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CLYSTERE
E-revue de l'objet médical ancien - N° 6 – Janvier 2012
Conception – Réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin, Centre Hospitalier, 24200 Sarlat-la-Canéda
site Internet : www.clystere.com
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Au Sommaire :
- Editorial
- Le « radio hypnotic crystal » du Professeur Elmer Ellsworth Knowles.
- Les livres modernes en français consacrés aux objets médicaux anciens.
- Actus. :
. numéro spécial de la revue de la Société Française d'histoire des hôpitaux
. Insolite : Rennes, la balade des poumons artificiels.
. Expo : Le CHU de Dijon : les objets témoins de son parcours hospitalier 1204 – 2012.
- Courrier des lecteurs.
N'oubliez pas ! Tout mot souligné en bleu est un lien vers un site Internet.
Pensez à cliquer dessus !!
Editorial :
Tout d'abord, mes meilleurs vœux pour 2012, à partager avec ceux qui vous sont proches.
Après 6 mois d'existence, il apparaît que Clystère devient progressivement un support où viennent
s'exprimer ceux qui sont passionnés par la préservation des instruments médicaux anciens qui font partie de
notre patrimoine médical national. Des promesses d'articles ont été faites, certains étant déjà mis en forme
pour de prochains numéros. Vous me faites part de la vie de vos collections, de vos associations, et c'est avec
plaisir que je diffuse ces informations dans la rubrique actus. Les échanges enrichissants qui s'opèrent par
mails après la parution des numéros, sont le reflet de cette belle interactivité auteur / lecteur permise par le
format électronique de Clystère.
Je réfléchis à de nouvelles rubriques courtes, suggérées par certains d'entre vous : bibliophilie,
numismatique médicale, publicités anciennes. N'hésitez pas à m'adresser un petit mot pour m'en suggérer
d'autres. Si vous souhaitez que l'on parle de certains objets en particulier, n'hésitez pas également à m'en faire
part.
Enfin, je souhaiterais, en ce début d'année, évaluer le nombre de lecteurs réels de Clystère. Nombreux
sont les lecteurs (ex, les présidents d'association) qui diffusent la revue à leurs contacts, qui eux, ne sont pas
abonnés. Si vous pouviez prendre quelques secondes pour me dire à combien de personnes vous diffusez
Clystère, cela me permettrait d'évaluer le lectorat (cliquez ici pour me le dire!). Merci d'avance.
Bonne lecture.
Tous les numéros de Clystère
sont téléchargeables sur
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Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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Le « radio hypnotic crystal » du Professeur Elmer Ellsworth Knowles.
Jean-Pierre MARTIN
Service de Gériatrie, Centre Hospitalier Jean Leclaire
Le Pouget – cs80201 - 24206 SARLAT cedex
E-mail : [email protected]
Lorsque j'ai décidé de parler du «radio hypnotic crystal» (en français, cristal radio
hypnotique) du professeur Elmer Ellsworth Knowles, dont j'avais acheté un exemplaire sur E-bay
en avril 2011, je n'imaginais pas ce que j'allais découvrir en essayant de retracer l'histoire de ce
curieux instrument.
Le cristal radio hypnotique
Il s'agit d'un objet de petite taille, en aluminium, comportant un partie ronde de 4,5 cm de
diamètre, surmontant un manche de 2 x 2,5 cm. Le manche est terminé par une encoche
rectangulaire, et comporte en son centre un petit trou dans lequel il reste un fragment de
caoutchouc. Un manche venait peut-être se fixer sur cette partie du cristal. Plus intéressante, la
partie ronde est remplie à moitié d'un matériau poudreux qui semble un sable à grains très fins. En
regardant à la lumière, on découvre au centre de cette partie ronde une tige située dans l'axe du
manche et se terminant par une sphère de 5 mm de diamètre, probablement elle aussi en aluminium.
Les deux faces du cristal sont identiques et portent l'inscription en relief suivante : « Knowles –
Radio Hypnotic Crystal » (figure 1).
Figure 1 : le radio hypnotic crystal.(© - Clystère)
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Modalités d'utilisation.
Le cristal radio hypnotique servait de support pour hypnotiser les gens qui s'y soumettaient
et pour améliorer la concentration de l'opérateur. Le cristal était tenu par le manche, et tendu vers le
sujet à hypnotiser (figure 2).
Figure 2 : utilisation du cristal radio hypnotique. (© - Clystère)
Comme on le devine sur cette image, le cristal ne semble pas avoir d'autre manche que celui en
métal. Il était ainsi tenu par la pince pouce/index.
Dans sa brochure publicitaire, Knowles explique que le cristal « est l'application pratique de
certaines lois bien définies gouvernant les manifestations psychiques, de manière à permettre d'arriver au
degré de concentration nécessaire pour l'utilisation des forces mentales. [...] Son emploi oblige à la
concentration de la pensée sur un objet déterminé. [...] Il développe le Magnétisme Personnel ainsi que ces
forces étranges que l'on devine derrière l'hypnotisme, l'auto-suggestion, la télépathie, etc... ».
La véritable histoire du cristal radio hypnotique et du Professeur Elmer Ellsworth Knowles.
Le « cristal radio hypnotique » est probablement un instrument à classer au panthéon du
charlatanisme médical. Son histoire est aussi mystérieuse que son inventeur, le Professeur Elmer
Ellsworth Knowles. Pour débuter mes investigations, outre le Cristal, je disposais d'un exemplaire
d'une brochure publicitaire intitulée « Exposé détaillé du système complet d'influence personnelle et
de guérison d'Elmer E. Knowles » (1). Dans cet opuscule le nom complet de Knowles apparaissait :
Elmer Ellsworth Knowles.
J'ai soumis de nombreuses requêtes à Google, avec en mots clefs « crystal radio hypnotic »
(et sa version française), « Elmer Ellsworth Knowles » (sous différentes formes telles que Elmer E.
Knowles, etc...).
Première surprise, le cristal et la méthode d'influence personnelle sont toujours en vogue
dans les milieux ésotériques, et de nombreux sites font référence à la méthode Knowles. Ces sites
ne m'apprirent rien que je ne savais déjà et surtout, aucun détail biographique sur Knowles.
Malgré d'intenses recherches sur les sites des bibliothèques nationales françaises, anglaises
et américaines, il a été impossible de trouver trace du Pr. Knowles. Je pensais avoir touché au Graal
avec la biographie d'un Elmer Elsworth Knowles, né en 1861 dans l'état du Maine aux USA, et
décédé à Yakima County, dans l'état de Washington en 1920. Malheureusement, ce Knowles était
plombier et sans rapport avec l'inventeur du cristal radio hypnotique.
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C'est alors que Google a livré un article du JAMA de septembre 1918, dans lequel
apparaissait le nom de Knowles. Cet article fut une vraie bénédiction, car toute l'histoire de
Knowles y était retracée (2).
La voici : Curieusement, l'article du JAMA est consacré au « Bitro-phosphate » et sous-titré
«Calcium glycerophosphate et 1600 % de profit ».
Le Bitro-phosphate était vendu par la « Arrow Chemical Co. of New-York » et recommandé
contre « neurasthénie, nervosité, irritabilité, dépression, fatigue cérébrale, insomnie, débilité,
maigreur, faiblesse générale, manque d'énergie physique, et les habituelles maladies infantiles
secondaires à la fatigue nerveuse et aux pertes tissulaires ».
En raison d'un grand nombre de demandes de renseignements sur ce produit, et la campagne
publicitaire massive qui le promouvait, la « Association's Chemical Laboratory » décida d'examiner
le Bitro-phosphate.
Tout d'abord, le dépliant joint à chaque boite de produit, était rédigé dans un style
parfaitement calculé pour impressionner les esprits non scientifiques, insistant sur la profonde
« relation du phosphore organique avec l'organisme humain ». De nombreuses citations tirées de la
littérature médicale se rapportaient au calcium glycerophosphate, mais aucune allusion à ces
publications ne permettait de rapporter cette substance bien connue au Bitro-phosphate. C'était au
lecteur de le déduire.
L'analyse du Bitro-phosphate, vendu en boite de 42 comprimés pelliculés de 5 1/2 grains
(soit 5,5 X 0,0648 g = 0,3564 g), pour un dollar, montra que chaque comprimé contenait 0,322 g de
calcium glycerophosphate.
Cette substance est connue de nos jours sous le nom E383 et est utilisé comme épaississant
dans l'industrie alimentaire, et en parapharmacie comme supplément Calcique.
Le problème soulevé par la « Association's Chemical Laboratory », était le prix de vente du
Bitro-phosphate : 453 g (une livre) de glycerophosphate de calcium coûtait en 1918 l'équivalent de
2,35 dollars et permettait de fabriquer 33 boites de 42 comprimés de Bitro-phosphate, dont la vente
à un dollar l'unité rapportait donc 33 dollars. Soit une plus-value confortable !
Concernant l'étude du « business » réalisé par la « Arrow Chemical Co. of New-York »
autour du Bitro-phosphate, elle fit apparaître que cette société avait été créée en janvier 1917 par
Samuel Hugh McKean. En novembre 1917, cette société était passée aux mains d'un certain Elmer
S. Prather, beau-frère de McKean. Ces deux noms apparurent indistinctement dans les dossiers d'un
organisme collaborant avec le conseil des pharmaciens et d'autres associations comme la
« Association's Chemical Laboratory », dans la lutte contre la fraude médicale envers les
professionnels ou le public.
Quel est le rapport avec Elmer E. Knowles ? Il semble que
pendant quelques années, Elmer S. Prather voyagea et fit des
conférences sur le thème de la « thérapeutique suggestive » sous
un nom d'emprunt, celui de Knowles (Ci-contre : Mister Prather
ou Professeur Knowles ? (1)).
On apprend ensuite que Prather alias Knowles, fut en
relation avec un dénommé McIntyre dans les opérations de ventes
par correspondance d'un « Metropolitan Institute of Science »
situé à New York, dont l'organigramme était le suivant : F.T.
McIntyre (Président), Prof. Elmer E. Knowles (Vice-président et
trésorier), J. Alfred Moore (médecin correspondant), et S.H.
Mckean (secrétaire).
Le Metropolitan Institute of Science vendait la « méthode
indienne d'hypnotisme » et « télépathie », ainsi qu'un « système
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complet d'influence personnelle et de contrôle » (figure 3) pour la somme de 30 dollars. Il vendait
aussi le « hypnotic ball system » qui est peut-être le cristal radio hypnotique dans sa forme initiale.
Figure 3 : Couvertures de la brochure publicitaire pour le système complet du Pr. Knowles.
Sur l'image de droite, côté gauche, un cristal radio hypnotique de forme différente.
Le département des Postes intervint dans les locaux de l'Institut et
l'obligea à fermer ses portes. Cela se passa en 1906, donc dix ans avant
la création de la « Arrow Chemical Co. of New-York » et la vente du
Bitro-phosphate.
En 1909, Elmer E. Knowles réapparaît comme président du
« Psycho success club » qui opérait depuis le 400 St. Nicolas Avenue, à
New York. Knowles considérait le « psycho success club » comme la
plus puissante organisation mentale que le monde ait connue. Ceux qui
adressaient 1, 5, ou 10 dollars pour adhérer à ce club, devaient
promettre de ne jamais révéler la « Formule mystique et la clef
d'harmonie » à toute personne non membre. Ceux qui se retrouvaient
sur la liste des membres du club, recevaient quelques mois plus tard
une lettre émanant des « Roxroy Studios » (opérant, non pas de New
York, mais de Londres) leur proposant pour 2 dollars une esquisse
astrologique de leur vie (figure ci-contre : encart publicitaire pour le Pr.
Roxroy, Journal Ouest-Eclair, Septembre 1927), courrier accompagné
d'une publicité pour le « International Institute of Beauty Culture »
situé au 2236, 8th Avenue, New-York. Ceux qui achetaient au « Psycho
success club »le système complet d'influence personnelle (figure 4),
recevaient des publicités du « Economy Supply Co. », dont les bureaux
étaient installés au 203 St. Nicholas Avenue, New-York, ainsi qu'une
liste des « Mrs Knowles' home remedies » (remèdes domestiques de
Mme Knowles) vendus par la « Imperial products Co » sise au 205 St.
Nicholas Avenue, New-York.
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Ceux qui ne se laissaient pas tenter par ces offres recevaient une lettre personnalisée du
« Universal Mail Order Institute » (Institut universel de vente par correspondance), localisé au
2238, 8th Avenue, New-York, appartenant à Hugh McKean. Cette lettre proposait d'acquérir un cours
complet sur « comment conduire une affaire de vente par correspondance » et « les vingt manières
de gagner de l'argent ».
Figure 4 : Publicité pour le système complet d'influence
personnelle.
Contient 6 tomes : cours préliminaire, hypnotisme et
télépathie, traitement par soi-même, guérison magnétique,
lecture de caractère, méthodes hindoues et orientales.
En 1912, Prather alias Knowles semble
avoir ouvert une école d'hypnotisme à Londres.
Dans le London Truth, on peut lire que Prather,
récemment arrivé à Londres, avait ouvert un
« National Institute of Sciences », à Westminster
Bridge Road, n° 258, au-dessus d'un salon de thé !
Il se réjouissait sous le nom de Professeur
Elmer E. Knowles, que le National Institute of
Sciences disposait d'un fonds de 5 000 livres pour
la distribution gratuite du nouveau livre du
Professeur intitulé « les clefs pour le
développement des forces intérieures ». Prather fit
probablement une bonne affaire avec le cristal
radio hypnotique, qui selon le London Truth ne
devait pas être si efficace puisque quiconque venait
à l'Institut pouvait y voir deux employées
emballant des centaines de cet objet tout au long de
la journée, comme si elles emballaient des bouts de
verre (figure 5). Le prix du cristal et du cours (qui
pesait 3 kg) pour s'en servir était de 20 shillings.
Figure 5 : les bureaux du National Institute
of Sciences de Londres (1).
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Nombreuses furent les personnalités de la science ou du spectacle à prêter leur concours à la
promotion du cristal. Ainsi dans un encart publicitaire en forme d'article, Miss Joséphine Davis,
célèbre actrice britannique, affirmait que le Pr Knowles, « avait découvert les principes qui
universellement adoptés révolutionneraient l'état d'esprit de l'humanité », pas moins ! (3). Le même
encart a été retrouvé à plusieurs reprises dans différents numéros du journal le Petit Parisien en
1915, et dans plusieurs journaux étrangers comme par exemple le « Malborough express » ou le
« evening post » en 1914. J'ai pu identifier d'autres encarts pour les différentes sociétés de Prather
dans des journaux portugais, allemand, hollandais.
Quant à la brochure publicitaire du Système complet d'influence personnelle, elle mélange
allègrement ésotérisme, témoignages de sommités, articles de presse, courriers de personnes
sauvées ou guéries par la méthode ou ayant réussi professionnellement grâce à elle. Elle ne diffère
en rien des brochures actuelles ou des discours tenus sur certains sites Internet par les charlatans
modernes.
Les activités de Prather semblent donc avoir été nombreuses, variées, et rentables : sa
fortune fut estimée à 150 000 dollars. Son nom apparut de manière directe ou indirecte dans
diverses sociétés :
– Metropolitan Institute of Sciences (New-York, USA) : vente par correspondance de cours
d'hypnotisme, de magnétisme.
– Psycho Success Club (New-York, USA) : vente par correspondance de cours d'hypnotisme,
de chiromancie et voyance.
– Professor Cairo (Portsmouth, Angleterre) : publicité d'astrologie.
– National Institute of Sciences (Londres, Angleterre) : vente par correspondance de cours
d'hypnotisme.
– Professor Roxroy (Londres, Angleterre) : analyse du caractère par étude graphologique.
– Clay Burton Vance (Paris, France) : vente d'horoscopes.
– Universal Mail Order Institure (New-York, USA) : vente de cours d'instructions sur
comment monter une affaire de vente par correspondance, spécialement pour vendre les
produits « Luxor Hair Tonic » fournis par le dit institut.
– Economy Supply Co. (New-York, USA) : publicité pour « Luxor Hair Tonic ».
– Imperial Products Co. (New-York, USA) : vente des remèdes domestiques de Mme
Knowles.
– International Institute of Beauty Culture (New-York, USA) : enseignait la « culture de la
beauté ».
– Fremont Mfg. Co. (New-York, USA) : fabrique de phonographes.
– Arrow Chemical Co. (New-York, USA) : vendait le Bitro-phosphate et autres panacées.
Conclusion :
Il est amusant de voir qu'en cherchant à retracer l'histoire d'un curieux instrument
« médical » ancien, l'on découvre ce qui a été une escroquerie de grande envergure, savamment
organisée par un homme malin, Prather. Il avait pris comme nom de guerre « Pr Knowles », afin
d'en imposer aux gogos qu'il attirait dans ses filets par un marketing agressif et de grande ampleur.
Si Prather n'est plus, Knowles continue au travers du Web à mystifier les crédules. La méthode
Knowles est toujours en vente ! (figure 6).
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Figure 6 : Exemple de site promouvant encore la méthode Knowles
(Cliquez sur l'image pour y accéder).
Bibliographie :
(1) Exposé détaillé du système complet d'influence personnelle et de guérison d'Elmer E. Knowles. Brochure
publicitaire, 14è édition, Circa 1910.
(2) Anonyme : Bitro-phosphate, calcium glycerophosphate at sixteen hundred per cent profit. JAMA, sept.,
14, 1918, 921-922.
(3) Anonyme : La jeune fille magnétique. Comment elle oblige les autres à lui obéir. Touche-à-tout, n° 3, 15
mars 1914.
Toute référence à cet article doit préciser :
Martin JP : Le « radio hypnotic crystal » du Professeur Elmer Ellsworth Knowles.
Clystère (www.clystere.com), n°6, 2012.
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Les livres modernes en français consacrés aux
objets médicaux anciens.
Jean-Pierre MARTIN
Service de Gériatrie, Centre Hospitalier Jean Leclaire
Le Pouget – cs80201 - 24206 SARLAT cedex
E-mail : [email protected]
Collectionneur débutant ou chevronné, historien de la médecine spécialisé dans les instruments
médicaux anciens, nous avons tous, à un moment ou un autre, besoin de documents auxquels nous
référer pour identifier un objet, ou en retracer l'histoire.
Je présente dans cet article la quasi-totalité des ouvrages modernes, le plus souvent richement
illustrés, qui ont été édités sur le thème des instruments médicaux anciens, et qui me paraissent
constituer le fonds documentaire de base indispensable aux collectionneurs ou aux chercheurs. La
plupart, malheureusement édités en tirage limité, sont difficiles à trouver. (Je consacrerai
ultérieurement un article sur les ressources à notre disposition sur Internet, pour acheter des livres
de médecine anciens).
J'exclus volontairement de mon propos les livres généralistes d'histoire de la médecine, qui
comportent, tous, quelques rares clichés d'instruments anciens.
Par souci de facilité, la présentation suit un ordre chronologique d'édition.
La liste des ouvrages qui suit, probablement non exhaustive, peut, faute d'en avoir connaissance,
négliger tel ou tel ouvrage. N'hésitez pas à vous manifester pour signaler tout livre intéressant qui
ne figurerait pas ici.
La rareté de chaque ouvrage est évaluée à partir du nombre d'exemplaires disponibles sur
Marelibri.com , site qui regroupe 2000 libraires spécialisés dans les ouvrages anciens ou épuisés à
travers le monde (ex : rareté : 3/2000 signifie 3 exemplaires à la vente sur 2000 libraires).
« Les outils du corps ». André et Marie-José Lamothe,
photos de Jean Marquis, 303 p , 1978, éditions Hier &
demain.
Le plus ancien, à ma connaissance, ce beau livre
grand format, illustré de photographies en couleur, et de
quelques dessins en noir et blanc, balaye tous les âges
de l'humanité, depuis la préhistoire avec les silex utilisés
pour les premières trépanations, jusqu'aux années 70 et
les premières greffes d'organe.
Chose notable, puisque rare, cet ouvrage consacre un
chapitre intitulé « le corps outillé, ou l'art de
l'invention », à l'évolution technologique des outils
médicaux et chirurgicaux et à ceux qui les ont réalisés,
les artisans.
(Rareté : 18/2000 ; prix constatés : 55 à 150 euros).
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« Le corps blessé, quatre siècles de chirurgie », Régine
Pernoud, Marie-Véronique Clin, Denys Pellerin, Riccardo
de Sanctis, Jean-Pierre Reverseau, Pierre Banzet, sous la
direction de Georges-Alfred Crémer, photographies Fabio
Donato, 189 p, 1996, édition du Musée d'histoire de la
médecine, Académie de chirurgie.
Cet ouvrage est à ranger dans la catégorie beaux livres.
S'il comporte au total peu d'images d'objets médicaux
anciens, en dehors de quelques splendides coffrets
chirurgicaux, il présente de nombreuses illustrations tirées
de livres de médecine anciens, qui sont, au même titre que
les instruments, des outils nécessaires à la pratique du
médecin. On y trouve, trop peu à mon gré, quelques beaux
jetons de présence de sociétés de médecine et de chirurgie,
si recherchés de nos jours.
C'est une grande partie de l'histoire de la chirurgie,
remarquablement illustrée, qui nous est présentée ici, et
qui se termine par un chapitre original, celui des armes médiévales, qui furent à l'origine de tant de
blessures qui ne purent qu'inciter les chirurgiens (citons Ambroise Paré), à améliorer leurs
techniques de soins des plaies en tout genre.
(Rareté : 0/2000 (ouvrage épuisé au musée de la médecine, introuvable!) ; 0 sur Amazon ; Il en
passe quelquefois un exemplaire, avec ou sans jaquette, sur Ebay). Ce livre est donc un bon
investissement bibliophilique !)
« Le corps exploré », Marie-Véronique Clin, Michel
Bonduelle, André Cornet, Pierre Lefebvre, Pierre Léger,
Denys Pellerin, Alain Ségal, sous la direction de GeorgesAlfred Crémer, photographies Fabio Donato, 189 p, 1997,
édition du Musée d'histoire de la médecine, Académie de
chirurgie.
Ce deuxième opus est de la même veine que « Le
corps blessé ». D'une réalisation toujours aussi soignée, ce
bel ouvrage fait cette fois-ci la part belle aux instruments
et à leur histoire. Les auteurs racontent comment nos
prédécesseurs ont fait évoluer les instruments, pour les
rendre toujours plus pratiques et efficaces, et comment le
corps humain, et notamment ses cavités naturelles comme
la vessie, sont devenues accessibles, d'abord dans un
souci d'exploration, puis de traitement, pour traiter « la
pierre » notamment. Parmi les splendides photographies,
comment ne pas s'extasier devant le lithotriteur à archer
de Civiale qui tient autant de la haute technologie (pour le
XIXe) que de l’œuvre d'art. Intéressante également, la « chasse à la lumière », ou comment éclairer
des cavités profondes en ne disposant pas de l'électricité !
Ce livre a été pour moi un vrai coup de cœur lorsque j'ai enfin pu en acquérir un exemplaire. A
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classer sans hésiter dans la catégorie beaux livres et à conserver précieusement dans sa
bibliothèque.
(Rareté : 0/2000 (ouvrage épuisé au musée de la médecine, introuvable!) ; 1 sur Amazon à 45
euros ; Il en passe quelquefois un exemplaire, avec ou sans jaquette, sur Ebay). Ce livre est donc,
comme « le corps blessé », un bon investissement bibliophilique !)
« Outils de la santé et médecine d'autrefois », Dr Guy
Gaboriau, Photographies Gilles Kervella, 194 p, 2003,
éditions de la Reinette.
Magnifique ouvrage, très agréable à lire qui présente
la collection impressionnante de l'auteur, lequel utilise ses
merveilleux objets pour nous raconter une histoire de la
médecine on ne peut mieux illustrée. On ne pourra que
rester rêveur devant l'écorché Auzoux, le vaporisateur du
Dr Lefebvre, les coffrets chirurgicaux ou de
thanatopraxie.
L'auteur nous dévoile les outils médicaux et d'hygiène
de la préhistoire à nos jours, et couvre globalement toutes
les spécialités.
Ce livre est un incontournable. C'est l’œuvre d'un
passionné qui a réussi à constituer une collection de
niveau muséographique. Un exemple à suivre ! Bien que
récent, son succès lui vaut d'être difficile à trouver.
(Rareté : 3/2000 ; prix constaté : 42 à 50 euros).
« Les instruments d'anesthésie et de réanimation
(France, Allemagne, Royaume-Uni, 1847-1970) »,
Jean-Bernard Cazalaà, David Baker, Marie-Thérèse
Cousin, photographies Jean-Pierre Alonzo, 157 p, 2008,
édition Glyphe.
De rédaction bilingue français / anglais, cet ouvrage,
aussi somptueux que les précédents, est un
incontournable pour les instruments d'anesthésie et de
réanimation. Les trois auteurs, tous anesthésistes, ont
rédigé ce livre après le succès remporté par l'exposition
d'instruments anciens d'anesthésie et de réanimation
installée en marge du World Congress of
anaesthesiologists en 2004 à Paris. Cette exposition
rassemblait plus de 150 appareils provenant de
collections particulières ou de musées.
C'est toute l'histoire (ou presque) de l'anesthésie qui
s'écrit dans les reflets métalliques des instruments
présentés. On y retrouve quelques électrocardiographes de la collection d'André Foeller (voir
Clystère n° 5, décembre 2011), prêtés pour l'occasion. La lecture de ce beau livre est un
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enrichissement pour les yeux comme pour l'esprit.
(Rareté : 1/2000 (ouvrage récent, donc absent chez les bouquinistes) ; 1 exemplaire sur Amazon ;
Sinon en vente chez l'éditeur (cliquer ici) ; Prix éditeur : 42,75 €).
« Histoire de l'anesthésie, méthodes et techniques au
XIXe siècle », Marguerite Zimmer, 757 p, éditions EDP
sciences, 2008.
Cet ouvrage mérite sa place dans cet article, tant il
comporte de dessins d'instruments d'anesthésie. C'est un
énorme pavé de 757 p qui retrace en détails l'histoire des
instruments d'anesthésie, mais aussi de l'anesthésie, et des
produits chimiques utilisés. C'est une masse incomparable
de données sur l'histoire technique de cette discipline,
dans laquelle le médecin, les historiens (de la médecine,
des sciences, de l'ingénierie, de la chimie, etc...) pourront
puiser à loisir en cas de besoin.
Personnellement, et je le regrette parce que c'est un
ouvrage en tous points remarquable, j'avoue avoir parfois
sauté des passages, et l'avoir abandonné avant la fin.
C'est, à mon sens, plus un livre « base de données » qu'un
livre de chevet. Les anesthésistes diront probablement le
contraire. Il reste en tout cas un ouvrage unique (et pour
longtemps) sur l'histoire des techniques et des sciences liées à la discipline anesthésique, auquel il
est impensable de ne pas se référer pour tout travail de recherche sur le sujet.
(Rareté : 0/2000 (ouvrage récent, donc absent chez les bouquinistes) ; 4 exemplaires sur Amazon ;
Disponible chez l'éditeur EDP sciences (cliquez ici) ; prix éditeur : 59 €)
« Les musées de médecine », sous la direction de Gérard
Tilles et Daniel Wallach, 163 p, 1999, Editions Privat.
Cet ouvrage, comme l'indique son titre, présente
l'histoire passionnante des musées d'histoire de la
médecine français. Il est richement illustré des instruments
conservés dans ces institutions, et le texte fort documenté
nous emmène aux quatre coins de l'hexagone, pour nous
inciter à entreprendre un tour de France à la découverte de
toutes ces merveilles. A ma connaissance, c'est le seul
livre qui traite de ce sujet. Il a donc, comme les
précédents, sa place dans votre bibliothèque. Sa
réalisation soignée en fait un document agréable à
consulter. Il y manque cependant le musée de Hautefort
(Dordogne) installé dans un hospice du XVIIe.
(Rareté : 1/2000; 3 exemplaires sur Amazon ; prix de 30 à
36 €).
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Ci-après les deux seuls ouvrages sur les étains médicaux qui existent, à ma connaissance, en
langue française.
« Les étains médicaux et pharmaceutiques », Abbé
Paul Bidault, Dr Jean Lepart, 88 p, éditions Charles
Massin, sans date (années 70-80).
Ce livre illustré uniquement de photographies de
bonne qualité en noir et blanc, date un peu, mais reste
intéressant pour débuter. Il contient un nombre
important de poinçons de potiers, et de nombreux objets,
comme de la vaisselle d'hospice. On peut regretter que,
en définitive, le nombre d'objets différents soit réduits.
Vous ne trouverez pas non plus dans ce livre de texte
explicatif des objets, ni sur la poterie d'étain en général.
(Rareté : 28/2000; un livre facile à trouver. Attention
cependant aux prix pratiqués par les libraires d'ancien :
de 10 à 225 euros !).
« Histoire illustrée des étains médicaux », Dr Claude
Renner, 80 p, Egv-éditions, 2011.
Les étains médicaux ont probablement trouvé leur
Bible ! L'ouvrage qui semble bien mince contient en
réalité une masse incroyable d'objets médicaux et
pharmaceutiques, de vaisselle d'hôpitaux et d'hospice,
mais pas seulement. Il nous conte de manière claire et
agréable l'histoire des étains médicaux (depuis Rome),
nous explique l'évolution des poinçons, la refonte au
XIXe des objets fabriqués antérieurement. Les objets
présentés sont issus de la collection de l'auteur, certaines
photos émanant de collections de musée. L'ensemble
constitue une base documentaire sans égale
actuellement, avec de belles photos en couleur.
Une suggestion à l'auteur : à quand un ouvrage
consacré aux poinçons d'étains médicaux et
pharmaceutiques ?
Un livre à acquérir d'urgence, car comme tous les ouvrages incontournables, il sera difficile à
trouver dans quelques années.
(Rareté : 0/2000; livre récent absent chez les bouquinistes. En vente chez l'éditeur egv-editions
(cliquer ici pour aller directement au livre) au prix de 30 €).
Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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« Encyclopedia anatomica », Museo
Florence, Ed. Taschen, 703 p, 2004.
La
Specola,
Ouvrage extraordinaire, trilingue (français, anglais,
allemand), qui présente à travers des centaines de
photographies en couleur de grande qualité, la totalité des
moulages en cire de la collection anatomique du musée La
Specola de Florence (Italie). L'introduction porte sur
l'histoire du musée et de la céroplastie en anatomie.
On ne peut qu'être stupéfait du rendu de ces pièces
extraordinaires, comme par exemple le modèle corps
entier montrant les vaisseaux lymphatiques et veines des
viscères du thorax et de l'abdomen. Chaque modèle est
présenté en intégralité, avec des clichés détaillés de
chacune de ses parties. Les moulages osseux, musculaires,
viscéraux, font de ce livre un véritable atlas d'anatomie.
Certaines éditions sont dans une seule langue, attention
donc à l'achat. Attention également aux « paperback », vulgaires photocopies vendu à très petit prix,
avec probablement une qualité d'images dégradée. Curieusement, ce livre est assez facile à trouver,
et à très petit prix. Donc, inutile de se priver de l'ajouter à sa bibliothèque.
(Rareté : 4/2000; prix 20 €).
Toute référence à cet article doit préciser :
Martin JP : Les livres modernes en français consacrés aux objets médicaux anciens.
Clystère (www.clystere.com), n°6, 2012.
Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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A découvrir :
Le numéro spécial 142, décembre 2011, de la Société Française d'Histoire des Hôpitaux
(SFHH), qui présente « Le musée imaginaire hospitalier », sur une initiative heureuse de
Bernard Belaigues (Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille).
A l'instar du musée imaginaire d'André Malraux, Bernard Belaigues a su convaincre JeanPaul Ségade, président de la SFHH, de réaliser ce numéro spécial. Outre les œuvres d'art
conservées dans les hôpitaux nationaux, ce numéro nous offre de superbes instruments
médicaux anciens, mais aussi des objets beaucoup plus inhabituels comme les monnaies de nécessité de
l'hôpital de Cadillac (Gironde) frappées dans les années 1950. Un bon moment de lecture.
A visiter, le site de la Société Française d'Histoire des Hôpitaux, sur laquelle vous trouverez un
formulaire d'adhésion (45 € / an).
Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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Insolite : Rennes : la balade des poumons artificiels !
Un beau moment de la vie du tout jeune Conservatoire du Patrimoine Hospitalier de Rennes,
qui a reçu en donation deux poumons artificiels, l'un pour adultes, l'autre pour enfants, provenant
du service de rééducation du CHU de Rennes. Ils ont été transférés à l'Hôtel-Dieu, en partie
désaffecté, où se trouve le conservatoire, où ils ont retrouvé la centaine de pièces déjà offertes
par le CHU. Annic'k Le Mescam, présidente du Conservatoire, a eu la gentillesse de nous
adresser plusieurs photos de ce déménagement et des « poumons », que je peux, avec son accord,
vous faire partager. Images insolites semblant tout droit sorties des années 1960 !
Pour mémoire, rappelons que les poumons artificiels représentent l'équivalent moderne du
« spirophore » du Docteur Eugène Woillez inventé en 1876. Les poumons artificiels modernes
étaient, comme on le voit sur la photo ci-après, constitués d'un cylindre d'acier étanche dans
lequel était installé le patient, le plus souvent souffrant de poliomyélite, qui, en raison des
atteintes musculaires,
était en situation de
détresse respiratoire.
Seule la tête du patient
était hors du caisson
dans lequel on créait en
alternance dépression et
surpression,
pour
mobiliser
la
cage
thoracique.
Les poumons d'acier ont
rendu de fiers services
et sauvé de nombreuses
vies jusque dans les
années 60. Certains
patients y ont passé de
nombreuses années...
Les « poumons » dans le cloître de l'Hôtel-Dieu
© - Conservatoire du Patrimoine Hospitalier de Rennes
Ces poumons portent la plaque du fabricant français
« Le matériel médical & sanitaire », Paris.
© - Conservatoire du Patrimoine Hospitalier de Rennes
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Au premier plan « poumon pour adulte », derrière celui pour enfants.
© - Conservatoire du Patrimoine Hospitalier de Rennes
Claustrophobes s'abstenir !
© - Conservatoire du Patrimoine Hospitalier de Rennes
Le Conservatoire du patrimoine hospitalier de Rennes se situe à L'Hôtel-Dieu de Rennes qui
est en partie désaffecté. Une convention de mise a disposition de locaux et certaines aides
accordées par le CHU de Rennes permettent à ce conservatoire de démarrer dans un
environnement très positif. Les collectivités locales, les structures muséales, les archives
municipales et départementales se montrent attentives...
Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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En ce début d'année 2012, tous mes vœux et mes encouragements vont à l'ensemble des
membres du conservatoire, pour la tâche colossale qui les attend : élaboration des fiches
d'inventaires, numérisation de la collection, etc...
Pour tout don, contacter :
Annic’k LE MESCAM
Présidente du Conservatoire du Patrimoine Hospitalier de Rennes
2 rue de l’Hôtel-Dieu
CS 26419
35064 RENNES
Mail : [email protected]
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A voir : Adeline Rivière, Assistante culturelle en charge du patrimoine au CHU de Dijon , nous informe
de l'exposition temporaire organisée sur le thème : « Le CHU de Dijon : les objets témoins de son
parcours hospitalier 1204 - 2012 ». Nous la remercions de bien avoir voulu nous transmettre le
communiqué de presse ainsi que deux photos de pièces exposées.
Dès le 16 janvier, l’hôpital met en place au rez-dechaussée du bâtiment Bocage Central un cycle
d’expositions afin de garder la mémoire des huit siècles
d’activité qui ont contribué à faire du Centre
Hospitalier Universitaire de Dijon ce qu’il est
aujourd’hui. Le CHU souhaite également que ces
expositions soient tournées vers le présent et l’avenir en
abordant l’actualité médicale et les différents domaines
de la recherche. Ces manifestations, renouvelées tous
les 6 mois, se veulent accessibles à tous :
La désaffectation progressive de l’Hôpital Général
liée au déménagement des services de soins sur le site du
Bocage, a conduit le Centre Hospitalier Universitaire de
Dijon à s’interroger sur le devenir de son patrimoine et
sur la manière d’établir une filiation historique de son
activité de soins entre « l’ancien » et « le nouveau » site.
Aussi, le CHU travaille-t-il depuis plusieurs années à la
mise en place d’une politique de gestion et de valorisation
de son patrimoine.
1ère exposition du 16 janvier au 15 avril 2012 :
Le CHU de Dijon : les objets témoins de son parcours
hospitalier - 1204-2012
L’hôpital de Dijon, fondé en 1204, est légataire d’un riche
patrimoine mobilier historique. Les objets qui nous sont
parvenus sont le fruit des croyances, des sensibilités et
des hasards de la conservation qui ont jalonné ses huit
siècles d’existence.
Conscient de cette richesse patrimoniale, le Centre
Hospitalier Universitaire travaille depuis une dizaine
d’année en étroite collaboration avec l’ARS (Agence
Régionale de Santé) et le Service Régional de l’Inventaire
afin de recenser tous ses objets patrimoniaux, au nombre
de 2500 environ.
Ernest Dubois, Buste de Sophie Grangier, plâtre, 1904.
Mme Sophie Grangier a fait de l’Hôpital Général (CHU
de Dijon) son légataire universel en 1905 Ce buste illustre
la rubrique « legs et dons ».© - CHU de Dijon.
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Depuis 2009, l’hôpital développe des partenariats
importants avec les musées de la Vie Bourguignonne et
d’Art
Sacré
ainsi
qu’avec
les
Archives
Départementales, afin de découvrir et mieux connaître
une partie importante de ses fonds patrimoniaux.
Dans la perspective de son départ définitif du site de
l’Hôpital Général, le CHU se propose de présenter ses
collections patrimoniales et d’en expliquer les
spécificités afin de mieux comprendre les enjeux de la
politique de gestion et de valorisation mise en œuvre.
Pot canon à piédouche, porcelaine, XIX e siècle, inscrit
au titre des Monuments historiques le 30 mars 2007.
Ce pot illustrera la rubrique « objets conservés pour
leur esthétisme ». © - CHU de Dijon.
Contact :
Adeline Rivière - Assistante culturelle en charge du
patrimoine.
Mail : [email protected]
Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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L'article « Les réducteurs de lumière : étude illustrée par un réducteur de marque Drapier » paru dans
le n° 5 de décembre 2011 a suscité les commentaires avisés suivants :
Philippe Lépine (Lyon) :« le titre "réducteur de lumière", même s'il a été utilisé dans des catalogues est
tout à fait incorrect. Ces appareils sont des "réducteurs de tension". En effet, il fallait adapter la tension
fournie par les piles, les accumulateurs ou les réseaux à celle qui était convenable pour les ampoules
d'éclairage. Vous dites, avec raison, que les premiers appareils fonctionnaient à l'aide de batteries ou de
piles sèches mais vous enchainez en disant que les réseaux délivraient un courant alternatif de 110 volts, ce
qui n'est pas toujours exact. Je crois que les premiers réseaux (et c'était le cas à Lyon) délivraient du
courant continu et on ne pouvait donc pas y brancher des transformateurs. Les différents appareils que
vous décrivez pages 11,12,13 et 14 et qui sont appelés " réducteurs de lumière" sont en fait des résistances
de réglage qui fonctionnent aussi bien sur courant continu que sur courant alternatif mais ont été construits
essentiellement pour le courant continu. Dès qu'on a eu du courant alternatif sur les réseaux, il était
beaucoup plus simple d'utiliser des transformateurs. Le "Neo-Pygmée qui figure page 15 en est un mais
aussi celui de la figure 14 que vous appelez "modèle Simal 1943" qui, en réalité, était fabriqué par Dufour
à Paris. La mise en service des galvanocautères demandait un courant de tension plus faible que celui
nécessaire aux appareils d'éclairage, mais aussi d'intensité plus élevée, si bien qu'on s'est mis à construire
des transfos "cautère- lumière" contenant 2 transfos à rhéostat, différents, dans un même boitier ».
Clystère : « Effectivement, les réducteurs de lumières étaient des réducteurs de tension : je le dis
maladroitement page 14 sous la forme "il s'agit donc d'un transformateur de tension". Pour les réseaux, je
précise bien qu'ils étaient en courant alternatif ou continu et n'étaient pas uniformisés. Merci pour vos
précisions sur l'utilisation des réducteurs essentiellement pour le courant continu, alors que les
transformateurs l'étaient pour l'alternatif. C'est toute la difficulté d'écrire l'histoire de ces instruments, car
les seules données disponibles (en tout cas celles dont je dispose) sont issues des catalogues de matériels
médicaux (ceux-ci étant difficiles à trouver). Rien ou presque sur la technologie des appareils anciens,
même dans les revues d'époque. Vos commentaires donnent tout son sens à la revue, dont le format
électronique permet cette belle interactivité auteur / lecteur que n'autorisent pas les revues papier. Votre
regard et votre expérience d'ingénieur spécialiste des matériels médicaux vous permettent de livrer aux
lecteurs les données techniques que les médecins ne possèdent plus sur les instruments utilisés autrefois.
On est en effet bien loin de l'époque où les couteliers (les premiers fabricants de matériels médicaux)
fréquentaient les salles d'opérations pour mieux comprendre et répondre aux besoins spécifiques des
chirurgiens. Les médecins d'aujourd'hui se contentent du produit fini livré avec sa notice, et ne cherchent
pas à soulever "le capot" de leurs machines. On ne peut donc que « militer » dès aujourd'hui, pour une
conservation systématique des notices techniques de nos appareils modernes, qui dans un siècle, seront à
leur tour considérés comme des antiquités. »
N'hésitez pas à commenter les articles parus, à poser des questions sur des sujets qui vous tiennent à
cœur, ou à faire partager les bons moments de vos musées, associations, ou collections privées.
Prochain numéro :
1er Février 2012
Clystère, n° 6 – Janvier 2012
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