Libre expression des salarié-e-s du Réseau "Sortir du nucléaire
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Libre expression des salarié-e-s du Réseau "Sortir du nucléaire
Libre expression des salarié-e-s du Réseau "Sortir du nucléaire" Nous saluons tout l’intérêt du premier congrès qui a pour but de réfléchir à l'avenir du Réseau et à la stratégie du mouvement antinucléaire. C’est dans ce cadre que nous tenons à partager avec les membres de l'association quelquesunes de nos réflexions collectives. Ce texte, écrit à plusieurs mains, se veut un message positif résolument tourné vers l'avenir et un appel à une approche éthique des relations humaines, que ce soit entre les salariés et l’employeur représenté par le CA, que, plus globalement entre tous les membres de la fédération (groupes, militants individuels, administrateurs et salariés). Mais qui sont les salarié-e-s du Réseau et que font-ils ? Depuis sa création en 1997, le Réseau a progressivement eu recours à des salarié-e-s pour effectuer certaines tâches et missions, que les militants bénévoles n'avaient pas le temps d'effectuer. Coordination de campagnes et mobilisations nationales, soutiens et organisation d'actions aux côtés des groupes et des militants actifs, réalisation et diffusion de matériel militant et de supports de communication, sites et outils web, gestion de nombreuses adresses, des ressources financières, secrétariat, levée de fonds, coordination du travail et des ressources humaines, autant de fonctions qui contribuent au quotidien à la lutte antinucléaire. Nombre d'entre nous disposent d'expériences militantes, antinucléaires, ou dans d'autres champs de l'écologie et de la transformation sociale. Avant de travailler au Réseau nos chemins de vie ont été très variés : engagé-e-s ou salarié-e-s dans des organisations militantes, en reconversion professionnelle pour des raisons éthiques, jeunes diplômés parfois, nous sommes tou-te-s porté-e-s par le choix de donner du sens à notre travail, de nous impliquer fortement au quotidien pour l’association et d’œuvrer concrètement pour la sortie du nucléaire. Un congrès, oui, mais comment ? La mise en œuvre de ce congrès était annoncée comme l’une des priorités du CA nouvellement élu. Malheureusement la mise à l'écart de l'équipe salariée et l’absence de dialogue, tant dans la préparation que sur leur présence lors de l’événement, a généré de réelles difficultés de travail, et la mise en place tardive et imparfaite d’un certain nombre d’outils. Difficultés qui font dire à certains que l'équipe salariée est une force d'inertie qui mettrait tout en œuvre pour bloquer l'évolution du Réseau, ce qui est faux. Alors que le rôle, la place et le travail des salarié-e-s seront débattus au congrès, nous ne comprenons pas pourquoi nous ne pourrions pas partager notre expérience de la structure au quotidien. Un vrai rassemblement et une vraie unité peuvent-ils être envisagés lorsque le processus censé y conduire exclut d’office certains membres ? Des changements et des améliorations sont nécessaires, et nous avons des choses à apporter, par notre connaissance de l'association, de son fonctionnement et ses dysfonctionnements, de ses capacités réelles, de ses limites, et des réalités afférentes à nos tâches et missions professionnelles respectives. Régionaliser, relocaliser, quelles implications ? Il nous semble crucial de prendre le temps d'interroger les besoins réels des groupes et militants de la fédération, au niveau local bien sûr, mais aussi à l’échelle nationale en terme d’organisation de l’association et de suivi des différentes thématiques nucléaire afin de confirmer la nécessité ou pas de décentraliser des postes. À quels besoins ou objectifs fondamentaux pour le mouvement antinucléaire entend on répondre par une régionalisation du Réseau ? Comment sera-t-elle mise en œuvre ? Comment seront définies les régions et par qui ? Cette définition répondra-t-elle réellement aux besoins de terrain, qui ne sont pas homogènes ? Lorsqu’un travail est mené sur un sujet en lien avec les groupes locaux, plusieurs salariés sont amenés à intervenir selon différents domaines de compétences mutualisés à l'échelle nationale (juridique, mobilisation, campagne, communication..). Comment cela s’articulera-t-il dans le cadre d’une régionalisation ? Quelles que soient les pistes retenues, porter le changement et engager un processus dans ce sens devrait impliquer de réaliser des bilans de l’existant en donnant la parole au plus grand nombre pour questionner ce qui fonctionne ou pas.. Pour ce faire, des assemblées régionales, basées sur l'horizontalité et la participation de toutes et tous et faisant remonter les constats sur les réalités de terrain et les besoins, pourraient par exemple être mises en place. La place des salariés, un vrai débat à porter ensemble Nous sommes bien conscient-e-s que la présence de salarié-e-s dans une structure associative pose très clairement des questions politiques essentielles : l'articulation des rôles entre militant-e-s, administrateurs/trices et salarié-e-s, la répartition des tâches, et les prérogatives de chacun. Ces questions ne doivent pas être taboues et ne le sont pas pour nous. Nous pensons que, dans une association militante, un espace d’échanges doit être mis en place afin qu’un débat sincère, serein, sans invectives ni mise à l'écart d’une partie des acteurs, puisse avoir lieu. Des difficultés récurrentes dans le secteur associatif Les difficultés que le Réseau connaît depuis plusieurs années n'en font pas une exception dans le monde associatif, qui est le lieu de conflits fréquents et souvent intenses. Ce constat est régulièrement dressé par les syndicats, comme ASSO 1 dont une section syndicale a été créée par plusieurs d’entre nous fin 2015. Puisque ces difficultés ne sont pas une particularité du Réseau, toute réflexion à propos de la place et du rôle des salariés devrait donc prendre du recul par rapport aux visions divergentes des tenants et aboutissants spécifiques à notre association. La crise structurelle que nous connaissons met en lumière une tension récurrente dans le monde associatif : le plus souvent les dirigeants bénévoles n'assument que partiellement ou avec réticence leurs responsabilités d'employeur vis-àvis des salarié-e-s, même lorsqu'ils y sont en partie formés. C'est la situation qu'avait vécue la majorité de l'équipe salariée fin 2009-début 2010. S’il est compréhensible que des militant-e-s bénévoles puissent refuser la posture de "patron", les difficultés rencontrées aujourd'hui doivent rapidement être dépassées pour éviter une nouvelle impasse. Le Réseau de demain : une association éthique, un employeur alternatif ? S'il est un lieu où la pratique démocratique est généralement exclue, c'est bien le monde du travail. Nous plaidons pour qu'il en soit autrement au Réseau, non seulement pendant le congrès, mais aussi dans le fonctionnement courant de l'association. Dans une logique de transformation sociale, tous les acteurs qui font le Réseau pourraient s'accorder, pour en faire un véritable "employeur alternatif". En se tournant par exemple vers ce qui se fait dans certains secteurs de l'économie sociale et solidaire. Les salarié-e-s y ont un rôle et une place bien définis, une « voix au chapitre » comme les autres acteurs, dans les décisions qui concernent la structure. L’employeur s’y fait le garant de la définition claire et du respect des statuts et de la juste répartition des rôles et prérogatives de chacun. Il considère les compétences et connaissances des salarié-e-s comme des richesses et non comme une quête de « pouvoir » et applique le droit du travail dans sa dimension de protection salariale. Le Réseau a connu ces dernières années bien trop de tensions. Le congrès doit lui permettre d'apprendre de ses erreurs et de sortir de ce passage difficile par le haut. Il doit être le lieu où est actée une approche écologique et éthique des relations entre tou-te-s les membres de l'association. L’équipe salariée du Réseau « Sortir du nucléaire » Fin décembre 2015 1 Action des Salarié-e-s du Secteur Associatif, membre de l’Union syndicale Solidaires.