panorama des force set faiblesse de l`industrie agroalimentaire

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panorama des force set faiblesse de l`industrie agroalimentaire
Panorama des forces et faiblesses de l’industrie agroalimentaire française
Vision partagée
Le poids de l’industrie agroalimentaire en France n’est plus à démontrer. Avec plus de 17% du chiffre
d’affaires industriel, 12 % de sa valeur ajoutée et plus de 450 000 emplois, le secteur compte et pèse
lourdement dans l’activité économique de nos territoires. Il compte car il transforme 70 % de notre
agriculture et fait vivre de nombreuses exploitations mais aussi parce que 80 % des produits
alimentaires consommés en France sont fabriqués localement. L’industrie agroalimentaire compte 97 %
de petites et moyennes entreprises qui participent donc à l’aménagement du territoire français. C’est
essentiel quand on sait que sur les 20 dernières années, 80 % des emplois créés l’ont été dans les PME.
Enfin, parce que nous avons tous besoin de nous nourrir, l’agroalimentaire est une des valeurs refuges
de la France, même en pleine tourmente financière et économique.
L’industrie agroalimentaire est en perte de vitesse….
• La filière alimentaire s’appauvrit. L’essor de la grande distribution et sa concentration ont
bouleversé le paysage tandis que le secteur des IAA reste, lui, très émietté, avec 97 % de petites
et moyennes entreprises. La donne a radicalement changé : le consommateur est plus influent et
la grande distribution s’est renforcée. La défense du « pouvoir d’achat » du premier est devenue
le cheval de bataille de la seconde.
• Depuis la crise des matières premières agricoles de 2007, on constate que la valeur ajoutée créée
par le secteur est en chute libre. Chute qui s’est fortement accélérée pendant la crise financière.
Le niveau atteint début 2011 correspond à celui du début de l’année 2000. Deux années ont suffi
au secteur pour perdre les bénéfices de 7 années de progression de la valeur ajoutée. Cette
illustration de la perte de compétitivité des entreprises est inquiétante. Il est urgent de recréer
de la valeur au sein de la filière agroalimentaire.
Graphique 01 : Valeur ajoutée et chiffre d’affaires des industries agroalimentaires
• Dans cette chaine de valeur sous tension, les maillons les moins bien armés pour défendre leurs
positions sont les premiers à souffrir. Si les agriculteurs ont été les premières victimes de cette
inversion des pouvoirs, les industries agroalimentaires, moins puissantes que la grande
distribution, doivent faire face aujourd’hui à l’érosion de leurs profits.
• L’ensemble des branches industrielles observe une perte de 700 000 emplois depuis l’année 2000,
soit 19 % des effectifs observé cette année-là. L’industrie agroalimentaire, elle, constate un repli
de 16 000 emplois soit 3.2 % de ses emplois salariés de l’époque. Cette réduction s’explique
notamment par une modernisation de l’ensemble des outils de production industrielle mais pas
seulement. Elle souffre comme tout le tissu économique d’un surplus de capacité de production.
Mais elle résiste globalement mieux que le reste de l’industrie (- 3,2 % contre une moyenne de 16 % !), avec des emplois répartis dans les territoires…
Graphique 02 : Evolution des emplois salariés dans les IAA et l’ensemble de l’industrie
• Par ailleurs, en comparaison avec l’Allemagne, on constate qu’en 10 ans, nous avons perdu notre
avantage compétitif en termes de coûts salariaux. Lorsque la France, entre 2000 et 2009,
augmente le coût horaire complet de 33%, l’Allemagne, elle, ne l’augmente que de 21%.
Résultat, en 2009, le salaire horaire en France est identique à celui en Allemagne, soit 33 € par
heure. Selon Eurostat, sur la période 2000 – 2008, les charges annexes – dont les cotisations
sociales patronales constituent la part la plus importante, ont augmenté de 39 % en France et de
2 % en Allemagne.
Graphique 03 : Coût horaire de la main d’œuvre en euros
Source Eurostat
… aggravée par la perte de compétitivité de la France
• Jusqu’en 2004, la France a conservé sa première place d’exportateur mondial de produits
agroalimentaires transformés. Malheureusement, les challengers l’ont rapidement rattrapée.
D’abord dépassée par les Pays-Bas, la France passe alors à la 2ème place, puis à la 3ème place en
2006 derrière l’Allemagne. Entre 2004 et 2008, quand la France augmente ses exportations de 25
%, l’Allemagne, elle, les augmente de + 52 % et les Pays Bas de + 39 %. En 2009, ce sont alors les
Etats-Unis qui prennent la 3ème place, avec un bond de leurs exportations de + 56 % entre 2004
et 2008. De plus, alors que 8 entreprises allemandes sur 10 exportent, seulement 2 entreprises
françaises sur 10 exportent.
Graphique 04 : Evolution des exportations et importations des industries agroalimentaires
• En 5 ans, la régression de la place de l’agroalimentaire français sur les marchés internationaux
aura été plus qu’inquiétante, passant de la 1ère à la 4ème place. Elle risque de se poursuivre
avec le Brésil qui suit de très près les niveaux français en 2010. Cette « dégringolade » n’est pas
due à une diminution des exportations des produits agroalimentaires français. Ces dernières
continuent en effet de progresser malgré un ralentissement constaté en 2008-2009. En
revanche, le solde commercial, s’il est resté positif et toujours fortement contributeur à la
balance commerciale, se dégrade depuis le début de l’année 2008 : le niveau de 2011 est
inférieur à celui de l’année 2000.
• La part de marché à l’exportation de l’économie française diminue depuis plus de dix ans. Le
mouvement de baisse s’est poursuivi en 2011. Entre la fin des années 1990 et 2011, la part des
exportations françaises de marchandises dans les échanges mondiaux a reculé de 5.7 % à 3.3 %.
Dans les exportations totales de la zone euro, la part des exportations françaises a reculé de 16.8
% à 12.6 %. Cette perte de compétitivité s’est traduite par une contraction relative de la base
industrielle française. Le résultat brut d’exploitation de l’industrie en France ne représente plus
en 2011 qu’un peu moins de 12 % des résultats d’exploitation réalisés par l’industrie en Europe.
Cette proportion était de 18 % à la fin des années 1990.
• Ce qui explique cette chute vertigineuse, partagée par tout un tissu industriel, est la faiblesse de
notre compétitivité coût mais également hors coût. Si l’on compare l’écart des soldes
commerciaux des échanges extérieurs de marchandises entre la France et l’Allemagne, il s’élève
à 200 Milliards d’euros soit 10 % du PIB français. En 2011, les prévisions annoncent un déficit
record de la balance commerciale française de 75 Milliards d’euros alors que l’Allemagne
maintiendrait son excédent de plus de 155 Milliards d’euros. En 2000, les exportations françaises
de produits alimentaires pesaient 55% des exportations allemandes. Elles n’en représentent
aujourd’hui plus que 40% ! Preuve que la politique allemande a porté ses fruits.
Graphique 05 : Ratio des exportations françaises aux exportations allemandes : produits agroalimentaires
L’industrie agroalimentaire a une place à reconquérir: elle ne doit plus être la variable d’ajustement
des Français !
• Contrairement aux idées reçues, depuis plus de 30 ans, le poids de l’industrie agroalimentaire dans
le budget des ménages se réduit un peu plus chaque année. Il a perdu 4 points depuis 1975. Sur
les seules 10 dernières années, on constate en revanche que certaines dépenses des ménages
ont explosé. C’est notamment le cas de l’immobilier qui, sur la même période, connaît une
évolution complètement opposée.
Graphique 06 : Part des industries alimentaires dans la consommation des ménages (INSEE)
Graphique 07 : Evolution des postes industries alimentaires et de l’immobilier (INSEE)
Si l’industrie agroalimentaire suit le même mouvement d’affaiblissement que le reste de l’industrie, elle
a cependant montré sa volonté de résister. Moins de perte d’emplois, un chiffre d’affaires qui poursuit
sa progression, un solde commercial qui est le deuxième contributeur à la balance commerciale
française, un ancrage dans les territoires qui permet à chacun de trouver un emploi près de chez lui, une
qualité de produits inégalée, un débouché plus qu’important pour notre agriculture française. Les
entreprises agroalimentaires françaises devraient plus que jamais devenir une priorité de la France !