Coquin de Baroque

Transcription

Coquin de Baroque
Coquin de Baroque
Stradivaria
direction Daniel Cuiller
Anne Magouët Soprano
Jeffrey Thompson Ténor
Claude Flagel chant et vielle à roue
Daniel Cuiller, Emmanuel Schricke violons
Aldo Ripoche violoncelle
Laure Vovard clavecin
Préambule
Le mot et la chose – texte, Abbé de Lattaignant (1697 – 1779, chanoine à Reims)
Conseils aux chansonniers – texte, Charles Collé (1709 – 1783,
chansonnier et dramaturge)
Chansonniers mes confrères
Le cœur, l’amour, ce sont des chimères, Dans vos chansons légères,
Traitez de vieux abus,
De phébus, de rebus Ces vertus qu’on n’a plus !
Tâchez d’historier
Quelque conte ordurier Mais avec bienséance :
Des mots trop gros l’oreille s’offense ;
Tirez votre indécence, Du fond de vos sujets
Et de faits faux ou vrais, Scandaleux mais joyeux !
Les madrigaux sont fades ; L’apprêt qu’on met
A ces vers maussades Ne vaut pas boutades.
D’un chansonnier sans art
Et sans fard, mais gaillard, Indécent mais plaisant.
Et puis tous ces nigauds Qui font des madrigaux
Supposent à nos dames Des cœurs, des mœurs,
Des vertus, des âmes
Et remplissent de flammes Et de beaux sentiments
Nos amans presque éteints, Ces pantins libertins.
La Philosophie
Pour connaître la femme – musique, Marc –Antoine Charpentier (1643 – 1704)
« Les Bourgeois de Châtre »
Pour connaitre la femme Joignez y l’habitude, De n’aimer que le vin,
Et s’il est sans étude C’est un vrai libertin.
Orgueilleux comme un paon, Adorant sa figure,
Faisant le généreux Roland Qui n’est ni brave ni galand,
Voilà l’homme en peinture.
Je suis d’une humeur volage
Je suis d’une humeur volage Je prends le tems comme il vient
Quand on le veut je suis sage, Et fou quand on le veut bien
Je suis d’une humeur volage Je prends le tems comme il vient.
J’ai cessé d’apprendre à lire Je sais bien mon ABC
Je sais bien ce que veut dire CON et VIT,
J’ai cessé d’apprendre à lire Je sais bien mon ABC
J’ai mis ma bouteille à terre et Margot sur mes genoux.
Quand j’ai soif je prens mon verre Quand je bande je la fous.
J’ai mis ma bouteille à terre et Margot sur mes genoux.
Je réunis dans ma cour – texte, Antoine de Bertin (1752 – 1790,
poète français surnommé le «Properce français »), Quatrième Livre
Je réunis dans ma Cour L’Esprit, le Corps et la Bourse
Ces trois points sont en amour De la plus grande ressource.
Nos mères pensaient sagement Qu’il faut avoir plus d’un amant.
Un seul n’a pas tous les dons Un seul ne peut donc suffire,
Tel qui charme par ses dons Ne sait monter que la lyre
Un lourdaud propre aux Ebats N’est bon qu’à mettre à la tâche ;
Malheureusement, hélas ! Le Plaisir veut du relâche.
Le fat avec grand fracas Vous promet monts et merveilles,
Mais d’un âne de Mydas N’a souvent que les oreilles.
Les Connins – texte tiré du XIIème livre de chansons pour danser,
éditions Ballard (1660) et musique, Michel Corrette (1707 – 1795),
Concerto Comique n°7 « La Servante au bon Tabac »
Parmi les jolis animaux Que fournit la Nature
Pour le soulagement des maux Qu’un amoureux endure
Rien ne vaut un petit connin Que l’on apprivoise à la main.
Ces beaux oiseaux dont on fait cas Pour leur plume et ramage
Messieurs, ne divertissent pas Un esprit en servage
Comme un gentil petit connin Que l’on apprivoise à la main.
On ne peut lui donner de prix Rien n’est si domestique.
Les chiens, les chats ne sont chéris Que du mélancolique.
Rien n’est mieux qu’un petit connin Que l’on apprivoise à la main.
Vous qui cherchez les amitiez Dans le milieu des flames
Prenez un connin à deux pieds Pour contentez vos âmes.
C’est un gay divertissement Que d’en avoir un seulement.
Si jamais je faisois tant
Si jamais je faisois tant Que d’écouter un amant,
Je voudrais qu’il sceût bien faire Tique-tique taque et lon lonla…
Je voudrais qu’il sceût bien faire Ce qu’on appelle cela.
Mais ma mère ne veut pas que je joue à ce jeu-là
Elle me défend de faire Tique-tique taque et lon lonla…
Une fille se repend Quand elle a passé quinze ans
Si quelqu’un ne lui fait faire Tique-tique taque et lon lonla…
Le tique taque que je dis N’est pas celuy des maris
Ils n’entendent rien à faire Tique-tique taque et lon lonla…
Malgré tous les soins jaloux D’une mère ou d’un époux
On trouve le temps de faire Tique-tique taque et lon lonla…
Qu’un jeune con soit sain… - musique, Michel Corrette (1707 – 1795),
Concerto Comique n°2 « L’Allure »
Qu’un jeune con soit sain, mon cousin
C’est bien rare avanture ;
Qu’un vieux dresse l’engin, mon cousin
C’est couillonnade pure, mon cousin.
Allons mon cousin, ma cousine, mon cousin
Allons mon cousin, l’Allure.
Il faut un blanc tétin, mon cousin,
L’œil et belle ouverture
Le rire tendre et fin, mon cousin
Le feu dans la mouture
La chemise de lin, mon cousin
Sans tache de verdure, mon cousin
Surtout l’étroit chemin, mon cousin,
Et la bonne posture,
Les Amours Rustiques
Dans notre village – texte tiré des Brunettes – volume 1, éditions Ballard (1703)
Dans notre village chacun vit content
Les bergers chantant Ayant achevé leur ouvrage
Le reste du jour Vont faire l’amour.
Ils sont à leur belle Si fort attachés
Qu’ils seroient touchés D’une inquiétude mortelle
S’ils passoient un jour Sans faire l’amour
Adieu, je vous laisse Car dans cet instant
Ma bergère attend Qui m’accuseroit de paresse
Si j’étois un jour Sans faire l’amour.
L’autre jour, Perrette disait à Colin :
Cache ton engin, mets des boutons à ta brayette,
Cache le vilain objet quand il est mollet !
Colin à Perrette fit cette leçon ;
Cache ton grand con, tu feras bien, mes amourettes,
Car quand je le vois, je n’ai rien de droit !
Jamais la tristesse ne règne en ce lieu
Les ris et les jeux y font leur demeure sans cesse,
Ah quel beau séjour pour faire l’amour.
Me promenant le long d’un pré – texte tiré des Rondes à danser,
éditions Ballard (1724)
Me promenant le long d’un pré,
J’étais bien altéré
Ma Jeanneton j’ay rencontré
La petite friande
J’étais bien altéré
C’est ce qu’elle demande
Ma Jeanneton j’ay rencontré
Qui sommeillait dedans un blé
Doucement d’elle m’approchois
Et sa blanche main je baisois
Elle dit : « C’est contre mon gré ! »
Toujours cependant j’achevois.
Jacque, Jacque… - texte tiré des Rondes à danser, éditions Ballard (1724)
Jacques, Jacque,
Hélas, mon ami Jaque,
J’étois bien perdue sans vous
Fut un dimanche après Vespres, M’en allois planter des choux
A mon chemin, je rencontre : C’est le valet de chez nous.
A mon chemin je rencontre Un bon valet de chez nous.
« Où allez-vous Marguerite, N’avez-vous pas peur du loup ? »
Nanny da, mon ami Jacque, Quand je suis auprès de vous.
En achevant la parole J’aperçus venir le loup.
Il banda son arbalète En tira cinq ou six coups.
Tout aussi bien suis-je morte Tirez donc encore un coup.
Lucrèce et Nicolas - texte tiré du XIIème livre de chansons pour danser,
éditions Ballard
Ah qu’est ce donc Lucrèce, vous ne remuez pas,
Vous logez la paresse dedans vos païs bas.
Lucrèce, Lucrèce, contentez Nicolas
Vous faites l’immobile Votre corps est il las ?
Vous êtes malhabile A tirer mon matras.
Vrayment vous êtes indigne Des amoureux ébats.
Je veux dans votre vigne Planter mon échalas.
Je pousse, je remue, J’attaque votre cas,
Ainsi qu’une tortue Vous allez pas à pas.
Sus courage m’amie Epargnez vous les draps ?
Vous faites l’endormie et ne répondez pas.
Badinages
Le Vielleux – texte tiré du XIIème livre de chansons pour danser, éditions Ballard
Vielleux veux tu du pain ?
Nanny ma Dame car je n’ay pas faim
Mais vous avez qui vaut bien meiux
Ma giente, gieune, giodie Dame
Mais vous avez qui vaut bien mieux
Faites en présent à ce pauvre vielleux
Vielleux veux tu du lard ?
Nanny ma Dame car il est trop char
Vielleux que veux-tu donc ?
Hélas ma Dame une couple de testons.
L’outil désiré (1786) – texte, Anne Théroigne de Méricourt
(1762 – 1817, femme politique française, féministe et héroïne de la Révolution)
Ha ! Qu’un bon vit me serait ici nécessaire
Ah ! Qu’un bon vit me guérirait de tout souci !
Il m’en faut un malgré ma mère
Car ma foi, l’on ne peut rien faire sans un bon vit.
Mon pauvre con le jour et la nuit me démange
Mon pauvre con soupire après un bon luron.
J’ai beau frotter, rien ne l’arrange,
Il n’a pas la vertu d’un ange, mon pauvre con
Saint Garcelin, daignez exaucer ma prière
Saint Garcelin, Donnez moi bientôt un engin.
En votre honneur, sur la fougère
Je veux remuer la croupière
Saint Garcelin.
Si tu voulais Lisette
Si tu voulais, Lisette, venir dans ce vallon,
Je prendrais ta musette, et toi mon vi…
Pour danser sur l’herbette… et toi mon violon.
Iris dans un bocage, me disait l’autre jour,
Qu’il fallait être sage, je pris son con …
Le plaisant badinage, son conseil à rebours.
Tu me paraîs follette, Iris je t’aimeray,
Tu veux de la fleurette, car je t’en fou…
Ma petite brunette, et je t’en fourniray.
Depuis qu’en Italie, j’ai passé deux étés,
Admirez ma folie, j’aime les cu…
La plaisante manie, les curiosités.
Votre vigne est en friche, petite Janneton,
Ne faites point la chiche, prenez un vi…
Pour vous rendre service, prenez un vigneron.
Depuis que ma maîtresse est contraire à mes vœux,
Je me meurs de tristesse et j’ai le vi…
Peste de la tigresse ! J’ay le visage affreux !
La plume mistérieuse – texte, « Nouveaux Plaisirs des Dames » aux éditions Boivin
(1743) - musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de musette émérite et
compositeur), 1er Recueil de Vaudevilles, 6ème Suitte
Jeune brune ou blonde Je viens vous offrir
Une plume ronde Qui peut vous servir
Elle est belle, grosse et forte Iris sur ma foy
Et de plus, c’est qu’elle porte Son encre avec soy.
D’une adresse sure L’Amour la conduit
Et plus elle est dure Et mieux elle écrit
Quoique bonne à faire Les lettres d’amour
On ne s’en sert guère Que six fois par jour.
Elle peut écrire Sans l’aide des doigts
Ce qu’on ne peut lire Qu’au bout de neuf mois
Elle se goberge Du parchemin vieux
Le parchemin vierge Lui plait encor mieux.
Gaillardise – texte, Voltaire (1694 – 1778, écrivain et philosophe)
Je cherche un petit bois touffu
Que vous portez Aminthe,
Qui couvre s’il n’est pas tondu,
Un joli labyrinthe ;
Tous les mois on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.
Réveillez vous belle dormeuse – textes, Charles Dufresny (1657 – 1724, dramaturge,
journaliste et chansonnier) - musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de
musette émérite et compositeur), 1er Recueil de Vaudevilles, 2ème Suitte
Réveillez vous belle dormeuse si ce baiser vous fait plaisir ;
Mais si vous êtes scrupuleuse Dormez ou feignez de dormir.
Craignez que je ne vous éveille Favorisez ma trahison :
Vous soupirez, votre cœur veille Laissez dormir votre raison.
Pendant que la raison sommeille, On aime sans y consentir ;
Pourvu qu’Amour ne vous réveille Qu’autant qu’il faut pour le sentir.
Si je vous aparois en songe, Jouïssez d’une douce erreur ;
Goûtez les plaisirs du mensonge, Si la vérité vous fait peur.
Le Mirliton – musique, Michel Corrette (1707 – 1795),
Concerto Comique n°1 « Le Mirliton »
Iris, voici de la fable
Tous les mystères secrets,
Ce carquois est redoutable
Dont l’amour lance ses traits :
C’est un mirliton, mirliton, mirlitaine
C’est un mirliton, ton ton.
L’amour du bel Hyacinthe
Combla Phébus de douleur ;
Rien n’eu pu calmer sa plainte
S’il n’avait fait une fleur
De son mirliton, mirliton, mirlitaine
C’est un mirliton, ton ton.
Jadis sous mainte figure
On vit descendre les Dieux.
Ces maîtres de la nature
Se dégoûtaient dans les Cieux
De vieux mirlitons, mirliton, mirlitaine
C’est un mirliton, ton ton.
Danaë du haut des nues
Voyant la pluie d’or tomber
S’écria « Je suis foutue
Je sens Jupiter entrer
Dans mon mirliton, mirliton, mirlitaine
C’est un mirliton, ton ton.
Savez-vous pourquoi Ovide
Écrivait si joliment ?
Il avait l’Amour pour guide,
(Et) sa plume trempait souvent
Dans un mirliton, mirliton, mirlitaine
C’est un mirliton, ton ton.
Diane quoiqu’inhumaine
N’eut pas fait périr Actéon
S’il n’avait dans la fontaine
Vu de trop près, ce dit-on
Son beau mirliton, mirliton, mirlitaine
C’est un mirliton, ton ton.
Cupidon au couvent
La Chandelle de l’abbé – Le Cocher de Monsieur Verthamont, surnom d’un
chansonnier du Pont Neuf
- Monsieur l’abbé, où allez-vous ?
Vous allez vous casser le cou
Vous allez sans chandelle, eh bien !
Pour voir les demoiselles Vous m’entendez bien !
- De quoi vous embarrassez vous ?
Si je vais me casser le cou ?
Je porte ma chandelle, eh bien !
Dessous ma soutanelle, Vous m’entendez bien !
L’instrument – musique, Michel Blavet (1700 – 1768,
flutiste virtuose et compositeur)
Une jeune nonette En s’éveillant,
Du haut de sa chambrette Vit, dans un champ,
Un garçon qui jouait gaîment D’un bel instrument
Long comme cela…
Se mit à la fenêtre, Le regardant,
Puis d’un air très honnête Va demandant :
« Beau garçon, dites franchement Quel est l’instrument
Dont vous jouez là ?
Vous jouez d’un air tendre Qui me plaît tant !
Je voudrais bien l’apprendre Tout promptement ;
Ce serait grand contentement Pour tout le couvent
De savoir cela. »
Regardant la pucelle Fort tendrement
Et, la voyant si belle, Dit en riant :
« Descendez, car mon instrument, Quoi qu’il soit bien grand,
N’atteindra pas là. »
Ne se fit point attendre, Vint promptement.
D’abord il lui fit prendre Son instrument.
Et joua si parfaitement, Si gaillardement
Dès ce moment là…
Cette leçon finie Trop brusquement,
Notre jolie nonne Dit doucement :
« J’en aurais joué plus longtemps.»
Puis elle fit tant Qu’il recommença
Voyant quelqu’un paraître, La pauvre enfant
Remercia son maître En lui disant :
« N’oubliez donc pas le couvent. Revenez souvent :
On étudiera. »
La Puce
texte, Alexis Piron (1689 – 1773, poète et auteur dramatique)
musique, André-Joseph Exaudet (1710 – 1762), Menuet
Au dortoir
Sur le soir,
La sœur Luce
En chemise et sans mouchoir
Cherchait du blanc au noir
A surprendre une puce
A tâtons du téton
A la cuisse
L’animal ne fait qu’un saut
Ensuit’ un peu plus haut se glisse
Dans la petite ouverture,
Croyant sa retraite sûre
De pincer sans danger
Il se flatte Luce
Pour se soulager
Y porte un doigt léger et gratte.
En ce lieu,
Par ce jeu,
Tout s’humecte
A force de chatouiller
Venant à se mouiller
Elle noya l’insecte.
Mais enfin,
Ce lutin,
Qui rend l’âme,
Veut faire un dernier effort.
Luce grattant plus fort
Se pâme.
Que ne suis-je… - Abbé de Lattaignant (1697 – 1779) à la Marquise de la Coudrelle
Que ne suis-je quelque chose Que touche ta blanche main ?
Que ne suis-je cette chose Que tu places dans ton sein ?
Que ne suis-je cette puce Qui t’irrite quelquefois,
Qui si librement te suce Et qui meurt entre tes doigts !
La béquille du Père Barnaba – musique, Michel Corrette (1707 – 1795)
Concerto Comique n°13 « La béquille du Père Barnaba »
Enseignez-moi qui l’a Nommez-moi la friponne
À celle qui l’aura, D’avance je pardonne
J’ai perdu ma béquille S’écriait Barnaba
Quelle est l’honnête fille Qui la rapportera
Dans chaque carrefour Pour un bijou si riche
Qu’on batte le tambour ; Que partout on l’affiche ;
N’est-ce point une fille Des chœurs de l’opéra
Qui retient la béquille Du père Barnaba
On s’en servit longtemps Dans les couvents de filles
C’était le passe-tems Des nonettes gentilles
On élargit la grille De l’Ave Maria
Pour passer la béquille Du père Barnaba
Le père Barnaba Chez une janséniste
Enfin la retrouva Mais dit-il d’un air triste
Pour une sainte fille Voiez dans quel état
Vous mettez la béquille Du père Barnaba
Mirlondène
Un révérend Père Jésuite
Qu’on nomme Père Piton,
Ayant baisé la relique
Voulut mettre dans le tronc
C’est Madame de Mirlimouilles
Qui demeure aux andouillers.
Elle a plus usé de couilles
Que de paires de souliers.
Un père de l’oratoire
Qui n’avait point de poil au cul
Entrant dans le Consistoire
Incontinent fut foutu
Quoique mon vit me fasse peine
C’est un exemple de vertu :
Il ressemble à la Madeleine
Il pleure quand il a foutu.
... de la Chose
Colin à la chasse – musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782,
joueur de musette émérite et compositeur), 3ème Recueil Colin à la chasse au bord d’un vallon
En certaine place vit un hérisson
Et tout au plus son fusil leva
Pour tirer au gîte cette beste là.
Avec l’assurance dont il est guidé
Il marche, il s‘avance, son fusil bandé.
Il vise et ajuste, et d’un coup heureux,
Il décharge juste, et le fend en deux.
La décharge faite, il n’étoit pas mort ;
La maligne bête frétilloit encor.
Je ne sçai que dire de tous ses efforts,
De nouveau retire, sans donner la mort.
Ce coup fut de même et alors Colin
Crut qu’au troisième on verroit la fin.
Il tire et s’efforce pour le dernier coup.
Mais toute sa force n’en vint point à bout.
Colin qui murmure dit avec raison :
Que ta vie est dure, maudit hérisson.
Il faut me résoudre à te laisser là ;
Je n’ai plus de poudre, tire qui pourra !
Des pesches
Jeanneton de tous les fruits ne mange que les pesches
Je l’ai jetée sur le lit
Et la friponne m’a dit
« Dépesche, dépesche, dépesche. »
Margoton dans une cour plumait une poularde
Et Robin rempli d’amour,
Dedans un petit détour
La larde, la larde, la larde.
Mon mari s’en est allé à Vienne en Autriche.
Il me défend de baiser,
Moy qui ne peux m’en passer
Je triche, je triche, je triche.
Et le mien s’en est allé à Châlons en Champagne.
Il m’a laissé sans argent
Mais à mon contentement
J’en gagne, j’en gagne, j’en gagne.
Quand je bande mon fusil
C’est pour tirer un merle
Mais quand je bande mon vit
Ce n’est pas pour enfiler
Des perles, des perles, des perles.
Vous avez le port si beau
Que je meure d’envie
D’y faire mettre mon vaisseau
Pour y décharger de l’eau
De vie, de vie, de vie.
Les verrous – texte d’Alexis Piron (1689 – 1773, poète et auteur dramatique)
Ce petit air badin,
Ce transport soudain
Marque un mauvais dessein.
Tout ce train me lasse à la fin.
De dessus mon sein,
Retirez cette main.
Que fait l’autre à mes pieds ?
Vous essayez de passer le genou,
Êtes-vous fou ?
Vous voulez bien finir et vous tenir !
Il arrivera, Monsieur, un malheur !
Ah ! C’est trop s’oublier et je vais crier !
Tout me manque à la fois
Et force et voix !
En entrant avez-vous tiré du moins sur vous les verrous ?
Mets-toi comme il faut – musique, Jean-Philippe Rameau, 1683 – 1764),
« Air des Tambourins », tiré des Indes Galantes
Mets-toi comme il faut, petit nigaud, c’est trop haut
D’aujourd’hui Licas, tu n’y seras, c’est trop bas.
A peine mon doigt dans cet endroit entrerait,
Et mon maladroit y prétendrait entrer tout droit.
Philis, m’y voici ; Nenni mon pauvr’ ami
Laisse-moi faire et j’en fais mon affaire
Ma main, mon Benjamin, dans le bon chemin te conduira, t’y voilà
Tu fais trop d’efforts Ah ! le sot corps, il est dehors !
J’y suis, le sens tu Philis ?
Oui, Licas poursuis, tu te raidis contre l’obstacle
J’y suis, le sens tu Philis ?
Je veux cette fois tout d’une haleine aller à trois..
Depuis qu’au monde je suis,
Jamais je n’ouis parler d’un tel miracle.
Mais quoi, tu n’es plus chez moi !
Vois ce que tu fais et te remets, le sot dadais !
Pirame et Thisbé – Parodie, musique de François Rebel (1701 – 1775, Surintendant de
la musique) et François Francoeur (1698 – 1787, Surintendant de la musique de la
chambre) - Compositeurs et co-Directeurs de l’Opéra de Paris
Laissons-nous charmer du plaisir d’aimer,
Le printemps de nos jours est pour les amours,
Les biens les plus doux ne sont faits que pour nous.
Nous comptons nos plaisirs par nos désirs.
Le partage du bel âge, c’est d’aimer pour être heureux.
Que de charmes sans alarmes,
Les ris et les jeux vont former nos nœuds.
Nous comptons nos plaisirs par nos désirs.
Profitons des moments, hâtons-nous d’être amants.
L’amour veut qu’à le suivre on s’empresse.
La jeunesse fuit sans cesse,
Les beaux jours perdus ne reviennent plus.
Paris est au Roi, mon con est à moi
Je prétends m’en servir selon mon désir,
Du qu’en dira-t-on, moquons nous Jeanneton
Le monde veut gloser, laissons le jaser !
Ton adresse, ta souplesse
Sait ranimer tous mes feux
Tu m’irrites, tu m’excites,
Viens combler mes vœux, viens me rendre heureux !
Que je fouterais, je déchargerais
Cent fois plus à gogo pour toi Camargo,
Que pour des objets beaucoup plus parfaits
Si tu fais en sautant tout comme en dansant !
Nous avons des amants, on en eut en tous temps,
Ne crois pas que nous soyons les seules
Tes aïeules, bisaïeules
Toutes en avaient, toutes s’en foutaient.
Cotillons
texte, Voltaire (1694 – 1778, écrivain et philosophe)
musique, Nicolas Chédeville (1705 – 1782, joueur de musette émérite et compositeur)
Ah Camargo, que vous êtes brillante !
Mais que Sallé, grand dieux ! est ravissante
Que vos pas sont légers ! et que les siens sont doux !
Elle est inimitable, et vous toujours nouvelle ;
Les Nymphes sautant comme vous,
Et les Grâces dansant comme elle.
Ma commère, quand je danse, mon cotillon va-t il bien ?
Il va de ci, il va de là, il va de ci, il va de là.
Troussez vous votre cotillon belle Camargo l’on vous voit le con
Vous avez la jambe bien faite Et le patatin, le patatan, le pataton
Troussez…
Sans la peur de faire un enfant Tu me le mettrai ma foi bien avant
Lèves ma cotte, branle ma motte
Le doigt d’un berger fait décharger sans nul danger
Je me fous du qu’en dirat’on
J’ay mon gagne pain sous mon cotillon
Et toi le tien dans ta culotte
Meslons notre bien baisons nous bien soir et matin.