161 LA GESTION DU CONTENTIEUX FISCAL PAR L
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161 LA GESTION DU CONTENTIEUX FISCAL PAR L
LA GESTION DU CONTENTIEUX FISCAL PAR L’ADMINISTRATION ALGERIENNE M. Arezki GHANEMI* Directeur du Contentieux Fiscal DGI - Algérie I- PRESENTATION DU SCHEMA ORGANISATIONNEL DU CONTENTIEUX FISCAL EN ALGERIE Le contentieux a un rôle régulateur essentiel dans le fonctionnement pratique de l’administration fiscale en ce qu’il traduit et permet de résoudre un désaccord entre l’administration et le contribuable sur un point de droit ou de fait relatif à l’établissement ou le recouvrement de l’impôt. En effet, le recours contentieux permet au contribuable de contester une imposition, de demander le remboursement d’un impôt payé en trop ou de réclamer le bénéfice d’une mesure à laquelle il estime avoir droit. A- Les divers stades de la procédure contentieuse en Algérie -En Algérie, le code des procédures fiscales (CPF) distingue deux types de réclamations contentieuses : -celles qui tendent à obtenir la réparation d’erreurs commises au détriment du contribuable dans l’assiette ou le calcul de l’impôt et qui se présentent sous la forme de demandes en décharge (dégrèvement * En dépit de sa non participation aux colloque, Monsieur Arezki GHANEMI a eu la délicatesse d’autoriser la publication de la contribution qu’il avait préparée pour ledit colloque. Le Centre d’Etudes Fiscales lui exprime toute sa gratitude. 161 La gestion du contentieux fiscal en Algérie total), en réduction (dégrèvement partiel) et en restitution d’impôts versés indûment ou sous la forme de demandes de restitution présentées par les contribuables tenus d’opérer des retenues à la source sur certains revenus. -celles qui tendent à obtenir le bénéfice d’un droit résultant d’une disposition législative ou réglementaire. Mais quelle que soit la nature des impôts en cause, les contestations élevées par le contribuable doivent, avant tout recours devant les commissions de recours ou le juge de l’impôt, obligatoirement être soumises par écrit au Directeur des impôts dont-il relève. Ce n’est qu’après notification de la décision de l’administration au contribuable et sinon, après expiration du délai de six mois à compter de la date de présentation de la réclamation que le litige peut être porté devant le tribunal administratif qui constitue la juridiction compétente en la matière, statuant en première instance et dont les jugements sont susceptibles d’appel auprès du Conseil d’Etat. -En résumé les différents stades de la procédure contentieuse sont les suivants : 1-procédure préalable (phase administrative) : réclamation adressée au Directeur des impôts, 2-procédure auprès des commissions de recours, 3-procédure de première instance auprès du Tribunal administratif, 4-procédure d’appel auprès du Conseil d’Etat. Par ailleurs, les contribuables se trouvant dans une situation financière difficile ou critique les mettant dans l’impossibilité de s’acquitter de leur dette fiscale peuvent obtenir des services fiscaux de mesures de bienveillance. Quel que soit leur objet, les demandes gracieuses ne sont soumises à aucune condition au regard des délais de présentation. Elles peuvent donc être formées à tout moment, après mises en recouvrement de l’impôt ou de la pénalité dont l’abandon ou l’atténuation est sollicitée. 162 La gestion du contentieux fiscal en Algérie B- Caractéristique principale du contentieux fiscal en Algérie Le contentieux fiscal se caractérise en Algérie par des procédures spécifiques destinées essentiellement à éviter la juridictionnalisation des conflits. En effet, on aurait pu confier directement au juge toute contestation sur l’impôt. Notre appareil juridictionnel n’y aurait pas résisté avec la diversification et l’augmentation des prélèvements fiscaux. Comment nos juridictions pourraient-elles traiter près de 100.000 réclamations déposées chaque année ? C’est la raison pour laquelle la loi fiscale prévoit l’obligation de déposer une réclamation préalable auprès de l’administration puis devant les commissions de recours avant de pouvoir accéder au stade juridictionnel. C’est pourquoi loin d’être pour le contribuable une formalité inutile, elle constitue en fait une des garanties essentielles, celle que lui donne une administration qui s’est organisée pour laisser ouvertes le plus longtemps possible toutes les possibilités de dialogue. Mais cet objectif n’est atteint que si la réclamation préalable joue le rôle d’un véritable filtre qui implique qu’elle soit traitée avec rapidité, objectivité et équité. C- Les sources du contentieux fiscal La matière fiscale est propice un contentieux volumineux pour plusieurs raisons : -Les relations entre l’Administration fiscale et les contribuables entraînent chaque année la production de millions d’actes administratifs (avis d’imposition – rôles ….). La surface du contentieux fiscal est donc extrêmement large. -Le contentieux peut naître de l’action de l’administration fiscale, qui considère qu’un contribuable ne s’est pas acquitté dans les délais qui lui étaient impartis de ses obligations fiscales. L’administration fiscale peut alors, d’une part, sanctionner autant pour dissuader que pour réprimer et d’autre part, tenter de procéder au recouvrement forcé de l’imposition dans le cas où le non respect des obligations fiscales consiste dans un manquement au paiement d’une imposition. A cet égard, il y a lieu de signaler que 33% des 163 La gestion du contentieux fiscal en Algérie contribuables – entreprises ne respectent pas de manière régulière leurs obligations fiscales. -Le contentieux peut naître de l’action du contribuable qui estime que les services fiscaux ont commis une erreur à son encontre dans l’application de la législation ou de la réglementation fiscale. -Le contentieux peut naître de l’incompréhension ou de la mauvaise interprétation par les contribuables de certaines dispositions fiscales, en effet, en raison de leur caractère technique, les textes fiscaux peuvent être porteurs de difficultés d’interprétation. A cette difficulté relative à la lecture des textes, s’ajoutent parfois des incohérences qui n’ont plus de raisons d’être. -Le contentieux a également pour origine, la conception de l’impôt des contribuables qui longtemps ont assimilé la fiscalité à une obligation, or, il est admis que celle-ci est aujourd’hui considérée comme un instrument de gestion au même titre que les autres fonctions de l’entreprise. - L’existence de certains contentieux fiscaux résulte du fait que certains services fiscaux se refusent dans le cadre de la procédure contradictoire (phase assiette) à désavouer une première appréciation provenant de l’agent ayant proposé des redressements, et ce, nonobstant le fait que le contribuable a apporté les éléments justificatifs rendant infondés les redressements arrêtés. II– LES MODALITES PAR LESQUELLES LE CONTRIBUALE CONTESTE L’ATTITUDE DE L’ADMINISTRATION FISCALE A- Le recours administratif préalable - L’obligation de présenter une réclamation devant le service des impôts Quelle que soit la nature des impôts, droits ou taxes en cause les contribuables qui entendent obtenir la réparation d’erreurs commises dans l’assiette ou le calcul des impositions mises à leur charge ont l’obligation d’adresser une réclamation au service des impôts avant de pouvoir saisir la juridiction compétente. 164 La gestion du contentieux fiscal en Algérie Cette obligation est la traduction en matière fiscale de la règle dite de la décision préalable qui s’applique au contentieux administratif. Cette règle oblige le contribuable, qui entend contester une imposition, à introduire un recours préalable non juridictionnel. Ce recours a pour objet d’obtenir sur sa requête une décision expresse ou implicite de la part de l’administration fiscale. Ce n’est qu’une fois cette décision rendue ou expiré le délai à l’issue duquel le recours est réputé rejeté, que le contribuable pourra soumettre ce dernier au juge s’il n’a pas obtenu satisfaction. - Délai de réclamation Pour être recevables, les réclamations contentieuses introduites par les contribuables auprès des services fiscaux doivent être présentées dans les délais légaux. En effet, celles-ci sont recevables jusqu’au 31 décembre de la deuxième année suivant celle : * de la mise en recouvrement du rôle d’impositions contestées. * au titre de laquelle l’impôt a été versé lorsque la demande est formulée par la partie versante. * au cours de laquelle les retenues à la source ont été opérées lorsque la demande est présentée par la partie qui a subi la retenue. - Forme de la réclamation Les réclamations doivent être individuelles. Toutefois, les contribuables imposés collectivement et les membres des sociétés de personnes qui contestent les impôts à la charge de la société peuvent formuler une réclamation collective. Les réclamations peuvent également être présentées par une tierce personne dûment mandatée. Le mandat doit être régulièrement justifié. Ce dernier n'est pas exigé pour les avocats régulièrement inscrits au barreau et pour les personnes qui tiennent de leur fonction ou de leur qualité le droit d'agir au nom du contribuable. Le contenu de la réclamation doit mentionner l'imposition contestée, faire un exposé sommaire des moyens et conclusions, porter la signature manuscrite de son auteur et être accompagnée soit de l’avertissement, d'un extrait de rôle, de l’avis de mise en recouvrement, ou de toute autre pièce justifiant le montant de la retenue ou du versement. 165 La gestion du contentieux fiscal en Algérie -Sursis légal de paiement En vertu du principe selon lequel la réclamation préalable n’est pas, par elle-même, suspensive de paiement, tout contribuable qui conteste le bien fondé de son imposition n’est pas dispensé de s’acquitter de celle-ci dans le délai légal. Toutefois, cette règle connaissait une dérogation, conditionnée par la constitution de garanties devant être présentées par le réclamant. La loi de finances pour 2005 a apporté un aménagement au dispositif du sursis légal de paiement en subordonnant son octroi au paiement par le réclamant de 30% des droits contestés (ce taux a été ramené à 20% par la loi de finances pour 2006). Dans le cas où contribuable s’acquitte du montant exigé, aucune mesure coercitive n’est engagée à son encontre à partir de la date d’octroi du sursis légal de paiement, jusqu’à la date d’intervention de la décision sur sa réclamation. -Instruction de la réclamation Après accomplissement de l’ensemble des travaux préliminaires liés au montage du dossier contentieux, la réclamation est transmise, pour instruction, aux services ayant établis l’imposition contestée. On observera, toutefois, qu’il peut être statuer immédiatement, c'est-à-dire sans soumettre le dossier à l’instruction, sur des réclamations entachées de déchéances où de vice de forme les rendant définitivement irrecevable. En effet, le service à la faculté de statuer, sans instruction préalable, sur les réclamations présentées hors délais ou entachées d’un vice de forme définitif les rendant irrecevables. Mais, l’irrecevabilité en la forme d’une réclamation n’étant pas de nature à priver l’administration du droit dont elle dispose de prononcer le dégrèvement des impositions ou fractions d’impositions formant surtaxe. - Décision de l'administration Le directeur des impôts de wilaya du lieu d’imposition est seul habilité à statuer quelque soit le sens de la décision prise : admission totale, admission partielle et rejet. Lorsque les affaires contentieuses portent sur des droits et pénalités excédant 10 millions de dinars l’avis conforme de l’administration centrale doit être requis. La décision du Directeur de wilaya doit intervenir dans un délai de quatre mois suivant la date de présentation de la réclamation. 166 La gestion du contentieux fiscal en Algérie Pour permettre de déconcentrer cette faculté de décision un réaménagement de dispositif afférent au pouvoir de délégation de signature a été opéré pour la loi de finances pour 2007. Ce réaménagement tend a faire régler le plus grand nombre d’affaires contentieuses par les services du contentieux en permettant aux agents délégataires de se prononcer sur des affaires portant sur un montant maximal de 2 million de dinars. -Dégrèvement d'office et compensation Le dégrèvement d'office est une décision prise par l'administration fiscale de sa propre initiative où à la suite de démarches effectuées auprès d'elle. Le CPF permet au Directeur des impôts, en tout temps, de prononcer d'office le dégrèvement des cotes ou portions de cotes formant surtaxe. Il ressort que même en dehors du délai légal de réclamation prévu par la loi, certaines erreurs de l'administration ayant engendré des surtaxes peuvent être réparées de manière illimitée dans le temps. Néanmoins, cette faculté de dégrever d'office offerte à l'administration comporte une limite: c'est celle qui consiste a opérer, le cas échéant, une compensation entre la surtaxe et une insuffisance d' imposition ou omission relevée au cours de l’instruction. B- Les commissions de recours: un mode alternatif de règlement des litiges fiscaux Les commissions de recours comprennent une majorité de représentants d’unions ou associations professionnelles ainsi que des élus locaux. Il a été institué trois (03) commissions de recours traitant des demandes portant sur les impôts directs et taxes assimilées, ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée. Ces commissions sont appelées à réparer les erreurs qui peuvent survenir dans l’assiette ou le calcul de l’impôt ou dans l’interprétation des textes législatifs ou réglementaires. C’est ainsi que le contribuable non satisfait de la décision du directeur des impôts concerné a la possibilité de saisir les commissions de recours. 167 La gestion du contentieux fiscal en Algérie - La Commission de recours de Daïra Elle se compose : - du Chef de Daïra ou du Secrétaire Général Président, - du Président de la commune du lieu d’exercice de l’activité du contribuable, - du Chef d’inspection territorialement compétent, - de deux (02) membres titulaires et deux (02) membres suppléants pour chaque commune désignés par les associations ou les unions professionnelles. La commission de recours de Daïra statue sur les demandes de recours ayant déjà fait l’objet d’une décision de rejet total ou partiel de la part de l’administration fiscale. Les demandes doivent être adressées au président de la commission de Daïra, elles doivent porter sur des impositions inférieures ou égales à 500.000 DA, pour lesquelles le Directeur des impôts de wilaya a préalablement rendu une décision de rejet total ou partiel. - La Commission de recours de Wilaya : Elle se compose de :- Un (1) magistrat désigné par le président de la cour territorialement compétente, président. - un (1) représentant du wali, - le (1) responsable de l’administration fiscale de wilaya, -un (1) représentant de la chambre de commerce, siégeant dans la Wilaya ou, à défaut, de celle dont la compétence s’étend à la dite Wilaya. -un (1) représentant de la chambre d’agriculture de wilaya, -cinq (5) membres titulaires et cinq (5) membres suppléants désignés par les associations ou unions professionnelles implantées dans la wilaya. -un (1) inspecteur des impôts directs, assure les fonctions de secrétaire, désigné par le Directeur des impôts. La commission de recours de Wilaya émet un avis sur les demandes de recours portant sur des impositions supérieures à 500.000 DA et inférieures ou égales à 2.000.000 DA, pour lesquelles une décision de rejet total ou partiel a été rendue au préalable par l’administration fiscale. 168 La gestion du contentieux fiscal en Algérie - Commission centrale de recours La commission centrale de recours est la plus haute instance en matière de recours contentieux. Elle est instituée auprès du Ministre Chargé des Finances. Elle se compose : - du Ministre chargé des Finances ou son représentant dûment mandaté, président, - d’un Directeur représentant le Ministère de la Justice, - d’un Directeur représentant le Ministère de l’Equipement, - d’un Directeur représentant le Ministère du Commerce, - du Directeur Général du Budget ou son représentant ayant au moins rang de Directeur, - du Directeur Général du Trésor ou son représentant ayant au moins rang de Directeur, - d’un représentant désigné par le Directeur des Grandes Entreprises, - d’un représentant de la chambre de commerce de la Wilaya concerné ou à défaut un représentant de la chambre nationale de commerce, - d’un représentant de l’Union professionnelle concernée, - d’un représentant de la Chambre d’Agriculture de la wilaya concernée, ou a défaut un représentant de la Chambre Nationale d’Agriculture, - en qualité de rapporteur, le Sous-Directeur des Commissions de Recours de la Direction Générale des Impôts, - les fonctions de secrétariat sont assurées par des membres de la Direction Générale des impôts, désignés par le Directeur Général. Cette commission est compétente pour traiter : les recours portant sur des impositions supérieures à 2.000.000 DA ainsi que ceux introduits par les contribuables relevant de la Direction de Grandes Entreprises. - Délais de présentation des recours Les recours doivent être présentés au président de la commission compétente dans le délai de (02) mois à compter de la date de notification de la décision de rejet total ou partiel. - Sursis légal de paiement Conformément aux nouvelles dispositions introduites par la loi de finances pour 2007, le requérant peut désormais solliciter le sursis 169 La gestion du contentieux fiscal en Algérie légal de paiement. Pour ce faire, il est tenu d’acquitter 20% des montants des droits et pénalités restant à sa charge. - Avis rendus par les commissions Les avis des commissions doivent être approuvés à la majorité des membres présents. En cas de partage égal des voix celle du président est prépondérante. Les avis émis par la commission doivent obligatoirement être dûment motivés et indiquer le montant des dégrèvements sur lequel elle s’est prononcée. Il convient de souligner d’autre part, que les avis émis par les commissions de recours sont des avis conformes qui lient la décision du Directeur de wilaya. Toutefois, lorsque les avis rendus par les commissions sont dépourvus de fondement, ces derniers sont insusceptibles d’exécution. En pareils cas, le Directeur des impôts s’abstient d’exécuter l’avis rendu par la commission et saisi la juridiction compétente en motivant son rejet de l’exécution de l’avis par toutes les dispositions législatives et réglementaires pertinentes. L’introduction d’un recours contre l’avis de la commission doit intervenir dans le mois qui suit le prononcé dudit avis. C- Le recours juridictionnel Les décisions rendues par les services fiscaux et qui ne donnent pas entièrement satisfaction aux contribuables peuvent être attaquées devant les tribunaux administratifs dans un délai de 4 mois à partir du jour de la réception de l’avis portant notification de la décision. Le même recours peut être intenté contre les décisions notifiées par l’Administration fiscale après avis émis par les différentes commissions de recours. Des mesures spéciales peuvent être ordonnées par le juge de l’impôt avant de se prononcer sur l’issue finale de la requête soumise à son autorité. Ces mesures spéciales qui peuvent être prescrites sont : * Le supplément d’instruction : à chaque fois que le contribuable présente avant jugement des moyens nouveaux. *La contre–vérification : cette opération est effectuée par un agent autre que celui qui a procédé à la première instruction en présence du réclamant. *L’expertise : elle est ordonnée par le juge, soit d’office soit sur la demande de l’une des deux parties. 170 La gestion du contentieux fiscal en Algérie III- LE CONTENTIEUX FISCAL EN CHIFFRE A- Recours préalable En 2006, la Direction Générale des Impôts (DGI) a reçu 93.775 réclamations contentieuses relatives à des problèmes d’assiette, ces réclamations constituant d’ailleurs 99% de la totalité des réclamations contentieuses en matière fiscale. Le reliquat des réclamations concerne des demandes contentieuses établies en matière de recouvrement. Il faut noter que le nombre des demandes contentieuses adressées à la DGI est en baisse continue et régulière depuis 2002. Cette baisse tendancielle du volume global du contentieux représente -1,94% (2005), - 4,32% (2004), -10,2% (2003) et -17,2% (2002). Comparativement à la population fiscale exprimée en termes de dossiers actifs (forfait – réel – BNC – IRG domicile) arrêtée au 31.12.06 au nombre de 2.000.700, le contentieux fiscal (recours, préalable) représente 4,67%. Les dysfonctionnements dans le mode d’évaluation des bases servant à l’établissement des contribuables forfaitaires et de la taxe foncière expliquent leurs poids dans les réclamations – assiette. Le contentieux forfait représente à lui seul près de 70% du volume du contentieux, lequel est également lié à la forte population des forfaitaires représentant 74% de la population fiscale activité (forfait – réel – BNC). Les réclamations contentieuses traitées par la DGI furent au nombre de 82 522 en 2006. Parmi lesquelles 45% ont été traitées dans le sens demandé par les contribuables. Il y a lieu de signaler, que la DGI a mis en place, des indicateurs de gestion de délai afin de s’assurer du respect du délai imparti pour statuer sur les réclamations. Plus de sept réclamations sur dix reçoivent une réponse dans les délais requis. Le solde représentant 12% de la charge globale concerne notamment les réclamations formulées en fin d’année. L’objectif d’un stock inférieur à la capacité annuelle de traitement reste atteint, et en conséquence, le niveau moyen des instances diminue en passant à un niveau raisonnable. A court terme on peut 171 La gestion du contentieux fiscal en Algérie espérer qu’avec la mise en œuvre de la procédure interne de gestion et d’apurement des stocks déjà expérimentée en 2004 et complétée par la définition d’un seuil alerte des stocks, une amélioration sensible du délai de traitement sera atteint. On comprend aussi le rôle capital de la réclamation préjuridictionnelle obligatoire et des procédures internes à l’Administration fiscale qui ont permis en 2006, de traiter définitivement parce qu’en faveur des contribuables, hors de la procédure juridictionnelle, près de 50% des réclamations contentieuses déposées. Après le passage par ce filtre, demeuraient des réclamations contentieuses qui ne donnaient pas entièrement satisfaction aux intéressés et, en conséquence pouvaient être portées devant les commissions de recours. B- Les commissions de recours Le nombre des requêtes déposées en matière d’assiette devant les commissions de recours s’est établi à 15.032, soit 18,21% des réclamations préjuridictionnelles traitées en 2006 par l’Administration fiscale. Les recours examinés par ces commissions furent au nombre de 16.961 parmi lesquels 41,36% ont été traités dans le sens demandé par les contribuables. Toutefois, le fonctionnement irrégulier des commissions demeure préoccupant dans la mesure où cette situation induit la constitution de stocks de recours difficilement résorbables. Au début de l’année 2006, les commissions de recours détenaient un volume de stock de 14.022 représentant 48,26% de leur charge globale. En tout état de cause, il est admis que ces commissions constituent un instrument de règlement des contentieux fiscaux, contribuant ainsi à désencombrer dans des proportions considérables les instances juridictionnelles. C- Le Contentieux juridictionnel La structure de la procédure du contentieux fiscal, à savoir la réclamation préalable et la voie de recours alternative offerte par la saisine des commissions (Daira, Wilaya et centrale), permet de réduire considérablement le nombre d’affaires soumises à l’arbitrage de la justice. En effet, il est observé que le juge administratif n’est saisi, en 172 La gestion du contentieux fiscal en Algérie moyenne, que pour seulement 3,5% de la charge globale des litiges fiscaux. En ce sens et à titre indicatif, le nombre total des actions en instance en 2005 devant les différentes Chambres Administratives des Cours (Tribunaux administratifs) est de 4396 recours, alors que le nombre total des réclamations contentieuses auprès de l’administration fiscale est de 105 203 affaires (réclamations en instance comprises) et les affaires en instance auprès des différentes commissions des impôts directs et de la TVA sont au nombre 29.404 recours, enregistrés au titre de la même année 2006. Charge globale des affaires relatives au recours juridictionnel au titre de l’année 2006 Affaires en instances au 01/01/2006 Affaires enregistrées au cours de l’année 2006 Total Taux de stock initial Nombre d’affaires solutionnées au cours de l’année 2006 2417 1979 4396 55% 1801 Taux de traitement 41 % Instances au 31/12/ 2006 Taux de stock final 2595 59 % Nature des décisions prononcées au cours de l’année 2006, par les différentes chambres administratives des cours Nombre total des arrêts rendus 1801 Nombre d’arrêts rendus en faveur de l’administration (rejet total) Nombre d’arrêts rendus en faveur des contribuables (admission totale ou partielle) 1416 385 Soit Soit 78,62 % 21,38 % - le recours auprès du conseil d’état – Juridiction d’appel : Au titre de l’année 2006, 555 nouvelles affaires ont été portées devant le Conseil d’Etat, sur appel soit des contribuables soit de l’administration fiscale. Celles-ci s’ajoutent aux 999 affaires en 173 La gestion du contentieux fiscal en Algérie instances au début de l’année, soit une charge globale de 1554 affaires. S’agissant d’une juridiction d’appel, on retrouve donc les mêmes points de contestation ainsi que, dans une proportion presque identique, les mêmes origines des impositions contestées, examinés par la juridiction du premier degré. Par ailleurs, au cours de l’année 2006, le Conseil d’Etat a prononcé 510 arrêts, dont 376 en faveur de l’administration fiscale, soit 73,7% et 134 en faveur des contribuables, soit 26,3%. 174