Rimbaud (1854-‐1891) Biographie

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Rimbaud (1854-‐1891) Biographie
Rimbaud (1854-­‐1891) Biographie Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-­‐mézières dans les Ardennes. Arthur est le deuxième enfant de la famille qui en comptera cinq. Son père, capitaine d’infanterie, est souvent absent jusqu’au moment où il abandonne femme et enfants. Sa mère l’élèvera seule, suivant des principes stricts. Le jeune Arthur est un élève brillant. Il sautera la classe de cinquième et entrera directement en quatrième. Grâce à sa plume talentueuse, il remporte divers prix dont le premier prix du Concours académique en 1869. C’est en 1870 qu’est publié son premier poème Les Etrennes des orphelins. Un nouveau professeur,Georges Izambard, vient enseigner dans le lycée d’Arthur. Grand amateur de poésie, l’enseignant l’initiera à cet art. Rimbaud découvrira notamment la poésie parnassienne. En mai, Arthur adresse quelques-­‐uns de ses poèmes à Théodore de Banville, afin d’être publié dans le Parnassien contemporain. Mais cette tentative reste infructueuse. En août, la France entre en guerre contre la Prusse. Arthur, alors âgé de 16 ans, fait sa première fugue à Paris. C’est son professeur Georges Izambard qui le fera sortir de prison. Libéré début septembre, il fait une deuxième fugue vers la Belgique début octobre. Il envoie à Paul Demeny deux Lettres dites « du voyant ». Dans l’une d’elle, il exprime sa volonté de devenir un voyant, et ce par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Verlaine, à qui Rimbaud a envoyé ses écrits, est touché par les vers du jeune homme et l’invite à Paris : "Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend". Rimbaud s’y rend aussitôt, emportant avec lui son poème Le bateau ivre. S’en suivront deux années d’errance et de vagabondage. Ils vivront à Paris chez Verlaine (lui-­‐même étant marié et vivant en ménage) et mèneront une vie de bohème en fréquentant les bars du quartier Latin. Puis, les deux amants passeront par Bruxelles et Londres. Leur liaison s’achèvera violemment. Le 8 juillet 1873, Verlaine et Rimbaud se disputent et décident de se séparer. Verlaine, en état d’ébriété, tire sur Rimbaud et le blesse. Verlaine sera condamné par la justice belge à deux ans de prison. Peu après, Rimbaud achève et publie Une saison en enfer. Celui que Verlaine avait surnommé « l’homme aux semelles de vent » poursuivit seul ses voyages. Il écrit Illuminations. Mais à dix-­‐
neuf ans, il choisit d’abandonner la poésie. Il enchaîne les destinations : Hollande, Suisse, Allemagne, Italie, Chypre… En 1880, il devient gérant d'un comptoir commercial en Abyssinie. En 1886-­‐87, il se lance dans le trafic d’armes dans l’espoir de devenir riche. L’affaire se révèlera un désastre. En 1891, il souffre de douleurs au genou et se fait rapatrier en France. A Marseille, les médecins découvrent une tumeur au genou. Rimbaud doit immédiatement se faire amputer de la jambe droite. La maladie progresse et Rimbaud meurt le 10 novembre 1891 à Marseille. Il est alors âgé de trente-­‐sept ans. Comme il n’y a pas trop de résumé à faire je vais mettre une analyse d’un poême qui m’a beaucoup plu. Ça peut aider à analyser : il s’agit de « sensation » À savoir Quelques analyses: Sensation (1870) Le poème déclare un projet : il est écrit au futur : « j’irai » (2 fois), « j’en sentirai », « je laisserai », « je ne parlerai pas, je ne sentirai rien », « montera ». La référence spatio-­‐temporelle du premier vers évoque des paysages idéaux («soirs bleus d’été ») et indéfinis. Les futurs, les pluriels de « sentiers » et surtout de « soirs » excluent toute référence à une expérience précise réellement vécue. Il s’agit bien d’un rêve pour demain, pour l’été qui vient peut-­‐être, ou pour un avenir plus lointain encore. L’auteur se rêve en vagabond (« comme un bohémien » v.7). La répétition du verbe « aller » (vers 1 et 7), de l’adverbe « loin » (« loin, bien loin » v.7) indiquent l'attrait de la promenade, de la marche à pied dans la campagne (« par la Nature » v.8, où la préposition par signifie « à travers », avec une idée de traverser, de parcourir). Dans la deuxième strophe, le rapport avec la Nature (que Rimbaud écrit avec une majuscule pour la personnifier ou la diviniser, à la manière des Romantiques) est décrit comme une forme d’amour : « Et l’amour infini me montera dans l’âme ». La nature est comparée à une femme : « heureux comme avec une femme ». Des harmonies phonétiques : assonances en [é] dans le premier quatrain, échos des [eur] dans le vers 3 (rêveur/fraîcheur), des [in] dans le vers 7 (loin, bien loin, bohémien), s’ajoutent à la délicatesse des rimes (notamment féminines : âme/femme ; nue/menue) pour créer une atmosphère douce et musicale qui transmet au lecteur une impression de bien-­‐être et de bonheur. Il ressort bien du poème le rêve d’un bonheur idéal rencontré dans l’harmonie avec la Nature. Comme le suggère en outre le titre, l’image que l’adolescent se fait du bonheur est essentiellement sensuelle. Dans la première strophe, Rimbaud fait appel presque exclusivement à des sensations tactiles : « picoté », « fouler », « baigner », « fraîcheur ». Le picotement des blés, la fraîcheur de l’herbe et du vent sont des sensations liées à la saison où le poème a été écrit : le printemps. Le choix de sensations tactiles, liquides même (« baigner », « fraîcheur »), exprime le désir d’un contact physique avec la nature. De même, il convient de noter la double phrase négative du vers 5 : « Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien » qui vise à placer hors-­‐
circuit l’être conscient, l’intellect. C’est dans la sensation brute seulement que le bonheur peut être atteint. Dans le second quatrain, l’organisation syntaxique de la phrase vise à produire un rythme ascendant qui suggère une exaltation grandissante jusqu’à l’apothéose du dernier vers. Le vers 5, sagement coupé en deux, est un alexandrin régulier. Le vers 6, dépourvu de césure* forte à l’hémistiche, se lit d’un seul tenant et allonge le rythme; le verbe « monter », exprime l’idée d’une intensité croissante ; en outre, on entend dans ce vers à cinq reprises la lettre qui se prononce « Aime! » et qui s’articule en avançant les lèvres, comme pour un baiser. Le vers 7, avec la répétition « loin, bien loin » commence avec un mouvement de vague ascendante et déborde sur le vers suivant grâce au rejet du groupe « par la Nature » : cet allongement au delà des limites normales du vers élargit l’espace du vagabondage et amplifie le chant jusqu’à un point d’équilibre matérialisé par le tiret. Le dernier segment du vers 8 : « heureux comme avec une femme » suggère l’accession à un état de bonheur parfait et de plaisir pur, comparable à l’union entre un homme et une femme. Dans ce texte printanier, on peut trouver l’expression simple mais juste d’une âme adolescente : l’attente du bonheur, le désir de s’évader, de vagabonder de par le monde. L’éveil de la sensualité s’exprime dans la quête d’une intensité des sensations, la célébration imaginaire d’une noce avec la Nature. Une saison en Enfer est peut-­‐être, comme l'a prétendu Verlaine, une « prodigieuse autobiographie spirituelle » de Rimbaud. L'écriture chaotique est sans cesse traversée par une multiplicité de voix intérieures. Le locuteur y crie sa souffrance, son expérience intime : il a compris qu'il ne pouvait « voler le feu » pour lui seul. Une « ardente patience » est indispensable pour que la défaite ne soit pas définitive. Mais vouloir oublier « l'Enfer », c'est trahir l'humanité. Pourtant, dans la solitude atroce de la ville, la fatigue étreint le jeune poète. e
Régulièrement aphasique ou traversé par des cris de révolte contre l'Église, contre la société du XIX siècle qui enferme l'individu, Rimbaud fait part au lecteur de ses échecs : échec amoureux, et l'on peut penser à sa relation avec Verlaine, mais aussi au fait que pour lui, « l'amour est à réinventer ». Échec aussi de sa démarche de Voyant : c'est un être qui, seul, a voulu se damner pour retrouver le vrai sens de la poésie. Quelques pistes pour analyser : Effet Poétique • Disposition étrange : 11 versets très courts qui contiennent rarement plus d'une phrase : Texte en prose mais fréquents alinéas rappelle la composition des vers libres en poésie • Syntaxes rythmiques et phonétiquement mélodieuses : 'où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient' : chiasme, 6 syllabes dans chaque proposition et assonance en "ou" • Alexandrin 'un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux' • Figures style : métaphores ('bond sourd de la bête féroce'), parallélismes, anaphores ('Je me suis...') • Apostrophes, interjections, phrases ! • Présence d'un dialogue théâtral car il y a des tirets : discours entre je et son démon qui tend à être tragique • Apostrophes, interjection, phrases exclamatives • Expressions familières ('dernier couac, j'ai joué de bon tours'), propositions sans verbe conjugués ('Mais, cher Satan..., une prunelle – irritée !) : le style oral renforce la volonté de dramatiser le texte en le théâtralisant afin de toucher le lecteur par la spontanéité et la simplicité des répliques • Fragment de vie de Rimbaud : la présence du je, une chronologie sélective des souvenirs, des écarts temporelles ('Jadis, un soir') • Indications ressortent vraisemblablement d'expériences personnelles ('me suis armé contre justice, joué bons tours à folie, étant trouvé sur point faire dernier couac') doivent faire allusion à des faits, des accidents, ou des états que Rimbaud à du connaître • Phrases brèves, simples et ponctuation expressive (points d'exclamations, tirets fréquents) font penser à un tâtonnement de la pensée faisant le bilan introspectif de périodes vécues (importance de sa biographie) • Une enfance heureuse et insouciante : passé lointain et indéfini ('si je me souviens bien') et qu'on est tenté de situer dans enfance du je • Rimbaud parfois est en plein désarroi. Dégoûté de sa vie, des autres, de lui-­‐même, il a perdu confiance, le goût de vivre et ne sait plus à quel Saint (quel diable) se vouer ==> Par de nombreuses figures style et d'images brèves et violentes, Rimbaud explique son enfer : n'est-­‐il pas plus horrible d'endurer les supplices que l'on se fixe nous même ? ==> Poète maudit : Rimbaud a choisit de vivre en dehors du monde et des normes morales, sociales, il a choisit vie plus ténébreuse, marginale où il se met en quête d'expériences nouvelles. Parti pris de mélanger les tons : le langage familier côtoie le langage soutenu, la désinvolture et le sérieux, le solennel (damnation), le dialogue théâtral et l'écrit d'un récit. !
Avec l’introduction qui ouvre le recueil, Rimbaud affiche ses intentions de dérouter et de surprendre en rejetant la Beauté, allégorie de la poésie classique • La fin introduit un interlocuteur : 'Satan'. Le prologue d'un récit autobiographique s'adresse d'habitude aux lecteurs, ici c'est à Satan que Rimbaud s'adresse et c'est à lui qu'il semble dédier son recueil ('je vous détache ces quelques feuillets...') (toujours dans l’introduction d’une saison en enfer) " Moment d'exil, de solitude, de souffrance, de malheur qu'a connu Rimbaud, un épisode dont le livre constituerait l'histoire. " Œuvre (autobiographique ?) dont l'enjeu sera de savoir si le poète peut inverser sa destiné placée sous le signe de la haine et retrouver le chemin de la charité, amour, bonheur : valeurs chrétiennes Evolution des différentes œuvres de Rimbaud : Cela peut vous être utile pour comprendre dans quelle ambiance le poème que vous analyser se trouve. En effet, Rimbaud a beaucoup changé d’étât d’esprit entre ces périodes, il faut donc en tenir compte ! •
Début, classique : début de sa vie =talent très naturel pour la poésie, sensations entremêlées •
Voyant : période voyant, synesthésie => association des sens, aspect différent de la poésie •
Une saison en Enfer : désillusion de l’expérience de voyant, période sombre de sa vie, ä londres, dans le froid, partagé entre son amour pour Verlaine et les idées religieuses (=pêché). Energie violente, son quotidient à Londres et comme un enfer : faim, froid, l’alcool, … •
Illuminations : tournant, fin du mal de «Saison en enfer», la douleur a été là, il la garde en mémoire, mais il passe par dessus. Laisse transparaitre sa prochaine idée : vivre la poésie (en voyageant) et non plus forcéement l’écrire. Presque libéré de ses démons. Espoir de salut ? Homme neuf ? Nouvelle vision, au delà du bien et du mal !
A la fin, Rimbaud a muri. Pour lui, il veut vivre la poésie et non plus l’écrire, ça peut être une des hypothèses pour lesquelles il a cessé d’écrire si tôt. 

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