Coquin de Baroque
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Coquin de Baroque
Coquin de Baroque Stradivaria direction Daniel Cuiller Anne Magouët Soprano Jeffrey Thompson Ténor Claude Flagel chant et vielle à roue Daniel Cuiller, Emmanuel Schricke violons Aldo Ripoche violoncelle Laure Vovard clavecin Préambule Le mot et la chose – texte, Abbé de Lattaignant (1697 – 1779, chanoine à Reims) Conseils aux chansonniers – texte, Charles Collé (1709 – 1783, chansonnier et dramaturge) Chansonniers mes confrères Le cœur, l’amour, ce sont des chimères, Dans vos chansons légères, Traitez de vieux abus, De phébus, de rebus Ces vertus qu’on n’a plus ! Tâchez d’historier Quelque conte ordurier Mais avec bienséance : Des mots trop gros l’oreille s’offense ; Tirez votre indécence, Du fond de vos sujets Et de faits faux ou vrais, Scandaleux mais joyeux ! Les madrigaux sont fades ; L’apprêt qu’on met A ces vers maussades Ne vaut pas boutades. D’un chansonnier sans art Et sans fard, mais gaillard, Indécent mais plaisant. Et puis tous ces nigauds Qui font des madrigaux Supposent à nos dames Des cœurs, des mœurs, Des vertus, des âmes Et remplissent de flammes Et de beaux sentiments Nos amans presque éteints, Ces pantins libertins. La Philosophie Pour connaître la femme – musique, Marc –Antoine Charpentier (1643 – 1704) « Les Bourgeois de Châtre » Pour connaitre la femme Joignez y l’habitude, De n’aimer que le vin, Et s’il est sans étude C’est un vrai libertin. Orgueilleux comme un paon, Adorant sa figure, Faisant le généreux Roland Qui n’est ni brave ni galand, Voilà l’homme en peinture. Je suis d’une humeur volage Je suis d’une humeur volage Je prends le tems comme il vient Quand on le veut je suis sage, Et fou quand on le veut bien Je suis d’une humeur volage Je prends le tems comme il vient. J’ai cessé d’apprendre à lire Je sais bien mon ABC Je sais bien ce que veut dire CON et VIT, J’ai cessé d’apprendre à lire Je sais bien mon ABC J’ai mis ma bouteille à terre et Margot sur mes genoux. Quand j’ai soif je prens mon verre Quand je bande je la fous. J’ai mis ma bouteille à terre et Margot sur mes genoux. Je réunis dans ma cour – texte, Antoine de Bertin (1752 – 1790, poète français surnommé le «Properce français »), Quatrième Livre Je réunis dans ma Cour L’Esprit, le Corps et la Bourse Ces trois points sont en amour De la plus grande ressource. Nos mères pensaient sagement Qu’il faut avoir plus d’un amant. Un seul n’a pas tous les dons Un seul ne peut donc suffire, Tel qui charme par ses dons Ne sait monter que la lyre Un lourdaud propre aux Ebats N’est bon qu’à mettre à la tâche ; Malheureusement, hélas ! Le Plaisir veut du relâche. Le fat avec grand fracas Vous promet monts et merveilles, Mais d’un âne de Mydas N’a souvent que les oreilles. Les Connins – texte tiré du XIIème livre de chansons pour danser, éditions Ballard (1660) et musique, Michel Corrette (1707 – 1795), Concerto Comique n°7 « La Servante au bon Tabac » Parmi les jolis animaux Que fournit la Nature Pour le soulagement des maux Qu’un amoureux endure Rien ne vaut un petit connin Que l’on apprivoise à la main. Ces beaux oiseaux dont on fait cas Pour leur plume et ramage Messieurs, ne divertissent pas Un esprit en servage Comme un gentil petit connin Que l’on apprivoise à la main. On ne peut lui donner de prix Rien n’est si domestique. Les chiens, les chats ne sont chéris Que du mélancolique. Rien n’est mieux qu’un petit connin Que l’on apprivoise à la main. Vous qui cherchez les amitiez Dans le milieu des flames Prenez un connin à deux pieds Pour contentez vos âmes. C’est un gay divertissement Que d’en avoir un seulement. Si jamais je faisois tant Si jamais je faisois tant Que d’écouter un amant, Je voudrais qu’il sceût bien faire Tique-tique taque et lon lonla… Je voudrais qu’il sceût bien faire Ce qu’on appelle cela. Mais ma mère ne veut pas que je joue à ce jeu-là Elle me défend de faire Tique-tique taque et lon lonla… Une fille se repend Quand elle a passé quinze ans Si quelqu’un ne lui fait faire Tique-tique taque et lon lonla… Le tique taque que je dis N’est pas celuy des maris Ils n’entendent rien à faire Tique-tique taque et lon lonla… Malgré tous les soins jaloux D’une mère ou d’un époux On trouve le temps de faire Tique-tique taque et lon lonla… Qu’un jeune con soit sain… - musique, Michel Corrette (1707 – 1795), Concerto Comique n°2 « L’Allure » Qu’un jeune con soit sain, mon cousin C’est bien rare avanture ; Qu’un vieux dresse l’engin, mon cousin C’est couillonnade pure, mon cousin. Allons mon cousin, ma cousine, mon cousin Allons mon cousin, l’Allure. Il faut un blanc tétin, mon cousin, L’œil et belle ouverture Le rire tendre et fin, mon cousin Le feu dans la mouture La chemise de lin, mon cousin Sans tache de verdure, mon cousin Surtout l’étroit chemin, mon cousin, Et la bonne posture, Les Amours Rustiques Dans notre village – texte tiré des Brunettes – volume 1, éditions Ballard (1703) Dans notre village chacun vit content Les bergers chantant Ayant achevé leur ouvrage Le reste du jour Vont faire l’amour. Ils sont à leur belle Si fort attachés Qu’ils seroient touchés D’une inquiétude mortelle S’ils passoient un jour Sans faire l’amour Adieu, je vous laisse Car dans cet instant Ma bergère attend Qui m’accuseroit de paresse Si j’étois un jour Sans faire l’amour. L’autre jour, Perrette disait à Colin : Cache ton engin, mets des boutons à ta brayette, Cache le vilain objet quand il est mollet ! Colin à Perrette fit cette leçon ; Cache ton grand con, tu feras bien, mes amourettes, Car quand je le vois, je n’ai rien de droit ! Jamais la tristesse ne règne en ce lieu Les ris et les jeux y font leur demeure sans cesse, Ah quel beau séjour pour faire l’amour. Me promenant le long d’un pré – texte tiré des Rondes à danser, éditions Ballard (1724) Me promenant le long d’un pré, J’étais bien altéré Ma Jeanneton j’ay rencontré La petite friande J’étais bien altéré C’est ce qu’elle demande Ma Jeanneton j’ay rencontré Qui sommeillait dedans un blé Doucement d’elle m’approchois Et sa blanche main je baisois Elle dit : « C’est contre mon gré ! » Toujours cependant j’achevois. Jacque, Jacque… - texte tiré des Rondes à danser, éditions Ballard (1724) Jacques, Jacque, Hélas, mon ami Jaque, J’étois bien perdue sans vous Fut un dimanche après Vespres, M’en allois planter des choux A mon chemin, je rencontre : C’est le valet de chez nous. A mon chemin je rencontre Un bon valet de chez nous. « Où allez-vous Marguerite, N’avez-vous pas peur du loup ? » Nanny da, mon ami Jacque, Quand je suis auprès de vous. En achevant la parole J’aperçus venir le loup. Il banda son arbalète En tira cinq ou six coups. Tout aussi bien suis-je morte Tirez donc encore un coup. Lucrèce et Nicolas - texte tiré du XIIème livre de chansons pour danser, éditions Ballard Ah qu’est ce donc Lucrèce, vous ne remuez pas, Vous logez la paresse dedans vos païs bas. Lucrèce, Lucrèce, contentez Nicolas Vous faites l’immobile Votre corps est il las ? Vous êtes malhabile A tirer mon matras. Vrayment vous êtes indigne Des amoureux ébats. Je veux dans votre vigne Planter mon échalas. Je pousse, je remue, J’attaque votre cas, Ainsi qu’une tortue Vous allez pas à pas. Sus courage m’amie Epargnez vous les draps ? Vous faites l’endormie et ne répondez pas. Badinages Le Vielleux – texte tiré du XIIème livre de chansons pour danser, éditions Ballard Vielleux veux tu du pain ? Nanny ma Dame car je n’ay pas faim Mais vous avez qui vaut bien meiux Ma giente, gieune, giodie Dame Mais vous avez qui vaut bien mieux Faites en présent à ce pauvre vielleux Vielleux veux tu du lard ? Nanny ma Dame car il est trop char Vielleux que veux-tu donc ? Hélas ma Dame une couple de testons. L’outil désiré (1786) – texte, Anne Théroigne de Méricourt (1762 – 1817, femme politique française, féministe et héroïne de la Révolution) Ha ! Qu’un bon vit me serait ici nécessaire Ah ! Qu’un bon vit me guérirait de tout souci ! Il m’en faut un malgré ma mère Car ma foi, l’on ne peut rien faire sans un bon vit. Mon pauvre con le jour et la nuit me démange Mon pauvre con soupire après un bon luron. J’ai beau frotter, rien ne l’arrange, Il n’a pas la vertu d’un ange, mon pauvre con Saint Garcelin, daignez exaucer ma prière Saint Garcelin, Donnez moi bientôt un engin. En votre honneur, sur la fougère Je veux remuer la croupière Saint Garcelin. Si tu voulais Lisette Si tu voulais, Lisette, venir dans ce vallon, Je prendrais ta musette, et toi mon vi… Pour danser sur l’herbette… et toi mon violon. Iris dans un bocage, me disait l’autre jour, Qu’il fallait être sage, je pris son con … Le plaisant badinage, son conseil à rebours. Tu me paraîs follette, Iris je t’aimeray, Tu veux de la fleurette, car je t’en fou… Ma petite brunette, et je t’en fourniray. Depuis qu’en Italie, j’ai passé deux étés, Admirez ma folie, j’aime les cu… La plaisante manie, les curiosités. Votre vigne est en friche, petite Janneton, Ne faites point la chiche, prenez un vi… Pour vous rendre service, prenez un vigneron. Depuis que ma maîtresse est contraire à mes vœux, Je me meurs de tristesse et j’ai le vi… Peste de la tigresse ! J’ay le visage affreux ! La plume mistérieuse – texte, « Nouveaux Plaisirs des Dames » aux éditions Boivin (1743) - musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de musette émérite et compositeur), 1er Recueil de Vaudevilles, 6ème Suitte Jeune brune ou blonde Je viens vous offrir Une plume ronde Qui peut vous servir Elle est belle, grosse et forte Iris sur ma foy Et de plus, c’est qu’elle porte Son encre avec soy. D’une adresse sure L’Amour la conduit Et plus elle est dure Et mieux elle écrit Quoique bonne à faire Les lettres d’amour On ne s’en sert guère Que six fois par jour. Elle peut écrire Sans l’aide des doigts Ce qu’on ne peut lire Qu’au bout de neuf mois Elle se goberge Du parchemin vieux Le parchemin vierge Lui plait encor mieux. Gaillardise – texte, Voltaire (1694 – 1778, écrivain et philosophe) Je cherche un petit bois touffu Que vous portez Aminthe, Qui couvre s’il n’est pas tondu, Un joli labyrinthe ; Tous les mois on voit quelques fleurs Colorer le rivage ; Laissez-moi verser quelques pleurs Dans ce joli bocage. Réveillez vous belle dormeuse – textes, Charles Dufresny (1657 – 1724, dramaturge, journaliste et chansonnier) - musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de musette émérite et compositeur), 1er Recueil de Vaudevilles, 2ème Suitte Réveillez vous belle dormeuse si ce baiser vous fait plaisir ; Mais si vous êtes scrupuleuse Dormez ou feignez de dormir. Craignez que je ne vous éveille Favorisez ma trahison : Vous soupirez, votre cœur veille Laissez dormir votre raison. Pendant que la raison sommeille, On aime sans y consentir ; Pourvu qu’Amour ne vous réveille Qu’autant qu’il faut pour le sentir. Si je vous aparois en songe, Jouïssez d’une douce erreur ; Goûtez les plaisirs du mensonge, Si la vérité vous fait peur. Le Mirliton – musique, Michel Corrette (1707 – 1795), Concerto Comique n°1 « Le Mirliton » Iris, voici de la fable Tous les mystères secrets, Ce carquois est redoutable Dont l’amour lance ses traits : C’est un mirliton, mirliton, mirlitaine C’est un mirliton, ton ton. L’amour du bel Hyacinthe Combla Phébus de douleur ; Rien n’eu pu calmer sa plainte S’il n’avait fait une fleur De son mirliton, mirliton, mirlitaine C’est un mirliton, ton ton. Jadis sous mainte figure On vit descendre les Dieux. Ces maîtres de la nature Se dégoûtaient dans les Cieux De vieux mirlitons, mirliton, mirlitaine C’est un mirliton, ton ton. Danaë du haut des nues Voyant la pluie d’or tomber S’écria « Je suis foutue Je sens Jupiter entrer Dans mon mirliton, mirliton, mirlitaine C’est un mirliton, ton ton. Savez-vous pourquoi Ovide Écrivait si joliment ? Il avait l’Amour pour guide, (Et) sa plume trempait souvent Dans un mirliton, mirliton, mirlitaine C’est un mirliton, ton ton. Diane quoiqu’inhumaine N’eut pas fait périr Actéon S’il n’avait dans la fontaine Vu de trop près, ce dit-on Son beau mirliton, mirliton, mirlitaine C’est un mirliton, ton ton. Cupidon au couvent La Chandelle de l’abbé – Le Cocher de Monsieur Verthamont, surnom d’un chansonnier du Pont Neuf - Monsieur l’abbé, où allez-vous ? Vous allez vous casser le cou Vous allez sans chandelle, eh bien ! Pour voir les demoiselles Vous m’entendez bien ! - De quoi vous embarrassez vous ? Si je vais me casser le cou ? Je porte ma chandelle, eh bien ! Dessous ma soutanelle, Vous m’entendez bien ! L’instrument – musique, Michel Blavet (1700 – 1768, flutiste virtuose et compositeur) Une jeune nonette En s’éveillant, Du haut de sa chambrette Vit, dans un champ, Un garçon qui jouait gaîment D’un bel instrument Long comme cela… Se mit à la fenêtre, Le regardant, Puis d’un air très honnête Va demandant : « Beau garçon, dites franchement Quel est l’instrument Dont vous jouez là ? Vous jouez d’un air tendre Qui me plaît tant ! Je voudrais bien l’apprendre Tout promptement ; Ce serait grand contentement Pour tout le couvent De savoir cela. » Regardant la pucelle Fort tendrement Et, la voyant si belle, Dit en riant : « Descendez, car mon instrument, Quoi qu’il soit bien grand, N’atteindra pas là. » Ne se fit point attendre, Vint promptement. D’abord il lui fit prendre Son instrument. Et joua si parfaitement, Si gaillardement Dès ce moment là… Cette leçon finie Trop brusquement, Notre jolie nonne Dit doucement : « J’en aurais joué plus longtemps.» Puis elle fit tant Qu’il recommença Voyant quelqu’un paraître, La pauvre enfant Remercia son maître En lui disant : « N’oubliez donc pas le couvent. Revenez souvent : On étudiera. » La Puce texte, Alexis Piron (1689 – 1773, poète et auteur dramatique) musique, André-Joseph Exaudet (1710 – 1762), Menuet Au dortoir Sur le soir, La sœur Luce En chemise et sans mouchoir Cherchait du blanc au noir A surprendre une puce A tâtons du téton A la cuisse L’animal ne fait qu’un saut Ensuit’ un peu plus haut se glisse Dans la petite ouverture, Croyant sa retraite sûre De pincer sans danger Il se flatte Luce Pour se soulager Y porte un doigt léger et gratte. En ce lieu, Par ce jeu, Tout s’humecte A force de chatouiller Venant à se mouiller Elle noya l’insecte. Mais enfin, Ce lutin, Qui rend l’âme, Veut faire un dernier effort. Luce grattant plus fort Se pâme. Que ne suis-je… - Abbé de Lattaignant (1697 – 1779) à la Marquise de la Coudrelle Que ne suis-je quelque chose Que touche ta blanche main ? Que ne suis-je cette chose Que tu places dans ton sein ? Que ne suis-je cette puce Qui t’irrite quelquefois, Qui si librement te suce Et qui meurt entre tes doigts ! La béquille du Père Barnaba – musique, Michel Corrette (1707 – 1795) Concerto Comique n°13 « La béquille du Père Barnaba » Enseignez-moi qui l’a Nommez-moi la friponne À celle qui l’aura, D’avance je pardonne J’ai perdu ma béquille S’écriait Barnaba Quelle est l’honnête fille Qui la rapportera Dans chaque carrefour Pour un bijou si riche Qu’on batte le tambour ; Que partout on l’affiche ; N’est-ce point une fille Des chœurs de l’opéra Qui retient la béquille Du père Barnaba On s’en servit longtemps Dans les couvents de filles C’était le passe-tems Des nonettes gentilles On élargit la grille De l’Ave Maria Pour passer la béquille Du père Barnaba Le père Barnaba Chez une janséniste Enfin la retrouva Mais dit-il d’un air triste Pour une sainte fille Voiez dans quel état Vous mettez la béquille Du père Barnaba Mirlondène Un révérend Père Jésuite Qu’on nomme Père Piton, Ayant baisé la relique Voulut mettre dans le tronc C’est Madame de Mirlimouilles Qui demeure aux andouillers. Elle a plus usé de couilles Que de paires de souliers. Un père de l’oratoire Qui n’avait point de poil au cul Entrant dans le Consistoire Incontinent fut foutu Quoique mon vit me fasse peine C’est un exemple de vertu : Il ressemble à la Madeleine Il pleure quand il a foutu. ... de la Chose Colin à la chasse – musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de musette émérite et compositeur), 3ème Recueil Colin à la chasse au bord d’un vallon En certaine place vit un hérisson Et tout au plus son fusil leva Pour tirer au gîte cette beste là. Avec l’assurance dont il est guidé Il marche, il s‘avance, son fusil bandé. Il vise et ajuste, et d’un coup heureux, Il décharge juste, et le fend en deux. La décharge faite, il n’étoit pas mort ; La maligne bête frétilloit encor. Je ne sçai que dire de tous ses efforts, De nouveau retire, sans donner la mort. Ce coup fut de même et alors Colin Crut qu’au troisième on verroit la fin. Il tire et s’efforce pour le dernier coup. Mais toute sa force n’en vint point à bout. Colin qui murmure dit avec raison : Que ta vie est dure, maudit hérisson. Il faut me résoudre à te laisser là ; Je n’ai plus de poudre, tire qui pourra ! Des pesches Jeanneton de tous les fruits ne mange que les pesches Je l’ai jetée sur le lit Et la friponne m’a dit « Dépesche, dépesche, dépesche. » Margoton dans une cour plumait une poularde Et Robin rempli d’amour, Dedans un petit détour La larde, la larde, la larde. Mon mari s’en est allé à Vienne en Autriche. Il me défend de baiser, Moy qui ne peux m’en passer Je triche, je triche, je triche. Et le mien s’en est allé à Châlons en Champagne. Il m’a laissé sans argent Mais à mon contentement J’en gagne, j’en gagne, j’en gagne. Quand je bande mon fusil C’est pour tirer un merle Mais quand je bande mon vit Ce n’est pas pour enfiler Des perles, des perles, des perles. Vous avez le port si beau Que je meure d’envie D’y faire mettre mon vaisseau Pour y décharger de l’eau De vie, de vie, de vie. Les verrous – texte d’Alexis Piron (1689 – 1773, poète et auteur dramatique) Ce petit air badin, Ce transport soudain Marque un mauvais dessein. Tout ce train me lasse à la fin. De dessus mon sein, Retirez cette main. Que fait l’autre à mes pieds ? Vous essayez de passer le genou, Êtes-vous fou ? Vous voulez bien finir et vous tenir ! Il arrivera, Monsieur, un malheur ! Ah ! C’est trop s’oublier et je vais crier ! Tout me manque à la fois Et force et voix ! En entrant avez-vous tiré du moins sur vous les verrous ? Mets-toi comme il faut – musique, Jean-Philippe Rameau, 1683 – 1764), « Air des Tambourins », tiré des Indes Galantes Mets-toi comme il faut, petit nigaud, c’est trop haut D’aujourd’hui Licas, tu n’y seras, c’est trop bas. A peine mon doigt dans cet endroit entrerait, Et mon maladroit y prétendrait entrer tout droit. Philis, m’y voici ; Nenni mon pauvr’ ami Laisse-moi faire et j’en fais mon affaire Ma main, mon Benjamin, dans le bon chemin te conduira, t’y voilà Tu fais trop d’efforts Ah ! le sot corps, il est dehors ! J’y suis, le sens tu Philis ? Oui, Licas poursuis, tu te raidis contre l’obstacle J’y suis, le sens tu Philis ? Je veux cette fois tout d’une haleine aller à trois.. Depuis qu’au monde je suis, Jamais je n’ouis parler d’un tel miracle. Mais quoi, tu n’es plus chez moi ! Vois ce que tu fais et te remets, le sot dadais ! Pirame et Thisbé – Parodie, musique de François Rebel (1701 – 1775, Surintendant de la musique) et François Francoeur (1698 – 1787, Surintendant de la musique de la chambre) - Compositeurs et co-Directeurs de l’Opéra de Paris Laissons-nous charmer du plaisir d’aimer, Le printemps de nos jours est pour les amours, Les biens les plus doux ne sont faits que pour nous. Nous comptons nos plaisirs par nos désirs. Le partage du bel âge, c’est d’aimer pour être heureux. Que de charmes sans alarmes, Les ris et les jeux vont former nos nœuds. Nous comptons nos plaisirs par nos désirs. Profitons des moments, hâtons-nous d’être amants. L’amour veut qu’à le suivre on s’empresse. La jeunesse fuit sans cesse, Les beaux jours perdus ne reviennent plus. Paris est au Roi, mon con est à moi Je prétends m’en servir selon mon désir, Du qu’en dira-t-on, moquons nous Jeanneton Le monde veut gloser, laissons le jaser ! Ton adresse, ta souplesse Sait ranimer tous mes feux Tu m’irrites, tu m’excites, Viens combler mes vœux, viens me rendre heureux ! Que je fouterais, je déchargerais Cent fois plus à gogo pour toi Camargo, Que pour des objets beaucoup plus parfaits Si tu fais en sautant tout comme en dansant ! Nous avons des amants, on en eut en tous temps, Ne crois pas que nous soyons les seules Tes aïeules, bisaïeules Toutes en avaient, toutes s’en foutaient. Cotillons texte, Voltaire (1694 – 1778, écrivain et philosophe) musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de musette émérite et compositeur) Ah Camargo, que vous êtes brillante ! Mais que Sallé, grand dieux ! est ravissante Que vos pas sont légers ! et que les siens sont doux ! Elle est inimitable, et vous toujours nouvelle ; Les Nymphes sautant comme vous, Et les Grâces dansant comme elle. Ma commère, quand je danse, mon cotillon va-t il bien ? Il va de ci, il va de là, il va de ci, il va de là. Troussez vous votre cotillon belle Camargo l’on vous voit le con Vous avez la jambe bien faite Et le patatin, le patatan, le pataton Troussez… Sans la peur de faire un enfant Tu me le mettrai ma foi bien avant Lèves ma cotte, branle ma motte Le doigt d’un berger fait décharger sans nul danger Je me fous du qu’en dirat’on J’ay mon gagne pain sous mon cotillon Et toi le tien dans ta culotte Meslons notre bien baisons nous bien soir et matin.