[1r° : 1] 27 avril 1892. Excuse-moi Mon Vieux Copain, de te

Transcription

[1r° : 1] 27 avril 1892. Excuse-moi Mon Vieux Copain, de te
Lettre de Félicien Rops à [Eugène] Rodrigues. s.l., 1892/04/27.
Province de Namur, musée Félicien Rops, Amis/RAM/133
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27 avril 1892.
Excuse-moi Mon Vieux Copain, de te répondre dix ou douze jours trop tard ! C’est la faute
aux autans ! La ½ Lune qui devait me rendre la santé s’est compliquée d’une autre Lune, mais
rousse celle-là ! et j’en ai été victime. – Je me suis remis au lit avec toutes sortes de maladies
plus insupportables les unes que les autres : bronchites, congestions nouvelles, poitrinasseries
etc etc. Et ta lettre a attendu sa réponse : bien facile à faire cependant ! : Il fait trop froid la
bàs, pour mettre le nez dehors ! Si tu peux l’y mettre : gagne le joli village de Monthermé, au
confluent de la Meuse & de la Semoy, frète une calèche fermée, et remonte la Semoy jusqu’à
Bouillon.
– Entre chez un libraire de Charleville et achète : L’Ardenne par Léon Dommartin, c’est le
modèle des Guides ; il te renseignera bien mieux que moi ! Mon amour pour la bécasse nous
retenait dans les bois de la frontière, et me faisait oublier les grands paysages des environs
de Mézières. Ah ! Charleville. J’y ai cependant passé de jolis soirs ! j’y ai été un tantinet
directeur de théâtre et j’arpentais la place Louis XIII, au bras de la deuxième chanteuse,
Lugazon, des grandes coquettes, qui avait quelques bontés pour ton vieil ami ;
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où joue-t-elle maintenant les mères nobles ? – Que le hasard ne me la fasse jamais revoir ! Je
veux ne garder d’elle que le souvenir de sa houppe blonde & de ses grands yeux cerclés de
bleu ! Et comme elle chantait exquisement faux dans les Mousquetaires de la Reine ! Ah !
les Souvenirs qui arrivent en foule maintenant : Et Tom le modèle des griffons à poil rude !
Quel battement de cœur quand s’arrêtait son grelot ! – Et patati et patata ! Quel vieux gâteux
à rabâchages je fais déja. Je te reverrai avec grand plaisir. Au fond j’ai peur d’être devenu «
gâteux » très sérieusement. Mes amis font semblant de ne pas s’en apercevoir, – avoue-le !,
– par une délicatesse dont je vous sais gré, à tous, mais cela y est ! Avoue ! Je n’ose pas me
remettre à dessiner ! Je me sens gâteux te dis-je ! ! Il y a déja longtemps que je « vibertise » !
Le dernier dessin du Zadig m’a éclairé sur ma situation réelle, & je suis mûr pour la maison
Dubois. Tu verras que cela va finir comme cela !
à bientôt Cher Ami, présente tous mes respectueux compliments à M Rodrigues (tu vois :
voilà que je ne sais plus s’il faut un S à Rodrigues ! Gâteux te dis-je,
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gâteux jusqu’aux moëlles ! – En admettant qu’il m’en reste.
Je vais me vendre au Diable pour tâcher de récupérer un peu de talent & d’ortographe : «
orthographe » veux-je dire !
Belles amitiés de
ton Vieil ami Félicien Rops
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Lettre de Félicien Rops à [Eugène] Rodrigues. s.l., 1892/04/27.
Province de Namur, musée Félicien Rops, Amis/RAM/133
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beau Cas ! !
N.B Mais il ne voudra pas de moi ce cochon là ! Il est trop sûr de moi !
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Lettre de Félicien Rops à [Eugène] Rodrigues. s.l., 1892/04/27.
Province de Namur, musée Félicien Rops, Amis/RAM/133
Nom - expéditeur:
Nom - destinataire:
Lieu - de rédaction:
Date:
Rops Félicien
Rodrigues [Eugène]
s.l.
1892/04/27
Type de document:
Lieu de conservation:
Collection / Département:
N° d'inventaire:
Mesures:
Lettre
musée Félicien Rops
Les Amis du Musée Félicien Rops
Amis/RAM/133
178mm x 113mm
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