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N° 110 été 2016 témoin o Paroisse catholique Saint-Etienne de Grandmont - Chambray, Larçay, Les Fontaines, Montjoyeux, Saint-Avertin - Journal trimestriel GRATUIT Visages d’église Flash jeunes Pourquoi les JMJ ? Quartier libre Jeanne-Marie à table ! Paroisse Prêtre en 1968 Retrouvez le témoin sur www.paroisse-flsa-tours.cef.fr/ Passez le témoin édito Photos defamille Ah! les photos de famille ! Vous en avez sûrement chez vous. Vous savez, ces photos de mariage par exemple, prises à la sortie de l’église, ces photos qui rassemblent plusieurs générations : des rangées de visages, une grand-mère assise au premier rang et qui tient son arrière-petitfils dans ses bras, etc. Et tout le monde sourit au photographe, à moins que le comique de service ne fasse une grimace… Plusieurs dizaines d’années après, on le reconnaît : Ah oui, lui c’est le cousin qui faisait toujours rire la galerie ! Bref, on aime les contempler, ces photos et ces visages. Si c’est possible, on identifie chacun et on cherche à connaître l’histoire de la famille. Visages de famille donc. Dans ce Témoin aussi, visages et photos de famille : la famille Église ! Hélas, pas assez de visages car la place est limitée. Mais quand même, quelques flashes qui disent la vie et l’activité de cette grande famille, la vie d’aujourd’hui et, là aussi, avec une belle diversité. Il est bon, de temps en temps, de s’arrêter pour contempler nos photos de famille, pour rendre grâce peut-être et, ici en tout cas, pour contempler l’œuvre de l’Esprit. Je vous laisse découvrir !… l P. Bruno Guicheteau, curé J témoin N° 110 - Été 2016 e m’appelle Mathilde, j’ai 21 ans, je suis étudiante en 4e année de Pharmacie. Cet été, j’ai décidé de partir aux JMJ avec le diocèse de Tours. Mais c’est quoi les JMJ ? Ces Journées Mondiales de la Jeunesse ont lieu tous les 3 ans. En 2016, elles se déroulent en Pologne, à Cracovie, du 20 juillet au 1er août. Les JMJ rassemblent des millions de jeunes catholiques du monde entier pour des temps de partage et de prière, des moments festifs et une rencontre avec le Pape. Il y a longtemps que j’avais entendu parler des JMJ. Certains de mes amis étaient partis à celles de Madrid (2011), mais j’étais alors trop jeune pour y aller. Lorsqu’ils sont revenus et m’ont raconté, je me suis promis d’aller aux prochaines. J’attendais donc 2016 avec impatience ! Même si ce sont mes premières JMJ, j’ai déjà vécu des rassemblements comme ceux de Taizé ou du scoutisme. Ce sont des moments forts et riches en émotions, et je m’attends à rentrer chez moi le 2 août avec une joie débordante et une envie de tout changer ! J’ai reçu une éducation religieuse et je vais régulièrement à la messe. Mais être catholique n’est pas aussi simple : entre les études, les sorties, le travail, ce n’est pas toujours facile de consacrer du temps à sa foi. Et encore plus difficile d’en parler autour de soi. J’ai longtemps été cheftaine scoute. Cette année, je fais partie d’un groupe de partage formé avec des amis. Nous abordons ensemble différents thèmes ou questions qu’un jeune étudiant catholique est amené à se poser. Ces deux engagements m’ont aidée à grandir dans ma foi. Si je souhaite partir aux JMJ, c’est tout d’abord pour vivre une expérience spirituelle forte, mais aussi pour rencontrer des jeunes de tous pays qui partagent les mêmes convictions, pour donner au monde l’image d’une Église dynamique et pour renforcer ma foi, et en être fière. Pour moi, les JMJ sont un incontournable de la vie chrétienne ! l Mathilde flash jeunes Messes en juillet-août Confessions S’inscrire au Caté n Tous les samedis : 18 h 30 aux Fontaines (sauf le premier samedi du mois à Larçay) Permanence tous les jeudis De 17 h 30 à 18 h 30 aux Fontaines n Samedi 3 septembre De 9 h à 18 h Salle Yves Renault à Chambray n Tous les dimanches : 9 h à Chambray n Les dimanches de juillet : 10 h 45 à Montjoyeux n Les dimanches d’août : 10 h 30 à Saint-Avertin Assomption de Marie n 14 août : Messe à 18 h 30 aux Fontaines n 15 août : Messe à 9 h à Chambray Messe à 10 h 30 à Saint-Avertin Rentrée paroissiale n 2 octobre à Marmoutier « Sur les pas de saint Martin : agir ! » n Lundi 5 septembre De 18 h à 19 h 30 Salles paroissiales de Château-Fraisier S’inscrire à l’Aumônerie scolaire n Mardi 6 septembre De 18 h à 19 h 30 Salles paroissiales de Château-Fraisier Contact : m Céline LANGLOIS : 06 51 40 56 18 aep-paroissesaintetiennedegrandmont@ orange.fr n Mercredi 7 septembre De 16 h à 18 h Maison paroissiale à Chambray brèves Contacts : m Maison paroissiale : 02 47 28 39 64 m Françoise CASTAIGNEDE : [email protected] éditeur : Paroisse Saint-étienne de Grandmont 6 rue de la Mairie 37170 Chambray-lès-Tours - Tél. 02 47 28 39 64 - Directeur de la publication : P. Bruno Guicheteau Rédactrice en chef : Annie Bijonneau - Maquette : Pascale Marquet - Impression : Imprimerie Vincent, Tours - Crédits photos : Morguefile, S. Pécresse, J.-L. Chartier, famille Glaume, G. Colaisseau, C. Lamy 2 témoin N° 110 - Été 2016 quartier libre La Table de Jeanne-Marie Ouverte tous les jours au 43 rue des Abeilles (face à la place Velpeau) à Tours La Table de Jeanne-Marie a ouvert ses portes le 13 janvier 2016 à Tours. Des membres de 3 associations (la Maison de saint Martin, Chrétiens Migrants, Emmaüs 100 pour 1) et du collectif « Réseau d’éducation sans frontières » (RESF) ont constitué une nouvelle association, rejoints par d’autres bénévoles venus d’horizons divers. Ils étaient convaincus de la nécessité d’un tel lieu. Intuition vérifiée puisque, chaque jour, il se remplit ; on y déjeune, on y parle, on y rit, bref on y vit ! D eux petites pièces servent de salle-à-manger, avec trois grandes tables et une quatrième d’appoint. L’affluence est telle, chaque jour entre 11 h et 13 h, qu’on a ajouté deux tables dans le couloir ! Des bénévoles s’affairent déjà depuis une heure pour préparer le repas, avec ce qu’on nous donne, me rappelle Daniel, initiateur du projet. On vient à la TJM pour manger, mais pas seulement ; pour rompre la solitude aussi, et se refaire le moral, qui en a bien besoin quand on galère et que, parfois, on ne sait pas même où l’on va dormir le soir. ( 3 Un accueil familial Chaque jour à 10 h 30 s’ouvrent les portes de la Table de Jeanne-Marie, ainsi nommée en souvenir de Jeanne-Marie de Maillé, une payse qui fut tellement soucieuse des pauvres de son époque ! On pourrait évoquer aussi « la Jeanne » de Brassens, si accueillante qu’il qualifiait sa maison d’Auberge du Bon Dieu ! L’on y cuisine ensemble, bénévoles et accueillis, afin d’échanger savoir-faire et cultures. Isabelle, la présidente, y tient beaucoup. La Table n’est pas un restaurant, mais c’est comme une famille ! dit Caroline, une bénévole qui donne un peu de son temps, entre deux emplois. L’atmosphère y est agréable, chaleureuse. Il y a des jours d’abondance et d’autres plus frugaux, comme dans la vie… Mais les donateurs (épicerie sociale et particuliers) nous approvisionnent régulièrement. En tout cas, on repart avec le ventre plein. Recevoir et donner Christiane, une cheville ouvrière - et pas des moindres - est venue à la suite de son mari ; aujourd’hui elle est contente d’y être : les enfants sont partis, on retrouve une dynamique ici. Au fond c’est une autre façon d’être mère. Comme je la comprends, en voyant tous ces jeunes éloignés de leur famille qui comptent sur l’amour d’une « mère », ou d’un « père » ! Comme mère nourricière, on peut faire confiance à Mama, venue d’Afrique en 2011. Puisqu’on l’a aidée, tout simplement elle rend ce qu’elle a reçu. Grandeur dans la simplicité, qui rime avec grand cœur. Jean-Jacques a contribué à « remonter » le Samu Social qui en avait alors besoin. Lui, il épluche les légumes et sert ses frères humains à la Table de Jeanne-Marie : j’y prends même plaisir ! C’est vrai, on n’est pas là par devoir ; plutôt pour compenser le cynisme de ceux qui profitent de la misère. Et puis, pour les chrétiens investis dans ce projet, c’est une façon de répondre présent au pape François, qui a voulu cette Année de la Miséricorde. Notre objectif de départ reste le même : trouver un nouveau local plus adapté, me dit Daniel. Il ajoute, confiant : Cela se fera si Dieu le veut… l Annie Bijonneau Jeanne-Marie de Maillé (1332-1414) est née au château des Roches. Elle est mariée à 16 ans à Robert de Sillé, un ami d’enfance, comme elle d’une grande piété. Devenue veuve, elle consacre sa vie à aider les gens, se faisant pauvre parmi les pauvres. Elle jouit d’un grand rayonnement en Touraine. Tertiaire franciscaine, elle avait une grande dévotion pour saint Martin, sur le tombeau duquel elle priait beaucoup. Elle vécut à Tours où elle mourut à près de 82 ans. Elle fut proclamée bienheureuse en 1872. Juste un mot : « encyclique » par Arnold Colleau Dans encyclique, on repère aisément le mot cycle, qui vient du grec kuklos : le cercle. Dite à l’origine ‘‘lettre encyclique’’ puis ‘‘encyclique’’, c’est un document envoyé par les évêques et destiné à circuler entre d’autres évêques et entre les fidèles. Le mot pourrait aussi exprimer l’idée de ‘‘mettre dans un cercle’’ c’est-à-dire encercler, englober, cerner un sujet d’étude ou de réflexion pour permettre au Pape d’exprimer ses convictions, ses recommandations, ses mises en garde. Depuis Benoist XIV (1740-1758), on nomme exclusivement encycliques les lettres adressées par le Pape aux évêques, au clergé, aux fidèles du monde entier et, depuis Jean XXIII, aux hommes de bonne volonté. L’encyclique traite de sujets doctrinaux, moraux, disciplinaires, en rapport avec l’actualité spirituelle. Les catholiques lui doivent l’adhésion interne requise par la fonction pastorale du successeur de Pierre, quand il parle ex cathedra (depuis la chaire). Encore qu’il ne semble pas que, dans ce document, le Souverain Pontife ait jamais engagé son autorité suprême. Initialement peu fréquentes, les ency- cliques assurent aujourd’hui le lien éducatif entre Rome et la chrétienté. En effet, à partir de Benoît XIV, les papes ont publié 293 encycliques, dont trois sont de Benoît XVI, huit de Jean XXIII, quatorze de Jean-Paul II, seize de Pie X, trente-deux de Pie XI, trentehuit de Pie IX, quarante-et-une de Pie XII et quatre-vingt-six de Léon XIII. Véritable travail de Romains, les œuvres des papes témoignent du souci qu’ils ont eu d’établir la mission de l’Église ainsi que d’affirmer et d’expliquer les vérités de la foi. l Plein cadre : visages d’Église témoin N° 110 - Été 2016 Gens d’Église C’est une expression qu’en entend parfois… Mais ces « gens d’Église » auraient-ils une particularité, un style de vie différent des autres ? Auraient-ils quelque chose qui les distingue ? Des gens comme tout le monde… Déjà un texte ancien, l’épître à Diognète (IIe s.), affirmait : les chrétiens vivent comme tout le monde, en s’interdisant seulement certaines pratiques telles que le culte de l’empereur. Certes ils vont à la messe, du moins un bon nombre ; ils fréquentent les églises et sont généralement ouverts aux autres. Rien de condamnable ! Certains ont laissé le souvenir d’une grande générosité dans l’entraide. De nos jours, beaucoup sont connus, du pape François à ces baroudeurs de l’amour du prochain et de l’action sociale. Jadis, parce qu’ils faisaient partie de cet organisme appelé « Église », ils ont pu susciter la méfiance et le soupçon chez ceux qui ne partageaient pas les mêmes convictions. Aujourd’hui, malgré des poches parfois virulentes d’anticléricalisme, ces « gens d’Église » sont généralement acceptés et reconnus dans la société. Être d’Église L’Église est à la fois une richesse, reçue gratuitement, et un combat. Chacun de ses membres est invité à ne pas salir son visage (c’est bien le moindre), à vivre de l’Évangile, à lui conserver sa place dans la société des hommes… Et, tout d’abord, à se souvenir qu’il est membre de cette Église, surtout aux heures où l’on ne s’y sent pas à l’aise. Égaux dans la grâce ... mais différents ! Est-ce à dire que tous les chrétiens, notamment les catholiques, se ressemblent quant à leur façon d’agir, de s’exprimer, de penser ? Vivez quelque temps avec eux et vous constaterez rapidement qu’il n’en est rien ! S’ils ont une même foi, ils l’expriment de façon diverse ; leur charité s’exerce de manière également différente. Les uns sont extravertis, les autres repliés sur eux-mêmes ; les uns intellectuels, les autres plus pratiques ! Leur foi commune ne les rend pas semblables. Même si certains observateurs inattentifs - ont pu écrire que les catholiques partageaient toujours les mêmes options politiques - il y aurait un vote caractéristique des gens d’église ! Cela peut être vrai quand les options des candidats heurtent leur conscience. Mais ils ne sont ni semblables ni identiques, que ce soit dans leur vie de foi ou dans leur engagement dans la société civile. Un air de famille Toutefois, il faut reconnaître que vivre Mais les chrétiens « font » aussi l’Église. Les dons de Dieu sont des cadeaux à faire ! Ses membres font vivre l’église et la font grandir. Dans leur diversité, ils travaillent au « vivre ensemble » et s’organisent, car l’église est aussi un organisme avec ses règles, ses valeurs, ses coutumes et son substrat matériel. une même foi avec d’autres, cela crée comme un air de famille, une reconnaissance mutuelle, une connivence - au meilleur sens du terme. Ces gens si différents, quelque chose - la foi en un Autre - établit entre eux une fraternité. On a vu des patrons et des ouvriers côte à côte lors d’une célébration ; image modeste mais significative. La vie de foi crée un état d’esprit de respect et de bienveillance qui fait reconnaître en l’autre, fût-il éloigné de nos convictions, un frère en humanité. Si ces chrétiens « sont » l’Église, cela signifie qu’elle leur est donnée, qu’elle les précède. L’Église est un cadeau de Dieu aux disciples de son Fils et, au-delà, à l’humanité. Elle est à recevoir. Le Concile Vatican II n’a pas retenu ce qui était quasiment un dogme avant lui, à savoir la constitution hiérarchique de l’Église : au sommet le Pape, puis les cardinaux et les évêques, puis les prêtres et - enfin - le peuple des rachetés, lesquels devaient considération et obéissance à ceux qui se trouvaient audessus d’eux. Au contraire, le Concile a défini l’Église comme la communauté de ceux qui croyaient au Christ vivant ; il a affirmé que tous étaient égaux par le baptême et la grâce reçue. Évêques et prêtres ont reçu mandat, par l’ordination (qui est un sacrement), d’aider les fidèles à vivre en chrétiens. Ils ont ainsi la charge de donner les sacrements et de dire l’Évangile à un titre spécial, celui de lui avoir consacré leur vie ; ils sont ainsi davantage responsables de la vie de l’Église. C’est un tout autre visage d’Église qui apparaît dès lors : elle est une communauté avant d’être une institution (le Concile parlait du « peuple de Dieu »). On demandait au pape Jean-Paul II ce qui, pour lui, avait été le plus important dans sa vie : il répondit que c’était son baptême, et non son élection comme Pape… Plus de hiérarchie de droit divin, mais une assemblée d’hommes et de femmes qui se reconnaissent membres de JésusChrist. Une sorte d’égalité dans la grâce reçue. l François Bouilly 4 témoin N° 110 - Été 2016 Visages d’Église Bénédictines Un visage féminin d’Église Témoin : Sœur Marie-Raphaël, quelles réactions suscite la vocation religieuse féminine dans le monde laïc ? — Cela dépend des personnes ! Certaines sont très ignorantes, aussi bien de la foi que de la vie consacrée. On le voit par exemple avec les enfants ; certains nous appellent madame car c’est la première fois qu’ils voient une religieuse ; et en habit ! D’autres, catéchisés, savent qu’une tion au mariage, nous avait demandé un témoignage pour expliquer notre vocation ; j’ai donc parlé de la mienne. Un couple témoignait de sa vocation au mariage. À la fin, des fiancés sont venus me remercier : c’était la première fois qu’ils approchaient une religieuse ! Ce qui est beau, c’est que nous ne sommes pas vues de façon utilitariste - c’est commode, on va chez les sœurs, on pourra ment et les sœurs en font partie, un peu comme dans un musée ! Les seconds font le signe de croix, ils ont une certaine culture chrétienne et se demandent s’il existe encore des sœurs en habit - je n’en avais pas vu depuis mon enfance. Notre témoignage est silencieux et gratuit. Certains nous demandent de quelle communauté nous sommes, manifestant un intérêt et souvent de la gratitude. religieuse est un témoin du Christ ; ils ne s’adressent pas à elle de la même manière. Un jour, à Paris, quelqu’un m’a même prise pour une musulmane - parce que je portais un voile - et m’a parlé en arabe ! Nous voyons aussi des personnes qui savent ce qu’est une religieuse ; certaines ont même été éduquées par elles à l’école. Pour ces personnes, une religieuse c’est d’abord une question. Nous sommes des contemplatives, c’est un monde inconnu. Beaucoup croient que les religieuses, elles prient toute la journée ! C’est une sorte de mystère, comme si nous étions des femmes désincarnées. Au contraire, nous essayons de montrer et de vivre la proximité de femmes consacrées qui sont aussi des femmes, pas des anges ! Récemment, le Père Guicheteau, qui accompagnait des fiancés dans le cadre de la prépara- manger ! - mais plutôt : il y a toujours quelqu’un pour nous accueillir. C’est une perception plus juste de la vie religieuse. Une fois par an, nous accueillons aussi des gens éloignés de l’église pour une messe, un repas fraternel ; c’est un témoignage aux périphéries, comme dit le pape François. Servir un repas à des gens qui ne viennent jamais à l’église n’est pas notre mission habituelle, mais c’est pour nous une manière de toucher ces gens qui ont une pauvreté spirituelle très grande. Nous pouvons alors leur donner quelque chose de plus profond. Témoin : Et les touristes, comment vous perçoivent-ils ? — Eh bien il y a deux sortes de touristes : les premiers sont ceux qui font le tour de la basilique et ressortent. Ils viennent visiter un monu- Témoin : Qu’apporte à l’Église de France votre présence religieuse féminine dans les différents sanctuaires ? — Un paragraphe de nos Constitutions évoque la féminité : « En nous appelant à communier exclusivement à son amour, le Christ nous saisit dans notre être et entend que, sous l’action de l’Esprit Saint, nous développions les richesses de notre féminité pour approcher et aider en vérité ceux qu’il met sur notre route. Discrétion, disponibilité, accueil dans ce que nous avons de plus profond, don gratuit et désintéressé, semblent devoir marquer toutes les activités que nous entreprenons pour travailler au service de l’Église » (Ch. 52). C’est cela qu’on essaye d’apporter, au service de notre mission dans l’Église, ici ou l Propos recueillis par Jeandans d’autres sanctuaires. Louis Chartier Là où nous sommes, nous sommes disponibles à tous « Une religieuse, c’est d’abord une question. » 5 Huit religieuses vivent dans l’enceinte de la basilique Saint-Martin, où elles accueillent pèlerins et touristes, chantent les offices et gèrent la maison Saint-Ambroise. Témoin a rencontré sœur Marie-Raphaël, de la communauté des Bénédictines du SacréCœur de Montmartre. ceux qui passent. Notre vocation spécifique est une vie monastique de prière dans un lieu de pèlerinage. Témoin : À travers votre mission à la basilique Saint-Martin, qu’apportez-vous à l’Église de Touraine ? — Ce pour quoi nous sommes faites : une présence d’intercession pour le diocèse et pour la Touraine en général, car notre fondatrice voulait que nous priions en premier lieu pour l’endroit où nous sommes implantées. Notre première mission, avant l’accueil, c’est la prière. Nous respirons à deux poumons, si l’on peut dire : le poumon contemplatif de la prière et le poumon de l’accueil, comme saint Benoît le prévoyait déjà dans sa règle. Quant à l’accueil, il se fait au bureau, où les gens trouvent toujours quelqu’un à qui parler, que ce soit un laïc ou une sœur. Mais l’accueil gratuit, c’est aussi un sourire à ceux qui passent et qui se disent : tiens, c’est un lieu qui n’est pas mort ! Et puis nous gérons l’accueil de la maison SaintAmbroise, destinée à ceux qui viennent plus longuement, et l’accueil des groupes. Nous leur ouvrons les portes du sanctuaire un peu comme une femme ouvre sa maison, pour accueillir des amis chez elle. témoin N° 110 - Été 2016 visages d’Église Rencontre avec Anne et Patrick Glaume « Enracinés dans notre paroisse » Pour illustrer la diversité des visages d’Église, Témoin a souhaité interviewer un couple de laïcs. Merci à Anne et Patrick Glaume d’avoir accepté de répondre à nos questions. Témoin : Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter votre famille ? Anne et Patrick : Nous nous sommes mariés le 11 mai 2002 (on s’était rencontré dans un groupe de la paroisse). Très vite, nous nous sommes orientés vers l’adoption, après avoir entendu l’appel du Père Zinc : « Si l’enfant ne vient pas, ne gardez pas votre amour pour vous ». Au bout de trois années, qui nous ont permis de « rentrer en paternité et en maternité », Victoire et Marie-Emmanuelle nous ont été confiées (elles avaient 7 ans et 5 ans et demi). Témoin : Et vos activités professionnelles ? Patrick : Je suis photographe animalier, un travail solitaire. J’ai un statut d’artisteauteur et j’ai signé avec une agence, car le marché de la photographie est mondial. J’ai choisi ce travail après les JMJ de 2000, touché par l’appel du Pape : « montrez du Beau au monde… » Anne : Moi je suis cadre territorial, avec une double fonction : accueillir le public et animer une équipe. J’aime bien mon travail, qui est assez prenant (je suis rarement à la maison avant 19 h et suis prise parfois le samedi). Témoin : Parlez-nous de vos engagements et de vos relations dans la paroisse… Anne : Ce sont eux qui ont déterminé notre fidélité à Montjoyeux, que nous aimons pour sa diversité. Ensemble, nous avons fait de la préparation au mariage et animé le groupe de randonnée des 18-35 ans. Nous sommes actuellement investis au service de la Pastorale des migrants. Patrick : Anne s’occupe de la logistique et moi j’essaie de parler avec tout le monde, accueillis et accueillants. Ensemble, on essaie de favoriser l’unité. Témoin : Comment pensez-vous montrer un visage d’Église dans votre entourage, voisinage, travail, famille ? Patrick : Anne et les filles sont très attentives aux papys et mamies de notre immeuble. Une voisine qui ne croyait pas nous a dit que notre façon de vivre la faisait réfléchir… Anne : En famille, nous prions au début de chaque repas, y compris quand on a des invités, amis ou famille. C’est une façon de témoigner. Dans mon travail je reste discrète, mais ma façon d’accueillir l’autre me permet de vivre ma foi. Patrick : Moi j’ai du mal à la taire dès que je parle un peu en profondeur avec quelqu’un… Témoin : Est-ce que l’Église est pour vous un lieu de ressourcement ? Anne : Oui ! En particulier les Cellules paroissiales d’évangélisation, dont nous avons fait partie. Il s’agissait de se retrouver à quelques chrétiens, à la maison. Après un enseignement, chacun partageait sur sa semaine, sur sa foi, le tout centré sur l’évangélisation autour de nous. C’est une expérience qui nous a marqués profondément. Patrick : L’eucharistie du dimanche est essentielle pour nous. La prière aussi. Pour discerner, c’est important d’avoir un accompagnement spirituel ; on en a chacun un, distinct. Cela nous aide. Témoin : Et vos filles, elles vous suivent ? Patrick : Elles suivaient quand elles étaient petites. Après avoir été servantes de messe, elles font partie des Scouts unitaires de France. Elles servent « naturellement ». Elles prennent leurs propres engagements, au Secours catholique ou à l’Ordre de Malte. On ne les a pas forcées ! Anne : Pour respecter l’équilibre de la famille, nous réservons un week-end par mois pour tous les quatre. Les filles apprécient et nous aussi ! Témoin : Comment vous sentez-vous dans votre Église aujourd’hui ? Et demain ? Anne : Notre paroisse, c’est une racine familiale. Des paroissiens ont porté dans la prière notre projet d’adoption et accueilli nos filles avec nous. C’est comme une famille élargie ! Patrick : On est des petites gouttes reliées à l’avant et à l’après. On ne vient pas de nulle part et on ne va pas nulle part… Anne : L’Église est une source d’espérance pour le monde, même s’il ne va pas bien. Sa mission c’est de montrer un chemin de vie. Nous voudrions rendre grâce pour notre Église, pour notre paroisse, pour tous ceux qui se mettent au service de la communauté. C’est cela qui donne sens à nos vies et au monde ! l Propos recueillis par Annie Bijonneau 6 témoin N° 110 - Été 2016 paroisse témoignage Gérard Colaisseau ‘‘ « J’ai appris à être patient » Je suis né à Tours, près de la Loire. Quand je m’en éloigne, elle me manque. Et je suis resté à l’aise en ville, dans les quartiers populaires avec de l’animation et de la diversité. Adolescent, un copain m’a entraîné dans le scoutisme. J’y ai trouvé les repères pour orienter ma vie. En même temps un livre, Prières (de Michel Quoist), m’a fait découvrir Dieu comme un être vivant à qui on parle et qui nous parle. Alors, convaincu que le Christ était la lumière de nos vies, j’ai pensé que rien n’était plus important que de le faire connaître et d’y consacrer ma vie. Le bac en poche, laissant d’autres projets, je me suis proposé pour devenir prêtre. Le Concile Vatican II a marqué notre formation. Mais ses orientations ne m’ont pas vraiment surpris. Elles confirmaient des bouillonnements que j’avais connus dans les années 50… Mes parents étaient militants ouvriers chrétiens actifs. J’étais allé, dès 1951, au caté chez un voisin de notre cité qui nous prenait le soir après son travail. Je connaissais un prêtre-ouvrier ; les messes des camps scouts avaient testé la réforme liturgique… Ce renouveau ne m’inquiétait pas, au contraire ! Ordonné prêtre en juin 1968, j’ai vite compris, cependant, que ni l’Église, ni la société, ni les êtres humains ne changent en un clin d’œil. C’est un travail de longue haleine… et ça n’évolue jamais comme on le pensait. La priorité pour moi était désormais d’aider chacun à cheminer, à grandir, dans sa vie humaine et chrétienne. J’ai essayé de le faire là où j’ai été envoyé, en paroisse, dans les aumôneries scolaires et dans les mouvements d’enfants, de jeunes ou d’adultes, surtout en monde ouvrier, et même, un temps, auprès de personnes prostituées. J’ai appris à être patient et à chercher les mots pour dire Jésus-Christ sans me contenter de formules toutes faites. Je crois que j’ai aussi appris à écouter ce que les gens ont dans le cœur. Soutenir la formation de groupes à taille humaine pour s’épauler, réfléchir, prier, vivre en fraternité, cela me paraît essentiel pour l’Église, aujourd’hui et demain. On ne sait pas comment l’Esprit Saint arrive à se faufiler dans nos paroles et nos actes. Mais parfois, en voyant le cheminement de gens qui ont croisé ma route, j’ai envie de lui rendre grâce ! » l Père Gérard Colaisseau carnet Sont devenus enfants de Dieu par le baptême : 7 Gabriel Boudet Eden Justine-Cizo Martin Mouilleron Thomas Robin Antonin Snook Myla Alary Tess Dréan-Aubry Liv Dréan-Aubry Marine Lacape Capucine Le Cam Valentine Le Cam Léa Pénichon Rodrigue Ferreira Enzo Pénot Salomé Pénot Elise Joly Victoire Cassagnes Lilo Anatole Tom Anatole Manon Makovec Justine Potel Clément Maréchal Charlotte Scholle-Auvray Angela Habimana Mathis Habimana Aurélie Habimana Louise Duval Mia Guion Sira Prak Cameron Masciola Clara Dupont Chris Geoffroy Emma Génin Paulette Laveau Camille Tinon Nathan Prassel Pierre-Louis Poinsot Édouard Poinsot Roméo Traïkia Alyssa Traïkia Enzo Traïkia Anaïs Borne Louis Péan Antoine Grimault Se sont unis par le mariage : Franck Poupin et Martine Mengue ; Vincent Beugnet et Lydie Durand ; Damier Gauthier et Audrey Cerisier ; Thimotée Nicolet et Clémence Béraudy ; Mathieu Morel et Audrey Pinau Ont reçu la sépulture chrétienne : Lucien Leroux Paul Chas Monique Laury Madeleine Baumard Gilbert Blineau Jacqueline Menut Raymond Barbier Charles Raynouard Raymond Dauvergne Lucienne Colin Georges Cordier Claude Bourdereau Guy Auriac Gisèle Vergnault Suzanne Archambault André Delage Raymond Boutin Rose Chagnon Yvonne By René Berthault Marie-Madeleine Ondet François-Xavier O’Jeanson Huguette Lacape Danielle Gaignard Paul Lorthioir Gilbert Pichard Claudine Barrier Albert Niewiadomski Denis Perroussat Jean-François Seygnabou Michel Brion Gilberte de Amorin Jean-Pierre Labourdette Christiane Hamard Léon André Philippe Sautenet Marguerite de Bruyn-Touzard Alice Chambon André Darras Geneviève Normand Jeannine Pierrot Yvette Crinelli-Merlin Josiane Cercus Michel Donay Irène Auber Bahnam Al Kass Jean Baudin Lorette Panier Robert Grosjean Jacqueline Benoit Claudette Jubert « Je rêve d’une Église mère et pasteur » Pape François C e Pape ne cesse de surprendre. Dès le soir de son élection, il refuse que les cardinaux s’agenouillent devant lui, il les étreint un à un ; il demande à la foule massée sur la place Saint-Pierre de prier pour lui. Il surprend par son langage imagé, par les petites phrases qu’il distille dans l’avion au retour de ses voyages, par ses initiatives qui prennent de court les responsables politiques. À Lampedusa, allant à la rencontre des réfugiés, il dénonce la mondialisation de l’indifférence. à Lesbos (le 16 avril dernier), il affirme que les réfugiés, avant d’être des numéros, sont des personnes, des visages, des noms, des histoires. À Manille (janvier 2015), il rencontre des enfants des rues. Leur responsable, le Père Dauchez témoigne : François donne l’impression d’être là pour chaque personne. Il ne répond pas intellectuellement à la question du mal, il apporte la compassion. On pourrait multiplier les exemples qui, pour un regard superficiel, feraient du Pape une vedette de l’actualité internationale. Mais l’important est de remonter à la source et de comprendre la dynamique spirituelle de son action. Qui est Jorge Mario Bergoglio ? Il se définit lui-même comme un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard, un pécheur aimé. Enraciné dans la spiritualité de saint Ignace, voici la définition qu’il donne du jésuite (et donc de lui-même) : une personne à la pensée incomplète, à la pensée ouverte. Et encore : le jésuite pense toujours en regardant l’horizon vers lequel il doit aller et en mettant le Christ au centre. Cela demande de mettre en œuvre des qualités de discernement, de créativité, de générosité, et un comportement fait d’humilité, de sacrifice et de courage. Pour une Église en marche Les paroles du Pape dessinent le portrait d’une Église capable de se rapprocher de chaque homme et de marcher à ses côtés, comme Jésus l’a fait avec les disciples d’Emmaüs. Accompagner les hommes, se mettre en chemin sans avoir toutes les certitudes. Notre vie ne nous est pas donnée comme un livret d’opéra où tout est écrit, on doit entrer dans l’aventure de la recherche, de la rencontre et se laisser chercher et rencontrer par Dieu. L’Église de François est une Église en discernement, capable de lire de façon réaliste les événements. Il pose avec gravité des questions qui rendent acteurs ceux qu’il rencontre. L’Église, maison du Peuple de Dieu Pour François, l’Église est la maison de tous, pas une petite chapelle qui peut contenir seulement un petit groupe de personnes choisies. L’annonce de l’Évangile demande qu’on ouvre les portes aux hommes d’aujourd’hui qui se sont éloignés de l’Église, à ceux qui sont aux périphéries existentielles. Les métaphores, chez François, sont au service de la pédagogie. Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol. Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons parler de tout le reste. Il y a urgence et il faut discerner les priorités : se laisser toucher par les personnes au niveau de leur souffrance et s’en trouver bousculé. C’est la définition même de la miséricorde, si chère à François. Une Église attentive aux personnes L’Exhortation apostolique Laetitia amoris met en garde contre une Église campée sur sa doctrine ; elle entend ouvrir l’Église à tous ceux qui frappent à sa porte. Les ministres de l’Évangile doivent être capables de réchauffer le cœur des personnes, de savoir dialoguer avec elles et de descendre dans leur nuit sans se perdre. Le pape François donne l’exemple : ainsi il n’hésite pas à laver les pieds des détenus et des réfugiés, il a besoin d’être près des personnes en difficulté, des pauvres, des marginaux. Quant à ses homélies, elles prennent le ton de la conversation familière : ce n’est pas aux masses qu’il s’adresse, mais aux personnes. Pour ma part, dit-il, j’ai une certitude dogmatique : Dieu est dans la vie de chaque personne. Même si cette vie est un terrain plein de mauvaises herbes, c’est toujours un espace dans lequel la bonne graine peut pousser. Il faut se fier à Dieu. Le pape François fixe un cap à l’Église : une maison ouverte à tous, prenant soin de toutes les personnes et témoignant de la miséricorde de Dieu. Il se situe ainsi dans la continuité du Concile Vatican II. François invite les chrétiens à connaître et aimer l’homme afin d’aimer Dieu. l Robert Sarti