Un confrère qui soigne les sillons au diamant

Transcription

Un confrère qui soigne les sillons au diamant
Passion de dents,
passion dehors
Dental Tribune Édition Française | Avril 2016
À la fin des années 60, alors que mon père installait sa première « chaine Hi-Fi » DUAL, je récupérais son vieux « tourne-disque », un Teppaz, et quelques 45 tours. J’héritais aussi de quelques
microsillons très lourds et fonctionnant en 16 tours ! À cette époque, j’écoutais l’émission « SLC,
Salut Les Copains », sur 1647 mètres Grandes Ondes (Europe 1). C’est ainsi que je découvrais
Sheila, Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, France Gall... En 63 apparaît Chouchou, la mascotte des années « yéyé »... Au hasard de mes investigations sur la toile, j’ai fait la
connaissance d’un confrère au talent très particulier : Joël Delorme répare des machines à remonter le temps !
© Nonnakrit /Shutterstock.com
Un confrère qui soigne les sillons au diamant...
... tous les sillons, même les microsillons !
par le Dr Marc Revise
Marc Revise : Joël, es-tu plutôt chouchou, yéyé,
ou rock’n’roll ? Quelles étaient tes idoles ?
Joël Delorme : Johnny et France Gall quand
j’étais jeune. Petit, en Ardèche, j’étais gardé
par les propriétaires d’un magasin de
disques, d’électrophone, télés... J’écoutais
leurs disques dans l’arrière-boutique.
Fais-tu les granges abandonnées et les greniers poussiéreux pour retrouver ces petits bijoux oubliés ?
Internet surtout, et les vide-greniers où je
déniche des appareils souvent en très mauvais état, mais vraiment pas cher.
Il faut une passion, certes, mais comment as-tu
appris à réparer des Teppaz ?
Je n’ai pas de connaissances particulières
en électronique, mais j’ai appris à souder, et
j’ai restauré un modèle, puis un autre en prenant exemple sur celui que j’avais. Ensuite
j’ai restauré toute la gamme des Teppaz, par
mimétisme !
Où trouves-tu les pièces de rechange ?
Je les récupère sur des appareils définitivement hors d’usage. Le tapis en caoutchouc est
compliqué à trouver, mais on en trouve des
copies bien réalisées sur internet ainsi que
d’autres pièces fabriquées avec des imprimantes 3D, c’est assez classique maintenant,
et les teintes du plastic sont relativement proches de l’original.
Peux-tu nous décrire ce tourne-disque portable qui a été vendu à des millions d’exemplaires dans les années 60 ?
Oscar est le modèle le plus courant avec
3 watts et un haut-parleur sommaire, construit
pour les jeunes qui réussissaient leur « certif. »,
il lit tous les disques microsillons (16, 33, 45 et 78
tours) ; l’Oscar senior avec 2 HP, puis ensuite
l’Octave, l’Oscar stéréo, et encore bien d’autres
avec radio, cassettes... Le génie de M. Teppaz a été
de faire un petit transfo. 110/220 Volt à une
époque où les deux tensions cohabitaient en
France. L’aventure Teppaz a pris fin au début des
années 70 avec l’arrivée des chaines Hi-Fi.
Chouchou
Joel Delorme
Les usines Teppaz étaient installées à Lyon ; or
ton cabinet se situe au nord de Lyon. Partagestu des origines avec Marcel Teppaz, l’inventeur
de cet électrophone mythique ?
C’est un hasard complet ! Il y a 7 ans, à Grenoble, ma sœur, dentiste elle aussi, ressort
mes vieux disques vinyles et un Teppaz. J’ai
retrouvé mon premier 45 tours : « The Fool »
de Gilbert Montagné. Cela m’a donné envie
de restaurer cet appareil et j’ai commencé à
m’y intéresser et en chercher...
Les années 60
Son atelier
© marcresive
S’il existe un engouement particulier pour cet
objet culte, qui te les achète ? Des nostalgiques, des collectionneurs, des ex-fans des
sixties ?
J’ai vendu des Teppaz à des célébrités, un
célèbre rappeur, et un concertiste qui souhaitait écouter ses 78 tours sans transporter son
gramophone ! En effet, les intéressés ont entre 50 et 65 ans, mais il y a aussi des jeunes de
16–20 ans qui redécouvrent les vinyles...
Chaque Teppaz a sa personnalité, avec un son
différent ! Quand j’écoute un disque, je choisis l’appareil qui lui convient le mieux.
Contactez Joël Delorme : [email protected]
Blog : http://mon-beau-teppaz.blogspot.fr/
2013/09/vente-teppaz.html
Teppaz Oscar
Je suis certain que de nombreux lecteurs de
Dental Tribune se rappelleront avoir vu de
vieilles photographies aux couleurs passées,
souvenirs de leurs parents ou grands-parents
autour d’Oscar. Merci, Joël, pour ce son si particulier que j’ai redécouvert grâce à toi.
© Manczurov/Shutterstock.com
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