un magazine scientifique n`est pas une émission d`affaires publiques

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un magazine scientifique n`est pas une émission d`affaires publiques
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Révision par l’ombudsman de Radio-Canada d’une plainte à propos d’un
reportage de l’émission Découverte, diffusé le 2 juin 2013 à la Télévision de
Radio-Canada.
LA PLAINTE
Le plaignant est M. André Fauteux. Il se présente comme l’éditeur du magazine La Maison du
e
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21 siècle. M. Fauteux se plaint d’un reportage diffusé le 2 juin 2013, à la Télévision de RadioCanada, dans le cadre de l’émission de vulgarisation scientifique Découverte. Il estime que ce
reportage à propos des effets potentiels des ondes électromagnétiques sur la santé humaine, et
plus particulièrement des nouveaux compteurs intelligents que veut installer Hydro-Québec dans
les résidences québécoises, était déséquilibré et partial.
M. Fauteux considère que l’équipe de Découverte n’a présenté qu’« un côté de la médaille », se
limitant à proposer aux auditeurs les avis des experts qui prétendent à l’innocuité des ondes
électromagnétiques, émises entre autres par les téléphones mobiles et les compteurs intelligents.
M. Fauteux a repris dans sa plainte tous des éléments du reportage, opposant aux énoncés de
chacun des experts interrogés, des arguments s’appuyant sur des études et recherches qui n’y
étaient pas mentionnés.
C’est exprès que je ne cite pas le texte de la plainte de M. Fauteux à laquelle l’auteur du
reportage, M. Claude D’Astous, et la rédactrice en chef de l’émission Découverte,
me
M Hélène Leroux, ont répliqué point par point avec moult détails. J’ai plutôt choisi de reproduire
intégralement, en annexe de cette révision, la plainte de M. Fauteux, la réponse du journaliste et
de la rédactrice en chef, la réplique de M. Fauteux par laquelle il m’a demandé cette révision et,
finalement, la réaction du journaliste Claude D’Astous aux affirmations contenues dans cette
réplique.
RÉPONSE DE LA DIRECTION DE L’INFORMATION
La réponse officielle de la direction de l’Information à M. Fauteux est venue de M. André Dallaire,
directeur, Traitement des plaintes et Affaires générales.
M. Dallaire exprime son désaccord avec le plaignant qui soutenait que le reportage « n’offrait
qu’un seul point de vue » sur les conséquences des ondes électromagnétiques pour la santé
humaine.
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http://www.radio-canada.ca/emissions/decouverte/2012-2013/Reportage.asp?idDoc=295659
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Il estime au contraire qu’un « effort de vulgarisation louable a été fait pour bien expliquer de quoi
il était question, comment ces ondes étaient mesurées, les observations de divers chercheurs et
les inquiétudes soulevées, voire les résultats qui, à l’occasion, signalaient un doute réel sur
l’innocuité de ces ondes pour la santé ».
Et il ajoute :
« Le journaliste Claude D’Astous vous a longuement répondu, nous ne
referons pas l’exercice ici. Cela dit, face à un sujet controversé comme celuilà, il est important d’examiner notre contribution à l’éclairage d’un tel sujet de
façon plus globale. En janvier 2012, le Téléjournal faisait largement écho
aux craintes de nombreux citoyens à l'égard de l’électrosmog, en abordant
là encore le sujet des compteurs intelligents d’Hydro-Québec.
(…)
Au fil des ans, depuis l’an 2000, Radio-Canada a réalisé et diffusé, à la radio
comme à la télévision, plusieurs dizaines de reportages portant sur les
ondes électromagnétiques et leurs effets. Nous avons largement exposé les
opinions favorables et défavorables. Nous continuerons à le faire quand
nous le jugerons à propos. »
LA DEMANDE DE RÉVISION
me
La réponse de M. Dallaire ni celle de M. D’Astous et de M Leroux, n’ont rassuré le plaignant.
Celui-ci m’a demandé de réviser le dossier, estimant que le reportage contrevenait aux Normes
2
et pratiques journalistiques (NPJ ) de Radio-Canada à plusieurs égards, à savoir le devoir « de
servir l'intérêt public, de refléter les diversités d'expériences et de points de vue et de faire preuve
d’équilibre ainsi que d’impartialité ».
Le reportage, ajoute-t-il, « ne rend pas justice aux très sérieuses inquiétudes de milliers de
médecins et de centaines d'experts en électrosmog quant aux risques potentiellement énormes
pour la santé publique de la surexposition croissante aux radiofréquences (RF) ».
M. Fauteux poursuit en argumentant à nouveau avec le journaliste Claude d’Astous et
me
M Hélène Leroux sur la base de la longue réponse qu’ils lui ont envoyée.
LA RÉVISION3
Je ne souhaite pas, dans cette révision, devenir partie à une discussion inépuisable. Mais,
comme je l’indiquais plus haut, ceux que cette discussion intéresse pourront peser eux-mêmes
2
http://www.cbc.radio-canada.ca/fr/rendre-des-comptes-aux-canadiens/lois-etpolitiques/programmation/journalistique/
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http://www.ombudsman.cbc.radio-canada.ca/fr/a-propos/mandat-de-l-ombudsman/
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les arguments de chacun puisque j’ai reproduit en annexe les échanges entre le plaignant, le
journaliste Claude d’Astous et sa rédactrice en chef, Hélène Leroux.
Je me limiterai donc à ce qui est essentiel en regard de l’application des NPJ de Radio-Canada.
D’abord, mes propres vérifications confirment ce que soutient l’équipe de Découverte, soit que,
depuis plus de 30 ans, la très grande majorité des études scientifiques validées sur les
radiofréquences concluent que celles-ci n’ont aucun effet sur la santé humaine. Je signale au
passage qu’il y a eu plusieurs dizaines de milliers de ces études.
Par ailleurs, le plaignant remet en question la neutralité de certains experts qui ont mené ces
recherches, les accusant de travailler main dans la main avec l’industrie. Il en conclut que les
positions prises sur la base de ces recherches par des organismes comme l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) et la plupart des autorités sanitaires nationales à travers le monde,
sont teintées.
C’est une conclusion à laquelle je ne peux souscrire : des centaines de scientifiques ont travaillé
à ces recherches depuis des décennies et celles-ci ont été vérifiées par leurs pairs. À l’évidence,
ils ne sont pas tous en conflit d’intérêts ou à la solde de l’industrie. D’ailleurs, on pourrait de la
même manière accuser les médecins, experts et chercheurs qui défendent le point de vue
appuyé par M. Fauteux, et que celui-ci cite dans sa plainte, d’être eux aussi en conflit d’intérêts
en raison des liens qui les unissent aux groupes d’activistes qui croient à l’effet nocif des
radiofréquences.
Les craintes de ces chercheurs, explique M. Fauteux, sont fondées sur les observations cliniques
de milliers de médecins qui disent constater l’hypersensibilité de leurs patients aux
radiofréquences. Toutefois, il admet lui-même que ces études sont « rares et non concluantes ».
En fait, le plaignant reproche à l’équipe de Découverte de ne pas avoir fait état des inquiétudes
« sérieuses » de tous ceux qui craignent les conséquences de la multiplication des émissions de
radiofréquences.
À l’écoute du reportage, on constate pourtant que ses auteurs ont mentionné les rares études qui
pouvaient conclure à certains effets des ondes électromagnétiques sur la santé humaine, et le
fait que certaines personnes pouvaient ressentir des effets qu’ils attribuaient à ces ondes.
Mais il est clair que le reportage n’accorde pas autant de place à ces éléments qu’aux études et
recherches validées qui constatent l’innocuité de celles-ci.
Et pour cause : Découverte est une émission de vulgarisation scientifique, pas une émission
d’affaires publiques qui débat d’une question en tenant compte de tous les points de vue, qu’ils
soient clairement établis ou non. On ne saurait donc lui reprocher de ne pas s’étendre
longuement sur des doutes et des craintes qui n’ont pas de fondements scientifiques.
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Ce qui ne signifie pas que Radio-Canada, comme diffuseur public, ne doive pas rendre compte
de ces doutes et de ces craintes, ni des arguments de ceux qui soutiennent, en dépit des
constats scientifiques actuels, que les radiofréquences ont réellement des effets sur la santé
humaine. La société publique doit aussi faire état du point de vue de ceux qui, en vertu du
principe de précaution, réclament un moratoire sur l’installation par Hydro-Québec de compteurs
d’électricité intelligents dans les résidences québécoises.
Cette obligation découle de la valeur d’équilibre, une des cinq qui sont à la base des NPJ de
Radio-Canada et qu’on retrouve dans leur chapitre d’introduction :
« Équilibre
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Nous contribuons aux débats sur les enjeux qui touchent le public canadien
en présentant une diversité d’opinions. Nos contenus d’information, dans
tous nos médias, offrent un large éventail de sujets et de points de vue.
Lorsque nous abordons des sujets controversés, nous nous assurons que
les points de vue divergents sont reflétés avec respect. Nous tenons compte
de leur pertinence dans le cadre du débat et de l’ampleur du courant qu’ils
représentent.
Nous nous assurons également de présenter ces points de vue dans un
délai raisonnable. »
Il faut en comprendre que l’équilibre se mesure sur l’ensemble des contenus et plateformes
pendant une certaine période. Et c’est pourquoi, compte tenu aussi de son mandat scientifique
particulier, l’émission Découverte n’était pas tenue de faire écho à tous les points de vue sur les
conséquences de l’utilisation grandissante des radiofréquences.
Dans sa réponse au plaignant, M. André Dallaire, de la direction de l’Information, affirme que
« depuis l’an 2000, Radio-Canada a réalisé et diffusé, à la radio comme à la télévision, plusieurs
dizaines de reportages portant sur les ondes électromagnétiques et leurs effets », exposant ainsi
« largement (…) les opinions favorables et défavorables ». Et il ajoute qu’en « janvier 2012, le
Téléjournal faisait largement écho aux craintes de nombreux citoyens à l'égard de l’électrosmog,
en abordant là encore le sujet des compteurs intelligents d’Hydro-Québec ».
Mes propres vérifications confirment ces affirmations de M. Dallaire.
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http://www.cbc.radio-canada.ca/fr/rendre-des-comptes-aux-canadiens/lois-etpolitiques/programmation/journalistique/
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CONCLUSION
Le reportage sur les radiofréquences, diffusé le 2 juin 2013 dans l’émission de vulgarisation
scientifique Découverte, à la Télévision de Radio-Canada, respecte les Normes et pratiques
journalistiques de Radio-Canada.
Pierre Tourangeau
Ombudsman des Services français
CBC/Radio-Canada
Le 12 juillet 2013
ANNEXE 1
Plainte de M. André Fauteux
MM. D'astous et Tisseyre, avec tout mon respect,
Pourquoi avez-vous refusé de présenter l'autre côté de la médaille,brimant ainsi le droit du public
à une information impartiale et équilibrée? Et ce alors que plusieurs experts estiment que les
compteurs intelligents pourraient menacer la santé publique. Vous n'êtes pas sans connaître le
moratoire imposé sur leur installation par le département de Santé publique de Santa Cruz?
Vous avez omis de dire que selon des experts comme le professeur agrégé de neurochirurgie
australien Vini G. Khurana, l'indidence des tumeurs cérébrales augmente bel et bien depuis peu.
Celui-ci ajoute que « des effets neurologiques indésirables ont été signalés chez des personnes
qui se retrouvent souvent à proximité – en particulier à moins de trois mètres — des compteurs
sans fil ».
Pourquoi avez-vous omis de dire également que la densité de puissance de 50 µW/m2 , mesurée
à 30 cm des compteurs, n’est qu’une moyenne calculée sur 24 heures? Et que plusieurs experts
soupçonnent que les symptômes apparus pour la première fois après l'installation de ces
compteurs sont causés par les micro-ondes de très haute intensité qu'ils pulsent des milliers de
fois par jour ainsi que par l'interférence (hautes fréquences transitoires) qu'ils génèrent sur le
câblage domestique.
J'ai publié ces informations sur mon site il y a un an dans cette lettre ouverte du Dr David
Carpenter, endossée par une cinquantaine de médecins et d'experts internationaux en
électrosmog, dont le responsable russe de la radioprotection: Compteurs intelligents : des
experts dénoncent la « désinformation flagrante »
Il est malheureux que vous ayez choisi de ne présenter que le réchauffé de demi-vérités dont
nous abreuve l'industrie depuis quelques années, et en particulier Thomas Gervais avec le
soutien financier du magnat du logiciel Lorne Trottier, webmestre du site de désinformation
emfandhealth.com. M. Trottier écrit ce site notamment avec le Dr Michel Plante, médecin à
l'emploi d'Hydro-Québec et consultant pour les compagnies de cellulaire (il les défend dans des
assemblées publiques et Monique Beausoleil de la Santé publique reprend même ses diapos!).
Tout comme on accuse les auteurs du rapport BioInitiative, ces sceptiques font aussi une
sélection très biaisée des études. Lorne Trottier et ses acolytes attaquent même la crédibilité des
chercheurs indépendants qui contredisent les conclusions négatives de 70% des études
financées par l'industrie.
Dans votre reportage, vous reprenez leur argument que le café est aussi classé peut-être
cancérogène (2B), sans mentionner qu'on parle ici d'une consommation quotidienne de dix
tasses. De plus, vous omettez de dire que le plomb, les furannes et le DDT font aussi partie du
groupe 2B.
Dans votre session de clavardage, vous prétendiez que « l’existence d’effets non-thermiques sur
la santé des radiofréquences n’est pas établie », alors que ces effets sont publiés depuis les
années 1940 et de plus en plus clairs depuis une décennie :
Reported Biological Effects from Radiofrequency Radiation at Low-Intensity Exposure
(Cell Tower, Wi-Fi, Wireless Laptop and 'Smart' Meter RF Intensities) :
http://www.bioinitiative.org/bibliography/
NRC Canada Environmental Pollution by Microwave Radiation - Potential Threat to
Human Health 1973 : http://fr.scribd.com/doc/30905148/NRC-Canada-EnvironmentalPollution-by-MicrowaveRadiation-Potential-Threat-to-Human-Health-1973 : The History of the Health Effects
from RF and Microwave Radiation from the Archives of Dr Zory R Glaser, Former US
Navy Researcher : http://www.magdahavas.com/category/from-zorys-archive/
Dans votre reportage, le Dr Siemiatycki mentionnait que 10% des gens qui utilisent un cellulaire
(les gros usagers) semblaient courir un risque accru de gliome. C'est justement la proportion
d'Européens qui, dans divers sondages, affirmaient en 2004 souffrir d'électro-sensibilité.
Saviez-vous que Gro Harlem Brundtland elle-même fait partie de ces gens que l'OMS et
l'industrie voudraient nous faire croire souffrent d'un mal psychosomatique? Ce n'est pas la peur
des ondes qui déclenche leurs symptômes, puisque la plupart n'étaient à l'origine même pas
conscients de leur existence. Saviez-vous que de très bonnes études ont démontré depuis 1991
que l'on peut déclencher ces symptômes dans des conditions strictement contrôlées?
J'espère que vous aurez le courage de parler à nouveaux aux chercheurs indépendants dans ce
domaine, comme Michel Rochon et Louis-Gilles Francoeur l'ont déjà si bien fait.
Meilleurs salutations,
André Fauteux, éditeur
Magazine La Maison du 21e siècle
ANNEXE 2
Réponse du journaliste Claude d’Astous et de la rédactrice en chef
Hélène Leroux de Découverte au plaignant.
M. André Fauteux, éditeur
Magazine La Maison du 21e siècle
Nous vous remercions de nous faire part de vos commentaires et de vos remarques sur le
reportage concernant les compteurs intelligents diffusé à l’émission Découverte le dimanche 2
juin 2012.
Nous allons répondre une à une à vos remarques :
1. Pourquoi avez-vous refusé de présenter l'autre côté de la médaille, brimant ainsi le
droit du public à une information impartiale et équilibrée?
Et ce alors que plusieurs experts estiment que les compteurs intelligents pourraient
menacer la santé publique. Vous n'êtes pas sans connaître le moratoire imposé sur leur
installation par le département de Santé publique de Santa Cruz ?
Le comté de Santa Cruz a imposé en septembre 2010 un moratoire sur l’installation des
compteurs intelligents. C’est une décision qui est le résultat d’une campagne menée par un
groupe bien organisé d’activistes qui s’opposent à l’installation des compteurs intelligents sous
prétexte de danger sanitaire. Ce n’est pas le département de Santé publique de Santa Cruz qui
a imposé ce moratoire. Je vous réfère à cet article du Santa Cruz Sentinel :
http://www.santacruzsentinel.com/localnews/ci_19811625
En janvier 2012, un avis du département de santé a été demandé pour justifier la prolongation du
moratoire. La personne qui a émis l’avis le 13 janvier 2012 est la Dre Poki Namkung. La Dre
Namkung est médecin, ce n’est pas une experte dans le domaine des champs
électromagnétiques. Elle n’a mené aucune recherche et publié aucun article sur le sujet. Nous
avons lu avec étonnement l’avis qu’elle a produit. Elle puise abondamment dans le rapport
Bioinitiative, la bible des activistes. Elle va à contresens de l’ensemble des avis des organismes
de santé internationaux et nationaux.
Vous n’êtes pas sans savoir que les autorités de santé publique de nombreux pays demandent
régulièrement à des comités d’experts de mener des revues de la littérature scientifique sur les
ondes électromagnétiques et la santé afin de tenir compte de l’évolution des connaissances.
Ces comités passent au peigne fin des centaines d’études sur les radiofréquences. Ce n’est pas
une mince tâche. La grande majorité n’a trouvé aucun effet non-thermique. Par contre, il y a des
études qui ont trouvé quelque chose.
Les scientifiques qui ont révisé ces études sont des experts en épidémiologie,en biologie, en
statistique, en physique, en médecine, en cancérologie. Ce sont le plus souvent des chercheurs
de profession. Ils savent évaluer une recherche, sa méthodologie, les biais possibles.
L’étude a-t-elle fait l’objet d’un examen critique par les pairs, c’est-à-dire par des scientifiques
dans le même domaine de recherche ? Quelle est la dosimétrie ? L’étude a-t-elle été reproduite
avec les mêmes résultats ? Avait-elle un groupe contrôle ? A-t-elle été menée à double insu ?
Les résultats sont-ils statistiquement significatifs ? Et ces comités en arrivent tous à des
conclusions qui s’apparentent avec celle de l’Organisaton mondiale de la santé, un organisme de
l’ONU.
Organisation mondiale de la santé (OMS) :
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs193/fr/index.html
Le principal mécanisme d’interaction entre l’énergie des radiofréquences et le corps humain est
l’échauffement des tissus. Aux fréquences utilisées par les téléphones mobiles, la majeure partie
de l’énergie est absorbée par la peau et les autres tissus superficiels, ce qui se traduit par une
augmentation négligeable de la température dans le cerveau ou tout autre organe du corps.
Un certain nombre d’études ont recherché les effets des champs de radiofréquences sur l’activité
électrique du cerveau, les fonctions cognitives, le sommeil, le rythme cardiaque et la pression
artérielle des volontaires examinés. À ce jour, la recherche n’a apporté aucun élément de preuve
significative d’effets néfastes pour la santé provoqués par l’exposition aux champs de
radiofréquences à des niveaux inférieurs à ceux qui induisent un échauffement des tissus. En
outre, la recherche n’a pu fournir de données étayant une relation de cause à effet entre
l’exposition aux champs électromagnétiques et des symptômes rapportés par l’utilisateur, ou une
«hypersensibilité électromagnétique».
Effets à long terme
La recherche épidémiologique qui examine les risques potentiels à long terme de l’exposition aux
radiofréquences a essentiellement recherché un lien entre les tumeurs cérébrales et l’utilisation
du téléphone portable. Toutefois, du fait que de nombreux cancers ne peuvent être décelés que
de nombreuses années après les interactions qui ont conduit à la tumeur, et que les téléphones
mobiles étaient peu utilisés avant le début des années 1990, à l’heure actuelle, les études
épidémiologiques ne sont en mesure d’évaluer que les cancers qui apparaissent dans un laps de
temps plus court. Cependant, les résultats des études portant sur des animaux montrent
invariablement qu’il n’y a aucune augmentation du risque de cancer du fait d’une exposition
prolongée aux champs de radiofréquences.
Voici les avis d’autres autorités sanitaires :
The Swedish Council for Working Life and Social Research (2012)
-
"More than 15 provocation studies (single or double blind) have been conducted on
symptoms attributed to exposure to RF fields. These studies have not been able to
demonstrate that people experience symptoms or sensations more often when the
fields are turned on than when they are turned off".
Et :
-
"A considerable number of studies on cancer, and in particular brain tumor, were
presented. As a consequence there exist now very useful data including
methodological results that can be used in the interpretation of this research. With a
small number of exceptions the available results are all negative and taken together
with new methodological understandings the overall interpretation is that these do not
provide support for an association between mobile telephony and brain tumor risk".
Comité d’experts de l’Institut de Santé de Norvège (2012)
-
The group found no evidence that the low-level fields around mobile phones and
other transmitters increase the risk of cancer, impair male fertility, cause other
reproductive damage or lead to other diseases and adverse health effects, such as
changes to the endocrine and immune systems."
The Committee did not find that mobile phones and other equipment can cause
health problems such as electromagnetic hypersensitivity".
The UK base Health Protection Agency (2012)
-
"The quantity, and in general quality, of research published on the potential health
effects of RF field exposure has increased substantially since AGNIR last reviewed
this subject. Population exposure to RF fields has become more widespread and
heterogeneous. There are still limitations to the published research that preclude a
definitive judgement, but the evidence considered overall has not demonstrated any
adverse health effects of RF field exposure below internationally accepted guideline
levels. There are possible effects on EEG patterns, but these have not been
conclusively established, and it is unclear whether such effects would have any
health consequences. There is increasing evidence that RF field exposure below
guideline levels does not cause symptoms and cannot be detected by people, even
by those who consider themselves sensitive to RF fields. The limited available data
on other non-cancer outcomes show no effects of RF field exposure. The
accumulating evidence on cancer risks, notably in relation to mobile phone use, is not
definitive, but overall is increasingly in the direction of no material effect of exposure.
There are few data, however, on risks beyond 15 years from first exposure.
In summary, although a substantial amount of research has been conducted in this
area, there is no convincing evidence that RF field exposure below guideline levels
causes health effects in adults or children".
EFHRAM European Health Risk Assessment Network D2 Report Risk Analysis of Human
Exposure to EMF 2010: "SCENIHR (2009a)
-
"SCENIHR (2009a) reviewed the evidence from the various national studies and
pooled analyses from parts of the Interphone study: severe concerns were raised
about reporting bias that may exist in these data. Nonetheless, it was concluded that
this evidence, combined with the results of animal and cellular studies indicated that
exposure to RF fields was unlikely to lead to an increase in brain cancer or parotid
gland tumours in humans".
EFHRAM European Health Risk Assessment Network D3 Report on Risks of EMF in vitro
and in vivo 2010, P 27 :
-
"For the three frequency ranges examined, the conclusions of the 2009 SCENIHR
report are still valid in spite of the publication of several positive findings. Many of the
new publications originate from laboratories and countries that are new to
bioelectromagnetics research. This translates sometimes into unsatisfactory
dosimetry or statistical analysis. Health risk assessment to be performed in the
coming years (e.g., WHO EMF project) will need to be carried out with strict quality
criteria".
ICNIRP International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection: ICNIRP is
affiliated with the World Health Organization. New report: Exposure to electromagnetic
fields, biological effects and health consequences 16/2009. P260 :
-
"Recent concern has been more with exposure to the lower level RF radiation
characteristic of mobile phone use. Whilst it is in principle impossible to disprove the
possible existence of non-thermal interactions, the plausibility of various non-thermal
mechanisms that have been proposed is very low. Concerning cancer-related effects,
the recent in vitro and animal genotoxicity and carcinogenicity studies are rather
consistent overall and indicate that such effects are unlikely at SAR levels up to 4
W/kg. With regard to in vitro studies of RF effects on non-genotoxic end-points such
as cell signaling and gene/protein expression, the results are more equivocal, but the
magnitudes of the reported RF radiation induced changes are very small and of
limited functional consequence. The results of studies on cell proliferation and
differentiation, apoptosis and cell transformation are mostly negative".
Ontario Agency for Health Protection and Promotion: Wireless Technology and Health
Outcomes: Evidence and Review 2010 :
-
…While the most recent review continues to call for additional research to follow up
on new findings, after a decade of additional research, there is still no conclusive
evidence of adverse effects on health at exposure levels below current Canadian
-
guidelines. "
Given the experience with other sources of non-ionizing radiation (e.g. power lines)
that have been in use much longer than cellphones or Wi-Fi, it is unlikely that all
controversies related to potential RF effects will be resolved even after decades of
additional research ".
University of Ottawa, McLaughlin Centre for Population Health Risk Assessment:
-
Review Panel Reports 2011. This is a collection of quotes from reports by expert
groups of the world's major public health organization assessing the issue of EMF &
health. New quotes are added periodically.
Swedish Radiation Authority. The Swedish State Radiation Protection Authority (SSI),
sets the safety standards for wireless devices in Sweden. The SSI has commissioned a
series of expert assessments on EMF and health in 2008, 2009, and 2010. The following
statements were extracted from these reports:
-
2008 P5: "Six recent studies on carcinogenicity, some with higher exposure levels
than previously used, consistently report lack of carcinogenic effects, and two studies
on genotoxicity report no increase in micronuclei or DNA strand breaks after RF
exposure".
-
2009 P4: "..these results in combination with the negative animal data and very low
exposure from transmitters make it highly unlikely that living in the vicinity of a
transmitter implicates an increased risk of cancer."
-
2009 P4: "While the symptoms experienced by patients with perceived
electromagnetic hypersensitivity are very real and some subjects suffer severely,
there is no evidence that RF exposure is a causal factor."
-
2010: P4: "Available data do not indicate any risks related to exposure to RF from
base stations or radio or TV antennas. Taking into account also the low levels of
exposure that these sources give rise to, health effects from transmitters are
unlikely".
Latin American Expert Committee: Non-ionizing EMF and its Effects on Human Health
2010, P11 :
-
"The induction and promotion of tumors or blood neoplasms by RF exposure in
animals as well as the appearance of cellular molecular predecessors of
tumorigenesis, etc. has also been investigated. Despite using RF exposures,
measured as specific absorption rates (SARs), far above those that people are
normally exposed to, and in some cases exposures for the duration of the animal's
lifetime, about 93% of in vivo studies published since 1990 have shown no significant
short or long-term effects. Further, the average survival of irradiated groups of
animals was not affected in some 96% of studies.
Vous trouverez ici 68 rapports de comités experts de l’an 2000 à 2010. Tous concluent qu’il n’y a
pas de données crédibles de danger pour la santé provenant des champs électromagnétiques.
Comme vous voyez, aucune autorité de santé nationale ou internationale ne supporte l’existence
d’effets non thermiques nocifs pour l’homme des radiofréquences Seule la Dre Poki Namkung du
département de santé du comté de Santa Cruz en Californie émet un avis contraire. Pour le
moins étonnant !
D’un côté, nous avons un consensus scientifique de dizaines de comités d’experts, d’organismes
nationaux et internationaux et de l’autre la Dre Poki Namkung. Nous n’aurions pu mentionner le
rapport du Dre Namkung sans le mettre dans son contexte. Ce n’est pas le reportage que nous
voulions faire.
Notez que le reportage est très succinct sur les effets non-thermiques. On fait état du large
consensus scientifique sans insister outre mesure. Nous donnons l’heure juste au niveau
scientifique.
2.
Vous avez omis de dire que selon les experts comme le professeur agrégé de
neurochirurgie australien Vini G. Khurana, l’incidence des tumeurs cérébrales augmente
bel et bien depuis peu. Celui-ci ajoute que « des effets neurologiques indésirables ont
été signalés chez les personnes qui se retrouvent souvent à proximité – en particulier à
moins de trois mètres – des compteurs sans fil.
Vous mentionnez une étude qui montre un accroissement de l’incidence dans certaines régions
d’Australie. Pourtant, l’Institut du cancer d’Australie dans son dernier rapport dit que les cancers
du cerveau stagnent : http://www.aihw.gov.au/WorkArea/DownloadAsset.aspx?id=10737422721
Qui croire? Une unique étude où le rapport de l’Institut du cancer d’Australie?
L’utilisation du cellulaire a explosé. Actuellement, dans le monde, on compte six milliards
d’abonnements au cellulaire. Comme un individu peut avoir plus d’un abonnement, on considère
que de 4 à 5 milliards de personnes utilisent un cellulaire.
Ce nombre est si grand qu’il est difficile désormais d’obtenir un groupe contrôle qui n’utilise pas le
téléphone cellulaire. La planète est devenue le domaine d’une vaste étude épidémiologique
prospective. En fait, de plus en plus, l’évolution de l’incidence des cancers dans les pays
devient un élément plus éclairant que toutes les études menées pour prévoir les effets sanitaires
des cellulaires.
Ainsi de 1987 à 2007, aux États-Unis, en dépit de l’augmentation explosive de l’usage du
cellulaire, on n’observe aucune augmentation de l’incidence des cancers du cerveau et du
système nerveux central. (Institut du cancer des États-Unis :
http://www.cancer.gov/cancertopics/factsheet/Risk/cellphones#r15)
Il en est de même pour l’évolution de l’incidence du cancer du cerveau au Danemark, en
Finlande, en Norvège et en Suède pour la période 1974-2008. Au Canada, au Royaume-Uni et
en France aussi, l’incidence stagne. De même qu’en Israël. Aux yeux des chercheurs, cela est
rassurant. Ceux qui prévoyaient une hécatombe semblent avoir eu tort. Cependant comme il y a
un décalage entre l’usage d’un élément cancérigène et l’apparition du cancer, il est toujours
possible que l’incidence du cancer évolue au cours des prochaines années. Mais pour le
moment, on ne voit rien. Normalement, on devrait déjà percevoir un signal.
C’est ce que le reportage explique en quelques mots sans entrer dans les détails.
3.
Pourquoi avez-vous omis de dire également que la densité de puissance de 50
µW/m2 , mesurée à 30 cm des compteurs n’est qu’une moyenne calculée sur 24 heures
? Et que plusieurs experts soupçonnent que les symptômes apparus pour la première
fois après l’installation de ces compteurs sont causés par les micro-ondes de très haute
intensité qu’ils pulsent des milliers de fois par jour ainsi que par l’interférence (hautes
fréquences transitoires) qu’ils génèrent sur le câblage domestique.
La norme canadienne précise de mesurer chaque appareil producteur d’ondes pendant six
minutes. Le résultat de 50 µW/m2 pour le compteur intelligent est une moyenne sur six minutes
à un mètre de distance. Pour ce qui est des symptômes dont se plaignent les électrosensibles,
voici ce qu’en pensent les autorités de santé après une révision minutieuse des différentes
études sur le sujet :
Organisation mondiale de la santé
-
En 2005, l’Organisation mondiale de la santé s’est penchée sur la question. Un
comité d’experts a passé en revue la littérature scientifique sur le sujet et produit un
résumé de leurs conclusions : http://www.who.int/pehemf/publications/facts/fs296/fr/index.html
En voici un extrait :
ÉTUDES PORTANT SUR DES INDIVIDUS SE PLAIGNANT DE HSEM
« On a réalisé un certain nombre d'études dans lesquelles on exposait des individus
présentant une hypersensibilité électromagnétique (HSEM) à des champs
électromagnétiques (CEM) similaires à ceux auxquels ils attribuaient leurs
symptômes. L'objectif de ces études était de provoquer l'apparition de ces
symptômes en conditions de laboratoire contrôlées.
La majorité de ces études indique que les individus se plaignant de HSEM sont
incapables de détecter plus précisément une exposition à des CEM que des individus
ordinaires. Des études bien contrôlées et menées à double insu ont montré que ces
symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux CEM.
Il a été suggéré que les symptômes présentés par certains individus se plaignant
d'une HSEM pouvaient résulter de facteurs environnementaux non liés aux champs
électromagnétiques, par exemple des papillotements provenant de lampes à
fluorescence, des reflets et autres problèmes visuels associés aux écrans de
visualisation, ainsi qu'une mauvaise conception ergonomique des stations de travail
informatisées. D'autres facteurs, comme la mauvaise qualité de l'air des locaux ou le
stress dans l'environnement de travail ou de vie, peuvent jouer un rôle.
Il existe aussi certains éléments indiquant que ces symptômes peuvent être dus à
des maladies psychiatriques préexistantes, ainsi qu'à des réactions de stress
résultant de la crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des CEM, plutôt
que de l'exposition aux CEM elle-même.
La HSEM est caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d'un
individu à l'autre. Ces symptômes ont une réalité certaine et peuvent être de gravité
très variable. Quelle qu'en soit la cause, la HSEM peut être un problème handicapant
pour l'individu touché. Il n'existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème
sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM à une
exposition aux CEM. En outre, la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical. Il
n'est pas non plus évident qu'elle corresponde à un problème médical unique. »
Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset)
En 2009 l’Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) a
produit un rapport sur les radiofréquences. Une trentaine de pages étaient consacrées à
l’hypersensibilité électromagnétique (p. 278 à 304).
http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/AP2007et0007Ra.pdf
Leur conclusion est dans le même ordre que celle de l’Organisation mondiale de la santé.
« Personne ne peut contester aujourd’hui la réalité du vécu des personnes qui attribuent leurs
symptômes à l’exposition aux radiofréquences. Mais, aucune preuve scientifique d’une relation
de causalité entre l’exposition aux radiofréquences et l’hypersensibilité électromagnétique n’a pu
être apportée jusqu’à présent. »
L’Académie de Médecine (France)
-
« L’électrohypersensibilité est un trouble pour lequel une personne déclare ressentir
des symptômes qui sont selon elle causés ou aggravés par des ondes
électromagnétiques, créées par exemple par des lignes à haute tension, des
antennes relais ou des portables. Aucun système sensoriel humain permettant de
percevoir ce type de champ n’a été identifié. C’est pourquoi la quasi-totalité des
études sur l’électrohypersensibilité ont montré que les sujets concernés, bien que
manifestant des troubles variés en présence de dispositifs émetteurs de champs
électromagnétiques, sont incapables de reconnaître si ces dispositifs sont actifs ou
non. L’angoisse ou la phobie en présence d’émetteurs de champs
électromagnétiques peuvent être réelles, entraîner un handicap social sévère et
justifier une prise en charge adaptée. »
En résumé :
Les organismes de santé reconnaissent l’existence des symptômes, mais aucun lien de causalité
avec l’exposition aux champs et ondes électromagnétiques n’a pu être établi. La cause des
symptômes observés serait ailleurs.
Une des causes probables souvent citée serait la peur suscitée autour des radiofréquences.
4.
J’ai publié ces informations sur mon site il y a un an dans cette lettre ouverte du
Dr David Carpenter, endossée par une cinquantaine de médecins et d’experts
internationaux en électrosmog, dont le responsable russe de la radioprotection.
Compteurs intelligents : des experts dénoncent la « désinformation flagrante ».
Nous avons lu votre lettre. Vos propos se basent sur quelques études qui montrent des résultats
positifs. Rien à voir avec la rigueur des rapports émis par les comités d’experts qui pèsent les
études qui ont des résultats positifs comme celles qui ont des résultats négatifs. Vous parlez de
nouveau des autorités sanitaires de Santa Cruz qui a vos yeux semblent plus crédibles que
l’Organisation mondiale de la santé et les multiples organismes nationaux de santé. Vous citez
l’étude australienne sur l’incidence du cancer du cerveau qui est en contradiction avec les
données de l’Institut australien du cancer et négligez toutes celles qui montrent une stagnation
de l’incidence.
Les études scientifiques ne sont pas toujours rigoureuses. L’Agence française de sécurité
sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) a évalué plusieurs études et en donne un
résumé associé à son rapport :
http://www.afsset.fr/upload/bibliotheque/166004335031200624296094988253/09_10_ED_Note_
Synthese_RF.pdf
Un extrait :
-
« Sur les 182 études qui ont été réalisées in vitro et in vivo sur l’animal, 82 études
trouvent des effets biologiques des radiofréquences et 100 n’en montrent pas.
Parmi les 82 études trouvant des effets, 45 n’ont pas une dosimétrie validée, soit 55
%. Parmi les 37 articles restants, seuls 9 présentent également une méthodologie
très satisfaisante pour la partie biologique. Par conséquent, 11 % des études qui
montrent des effets ont une méthodologie rigoureuse pour à la fois les parties
physique et biologique. Ces effets concernent principalement des fonctions
cellulaires observées in vitro (apoptose, endocytose, stress oxydatif, etc.).
-
Parmi les 100 études ne trouvant pas d’effets, 13 n’ont pas une dosimétrie validée,
soit 13 %. Parmi les 87 articles restants, 69 présentent une méthodologie très
satisfaisante pour la partie biologique. Par conséquent, 69 % des études qui ne
montrent pas d’effet ont une méthodologie rigoureuse, à la fois pour les parties
physique et biologie. »
Donc au départ nous avons 100 études ne trouvant pas d’effets biologiques contre 89 en
trouvant, et à l’arrivée, une fois qu’on écarte les études peu rigoureuses nous obtenons un ratio
de 69 études contre 9.
Les propos de votre lettre sont contestables. Vous parlez d’une étude qui démontre que l’électrosensibilité existe vraiment et qu’elle est causée par les radiofréquences. Vous oubliez les
dizaines qui montrent le contraire. Les comités d’experts ont déjà étudié ces études, et leur
conclusion est très claire. Les symptômes existent. Le lien avec les radiofréquences n’est pas
démontré.
Vos arguments sont bien marginaux et ne font pas le poids devant le sérieux du travail des
comités d’experts qui évaluent les études.
5.
Il est malheureux que vous ayez choisi de ne présenter que le réchauffé de demivérités dont nous abreuve l'industrie depuis quelques années, et en particulier Thomas
Gervais avec le soutien financier du magnat du logiciel Lorne Trottier, webmestre du site
de désinformationemfandhealth.com. M. Trottier écrit ce site notamment avec le Dr
Michel Plante, médecin à l'emploi d'Hydro-Québec et consultant pour les compagnies de
cellulaire (il les défend dans des assemblées publiques et Monique Beausoleil de la
Santé publique reprend même ses diapos!). Tout comme on accuse les auteurs du
rapport BioInitiative, ces sceptiques font aussi une sélection très biaisée des études.
Lorne Trottier et ses acolytes attaquent même la crédibilité des chercheurs indépendants
qui contredisent les conclusions négatives de 70% des études financées par l'industrie.
Nous ne connaissions pas ce site : emfandhealth.com. Nous le trouvons très intéressant. Nous y
retrouvons des tas d’études et de rapports très pertinents qui ont le mérite d’avoir analysé
beaucoup d’études, peu importe que leurs résultats soient positifs ou négatifs. Merci de nous
l’avoir fait connaître. Nous nous en sommes d’ailleurs servis dans le cadre de cette réponse.
Notre reportage ne fait pas mention du rapport BioInitiative. Lors du clavardage, nous avons
glissé un mot en réponse à un auditeur. Nous ne servons pas de demi-vérité. Ce que nous
disons est supporté par un consensus scientifique très ferme. Le débat n’est pas scientifique. Il
est public et politique. Notre but, comme émission scientifique, est de donner l’heure juste du
point de vue de la science. C’est ce que nous avons fait.
6.
Dans votre reportage, vous reprenez leur argument que le café est aussi classé
peut-être cancérogène (2B), sans mentionner qu'on parle ici d'une consommation
quotidienne de dix tasses. De plus, vous omettez de dire que le plomb, les furannes et le
DDT font aussi partie du groupe 2B.
Nous avons souvent entendu dire que les radiofréquences étaient cancérigènes. Il était important
d’expliquer que ce n’était pas le cas.
L’Agence internationale de recherche sur le cancer est un organisme de l’Organisation mondiale
de la santé, lui-même une création de l’ONU.
Vous trouverez la liste des éléments classés ici :
http://monographs.iarc.fr/FR/Classification/index.php
Notez que de nombreux éléments connus pour leur toxicité se trouvent dans la catégorie 2B.
Ainsi le plomb, dont l’intoxication crée de sérieux problèmes, surtout neurologiques, se retrouve
dans cette catégorie. Il faut garder à l’esprit que cette liste concerne uniquement le lien entre le
produit et le cancer. Or, le plomb, par ailleurs toxique pour la santé, n’est pas un agent
cancérigène pour l’homme (groupe 1), il n’est pas non plus un agent probablement cancérigène
pour l’homme (groupe 2-A) (les composés inorganiques du plomb le sont). Il est un agent peutêtre cancérigène pour l’homme (groupe 2-B).
Dans le 2B, on retrouve aussi le café et les champs magnétiques d’extrême basse fréquence.
Ceux qui affirment que les champs magnétiques de basses fréquences sont cancérigènes sont
dans l’erreur. Si tel était le cas, ces champs magnétiques de basses fréquences seraient classés
dans le groupe 1. Or, ils sont toujours dans le groupe 2B.
Le groupe 3 comprend les agents actuellement inclassables. On y retrouve les champs
électriques.
Le groupe 4 comprend les agents qui ne sont probablement pas cancérigènes pour l’homme. Ce
groupe ne comprend qu’un élément : le caprolactan, un composé organique.
7.
Dans votre session de clavardage, vous prétendiez que « l’existence d’effets
non-thermiques sur la santé des radiofréquences n’est pas établie », alors que ces effets
sont publiés depuis les années 1940 et de plus en plus clairs depuis une décennie :
Reported Biological Effects from Radiofrequency Radiation at Low-Intensity Exposure
(Cell Tower, Wi-Fi, Wireless Laptop and 'Smart' Meter RF Intensities):
http://www.bioinitiative.org/bibliography/
NRC Canada Environmental Pollution by Microwave Radiation - Potential Threat to
Human Health 1973 : http://fr.scribd.com/doc/30905148/NRC-Canada-EnvironmentalPollution-by-Microwave-Radiation-Potential-Threat-to-Human-Health-1973
The History of the Health Effects from RF and Microwave Radiation from the Archives of
Dr Zory R Glaser, Former US Navy Researcher :
http://www.magdahavas.com/category/from-zorys-archive/
Nous ne « prétendons pas » que “L’existence d’effets non-thermiques sur la santé des
radiofréquences n’est pas établie ». Nous l'affirmons. C’est la conclusion, à ce jour, de l’OMS et
de la totalité des organismes nationaux de santé. Les études que vous mentionnez ont été
prises en compte par les comités d’experts, ainsi que bien d’autres études qui disaient le
contraire. Et la conclusion de tous ces comités d’experts est la suivante : l’existence d’effets nonthermiques sur la santé des radiofréquences n’est pas établie. À la lumière des connaissances
actuelles, et après cinquante ans de recherche, l’existence de ces effets non-thermiques ayant
des effets de santé chez l’homme demeure une hypothèse.
8.
Dans votre reportage, le Dr Siemiatycki mentionnait que 10% des gens qui
utilisent un cellulaire (les gros usagers) semblaient courir un risque accru de gliome.
C'est justement la proportion d'Européens qui, dans divers sondages, affirmaient en 2004
souffrir d'électrosensibilité.
Nous ne voyons pas trop le rapport. Dans notre reportage, nous ne parlions pas
d’électrosensibilité. Nous en avons parlé lors du clavardage car les gens semblaient croire que
l’électrosensibilité était reconnue. Ce qui est reconnu c’est l’existence des symptômes, pas que
les radiofréquences en sont la cause. Les études à double insu n’ont pas démontré ce lien. Je
vous réfère au rapport de l’OMS de 2005 et à tous les comités d’experts nationaux et
internationaux qui ont analysé les études. Une fois encore, nous n’en parlions pas dans notre
reportage.
9.
Saviez-vous que Gro Harlem Brundtland elle-même fait partie de ces gens que
l'OMS et l'industrie voudraient nous faire croire souffrent d'un mal psychosomatique? Ce
n'est pas la peur des ondes qui déclenche leurs symptômes, puisque la plupart n'étaient
à l'origine même pas conscients de leur existence. Saviez-vous que de très bonnes
études ont démontré depuis 1991 que l'on peut déclencher ces symptômes dans des
conditions strictement contrôlées ?
Je savais que Mme Brundland se considère électrosensible. L’OMS n’est pas l’industrie, c’est un
organisme de l’ONU. Les autorités sanitaires nationales ne sont pas l’industrie, ce sont des
organismes gouvernementaux.
Voici de nouveau les conclusions de l’Organisation mondiale de la santé, que Mme Brundland a
déjà dirigée, sur la question : http://www.who.int/peh-emf/publications/facts/fs296/fr/index.html
En voici un extrait :
-
« ÉTUDES PORTANT SUR DES INDIVIDUS SE PLAIGNANT DE HSEM
On a réalisé un certain nombre d'études dans lesquelles on exposait des individus
présentant une hypersensibilité électromagnétique (HSEM) à des champs
électromagnétiques (CEM) similaires à ceux auxquels ils attribuaient leurs symptômes.
L'objectif de ces études était de provoquer l'apparition de ces symptômes en conditions
de laboratoire contrôlées.
La majorité de ces études indique que les individus se plaignant de HSEM sont
incapables de détecter plus précisément une exposition à des CEM que des individus
ordinaires. Des études bien contrôlées et menées à double insu ont montré que ces
symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux CEM.
Il a été suggéré que les symptômes présentés par certains individus se plaignant d'une
HSEM pouvaient résulter de facteurs environnementaux non liés aux champs
électromagnétiques, par exemple des papillotements provenant de lampes à
fluorescence, des reflets et autres problèmes visuels associés aux écrans de
visualisation, ainsi qu'une mauvaise conception ergonomique des stations de travail
informatisées. D'autres facteurs, comme la mauvaise qualité de l'air des locaux ou le
stress dans l'environnement de travail ou de vie, peuvent jouer un rôle.
Il existe aussi certains éléments indiquant que ces symptômes peuvent être dus à des
maladies psychiatriques préexistantes, ainsi qu'à des réactions de stress résultant de la
crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des CEM, plutôt que de l'exposition
aux CEM elle-même.
La HSEM est caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d'un
individu à l'autre. Ces symptômes ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très
variable. Quelle qu'en soit la cause, la HSEM peut être un problème handicapant pour
l'individu touché. Il n'existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni
base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM à une exposition aux
CEM. En outre, la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical. Il n'est pas non plus
évident qu'elle corresponde à un problème médical unique. »
Et nous ajoutons ce qu’en pense l’Académie de Médecine (France) :
L’Académie de Médecine (France)
« L’électrohypersensibilité est un trouble pour lequel une personne déclare ressentir des
symptômes qui sont selon elle causés ou aggravés par des ondes électromagnétiques,
créées par exemple par des lignes à haute tension, des antennes relais ou des portables.
Aucun système sensoriel humain permettant de percevoir ce type de champ n’a été
identifié. C’est pourquoi la quasi-totalité des études sur l’électrohypersensibilité ont
montré que les sujets concernés, bien que manifestant des troubles variés en présence
de dispositifs émetteurs de champs électromagnétiques, sont incapables de reconnaître
si ces dispositifs sont actifs ou non. L’angoisse ou la phobie en présence d’émetteurs de
champs électromagnétiques peuvent être réelles, entraîner un handicap social sévère et
justifier une prise en charge adaptée. »
10.
Pourquoi avez-vous refusé de présenter l'autre côté de la médaille, brimant ainsi
le droit du public à une information impartiale et équilibrée?
Nous en revenons au début de votre lettre et au cœur de la problématique.
Qu’est-ce qu’une information impartiale et équilibrée? Nous sommes une émission scientifique et
nous avons donné l’heure juste au niveau scientifique. Si nous avions donné la parole aux
activistes et aux quelques scientifiques qui les soutiennent, nous serions entrés dans un débat
public et politique que d’autres émissions de Radio-Canada sont plus à même de couvrir. Nous
aurions aussi donné l’impression que l’opinion des scientifiques est très partagée alors qu’il y a
un large consensus scientifique sur le fait que l’existence des effets non-thermiques n’est pas
établie. Donner la parole aux activistes leur aurait donné une importance scientifique indue.
Cependant, un de nos intervenants précise qu’il y a des voix discordantes. Et nous spécifions
qu’ils existent des études contradictoires.
D’un côté de la médaille, il y a l’existence établie et nullement contestée d’un effet thermique.
Les normes sont là pour nous en protéger. De l’autre, il y a l’hypothèse de l’existence d’effets
non-thermiques. Cette hypothèse n’est pas démontrée, mais un doute subsiste sur un lien
possible avec le cancer. Nous avons expliqué la nature réelle de ce doute.
Nous croyons sincèrement que nous avons fait œuvre utile en expliquant l’état des lieux en
science en ce qui concerne les radiofréquences et la santé. Nous sommes allés à l’essentiel.
Nous ne cherchions nullement à confronter quiconque, mais à informer. À aucun moment nous
n’émettons de jugements sur les groupes activistes et leur stratégie. Le reportage ne parle pas
non plus du rapport Bioinitiative. Cependant, lors du clavardage nous avons répondu à un
commentaire sur le sujet.
Voici cette réponse :
« Le rapport BioInitiative est un rapport sur le lien entre les champs électromagnétiques
et la santé. Il a été publié en ligne, sans revue de pairs, le 31 août 2007 par un groupe
de 14 scientifiques, chercheurs et professionnels de la santé. Ce rapport fait état de
nombreux risques sanitaires liés aux champs électromagnétiques et aux ondes de
radiofréquence. Une mise à jour du rapport a eu lieu au début 2013. Ce rapport a été
sévèrement critiqué par des groupes de recherche indépendants et gouvernementaux
pour son parti pris.
Il est utilisé par les groupes activistes comme base scientifique pour démontrer la
justesse de leurs réclamations. »
Voici ce qu’en disent différents organismes : http://www.emfexplained.info/?ID=25676
-
Health Council of the Netherlands
« In view of the way the BioInitiative report was compiled, the selective use of
scientific data and the other shortcomings mentioned above, the Committee
concludes that the BioInitiative report is not an objective and balanced reflection of
the current state of scientific knowledge. »
-
Australian Centre for Radiofrequency Bioeffects Research (ACRBR)
« Overall we think that the BioInitiative Report does not progress science, and would
agree with the Health Council of the Netherlands that the BioInitiative Report is “not
an objective and balanced reflection of the current state of scientific knowledge”. As it
stands it merely provides a set of views that are not consistent with the consensus of
science, and it does not provide an analysis that is rigorous-enough to raise doubts
about the scientific consensus. »
-
European Commission’s EMF-NET
« There is a lack of balance in the report; no mention is made in fact of reports that
do not concur with authors’ statements and conclusions. The results and conclusions
are very different from those of recent national and international reviews on this
topic… If this report were to be believed, EMF would be the cause of a variety of
diseases and subjective effects. »
-
Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) Committee on Man and
Radiation (COMAR)
« ...that the weight of scientific evidence in the RF bioeffects literature does not
support the safety limits recommended by the BioInitiative group. For this reason,
COMAR recommends that public health officials continue to base their policies on RF
safety limits recommended by established and sanctioned international organizations
such as the Institute of Electrical and Electronics Engineers International Committee
on Electromagnetic Safety and the International Commission on Non-Ionizing
Radiation Protection, which is formally related to the World Health Organization. »
-
German Federal Office for Radiation Protection
« The BfS conducted a preliminary review of the so-called "BioInitiative Report"
immediately after its release and concluded that it had clear scientific shortcomings.
In particular, it has undertaken to combine the health effects of low- and highfrequency fields that are not technically possible. The overwhelming majority of
studies underpinning the report are not new: they already have been taken into
account in the determination of currently applicable standards.
-
Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset)
« Le rapport BioInitiative doit donc être lu avec prudence : il revêt des conflits
d’intérêts dans plusieurs chapitres, ne correspond pas à une expertise collective, est
de qualité inégale selon les chapitres et est écrit sur un registre militant.
Le reportage donne une vision réaliste du consensus actuel de la communauté scientifique.
Cela ne veut pas dire que tous les scientifiques sont d’accord. Il y en aura toujours dont l’opinion
diffère. Cela veut dire que la communauté scientifique dans son ensemble supporte le consensus
actuel.
Nous savons que cette réponse ne saurait vous satisfaire.
Veuillez croire cependant à nos salutations distinguées,
Claude D’Astous, journaliste, Découverte
Hélène Leroux, Rédactrice en chef, Découverte
ANNEXE 3
Réplique de M. André Fauteux et demande de révision à l’ombudsman
Pierre Tourangeau
Ombudsman des Services français
CBC/Radio-Canada
Bonjour,
J'estime que ce reportage contrevenait aux normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada
à plusieurs égards, à savoir les devoirs de servir l'intérêt public, de refléter les diversités
d'expériences et de points de vue et de faire preuve d’équilibre ainsi que d’impartialité.
Il ne rend pas justice aux très sérieuses inquiétudes de milliers de médecins et de centaines
d'experts en électrosmog quant aux risques potentiellement énormes pour la santé publique de la
surexposition croissante aux radiofréquences (RF).
Dans sa réponse à ma critique, votre reporter Claude D’Astous décrétait que le consensus
scientifique en matière d’absence d’effets non thermiques des RF est « très ferme » et qu'il n'y ait
« pas de débat scientifique » sur cette question. Rien n’est plus faux.
Dès 2002, plus de 6 000 médecins déclaraient constater une augmentation dramatique de
maladies et symptômes liés à l'extension de l'irradiation par des ondes radio.
L'Agence européenne de l'Environnement (AEE), qui prône l'application du principe de
précaution en la matière, déplorait en 2011 le fait que les chercheurs sonneurs d'alerte soient
peu protégés contre le harcèlement et les attaques à leur crédibilité.
Depuis seulement cinq ans, pas moins de 1 800 nouvelles études ont rapporté des effets non
thermiques à des niveaux d'exposition de RF jusqu'à des milliers de fois plus faibles que ceux
permis par la plupart des pays. C'est ce qui a incité notamment l'Inde, l'Allemagne, la France et
Israël à vouloir réduire l'exposition du public aux ondes émises par les antennes relais,
téléphones cellulaires, Wi-Fi et autres technologies sans fil.
Votre reporter n'a cité que trois sources minimisant les inquiétudes de plusieurs experts quant
aux risques présentés par les compteurs intelligents et leurs réseaux maillés. Sa principale
source, Thomas Gervais, reprend les propos rassurants d'un de ses bailleurs de fonds, le magnat
de l'informatique Lorne Trottier, webmestre du site militant emfandhealth.com écrit notamment
avec le Dr Michel Plante, employé d'Hydro-Québec et consultant auprès des compagnies de
téléphonie cellulaire.
Alors que des sérieux doutes planent sur l'innocuité prétendue des radiofréquences, M. D'Astous
se réfère aux conclusions de l'OMS et de pays qui accordent une importance disproportionnée
aux études de chercheurs (Foster, Krewski et autres Rubin) financés par l'industrie. Il est
malheureux que dans sa réponse à ma lettre, M. D'Astous me cite les travaux du McLaughlin
Centre for Population Health Risk Assessment, de l'Université d'Ottawa. Son directeur
scientifique adjoint, Daniel Krewski, vedette d'une vidéo rassurante produite par Santé Canada,
vient cette semaine d’être exclu du comité qui révise le fameux Code de sécurité 6 de Santé
Canada : le Canadian Medical Association Journal a dénoncé le fait qu’il avait omis de divulguer
qu’Industrie Canada lui avait versé 126 000 $ pour minimiser les inquiétudes du public face aux
risques potentiels des antennes relais. Selon Marketplace, sur les 13 équipes du projet de
recherche Interphone, la sienne fut la seule financée par l'industrie.
Le travail de journaliste n'est-il pas celui de nuancer la réalité en fouillant les dessous du discours
officiel ? Avant de mettre en péril les milliards de dollars qu'ils récoltent annuellement en taxes,
impôts et autres revenus (de location de toitures d’hôpitaux et autres sites où des antennes sont
érigées) des compagnies du sans fil, il est clair que la plupart des pays attendent de trop lourdes
preuves de dommages avant de resserrer leur réglementation.
Vous savez très bien que l'industrie a des tentacules très longues. Pendant 10 ans, le
programme d'études sur les champs électromagnétiques (CEM) de fut dirigé par l’ancien
employé de Santé Canada Michael Repacholi. Aujourd’hui consultant pour l'industrie, celui-ci
avait invité secrètement Michel Plante d'Hydro-Québec et d’autres industriels à réviser les
recommandations sur les CEM qu’il préparait à l'OMS.
Au sujet des compteurs intelligents, le reportage de Découverte reprenait l’argument d'HydroQuébec qui ne rapporte que leurs émissions moyennes de RD, qui sont bien plus faibles que
celles d'un cellulaire ou du Wi-Fi. Il passait toutefois sous silence le fait que plusieurs experts
blâment les milliers de pics de pulsations quotidiennes de haute densité émises par ces
compteurs. Ils craignent surtout le fait que les émissions des réseaux maillés exploseront dans
les années à venir, à mesure que de millions de compteurs, de routeurs et d'électroménagers
communiqueront entre eux. Dans bien des cas, par exemple chez les gens vivant près de
multiples compteurs ou minimisant leur usage d'appareils sans fil, ces expositions dépasseront
les doses reçues d'un téléphone portable et d'une antenne.
Plusieurs experts craignent que ce tsunami de micro-ondes, pulsées 24 heures par jour, 7 jours
sur 7, sera une catastrophe de santé publique, et en particulier pour les personnes devenues
intolérantes aux RF, comme c’est le cas du Dr Gro Harlem Brundtland elle-même.
Bien que les études sur le sujet soient rares et non concluantes, ces inquiétudes sont fondées
sur la science, à savoir les observations cliniques de milliers de médecins ainsi que sur les
recherches scientifiques les plus récentes. Ces faits amènent plusieurs experts et élus à
recommander de réduire l’exposition aux RF, voire de les éliminer la nuit, alors que notre corps
effectue son travail de réparation et de régénération.
Votre reportage fait fi des intérêts des générations futures en ignorant les témoignages de milliers
de personnes, vivant dans plusieurs pays, et qui ont rapporté l’apparition de symptômes
d'électrosensibilité depuis l'installation des compteurs nouvelle génération.
Le reportage laissait entendre que ces symptômes pourraient n’être dus qu’à la peur des ondes.
En fait, la vaste majorité de ces personnes ont affirmé qu'auparavant elles ignoraient la présence
même ou les risques potentiels des RF.
C'est le cas de Pierre Lepage, ancien résidant de Villeray : il était favorable à cette technologie
quand Hydro-Québec lui proposa d'installer six compteurs intelligents dans sa cuisine. Lisez le
témoignage qu'il a déposé à la Régie de l'énergie : il y relate les problèmes cardiaques qu'il a
développés et les nombreux autres symptômes ressentis par les quatre membres de sa famille.
Dans sa réponse à ma lettre, M. D'Astous m’écrivait que « de 1987 à 2007, aux États-Unis, en
dépit de l’augmentation explosive de l’usage du cellulaire, on n’observe aucune augmentation de
l’incidence des cancers du cerveau et du système nerveux central ». Il sait pourtant très bien que
les tumeurs cérébrales prennent souvent 30 ans et plus à apparaître et que la fureur du sans fil
est un phénomène du 21e siècle.
En effet, le cellulaire ne fut utilisé quotidiennement par 50 % des Scandinaves qu'à partir de 2000
et le nombre d'abonnements vient tout juste de tripler dans le monde, de 2008 à 2012. Les
experts estiment que le niveau d'exposition collective aux micro-ondes est un million de fois plus
élevé aujourd'hui qu'il y a 10 ans. On commence à peine à observer la pointe de l'iceberg de
l’impact des RF. Découverte se mouillera-t-elle pour explorer sous la surface apparente?
M. D'Astous se fie au Code de Sécurité 6 sans dire qu'il est vivement contesté depuis des
années, tout comme les normes équivalentes américaines du FCC, dénoncées en 1993 par l’US
EPA et la FDA, car elles ne tiennent pas compte des effets chroniques des radiofréquences.
Par ailleurs, dans sa réponse à ma lettre, il fait un parallèle déplacé avec le dossier des
changements climatiques pour dire qu'il existera toujours des désaccords entre chercheurs. M.
D’Astous sait-il que les « électrosceptiques les plus notoires sont financés par l'industrie, tout
comme les climatosceptiques ?
Les chercheurs indépendants qui étudient les bienfaits et les méfaits de l'électromagnétisme
méritent davantage d’égard. Je vous invite d'ailleurs à interviewer le physicien Paul Héroux,
directeur du laboratoire InVitroPlus de McGill, qui s'est toujours tenu à l'écart des controverses.
Sa récente étude sur les effets des ondes ELF sur le métabolisme (qui pourraient avoir des
implications majeures sur des maladies comme le cancer et le diabète) sera publiée sous peu
dans Electromagnetic Biology and Medicine.
En terminant, je vous invite à lire la mise en garde faite en 2011 par Jacqueline McGlade,
ancienne directrice de l’Agence européenne de l’environnement. Prônant l’application du principe
de précaution, elle mettait alors en garde le Conseil d’Europe contre les risques possibles de
l’inaction en matière de téléphonie cellulaire. Ceci en rappelant les conséquences désastreuses
pour l’humanité d’avoir ignoré les scientifiques qui ont sonné l’alerte au sujet des dangers du
plomb, de l’amiante, du tabagisme et des autres métaux lourds.
Dans son discours, elle concluait : « Il est inquiétant de constater que depuis que Galilée fut
persécuté pour avoir publié le Messager des étoiles, il y a tout juste 400 ans, affirmant que le
soleil et non la terre était au centre de l'univers, ceux qui préfèrent ne pas entendre les
avertissements qui dérangent ont tenté de "tirer sur le messager" plutôt que de traiter
ouvertement avec les forces et les faiblesses du nouveau message. »
J'espère sincèrement qu’à l’avenir, Découverte et Radio-Canada feront preuve d’une plus grande
rigueur, en traitant de cette controverse scientifique et de cet enjeu majeur de santé publique de
façon plus responsable et équitable, dans l'intérêt du public.
PS : M. D'Astous, pour répondre à votre question sur le rapport entre les 10 % d'usagers intensifs
du cellulaire qui seraient plus à risque de contracter un gliome et les 10 % d'Européens qui se
disent électrosensibles : cette proportion pourrait refléter le pourcentage de gens aujourd'hui plus
sensibles à la pollution électromagnétique, par exemple à cause de leur génétique et/ou de la
présence d'implants métalliques dans leur corps, hypothèses posées notamment par l'oncologue
parisien Dominique Belpomme.
Bien à vous,
André Fauteux, éditeur
Magazine La Maison du 21e siècle
ANNEXE 4
Réaction du journaliste Claude D’Astous à la réplique du plaignant
M. PierreTourangeau,
M. André Fauteux, insatisfait de la réponse que nous lui avons fait parvenir, vous a demandé de
statuer sur sa plainte concernant le reportage diffusé le 2 juin 2013 à l’émission Découverte. Ce
reportage traitait des aspects sanitaires des radiofréquences et des compteurs intelligents
d’Hydro-Québec.
Dans sa demande de révision, M. Fauteux avance de nouveaux arguments, qui s’éloignent
parfois du contenu de notre reportage. Nous avons cru approprié de commenter certains
arguments. Nos commentaires accompagnent la demande de révision de M. Fauteux.
Salutations,
Claude D’Astous
Journaliste-Découverte
1
J'estime que ce reportage contrevenait aux normes et pratiques journalistiques
de Radio-Canada à plusieurs égards, à savoir les devoirs de servir l'intérêt public, de
refléter les diversités d'expériences et de points de vue et de faire preuve d’équilibre ainsi
que d’impartialité.
Il ne rend pas justice aux très sérieuses inquiétudes de milliers de médecins et de
centaines d'experts en électrosmog quant aux risques potentiellement énormes pour la
santé publique de la surexposition croissante aux radiofréquences (RF).
Dans sa réponse à ma critique, votre reporter Claude D’Astous décrétait que le
consensus scientifique en matière d’absence d’effets non thermiques des RF est « très
ferme » et qu'il n'y ait « pas de débat scientifique » sur cette question. Rien n’est plus
faux.
Dans ma réponse, voici ce que j’ai écrit en guise de conclusion :
« Ce que nous disons est supporté par un consensus scientifique très ferme. Le débat
n’est pas scientifique. Il est public et politique. »
Je parlais du débat généré par les groupes activistes.
En science, le débat est continuel. Pour arriver à un consensus, il y a débat. Chaque fois que les
comités d’experts se rencontrent pour tenir compte des nouvelles études et les évaluer, il y a
débat. Et ces scientifiques soupèsent au mérite chaque étude, les positives comme les
négatives. Ils en discutent. Ils en débattent. Et ils parviennent à consensus scientifique que la
très grande majorité des scientifiques approuvent.
Le débat généré par les groupes activistes ne tient pas compte de ce consensus scientifique sur
les effets non-thermiques des radiofréquences. Ils le nient. La stratégie d’avancer une étude
positive, comme M. André Fauteux l’a fait dans sa plainte avec l’étude du Dr Vini G. Khurana, et
d’oublier toutes les autres, ce n’est pas une approche scientifique. Il brandit cette étude comme
preuve que l’incidence du cancer progresse, exactement ce que les groupes activistes veulent
croire. Nous sommes alors dans le domaine public et politique. On déforme la réalité scientifique
pour l’adapter au besoin de la cause.
Année après année, des comités experts se réunissent et se penchent sur la littérature
scientifique et réévaluent à la lumière des nouvelles recherches les risques associés à la santé et
l’utilisation des radiofréquences. D’un pays à l’autre, les comités d’experts ne sont pas les
mêmes. Ils n’évaluent pas nécessairement les mêmes études, et pourtant, le consensus atteint
se compare. Ces comités d’experts concluent que l’existence d’effet nocif athermique des
radiofréquences n’est pas établie. Il existe à ce sujet un solide consensus scientifique En tant
que journaliste scientifique, je me dois de le constater.
Voici ce que disait en 2004 l’Organisation mondiale de la santé sur la recherche sur le
rayonnement non ionisant :
« Au cours des 30 dernières années, environ 25 000 articles scientifiques ont été publiés
sur les effets biologiques et les applications médicales des rayonnements non ionisants.
Certains peuvent penser que cet effort de recherche est encore insuffisant, mais les
connaissances scientifiques acquises dans ce domaine sont désormais plus complètes
que celles que l'on possède sur la plupart des produits chimiques. S'appuyant sur un
examen approfondi de la littérature scientifique, l'OMS a conclu que les données
actuelles ne confirment en aucun cas l'existence d'effets sanitaires résultant d'une
exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité. Toutefois, notre
connaissance des effets biologiques de ces champs comporte encore certaines lacunes
et la recherche doit se poursuivre pour les combler. »
Presque dix ans plus tard, avec des milliers d’études supplémentaires, l’existence d’effets nocifs
athermiques est toujours une hypothèse. Il existe toujours des lacunes et des incertitudes. Il faut
continuer les recherches.
Voici un résumé de la dernière révision nationale (Suède 2013) par un comité expert
(http://www.stralsakerhetsmyndigheten.se/In-English/About-the-Swedish-Radiation-SafetyAuthority1/News1/Less-support-for-possible-link-between-cancer-and-using-mobile-phones/) :
« A possible link between cancer and use of mobile phones was not supported by a new
report about recent research on electromagnetic fields published by the Swedish
Radiation Safety Authority’s Scientific Council on Electromagnetic Fields.
Today the Swedish Radiation Safety Authority (SSM) released a report about recent
research on electromagnetic fields. This report was produced by the Authority’s Scientific
Council on Electromagnetic Fields.
In spring 2011, IARC, the World Health Organization’s (WHO) cancer research institute,
classified radiofrequency fields as possibly carcinogenic to humans. This classification by
the research institute was based on two epidemiological* studies that indicated a
somewhat elevated risk of tumours of the brain and acoustic neuroma for users of mobile
phones.
Additional studies have been published since 2011. Altogether, these studies do not
support a link between using mobile phones and an elevated risk of developing cancer, a
conclusion also supported through national cancer statistics from several countries.
“There is less scientific support for a possible link between mobile phones and cancer.
However, there is some uncertainty when it comes to long-term use, in other words for
people who have used these phones for more than 13-15 years,” says Lars Mjönes,
scientific secretary of SSM’s Scientific Council.
“It is also too soon to completely rule out the possibility of an elevated risk of cancer
among children, though the relatively limited research conducted to date does not
suggest an elevated risk.”
There are studies showing that electrical activity in the brain might be affected by the
radio waves from mobile phones, but the effects observed are minor and are unlikely to
have any influence on behaviour or health.
As concluded by the Scientific Council in previous reports, there are no radiation
protection problems for the general public related to radio waves from sources such as
mobile phone base stations, television and radio transmitters or wireless computer
networks in home or school environments. »
Dès 2002, plus de 6 000 médecins déclaraient constater une augmentation dramatique de
maladies et symptômes liés à l'extension de l'irradiation par des ondes radio.
L'Agence européenne de l'Environnement (AEE), qui prône l'application du principe de
précaution en la matière, déplorait en 2011 le fait que les chercheurs sonneurs d'alerte soient
peu protégés contre le harcèlement et les attaques à leur crédibilité.
L’Agence européenne de l’environnement (AEE) est opérationnelle depuis 1994. Elle est née à la
suite des crises de la vache folle et du sang contaminé. Elle se veut un peu le chien de garde de
l’environnement. Dès qu’elle croit voir un loup, elle s’alarme. On lui reproche justement sa
promiscuité avec les ONG de défense de l’environnement,avec les risques de conflits d’intérêts
qui pourraient s’ensuivre. En 2013, Lennart Hardell, un des membres fondateurs de BioInitiative,
fut l’auteur principal d’un chapitre sur les radiofréquences et le cancer pour une publication de
l’AEE. Cette agence n’est pas une instance scientifique.
Dès 2007, cette agence de protection de l’environnement en a appelé au principe de précaution
concernant les champs électromagnétiques. En 2009, elle revenait à la charge en spécifiant
particulièrement les radiofréquences et le risque de cancer chez les enfants et les jeunes adultes.
En 2011, l’Agence a de nouveau demandé d’appliquer le principe de précaution à la suite du
classement des radiofréquences dans le groupe 2B par l’Agence Internationale de recherche sur
le cancer (AIRC).
Notre reportage ne parlait pas du principe de précaution. Plusieurs instances scientifiques,
juridiques et politiques ont demandé de mieux baliser l’emploi du principe de précaution. Il y a un
tel flou autour de cette question, qu’on ne sait trop quand il faut l’employer ou pas. Plusieurs
jugements en France, où le principe de précaution est inscrit dans la constitution, se sont basés
sur ce principe pour ordonner le démantèlement des antennes relais. Des autorités scientifiques
ont protesté et ont parlé d’un abus. Des pays comme l’Italie, la Suisse, la Belgique et le
Luxembourg ont pris la décision politique de faire appel au principe de précaution pour resserrer
les normes pour les antennes relais et le Wi-Fi afin de satisfaire les groupes activistes. Dans les
faits, cela n’a rien changé. Car les antennes relais dans leur presque totalité étaient déjà
conformes aux nouvelles normes. Par contre, ces gouvernements n’ont pas touché aux normes
régulant le téléphone portable, qui est pourtant la technologie qui soumet la population au
rayonnement de radiofréquence le plus intense.
Le gouvernement norvégien a donné au comité d’experts qui se réunissait pour évaluer les
nouvelles recherches sur les radiofréquences le mandat de se prononcer sur l’application du
principe de précaution.
Voici la réponse du comité expert norvégien dans le rapport de 2012 :
« 1.9.1 General recommendations
The current regulations are based on the ICNIRP reference values for maximum
exposure. The Expert Committee does not recommend special measures to reduce
exposure, e.g., by changing the threshold limit values. The knowledge base in this health
risk assessment provides no reason to assert that adverse health effects will occur from
the typical public exposure. This also applies to the use of wireless communications in
the office environment.
The mandate also asks the Committee to consider whether uncertainties are revealed
that require the application of the precautionary principle when managing the risk and, if
so, how the precautionary principle should be applied.
The Committee has therefore thoroughly discussed whether there are grounds to apply
the precautionary principle for weak RF fields. The Committee considers that the
conditions for applying the principle have not been met. Furthermore, the Committee
considers that the administrative authorities can select a precautionary strategy according
to the lowest level, i.e. “any exposure should not be higher than needed for the intended
purpose to be achieved”.
Même si le comité norvégien s’entend pour dire que le principe de précaution ne peut pas être
appliqué par rapport au niveau de risque, il ouvre la porte à un resserrement des normes là où
c’est possible sans nuire à l’activité. Ainsi, les antennes relais et le Wi-Fi sont en général au
moins 100 fois sous les normes. Resserrer les normes ne nuirait pas à leur déploiement. La
décision serait cependant politique et non scientifique.
En science, toute étude qui va à contresens du courant principal de la recherche se place
aussitôt sous la loupe des scientifiques. On veut comprendre pourquoi cette recherche a trouvé
ce que les autres n’ont pas trouvé. Parfois, ces études ont raison et la renommée des auteurs en
profite. Mais, le plus souvent, un biais involontaire explique le résultat inhabituel. En se mettant
à l’avant-scène, les scientifiques alarmistes attirent immanquablement l’attention sur leurs
recherches et s’exposent à la critique, surtout si leurs recherches possèdent des biais importants.
Sachez qu’il en est de même pour ceux qui osent contredire ou s’opposer aux groupes activistes.
Ils deviennent aussitôt les mercenaires de l’industrie et s’attirent la défiance d’activistes militants.
Depuis seulement cinq ans, pas moins de 1 800 nouvelles études ont rapporté des effets non
thermiques à des niveaux d'exposition de RF jusqu'à des milliers de fois plus faibles que ceux
permis par la plupart des pays. C'est ce qui a incité notamment l'Inde, l'Allemagne, la France et
Israël à vouloir réduire l'exposition du public aux ondes émises par les antennes relais,
téléphones cellulaires, Wi-Fi et autres technologies sans fil.
Les nouvelles études sont considérées lors des révisions par les comités experts. Elles sont
jugées au mérite. Et, pour le moment, le consensus scientifique demeure inchangé. Je vous
réfère au rapport suédois (2013) et norvégien (2012).
Je ne connais pas les sources qui affirment que l’Inde, l’Allemagne, la France et Israël veulent
réduire les normes pour les antennes relais, téléphones cellulaires, Wi-Fi et autres technologies
sans fil. À ce que je sache, ces pays ont les normes recommandées par l’OMS (ICNIRP - IEEE).
2
Votre reporter n'a cité que trois sources minimisant les inquiétudes de plusieurs
experts quant aux risques présentés par les compteurs intelligents et leurs réseaux
maillés. Sa principale source, Thomas Gervais, reprend les propos rassurants d'un de
ses bailleurs de fonds, le magnat de l'informatique Lorne Trottier, webmestre du site
militant emfandhealth.com écrit notamment avec le Dr Michel Plante, employé d'HydroQuébec et consultant auprès des compagnies de téléphonie cellulaire.
Trois intervenants ont participé à notre reportage. M. Thomas Gervais est professeur à l’École
polytechnique de Montréal. La brigade électro-urbaine est son idée. Nous considérions cet angle
intéressant pour expliquer les normes et montrer à notre public que les normes étaient
respectées. De plus, M. Gervais pouvait nous expliquer le point de vue des physiciens sur
l’énergie très faible du photon. Mme Monique Beausoleil a émis un avis pour le ministère de la
Santé sur l’innocuité des compteurs intelligents. M. Jack Siemiatycki a participé à l’étude
Interphone et était membre du comité de l’Agence Internationale de recherches sur le cancer qui
a classé les radiofréquences dans le groupe 2B. Nous avons mis l’entrevue de Jack Siemiatycki
en ligne. Le reportage dure 12 minutes et demie. Nous avons présenté l’état des lieux à notre
public. Nous sommes allés à l’essentiel.
3
Alors que des sérieux doutes planent sur l'innocuité prétendue des
radiofréquences, M. D'Astous se réfère aux conclusions de l'OMS et de pays qui
accordent une importance disproportionnée aux études de chercheurs (Foster, Krewski
et autres Rubin) financés par l'industrie. Il est malheureux que dans sa réponse à ma
lettre, M. D'Astous me cite les travaux du McLaughlin Centre for Population Health Risk
Assessment, de l'Université d'Ottawa. Son directeur scientifique adjoint, Daniel Krewski,
vedette d'une vidéo rassurante produite par Santé Canada, vient cette semaine d’être
exclu du comité qui révise le fameux Code de sécurité 6 de Santé Canada : le Canadian
Medical Association Journal a dénoncé le fait qu’il avait omis de divulguer qu’Industrie
Canada lui avait versé 126 000 $ pour minimiser les inquiétudes du public face aux
risques potentiels des antennes relais. Selon Marketplace, sur les 13 équipes du projet
de recherche Interphone, la sienne fut la seule financée par l'industrie.
« Le coût global de l'étude Interphone s'élève à environ 19 millions d'euros. 9,9 millions ont été
versés par les pays participants, 3,74 millions par la Commission européenne. Le reste, 5,5
millions d'euros, provient de sources industrielles : 1,75 million d'euros ont été versés par le
Mobile Manufacturers Forum (MMF), idem pour la GSM Association, et 1,5 million d'euros ont été
apportés par les fabricants de téléphone portable. »
L’étude était parrainée par l’Agence Internationale de recherche sur le cancer (AIRC). Les
industries n’ont eu aucun droit de regard sur l’étude. Les industries ont lu l’étude une fois
publiée.
M. Fauteux parle de « doutes sérieux » sur l’innocuité des radiofréquences Il existe des
incertitudes, pas de « doutes sérieux ». Je vous réfère de nouveau aux multiples rapports des
comités d’experts qui soupèsent les études positives et les études négatives.
Pour ce qui de Daniel Krewski, il aurait dû mentionner ce conflit d’intérêts quand on l’a invité à
diriger ce comité. En science, il est important pour un scientifique de signaler tout conflit ou
apparence de conflit d’intérêts. Cela peut teinter son opinion et jeter un doute sur son impartialité.
Ainsi, les scientifiques qui ont participé au rapport BioInitiative devraient le mentionner. Cela peut
aussi teinter leur opinion.
4
Le travail de journaliste n'est-il pas celui de nuancer la réalité en fouillant les
dessous du discours officiel? Avant de mettre en péril les milliards de dollars qu'ils
récoltent annuellement en taxes, impôts et autres revenus (de location de toitures
d’hôpitaux et autres sites où des antennes sont érigées) des compagnies du sans fil, il
est clair que la plupart des pays attendent de trop lourdes preuves de dommages avant
de resserrer leur réglementation.
Le travail des journalistes est d’informer. Je crois que ce reportage fait œuvre utile en expliquant
à notre public où se situe le consensus scientifique sur la question des radiofréquences Il y a
beaucoup de désinformation à ce sujet.
5
Vous savez très bien que l'industrie a des tentacules très longues. Pendant 10
ans, le programme d'études sur les champs électromagnétiques (CEM) de fut dirigé par
l’ancien employé de Santé Canada Michael Repacholi. Aujourd’hui consultant pour
l'industrie, celui-ci avait invité secrètement Michel Plante d'Hydro-Québec et d’autres
industriels à réviser les recommandations sur les CEM qu’il préparait à l'OMS.
Ni Michael Repocholi ni le Dr Michel Plante ne participent au reportage dont M. Fauteux se plaint.
6
Au sujet des compteurs intelligents, le reportage de Découverte reprenait
l’argument d'Hydro-Québec qui ne rapporte que leurs émissions moyennes de RD, qui
sont bien plus faibles que celles d'un cellulaire ou du Wi-Fi. Il passait toutefois sous
silence le fait que plusieurs experts blâment les milliers de pics de pulsations
quotidiennes de haute densité émises par ces compteurs. Ils craignent surtout le fait que
les émissions des réseaux maillés exploseront dans les années à venir, à mesure que de
millions de compteurs, de routeurs et d'électroménagers communiqueront entre eux.
Dans bien des cas, par exemple chez les gens vivant près de multiples compteurs ou
minimisant leur usage d'appareils sans fil, ces expositions dépasseront les doses reçues
d'un téléphone portable et d'une antenne.
M. Fauteux parle de milliers de pics de pulsations quotidiennes de hautes densités émises par
les compteurs. Cela ne correspond pas à la réalité. Les émissions crêtes des compteurs ne sont
pas de haute densité. Elles sont bien en deçà des normes. Plusieurs activistes m’ont parlé de ces
ondes pulsées des compteurs intelligents. À leurs yeux, ces ondes pulsées, une onde de 50
mW/m2 aux 30 à 50 secondes à un mètre, seraient plus dangereuses que les ondes des
téléphones portables Cela m’a beaucoup étonné. Ces gens ne semblent pas savoir que les
téléphones portables fonctionnent aussi par ondes pulsées. Voici une citation sur le sujet :
« Pour que plusieurs personnes puissent téléphoner en même temps à l’intérieur d’une
même cellule, jusqu’à huit utilisateurs se partagent le même canal avec le système GSM.
Un huitième du temps de transmission (intervalle de temps ou « slot ») est dont attribué à
chacun d’eux. L’information est divisée en « paquets » de 577 microsecondes transmis
toutes les 4,6 millisecondes. C’est pourquoi le téléphone mobile émet un rayonnement
pulsé 217 fois par seconde. » p. 43 Électrosmog dans l’environnement, OFEFP
Si les ondes pulsées sont si dangereuses, il me semble que le téléphone portable qui en produit
217 à la seconde, alors que vous l’avez à l’oreille, devrait alarmer davantage les groupes
activistes que le compteur intelligent qui passe sa journée loin de vous. Le téléphone portable
est la technologie qui, à cause de sa proximité, soumet son utilisateur au plus puissant
rayonnement de radiofréquence. L’antenne d’un téléphone possède une puissance d’un watt.
Or, l'antenne des compteurs Landis+Gyr a une puissance de crête de 0,425W. Deux fois moins.
Et il émet 82 secondes par jour.
7
Plusieurs experts craignent que ce tsunami de micro-ondes, pulsées 24 heures
par jour, 7 jours sur 7, sera une catastrophe de santé publique, et en particulier pour les
personnes devenues intolérantes aux RF, comme c’est le cas du Dr Gro Harlem
Brundtland elle-même.
La très grande majorité des scientifiques ne partagent pas cette crainte.
8
Bien que les études sur le sujet soient rares et non concluantes, ces inquiétudes
sont fondées sur la science, à savoir les observations cliniques de milliers de médecins
ainsi que sur les recherches scientifiques les plus récentes. Ces faits amènent plusieurs
experts et élus à recommander de réduire l’exposition aux RF, voire de les éliminer la
nuit, alors que notre corps effectue son travail de réparation et de régénération.
Cela ne correspond pas au consensus scientifique sur la question. M. Fauteux admet que les
études sont rares et non concluantes. Ce que les médecins observent, ce sont des patients qui
croient que leurs problèmes de santé sont causés par les radiofréquences. Cependant les tests à
double insue montrent que les symptômes observés ne sont pas liés aux radiofréquences. Une
des causes avancées pour expliquer la hausse du nombre de gens qui se croient
électrosensibles est la crainte générée par les groupes activistes. De plus en plus, ces groupes
activistes délaissent la crainte du cancer pour celle de l’électrosensibilité.
9
Votre reportage fait fi des intérêts des générations futures en ignorant les
témoignages de milliers de personnes, vivant dans plusieurs pays, et qui ont rapporté
l’apparition de symptômes d'électrosensibilité depuis l'installation des compteurs nouvelle
Le reportage laissait entendre que ces symptômes pourraient n’être dus qu’à la peur des
ondes. En fait, la vaste majorité de ces personnes ont affirmé qu'auparavant elles
ignoraient la présence même ou les risques potentiels des RF.
C'est le cas de Pierre Lepage, ancien résidant de Villeray : il était favorable à cette
technologie quand Hydro-Québec lui proposa d'installer six compteurs intelligents dans
sa cuisine. Lisez le témoignage qu'il a déposé à la Régie de l'énergie : il y relate les
problèmes cardiaques qu'il a développés et les nombreux autres symptômes ressentis
par les quatre membres de sa famille.
Dans sa réponse à ma lettre, M. D'Astous m’écrivait que « de 1987 à 2007, aux ÉtatsUnis, en dépit de l’augmentation explosive de l’usage du cellulaire, on n’observe aucune
augmentation de l’incidence des cancers du cerveau et du système nerveux central ». Il
sait pourtant très bien que les tumeurs cérébrales prennent souvent 30 ans et plus à
apparaître et que la fureur du sans fil est un phénomène du 21e siècle.
Voici la citation complète de notre réponse :
« Ainsi de 1987 à 2007, aux États-Unis, en dépit de l’augmentation explosive de l’usage
du cellulaire, on n’observe aucune augmentation de l’incidence des cancers du cerveau
et du système nerveux central. (Institut du cancer des États-Unis :
http://www.cancer.gov/cancertopics/factsheet/Risk/cellphones#r15)
Il en est de même pour l’évolution de l’incidence du cancer du cerveau au Danemark, en
Finlande, en Norvège et en Suède pour la période 1974-2008. Au Canada, au
Royaume-Uni et en France aussi, l’incidence stagne. De même qu’en Israël. Aux yeux
des chercheurs, cela est rassurant. Ceux qui prévoyaient une hécatombe semblent avoir
eu tort. Cependant comme il y a un décalage entre l’usage d’un élément cancérigène et
l’apparition du cancer, il est toujours possible que l’incidence du cancer évolue au cours
des prochaines années. Mais pour le moment, on ne voit rien. Normalement, on devrait
déjà percevoir un signal. »
10
En effet, le cellulaire ne fut utilisé quotidiennement par 50 % des Scandinaves
qu'à partir de 2000 et le nombre d'abonnements vient tout juste de tripler dans le monde,
de 2008 à 2012. Les experts estiment que le niveau d'exposition collective aux microondes est un million de fois plus élevé aujourd'hui qu'il y a 10 ans. On commence à peine
à observer la pointe de l'iceberg de l’impact des RF. Découverte se mouillera-t-elle pour
explorer sous la surface apparente ?
Les études récentes ne vont pas en ce sens. On ne voit pas la pointe de l’iceberg. Et s’il y a un
iceberg, il risque d’être petit.
Voici ce que dit le rapport norvégien (2012) :
« The Expert Committee considers the increased risk reported in some case-control
studies to beinconsistent with the results from studies of time trends based on cancer
registry data in either the Nordic or other countries.
Overall, the available data show no association between exposure to RF fields from a
mobile phone and fast-growing tumours, including gliomas in the brain which have a short
induction period (time from exposure to disease).
For slow-growing tumours, including meningiomas and acoustic neuromas, the data
available so far do not indicate an increased risk. However, it is too early to completely
exclude the possibility that there may be an association with exposure to RF fields from
mobile phones, because the period of use of mobile phones is still too short. Available
epidemiological cohort and casecontrol studies provide no information about a possible
effect after a long induction period.
The longest induction period studied is 13 years, and no participants had used mobile
phones for more than 20 years old when the studies were conducted. »
Et le rapport suédois (2013) :
« What was learned during the past ten years extensive research on various aspects of
RF fields has been conducted during the last ten years and the knowledge database has
increased considerably. Simulation models have improved our knowledge about how the
fields and the energy are distributed in the body.
Mobile, so called exposimeters have been developed for use in epidemiological studies.
Many more measurements have been conducted to increase our knowledge about
sources and levels of exposure to the population.
More than 15 provocation studies (single or double blind) have been conducted on
symptoms attributed to exposure to RF fields. These studies have not been able to
demonstrate that people experience symptoms or sensations more often when the fields
are turned on than when they are turned off. One longitudinal study has looked at
frequency of symptoms in relation to environmental exposure and this study found no
association between exposure and symptoms.
A considerable number of studies on cancer, and in particular brain tumour, were
presented. As a consequence there exist now very useful data including methodological
results that can be used in the interpretation of this research. With a small number of
exceptions the available results are all negative and taken together with new
methodological understandings the overall interpretation is that these do not provide
support for an association between mobile telephony and brain tumour risk. In addition,
national cancer statistics are very useful sources of information because mobile phone
usage has increased so quickly. Had mobile phone use and brain cancer risk been
associated it would have been visible as an increasing trend in national cancer statistics.
But brain cancer rates are not increasing.
Where we stand today
We now know much more about measurements and absorption of RF fields and also
about sources of exposure to the population and levels of exposure. A considerable
number of provocation studies on RF exposure and symptoms have been unable to show
any association. Overall, the data on brain tumour and mobile telephony do not support
an effect of mobile phone use on tumour risk, in particular when taken together with
national cancer trend statistics throughout the world.
Research on mobile telephony and health started without a biologically or
epidemiologically based hypothesis about possible health risks. Instead the inducement
was an unspecific concern related to a new and rapidly spreading technology. Extensive
research for more than a decade has not detected anything new regarding interaction
mechanisms between radiofrequency fields and the human body and has found no
evidence for health risks below current exposure guidelines. While absolute certainty can
never be achieved, nothing has appeared to suggest that the since long established
interaction mechanism of heating would not suffice as basis for health protection. »
Quant à un facteur d’exposition un million de fois plus élevé en 10 ans, j’aimerais connaître la
source pour en vérifier la méthodologie et la dosimétrie.
11
M. D'Astous se fie au Code de Sécurité 6 sans dire qu'il est vivement contesté
depuis des années, tout comme les normes équivalentes américaines du FCC,
dénoncées en 1993 par l’US EPA et la FDA, car elles ne tiennent pas compte des effets
chroniques des radiofréquences.
Ces effets chroniques ne sont pas démontrés et les comités d’experts concluent que le
resserrement des normes n’est pas justifié sur le plan scientifique.
12
Par ailleurs, dans sa réponse à ma lettre, il fait un parallèle déplacé avec le
dossier des changements climatiques pour dire qu'il existera toujours des désaccords
entre chercheurs. M. D’Astous sait-il que les « électrosceptiques les plus notoires sont
financés par l'industrie, tout comme les climatosceptiques ?
Les chercheurs indépendants qui étudient les bienfaits et les méfaits de
l'électromagnétisme méritent davantage d’égards. Je vous invite d'ailleurs à interviewer le
physicien Paul Héroux, directeur du laboratoire InVitroPlus de McGill, qui s'est toujours
tenu à l'écart des controverses. Sa récente étude sur les effets des ondes ELF sur le
métabolisme (qui pourraient avoir des implications majeures sur des maladies comme le
cancer et le diabète) sera publiée sous peu dans Electromagnetic Biology and Medicine.
L’étude de M. Paul Héroux porte sur les ondes ELF (extreme low frequence), comme celles que
produisent les lignes à haute tension. Notre reportage ne touchait que les radiofréquences. Je
suis heureux de voir que M. Héroux a enfin trouvé une revue disposée à publier sa recherche.
Dès que l’article de Paul Héroux et Ying Li sera publié, il me fera plaisir de le lire.
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En terminant, je vous invite à lire la mise en garde faite en 2011 par Jacqueline
McGlade, ancienne directrice de l’Agence européenne de l’environnement. Prônant
l’application du principe de précaution, elle mettait alors en garde le Conseil d’Europe
contre les risques possibles de l’inaction en matière de téléphonie cellulaire. Ceci en
rappelant les conséquences désastreuses pour l’humanité d’avoir ignoré les scientifiques
qui ont sonné l’alerte au sujet des dangers du plomb, de l’amiante, du tabagisme et des
autres métaux lourds.
Dans son discours, elle concluait : « Il est inquiétant de constater que depuis que Galilée
fut persécuté pour avoir publié le Messager des étoiles, il y a tout juste 400 ans, affirmant
que le soleil et non la terre était au centre de l'univers, ceux qui préfèrent ne pas
entendre les avertissements qui dérangent ont tenté de "tirer sur le messager" plutôt que
de traiter ouvertement avec les forces et les faiblesses du nouveau message. »
Je suis conscient que les groupes activistes croient que l’humanité court un grave danger.
Qu’une hécatombe sans commune mesure va nous frapper et que le principe de précaution doit
s’appliquer de toute urgence. Je suis aussi conscient que les comités d’experts qui se penchent
sur la question considèrent que l’existence d’effets athermiques nocifs des radiofréquences n’est
pas établie malgré 50 ans de recherche. Je sais aussi que les années passent et que
l’hécatombe annoncée depuis vingt ans ne s’avère pas. Pour le moment, il n’y a aucun iceberg à
l’horizon. La tendance lourde des études sur le cancer et les radiofréquences va de plus en plus
vers une absence de lien.
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J'espère sincèrement qu’à l’avenir, Découverte et Radio-Canada feront preuve
d’une plus grande rigueur, en traitant de cette controverse scientifique et de cet enjeu
majeur de santé publique de façon plus responsable et équitable, dans l'intérêt du public.
L’Organisation mondiale de la santé et les organismes nationaux en santé publique n’y voient
pas un enjeu majeur.
Claude D’Astous
Journaliste, Découverte.