Division de l`Economie – février 2002

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Division de l`Economie – février 2002
URUGUAY
E.108/Doc. nº 4
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L’OLÉICULTURE EN URUGUAY1
1. Introduction
L’élevage constitue la principale activité économique du secteur agricole en
Uruguay. Toutefois, ces dernières années, d’autres secteurs – forêts et production
de fruits – se sont développés de manière significative. S’il est vrai que la culture de
l’olivier dans ce pays fait l’objet d’un intérêt croissant, elle n’a encore que très peu
d’importance sur le plan économique.
2. Évolution historique
Les premières plantations d’olivier datent du début du XIXe siècle. Entre 1940
et 1960, des exploitations relativement importantes ont été établies - dans les
départements de Paysandú (650 ha) et de Río Negro (100 ha) - dans un contexte de
production mixte agriculture-élevage. La plupart d’entre elles ont été abandonnées
dans les années 70 et 80. On n’a observé une certaine tentative de relance de la
culture qu’à la fin des années 90. En 2003, l’Uruguay disposait de 1 000 ha
d’oliveraie : 85 % de ces plantations étaient traditionnelles et 15 % étaient des
oliveraies modernes. Les principales zones oléicoles étaient situées en 2005 entre
les latitudes 30º et 35º S, plus exactement à Paysandú (650 ha), Río Negro (100
ha), Rivera (100 ha), Maldonado (70 ha) et Colonia (15 ha).
L’intérêt dont a fait l’objet l’oléiculture ces dernières années porte surtout sur
la culture dite biologique, c’est-à-dire sans application de produits chimiques de
synthèse. Toutefois, il faut souligner que les conditions pédoclimatiques de l’Uruguay
sont très différentes de celles du bassin Méditerranéen.
3. Aspects agronomiques
3.1. Problématique de la culture
L’olivier est normalement cultivé dans les zones semi-arides de la
Méditerranée, caractérisées par des températures élevées en été et une faible
pluviométrie (250-550 mm), alors que l’Uruguay a un climat de type tempéré-humide,
avec des hivers doux (500-600 heures de froid) et des températures moyennes
annuelles de 17ºC. La pluviométrie moyenne annuelle oscille entre 1 400 mm (NE) et
1 000 mm (SO). L’humidité relative est moyenne à élevée (72 %).
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Source : J. Tous ; J. Villamiel ; J. F. Hermoso ; A. Albin. « L’olivier en Uruguay ».
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L’excès d’eau durant certaines périodes critiques du cycle de croissance et de
production de l’olivier (floraison-nouaison) est l’un des principaux obstacles au
développement de l’oléiculture dans ce pays.
La topographie du terrain est plate avec de légères ondulations, l’altitude
maximale étant de 500 m au-dessus du niveau de la mer. En ce qui concerne les
sols, ceux-ci sont principalement plats, fertiles, profonds, argilo-limoneux, ce qui,
ajouté à la douceur du climat, donne lieu à des croissances végétatives élevées et à
des problèmes d’inondation et rend nécessaire la réalisation de bons drainages dans
les nouvelles plantations car l’olivier ne tolère pas l’excès d’humidité dans le sol.
Dans certaines zones des départements de Rivera, Artigas, Lavalleja et
Maldonado, les terrains sont moins fertiles et sont légèrement calcaires, caillouteux,
peu profonds et légèrement à modérément en pente, caractéristiques les plus
adéquates pour la culture de l’olivier
3.2. Variétés
La structure variétale de l’olivier en Uruguay est principalement originaire
d’Espagne et d’Italie. Il n’existe pas d’études systématiques sur le comportement des
variétés d’olivier dans les différents départements du pays. Néanmoins, les plans et
l’information concernant cette collection sont en cours de récupération. En 2002,
l’INIA de “Las Brujas” et celui de “Salto Grande” ont initié dans leurs stations
respectives un essai comparatif portant sur cinq variétés d’olivier importantes
(‘Arbequina’, ‘Frantoio’, ‘Manzanilla de Sevilla’, ‘Picual’ et ‘Barnea’), dans l’objectif
d’étudier leur capacité d’adaptation aux conditions environnementales du pays, qui
sont très différentes des zones traditionnelles de culture du bassin Méditerranéen
dont elles sont originaires.
Les variétés cultivées en Uruguay sont nombreuses. Elles sont destinées
aussi bien à la production d’huile qu’à celle des olives de table. On citera en
particulier, pour leur bon comportement productif, les variétés suivantes :
‘Arbequina’, ‘Frantoio’ et ‘Leccino’ (pour l’huile) et ‘Ascolano’ pour la table.
3.3. Dimension des plantations
Les superficies des plantations d’olivier sont généralement élevées,
puisqu’elles varient entre 15 et 100 ha. Il existe également quelques exploitations de
grande dimension, comme celle située dans les départements de Paysandú (650 ha)
et Rochas (1 000 ha).
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3.4. Multiplication
La multiplication de l’olivier initiée dans les années 50 a été effectuée à partir
de boutures de grande taille plantées in situ ou de plants greffés âgés de deux ou
trois ans, provenant de pépinières locales ou de pays européens. Dans les nouvelles
oliveraies, on utilise de jeunes plants issus de boutures semi-ligneuses enracinées
sous nébulisation ou par la technique de multiplication in vitro. Le matériel végétal
provient principalement de deux pépinières locales.
3.5. Densités de plantation
L’oliveraie traditionnelle est caractérisée par des densités oscillant entre 100150 arbres/ha . Les nouvelles plantations sont plus intensives et ont des dispositifs
de plantation du type 6 x 4 ou 7 x 7 m (250-400 oliviers/ha).
3.6. Techniques de culture
L’oliveraie ancienne fait généralement l’objet de peu de soins culturaux alors
que dans les plantations modernes, les techniques de culture sont mieux appliquées.
On citera notamment les techniques suivantes :
-
Au moment de la plantation, certaines exploitations font l’objet de profonds
sous-solages pour améliorer le drainage. En raison de la pluviométrie
élevée du pays, il est préférable de planter les oliviers sur des terrains en
pente ou sur des coteaux orientés vers le Nord.
-
Dans certaines occasions, les plans et la conduite des nouvelles
plantations ne tiennent pas compte de la mécanisation de la culture, ce
qui rend les exploitations très dépendantes de la main-d’œuvre car
difficiles à mécaniser.
-
L’entretien du sol est réalisé normalement au moyen d’une couverture
naturelle entre les rangées. L’herbe est coupée au moyen de tondeuses.
-
Les opérations de taille dans les oliveraies traditionnelles ne répondent à
aucun schéma défini. On trouve ainsi des plantations vieillies,
complantées d’arbres très hauts, qui sont à peine taillés ou à des
intervalles de temps très espacés, ce qui rend difficile la récolte et favorise
une alternance marquée. D’autres plantations font l’objet de tailles de
production plus ou moins intenses selon les habitudes héritées des
tailleurs d’origine méditerranéenne et, en général, la plupart des
plantations adultes auraient besoin de fortes tailles de rajeunissement.
Dans les oliveraies modernes, les arbres sont formés aussi bien en forme
de gobelet qu’en axe central.
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-
La mécanisation de la récolte est très limitée : pratiquement toutes les
olives de ce pays sont cueillies à la main en raison du faible coût actuel de
la main-d’œuvre.
3.7. Rendements
Les récoltes obtenues dans les plantations traditionnelles sont généralement
très alternantes et variables, en raison notamment des conditions pédoclimatiques
particulières de ce pays. Dans les oliveraies adultes faisant l’objet d’un minimum de
soins culturaux, au cours des années « de charge », les productions sont semblables
à celles de l’Espagne et de l’Italie, de l’ordre de 3 000-5 000 kg/ha. Les nouvelles
plantations intensives étant récentes, on ne connaît pas encore leur potentiel de
production.
À titre purement informatif, nous donnons ci-après les résultats d’une étude
effectuée par une pépinière ayant réalisé une petite plantation de 10 ha avec quatre
variétés dont : Manzanilla (40 %), Arbequina (30 %), Leccino (30 %) et Barnea
(30 %). Les résultats suivants ont pu être obtenus :
Production annuelle d’olives par variétés et par an (kg)
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Manzanilla
0
0
1,4
4,3
7.2
13
20
29
41
52
Arbequina
0
0
1,2
3,8
6,5
10
18
26
38
45
Lección
0
0
1,4
4,3
7,2
13
20
29
41
52
Barnea
0
0
1,8
5,4
9
22
20
32
44
58
4. Aspects socio-industriels
L’Uruguay compte deux huileries qui produisent de l’huile d’olive et une
installation de confiserie d’olives de table, majoritairement de type familial. L’huilerie
la plus ancienne date de 1955. C’est un système de presse continue avec une
capacité de broyage allant jusqu’à 70 t/jour, qui se trouve dans l’établissement “Los
Olivos” (Paysandú). La deuxième huilerie se trouve dans l’établissement “Los
Ranchos” (Río Negro). Il s’agit d’une usine nouvelle, équipée d’une petite ligne
continue à deux phases ayant une capacité de broyage d’environ 10 000 kg/jour. Le
broyage réduit de ces huileries permet de réaliser un bon contrôle du degré
d’extraction et de la qualité des huiles qui y sont produites. La production d’huile est
destinée majoritairement à la consommation locale. L’Uruguay exporte également de
petites quantités d’huile biologique à l’étranger (notamment en France). L’exploitation
“Los Olivos” dispose en outre d’une unité de traitement et de confiserie d’olives de
table et de réservoirs en acier inoxydable de 10 000 kg de capacité, pour
l’élaboration des olives des variétés ‘Ascolano’, ‘Hojiblanca’ et ‘Manzanilla de
Sevilla’, également en production biologique.
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En vue d’une amélioration de la structure du secteur industriel, il serait
préférable de tendre vers un modèle d’huileries de plus petites dimensions, qui
absorberaient la production de chaque exploitation, en raison de la grande distance
entre ces dernières et de la grande dimension de ces premières. De nombreux
moulins sont en cours de montage et devraient entrer en fonctionnement dans les
deux prochaines années.
5. Aspects économiques
La production moyenne d’olives est d’environ 450 000 kg, dont 350 000 kg
sont destinées à la confiserie d’olives de table et le reste à l’extraction d’huile d’olive
(environ 20 000 kg). La consommation intérieure est très faible : autour de 100
g/personne et par an. La toute nouvelle production uruguayenne est donc suffisante
pour approvisionner le marché local. Les exportations ne sont envisagées que dans
des cas très concrets. En 2002, l’Uruguay a importé environ 500 t d’huile d’olive,
essentiellement d’Espagne, et environ 800 t d’olives de table, principalement
d’Argentine.
La population uruguayenne est d’environ 3,1 millions d’habitants. La moitié de
la population totale vit dans le département de Montevideo et est principalement
d’origine européenne (descendants d’immigrants espagnols et italiens
principalement), ce qui est intéressant en termes de potentiel de consommation
d’huile d’olive et d’olives de table dans ce pays. Actuellement, les huiles les plus
consommées sur le marché sont les huiles de graines, en particulier l’huile de
tournesol. On soulignera l’absence d’une législation relative à l’huile d’olive en
Uruguay, les huiles d’olive et les huiles de graines étant normalement mélangées sur
le marché.
6. Perspectives d’avenir
La culture de l’olivier et l’industrie oléicole en Uruguay sont relativement
récentes. Dans certaines zones de quelques départements du pays (Colonia, Rivera,
Maldonado, Rochas, etc.), on peut observer un certain intérêt pour le développement
de cette culture et donc prévoir des augmentations modérées de surface au cours
des prochaines années pour satisfaire la demande intérieure. En 2010 la superficie
en oliviers pourrait atteindre 5.500 ha avec un des taux de croissance annuel les plus
hauts (+ 11,4% / an).
On a également pu observer ces dernières années une tendance à la hausse
des importations et, parallèlement, de la consommation totale, non seulement en ce
qui concerne l’huile d’olive mais aussi les olives de table, ce qui montre que les
campagnes génériques de promotion du régime alimentaire méditerranéen menées
en Amérique du Sud commencent à porter leurs fruits chez un certain nombre de
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consommateurs uruguayens, en particulier pour ce qui est de la connaissance des
caractéristiques nutritionnelles de l’huile d’olive et de ses bienfaits pour la santé.
Récemment, certaines institutions non-gouvernementales comme l’INIA ont
montré un intérêt marqué pour le développement de la culture de l’olivier, de
l’industrie oléicole et de la consommation d’huile d’olive en Uruguay.
On peut conclure que l’olivier en Uruguay peut être considéré comme une
alternative de culture plus que comme une activité principale, qui intéresse les
exploitations caractérisées par des systèmes mixtes olivier-fourrage ou olivierélevage.
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