Note d`intention projet de diplôme Ophelie manchon

Transcription

Note d`intention projet de diplôme Ophelie manchon
Note d’intention projet de diplôme
Ophelie manchon
Lors de mon voyage en Espagne je ne parlais pas la langue.
Sans méthode, je me suis appropriée l’espagnol pour
communiquer et vivre avec les autres dans une autre culture.
Chaque personne a recours à des moyens mnémotechniques
propres à sa personnalité pour apprendre une langue
étrangère. Illustrer directement les mots en les interprétant
tel un comédien est une des manière de le mémoriser.
La magie opère lors de l’écoute des sonorités du mot.
L’accent et l’intonation suscitent des images, des sensations.
Les mots rebondissent, vibrent, chantent en sortant de
la bouche, ils sont solides même à l’oral.
Pour aider à me souvenir, j’utilisais ces mots comme matière,
pour jouer et cela, même quand je ne les comprenais pas.
Imiter le son avant de comprendre, répéter pour se rappeler,
l’écrire et le dessiner pour le fixer dans la vaste région de
la mémoire. Dans la poésie sonore, j’ai retrouvé l’humeur de
mes sensations: le jeu sonore presque absurde du poète
avant-gardiste Hugo Ball avec son poème Karawane1,
Brion Gysin avec l’oeuvre sonore Junk is no good baby2 et la
découverte très récente de l’auteure Angélica Liddell pour la
pièce Ping Pang Qiu3.
Les mots sont comme de la pâte à modeler. Dans le film
Down by law4 de Jim Jarmush, un des personnages principaux
joue avec une langue qu’il ne maîtrise pas. Il s’amuse pourtant
à faire des associations de mots très amusantes et c’est de cette
ingénuité que j’aimerais m’inspirer.
Poème phonétique de Hugo
Ball, poète Dada allemand.
1
Oeuvre sonore, Brion Gysin
dans ce poème sonore répète la
phrase Junk is no good baby
en alternant les intonations.
2
Angélica Liddell est auteure
metteur en scène et comédienne
espagnole. Dans son spectacle
Ping Pang Qiu, la comedienne a
utilisé de multiples intonations
en alternant l’intensité de sa voix.
3 Down by law, réalisé par Jim
Jarmush en 1986, le comédien
dont je fais réfèrence est Roberto
Benigni. Il fait un poème avec Ice
cream (la glace) et scream (crier),
«I scream, you scream, we all
scream for ice-cream».
4 A la suite de ce voyage j’ai continué à lire et écouter
l’espagnol, je l’utilise pour m’exprimer seule, à l’oral ou à
l’écrit. Je l’associe tantôt à des mots français tantôt à des
mots anglais. La relation récréative que j’entretiens avec les
langues a été activée par ce voyage, à travers l’humour,
le jeu, la poésie et le chant.
A travers des images (dessin, photo, photomontage…)
le texte est enveloppé, il est soumis à une réalité, parfois
attendue, parfois absurde… La mémorisation dans ce cas
n’est plus uniquement auditive mais également visuelle.
La sonorité peut également être traduite graphiquement:
de nombreuses oeuvres de la poésie concrète, par leur
vocabulaire typographique, nous en donne des exemples.
L’utilisation de typographie pour retranscrire le son
me semble être un terrain d’expérience riche.
Détourner le regard de la signification au profit de sa
résonance m’inspire, cette méthode s’apparente à l’appropriation. Détourner pour écouter avec les yeux et voir avec
les oreilles.
Bibliographie:
Autres...
Nina Catash, «Retour aux sources» , 1988,
in Traverse n°43, Le génie de la ponctuation,
centre Georges Pompidou, Paris.
Ed Ackerman et Colin Morton,
Primiti Too Taa, petite animation sur
machine à écrire, 1988.
Robert Bringhurst, La forme solide du langage, Gaspereau
Press, 2004 , Ypsilon éditeur, 2011, traduit par Jean-Marie Clarke et Pascal Neveu, Paris.
Yves Bonnefoy, L’autre langue à portée de voix,
La librairie du XXIe siècle, Seuil, 2013.
Daniel Pennac, Comme un roman, Gallimard, 1992.
Pascal Quignard, La leçon de musique, 1987,
Hachette, 2012.
Hörderlin Friedrich, Derniers poèmes, William Blake and
co. édit., 2011, Nouvelles traduction
de l’allemand et présentation par Jean-Pierre Burgart.
Marc Dachy, Archives dada, chronique, Hazan, Paris, 2005.
Kurt Schwitters, Ur Sonata,
performance de poésie sonore,
1922-1932.
Di Sciullo, le Quantange, typographie,
Qui résiste?, 2009.
Pierre di Sciullo, Antoine Denize et
Laurent Colomb, Pousse pousse à onomatopées, Qui
résiste?, 2005.
Nosfell, chanteur et musicien de rock français, Pomaïe Klokochazia balek, il a utilisé le Klokobetz pour
cet album, langue inventée dont la structure s’inspirerait notamment du japonais ou de l’allemand.
Paul Cox, Jeu de l’Amour et du Hasard,
edition Eric Seydoux, 2000.
Marion Fayolle, Nappe comme Neige,
editions Notari, 2012.

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