Si tu vas à Rio, n`oublie pas le petit Proglio (sur un air connu)

CGT Consulting Group, consterné, crie à l’affront…
…qui le plonge dans Le Peine
Matin brun ou les embauches de l’extrême
Suivant les recommandations du candidat Sarkozy à la CGT, nous nous gardons de
« faire de la politique ». Il est dommageable que cette prudente réserve n’ait pas
toujours été observée par les patrons en général et le nôtre en particulier qui s’est
affiché par exemple avec le ci-devant Président de la République dans une centrale
électrique alsacienne avant de l’autoriser à venir pérorer à Saint-Laurent des Eaux.
Grande est sa motivation : M. Proglio est en tête de liste des personnalités qui perdront
à coup sûr leur emploi si le Président sortant est sorti. Comme il n’a plus rien à perdre,
le patron d’EDF se lâche, sans doute pour donner raison à ceux qui l’accusent d’avoir
longtemps péché en eaux troubles...
Olivier Martinelli, pendant 8 ans chef de cabinet de Jean-Marie Le Pen (jusqu’en 2009), est
embauché par le groupe EDF pour prendre la responsabilité de la communication de filiale
italienne FENICE, sise à Turin. Le salaire et les avantages sont excellents, à la mesure de
cette nouvelle « compétence rare » (il a fait Science pô).
Nous avions toussé à l’embauche de l’ex-épouse d’un leader national de l’UMP, hoqueté à
celle d’une cadre dirigeante de l’UMP, avions ressenti des hauts de cœur à l’embauche d’une
nièce d’une ex-Ministre, cette fois-ci, nous vomissons.
Aujourd’hui quarantenaire, M. Martinelli a rédigé les discours de Jean-Marie le Pen pendant
quelques années : un détail dans son CV. Il a aussi fondé le Front national Fiamma Corsa car
c’est un homme féru d’identité authentique. Ainsi, il a écrit au Président de la République en
2005 pour dire sa satisfaction de la décision parlementaire qui préconisait l’apprentissage de
l’hymne national dans les écoles, et pour exiger l’apprentissage dans les écoles corses, en sus
de la Marseillaise, du chant Dio vi salvi Regina dédiée à la Vierge Marie, protectrice de la
corsitude. Pour M. Martinelli, ces décisions permettraient de faire « ce premier petit pas vers
une République un peu moins cosmopolite » (sic).
Nous nous garderons d’épiloguer sur cette prose maurrassienne car le Martinelli est
chatouilleux : il a attaqué en diffamation un journal britannique (the Guardian – plutôt de
gauche) pour avoir rapporté les propos plus ou moins « off » d’un Ministre britannique le
qualifiant de « néo-nazi ». Il a été débouté en janvier 2006.
Nous espérons que ce féru d’enracinement va surmonter son déracinement d’immigré en Italie
où il va manger quand même le pain des autochtones. De fait, l’accueil sera mitigé : il a été
imposé par la direction d’EDF à la filiale FENICE (2000 salariés environ), entreprise de
services énergétiques reprise (très chère) à la FIAT dans le cadre de l’embrouille
MONTEDISON. Question communication, il y a certes du boulot : le site internet de FENICE
présente une belle photographie du Président du Groupe… M. Gadonneix notamment entouré
de MM. D.Camus et Y.Laroche… Un peu de retard à FENICE. Et donc, est-ce bien raisonnable
de leur envoyer comme communicant, justement, un réactionnaire ?
Il n’est pas certes dans notre propos d’intention de promouvoir des interdits professionnels.
M. Martinelli a certes le droit de gagner sa vie d’autant qu’il n’a plus de fonctions politiques
(alimentaires). Pour autant, EDF possède dans ses rangs des cadres communicants ici ou en
Italie susceptibles de prendre en main la communication de FENICE. Le message envoyé par
l’embauche de ce monsieur est lourd de sens et il n’est point besoin d’être communicant pour
se pénétrer de cette vérité.
Par ailleurs, il existe aussi une thématique dont les Directions nous abreuvent : les valeurs. Les
discours de Jean-Marie Le Pen, dont elles viennent d’embaucher l’un des auteurs, sont-ils en
adéquation avec les valeurs de notre entreprise ? « L’électricité française aux Français » ?
L’entreprise, « tu l’aimes ou tu la quittes » ? Ah, non ! Cet adage n’est pas frontiste mais le nom
de son auteur, curieusement, nous échappe.
Décidemment, par cette embauche, la Direction a commis « pire qu’un crime, une faute
politique ».
SICTAM CGT-Ufict des Services Centraux EDF et Organismes sociaux
Paris, le 29 mars 2012