Les industries chimiques
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Les industries chimiques
Métiers Chimie : une industrie pleine d'avenir Souffrant d’une image dégradée, le secteur des industries chimiques a su se renouveler et mise sur des activités plus durables et à haute valeur ajoutée comme la chimie du végétal. F © ecolepolytechniqueups_sisuallhunt abrication de plastiques, d’engrais, de gaz industriels ou encore de colorants et de pigments : derrière ces activités diverses se cache un secteur unique, celui des industries chimiques. En France, second pays producteur européen après l’Allemagne, il occupe un poids économique décisif : générant plus de 18 milliards d’euros de valeur ajoutée en 2013 et employant plus de 200 000 salariés11. Bien que malmenées par la crise en 2008 et 2009, les industries chimiques ont désormais repris leur essor avec des volumes de ventes qui semblent durablement repartis à la hausse depuis 2013. Il existe pourtant un bémol à cette embellie : sur le plan de l’emploi, le secteur demeure marqué par une baisse de ses effectifs et a vu son nombre de salariés chuter de près de 18 % entre 2000 et 2014. Ce recul s’explique en partie par l’externalisation de certaines fonctions supports (RH, comptabilité, sécurité...) et une compensation partielle des départs à la retraite. Paradoxalement, les entreprises du secteur rencontrent actuellement d’importantes difficultés à recruter. En témoignent les efforts menés par la branche des industries chimiques. Celleci s’est lancée dans une politique active pour attirer de nouvelles compétences, notamment dans le domaine de la transformation de procédés. La branche s’est ainsi engagée à embaucher 15 700 salariés par an sur la période 2015-2017, à accueillir 5 000 jeunes en alternance, à créer une bourse à l’emploi et mettre en place des contrats de génération. 1 24 Salariés et établissements du périmètre des secteurs couverts par la convention collective nationale des industries chimiques en 2013. Des industries chimiques qui se renouvellent Les difficultés des entreprises chimiques à embaucher proviennent en partie de l’image d’une industrie polluante et dangereuse, ainsi que d’une méconnaissance des perspectives d’avenir. Le secteur, soumis à une réglementation de plus en plus contraignante en matière de sécurité industrielle et d’environnement (règlement européen REACh, directive SEVESO 3, ou encore directive « IED » relative aux émissions industrielles), ainsi qu’à des impératifs liés à la transition énergétique, a pourtant amorcé le tournant vers une chimie plus durable. La filière a ainsi placé la chimie « verte » comme un axe de développement fort. Présente dans toutes les chimies (minérale, organique...), elle repose sur un ensemble de procédés visant à maîtriser l’ensemble du cycle de vie des produits et à prévenir les pollutions à la source. Pilier majeur de cette chimie verte, la chimie du végétal est en forte croissance. Celle-ci vise à utiliser des agro-ressources (telles que le bois, les algues, les pieds de maïs...) pour la fabrication de produits chimiques pouvant répondre à des objectifs d’économie d’énergie, d’eau ou de solvants. Objectif Formation n° 68 | Décembre 2016 Un appareil de formation qui s'adapte La nécessité de développer des compétences éco-environnementales crée de nouveaux besoins en formation pour les industries chimiques. On observe dans le secteur, notamment parmi les cadres, une élévation du niveau de qualification. L’essor de la chimie du végétal accentue par ailleurs la recherche de profils aux compétences interdisciplinaires : chimie, biologie, agronomie... mais aussi communication et management. Afin de répondre aux besoins en qualifications de la chimie de demain, les professionnels des industries chimiques participent à la valorisation et à l’évolution des formations existantes. Au sein du cursus en chimie, qui s’étend du bac pro au doctorat, on note notamment la mise en place en 2013 du Bac professionnel Procédés pour la chimie, l’eau et les papiers-cartons ou du nouveau BTS Pilotage de procédés, proposé depuis septembre 2016. La branche des industries chimiques s’est également engagée dans une démarche de certification professionnelle, avec la création de 13 certificats de qualification professionnelle (CQP) depuis 2011 et l’adhésion à 8 CQP interbranches (CQPI). qui seront ensuite utilisés par des transformateurs pour fabriquer des produits finis (bouteilles de lait, bouchons en plastique, tuyaux, ou encore plastiques d’emballages). Notre cœur de métier change peu, car nous sommes sur des produits assez matures. L’automatisation est très présente et les problématiques liées à la sécurité et à l’environnement sont de plus en plus importantes. Frédéric Lorang, DRH de la plateforme INEOS Polymers (ex. Solvay) de Sarralbe Pouvez-vous nous présenter les activités de votre plateforme ? Frédéric Lorang : INEOS Polymers fabrique des polyoléfines : du polyéthylène haute densité et du polypropylène. Il s’agit d’une activité chimique, dans le sens où notre usine produit à partir de matières premières des granulés Quels sont vos besoins en recrutement ? FL : Nous avons des besoins importants à court terme du fait de notre pyramide des âges. Ineos Polymers Sarralbe compte 219 salariés, dont une centaine partira en retraite dans les 4 à 5 ans à venir. Ils seront quasiment tous remplacés et, pour cette année 2016, nous avons par exemple ouvert 29 postes au recrutement. Nos besoins portent pour près de la moitié sur des profils de conducteurs de l’industrie chimique. Le reste concerne quasiment tous nos autres métiers : des techniciens en mécanique ou en électricité, des infor- maticiens, mais aussi des gestionnaires de commandes ou magasins. Rencontrez-vous des difficultés pour trouver ces profils ? FL : Nous avons beaucoup de difficultés à recruter, notamment sur les profils à la technicité pointue. Notre usine était ces dernières années en position difficile et avait dû mettre en veille ses processus de recrutement. Aujourd’hui, elle a retrouvé de la compétitivité et nous essayons de recréer des liens avec l’ensemble des acteurs de l’emploi et de la formation : intérim, Pôle emploi, missions locales, organismes de formation, Union des industries chimiques (UIC)... Afin de corriger les déséquilibres dans nos effectifs, nos priorités de recrutement concernent les jeunes et les femmes. Mais nous sommes ouverts à tout type de profils, y compris des personnes en reconversion professionnelle. PLUS D'INFORMATIONS l www.lesmetiersdelachimie.com l www.jetravailledanslachimie.fr Des ressources pour s'informer sur les secteurs et leurs métiers L’observatoire du GIP LorPM a publié en 2016 plusieurs fiches proposant un état des lieux en matière de formation et d’emploi pour les secteurs de la chimie, de l’hôtellerie, café et restauration, de la propreté et de l’agroalimentaire. Retrouvez ces fiches, ainsi qu’un tableau de bord détaillant les indicateurs de chaque secteur d’activités : www.lorpm.eu (rubrique Observer & analyser / Secteurs d’activités/ Métiers) Par Raphaëlle Pienne Les industries chimiques dans la région Grand Est (Source : Unedic et ACOOS-OPIC | périmètre social au 31/12/2013) 2 524 salariés en Champagne-Ardenne 4 275 salariés 105 établissements en Lorraine 149 3 écoles établissements d'ingénieurs de chimie 185 établissements 8 926 salariés en Alsace l'ENSIC (Nancy) l'ECPM © Fotolia - Wolfilser (Strasbourg) 7% des établissements nationaux des industries chimiques (dont 2% en Lorraine, 4% en Alsace et 1% l'ENSCMu (Mulhouse) en Champagne-Ardenne). Objectif Formation n° 68 | Décembre 2016 25