Pas facile de se mettre au vert

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Pas facile de se mettre au vert
Le Soir Mardi 18 juin 2013
36 LACULTURE
Pas facile de se mettre au vert
Dès le 7 juillet,
les Doms
vous attendent
SCÈNES A Thoricourt, un des symboles de la décentralisation est menacé à Avignon
Bientôt, le début des festivités d’été
pour le théâtre. Parmi elles, Théâtre au Vert à Silly.
Un festival en pleine campagne qui décentralise
la culture, la manifestation va peut-être disparaître.
Ou comment les petits festivals populaires
passent à la trappe en Belgique.
T
héâtre au Vert porte bien
son nom. C’est le festival
bucolique par excellence.
On fait difficilement plus vert
que cet évènement lové au milieu des fermes, pâtures et charmants villages fleuris de ce coin
du Hainaut.
Dans la commune de Silly
(Thoricourt), il y a un château
mais pas de théâtre.
Alors, depuis onze ans que le
festival Théâtre au Vert installe
ses tréteaux, chaque année à la
fin août, les spectacles affichent
complet (2.000 spectateurs en
moyenne à chaque édition).
On gare sa voiture en bord de
prairie, on fait la file dans des
jardins champêtres, on rencontre les comédiens autour
d’un verre après le spectacle, on
papote avec des villageois bénévoles qui vous guident dans les
ruelles et on papillonne entre la
place du village et le Guinguet, à
la recherche des tréteaux ambulants dans une atmosphère à
nulle autre pareille.
Le comédien et metteur en
scène Eric De Staercke connaît
bien le festival. Non seulement
parce qu’il y joue régulièrement
(Le Terrier, Le propre de
l’homme, Est-ce qu’on ne pourrait pas s’aimer un peu ?), mais
aussi parce que ses parents habitent le village d’à côté. « Il n’y
a rien ici : Théâtre au Vert
amène un peu de vie dans ce coin
de verdure. Ce type de festivals,
belles versions de ce texte de
Kafka. »
L’artiste, qui viendra jouer
Coco Parachute à Silly cet été (le
23 août dans la grange du château), comprend donc mal la décision du ministère de la
Culture, en mars dernier, de ne
pas reconduire la subvention,
pourtant déjà modeste (31.000
euros) du festival. « Je ne saisis
On fait la file dans des jardins champêtres,
on rencontre les comédiens autour d’un verre
véritablement porté par les gens
du village, existe partout en
France. En Belgique, il y a bien
Chassepierre pour les arts de la
rue, mais en théâtre, il n’y a rien,
à part Théâtre au Vert. Ce n’est
pas le genre de festival où on débarque, on joue, puis on s’en va.
A Silly, les artistes logent chez
l’habitant. On s’incruste dans la
vie du village, l’école se transforme pour accueillir les ateliers pour les
enfants, le café du village
devient une espèce de
plaque tournante du festival, et le château, où d’habitude personne ne rentre, retrouve soudain une âme. On
joue dans la grange, sur la
paille, sous chapiteau, sous le soleil ou sous la pluie. Une année,
on a même joué Le Terrier dans
la forêt. Les employés communaux nous ont aidés à creuser
un trou, à improviser un petit
monticule, et cette version en
plein bois a été l’une des plus
pas : on est au cœur des objectifs
culturels, sociaux, pédagogiques
même, d’un tel festival. Beaucoup de spectacles affichent complet, on va vers des gens qui
d’habitude ne vont pas au
théâtre. On est au cœur du
théâtre populaire comme l’entendait Jean Vilar quand il a voulu
sortir le théâtre des grands lieux,
le sortir du côté musée pour retrouver la découverte. Tout cela
avec un budget modeste. Pourtant, on a l’impression que du
point de vue des pouvoirs publics, il faut au contraire être
prétentieux pour être pris au sérieux. »
Né en 2002 sous l’impulsion
de Hervé Hasquin, alors bourgmestre de Silly, Théâtre au Vert
se déploie pendant quatre jours,
en fin de marathon estival,
quand tous les autres festivals
ont fermé boutique.
Outre la Blanche, célèbre bière
de Silly, on y goûte du théâtre
aux saveurs plus ou moins ambrées. Cette année par exemple,
la nouvelle création des Baladins
du Miroir, La bonne âme du SéChouan, côtoiera la douceur
plus intimiste, fabuleusement
contagieuse, de Joséphina des
Chaliwaté, ode acrobatique et
poétique à l’amour.
Côté comique, Laure Godisiabois et Eric De Staercke feront
glousser la campagne. Solo avec
le facteur Vincent Pagé dans
C’est ma tournée ou distribution
foisonnante avec Le Sabotage
amoureux d’Amélie Nothomb,
tous les goûts sont dans la nature… verdoyante de Silly.
« On fait du jeune public et du
tout public. On accueille des
jeunes compagnies. On répond à
la lettre à nos missions avec un
taux de remplissage de 85 %, se
défend Christian Leclercq, président du festival, inquiet de voir
disparaître l’évènement.
Surtout, nous pratiquons des
prix ultra démocratiques, alors
que nous sommes le festival le
moins subventionné. Prenez le
spectacle des Baladins : à Spa,
vous payez 28 euros. Chez nous,
10 euros, pour le même spectacle.
Nous démocratisons vraiment la
culture. Nous sensibilisons une
population, nous lui donnons le
goût de la culture, avec des
choses plus familiales comme les
Baladins, ou des choses plus
pointues, comme Les langues paternelles l’été dernier. Avec la
suppression de notre convention,
c’est la culture populaire de qualité qui est sacrifiée. » ■
CATHERINE MAKEREEL
Du 22 au 25 août à Thoricourt.
www.theatreauvert.be.
DE SPA À STAVELOT EN PASSANT PAR MODAVE, VILLERS-LA-VILLE… ET BRUXELLES
Un autre théâtre l’été
« Josephina » par la Compagnie Chaliwate. © STANGE MILENA-SOFAM
Si Théâtre au Vert est le seul
festival à programmer plusieurs spectacles en pleine
campagne wallonne, dans un
esprit champêtre et avec la
joviale participation de ses
habitants, il n’est pas le seul
à sortir le théâtre des
grandes agglomérations
belges, l’été. Chacun dans
leur style, des rendez-vous
se sont fermement ancrés
dans le paysage estival théâtral. Il y a l’abbaye de Villersla-Ville qui fait le pari du
spectacle « théâtre, son et
lumière » en plein air (Frankenstein du 11 juillet au 10
août). C’est l’événement le
plus spectaculaire mais
aussi le plus cher de l’été :
36 euros la place.
Il y a aussi les Vacances
Théâtre Stavelot (du 5 au 14
juillet) avec une programmation hétéroclite et accessible. Près de Huy, le Château de Modave (du 2 au 28
juillet) prête ses ors et dorures à la Cie Lazzi 90 pour
un ou deux spectacles de
son cru.
Le plus pantagruélique de
tous reste le Festival de Spa
(du 9 au 20 août) qui envahit la ville d’eau avec 18
spectacles, répartis entre le
Casino et le Radisson, entre
créations et reprises, répertoire et théâtre contemporain. Loin de l’atmosphère
champêtre de Théâtre au
Vert, on est ici dans une
ambiance plus cossue.
Enfin, même s’il ne sort pas
de ses pénates bruxellois, le
théâtre du festival Bruxellons (du 11 juillet au 7 septembre) attire tout de même
un public différent de celui
qui côtoie les scènes pendant l’année. Les spectateurs
vont y rattraper les succès
de la saison écoulée, dans le
décor très chic du Château
du Karreveld. Cette année,
26 spectacles, adulte ou
jeune public, égrainent l’été.
De quoi faire le plein pour
repartir du bon pied, à la
rentrée !
SCÈNES
L’affiche du festival 2013.
© LUCAS RACASSE.
Avignon, le théâtre des
Doms, vitrine sud de la créaA
tion contemporaine en Belgique
francophone, se prépare à un
nouveau festival. « C’est évidemment la période la plus visible de
notre travail, sourit la directrice
des lieux, Isabelle Jans. Mais
nous fonctionnons aussi le reste
de l’année avec, cette saison, une
proposition accrue en matière de
concerts. Et bien sûr les résidences d’artistes où nous accueillons surtout de jeunes compagnies que l’on accompagne
dans toutes les facettes de leur
travail. »
Mais pour l’heure, c’est le festival 2013 qui occupe les pensées.
On y retrouvera le formidable
Vision de Pierre Megos, le nonmoins passionnant Smatch 1 du
Corridor emmené par Dominique Roodthooft ou encore Ici
s’écrit le titre de la pièce qui nous
parle d’Ante par le Théâtre des
Chardons. Frédéric Dussenne reprendra son remarquable Combat avec l’ombre inspiré par Henry Bauchau tandis que le Collectif
Rien de Spécial proposera en fin
de soirée son excellent In Vitrine.
Du côté jeune public, le
Théâtre de la Guimbarde et l’Atelier de l’Ephémère proposeront
leur très belle Petite Evasion.
« Nous sommes aussi très heureux de pouvoir proposer une
nouvelle fois un spectacle de
cirque (Me, Myself & Us) et un
autre de danse (l’inclassable
Weltanschauung de Clément
Thirion) sur les scènes partenaires de Midi-Pyrénées et des
Hivernales », conclut Isabelle
Jans pour qui l’été, une fois de
plus, s’annonce très chaud. ■
J.-M.W.
C.MA.
Du 7 au 28 juillet au Théâtre des Doms
à Avignon, www.lesdoms.eu.
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