Le temps qu`il nous reste - Paroisse Bon

Transcription

Le temps qu`il nous reste - Paroisse Bon
HOMÉLIE DU 28 NOVEMBRE 2004
LE TEMPS QU'IL NOUS RESTE!
Il me semble qu'on peut facilement affirmer que la préoccupation du temps occupe une grande
place dans notre vie; nous n'avons qu'à penser au nombre de fois où on l'invoque dans toutes
sortes de circonstances! Mais nous n'en sommes pas maître: nous ne le savons que trop! Que de
choses planifiées qui ne se réalisent jamais; que d'imprévus à gérer. Parfois on pense qu'on n'aura
pas assez de temps et on en a bien suffisamment; d'autres fois, on croit qu'on en aura assez et on
en manque. Toutefois, avoir du temps constitue toujours un privilège et une responsabilité, même
si nous estimons ne pas en disposer beaucoup. En conséquence, nous devons sans cesse viser à
l'utiliser à bon escient. (1) Cette réflexion sur le temps m'a rappelé un extrait d'un titre d'une
chanson: «Le temps qu'il nous reste». D'où utiliser à bon escient le temps qu'il nous reste!
Quel est «ce temps»? Dans une perspective de foi, il s'agit du temps entre aujourd'hui et le retour
du Christ qui peut se faire de notre vivant et du temps entre aujourd'hui et notre retour personnel
au Christ (s'il survient avant son retour final); nous sommes appelés à voir «ce temps» comme un
privilège et une responsabilité et nous devons viser à l'utiliser le mieux possible, peu importe ce
qui arrivera en premier. C'est une bonne chose qu'une fois par année de nous faire rappeler, à
travers la période de l'Avent, que le Seigneur reviendra; cela fait partie de notre foi mais je crois
que cela ne nous cause pas trop de soucis (!!!) alors que notre retour personnel au Christ, lui,
nous préoccupe bien davantage.
De toutes façons, ces deux «espaces de temps» (on ne sait pas lequel sera le premier, on ne sait
pas combien de temps qu'il nous reste et, au fond, ce n'est pas important!) devraient trouver en
nous un vif désir de les utiliser d'une manière de plus en plus évangélique car, ce à quoi Jésus
nous invite durant ce temps qu'il nous reste, c'est d'avoir le cœur prêt à sa rencontre.
Une expression de la lettre de Paul aux Romains proposé en ce dimanche résume bien la
responsabilité que nous avons comme baptisés de bien vivre le temps qu'il nous reste: «Revêtonsnous pour le combat de la lumière».
«Revêtir», c'est se «couvrir d'un vêtement particulier»; cela signifie que, par-dessus ce que nous
sommes, nous fassions en sorte de mieux nous couvrir le cœur des attitudes et des comportements
qu'avaient Jésus dans le quotidien de sa vie. Le mot «combat» fait allusion à la rudesse et à la
longueur de ce qui sera à vivre; d'ailleurs, quand on combat, on peut s'attendre à recevoir des
coups. Il faut donc prendre les moyens pour être en forme intérieurement, en vérifiant bien l'état
de notre «revêtement». Le mot «lumière» indique que s'il faut se battre pour la lumière, c'est à
cause des ténèbres; en effet, nous n'avons pas besoin de lumières quand c'est clair. Ce combat est
d'autant plus à mener que nous disons souvent «que cela va mal dans notre monde».
Pour mener ce combat de la lumière, une conviction de base m'apparaît essentielle: rêver. Je lisais
que «nos rêves les plus profonds correspondent au projet d'amour de Dieu»(2); rêver que la paix
peut régner, rêver que toute personne peut grandir, rêver que la vérité se fera, rêver que tel pardon
peut être donné. Arrêter de rêver, c'est arrêter de vivre alors que rêver, c'est laisser ouverte la
porte de l'espérance.
Nos armes pour ce combat, ce pourrait être, entre autres, la transparence (vivre nous-mêmes dans
la clarté), la réconciliation, le dialogue, le respect, la solidarité.
Comment combattre? Par des gestes à notre portée; par exemple, proclamer la vérité où il y a du
mensonge en nous et autour de nous; offrir le pardon quand il y a de l'amertume et du
ressentiment en nous et de l'offense autour de nous; libérer la joie là où règne la tristesse;
annoncer l'amour quand nous sentons monter de la haine en nous et que nous en constatons
autour de nous; ranimer l'espérance quand nous sommes découragés, quand nous côtoyons le
désespoir et la peine des gens. (3)
Et, finalement, quelles attitudes de cœur devrions-nous cultiver? Je lisais que les textes de ce
dimanche nous parlait de «veiller, réveiller et surveiller». (4) Veiller: être aux aguets, faire
attention à quelque chose ou à quelqu'un, prendre soin; ré-veiller: se secouer, se dérouiller
(j'ajoute: les muscles du cœur), se ramener à la vie, à la conscience (au lieu de «marcher par
oreille» ou tout endormi intérieurement); sur-veiller: avoir une attention soutenue pour s'assurer
que tout se déroule comme il faut. (5)
Rendons grâce à notre Dieu de faire route avec nous dans ce combat de la lumière: «Nous savons
bien que tu es là notre Dieu». Dans ce contexte, pour notre plus grande joie, il nous inspirera sans
cesse, si nous prêtons attention, à faire du temps qu'il nous reste pour mener cette lutte épique, un
temps bien rempli d'Évangile.
Serge Charbonneau, ptre
1er dimanche de l'Avent «A»
(1) Cf.: Yvane FOURNIER dans la revue «Prêtre et Pasteur», volume 107, no. 9.
(2) Cf.: Yvan MATHIEU, SM dans le feuillet biblique no. 1990.
(3) Inspiré d'une prière de St-François d'Assise.
(4) Cf.: session Avent-Noël 2004 du diocèse de Montréal.
(5) Les définitions de ces trois verbes, ainsi que celle du mot «revêtir» se retrouvent dans le
«Petit
Robert».