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Luxe L’amour se fiche du luxe. Quand on aime, on vit d’amour et d’eau fraîche. C’est mon cas. Je n’ai pas besoin qu’il vienne me chercher avec une voiture décapotable au bureau, ni qu’il m’offre une bague sertie de diamants. L’argent ne m’intéresse pas, ni le faste, ni l’apparat. Je leur préfère un baiser. Ma mère est désespérée. MétieR Les médecins sont les vainqueurs dans le classement d’hommes les plus prisés. Viennent ensuite les architectes, suivis des psys. Pour ces derniers, et surtout s’ils sont psychanalystes, je comprends très bien. Les femmes arrivent souvent en miettes chez un psy. Une rupture d’amour, un homme qui les a blessées. Elles doivent se reconstruire, comprendre ce qui est arrivé. Dans le théâtre symbolique de son cabinet, elles vont pouvoir rejouer à travers lui les scènes importantes de leur passé. Il est là à leur écoute, sans les juger, sans les traiter d’hystériques, de maniaques du rangement, de pleurnichardes, de capricieuses. Il est muet. 58 59 mort Nous les femmes, nous ne craignons pas la mort, c’est là qu’arrive enfin le baiser du Prince Charmant. Mots Mots tendres à la disposition des hommes : Tu es la plus jolie femme du monde. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé. Tu es ma lumière. Je brûle d’amour pour toi. Je puise dans tes yeux le bonheur et la vie. Tu es le soleil de mes nuits. J’irai là où tu iras. Je t’aime au-delà de tout. Je t’aime pour l’éternité. Tes mains ne sont que caresses. Les roses t’envient. Je ne veux pas te perdre. Je t’aime à en devenir fou. Je souffre quand tu n’es pas là. Tes rêves sont à présent les miens. Ma plus belle histoire d’amour, c’est toi. Mots cruels : Vous en connaissez assez comme ça. 60 61 MythESetlégEndes Un de perdu, dix de retrouvés. muscles Le cœur est un muscle qu’il convient de faire travailler, m’a dit le médecin. Maintenant je sais : je mourrai de tout sauf d’une crise cardiaque. 62 63 NeigE À Barcelone, la neige ne tombe que dans une boule en cristal que l’on secoue. Jeune fille, j’en avais une sur l’étagère de ma chambre, avec, à l’intérieur, une tour Eiffel qui me faisait rêver. Malgré le fait de ne pas être amoureuse du garçon qui me l’avait offerte, cette boule de cristal était pour moi un objet d’amour. Souvent, avant de me mettre au lit, je la secouais et mon cœur se remplissait alors de flocons d’espoir. Aujourd’hui, ils n’ont toujours pas fondu. Opéra Mes parents ont failli m’appeler Carmen. 64 65 PArents Recevoir une lettre d’amour avec des fautes d’orthographe, ce n’est pas grave du tout. Les petites imperfections du bien-aimé, on les trouve souvent amusantes, touchantes. Et puis, ce sont les sentiments exprimés qui comptent. Les lapsus sont plus embêtants, certains peuvent même s’avérer fatals. Comme celui dans cette lettre que j’ai reçue de sa part, où, à la fin, en guise d’apothéose, il avait écrit en très grand JE L’AIME . Toutes les petites filles tombent amoureuses de leur papa et désirent secrètement se marier avec lui. Cela se comprend, un papa est grand et costaud, il sent bon l’après-rasage, son torse est poilu et ses pieds impressionnants. Tout ce dont une fille a besoin pour se sentir protégée. Il est donc son héros, celui aussi qui la regarde avec des yeux qui la rendent si précieuse et féminine. Mais hélas, arrive le jour où elle lui fait part de ses projets pour eux deux et où son monde s’écroule. Je l’ai vécu et je m’en souviens encore. La réponse que la petite fille reçoit est implacable, d’une violence qu’elle n’aurait jamais cru devoir un jour encaisser. Non, son père ne peut pas se marier avec elle, il en aime une autre. Sa mère qui plus est ! 66 67 OrthogRapHe peinturE Le baiser volé de Fragonard est plein de malice. Le baiser de Picasso, torturé. Le baiser de Klimt, d’une tendresse infinie. Le baiser de Munch, fusionnel. Celui que je reçois a les quatre propriétés à la fois. PasSion Ma grand-mère m’a appris très jeune à attiser les braises du brasero pour ne pas qu’elles s’éteignent. C’était, à l’époque, notre seule source de chaleur pendant nos longues soirées d’hiver. J’attisais, rêveuse, quand elle s’est approchée de moi. C’est la même chose avec l’amour, m’a-t-elle dit, il faudra aussi que tu surveilles ses braises pour qu’il soit toujours vivant. Vivant, il l’a été, il a même fait de grandes flammes, dans lesquelles je me suis brûlée. C’est mon grand-père qui aurait dû me parler. Il était pompier. 68 69