ARTICLE RESTAURATION DU PONT TOURNANT

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ARTICLE RESTAURATION DU PONT TOURNANT
RESTAURATION DU PONT TOURNANT
Compte tenu du contexte géographique et historique, Redon a dû entreprendre des
travaux conséquents pour développer les infrastructures et permettre l’extension du tissu
urbain au-delà des barrières naturelles que sont les dénivellations et la présence des cours
d’eau.
La nécessité d’enjamber ces obstacles à différents points névralgiques fut résolue par
la construction de nombreux ponts, créant un paysage propre à Redon. Ils sont une part
essentielle de l’image de la Ville.
L’histoire du pont tournant est lié au bassin à flot et à la gare.
Dès 1862, année d’inauguration de la gare, il est projeté de relier le bassin à flot créé
en 1855, à ce nouveau moyen de transport qu’est le chemin de fer.
Il faudra attendre 1885 pour voir se concrétiser le projet du pont tournant construit par
les chemins de fer de l’ouest.
Pont tournant ? En effet, le rattachement du port et de la voie ferrée oblige les
ingénieurs à concevoir un pont enjambant le canal de Nantes à Brest et qui n’entrave pas la
circulation des péniches.
Ce pont était utilisé à la fois par le train, les voitures et les piétons. Il était ouvert le
jour à la circulation des marchandises et des personnes alors que la nuit sa fermeture
permettait aux péniches de circuler sur le canal.
LE PROJET DE RESTAURATION DU PONT TOURNANT
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le pont tournant ferroviaire va peu à peu se
dégrader et tomber dans l’abandon.
Circulation routière oblige, le pont routier (de Vannes) qui le jouxte est mis en service
en 1964 – date à laquelle on interdit la circulation automobile sur le pont tournant.
La liaison ferroviaire est maintenue, mais réduite à un seul wagon qui transite par
intermittence, transportant surtout de la ferraille – alors qu’il y en avait jusqu’à 6 auparavant.
Ce service fut maintenu jusqu’en 1977.
La désaffectation complète du pont tournant intervient dans les années 80. La voie
ferrée est enlevée en 1990, pour permettre le stationnement sur le Parc Anger, et la
restructuration du quai Surcouf tel qu’on le connaît aujourd’hui.
En 1986, la gestion complète du pont revient à la municipalité. Il est question un
temps de le détruire, mais la question semble être reconsidérée en 1994, car la ville l’acquiert
auprès de la SNCF pour le franc symbolique.
Début 2001, on conçoit un projet de réhabilitation, avec la création d’une passerelle au
dessus des structures du pont tournant qui rendrait possible la circulation des piétons et des
cyclistes en toute sécurité. Le projet aurait conservé la partie fixe, mais sans remettre le pont
en utilisation dans sa fonction mobile.
Mais en avril 2001, l’ABF, alerté du projet de destruction partielle du pont s’y oppose,
arguant qu’il ne pouvait être modifié sans son consentement, puisqu’il se situait dans le
périmètre de co-visibilité de l’abbaye St Sauveur (classée M .H.). Il s’agissait surtout d’éviter
d’entamer l’intégrité d’un ouvrage à l’intérêt historique certain.
Le projet est abandonné, et aucun travail de restauration n’est entrepris.
La proposition faite aujourd’hui est celle de sauver un élément essentiel du patrimoine
redonnais. Il ne s’agit pas de muséifier, mais de l’inclure dans un projet urbanistique et
touristique, dans lequel le pont tournant retrouvera un usage, et sera mis au service des
habitants.
Le projet présenté défend donc plusieurs aspects :
1°/ L’aspect patrimonial et architectural.
De tous les ponts construits à Redon au-dessus du canal, le pont tournant du chemin de
fer est sans doute l’un des plus emblématiques, tant par sa conception, son histoire, que par
son implantation dans le tissu urbain.
C’est l’unique pont de ce type conservé sur le canal de Nantes à Brest, et un des
derniers exemples de pont tournant à double travée fixe et mobile conservés en France.
Préservé des dommages de la Seconde Guerre Mondiale, son état est quasiment
identique à celui de l’époque de sa construction.
D’où l’intérêt manifesté par la Fondation du Patrimoine : c’est la première fois qu’ils
soutiennent une rénovation de ce type de pont ferroviaire.
On peut noter qu’ils ont soutenu la commune de Bono pour la remise en état de son
pont suspendu du XIXe siècle.
2°/ L’aspect urbanistique
Les quartiers du Parc Anger et du Port se sont considérablement développés en termes
d’infrastructures : écoles (800 scolaires et étudiants dans ce quartier / ramassage scolaire),
piscine, médiathèque, maison de retraite, administrations (CCPR et CCI), Musée de la
Batellerie de l’Ouest, cinéma Manivel, commerces… et bientôt PEM
Sans compter les différentes animations qui ont lieu entre ces quartiers, comme les
fêtes estivales et automnales.
Mais la jonction entre ces deux quartiers, essentielle pour les habitants, ne peut se faire
que par le pont routier, qui voit 7 000 véhicules/jour, aux trottoirs trop étroits et inadaptés
pour envisager sereinement le passage des piétons, souvent jeunes, et surtout des personnes
âgées ou à mobilité réduite.
Le quartier du port est caractérisé par son insularité, due aux remaniements du XIXe
siècle. Il n’est accessible que par les ponts routiers qui l’entourent, d’où la nécessité d’avoir
un passage piéton sécurisé, une « voie douce », qui améliorerait la qualité de vie des
redonnais et des habitants du Pays de Redon.
3°/ L’aspect touristique
La restauration de ce pont s’inscrit en effet dans un projet global de valorisation du
patrimoine fluviomaritime : visites guidées, animations (balades théâtrales, Vendredis du Port,
Journées du patrimoine de Pays et des journées européennes du patrimoine, la Foire Teillouse,
le festival de la Bogue d’or, …etc.) et mise en place d’un circuit touristique, « circuit des
ponts », avec par exemple une mise en lumière du site, pour créer un véritable lien avec la
promenade des chemins de halage du canal.
Toujours dans l’idée d’encourager le tourisme fluvial, la remise en état prévoit la
motorisation du pont, pour ne pas entraver la circulation sur le canal.
4°/ L’aspect social
Cette restauration qui est une transmission des savoirs intégrait une clause sociale.
Ainsi un jeune en insertion a pu bénéficier de 300h de travail et s’initier à tous les corps de
métiers présents sur le chantier.
Les démarches entreprises ces derniers temps, qu’elles viennent de la municipalité ou
de particuliers, l’attachement des habitants au pont tournant et leurs inquiétudes quant à son
devenir, montrent à quel point il était d’un grand intérêt pour la ville de procéder à sa
réhabilitation.
Le pont tournant est constitué de deux tabliers, l’un mobile, l’autre fixe pour permettre
aux bateaux de continuer à naviguer sur le canal. Cet ouvrage d’art témoigne d’une grande
maitrise technique et artistique. Il présente un caractère historique intéressant par la
conception de ses éléments en poutres reconstituées rivées à chaud et par ses garde-corps style
« art nouveau ». Il est l’unique pont de ce type conservé sur le canal de Nantes à Brest d’où
l’intérêt manifesté par la Fondation du Patrimoine et le lancement d’une convention de
souscription (cosignée par l’APPHR et l’AMBO) le 28 avril 2010.
Cette souscription vise à encourager le mécénat populaire, et le mécénat d’entreprise –
La Fondation du Patrimoine étant reconnue d’utilité publique, les fonds collectés sont
déductibles fiscalement.
La Fondation abondera cette collecte sur ses ressources propres sous réserve :
• Que la souscription atteigne au moins 5% du coût total des travaux ;
• D’avoir rassemblé minimum 50 donateurs.
Cette restauration patrimoniale est un leg pour les générations futures.