Culture religieuse : le Christianisme Rencontre du Père Fadi Daou

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Culture religieuse : le Christianisme Rencontre du Père Fadi Daou
CARMEL SAINT JOSEPH Culture religieuse : le Christianisme Rencontre du Père Fadi Daou avec les élèves du Secondaire Mechref, mardi 11 novembre 2014 _______________________________________________________________________________________ D’emblée, Père Daou précise que son intervention relève du témoignage non de l’exposé didactique. I) Introduction : Quel sens donne‐t‐on à la religion (toute religion) ? Principe important : La religion, en soi, est une richesse, bien que le contexte régional ne le laisse pas penser car la violence utilise la religion aujourd’hui, au Moyen‐Orient. Toute religion est un récit de sens, une manière de concevoir la vie et sa vie dans une logique harmonieuse et qui fait sens. « Qu’est‐ce qui fait vérité dans ma vie ? » est la question à poser. La religion donne un sens à ma vie, une orientation. Je ne vis pas sans savoir pourquoi. Fausse question : Quelle religion est la seule vraie ? Dans chaque religion existe un principe très simple, la foi : « Je crois », « ‫أشھد‬ ». Ce choix personnel est appelé à devenir un choix conscient assumé, non parce qu’on a hérité la religion de ses parents. La religion se transmet parce qu’elle fait sens. Les parents transmettent à leurs enfants ce à quoi ils tiennent, la vérité qui fait sens dans leur vie. L’adolescence est l’âge du choix. Je suis croyant au moment où je choisis le chemin à suivre. Comparer est pour comprendre non pour croire. On a le droit de croire, non de l’imposer à d’autres car la liberté de conscience est à respecter. II) Le Christianisme : 1er fondement : dans la Bible c’est un récit de sens qui fait vérité pour ceux qui y croient. C’est une histoire racontée par des humains. Des hommes ont écrit la Bible « guidés par Dieu », « inspirés » par Lui. C’et l’histoire de Dieu avec les hommes et des hommes avec Dieu. Histoire non inventée. Elle commence par un acte de conscience : « nous sommes là, nous existons par une volonté qui nous dépasse ». Titre d’un livre du fondateur (agnostique) de « Médecins du monde « : L’Homme n’est pas la mesure de l’homme. Ce qui mesure l’homme est plus grand que l’homme. Dans le récit de la création (la Genèse), les 1er mots sont « au commencement ». La foi commence à partir des fondements de la vie. La conviction qui s’en dégage est que Dieu est créateur. Il crée par amour, il a voulu avoir un partenaire. Le 1er principe du Christianisme est que l’homme est le partenaire de Dieu. Dieu était en Eden, image symbolique, (ne pas prendre le texte à la lettre). Là où Dieu est présent la Beauté est là. La Création de l’homme (Adam et Eve) dans le jardin signifie symboliquement que les hommes vivent avec Lui. C’est le choix de Dieu de créer un partenariat entre Lui et l’homme. Les prophètes ont symbolisé la relation de Dieu avec l’humanité par les fiançailles et le mariage : communion d’amour. C’est à partir de là que l’on peut comprendre l’Incarnation. 2ème fondement : L’homme s’est montré infidèle : péché originel, trahison par l’humanité. Le péché est une rupture dans la communion c’est‐à‐dire rupture de l’état d’unité entre les hommes et Dieu mais la relation entre eux n’est pas rompue. L’homme refuse l’amour de Dieu, symboliquement il « sort » du jardin. Ainsi s’exprime son désir de vivre d’autres amours, de vivre seul loin de Dieu, de vivre sans cet amour. Pour Dieu et l’humanité : vivre dans deux lieux différents signifie la séparation. Dans l’évangile de Saint Luc, beaucoup de paraboles sont racontées, dont celle de l’enfant prodigue : départ puis retrouvailles du fils avec le Père. Cette parabole montre Dieu en attente de l’homme, Dieu recherche l’homme, en attente des « retrouvailles » avec l’homme, de retrouver la relation, elle mène à l’Incarnation. Dans l’Ancien Testament : Dieu attend. Abraham « père des croyants » est le 1er ayant cru « en Dieu en présence de qui je vis », foi en Dieu qui a une présence, qui est présent. Dans l’Islam « Dieu est plus proche de l’homme que son propre cœur », c’est la foi abrahamique. Moïse et les tables de la loi symbolisent la présence de l’alliance entre Dieu et les hommes. Dans le Christianisme, Dieu a manifesté sa présence par Jésus Christ. (Prologue de St Jean), Il est venu dans la vie des hommes. Dieu décide d’aller chez les hommes. C’est l’Incarnation, 2ème principe du Christianisme. 3ème fondement : La vocation ultime de l’être humain est d’être à l’image de Dieu, d’être de la « famille » de Dieu. Tout être humain, toute l’humanité est « enfant » de Dieu, en Islam ‫عــيـــال ﷲ‬ . Notre vie humaine est de la parenté de Dieu. L’aventure de l’homme est de vivre en enfant de Dieu, fidélité au symbole de la famille : Dieu en est le Père, Jésus Christ le grand frère. Le résultat de ce récit de sens (la Bible) est l’Eglise, c’est‐à‐dire la communauté de ceux qui croient en ce récit. Les églises révèlent la diversité des expressions de la foi due à la diversité culturelle, aux divisions, aux malentendus, etc. La foi se manifeste objectivement dans la Bible, dans la vie sociale du chrétien, dans les édifices et les arts : c’est manifester la présence de Dieu symboliquement. Mais Dieu est présent dans l’homme. III) Echanges avec les élèves : 1. Les différences entre les différentes communautés chrétiennes : elles sont dues aux contextes géo‐historiques. Vie de la foi dans la « sensibilité » de la culture locale. 2ème raison : les malentendus dans l’interprétation de la foi. Exemple : comment définir l’autorité dans l’Eglise ? C’est le débat entre Protestants et Catholiques. Au Liban : 18 confessions religieuses dont 5 musulmanes, 1 juive et 12 chrétiennes (3 religions). Dans le Christianisme trois grandes branches : Catholiques – Orthodoxes – Protestants, branches elles‐mêmes subdivisées. 2. Les dates de Pâques : adoption de deux calendriers différents, julien et grégorien + calcul de la date. Les malentendus ont été renforcés par les clivages politiques. L’essentiel reste dans le sens de la fête à célébrer. 3. La théorie de l’évolution : La religion est différente de la science. La Bible n’explique ni le quand, ni le comment, elle explique pourquoi le monde à été créé. En principe, pas de conflit entre la Foi (Dieu a voulu que l’homme existe) et la Science. Qui répond au quand et au comment. Collaboration entre les deux. Cas des « conservateurs » américains qui refusent la théorie de Darwin sur l’évolution. 4. Qui est Dieu pour le Christianisme ? A‐t‐il juste créé l’homme pour être avec lui ? Dieu est celui d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, Dieu unique, pas d’autres dieux. Dieu unique, le même pour toutes les religions monothéistes. Les interprétations peuvent différer. La spécificité du Christianisme est Dieu incarné. La Trinité signifie les trois dimensions de Dieu en une seule substance. Le Père n’est pas procréateur. Il est principe unique. Sens de la création : volonté de Dieu de « fonder une famille », tout être humain est enfant de Dieu. 5. Comment peut‐on accepter la différence religieuse ? Dans le Coran, Jésus Christ le plus grand prophète, mais il n’est pas Dieu, c’est la non acceptation de l’Incarnation. Pour les chrétiens, Jésus Christ est Dieu incarné. C’est une différence radicale. On ne peut jamais prouver dans quelle religion existe toute la vérité et l’unique vérité. L’essentiel est d’appliquer ce que la religion à laquelle on adhère donne. Qui a raison et qui a tort est un débat stérile. Un plus grand amour est d’accepter la différence. La tentation est de faire l’autre comme moi. Respecter la différence est un grand défi. 6. Citation du Coran, dans le Christianisme nous sommes enfants de Dieu. C’est une erreur méthodologique d’utiliser un verset du Coran pour comprendre un discours chrétien, c’est une erreur de méthode. Une référence ne peut s’appliquer que dans la religion dont elle est tirée. La comparaison entre religions peut être bénéfique mais la confusion est une erreur importante. Etre enfants de Dieu n’est par être procréé par Lui. Nous sommes créés par Dieu. Il existe une différence essentielle entre « la procréation » et « la création ». Dire que l’homme est enfant de Dieu est symbole de la relation entre Dieu et l’homme. 7. Mariage civil : au Liban il est reconnu mais il n’existe pas de loi. Or c’est une nécessité pour les droits de l’homme (avis personnel de Père Daou). Chaque religion a « son » mariage. Dans le Christianisme, c’est un sacrement. 8. Quand on est de religions différentes, il faut regarder ce qui est commun et construire la relation là‐dessus. La première attitude commune : la Foi. Les différences : ne pas en avoir peur, reconnaître ce qui est différent, le comprendre, respecter les différences. Ceci exige de la maturité, être porteur de cette attitude, refuser de vouloir imposer aux autres sa manière de voir les choses. C’est un défi. 9.  Comment expliquer que l’Islam venu après le Christianisme est « vrai » ?  Certains disent que l’homme est « esclave » de Dieu. Qu’en est‐il ?  D’autres questions ? a. L’Hospitalité divine à lire. Pour les chrétiens, Jésus Christ est la vérité. Mais on peut penser que Dieu continue à parler à l’humanité de manière différente. b. Si Dieu est Un pourquoi y a‐t‐il plusieurs religions ? parce que l’homme n’est pas un. c. Dans l’Islam et le Christianisme pas d’esclavage. L’homme est responsable de représenter Dieu. En Islam, l’homme est « supérieur aux anges ». certains hommes préfèrent vivre en esclaves, ils vivent une culpabilité. La culpabilité n’est pas une dimension religieuse. Dieu est miséricordieux…, l’ennemi de la foi est la culpabilité. Le fondement de la foi c’est la communion, non la peur. d. Pourquoi croire ? c’est un choix, donner un sens à sa vie. Le nihilisme est triste car il pense que la vie n’a pas de sens.