre en Suisse, elle doit tout recommencer: se soigner, reprendre sa profession et tirer le bilan de son expérience. Au fil des années ses dernières illusions tombent, elle s'aperçoit que même Mère Teresa n'est qu'un mythe inventé de toutes pièces. Alice ne rejoindra la paix que quand elle aura renoncé aux illusions et se sera consacrée au jardinage et à l'étude de la musique en compagnie de son chien. L'auteur : Anne M.G. Lauwaert est née en 1946 à Ninove en Flandre. Elle a passé une partie de son enfance au Congo belge où son père (pédagogue) avait été envoyé par le gouvernement belge pour y créer une école destinée à former des enseignants autochtones, donc en contact direct avec la réalité locale. Elle a suivi le lycée latinmathématiques à Bruxelles et obtenu le diplôme de kinésithérapeute à Tournai. Elle a beaucoup voyagé, notamment au Congo, au Pakistan et en Inde Editions Tatamis / 103, rue Albert 1er / F41000 Blois 280 pages, 16 euros (Suisse Fr. 28.–) LES RAISONS POUR LESqUELLES J’AI ENTREPRIS « LES OISEAUX NOIRS DE CALCUTTA » Il y a aussi les oiseaux de mauvais augure. L'« Oiseau noir » évoque la menace… l'ombre noire du rapace qui plane là-haut, prêt à fondre sur sa proie. Les rapaces… l'aigle, la buse, le faucon ont la réputation noble, contrairement aux vautours, charognards et autres corbeaux qui dépècent les carcasses putrides des cadavres en décomposition. Je pense à cette photo célèbre d'un vautour qui guette un petit enfant noir qui est en train de s'éteindre. Il y a aussi les charognards humains qui dépècent leurs semblables. Ceux qui profitent de la vulnérabilité des autres comme ces tiers-mondistes qui utilisent la misère du tiers monde pour se valoriser ou se donner bonne conscience. Ceux qui profitent du tiers-mondisme pour, d'abord, en vivre eux-mêmes. Ceux qui profitent des faibles pour les exploiter : le travail des enfants, les abus sexuels, les travailleurs non protégés par des lois sociales. Ceux qui profitent des ignorants pour les manipuler et fomenter des troubles sociaux, des violences interreligieuses, interraciales. Les religions qui vivent sur le compte des faibles et des ignorants en les terrorisant avec les menaces du feu éternel de la géhenne ou de réincarnations vengeresses. Les corbeaux noirs évoquent les toges et les soutanes. « Calcutta »… la ville florissante sous la colonisation britannique, capitale culturelle contrastant avec les bidonvilles, haut lieu du tiers-mondisme avec la célèbre Mère Teresa... Tous les chemins des angélistes qui rêvent de sainteté mènent à Calcutta. le libre penseur/no 155 6 Ayant vécu au Congo et adoré le Pakistan, en tant que physiothérapeute idéaliste et héritière d'un bigotisme niais, il était inévitable que j'aille à Calcutta. L'ombre des oiseaux noirs qui planent au-dessus du tiers monde est aussi une menace pour l'Occident. L'Europe ne peut pas absorber la misère du monde. L'immigration importe ses conflits en Europe. Ce n'est pas en déstabilisant l'Europe que le tiers monde gagnera en stabilité. L'Europe ne sait pas résoudre les problèmes du tiers monde. Au lieu de fuir leurs pays, les citoyens du tiers monde doivent prendre leurs problèmes à bras-le-corps et les résoudre euxmêmes, chez eux. Il n'y a pas de mystère, s'ils veulent la prospérité européenne ils doivent appliquer les méthodes européennes. S'ils veulent maintenir leurs traditions, ils resteront dans leur état traditionnel. Choix difficile… sine qua non. L'ombre menaçante plane aussi sur l'Europe qui refuse de regarder la réalité en face, d'appeler un chat un chat, qui se voile la face derrière le politiquement correct, les illusions, les mythes... comme Mère Teresa. Tôt ou tard les géants aux pieds d'argile comme les pays soi-disant émergeants imploseront puisqu'ils ne sont pas construits sur des pyramides sociales aux bases solides. Tôt ou tard il va falloir regarder la réalité en face. Ce livre raconte donc mon séjour en Inde et est étoffé par d'autres histoires racontées par d'autres personnes. Les noms ont été changés car il ne s'agit pas de « stigmatiser le pêcheur, mais de dénoncer le péché ». Le but est aussi d'encourager le lecteur à s'interroger sur les problèmes du tiers monde et des migrations avec bon sens et esprit critique car l'angélisme est aussi dangereux que d'ignorer l'avertissement du thermomètre. EXTRAITS : Dans l'orphelinat « Le plus important, dit Alice, c'est de vider et de nettoyer la grande terrasse. La maison ne dispose ni de jardin, ni de cour où les enfants peuvent sortir, prendre l'air, jouer, bénéficier du soleil. Il est capital qu'ils puissent chaque jour aller au soleil car c'est le soleil qui fixe le calcium dans les os... » Visite chez Mère Teresa Mère Teresa était assise tranquillement sur le muret du balcon, elle souriait et parlait avec le gros Yankee qui tira de la poche arrière de son pantalon un très gros portefeuille. Il l'ouvrit et en sortit une énorme liasse de billets de 100 $. Ils parlèrent et Mère Teresa lui donna un chapelet et une bénédiction. Alice et Mara se regardèrent... donc, pour les gens qui apportaient des dollars, Mère Teresa était présente. C'était donc bien vrai qu'en Inde les religions ne servaient qu'à causer des violences. Dans le bus La fumée qui sortait des voitures était si dense qu'Alice ne parvint plus à respirer. « Je vais changer de place, dit-elle, près de la fenêtre c'est insupportable... » « L'essence coûte tellement cher, expliqua Mara, que les gens y ajoutent de l'huile... ensuite les moteurs sont détruits et la pollution devient de plus en plus grave. Évidemment nous avons le contrôle technique et des gaz d'échappement mais cela ne signifie pas que les moteurs doivent être réglés, cela signifie simplement qu'il faut acheter des certificats.» La désorganisation Cette fois Alice sombra dans la perplexité la plus totale. On se moquait vraiment des Européens qui venaient ici pour soigner les enfants paralysés par la polio alors que les enfants sains n'étaient même pas vaccinés, ni même le personnel... Il suffisait d'une contamination pour provoquer une épidémie dévastatrice. Alice interrompit les leçons d'anatomie pour expliquer ce que c'était que la polio, comment elle se transmettait, comment elle se manifestait et quelles en étaient les conséquences désastreuses. – « Mais alors, demandèrent les didis, nous aussi on pourrait l'attraper ? ». L'ignorance était encore pire que la polio. Les sans-abri Les histoires des enfants poussèrent Hanna à contrôler leur dossier médical. Un jour elle accourut chez Alice : « Alice ! Oh, nein ! Regarde, lis ceci : « adresse de la mère : station ferroviaire de Howrah, quai numéro quatre... Mein Gott! » Lente prise de conscience C'est comme cela que commença à naître sa colère contre l'Inde: – « L'Inde a de l'argent pour construire des bombes atomiques, mais pas pour donner de l'eau potable à ses citoyens, ni des écoles, ni des vaccins, quelle merde! » Les abandonnés Une nuit, déjà très tard, les voisins étaient venus frapper à la grande porte en fer. Ce matin-là une femme était venue et avait assis son enfant sur le trottoir, lui avait dit de l'attendre mais elle n'était pas revenue. Maintenant cet enfant était assis là, dans le noir, seul, affamé, épouvanté. C'est ainsi qu'il arriva à Nil Bari... et puisqu'on l'avait trouvé on l'appela « Trouvé ». L'état des lieux Si vous désirez que je reste, alors voici les problèmes qu'il faut affronter : le manque de respect envers le personnel, le manque d'instruction des « didis », le manque d'hygiène, le manque de sérieux dans les vaccinations, le manque d'entretien du matériel comme les chaises roulantes, le manque de scolarisation des enfants, les lenteurs, le je-m'en-foutisme, l'ignorance… » Alice continua sans euphémismes à énumérer tout ce qui clochait. Mary ouvrait des yeux toujours plus effrayés. Jamais elle n'avait entendu parler sur ce ton aux papes de l'organisation... et de la part d'une femme encore bien. Les violences religieuses Le mercredi il y eut couvre-feu et interdiction de sortir de la maison. – « C'est seulement le « curfew » et ensuite cela finit; cela arrive régulièrement. » Le jeudi c'était encore couvre-feu et Alice tenta de suivre le journal télévisé. Manifestement la situation était assez grave pour que toute l'Inde soit paralysée à cause des violences religieuses. Les extrémistes indous avaient détruit la mosquée que les extrémistes musulmans avaient construite sur des décombres d'un temple indou... au temps de l'invasion musulmane. Il y avait de cela des siècles. Le réquisitoire – « Mais c'est eux qui ont commencé... » insista Mary comme pour les justifier. – « Oui, fort bien : ils ont commencé il y a trente ans, mais aujourd'hui ? Qu'estce que moi, je vois ? C'est un groupe de vieillards qui ne font rien. Ils s'asseyent derrière un bureau, sont entretenus, prennent la place d'un jeune diplômé capable de gérer rationnellement cette grande institution et de planifier le futur le libre penseur/no 155 Le colonialisme idéologique C'est là qu'Alice se rendit compte qu'elle avait, lentement, fini par penser, comme Debbi, que les religions étaient la cause de bien des malheurs... et que ne pas dénoncer les croyances et les traditions obsolètes constituait un colonialisme idéologique invisible, sournois et insidieux bien pire que le bon vieux colonialisme de papa. Aussi longtemps que le tiers-monde allait rester prisonnier de ses croyances, il n'avait aucune chance de devenir des pays modernes dans un monde moderne. Aussi longtemps que l'Occident réussissait à les tenir dans leur ignorance et leurs superstitions, ils n'allaient pas devenir des concurrents. Le mythe s'écroule Le temps passa. Mère Teresa mourut et alors on commença la longue procédure pour la canoniser. Quelque temps après, Alice lut dans la revue Stern l'article de Walter Wüllenwerber « Mutter Teresa wo sind Ihre Millionen ? » Mère Teresa où sont vos millions ? Il avançait l'hypothèse que l'énorme quantité d'argent récolté par Mère Teresa avait servi à renflouer la banque du Vatican qui avait fait faillite lors du fameux krach du Banco Ambrosiano. Alice découvrit aussi sur Internet que le personnage de Mère Teresa avait été fabriqué par le journaliste Malcolm Muggeridge, « un conservateur fanatique, membre du Congress for Cultural Freedom », une organisation sponsorisée par la CIA qui voulait établir en Europe une contre-culture pro-américaine contre le communisme. Ce Muggeridge avait-il vraiment construit sa Mère Teresa sur le modèle de Sister Ludmilla de Paul Scott ? Quand les scandales au sujet des abus sexuels dans l'Eglise commencèrent à être divulgués on découvrit que la bientôt sainte Mère Teresa avait protégé le Père Donald Mc Guire qui avait été condamné pour abus sexuels. Somme toute, se dit Alice, si elle a utilisé l'image des enfants déshérités des bidonvilles pour se faire donner de l'argent pour renflouer la banque du Vatican, n'a-t-elle pas elle aussi abusé des enfants, des pauvres et des bénévoles, et de tous ceux qui avaient donné de l'argent et de tous ceux qui y avaient cru? Eh bien, se dit Alice en souriant car plus rien ne l'étonnait, parmi les oiseaux noirs de Calcutta, à côté des vautours on peut trouver toutes sortes de charognards. La reconstruction Alice passa aussi par tous les stades des clichés pseudo-philosophiques concernant « le sens de la vie » jusqu'à ce qu'elle comprenne que la vie n'a pas de sens. Le sens implique le mouvement, or la vie n'est pas un mouvement mais un état. On est vivant ou on est mort et quand on est mort tout est terminé. Mais aussi longtemps qu'on est vivant, on est vivant. Le jour où elle perdit sa dernière illusion, elle se sentit infiniment triste mais libérée, aussi libre que ces vieux chamois qui, débarrassés de la tyrannie de leurs hormones, s'en vont, solitaires, brouter tranquillement l'herbe fraîche, loin des vaines agitations. Elle ne sortit pratiquement plus de chez elle, jouit de chaque instant possible dans son jardin, avec son chien et commença à étudier la musique. ANNA LAUWAERT Sommaire 1- Le voyage 2- Nil Bari : la Maison Blanche 3- Social Worker 4- La vie quotidienne 5- Vers la fin du séjour 6- Epilogue Pour ceux qui désirent se procurer en Suisse le livre d’Anne Lauwaert « Les oiseaux noirs de Calcutta » il suffit de remplir le bon de commande ci-dessous. (Les libraires peuvent passer par le distributeur français « Daudin »). AVLP, Case postale 5264 CH-1002 LAUSANNE ANCIENS NUMÉROS Quelques anciens numéros du Libre Penseur sont encore disponibles. Ecrivez à notre rédaction. • Numéro séparé Fr. 1.50 • Par année (4 numéros) Fr. 5.– • Série complète Fr. 75.– + frais de port Quelques numéros épuisés peuvent être fournis seulement en photocopie. AVLP Case postale 5264 1002 Lausanne Je passe commande de …… exemplaire(s) du livre « Les oiseaux noirs de Calcutta ». 280 pages, Fr. 28.– + port (env. Fr. 3.–) Nom: Prénom: Adresse: NP: Localité: Signature: " des enfants. Il faut éliminer ces poids morts et engager des directeurs efficaces. Avant tout il faut scolariser les enfants, ensuite leur donner une formation professionnelle. Il faudrait instruire les enfants d'aujourd'hui pour que demain ils puissent prendre la maison en main: des administrateurs, des enseignants, du personnel soignant, des hommes et des femmes à tout faire, des cuisiniers qui connaissent les principes de la diététique. En réalité il ne se passe rien, vous végétez, vous n'avez aucun projet, pas de perspective à long terme. Vous vivez avec l'argent des bienfaiteurs et le travail des bénévoles. Il me semble tout à fait justifié de vous demander un rendement et des comptes rendus de vos activités. » 7 le libre penseur/no 155 8 JÉSUS AUX INDES ? Entre le dogme d'un Jésus devenu Christ (à la suite de toute une série de prestidigitations comme la virginité d'une mère et la résurrection d'un mort) et l'hypothèse de son inexistence, il me semble qu'il pourrait y avoir une place pour une position considérant, à l'instar d’Ernest Renan, Jésus tout simplement comme un homme ayant ses propres idées en matière de religion. La parution d'un roman historique (L'eretico, Milan 2012) offre l'occasion d'approfondir la question. En effet, son auteur – Carlo Martigli – y parle d'un journaliste russe aujourd'hui oublié : Nicolaj Notovič, auteur, en 1894, de « La vie inconnue de Jésus ». C'est lui qui, en 1887, suivant la piste de certaines rumeurs, arrive dans la vallée du Ladakh (Cachemire) où il parvient à obtenir de la part de moines bouddhistes une copie, plus ou moins conforme, d'un ancien manuscrit. Dans ce document, il était question d'un homme, provenant de Palestine, qui aurait séjourné dans la vallée entre ses 15 et 30 ans et y aurait été enseveli après être rentré dans son pays pendant quelques années, ayant choisi d'y retourner pour y mourir. Sa tombe se trouverait dans la localité de Srinagar où existe effectivement une « tombe du Prophète ». Cette découverte expliquerait pourquoi les évangiles, officiels ou pas, sont muets sur la vie de Jésus entre, justement, sa quinzaine et sa trentaine. Il semble même que Mgr Luigi Rotelli, nonce apostolique à Paris, aurait offert à Notovič « une somme importante en échange de la non-publication du livre » (p. 469, trad.). Pour conclure cette simple invitation à « en savoir plus », une deuxième citation : « Lire rend libres, et seulement en étant libres on peut se faire des choix conscients. « Aireis » signifie justement en grec choix, et donc être « hérétique » veut dire tout simplement et seulement être « celui qui choisit » : dans le monde que je voudrais, tous devraient être hérétiques, chacun dans sa propre diversité » (p. 493, trad.). Rappelons aussi qu'entre 120 et 130 de notre ère, le philosophe Basilide fut l'auteur d'une série de commentaires des Evangiles, considérés comme « la plus abominable des hérésies », à savoir que la Crucifixion était une imposture : Jésus n'était pas mort sur la Croix car Simon de Cyrène y avait pris sa place ; ainsi s'exprime l'évêque Irénée de Lyon « Cinq livres contre les Hérésies ». Le même argument est avancé, par ailleurs, dans le Coran (VIIe siècle). Une hypothèse (une de plus...) qui a été confirmée après la découverte, en décembre 1945, à Nag Hammadi (HauteEgypte) de vieux parchemins, en particulier celui comprenant un Evangile de Thomas. A la suite d'une expertise internationale, ces documents ont été datés « fin IVe - début Ve siècle ». Il s'agit cependant de copies dont les originaux étaient déjà connus, avant l'année 150, par les premiers Pères de l'Eglise, soit avant qu'ils ne soient écartés d'autorité, ayant été jugés apocryphes car contredisant les dogmes imposés par Rome. CLAUDE CANTINI KAPITALIST NIX GUT Ce sont là trois mots que les évangélistes auraient pu mettre dans la bouche de leur Jésus. Sauf qu'il les aurait prononcés en araméen et non en allemand avec l'accent bolchevique. On reste étonné de la pauvreté du discours social dans les textes pieux, Bible et Coran confondus. Jésus a sur la richesse des propos d'une naïveté consternante. « Vends tes biens et donnesen le produit aux pauvres » dit-il à un propriétaire terrien. (Mat. 19:21) Le type, ayant un peu plus les pieds sur terre refuse, je crois. Car le résultat aurait été que les pauvres n'auraient cessé de l'être qu'un bref instant, car vous savez ce que sont les pauvres, vous leur donnez de l'argent et ils vont le boire au cabaret. C'est en tout cas l'avis des dames patronnesses. Et le riche serait devenu pauvre et obligé de faire la manche jusqu'à ce qu'un autre riche distribue lui aussi ses biens. On n'en sort pas. JÉSUS : HOMME à FEMMES A propos de manche, on peut tout de même se demander de quoi vivait Jésus. Ce sans domicile fixe, qu'on n'a jamais vu travailler, devait tout de même se nourrir et se trouver un toit pour la nuit. En tant que personnage divin, on peut penser que la rosée du Saint-Esprit suffisait à satisfaire ses besoins, mais il était aussi humain (certains malveillants prétendent même qu'il n'était que ça) et soumis aux mêmes contraintes physiologiques que les foules qui l'écoutaient. La réponse nous est donnée par un exégète iconoclaste et malicieux* qui l'a trouvée dans Luc 8:3. Le bon docteur y crache carrément le morceau : Jeanne, femme de Chouza, régisseur d'Hérode, Suzanne et beaucoup d'autres et elles le servaient de leurs biens. Il est amusant de comparer ici d'autres versions du texte. Espagnole : y otras varias que le servian de sus bienes. Luther (très embêté) : die Ihm Handreichung taten von ihrer Habe. Authorized Version: and many others which ministered unto Him of their substance (totalement incompréhensible pour l'Anglais lambda du XVIIe siècle). Si on gratte un peu le bois qui recouvre la langue de ces vénérables traducteurs et qu'on atteint le muscle, on lit ceci : Jésus se faisait entretenir par de riches Juives (jouant les Samaritaines ?). Même si cela n'est pas mentionné dans les sermons chrétiens, Jésus était un homme à femmes. Ils les aimait et elles l'aimaient. (Jusqu’à lui offrir du parfum Chanel à la louche). Cela le rendrait plutôt sympathique et par contre coup rend peu cré- le libre penseur/no 155 dible le dogme qui en fait un personnage éthéré. ET VIVE LES PAUVRES ! Cela ne tirerait pas à conséquence, sauf pour les tenants de la surprenante chasteté absolue du personnage. Mais cela pose un autre problème d'éthique économico-eschatologique. Comment Jésus pouvait-il supporter à ses côtés des groupies (sur lesquelles il n'a évidemment jamais jeté un œil de convoitise qui lui aurait déjà fait commettre l'adultère dans sa tête) qui n'avaient pas vendu tous leurs biens, ou plutôt ceux de leur maris pour celles qui n'avaient pas la chance d'être veuves, pour accéder, condition sine qua non, à la vie éternelle. La doctrine est formelle : salauds de riches ! Et vive les pauvres. Mais le discours reste abstrait. On ne sait jamais qui est riche et surtout qui est le bon riche. Plusieurs paraboles mettent en scène de gros propriétaires qui sont, les uns sympas, les autres injustes. Moi, je suis un peu comme les disciples, des ahuris, et je ne comprends pas toujours le sens lointain de ces paraboles. Certaines me scandalisent carrément. Celle du fils prodigue, par exemple. Le frère qui était resté au domaine et avait trimé dur avait toutes les raisons de la trouver saumâtre. Comme la fille qui se tape le ménage pendant que sa sœur se fait bécoter par Jésus. Choisir la meilleure part ? Mais c'est un discours de banquier suisse. LE RÔLE DE L’INTENDANCE Un autre moyen de subsistance de Jésus, également déplaisant : il était piqueassiette. On le voit s'inviter partout, même chez le percepteur, au grand scandale des Pharisiens. « Vous aurez bien un morceau pour moi. » « Mais comment donc ! » « Vous n'allez pas me laisser manger debout ! » « Oh pardon, asseyezvous. » C'est une technique qui marche : certains étaient flattés, d'autres ne savaient pas dire non. Il avait alors beau jeu de dire à ses disciples (Luc 12:22) ; « Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez. » Le rôle de l'intendance dans la vie de Jésus n'est guère expliqué dans les sermons. Il paraît tout à fait normal pour un pasteur ou un curé que Jésus réquisitionne un âne pour se déplacer. « Vous trouverez un âne, vous le prenez et vous direz que c'est pour moi. » En yiddish, cela s'appelle « chutzpa », le culot monstre. Il n'en manquait pas. Les juifs, qui sont encore aujourd'hui sceptiques quant à l'identité messianique de Jésus, 9 appellent un type comme lui un « schnorrer » un mendiant qui convainc ses donateurs au bagout. Curieusement, le mot existe dans certains dialectes alémaniques dans le sens de grande gueule (n.d.l.r. : « schnora » en patois de Biasca). Le « schnorrer », dans la tradition juive, semble jouer selon Rosten (« the Joys of Jiddish ») un rôle de catharsis, il permet aux juifs pieux de se débarrasser sur lui de la contrainte de l'aumône au pauvre. Mais là n'est pas le problème. Il faut regretter que les grands monothéismes qui n'ont d'autre discours que celui de l'amour du prochain et de la charité qu'on lui doit ont été incapables de construire un système cohérent de justice sociale. DE L’« ALÉATOIRE CHARITÉ » AU « SOCIALISME » A se promener en Galilée avec un évangéliste pour guide, on a l'impression de se trouver dans une vaste cour des miracles, un lieu d'horreur où l'on rencontre à chaque coin de rue si on est en ville ou à tout bout de champ à la campagne des scrofuleux, des bancals, des lépreux, des culs-de-jatte, des psoriasiques, des épileptiques et surtout des gens habités par un (ou plusieurs) démons, c'est-à-dire des malades mentaux. Certains chanceux pouvaient croiser les pas du Thaumaturge et être guéris par ses soins, mais les autres ? N'y avait-il pas à l'époque et en ce pays de Galilée des endroits où on hébergeait et soignait ces malheureux ? La rue et les chemins étaient-ils leur seul refuge ? N'existait-il pas, si rudimentaire qu'il fût, un système de santé qui s'occupât d'eux et leur donnât un minimum de soins ? Avec des hospices, des dispensaires, des lazarets, des maladreries, des léproseries, des hôtels-Jahvé ? N'y avait-il donc que l'aléatoire charité du prochain, particulièrement du prochain riche, dont on sait qu'il a toujours un peu de peine à « les sortir » ? Et si c'était le cas, ces malheureux mangeaient-ils à leur faim ? N'y avait-il pas des ventres ballonnés par manque de nourriture. Un des discours les plus hypocrites, qui a encore cours de nos jours chez les politiciens qui briguent nos voix dans les pays démocratiques, c'est celui de la famille cellule protectrice qui, si on la soutient, vaut toutes les avancées sociales du monde. On vante le sens qu'en ont justement les pays d'Orient où elle devient un véritable clan retranché qui offre la subsistance et le réconfort à tous ses nombreux membres. Encore faut-il en avoir une. Pour tou- tes sortes de raisons, tout le monde n'est pas au bénéfice de cette cellule solidaire et nourricière. Dans le meilleur des cas, un orphelin se fera recueillir par sa parenté, mais les familles sont quelquefois égoïstes, comme l'a expliqué Gide, et si l'orphelin est issu d'un mariage critiqué par une famille bien-pensante, c'est tintin pour l'hébergement ou les subsides. Quant à la femme répudiée, elle est la honte du clan et ne trouvera de refuge nulle part. Il ne lui reste plus que le bordel ou la mendicité. Dans les pays qui sont restés « du Livre », (l'un ou l'autre) cette situation perdure. Les rares romanciers musulmans nous racontent de telles situations. Il a fallu les sans-dieu d'une époque toute récente pour qu'on s'occupe des pauvres autrement que par la charité et que l'aide donnée ne soit pas subordonnée à une quelconque profession de foi. On a appelé ça le socialisme, à ne pas confondre avec un « parti socialiste », qui est souvent toute autre chose. UN PROGRÈS INIMAGINABLE Si donc Jésus vitupère le riche, c'est pour des raisons autres que sociales. Le capitaliste est un homme perdu pour le Ciel, mais le système n'est jamais attaqué en tant que tel. Il faut donc que je complète mon titre : … mais Kapitalism O.K. ! Dans une parabole au demeurant discutable, Jésus dit bien qu'il faut donner son argent à la banque pour qu'il rapporte un intérêt. (Mat. 25:27). Par un tour de passe-passe dont les religions sont coutumières, on a fait de Jésus le Sauveur (avec majuscule, s'il vous plaît). En fait Jésus n'a rien sauvé du tout. Promettre le paradis aux pauvres est à la portée du premier tribun venu. Mahomet, autre tricheur, a fait de même. En ajoutant même les détails que l'on sait. Plus c'est gros… S'il fallait choisir un sauveur parmi les hommes de bonne volonté que la civilisation a produits, je dirais tout de go Engels. Cet homme bon et juste, riche lui-même, a fait, par ses écrits et par ses actes que le pauvre, jusque-là tributaire de la charité, chrétienne ou autre, est devenu le prolétaire, c'est-à-dire qu'il acquérait une identité sociale qui le révélait à lui-même. Il était dès lors prêt à se défendre. La fatalité du pauvre destiné à le rester et à y prendre plaisir puisqu'une fin radieuse lui était promise, c'était terminé. Léon Blum lui permit même, plus tard, de partir en vacances, comme un riche. Ni Jésus, ni Mahomet n'auraient pu imaginer une telle débauche. On parle souvent du progrès de la science, de son accélération vertigineuse dans les cent le libre penseur/no 155 10 ou cent cinquante ans qui sont derrière nous ; la justice sociale a connu la même progression miraculeuse. Mon père, né en 1900, n'imaginait pas pendant longtemps qu'il puisse y avoir un jour une retraite pour les vieux. Cent et quelques ans plus tard, c'est non seulement chose faite, mais on s'occupe aussi des femmes élevant seules leur enfant et dont on disait naguère avec opprobre qu'elles avaient fauté. C'est un joyeux paradoxe : ce sont les socialo-matérialistes qui ont le mieux pratiqué le pardon des péchés. L'Eglise catholique, encore aujourd'hui, jette l'anathème sur les divorcés et les filles-mères. Quant aux lépreux, aux schizophrènes, ils sont pris en charge et n'ont plus à tendre une sébile à la porte des églises. Je ne peins pas un tableau idyllique. Le système social que nous connaissons est plein de trous, il va quelquefois cahin-caha, il n'a pas toujours de solution pour les sans-abri, les chômeurs. Le paupérisme revient à grands pas, on trouve des travailleurs qui ne gagnent pas assez pour s'offrir un toit. Ils sont à la rue, comme en Galilée d'alors. Mais ce système imparfait, c'est le nôtre, nous l'avons bâti avec nos faillibles mains d'hommes. Sans l'aide de l'Extraterrestre qui, s'il a existé seulement, se moquait éperdument des pauvres et de leurs maladies. ANDRÉ THOMANN * Hans Conrad Zander : « Ecce Jesus », en allemand seulement. VIVE LA BELGIqUE ATHÉE ! Une enquête de la radio et télévision belge RTBF révèle que les catholiques pratiquants ne seraient plus que 3% des citoyens et citoyennes belges (une foi !) qui se déclarent officiellement de religion catholique. Ils n'étaient déjà plus que 6% en 2002. En revanche, de 1982 à 2012 le nombre des athées est passé de 24% à 42%. Et 70% des jeunes nés depuis 1982 déclarent n'avoir aucun lien avec l’Eglise catholique. Feu la très bigote et espagnole reine Fabiola holala doit en avaler son chapelet et son rosaire dans sa tombe. Courage (une foi), les Belges, une foi ! Encore un effort. A ce rythme-là, dans trente ans les derniers survivants des humains belges (une foi) qui croiront encore à la résurrection de leurs carcasses, à la vie éternelle et au Père Noël ne représenteront plus que le 0,00005% de la population. Et la statue du Mannekenpis l'insolent gamin de la célèbre fontaine de Bruxelles pourra remplacer son jet d'urine bénite par du vin de messe devenu superflu faute de « Curés dans les Pouilles ». (Cherche pas : c'est une de mes contrepèteries !). NARCISSE PRAZ CIVILISATION ET RELIGION En 2000, sous pression de la communauté musulmane, Jacques Chirac ne voulait pas courir le risque de perdre des voix et il lança l'idée de créer au Louvre un département réservé aux arts de l'Islam. Il ne faut pas s'y méprendre et lors de l'inauguration en 2012 il a été clairement défini qu'il s'agissait d'un hommage rendu à une civilisation liée à la religion. Voilà l'affaire ! Apparemment il ne saurait y avoir de civi- lisation sans religion. C'est grâce à ce théorème clérical que les Eglises s'arrogent tous les droits. Ainsi vivons-nous dans une ère chrétienne, erronée en plus, mais à laquelle se soumet le monde capitaliste chrétien sans rechigner. Le Louvre n'y est pour rien, mais il a été utilisé à des fins politiciennes et cléricales. EDOUARD KUTTEN DIS PAPY… Depuis des siècles de grands savants s'évertuent à expliquer que les dieux n'existent pas. C'est pourtant simple, il suffit de se demander quand, comment et pourquoi l'idée d'êtres surnaturels est apparue dans l'histoire de l'humanité. Il faut ajouter que dans notre civilisation une chose existe si on peut en prouver l'existence. Si on ne peut pas prouver qu'elle n'existe pas, cela ne prouve pas qu'elle existe… Exemple : ce n'est pas parce qu'on ne peut pas prouver que le « Babauw » (le loup-garou des enfants tessinois) n'existe pas, qu'il existe. DONC, PREMIER PAS : LA GENÈSE ? A mon avis, la Genèse ne raconte pas comment les choses se sont passées, mais au contraire essaie d'expliquer ce que les gens d'alors voyaient autour d'eux. J'imagine ces pasteurs nomades assis le soir autour du feu de bois et les enfants qui posent leurs questions : « dis Papy, c'est quoi là-haut ? » « ça, c'est les étoiles et la lune » « c'est qui qui les a mis là ? » « c'est sûrement quelqu'un de très grand et de très puissant »… « dis Papy, c'est quoi l'orage ? » « c'est la colère de quelqu'un de redoutable qui vit là-haut; d'ailleurs il est telle- ment effrayant qu'on ne peut pas le regarder en face puisque quand on le regarde en face il nous aveugle »… Eh bien voilà : les êtres surnaturels étaient créés. « dis Papy, pourquoi j'ai des bouffées de chaleur quand je vois passer la fille du voisin ? »… « parce que Eve séduit Adam… » Fort juste ! Ces bergers observaient le comportement de leurs brebis. Les humains sont des mammifères. Or chez les mammifères, quand la femelle arrive à la maturité sexuelle elle va en chaleur, elle répand autour d'elle des parfums, les phéromones pour signaler qu'elle est réceptive et auxquels aucun mâle ne le libre penseur/no 155 résiste… C'est la femelle qui choisit le mâle qui pourra la féconder. Mais oui, nos anciens juifs avaient parfaitement bien observé que c'est Eve qui séduit Adam… et ils l'ont exprimé d'une manière magnifique. « Dis Papy, pourquoi Machin a-t-il tué son propre frère ? » « Caïn tue Abel parce qu'il a des déboires et est jaloux de son frère qui a la baraka… » « Dis Papy, pourquoi y a-t-il tant de sel dans la mer Morte ? » « Il y a tant de sel dans la mer Morte parce que Yahweh (ou Yahvé du tétragramme imprononçable YHWH) s'est fâché avec les guindailleurs de Sodome et Gomorrhe… » Toutes les civilisations ont pratiqué les sacrifices humains. Alors voici l'explication du sacrifice d'Isaac : « Dis Papy, pourquoi on ne fait plus de sacrifices humains ? » « On ne fait plus de sacrifices humains parce qu'il est idiot de tuer les gosses qu'on a tant de peine à faire et dont la moitié meurt à cause de la mortalité infantile. Alors Abraham a eu cette idée géniale de remplacer son fils par un mouton. Mais puisque le cerveau d'Abraham ne pouvait pas arriver à une idée aussi géniale, il n'y a qu'une solution: c'est un ange qui l'a inspiré. Maintenant que des Elohim nous ont inspiré des lois sur la protection des enfants et des animaux, il y a des musulmans qui sont inspirés par d'autres anges, ou peut-être par les mêmes, et qui prétendent que les sacrifices des animaux et les jeûnes et autres pratiques obsolètes peuvent être remplacés par des aumônes. Malheureusement les Elohim n'ont pas encore inspiré tout le monde… Ils ont du pain sur la planche. ET LA CIRCONCISION ? Yahweh qui a créé l'homme s'est-il aperçu qu'il y avait un défaut de fabrication ? Cela signifie-t-il que ce que fait Yahweh n'est pas toujours parfait ? Cela se pourrait bien car un jour il s'est rendu compte de ce que l'homme qu'il avait créé était méchant… Oui, oui, Yahweh a créé l'homme méchant… et alors : Gen. 6:6 : Yahweh se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre et il fut affligé dans son cœur et il dit : «J'exterminerai de dessus la terre l'homme que j'ai créé... » Dommage que les Elohim qui préconisent le contrôle des naissances n'ont pas encore été entendus par tout le monde. 11 UNE AUTRE HISTOIRE DE LA GENÈSE NOUS INTERPELLE Noé a un petit vignoble et apprécie le vin, alors un soir il lève le coude un peu trop haut et le voilà, bourré, qui ronfle, couché par terre, tout nu. Son fils Cham le voit et ça le fait rigoler et il le raconte à ses frères Sem et Japhet qui, eux, sont des puritains et cachent vite la nudité de leur père. Quand Noé sort de sa cuite, il maudit à tout jamais son fils Cham et lui prédit que lui et ses descendants seront les esclaves de ses frères et de leurs descendants. Détail intéressant : Sem et Japhet sont blancs... mais Cham est un nègre (n.d.l.r. : au diable le politiquement correct !)… père de tous les nègres qui allaient suivre… Bon, il y a controverse Cham ou ses fils Kouch ou Canaan* ? Mais cela ne change rien aux conséquences. Curieux que Noé ait eu deux fils blancs et un noir. Curieux que c'est justement le noir qui est le méchant. ALORS JE REPRENDS MON RAISONNEMENT : « Dis Papy pourquoi ces pauvres nègres ont-ils tant de malheurs, et pourquoi estce qu'on achète des nègres pour en faire nos esclaves, et pourquoi est-ce qu'on les castre pour qu'ils ne polluent pas notre belle race blanche ? » « Les nègres ont un tas de malheurs parce que leur arrière-grand-père a ri du zizi de Noé et Noé l'a condamné lui et tous les nègres à venir à être maltraités par tous les blancs… pas de pitié, c'est bien fait pour leur pomme… et… ça nous dédouane… » De même que nous comprenons que Le Petit Chaperon rouge est un récit pédagogique destiné à expliquer aux enfants que les pédophiles et les assassins ça existe et qu'il vaut mieux ne pas se mettre en situation de devenir leur proie, n'est-il pas temps de replacer les traditions et croyances religieuses dans leur contexte, de les accepter comme telles mais de vivre en hommes modernes dans un monde moderne. Aujourd'hui nous savons que l'orage n'est pas la colère d'un dieu farfelu qui nous envoie ses furies au fil de ses caprices, mais la simple rencontre de nuages électriques. Examinons les religions, recherchons quand, pourquoi et comment l'idée de l'existence d'êtres surnaturels est apparue dans l'histoire de l'humanité. Les traditions nées il y a des milliers d'années dans l'Extrême et Moyen-Orient et qui, alors, sans doute avaient leur raison d'être, sont-elles encore actuelles dans notre civilisation ou font-elles partie des mythologies ? ANNE LAUWAERT Bibliographie : La Bible version – Crampon – Chouraqui – J.-P. Lévy-Petit en bande dessinée (extra !) version non censurée aux éditions Tatamis * N.d.l.r. : La Malédiction de Cham se porte, selon la légende biblique, sur son fils Canaan qui a été maudit par son grand-père Noé pour une faute commise par son père Cham. Kouch, avec sa peau noire, est là pour semer la confusion et brouiller les pistes. De la même racine que Kouch, on tire des mots tels que « chaos » ou aussi « caché ». Drôle de clarté pour une justice divine ! Association vaudoise de la Libre Pensée Service des obsèques civiles, tél. 022 361 94 00 026 660 46 78 Service gratuit pour les membres. Pour s’exprimer lors des cérémonies, s’adresser au comité À VOUS DE VOUS EXPRIMER Cher lecteur du LIBRE PENSEUR, votre opinion peut intéresser d’autres lecteurs. Alors n’hésitez pas à nous envoyer votre article à l’adresse suivante: LE LIBRE PENSEUR Case postale 5264 CH-1002 LAUSANNE CLÔTURE DE LA RÉDACTION 1er février 2013 Les écrits anonymes ne seront pas pris en considération. le libre penseur/no 155 12 NUANCES ET FAUX-SEMBLANTS Il y a des mots avec leur juste acception, mais aussi alourdis ou altérés par les distorsions de sens dont ils font l'objet. Ainsi en est-il de termes tels qu'intelligence, culture, instruction et compétence. René Pommier, dans son stimulant pamphlet sur la farce religieuse Rire et colère d'un incroyant*, en arrive à se demander si Pascal était intelligent. Au vu de ses travaux scientifiques on serait tenté de l'attester, alors que ses Pensées – pour élégamment formulées qu'elles soient – nous le montrent sous le jour d'un fidèle têtu, dont les inévitables sophismes ne résistent pas à l'examen. Même vont-ils jusqu'à décourager l'adhésion tant les perspectives qu'ils nous ouvrent sont peu alléchantes, voire tristounettes. Alors ? Comment concilier cette virtuosité mentale et cette crédulité de charbonnier? Comment un savant si réputé a-t-il pu à ce point manquer de discernement ? On en revient ici à ce qui distingue le cerveau humain d'un ordinateur. Convenablement programmé, celui-ci obéit à sa logique électronique en fonction des données dont on l'a nourri. Il ne subodore pas, il n'extrapole et n'imagine pas ; il déduit sans état d'âme, à partir de faits certifiés et de combinaisons rationnelles, ni plus ni moins. Utile au physicien, non au métaphysicien. Or dit-on, l'homme est un animal métaphysique ; il pense et se pense pensant. Non content de concevoir l'ordinateur à la semblance de son système mental, il est à même de voir plus loin, de supputer, d'élaborer et de se remettre en question; à même surtout de manifester des goûts et d'éprouver des sentiments. Il ne se borne donc pas à exécuter ou à s'exécuter ; il s'évertue à discerner, à passer outre le savoir acquis, son entendement se doublant d'intuition. Il fait alors preuve d'intelligence (dans le meilleur des cas et à des degrés divers, bien sûr). En quoi notre Pascal laisse beaucoup à désirer. D'une part, fort des connaissances scientifiques qui lui ont été inculquées, il procède, en habile opérateur, à d'ingénieuses corrélations se soldant par d'intéressants résultats. Bien. Mais d'autre part, en tant que croyant, faisant litière de tout esprit scientifique, il prend pour argent comptant tout un tissu d'articles de foi, de témoignages douteux, de calembredaines composites, de «vérités » pré- tendues révélées, pour finalement se borner à avaliser l'obscurantiste credo dominant ! Démarche de sectateur, où le simple bon sens le cède à la superstition. Certes Pascal est un homme instruit, savant dans les limites de son domaine, mais dénué de la simple intelligence qui l'aurait empêché de gober des fariboles. Plus futé, Descartes avait au moins préconisé de tout remettre à plat. Mais comment y procéder ouvertement en matière de dogme, en un siècle où la tyrannie catholique vouait à la peine capitale le moindre contestataire ? Et n'est-il pas significatif que nos manuels scolaires de littérature et de philosophie s'étendent si complaisamment sur des penseurs classiques confits en dévotion n'admettant Voltaire que parce que son déisme le gardait de l'incroyance alors qu'ils traitent beaucoup plus expéditivement des « libertins », pourtant autrement plus intelligents et bien plus hardis, qui étaient en odeur d'athéisme ou s'en réclamaient crânement ? Le fait d'être instruit n'empêche donc pas qu'on puisse raisonner comme une cruche. De quoi les milieux politiques nous fournissent d'innombrables exemples, au sein desquels, en particulier, les énarques illustrent magistralement l'éclairant binôme : «capables de tout et bons à rien ». Ne perdons pas de vue, en effet, que l'immense majorité de bévues, de fourvoiements, d'injustices, d'incohérences, d'abominations et de scandales dont souffrent nos sociétés sont dus à l'action conjuguée de gens hautement instruits. Si l'instruction ne garantit pas l'intelligence, ni, par conséquent, la compétence, qui consiste à tirer un judicieux parti de ce qu'on est censé savoir, elle ne saurait non plus se confondre avec la culture, cet « ensemble de connaissances acquises, nous dit le Robert, qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement». Encore faut-il au départ disposer des aptitudes voulues (ce qu'oublie le dictionnaire). Lesquelles, distribuées assez anarchiquement selon « le hasard et la nécessité », ne sont pas données à tout le monde, même si n'importe qui peut s'en voir doté. Général ou spécifique, le champ de la culture transcende les catégories sociales. Un maître charpentier pourra se révéler plus sensé et plus sensible qu'un estimable docteur ès lettres; universitaires et diplômés en tous genres nous pro- posent à cet égard une ample moisson de sujets contrastés où le meilleur et le pire se côtoient. La mémoire y masque souvent l'indigence intellectuelle ; de là ces thèses de compilation qui font la « somme » et la bibliographie l'emporter sur la démonstration ou la découverte. De là ces professeurs soporifiques et ces conférenciers captivants. De là ces réputations surfaites et ces francs-tireurs dérangeants, dès lors mis à l'index. Plus concrètement ? Pascal, nous l'avons vu, était plus instruit qu'intelligent ; Bossuet proféra éloquemment de monumentales insanités ; Maupassant ne vole pas très haut (c'est pourquoi Flaubert hésita longtemps avant de lui lâcher les baskets) ; René Char a conféré au charabia d'irréfutables lettres de noblesse** ; l'adulé Roland Barthes fut un insigne déconneur* ; la culture tant vantée de François Mitterrand était des plus conventionnelles, que valorisa seul un entourage de cuistres ; il est de plus en plus fréquemment admis que le fameux Ulysse de Joyce est un assommantissime pavé ; Shakespeare, amphigourique et emphatique, et Dante avec son Enfer de musée Grévin et son ennuyeux Paradis, doivent d'être encore lus grâce à quelques bonheurs d'expression et à la réputation que leur ont forgé d'influents masochistes ; le « nouveau roman » a dupé quantité de lecteurs dans le monde et déconsidéré la fiction française à l'étranger ; il ne suffit pas, pour se dire nouvelliste, de bien rédiger des « compositions françaises » si elles sont dépourvues de ressort dramatique, etc. On associe volontiers la figure de l'érudit, du savant – de l'intellectuel donc – au sérieux et à la componction, alors que la culture et la libre pensée sont facteurs de jubilation. A quoi s'opposent les peu ragoûtants programmes des universités et la sotte ségrégation opérée par elles entre littérature noble et littérature « d'évasion ». Si un homme instruit peut n'être pas intelligent pour autant, un homme intelligent peut n'être pas cultivé, faute de curiosité et/ou de sensibilité. Quant à la compétence, elle n'est pas une affaire d'étiquette, de certificat, mais d'efficace. Combien d'entrepreneurs autodidactes du bâtiment pourraient en remontrer au tout-venant des architectes ! Loin d'être l'apanage des diplômés, le bon sens et le discernement naturels pallient souvent les carences de ces derniers, empêtrés dans leur armure, imbus de théories le libre penseur/no 155 sentencieusement fagotées, persuadés de l'ignorance des gens de peu, comme s'il n'était savoir que celui des traités et des sorbonicoles, des cols blancs et des mains maladroites. Combien de fois avons-nous observé que le savoir-faire et les connaissances empiriques de tel paysan, de tel artisan, et la sagesse qui en découlait, n'avaient rien à envier au livresque bagage de nos infatués licenciés ! Il est évident qu'on a d'autant plus de chances de pouvoir étudier à Oxford ou Harvard, par exemple, qu'on dispose de ressources matérielles suffisantes. Nos démocraties bancales favorisent toujours les nantis, même inaptes, valorisant ainsi les critères d'appréciation arbitraires qui déterminent l'octroi des peaux d'âne et la part d'avantages y afférente. Le plus dommageable étant que l'humanisme d'une fois est désormais battu en brèche par une technocratie envahissante, qui passe à la trappe des vertus cardinales – l'éthique, l'intégrité, la culture générale, entre autres – pour donner libre cours au cloisonnement disciplinaire et au despotisme du profit. La mémoire passive, la compilation et la paraphrase sont préférées à l'exercice de l'intelligence, du sens critique, de l'imagination, dans le même temps que tout un appareil de censures entrave la pertinence du jugement et la liberté d'expression. Il en résulte que notre intelligentsia se robotise, se rend de plus en plus tributaire des prothèses électroniques et tend à inféoder l'esprit à la logique mécaniste et stéréotypée de l'ordinateur au détriment de notre créativité, de notre libre arbitre et de notre vocation ontologique. De très nombreux ouvrages, parus chez des éditeurs de premier plan, dus à des auteurs on ne peut mieux instruits et bien informés s'appuyant sur des documents d'Etat et des « fuites » concertées par de hauts responsables rechignant à s'afficher distribués dans toutes les librairies de France, souvent relayés par la critique, ont dénoncé véhémentement, justifications à l'appui, d'incroyables manquements et d'inadmissibles négligences. Manquements et négligences imputables à leurs homologues tout aussi instruits et diplômés. Or qu'en est-il résulté? Rien qu'une fuite en avant des coupables ; et des pleutres qui n'osent pas les épingler et tenter de redresser la barre. Notamment, l'infiltration musulmane, le prosélytisme et les menées à fin terroriste de ses agents dormants dont le fanatisme ne se manifeste pas moins de diverses façons ses prolongements criminels (délinquance, pressions et agressions), 13 continuent à phagocyter de plus belle notre nation, à déséquilibrer notre démographie originelle, à étendre les ravages de la crédulité la plus primaire et la plus obtuse, sans qu'aucune mesure soit prise par ces potiches avides d'avantages et de privilèges qui sont supposés nous gouverner «intelligemment ». L'on voit donc bien à quoi servent nos « élites »: – quelques-unes, s'échinent à prêcher dans le désert ; – la plupart s'ingénient à se boucher les yeux et les oreilles ; toutes se résignant à cet état de choses, fruit difforme et vénéneux de la bêtise congénitale exaltée par l'instruction, de la corruption, de la veulerie et de l'arrivisme à courte vue. Au demeurant, les Français mâles ne lisent pratiquement plus (car est-ce lire que se borner à feuilleter des bandes dessinées, des albums d'images et se farcir quelques «polars »?) ; le mammifère chez eux prend le pas sur l'hominidé, ou l'homme-idée, comme il vous plaira. Les philippiques les plus éclairantes ne touchent donc que quelques rares esprits libres, et réceptifs, dont elles confortent l'opinion plus qu'elles ne la refondent. D'autre part, les responsables mis en cause qui feront tout, et pour cause, pour étouffer la vérité en noyant le brûlot, qui fait alors long feu. Dans le même temps, le gros du public se gave de chansons ineptes, de tapages à prétentions musicales, des exploits de sportifs mercenaires et faisandés, de congés payés standardisés, de connections « internetisées » et d'élections truquées qu'une presse partiale contribue à gauchir. L’écœurement du corps électoral est d'ailleurs tel que plus de 40% de ses effectifs s'abstiennent de voter plutôt que de devoir choisir entre la peste et le choléra. Aussi est-il piquant de voir parlementaires et journalistes à leur solde feindre de croire que la majorité des Français s'est prononcée pour un parti, alors que c'est la proportion d'abstentionnistes qui est prépondérante, cependant que certaines catégories d'électeurs de droite sont arbitrairement sous-représentées! De quoi nos députés n'ont cure, dont les poches, et celles de leurs proches, continuent à s'emplir... N’est-ce pas là l'Essence, Ciel? Puisque le ciel y va de sa bénédiction, au nom de leurs pairs, du fisc et du SaintProfit! PIERRE LEXERT * Chez l'auteur ou Editions Kimé, 2 impasse des Peintres, F-75002 Paris. (Livre disponible à la rédaction du Libre Penseur, Fr.18.– + port.) Du même auteur : Roland Barthes, ras le bol (Eurédit 2005) et Le « Sur Racine » de Roland Barthes (Eurédit 2008) **François Crouzet : Contre René Char (Les belles lettres 1992). IMPORTANT N’oubliez pas de vous réabonner au Libre Penseur pour l’année 2013. Abonnement Fr. 10.– (étranger € 10.–) / CCP 10-7494-3 – Pour les membres de l’ASVLP, de la LPG et de l’ASLP sezione Ticino, l’abonnement est compris dans les cotisations. – Pour les abonnés au Freidenker, abonnement demi-tarif (indiquer «demitarif» sur le bulletin de versement). L’abonnement au Libre Penseur ne couvre pas totalement les frais, cependant nous n’avons pas augmenté son prix pour l’année 2013. 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Merci d’avance. le libre penseur/no 155 14 qUAND L’ÂME SŒUR CACHE L’HAMEÇON Quinze août, cœur de l'été, des vacances, du repos; cette date a été choisie par un certain Pie XII, pape de son métier et grand rassembleur de chapeaux pointus lorsqu'il s'agit de prendre une position toujours dogmatique, c'est-à-dire ferme et définitive sur une question brûlante d'actualité, à savoir : Marie, soi-disant vierge et soi-disant mère de l'improbable Jésus, fils du non moins improbable « Dieu », a-t-elle été enterrée comme le vulgaire dans une fosse que l'on n'ose qualifier de commune ou dans un simple trou, dans cette bonne terre qui nourrit son homme. L’ASSOMPTION Réponse de cette noble assemblée qui transpire d'inspiration transcendante : une telle perspective est impossible à envisager : la mère de Dieu qui fut conçue sans péché (c'est-à-dire sans plaisir) ne saurait être abandonnée à un sol si funeste. Ainsi, comme on n'a pas des anges pour rien, autant en mobiliser quelques-uns pour élever dans les airs, pardon, dans les cieux, cette femme exemplaire. Et ce fut le dogme de l'assomption. Cette mongolfiade sacrée n'a pas fini de nous occuper: le 15 août est une journée réservée à cette merveilleuse disparition qui nous vaut tout de même une journée de congé pour les catholiques. Merci mon dieu ! Ne vous inquiétez pourtant pas : Marie la vierge (dont la sainteté est une évidence) reviendra ici et là faire la causette, de préférence à des jeunes filles ne demandant qu'à croire ce qu'on leur dit et ainsi, en récompense, seront détentrices de secrets datés et qui ne seront révélés qu'après échéance, c'est plus sûr ! Pour en arriver à cette conclusion, que de débats, d'interrogations fumeuses ! Auparavant, il y eut des essais d'explications, voire même des descriptions, des tableaux de cet événement, très en avance sur Cap Canaveral et Baïkonour. L’OBSCURITÉ DU PASSÉ Bref, les foules assoiffées de miracles exerçaient une pression constante sur les têtes mitrées et couronnées en charge de dire le vrai par inspirationstranspirations devant aboutir à la défini- tive révélation divine : il y eut entre autres Grégoire le Grand au VIIe siècle, Grégoire de Tours puis les théologiens de la Réforme au XVIe siècle, saint François de Sale etc. Ils furent nombreux ceux qui tâtonnaient dans l'obscurité du passé pour trouver la bonne formule, celle qui serait bien dans la tradition du délire de l'extatique religieux. Mais attention, il ne s'agit pas de nous sortir une explication bas de gamme genre : Marie a été inhumée dans un cercueil en bois de cèdre, avec linceul, bleu évidemment. Dans cette hypothèse, on peut vous rassembler quelques milliers de fidèles qui en possèdent un morceau ! Dommage, il y avait là un filon de reliques que nous aurions pu voir « enchâssées » et portées par des adeptes à la foi souvent cagoulée genre Ku Klux Klan et se frayant un passage dans une foule sous l'emprise d'une surchauffe d'exaltation. Donc il n'était pas question de dire quoi que ce soit sur un sujet aussi délicat sous peine d'être qualifié de « diabolique » du grec διαβολος, (diabolos) qui signifie « calomniateur » ; ainsi grâce à ce qualificatif exterminateur, tout ce qui peut contredire les affirmations des appareils religieux sera susceptible d'un châtiment ubuesque (à la trappe, à la trappe !). Observons que toutes les « niches cléricales » sont bien gardées par des anges pas du tout angéliques. DÉESSE DE LA FÉMINITÉ Enfin, tous ces « chapeaux pointus » ont beau se réunir en assemblées carnavalesques et en des lieux « ad majorem dei gloriam » dont nous pouvons encore admirer de beaux restes (œuvres d'hommes de talent et de courage) ils passent généralement très à l'écart des bons choix. Ainsi, cette célèbrissime « Sainte Vierge Marie » superstar, nous est toujours représentée sous une forme d'éteignoir à chandelles, apparence un peu lourde, façon « Massabielle » de chez Soubirous. Et pourtant, dans les rangs de ces incroyables fous volants, certains ont situé le lieu de naissance de Marie en Ionie, à Éphèse, lieu privilégié où l'on voisinait avec le temple d'Artémis, l'un des plus beaux du monde, une des sept merveilles où l'on pouvait imaginer, circulant avec grâce Artémis, fille de Zeus, sœur jumelle d'Apollon et, excusez du peu, déesse de la féminité. Bref, une apparition à couper le souffle aux moins connaisseurs. Eh bien, ces messieurs ont beau vouloir faire nombre, ils ont bel et bien raté la marche nous permettant d'accéder à un modèle à vous donner la foi… en la féminité. A force de vouloir donner un sens à la vie, ils finissent par ignorer les cinq sens qui sont ce qu'il peut y avoir de merveilleux dans notre ouverture au monde. Si miracle il y a, il est là. Mais « ils ont des yeux et il ne voient pas » leur dit pourtant leur Bible. Il faudrait ici placer ce dessin de Cabu où l'on voit, au sommet d'une colline, un groupe de pèlerins avec, au premier rang, un mitré, crosse bravement saisie et qui fixe le soleil. La bouche ouverte, il doit dire quelque chose comme « Alleluia, gloria et caetera ». commentaire de Cabu : « Miracle ! des voyants sont devenus non voyants ». C'est brûlant de vérité! L’EMBALLEMENT DU « PEUPLE DE DIEU » Chaque fois que le cours de l'hostie est en baisse… de fréquentation, le clergé part à la chasse aux « Επιφανεια » (Epiphania), souvent grâce aux enfants dont le regard est parfois d'une innocence irrésistible aux manipulateurs de l'imaginaire. Ainsi se fabrique l'apparition miraculeuse. Et cela relance la grande fable biblique, grosse de toutes ces fantasmagories et propre, en rallumant la foi, à étouffer un peu plus l'esprit critique. Les astrophysiciens connaissent et utilisent cette manœuvre en orientant leur vaisseau vers une planète dont la force gravitationnelle accélère la vitesse de l'engin. Et c'est l'emballement du « peuple de Dieu » qui défile, se prosterne, avance parfois sur les genoux, se flagelle, brandit étendards, bannières et croix en chantant des inepties qu'ils appellent « cantiques » ; tout ceci n'étant que l'expression consternante de la régression de la pensée humaine et comme ces pasteurs-gardiens de troupeaux n'en sont pas à un paradoxe près, ils placent ces expressions sous le signe de la spiritualité. Une mode lancée par Jean Paul d'eux, le « santo subito » par la grâce d'une subito miraculée du système nerveux, a été le libre penseur/no 155 15 reprise par notre Benoît en mal de masses populaires. Il s'agit bien sûr des célébrées JMJ, que nous traduisons entre nous par « journées mondiales de la jobardise » et qui ont connu un certain succès avec le concours des économies du vulgum pecus. Notre Benoît seizième, pour mobiliser son troupeau, a lancé un appel : Hilf mir ! Hilf mir ! puis, se ressaisissant, il a voulu faire comme son polyglotte prédécesseur « au secours ! au secours ! » Mais le français ne lui étant pas familier, il a lancé « au scout ! au scout ! » Et ce fut le miracle des regroupements d'une jeunesse à la discipline œcuménique cadencée. Quel bonheur ! UNE AURA SUPPLÉMENTAIRE Mais revenons-en à Marie, la bénie entre toutes les femmes, celle dont « le fruit de ses entrailles est bénit », admirons en passant la délicatesse de l'expression, c'est dans le même esprit que le crucifié pur-sang. Pour placer sa progéniture sous les meilleurs auspices on ne se contente pas d'un seul prénom : Paule, Thérèse, Claire, Julie, Chantal, etc. Avec Marie vous pouvez bénéficier d'une aura supplémentaire, on est sous le charme et la superprotection du religieux. Ainsi, Marie-Jeanne (attention c'est MarieJeanne qui a donné Marijuana, Marihuana c'est le paradis artificiel face au paradis du ciel, il y a concurrence !). Ce prénom étant très invasif, il est également attribué aux hommes (Jean-Marie, c'est bien connu !). Plus souvent il termine l'énoncé des parrains-marraines. Ainsi, Paul sera suivi de Maurice Elizabeth Marie, on n'en fait jamais trop, « ad majorem Maria gloriam » ! Marie a aussi donné lieu à quelques évolutions du langage. Ainsi, Marielle, Marial. Le dictionnaire historique de la langue française nous précise que ce prénom semble avaoir été emprunté à l'italien Mariolo, Marialo. Celui-ci, employé pour qualifier quelqu'un qui vit d'escroqueries (début du XV1e) et, au figuré, une personne pleine de malice, rusée (1556) est probablement dérivé de Maria, Marie dans l'expression « far le Marie, faire les Marie » c'est-à-dire l'innocente, la sainte nitouche. LES FAUSSES APPARENCES L'Assomption n'est bien entendu qu'une des nombreuses manipulations-déformations de l'esprit humain. Même le mot esprit est déformé et spiritualisé. Comment qualifier ces manœuvres de pécheur à la ligne. Encore notre bon dictionnaire : Imposture : Action de tromper par des discours, mensonges, fausses apparences, allégations mensongères. Imposteur : Personne qui abuse de la confiance, de la crédulité d'autrui qui cherche à en imposer par de fausses apparences, des dehors de vertu. Voici quelques expressions d'auteurs qui ont leur place ici: Camus : Les mythes n'ont pas de vie par eux-mêmes, ils attendent que nous les incarnions. Lucrèce (99-55): Connaître la raison des choses. Pétrone (dans Satiricon) : Votre pays est si rempli de divinités secourables qu'il est plus facile d'y rencontrer un dieu qu’un être humain. Renan : Il n'est rien que l'on puisse plus exploiter que la crédulité des hommes. Bossuet : Lorsque nous parlons des esprits nous n'entendons pas trop ce que nous disons. Einstein : Il est plus facile de désintégrer un atome que de briser un préjugé. Si les gens ne sont bons que par peur d'un châtiment et dans l'espoir d'une récompense, alors nous sommes effectivement une triste engeance. Pour terminer, ayons une affectueuse et fraternelle pensée pour toutes les Marie qui se déplacent avec courage et constance pour voir et apporter leurs soins maternels à leur enfant… qui se prend pour dieu… en hôpital psychiatrique! ROBERT LESCUYER RIRES ET COLÈRES D’UN INCROYANT Tous les musulmans qui s'indignent et qui crient au sacrilège quand on caricature Mahomet, sont évidemment persuadés (le Coran le dit quasiment à toutes les pages) que les incroyants sont inexorablement destinés après leur mort à brûler éternellement dans le feu ardent de la géhenne. On peut donc s'étonner qu'ils supportent si mal leurs sarcasmes fugaces et leurs blasphèmes éphémères. Puisqu'ils sont sûrs d'avoir raison à la fin, puisqu'ils ont l'éternité pour eux, puisqu'ils ont Dieu pour eux, que ne se montrent-ils un peu patients ? Les chrétiens eux ne pensent plus guère que les incroyants iront en enfer et pourtant ils supportent plus facilement que les musulmans les critiques et les moque- ries, bien qu'ils aient encore pas mal de progrès à faire. L'explication de cet apparent paradoxe est certainement à chercher dans le fait que les chrétiens d'aujourd'hui ne sont plus très sûrs que les incroyants n'ont pas raison. Les religions sont naturelle¬ment intolérantes : elles ne s'adoucissent, elles ne s'amadouent qu'à partir du moment où elles commencent à douter d'elles-mêmes. Souhaitons donc que l'islam suive la même évolution. Mais je crains que ce ne soit pas pour demain. RENÉ POMMIER DIEU Comme le prétend le nouvel évêque de Lausanne, Genève et Fribourg : JÉSUS est DIEU fait HOMME Il semble oublier le corollaire : Le SAINT-PÈRE est l’HOMME fait DIEU. (André GRAU) le libre penseur/no 155 16 RESPECT qUI ES-TU ? Un joli mot ? Une grande idée ? Un sentiment naturel que m'inspire autrui ? Le dictionnaire Larousse nous dit : « sentiment qui porte à traiter (quelqu'un, quelque chose) avec de grands égards, à ne pas porter atteinte à (quelque chose). Sauf votre respect : que cela ne vous offense pas. Pluriel littéraire : civilités, hommages, présenter ses respects. » Mais visiblement pas facile à mettre en œuvre, car partout et tous les jours, on invoque le respect, ou plutôt le manque de respect. Respect envers les autres, envers soimême ? Qu'est-ce que respecter autrui ? Pourquoi, faut-il respecter quelqu'un ou quelque chose ? Au nom de qui ? Au nom de quoi? Jusqu'où ? Par intérêt? Par crainte ? Ou est-ce que je me situe par rapport au respect d'autrui ? Parce qu'il m'est supérieur ou pour construire une relation d'égalité ? « Il est plus désirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi. » Henri David Thoreau (1817-1862). « C'est à celui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à ceux qui font les esclaves par la violence, que nous devons nos respects. » Voltaire (1694-1778). « Si vous voulez être respecté, commencez par être respectable et, en outre, assez costauds pour imposer le respect. » Somerset Maugham (1874-1965). On dit qu'il se mérite, se gagne; c'est pourquoi, pour se sentir respectable, il faut respecter les autres. Cette notion de respect est subjective, comme tout aspect des relations intra et inter humaines et ne peut donc être traitée de façon scientifique et donc, stricte, mais par contre l'être de façon humaine par la généralité. Sa valeur peut se définir comme une forme de politesse. Chez Kant, le respect ne relève pas du sentiment et de la sensibilité, mais de la loi morale érigée par la raison pratique. Il devient alors une obligation morale. Il le définit comme le sentiment par lequel nous prenons conscience de la loi morale en nous. Respect : latin respectus, regard en arrière, de respectare, littéralement regarder à deux fois. Attitude d'acceptation, de consentement et de considération, envers une personne, une chose ou une idée. Il peut simplement être une marque de politesse, une formule convenue, une reconnaissance que l'on a de sa valeur en tant que personne. Les croyants pour préserver leur vie spirituelle nous disent que respecter les autres c'est être bienveillant avec eux, les aimer comme des frères : « Aime ton prochain comme toi-même ». Aimer l'autre, c'est aimer la création de Dieu, donc respecter l'autre revient tout simplement à aimer Dieu. Ce qui n'empêche malheureusement pas que quasiment toutes les guerres sont des guerres de religion et que beaucoup de violences atroces sur notre planète sont faites au nom de Dieu. « Respecter dans chaque homme, l'homme, sinon celui qu'il est, au moins celui qu'il pourrait être, qu'il devrait être. » Henri-Frédéric Amiel (1821-1881). Dans les écrits pré-critiques de Kant (1724-1804), le respect est synonyme de l'estime que l'homme vertueux a pour lui-même, donc de la générosité au sens de Descartes (1596-1650). Kant définit le respect comme le sentiment par lequel nous prenons conscience de la loi morale en nous. Comme le sentiment du sublime, à la formation duquel il contribue, le respect exprime la destination suprasensible de l'homme en manifestant de la raison sur la sensibilité. Reconnaissance faite d'admiration et de réserve d'une valeur plus haute que soi incarnée dans un être ou matérialisée dans une chose. « Toute possession dépossède : on perd le respect. » Jean Rostand (1894-1977). Le respect étant un substantif masculin, il provient du latin respectus (égard considération) dérivé de respicerer (regarder en arrière, derrière soi). Il évoque l'aptitude à considérer ce qui a été énoncé et admis dans le passé et d'en tirer les conséquences dans le présent. A se remémorer le moment où l'on s'est engagé respectivement à tenir sa promesse, à satisfaire aux conditions d'un contrat, au respect d'une promesse, à se conformer aux règles du jeu. Il y a aussi le respect envers la famille, les parents et les enfants en particulier, les amis, les ancêtres, les morts, les supérieurs, les règles, les lois, les régimes politiques démocratiques, la nation, les religions, les non-croyants, la nature, la pelouse, l'environnement, le matériel, etc. Elle ou il m'a manqué de respect, autant d'expressions où apparaît la notion de respect. En outre, il me suffirait de me faire craindre pour ne plus avoir à respecter qui ou quoi que ce soit. De même, en calculant mieux les conséquences de mes actes, pourrais-je me passer de tout respect. Si le respect s'identifie à l'intérêt bien compris, il ne serait qu'une forme de ruse. N'est-il pas alors nécessaire de distinguer une action intéressée où le mobile est la crainte du respect ? Le respect n'exige-t-il pas, au contraire, l'absence de crainte de ce que l'on respecte, ni son usage purement utilitaire ? Ne pas reconnaître la différence en l'autre c'est faire preuve d'irrespect contrairement à reconnaître l'autre comme autre, dans son altérité. Le respect est nécessaire à toute organisation sociale, mais il peut être le signe de soumission, de l'acceptation, d'égal à égal, de supérieur à esclave, de maître à citoyen, de patron à employé, de dominant à dominé, etc. La reconnaissance, le respect de la dignité d'autrui en tant que telle équivaut à la sienne propre. Le respect peut être de la déférence désignant une forme de considération et de condescendance mêlée d'égards que l'on témoigne envers quelqu'un. « Toutes les opinions sont respectables. Bon. C'est vous qui le dites. Moi, je dis le contraire. C'est mon opinion, respectez-la donc. » Jacques Prévert (1900-1977). Le respect appliqué à une personne prend un sens plus proche de l'estime, c'est pourquoi il doit être la source et la fin commune de l'éthique et de l'esthétique... OLIVIER LAZO BIBLIOTHÈQUE Avez-vous des livres anciens, des revues ou des documents dont vous souhaitez vous débarrasser? Si oui, faites-le-nous savoir ou envoyez-les directement à notre rédaction, afin d’enrichir notre documentation et nos collections. le libre penseur/no 155 17 LES BRÈVES DE THOR DANNEMAN Les trois grandes étapes de l'humanité : Le feu, qui permit de faire des soupes. Dégât collatéral, le barbecue sur le balcon qui empeste et enfume les voisins. L'imprimerie, qui met les bandes dessinées à la portée de tous. Dégât collatéral, la possibilité de lire des livres pervers, la Bible, le Coran et le Guiness Book of Records. La poêle « Tefal » qui permet de cuire avec moins de gras; bon pour la santé. Pas de dégât collatéral. Cela exige une longue préparation, des années à ce qu'on dit. Un temps qui pourrait être utile pour lire d'autres livres, mais à quoi bon, puisque le Coran les contient tous ? Comme dit mon ami Tim (eo hominem unius libri)… *** Le gouvernement suédois envisage de contraindre les hommes à faire pipi assis. En d'autres termes. Stockholm veut nous imposer la position du « mictionnaire ». *** Si je dis qu'en aucun cas je ne saurais être enterré à côté d'un juif (ou d'un musulman), vous êtes d'accord qu'il s'agit là d'une déclaration antisémite (ou anti-islamique). Si en revanche un juif mort se refuse à voisiner avec la répugnante carcasse (mais c'est pour plus tard) de Thor Danneman, il s'agit d'une prescription religieuse à laquelle on doit se plier. Pour moi, il y a une erreur. *** Un grand concours de récitation par cœur du Coran est ouvert. Récitation en arabe bien sûr, même si vous êtes malien, turc, indonésien ou carougeois. *** Un des passages les plus scandaleux de ce que les musulmans s'amusent à appeler le noble Coran est bien sûr celui où on ordonne de couper la main des voleurs. J'appelle les Croyants (les Croyantes peuvent écouter aussi) à réfléchir à ceci : si vous coupez la main d'un voleur, vous lui interdisez tout travail, vous en faites un chômeur, un mendiant ou un assisté. A moins que de sa main encore valide, il continue à piquer le portefeuille des touristes. Non, si vous voulez éviter toute récidive, je ne vois que la peine de mort pour cette vermine. Allez donc au bout de votre besogne ! *** Le seul argument qu'on ait jamais opposé à ces mouquères qui se prétendent obligées de se cacher le visage sous un voile prétendument religieux est celui-ci : Mais alors, vous ne pouvez pas sourire ! A entendre le ton agressif avec lequel elles défendent leurs convictions, on se dit que sourire est la dernière chose qu'elles aient envie de faire. Pauvres gosses. EXAMEN DES 12 PREUVES DE L'INEXISTENCE DE DIEU DE SÉBASTIEN FAURE Sébastien Faure, « Les 12 preuves de l’inexistence de Dieu », 2004, 96 pages, 10 euros, Les Editions Libertaires. Les Éditions Libertaires ont rendu service à tout champion de la raison dans le domaine de la religion en rééditant Les 12 preuves de l'inexistence de Dieu de Sébastien Faure, publiées pour la première fois en 1914 ; on regrettera seulement que les éditeurs aient trouvé bon de souiller leur nouvelle édition avec des dessins et des slogans anti religieux indignes d'un tel livre sérieux. Les temps où les prêtres et les pasteurs partageaient la tribune avec un libre penseur comme Faure pour agiter les grandes questions de l'existence et de la nature de Dieu devant un auditoire passionné de telles controverses sont, hélas, depuis longtemps révolues : il est donc à craindre que ce petit livre ne passe inaperçu de ceux mêmes à qui il est surtout destiné, et par conséquent que l'on ne tienne le débat pour gagné par défaut. Qu'il soit alors permis à un simple philosophe d'offrir quelques brèves réflexions sur les arguments de Faure d'un point de vue strictement rationnel. Les titres donnés par Faure à chacune de ses douze preuves sont reproduits ci-dessous en caractères gras ; la numération continue des preuves est un ajout. Après le titre se trouve un précis en italique de l'argument de Faure par le présent auteur: le raisonnement faurien est presque toujours clair et simple, si assez répétitif et déclamatoire, et le libre penseur/no 155 18 1. LE GESTE CRÉATEUR EST INADMISSIBLE. Créer est une expression mystique vide de sens, car il est censé signifier faire quelque chose avec rien du tout: mais évidemment, ex nihilo nihil, avec rien on ne peut rien faire: donc l'hypothèse d'un être créateur est contraire à la raison. Faire suppose bien sûr une matière donnée, mais créer, c'est précisément autre chose que faire: l'expression « faire avec rien » est donc trompeuse. Le principe de ex nihilo nihil n'est qu'un postulat a priori, qui de plus implique l'éternité de l'univers, ce que la cosmologie actuelle n'admet pas. L'idée de création est certes mystérieuse, mais on en trouve peut-être un analogue dans la pensée, où les idées semblent venir de nulle part. Peut-être aussi faudrait-il comprendre la création divine moins comme un acte dirigé vers l'extérieur que comme une opération de Dieu sur soi-même, une limitation de son propre être pour faire place à un univers. 3. LE PARFAIT NE PEUT PRODUIRE L’IMPARFAIT. Entre l'œuvre et l'ouvrier il existe toujours un rapport rigoureux et direct, l'univers est une oeuvre imparfaite, entre le parfait et l'imparfait il y a une différence et une opposition absolues et irréductibles, donc, l'auteur de cette oeuvre ne peut qu'être imparfait lui-même, et Dieu, tel qu'il est conçu par les croyants, n'aurait pu créer l'univers. La majeure est fausse : tout ouvrier, même le meilleur, peut produire une œuvre inférieure, les exemples en sont légion. S'il est libre, Dieu peut lui aussi créer un univers imparfait ; il semble même que Dieu produirait un monde imparfait par choix, car autrement le monde serait un second Dieu. Peut-être aussi qu'un univers matériel par sa nature même serait nécessairement imparfait. Une fois de plus, distinction n'entraîne pas opposition ou incompatibilité. Le principe que le parfait exclut l'imparfait n'a pas été établi : on peut admirer une œuvre imparfaite tout en lui préférant une œuvre parfaite. Le principe inverse que l'imparfait ne peut produire le parfait paraît plus raisonnable, et impliquerait plutôt un créateur, dès que l'existence de l'idée d'un être parfait soit admise. 2. LE « PUR ESPRIT » NE PEUT AVOIR DÉTERMINÉ L’UNIVERS. Le dieu des croyants est un soi-disant pur esprit sans qualités matérielles; entre un tel esprit et l'univers matériel il y a pourtant une différence, voire opposition, de nature absolue et infranchissable: il est donc impossible qu'un univers essentiellement matériel ait été déterminé par un esprit essentiellement immatériel. Il ne faut pas confondre distinction et opposition: l'une est une relation logique, l'autre un rapport réel. Ce qui est différent peut être en même temps apparenté: ainsi un violon produit un son, bien que les deux soient à peine du même ordre. Faure présuppose aussi sans justification que l'univers soit purement matériel. Il reste que matière et esprit, tel qu'ils sont traditionnellement représentés, sont bien différents, et que la production de l'une par l'autre est difficilement concevable : mais ne pourrait-on dans l'hypothèse de la création envisager la matière comme une sorte d'esprit déchu plutôt que quelque chose totalement autre ? C'est une idée qui trouverait peut-être un appui dans la conception que se fait la physique actuelle de la matière, qui devient de plus en plus insaisissable. 4. L’ÊTRE ÉTERNEL, ACTIF, NÉCESSAIRE, NE PEUT, à AUCUN MOMENT, AVOIR ÉTÉ INACTIF OU INUTILE. Si Dieu existe, il existe de tout temps, et son activité est nécessaire à l'existence du monde: donc, il est éternellement et nécessairement actif. Alors, ou bien Dieu a été oisif et superflu avant la création du monde, ou bien il crée éternellement, et étant également éternel le monde se confondrait avec Dieu. La première partie de l'argument contient un sophisme dû à l'ambiguïté du mot « nécessaire » : de ce que Dieu est nécessaire à l'existence du monde, il ne s'ensuit pas que lui-même soit nécessité de faire quoi que ce soit. Quant au dilemme de la seconde partie, si l'éternité de Dieu est conçue comme intemporalité ou absence de temps, le problème disparaît, car il n'y aurait pas eu de moments pour être inactif : après tout, c'est Dieu qui crée le temps aussi. Si, par contre, son éternité est conçue comme une existence pendant un temps infini, on pourrait supposer qu'avant la création du monde Dieu s'occupait ou de la connaissance de soi-même, comme chez Aristote, ou, comme dans la théologie chrétienne, de l'amour réciproque le lecteur pourra au besoin aisément contrôler le précis sur l'original. L'examen critique de l'argument suit en caractères romains usuels. des trois personnes de la Trinité. Et même si l'univers était éternel, il ne serait pas l'égal de Dieu, car il lui manquerait toujours certaines perfections. 5. L’ÊTRE IMMUABLE NE PEUT AVOIR CRÉÉ. En créant, Dieu aurait changé deux fois, d’abord en formant le dessein de créer, puis dans l'acte de création lui-même, et il ne serait donc pas immuable. En se déterminant à vouloir ou à agir on se modifie, puisqu'il y a une différence aussi bien entre celui qui ne veut pas et celui qui veut qu'entre celui qui n'agit pas et celui qui agit. D'abord, Dieu aurait pu prendre la décision de créer le monde de toute éternité, et n'eût donc pas changé d'avis; de même, l'acte de création pourrait avoir lieu hors du temps dans l'optique divine. Mais même s'il n'en est pas ainsi, vouloir et agir n'implique pas forcément un changement dans la nature de celui qui veut ou qui agit, mais seulement dans le rapport de ce dernier avec le monde. L'immutabilité de Dieu regarde son être, qui est censé rester toujours le même, et non son état : il n'est pas imaginé comme figé dans un instantané. 6. DIEU NE PEUT AVOIR CRÉÉ SANS MOTIF ; OR, IL EST IMPOSSIBLE D’EN DISCERNER UN SEUL. Si Dieu a créé le monde, il y a été déterminé par une raison : pourtant, la théologie chrétienne ne peut donner aucune raison raisonnable et sérieuse pour la création. Dieu se suffit à lui-même : étant parfaitement sage et parfaitement heureux, rien ne peut augmenter ni sa sagesse ni sa félicité: il n'aurait donc pu former aucun dessein ni poursuivre aucun but. Les raisons pour la création ne sont nullement évidentes, mais on peut néanmoins en suggérer quelques-unes. Premièrement, Dieu se serait peut-être proposé une nouvelle tâche pour exercer ses pouvoirs. Deuxièmement, il aurait par curiosité voulu observer l'évolution d'un univers en partie aléatoire, et ainsi imprévisible même par une intelli-gence infinie. Troisièmement, il aurait par altruisme voulu créer des êtres rationnels capables de bonheur pour augmenter la félicité de l'univers et se donner des objets supplémentaires d'amour. Quant à la seconde partie de l'argument, la perfection n'exclut ni la variété ni la nouveauté : Dieu aurait donc pu manifester sa perfection de différentes façons, voire d'une infinité de façons, en se pro- le libre penseur/no 155 posant des desseins et poursuivant des buts toujours nouveaux. Il n'est pas vrai d'ailleurs que la théologie chrétienne ne donne pas de raisons pour la création : les dogmatiques et catéchismes traditionnels en proposent quelques-unes, au moins pour la création de l'homme. 7. LE GOUVERNEUR NIE LE CRÉATEUR. Un créateur parfait et un gouverneur parfait et nécessaire s'excluent l'un l'autre. Si l'univers créé par Dieu eût été une œuvre parfaite, un gouverneur n'aurait pas été nécessaire. Cet argument présuppose la troisième thèse ci-dessus, qui n'a pas été établie : malgré la perfection de Dieu, l'univers peut être imparfait. De plus, l'univers n'est pas une machine fonctionnant selon des lois irrésistibles, mais un système en partie soumis au hasard et à la libre activité de l'homme : les interventions de Dieu dans le monde, si elles ont lieu, pourraient servir simplement à éviter les pires conséquences du hasard et de la faiblesse humaine. 8. LA MULTIPLICITÉ DES DIEUX ATTESTE qU’IL N’EN EXISTE AUCUN. Chaque religion proclame qu'elle seule est en possession du Dieu vrai. Mais, s'il était tout-puissant, Dieu aurait pu se révéler à tous également; s'il était parfaitement juste, il l'aurait fait aussi, et il n'y aurait alors qu'une seule religion. Donc, l'existence de plus d'une religion prouve que Dieu manque ou de puissance ou de justice, et n'est donc pas le Dieu des croyants. Toute communication suppose et celui qui parle et celui qui entend : une révélation doit donc s'accommoder aux capacités des différents auditeurs. Il serait donc raisonnable que Dieu se soit révélé d'abord aux plus avertis pour les éduquer à une révélation complète, lesquels à leur tour auraient la tâche d'instruire les autres. Si d'ailleurs la révélation s'effectue en partie sous forme d'un seul individu, celui-ci doit nécessairement s'adresser en premier lieu à un nombre restreint d'auditeurs. La multiplicité des religions enfin n'exclut pas la possibilité qu'un élément de vérité s'est révélé en chacune, et que, malgré leur diversité, elles adorent le même Dieu de différentes manières. 9. DIEU N’EST PAS INFINIMENT BON : L’ENFER L’ATTESTE. Dieu aurait pu nous créer tous bons et nous 19 admettre tous dans son paradis, ou du moins anéantir les méchants après la mort. Les tourments des damnés n'étant profitables ni aux élus ni aux damnés eux-mêmes, vu que leur supplice est sans fin, c'est Dieu qui s'en repaît sadiquement, qui n'est donc pas infiniment bon. Être à la fois libre et nécessairement bon paraît contradictoire; du reste, quelle valeur morale aurait une vertu nécessitée ? Dieu pouvait créer l'homme capable de bonté, mais non pas tel qu'il serait toujours effectivement bon. Les peines physiques de l'enfer ont probablement toujours été comprises par l'opinion éclairée plutôt comme des images d'un état spirituel que comme des réalités, et elles ne figurent plus guère dans la croyance populaire non plus, en partie sans doute en conséquence de la critique rationaliste. Conçue comme l'état post mortem de ceux qui, à un moment donné, choisissent librement de se séparer de Dieu de façon permanente – soit en niant son existence, soit en contestant son autorité – et ainsi de se priver des bienfaits célestes, l'idée d'un enfer ne semble rien posséder d'injuste, surtout si ses habitants ne sont pas conscients de leur perte. Au contraire, un enfer pourrait être même requis par la morale pour sauvegarder la liberté de choix de l'homme face à la toute-puissance divine ; et loin de se repaître du sort des damnés, Dieu pourrait s'en attrister ou simplement les oublier. 10. LE PROBLÈME DU MAL. Le mal existe, car tous les êtres sensibles connaissent la douleur : Dieu, qui sait tout, ne peut l'ignorer. Donc, ou bien Dieu voudrait supprimer le mal, mais ne le peut pas, et il n'est pas tout-puissant ; ou bien Dieu pourrait supprimer le mal, mais ne le veut pas, et il n'est pas infiniment bon. Ayant présidé à l'organisation du monde, Dieu est responsable du mal physique et moral, et l'homme n'est responsable ni de l'un ni de l’autre. À cette objection classique, la réponse classique, que Dieu permet le mal à cause du plus grand bien qui en découle, paraît assez bien ; mais reprenons l'argument. Il est vrai que tous souffrent, mais cela est-il forcément un mal ? La douleur physique joue un rôle essentiel dans la survie et ainsi dans l'évolution des organismes ; il semble que le mal moral joue un rôle analogue dans la prospérité et le développement spirituels de l'homme. Un monde sans aucune occasion de souffrance – accident, erreur, maladie, déception, même bévue et bêtise – serait un monde sans intérêt ni sens : après tout, rien n'est pire que l'ennui. On peut certes imaginer un monde avec moins de douleur ou avec une autre distribution de la même quantité de douleur : mais il n'est pas démontré que la quantité et la distribution actuelles ne soient pas optimales pour donner à la vie le maximum d'intérêt. Dans un monde en partie aléatoire il n'est qu'à attendre que la souffrance ne soit pas également distribuée, et cela fait même partie de son intérêt. Un paradis offrirait la possibilité d'une compensation céleste pour ceux qui ont souffert injustement ici-bas, et ainsi l'hypothèse d'un Dieu paraîtrait plutôt comme une réponse au problème du mal que sa source ; il se peut même que Dieu permette le mal pour éveiller chez l'homme une aspiration vers le ciel. Et enfin, la vie est-elle somme toute si mauvaise ? 11. IRRESPONSABLE, L’HOMME NE PEUT ÊTRE PUNI NI RÉCOMPENSÉ. Nous sommes tels que Dieu a voulu nous créer. Dépendant ainsi totalement de Dieu, l'homme n'a aucune responsabilité ; n'étant pas responsable, ses actes ne peuvent pas être moralement jugés : donc Dieu, en punissant ou récompensant l'homme, est un justicier indigne. Encore une fois, Faure présuppose que l'homme ne soit pas libre. La liberté ne se laisse certes pas expliquer – en donner la cause serait évidemment contradictoire – mais son impossibilité n'a pas pour autant été démontrée. En plus, Faure confond ici origine et dépendance : comme le montre l'exemple de parents et enfants, on peut devoir son origine à quelqu'un sans dépendre de lui pour toutes choses. 12. DIEU VIOLE LES RÈGLES FONDAMENTALES DE L’ÉqUITÉ. Le magistrat idéal fixera un rapport rigoureux entre l'acte et la sanction : pourtant Dieu, par le ciel et par l'enfer, viole cette règle. Car le mérite et la culpabilité de l'homme sont toujours limités, tandis que le ciel et l'enfer sont sans limites, ne serait-ce que par leur perpétuité. L'intégrale sur un temps infini d'une fonction d'intensité de joie ou de douleur décroissant asymptotiquement à zéro peut tout de même être finie ; si cela est exclu, il ne reste dans l'hypothèse de l'immortalité d'autre moyen de proportionner la sanction aux mérites que par l'intensité de celle-là à un instant donné. Or, il n'est pas du tout sûr que les le libre penseur/no 155 20 joies célestes et les peines infernales seraient les mêmes pour tous ou sans commune mesure avec celles d'ici-bas : et si c'est le cas, la justice est sauvée. Finalement, selon certaines conceptions théologiques, Dieu est plus qu'un magistrat : il est souvent censé s'occuper de sa création comme un père qui se montre généreux – et même les magistrats humains sont parfois loués pour leur générosité. CONCLUSION En somme, les preuves de Faure ne sont pas d'égale valeur : des douze les plus fortes sont probablement les numéros 2, 5, 6, 10, et 12, mais aucune n'est décisive. Faure lui-même n'est certes pas sans prévention – il ne faut pas confondre manque de foi et manque de préjugé – et quelques-unes de ses critiques s'appuient sur une conception périmée de l'univers physique comme un système totalement déterministe qui exclut la liberté de l'homme, ainsi que sur une conception de Dieu qui n'est pas celle de la théologie chrétienne. Sa logique aussi laisse parfois quelque chose à désirer. Surtout, si Dieu est un être essentiellement supérieur à l’homme – et autrement il serait à peine un dieu – eston en droit d'exiger, comme le fait évidemment Sébastien Faure, que toutes ses pensées nous soient connues ? Là où, malgré tous efforts, la raison divine nous dépasse, il suffirait pour un croyant de démontrer qu'elle n'est pas contraire à la nôtre. Faure a une conception un peu simpliste de la métaphysique, je trouve. Il tend à penser en blanc et noir, tout comme la figure si piquante de la nonne anarchiste-athée qui orne la nouvelle couverture de son livre. Il va finalement sans dire qu'en démontrant l'insuffisance de certaines preuves de l'inexistence de Dieu, on n'a pas démontré son existence, sauf peut-être dans la mesure que le besoin de douze preuves de son inexistence semble indiquer que les quelques arguments contraires sont assez forts. J. L. H. THOMAS Philosophe indépendant (N.d.l.r. : Prouver l’inexistence de quelque chose est pratiquement une mission impossible, mieux vaut exiger la preuve de son existence. Concernant Dieu on l’attend depuis belle lurette.) ÉCHO DE LA PRESSE LA FIN DU CHEMIN DE CROIX POUR LE PROF ANTI-CRUCIFIX VALAIS. Valentin Abgottspon viré en 2010 pour avoir refusé que sa classe soit ornée d'une croix, a obtenu gain de cause devant la justice cantonale. « Je suis très content ! » Le soulagement pouvait s'entendre dans la voix de l'enseignant. En 2010, Valentin Abgottspon a été licencié sans préavis par l'école de Stalden. Le libre penseur avait refusé de remettre au mur le crucifix qu'il avait décroché de sa salle de classe. En août 2011, le Conseil d'Etat avait confirmé la décision de l'établissement haut-valaisan. Le prof avait alors déposé un recours de droit administratif devant le Tribunal cantonal. Qui lui a donné raison, a-t-il communiqué le 15 novembre. A l'origine, l'école régionale de Stalden avait motivé sa décision de renvoi immédiat par le manque de respect de l'enseignant envers ses supérieurs. Le tribunal, lui, a rappelé qu'un licenciement immédiat était soumis à des conditions strictes et que le comportement reproché au recourant ne pouvait pas être qualifié de particulièrement grave. Les autorités de Stalden vont examiner le jugement, a confirmé le président de la localité, Egon Furrer. « Mais je ne pense pas que nous allons recourir », a-t-il néanmoins ajouté. « Le caractère abusif de mon licencie- Valentin Abgottspon ment a enfin été reconnu », s'est réjoui Valentin Abgottspon. Le Valaisan a l'intention d'exiger des compensations financières. « Même si j'ai retrouvé un poste dans une école de Mörel (VS), j'ai été quelque temps au chômage et j'ai dû assumer des frais liés à mon déménagement et aux déplacements », a-t-il expliqué. Et d'ajouter : « Je veux faire comprendre aux conservateurs et aux autorités que nous vivons au XXIe siècle, même en Valais ! » ATS/Olivia Fucus 20 Minutes (16.11.2012) JUSTICE… A LA VALAISANNE ! Avec une magistrale faute d’orthographe dans son titre sur quatre colonnes, LE quotidien du Valais, dans toute son excellence, annonce que l'enseignant hautvalaisan Valentin Abgottspon, licencié pour avoir refusé de raccrocher aux parois de sa salle de classe le crucifix qu'il en avait ôté, a été absouT de son crime par le Tribunal cantonal du Valais. Notre ami haut-valaisan et néanmoins cofondateur des Walliser Freidenker, pourra ainsi faire valoir ses droits à une équitable indemnisation pour s'être retrouvé d'abord au chômage puis dans la nécessité de se chercher un nouveau poste d'enseignant… malgré la sulfureuse réputation que lui aura valu dans son canton avant-gardiste son courage et sa détermination. Or, ledit Tribunal cantonal du Valais s'est bien gardé de prononcer un jugement sur le fond de l'affaire, à savoir la légitimité légalement reconnue par un jugement du Tribunal fédéral de l'action de le libre penseur/no 155 21 Valentin Abgottspon décrochant le crucifix de sa salle de classe dans la commune de Stalden et refusant de l'y remettre sur injonction de la bigote Direction. Car le fait est acquis : l'instituteur tessinois Guido Bernasconi qui avait eu le même sain mais malsaint réflexe dans les années 1990, après moult mésaventures judiciaires avait recouru jusqu'au Tribunal fédéral et obtenu gain de cause. Non seulement, aurait dû préciser aujourd'hui LE quotidien valaisan, il avait été absouT, mais il avait jeté un sacré caillou dans les jardins de l'évêché de Sion en lui signifiant que désormais tous les crucifix imposés dans les écoles valaisannes devenaient ipso facto illégaux. Mais, c'est un fait bien connu, l'évêché de Sion qui régit, par PDC et PCS interposés, politique cantonale, justice cantonale, instruction publique et pubique cantona- le et mœurs administratives, plane loin au-dessus des lois profanes. Seule compte la loi divine ou prétendue telle. Le Tribunal cantonal du Valais a donc absouT, écrit LE quotidien, l'enseignant libre penseur haut-valaisan non point en s'appuyant sur ce pourtant célèbre jugement du Tribunal fédéral, mais sur des lacunes administratives mineures : il n'a pas été consulté avant la décision de licenciement, ce qui constitue une violation de son droit d'être entendu. Plus hypocrite, tu meurs ! Cela les aurait donc à ce point écorchés vifs, les dignes juges valaisans, de baser leur sentence sur l'illégalité flagrante de la présence dudit crucifix dans cette salle de classe ? C'en est à croire que la menace de quelques coups de crosse épiscopale sur leur tête leur a fait perdre la notion même du droit le plus élémentaire. Quant au conseiller d'Etat en charge du Département de l'instruction publique, comme dans l'affaire de Patrick Bussard émérite tronçonneur de croix sur les cimes helvétiques, il se retranche courageusement derrière sa position déjà formulée par lettre au soussigné lors de cet évènement : « La paix religieuse règne dans le canton du Valais. Je ne vois pas de raisons de la troubler. » En toute bonne conscience d’élu du parti radical qui fut bâti sur l'anticléricalisme et la liberté de pensée et d'opinion ? Peut-être. Mais au mépris de l'avis de droit de la plus haute autorité du pays en la matière. Qu'il ne se considère pas comme absouS pour autant. NARCISSE PRAZ SACRIFICE HUMAIN La bête ne mérite pas qu'on la désigne à notre place. Quelle abomination que mutiler ces femmes, Les priver d'un des plus beaux plaisirs d'exister ! Au nom de quelle loi tuer la liberté D'exprimer par le corps ce que l'amour proclame ? Car le corps est aussi le traducteur de l'âme Et tous les deux ne cessent de se concerter ; Honte à tous les auteurs de ces brutalités Qui prédisent l'enfer et méritent ses flammes. Que ressent la fillette amenée par la ruse Au bourreau qui lui fait ce qu'aucun dieu n'excuse Si ce n'est la Bêtise et l'Appropriation ? Qu'on ne me parle pas de coutume ancestrale Mais de furie, de crime et de profanation Qu'on ne peut même pas qualifier de bestiale. LOUIS DELORME extrait de « Fleurs de printemps », à paraître. EN LISANT « Alors que le principal propriétaire foncier du pays (la Grèce), l'Eglise orthodoxe, est exemptée d'impôts, ce sont les retraites de plus de 1200 euros qui sont amputés de 20% (Paolo (Gilardi, « L'anticapitaliste », Lausanne, 6 octobre 2011). *** Sur l'échec plus ou moins partiel et surtout prévisible des espoirs légitimes nés avec les « printemps arabes », deux intéressantes mises au point: « La richissime théocratie conservatrice de l'Arabie wah- habite est la racine du problème islamiste. C'est elle qui alimente la violence en finançant les salafistes. Et, tant que nous ne voulons pas le voir et le régler, il sera vain de parler de printemps arabe et de la fin du terrorisme islamiste » (Alain Chouet, « L'Hebdo », 27 octobre 2011) et, de Jacques Pilet dans le même périodique : « Non seulement dans le Maghreb mais dans tout le Moyen-Orient, les lignes de partage, les sources de conflits sont d'abord de nature religieuse. Entre musulmans et laïques ou chrétiens. Entre sunnites et chiites. Israël ne fait pas exception en se proclamant « État juif » et en justifiant la colonisation de la Cisjordanie avec des arguments bibliques. » *** « Il devient de plus en plus difficile de se faire avorter en Italie. Désormais, 70% [des obstétriciens italiens] refusent de pratiquer des IVG et il est déjà pratiquement impossible de se faire avorter dans certains hôpitaux publics du sud de la Péninsule. C'est le résultat des campagnes moralisatrices menées par l'Eglise catholique avec le soutien des partis gouverne- le libre penseur/no 155 22 mentaux… autour des « valeurs chrétiennes » (Pierre Franti, « L' anticapitaliste », 3 novembre 2011). *** En octobre 2011, lors des élections législatives en Pologne, le parti anticlérical « Palikot » est devenu la troisième force politique du pays, avec plus de 10% des voix. Ce parti réclame, dans un pays à 98% catholique, « l'avortement et les mariages homosexuels et (surtout) l'abandon du financement de l'Eglise par l'Etat et la suppression des cours de catéchisme dans les écoles publiques » (« 24 eures », 9 octobre et 9 novembre 2011). *** « Pour moi, la notion d'homme et celle de responsabilité se combinent. C'est pourquoi la religion m'a paru une façon de renoncer à cette responsabilité. Si Dieu fait tout, il n'y a plus qu'à croire. Or, l'homme est celui qui peut délier les cordons du devenir » (Stéphane Hessel, auteur de « Indignez-vous ! », « L'Hebdo », 1er décembre 2011). *** « Le premier des cinq piliers de l'islam est la « Shahâda », soit la profession de foi comme quoi il n'y a qu'un dieu, Allah, et que Mahomet est son envoyé sur terre. Cette profession de foi engage à vie le musulman, soit de naissance soit par conversion, l'apostat encourant, tout comme le blasphémateur, la peine de mort » (source égarée). *** Le journaliste Patrick Chuard s'est entretenu avec le pédagogue et écrivain fribourgeois Michel Bavaud, auteur de « Dieu, ce beau mirage » (2011, 216 pages, Fr. 30.–, Editions de l’Aire, C.P. 57, 1800 Vevey / www.editions-aire.ch). Voici quelques passages de cet entretien : « Je rejette le Vatican… l'infaillibilité papale, l'obéissance aveugle à une Eglise qui condamne, qui excommunie… Le Concile Vatican II avait été un grand espoir, le début d'un dégel fantastique, et puis l’Eglise est revenue en arrière sur tout. Benoît XVI serait parfait en gardien de musée… Nous devrions reconnaître que la Bible, comme le Coran d'ailleurs, ce n'est pas la parole de Dieu, mais celle des hommes… Bien sûr qu'il y a de jolies histoires là-dedans, comme Jonas et sa baleine. Cela vaut « Ali-Baba et les quarante voleurs », mais ni plus ni moins. La Bible ne tient pas debout. I1 est temps d'enlever sa majuscule au mot Ecriture. Et je ne conçois pas la théologie comme autre chose que la libération des injustices, comme un engagement social. La prière est inutile pour améliorer le monde, pour vêtir les pauvres ou pour guérir les malades. Je rejette l'existence du Dieu de la Bible, sinon ce serait un Dieu abominable. Il aurait commis le pire génocide de l'histoire en faisant le déluge » (« 24 heures », 13 décembre 2011). Pour quelqu'un qui va encore à la messe, par habitude, et conserve encore des crucifix chez lui, ce n'est pas si mal. *** Le Premier ministre italien, Mario Monti, successeur, en novembre 2011, de Berlusconi, « a décidé aussi de ne pas toucher aux innombrables privilèges dont jouit l'Église catholique, notamment l'exemption des taxes sur les hôtels et les maisons dont elle est propriétaire. Cela n'est pas illogique si l'on pense que la plupart des ministres sont très religieux et que l'Église ne veut pas céder un seul centime de ses importantes entrées » (Antonio Moscato, « L'Anticapitaliste », l6 décembre 2011). Une décision de compromis devrait intervenir en 2013 : l’Union européenne ayant jugé les exonérations illégitimes. *** Charles Morerod, nouvel évêque de Fribourg et Cie, a accordé un entretien à «Migros Magazine» (9 janvier 2012). Dans ses réponses, il ne s'agissait pas de trouver des positions progressistes (après tout notre monseigneur est un Fribourgeois et un dominicain), donc pas de déception. Où cependant l'on est en droit de réagir, c'est quand – sur une question concernant le célibat des prêtres – il évite de s'engager, en utilisant une lamentable pirouette: «La question a été posée depuis des siècles, elle n'est pas nouvelle. Le célibat est un don; Evidemment c'est difficile.» Car, en admettant que le don dont parle le monseigneur est ce qu’«on appelle Dons du Ciel, Dons de la nature, Dons de la Grâce, Dons de Dieu, Dons du Saint-Esprit» («Dictionnaire de l'Académie françoise», Paris 1814, cinquième édition, tome premier, p. 440), une toute simple question s'impose: pourquoi le Dieu de Mgr Morerod manifeste-t-il des préférences de traitement justement dans la distribution de ses dons. En constatant cette différence, les hautes autorités ecclésiastiques devraient, en toute logique, adopter pour le moins la règle du célibat volontaire; un célibat limité donc à ceux, chanceux, qui ont reçu le Don. Mais la logique peut-elle faire bon ménage avec la théologie vaticane? *** En se basant sur l'arrêt du Tribunal fédéral du 26 septembre 1990 stipulant que «les symboles religieux dans les classes sont une atteinte à la liberté de croyance » (« Le Matin », Lausanne, 1er mars 2012), un instituteur de Stalden (Valais) a enlevé, en 2010, le crucifix de sa classe et il a perdu son poste. Etant donné que la Cour européenne des droits de l'homme « a estimé (depuis), dans une affaire italienne, que le crucifix et la liberté de croyance n'étaient pas incompatibles » (idem), rien de surprenant que la conseillère nationale démocrate-chrétienne lucernoise Ida GlanzmannHunkeler ait relancé le débat en proposant d'ancrer dans la Constitution « l'autorisation des symboles de l'Occident chrétien dans l'espace public » (idem). Affaire à suivre. (N.d.l.r. : L’arrêt du Tribunal fédéral reste toujours en vigueur). *** « Les Etats-Unis ont ajouté « pour la première fois » le Vatican à une liste d'Etats susceptibles d'être touchés par le blanchiment d'argent. L'Etat de la Cité du Vatican rejoint ainsi une liste de 68 pays classés dans la catégorie « situation préoccupante »… Le Vatican est potentiellement vulnérable au recyclage d'argent sale en raison des fonds importants qui circulent entre le Saint-Siège et le reste du monde » (Bernard Bridel, « 24 heures », 9 mars 2012). *** La récente affaire Merck-Serono et l'existence de journalistes sérieux ont permis de soulever le voile sur les origines de cette firme. Fondée à Rome en 1897, comme « Istituto Farmacologico », par Cesare Serono et d'emblée propriété de l'Eglise catholique, elle voit, vers 1957, l'entrée des Bertarelli dans l'affaire. En 1965, Fabio (père d'Ernesto) en reprend la direction et acquiert, en 1974, la majorité du capital détenu jusqu'alors par le Vatican ; trois ans plus tard, il déplace la société de Rome à Genève. Comme l'écrit F.V. ( « 24 heures », 25 avril 2012), « Le SaintSiège a joué un rôle primordial dans le développement de Serono. Le début de la croissance de l'entreprise repose sur un traitement contre l'infertilité produit à partir d’urine de femmes ménopausées (n.d.l.r. : voir aussi l’article de Narcisse Praz « Sœur pipi » paru dans le Libre Penseur N° 152, de juin 2012). Or la banque de l'Etat papal a pu gratuitement fournir de la matière première qu'elle récupérait dans les couvents de nonnes ». le libre penseur/no 155 C’est ainsi que des millions de litres d'urine ont transité à travers l'Europe vers Genève. Pour le dire en latin : « moneta non olet » (en langue vulgaire : « l'argent n'a pas d'odeur ») et nous retrouvons l'empereur Vespasien et ses pissoirs publics romains dont le liquide servait au tannage des peaux. *** Dans un entretien avec l'historien JeanMarc Tétaz (traducteur, depuis l'allemand) de l'ouvrage « Mahomet, histoire d'un Arabe, invention d’un prophète » de Tilman Nagel), Bernard Bridel (« 24 heures », 15 mai 2012) a posé cette question : « Que risque-t-on à contester la figure du Prophète ? ». Réponse : « La mort ! Car ce qui caractérise la dogmatisation de la figure du Prophète, c'est que toute mise en doute ou contestation des traits essentiels de cette figure, qui sont en bonne partie légendaires, attire la peine capitale. » *** Encore à propos de la Grèce : « Le nationalisme prend des formes odieuses… Pendant ce temps, les popes promènent sans souci leurs soutanes noires. L'Eglise orthodoxe, propriétaire d'un parc immobilier tentaculaire, n'est toujours pas soumise aux impôts qui accablent les particuliers. Bizarrement les indignés ne s'en prennent pas à elle parce que le nationalisme sous-tend leur colère. C'est l'appartenance à l'orthodoxie – mentionnée sur les passeports ! – qui distingue les « vrais » Grecs des autres, des usurpateurs de tout poil » (Jacques Pilet, « L'Hebdo », 10 mai 2012) . *** En janvier 2012, Alexander Aan, fonctionnaire indonésien, poste sur Facebook que « Dieu n'existe pas », une phrase qui dans le plus grand pays musulman du monde, ne passe pas. En effet, « dès le lendemain, alors qu'il se rend à son travail, il est agressé par une dizaine de personnes qui le passent à tabac en le traitant de déviant. Parallèlement, une réclamation est déposée devant le Conseil des oulémas d'Indonésie, principal organe religieux du pays, qui porte plainte contre lui pour « insulte contre la religion et blasphème ». Arrêté par la police, mis en détention et inculpé, il risque pour ces deux infractions un total de onze années de prison, [car] la loi fondamentale du pays implique la foi en un Dieu unique » (Vincent Souriau, « 24 heures », 21 mai 2012). *** 23 Dans une récente chronique (« L'Hebdo »,28 juin 20l2), l’auteur – après avoir souligné la dangereuse progression de l'intégrisme musulman, de l'intégrisme juif et de « l'excitation des mouvances évangéliques nord-américaines » – lance ce rappel on ne peut plus clair : « Le pouvoir politique des imams, des rabbins et des prêtres restreint toujours la liberté. » *** Le 31 juillet dernier, a eu lieu à Fiesch, village valaisan au pied du glacier d'Aletsch, une procession. « Les fidèles y prieront pour contrer le réchauffement planétaire, responsable de la fonte du glacier… pour que la langue de glace reprenne de la vigueur et croisse » (« 20 Minutes », Lausanne, 30 juillet 2012). Le comble de cette superstition (confirmée en 2010 par le pape Benoît XVI) c’est que, « depuis 1678, à la Saint-Ignace, les habitants invoquaient l'aide divine en espérant que le glacier cesse de s'étendre et de menacer le village en contrebas ! » *** « Interviewé en prison, l'ancien dictateur argentin Jorge Videla, condamné pour crimes contre l'humanité, fait état du soutien actif dont sa junte bénéficiait de la part des plus hautes sphères de l'Eglise catholique. Il raconte comment le nonce apostolique – l'ambassadeur du Vatican – Pio Laghi et le président de la conférence épiscopale argentine Raùl Primatesta ont conseillé la dictature dans la gestion de la question des « desparecidos ». L’Eglise avait même offert ses bons offices pour informer les familles des « disparus » de la mort de leurs enfants en échange de leur engagement à ne pas en rechercher la sépulture. Après le silence de Pie XII à propos des camps d'extermination, le soutien actif de la hiérarchie catholique à Franco et la bénédiction des canons de Pinochet, sabre et goupillon font décidément toujours bon « ménage... » (« L’anticapitaliste » Lausanne, 23 août 2012 ). *** « Le Vatican n'est pas que la maison de Dieu. Le côté obscur de la force est un empire financier, une sorte de gros « hedge fund », un « fonds vautour » mal, voire frauduleusement, géré… Dans ce théâtre d'ombres, d'immenses intérêts sont en jeu. A la mi-mars, c'est la banque JP Morgan qui sonnait le tocsin en fermant le compte de l'IOR, cet institut pour les œuvres de religion, fondé en 1942 par Pie XII et qui est la banque de la papauté. En dix-huit mois, 1,5 milliard d'euros avaient transité par ce compte. Manque de transparence, soupçon de blanchiment d'argent, voire de détournements… L'affaire prendra-t-elle une dimension comparable au scandale de la banque Ambrosiano, il y a trente ans ? A l' époque, l’IOR était le principal actionnaire de cette banque liée à la loge maçonnique, recyclant l'argent de la mafia sicilienne. Sa spectaculaire faillite qui se conclut alors par « l'assassinat » de Roberto Calvi, son ex-président, fut l'un des plus grands scandales italiens de l'après-guerre » (François Bonnet, « Vatican. Le paradis de l'argent sale » dans « Marianne », Paris, 2 juin 2012). CLAUDE CANTINI Le comité de rédaction, respectueux d’une totale liberté d’expression, précise que les articles signés sont sous la responsabilité de leurs auteurs et ne peuvent engager l’Association vaudoise de la Libre Pensée dans son ensemble. Association vaudoise de la Libre Pensée Case postale 5264 CH-1002 Lausanne Internet: www.librepensee.ch Libre Pensée de Genève Edgard Gindrat Ch. Moïse Duboule 47 1209 Genève Associazione Svizzera dei Liberi Pensatori (ASLP) Sezione Ticino, Casella postale 122, 6987 Caslano Association suisse de la Libre Pensée FVS-ASLP Case postale CH-3001 Bern Internet: www.freidenker.ch International Humanist and Ethical Union Internet: www.iheu.org le libre penseur/no 155 24 BON DE COMMANDE (marquer d’une croix) Claude Frochaux – L’Homme achevé 320 pages, Fr. 35.– + port CCP 10-7494-3 Milesbo – Gesù Cristo non è mai esistito (in italiano) 272 pages, Fr. 27.– (16.5 €) + port Change : 1€ = 1.20 Fr. Narcisse Praz – Gare au Gorille 128 pages, Fr. 24.– (port compris pour la Suisse) Mireille Vallette – Islamophobie ou légitime défiance 184 pages, Fr. 24.– (13 €) + port Narcisse Praz – Dictionnaire satirique des noms propres et malpropres 242 pages, 3500 définitions satiriques, Fr. 24.– + port. Narcisse Praz – Le dictionnaire insolent 554 pages, Fr. 48.– Claude Frochaux – L’Homme religieux 230 pages, Fr. 35.– + port Robert Nicole – Voir clair 100 pages, Fr. 22.– + port Luigi Cascioli – La morte di Cristo (in italiano) 224 pagine, Fr. 28.– + port Robert Nicole – Jésus, ce maître de sagesse méconnu 102 pages, Fr. 25.– + port Louis Ducommun – L’existence improbable de Dieu 39 pages, Fr. 10.– + port (étranger 10 € avec port) Albert-Marie Guye – Les entrailles de Gisors 20 pages, Fr. 5.– + port (étranger 5 €) Roger Peytrignet – Jésus-Christ, mythe ou personnage historique? 206 pages, Fr. 32.– + port Luigi Cascioli – La Fable de Christ 175 pages, Fr. 28.– + port La Favola di Cristo (in italiano) Luigi Cascioli – La statua nel viale (in italiano) 272 pages, Fr. 28.– + port Nom: Prénom: Adresse: NP: Ville: A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne JAB 1530 PAyERNE SOUSCRIPTION DE SOLIDARITÉ juillet 2012 B.M.C. L.P.B. M.O.Ch.-B. M.J.-P.C. R.D.N. C.M.G. N.A.L. M.Y.N. B.-J.E.G.-L. M.C.S. E.C.B. (Souv.) P.J.-P.S. P.P.S. D.R.Y.-les-B.. M.L.G. B.D.R. T.R.R. L.-B.G.G. B.F.R. Anonyme F.-G.A.N. F.A.G. T.F.F. B.E.N. B.J.-D.Y.-les-B. C.F.V. T.L.C. N.M.A. T.G.P. H.C.G. Th.A.G. P.N.A. G.P.C. B.J.-P.F. Di P.M.-Cl.N. A.P.+M.J. (F) C.J.V. L.A.B. S.M.L. J.R.La T.-de-P. S.K.L. B.E.V. Z.M.G. R.M.G. M.G.E. D.-R.R.F. A.D.U. S.R.B. B.L.V. M.W.L. H.-Z.L.C. F.Cl.L. C.J.-M.V. De C.B.C. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. 5.– 10.– 100.– 30.– 10.– 33.– 20.– 10.– 20.– 15.– 10.– 10.– 20.– 200.– 40.– 10.– 13.– 10.– 20.– 1000.– 40.– 10.– 60.– 10.– 20.– 10.– 100.– 20.– 5.– 25.– 21.– 50.– 20.– 150.– 20.– 6.– 30.– 10.– 25.– 50.– 50.– 10.– 20.– 100.– 20.– 30.– 40.– 20.– 50.– 100.– 10.– 10.– 30.– 40.– août 2012 H.J.P. W.E.P. R.V.M. B.J.Cl.Th. C.G.V. B.A.St.-P. F.-P.G.R. N.W.C. M.J.L.Th. F.R.G. Th.J.L. G.M.N. G.F.N. J.P.-A.Th. M.R.C. B.J.T. W.G.Le M. B.M.Y. G.J.-Cl.N. Fr. 10.– Fr. 20.– Fr. 10.– Fr. 50.– Fr. 20.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 100.– Fr. 20.– Fr. 40.– Fr. 10.– Fr. 20.– Fr. 20.– Fr. 25.– Fr. 20.– Fr. 10.– Fr. 20.– Fr. 30.– Fr. 40.– septembre 2012 Fr. 20.– V.R.M. Th.F.M. Fr. 100.– D.-B.P.P. Fr. 30.– Fr. 20.– J.J.-P.N. Fr. 21.– Th.A.G. U.A.Y.-les-B. Fr. 30.– octobre 2012 B.-D.R.S. F.G.Z. G.M.M.-C. T.-y-T.A.L. H.B.N. J.G.A. Y.A.T. H.J.P. A.P.+M.J. (F) M.D.G. Fr. 50.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 70.– Fr. 100.– Fr. 20.– Fr. 14.– Fr. 25.– Fr. 24.– Fr. 90.– novembre 2012 D.R.P. Dell’A.M.A. B.D.D. J.M.V. A.A.L. N.D.La Ch.-de-F. D.Y.La C.-sur-L. S.K.L. A.-L.J.-J.L. M.M.F/N. Fr. 10.– Fr. 40.– Fr. 50.– Fr. 25.– Fr. 20.– Fr. 40.– Fr. 10.– Fr. 100.– Fr. 20.– Fr. 50.– VERSEMENTS DIRECTS (quittance) M.M.B. Fr. 10.– A.P.+M.J. (F) € 20.– R.P.B. (F) € 20.– Merci à tous • Votre caissier Ordre des initiales: nom, prénom, ville. AVLP Pour une pensée libre, lisez Le Libre Penseur! 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