Psaume 73 - Un poisson dans le net

Transcription

Psaume 73 - Un poisson dans le net
Psaume 73 : de la jalousie à la sérénité
Introduction
Tout comprendre ?
Max Lucado raconte une histoire fictive qui illustre tellement bien la tendance que nous avons de vouloir tout expliquer…
Il était une fois un vieil homme qui vivait dans un petit village. Bien que pauvre, il était envié par tous parce qu'il possédait un beau cheval blanc. Même le roi enviait ce trésor. On n'avait jamais vu un animal comme ce dernier, tant par sa splendeur, sa majesté que par sa force.
Certains offrirent des fortunes pour cette monture, mais le vieil homme refusa toujours : « ce cheval n'est pas pour moi », disait­il, « c'est une personne. Comment pourrait­on vendre une personne ? C'est un ami, pas une possession. Comment pourrait­on vendre un ami ? » L'homme était pauvre et la tentation était grande, mais jamais il ne vendit le cheval.
Un matin, il ne trouva pas le cheval dans son écurie. Tout le village vint le voir « Vieux fou, » se moquèrent­ils, « nous t'avions dit qu'un jour quelqu'un volerait ton cheval. Nous t'avions prévenu que tu serais volé. Tu es si pauvre. Comment as­tu pu espérer pouvoir protéger un animal si couteux ? Il eut été préférable de le vendre. Tu aurais pu en tirer le prix que tu voulais. Aucune somme n'aurait été trop importante. Maintenant le cheval est parti, et tu as été maudit. »
Le vieil homme répondit : « ne parlez pas trop vite. Dites seulement que le cheval n'est pas dans l'écurie. C'est tout ce qu'on sait, le reste n'est que jugement. Ai­je été maudit ou non, comment pouvez­vous savoir ? Comment pouvez­vous juger ? »
Les gens protestèrent : « Ne nous prend pas pour des fous ! Nous ne sommes peut­être pas philosophes, mais nous n'avons pas besoin de philosophie ici. Le simple fait que ton cheval ne soit plus là constitue une malédiction. »
Le vieil homme parla de nouveau : « Tout ce que je sais, c'est que l'écurie est vide et que mon cheval est parti. Je ne sais rien de plus. Est­ce une malédiction ou une bénédiction, je ne peux pas dire. Nous ne voyons que des fragments des choses. Qui peut dire ce qui va arriver ensuite ? »
Les gens du village rirent et pensèrent que le vieil homme était fou. Ils l'avait toujours pensé, car, s'il ne l'était pas, il aurait vendu le cheval et aurait vécu des revenus de cette vente. À la place de cela, il était un pauvre bûcheron, un vieil homme encore obligé de couper du bois de chauffe, de le traîner en dehors du bois et de le vendre. Il vivait dans la misère et la pauvreté. Il avait désormais prouvé qu'il était vraiment fou. Quinze jours plus tard, le cheval revint. Il n'avait pas été volé, il s'était seulement enfui dans la forêt. Non seulement il revint, mais il ramena avec lui une douzaine de chevaux sauvages. Une fois encore, les gens s'assemblèrent autour du bûcheron et lui dirent : « vieil homme, tu avais raison et nous avions tord. Ce que nous pensions être une malédiction était une bénédiction. Pardonne­nous. »
L'homme répondit : « encore une fois vous allez trop loin. Disez seulement que le cheval est revenu et qu'une douzaine de chevaux l'accompagnent, mais ne jugez pas. Comment pouvez­
vous savoir s'il s'agit d'une bénédiction ou non ? Nous ne voyons qu'un fragment des choses. Vous ne lisez qu'une page d'un livre et vous jugez ce dernier tout entier ? Vous ne lisez qu'un mot d'une phrase. Comment pouvez­vous comprendre la phrase entière ?
La vie est si vaste, et pourtant vous jugez toute la vie sur une page ou un mot. Vous n'avez qu'un fragment. Ne dites donc pas qu'il s'agit d'une bénédiction. Personne ne sait. Je suis content de ce que je sais ; je ne suis pas perturbé par ce que je ne sais pas »
« Peut­être le vieil homme a­t­il raison » se dirent­ils. Ils n'en dirent pas beaucoup plus. Cependant, au fond d'eux­mêmes, ils étaient persuadés qu'il avait tord. Ils savaient qu'il s'agissait d'une bénédiction. Douze chevaux sauvages étaient revenus en sus. Avec un peu de travail les animaux pourraient être domestiqués, entraînés et vendus pour beaucoup d'argent.
Le vieil homme n'avait qu'un fils. Ce dernier commença à domestiquer les chevaux sauvages. Après quelques jours, il tomba d'un des chevaux et se cassa les deux jambes. Une fois encore, les villageois s'assemblèrent autour du vieil homme et émirent leurs jugements.
« Tu avais raison » dirent­ils. « Tu nous as prouvé que tu avais raison. Les douze chevaux n'étaient pas une bénédiction. Ils étaient une malédiction. Ton fils unique s'est cassé les © Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 2
jambes, et maintenant, dans ton grand age, tu n'as personne pour t'aider. Tu es maintenant plus pauvre que jamais. »
Le vieil homme parla encore : « vous êtes vraiment obsédés par le jugement. N'allez pas si loin. Dites seulement que mon fils s'est cassé les jambes. Qui sais s'il s'agit d'une bénédiction ou d'une malédiction ? Personne ne sait. Nous ne connaissons que des fragments des choses. La vie vient de cette façon, en fragments. »
Il arriva alors que quelques semaines plus tard, le pays s'engagea dans une guerre contre un pays voisin. Tous les jeunes hommes du village furent réquisitionnés, sauf le fils du vieil homme, parcequ'il était blessé. Une fois encore les gens se rassemblèrent autour du vieil homme, pleurant et se lamentant parce que leurs fils avaient été pris et avaient peu de chances d'en revenir. L'ennemi était fort et la guerre serait une sanglante défaite. Ils ne reverraient jamais leurs enfants.
« Tu avais raison, vieil homme, » gémirent­ils. « Dieu sait que tu as raison. Tout cela le prouve. L'accident de ton fils était une bénédiction. Ses jambes sont peut­être rompues, mais, au moins, il est avec toi. Nos fils, eux, sont partis pour toujours. »
Le vieil homme répondit une fois de plus : « c'est vraiment impossible de discuter avec vous. Vous n'arrêtez pas de tirer des conclusions. Personne ne sait. Dites seulement : nos fils sont partis à la guerre, et le tien non. Personne ne sait si c'est une bénédiction ou une malédiction. Personne n'est assez sage pour le savoir. Seul Dieu sait. »
In the Eye of the Storm by Max Lucado, Word Publishing, 1991, pp. 144­147.
Cette tendance à tout expliquer se manifeste particulièrement devant les difficultés et les souffrances de la vie. Asaph, l’auteur du psaume de ce matin, a d’ailleurs lutté avec cette question. Et particulièrement avec la perspective de la souffrance des justes, et de la réussite des méchants…
Lecture : Psaume 73
Sûreté N° 1 : Dieu est bon (73.1)
« 1 Psaume d’Asaph. Oui, Dieu est bon pour Israël, Pour ceux qui ont le coeur pur. »
Cette affirmation est juste et elle est reprise sous différente formes. En Deut 27 & 28 Dieu annonce des bénédictions et des malédictions à ceux qui obéissent et ceux qui désobéissent à la Loi de Dieu. Dieu parle du bonheur des justes et de leur succès dans le Psaume 1. Dieu promet à Josué du succès s’il reste accroché à la Parole de Dieu… Seulement voilà, ceux qui en font de ce principe une loi mécanique se heurtent au problème de la réalité. Des hommes justes souffrent. Job a été le 1er à le vérifier, et ses amis avaient pour seule théologie de la souffrance qu’elle venait du péché, et de la culpabilité. Le psaume débute avec une assurance dont il a besoin pour explorer ce dilemme troublant de la prospérité des méchants. C’est à la fois une introduction rassurante, et déjà la conclusion du psaume. Dieu est bon !
Une affirmation nécessaire quand on essaye de comprendre l’injustice qui règne dans le monde. Pourquoi ce sont les pays les plus pauvres de la planète qui sont souvent victimes des tragédies les plus douloureuses ? Pourquoi des pays méchants et © Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 3
agressifs peuvent­ils être si riches et si prospères ? Est­ce la négation que Dieu est bon ? •
L’athée répond qu’il n’y a pas de Dieu, et attribue ces tragédies au hasard. Pire, un hasard nécessaire à la survie du plus fort. •
Le cynique affirme que Dieu existe mais qu’il n’est pas bon. •
Le libéral croit qu’il y a un Dieu bon et aimant, mais rejette sa souveraineté — ainsi, Dieu ne contrôlerait pas les événements du monde. Ceux qui se réclament d’une foi biblique notent que Dieu est bon, et qu’il a démontré sa bonté de nombreuses manières : •
En Ex 33.19, Dieu se présente à Moïse et dit : « Je ferai passer devant ta face toute ma bonté et je proclamerai devant toi le nom de l’Éternel ; je fais grâce à qui je fais grâce, et j’ai compassion de qui j’ai compassion. » Sa bonté se voit dans la grâce qu’il accorde. •
Rom 2.4 : sa patience, qui pousse à la repentance, démontre sa bonté. •
Tite 3.4 : sa bonté s’est manifesté par le sauvetage réalisé par Christ. Une pensée accentuée et relevée par Romains 5.8 : « Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. »
Et la Bible exhorte à proclamer cette bonté de l’Eternel (Esaïe 63.7). Quand Salomon a dédicacé le temple, il s’exclame : « Car toi, Seigneur, tu es bon et clément, Riche en bienveillance pour tous ceux qui t’invoquent » (Psaumes 86:5). C’est une chose de dire que Dieu est bon, c’est une autre de croire qu’il est bon « pour soi. » Le psalmiste dit : « Mais moi, j’ai confiance en ta bonté, Mon coeur est dans l’allégresse, à cause de ton salut ; Je chanterai à l’Éternel, car il m’a fait du bien » (Psaumes 13:6). Vous avez lu la clause ? « Car » il m’a fait du bien… Oui, mais… et quand Dieu ne fait pas du bien… Peut­on croire en la bonté de Dieu quand…
•
Son propre enfant meure d’une leucémie. •
Un tsunami emporte près de 150 mille personnes, dont son propre frère…
•
Quand se produisent des événements aussi dramatiques que le vol, le viol, l’assassinat d’un proche… •
J’ai lu le témoignage hier d’une femme dont le mari était ancien d’une église, passionné de théologie, et qui venait de la quitter après 20 années d’un mariage sans histoire, avec un petit mot qui disait : ‘je n’ai jamais rien fait pour mon moi, et je viens de rencontrer une femme qui m’a rendu heureux d’exister. Navré de te faire de la peine, mais je voudrais vivre.’ Vous imaginez la dévastation…
•
Est­ce que Dieu était bon, quand les enfants de Job sont morts, et sa fortune a été dilapidée, et sa femme l’a découragé, et ses amis l’ont accusé, et son corps était couvert de plaies infectées et malodorantes…
Où est la bonté de l’Eternel quand le juste souffre et le méchant jouit ?! Dans un monde juste, la bonté de Dieu est facile à discerner : les bons prospèrent, et les injustes périssent. Il n’y a pas de problème. Chacun reçoit ce qu’il mérite…
C’est d’ailleurs le point de départ vrai de ce psaume : « Oui, Dieu est bon pour Israël, Pour ceux qui ont le coeur pur. » Cela rappelle un peu de ce que Héb. 11.6 « Or, sans © Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 4
la foi, il est impossible de lui plaire ; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. »
Seulement voilà. La réalité c’est que les tricheurs réussissent mieux aux examens que les travailleurs, et que les hommes intègres ont plus de peine à gagner leur beurre que les gens troubles. Asaph est stupéfait de le réaliser, et il fait une description saisissante et imagée de leur situation.
Stupéfaction : les méchants prospèrent (73.2-12)
La myopie d’Asaph (73.2-3)
« 2 Quant à moi, pour un peu mes pieds allaient fléchir, Il s’en est fallu d’un rien que mes pas ne glissent, 3 Car je jalousais les insensés, En voyant la prospérité des méchants. »
La myopie est une maladie de l’œil qui empêche de voir de loin. Asaph manifeste une myopie spirituelle qu’il reconnaît bien. Il est d’ailleurs d’accord que cela a failli lui coûter la vie. La vie spirituelle bien entendu. Le « quand à moi » est une expression rare qui est extrêmement forte pour évoquer un contraste. Il a failli marcher sur le même bord que ces hommes­là. Le verbe « jalouser » décrit un zèle et une passion ardents. Asaph était vraisemblablement membre de la chorale du culte, payé pour son service dans le temple. On l’imagine, regardant les succès et la prospérité des hommes dont il connaissait trop bien la vie. Ils avaient de belles maisons, de belles voitures… ils mangeaient du caviar et du roquefort… et les gésiers d’oie confits flottaient sur des salades lyonnaises de leur repas de midi… On l’imagine se torturant l’esprit : moi je suis dans le temple, je gagne moyennement ma vie… mais je ne peux pas payer des études décentes à mes enfants… ai­je fait le bon choix ? Suis­je du bon côté de la frontière ? Le terme qu’utilise Asaph est riche de sens. C’est Shalom qui est utilisé, l’équivalent hébreu de notre ‘salut.’ Mais les 2/3 des plus de 250 emplois de ce mot décrivent les bénédictions associées au fait de suivre Dieu. L’accusation est donc implicite : Dieu ne serait pas sérieux dans son alliance, il donnerait les bénédictions promises aux justes, et les jetterait dans les bras des injustes, au mépris de la promesse de son jugement. Asaph fait preuve de myopie ? S’il s’offense de la prospérité du méchant, il ne voit pas, dans son évaluation, trois choses importantes :
•
Ce n’est pas la prospérité qui devrait offenser. C’est leur méchanceté. •
En jugeant leur méchanceté, il s’abstient de remarquer que sa convoitise est contraire aux 10 commandements dont il se vante implicitement !
•
Il ne mentionne pas que le désir de Dieu c’est de voir le méchant se repentir. En tout cas, la description qu’il fait de ces hommes est saisissante. © Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 5
La description d’Asaph (73.4-10)
« 4 Rien ne les tourmente jusqu’à leur mort, Et leur corps est replet ; 5 Ils n’ont aucune part à la peine des hommes, Ils ne sont pas frappés avec les humains. 6 Aussi l’orgueil leur sert de collier, La violence est le vêtement qui les enveloppe ; 7 Leur figure est débordante de graisse, Les imaginations de leur coeur dépassent (la mesure). 8 Ils raillent et parlent méchamment d’opprimer ; Ils parlent haut, 9 Ils élèvent leur bouche jusqu’aux cieux, Et leur langue se promène sur la terre. 10 Voilà pourquoi son peuple en arrive là, On avale l’eau abondamment »
Ces méchants :
•
N’ont aucune crainte du lever du jour au coucher du jour. •
Leur corps gras reflète leur richesse — la mode de l’époque c’était la bouée autour du ventre, un signe extérieur de richesse, cf. un violon sur le toit. •
Ils travaillent dans une ambiance détendue, entourés de machines à air conditionné. Comme si la malédiction de Genèse 3 ne marchait pas pour eux. •
L’orgueil, la violence, la graisse qui coule de leur visage… l’imagination à faire le mal… •
Leur manière de communiquer est affectée par l’état de leur cœur. Ils se moquent, menacent, parlent fort… •
Et le verset, qui demeure difficile à comprendre, image probablement qu’ils sont entourés d’une cour qui les encense et qui vit de leur opulence. Dionysos le Jeune, tyran sicilien, s’en revenait de guerre après avoir pillé le temple de Syracuse. Sur le bateau qui le ramenait, il dit avec arrogance : avez­vous remarqué combien les dieux aident les sacrilèges ?! Ces hommes sont dans l’abondance ; travaillent légèrement ; menacent les faibles ; et ils sont très populaires. L’exagération d’Asaph (73.11-12)
« 11 Et l’on dit : Comment Dieu (le) connaîtrait–il ? Y a–t–il même de la connaissance chez le Très–Haut ? 12 Ainsi sont les méchants : Toujours tranquilles, ils accroissent (leur) richesse. »
Asaph va trop loin. Ou bien simplement il rapporte les propos qui circulaient. Comme si Dieu ne savait pas ce qui se passait. Le Psaume 10 décrit de la même manière le méchant. Au verset 11 : « Il dit en son coeur : Dieu oublie ! Il cache sa face, il ne regarde jamais ! » Mais vous savez ce que Dieu dit ? En évoquant le jugement à venir, le prophète Sophonie dit « En ce temps–là, Je fouillerai Jérusalem avec des lampes, Et j’interviendrai contre les hommes Accroupis sur leurs réserves, Et qui disent dans leur coeur : L’Éternel ne fait ni bien ni mal. » (Sophonie 1:12)
© Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 6
Souffrance : les justes dégustent (73.13-15)
« 13 C’est donc en vain que j’ai purifié mon coeur, Et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence : 14 Tout le jour je suis frappé, Tous les matins mon châtiment (est là). 15 Si je disais : Je veux m’exprimer comme (eux), Voici que je trahirais la race de tes enfants. »
Asaph, membre payé de la chorale du Temple, devait contempler ceux qui venaient au culte. Le voici à chanter les louanges de Dieu devant tout le monde, et les gens qui viennent l’entendre n’ont pas le quart de ses troubles. Asaph dénonce trois injustices qui concernent le juste
•
Le chemin de la sanctification peut être une souffrance. Cf. « si ton œil droit… » Certes, la marche avec le Seigneur est dépendante du Seigneur et de sa volonté qui opère en nous, mais elle comprend notre coopération, notre effort. Et refuser de marcher dans les plaisirs du monde, par souci de glorifier Dieu, coûte. •
Le contexte de vie peut être difficile. « tout le jour je suis frappé » n’est pas nécessairement spécifique, mais évoque le tourment mental qui est le sien. Comment vivre en homme juste dans un monde pécheur, avec des démons qui tirent, et une chair qui pousse au mal… Le combat est réel et tout le jour, Asaph est frappé de ce tourment. •
La responsabilité des autres pèse. Il est tiraillé entre le désir de rejoindre le clan des brutes heureuses, mais il sent peser sur lui l’influence que sa décision aurait sur ceux de sa race. Paul fait le même genre de remarque : « 3 Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que notre service ne soit pas un objet de blâme. 4 Mais nous nous rendons à tous égards recommandables, comme serviteurs de Dieu, par beaucoup de persévérance dans les tribulations, dans les privations, dans les angoisses, » et la liste continue (2 Cor. 6.3­4). Ce poids d’intégrité est aussi, bien entendu, un honneur. Mais il demeure un poids, surtout lorsqu’on compare le sacrifice consenti avec le dividende terrestre. Au Concile de Nicée, un rassemblement important de l'Église au 4ème siècle, sur les 318 délégués présents, moins de 12 n'avaient ni perdu un oeil, ni une main, ni ne boitaient suite à la torture à cause de leur foi chrétienne. Vance Havner.
Comment se fait­il que ces justes aient tant souffert, pendant que le palais de César n’avait que des festivités joyeuses…
Comment gérer cette jalousie ? Ce zèle et cette ardeur ? Asaph propose à ceux qui sont troublés de la même manière à changer de regard, changer de perspective. Solution : le changement de perspective (73.16-20)
« 16 J’ai donc réfléchi pour comprendre cela ; Ce fut pénible à mes yeux, 17 Jusqu’à ce que j’arrive aux sanctuaires de Dieu ; Alors j’ai compris le sort final des méchants. 18 Oui, tu les places sur des voies glissantes, Tu les précipites dans la tourmente. 19 Comment ! en un instant les voilà en (pleine) désolation, Ils sont à bout, achevés par l’épouvante ! 20 Comme un songe au réveil, Seigneur, à ton éveil, tu repousses leur image. 21 Lorsque mon coeur s’aigrissait, Et que je me sentais percé dans les reins, © Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 7
22 J’étais stupide et sans connaissance, Avec toi j’étais comme les bêtes. 23 Cependant je suis toujours avec toi, Tu m’as saisi la main droite ; 24 Tu me conduis par ton conseil, Puis tu me recevras dans la gloire. 25 Qui d’autre ai–je au ciel ? En dehors de toi, je n’ai aucun plaisir sur la terre. 26 Ma chair et mon coeur peuvent défaillir : Dieu sera toujours le rocher de mon coeur et ma part. 27 Car voici que ceux qui s’éloignent de toi périssent ; Tu réduis au silence tous ceux qui te sont infidèles. »
Qu’Asaph ait dû réfléchir montre que ce n’est pas naturel. Mais son chemin de pensée, pour sortir de la jalousie, et de la convoitise l’a mené par trois étapes :
•
Intégrer Dieu. Quand on arrive là où Dieu est au centre, quand on commence à regarder vers le ciel, les choses de la terre palissent. Regarder comme Dieu voit, c’est entrer dans sa justice, c’est regarder en utilisant les filtres de ses attributs. •
Intégrer le temps. Quelqu’un peut mener une vie bruyante et prospère. Mais 100 années de prospérité n’empêchent rien au fait qu’on arrive nu et on repart nu de cette terre !
•
Intégrer le jugement de Dieu. Si aujourd’hui Dieu manifeste surtout sa grâce, il n’en reste pas moins vrai que son jugement se présentera un jour. En sorte que le juste a bien vu de le rester !
•
Intégrer la jalousie en tant que péché. Asaph dit : « je suis stupide. » Oui, c’est un peu dur de l’admettre, mais Asaph n’y va pas de main morte dans l’évaluation qu’il fait de sa réaction. •
Intégrer la récompense de Dieu. (v. 24). Paul exhorte ainsi les Galates : « 7 Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. 8 Celui qui sème pour sa chair, moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit, moissonnera de l’Esprit la vie éternelle. 9 Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. » (Gal 6.7­9). •
Intégrer la valeur de Dieu. (v. 25). •
Intégrer la sévérité de Dieu. (v. 26). L’histoire de l’arrivée du roi dans le séjour des morts… Le prophète Esaïe décrit l’arrivée du roi de Babylone dans le séjour des morts (chapitre 14) : 4 Alors tu prononceras cette sentence contre le roi de Babylone Et tu diras : Quoi donc, l’oppresseur n’est plus ! La tyrannie a cessé ! 5 L’Éternel a brisé la massue des méchants, Le bâton des dominateurs. 6 Celui qui dans son courroux frappait les peuples Par des coups sans relâche, Celui qui dans sa colère subjugait les nations est poursuivi sans ménagement. 7 Tout le pays jouit du repos et du calme ; On éclate en chants d’allégresse. 8 Les cyprès même, les cèdres du Liban se réjouissent à ton sujet : Depuis que tu es tombé, Le bûcheron ne monte plus contre nous. 9 Le séjour des morts s’émeut jusque dans ses profondeurs Pour t’accueillir à ton arrivée ; Il réveille pour toi les défunts, Tous les guides de la terre, Il fait lever de leurs trônes tous les rois des nations. 10 Tous prennent la parole pour te dire : Toi aussi, tu es sans force comme nous, Tu es devenu semblable à nous ! 11 Ta fierté a été précipitée dans le séjour des morts Avec le son de tes luths ; Sous toi s’étend (une couche de) vermine, Et les vers sont ta couverture. 12 Quoi donc ! tu es tombé du ciel, (Astre) brillant, fils de l’aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le dompteur des nations ! 13 Tu disais en ton coeur : Je monterai au ciel, J’élèverai mon trône au–dessus des étoiles de Dieu, Je siégerai sur la montagne de la Rencontre (des dieux) Au plus profond du nord ; 14 Je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très–Haut. 15 Mais tu as été précipité dans le séjour des morts Au plus profond d’une fosse. 16 Ceux qui te voient fixent sur toi (leurs regards), Ils te considèrent attentivement : Est–ce là cet homme qui faisait trembler la terre, Qui ébranlait les royaumes, 17 Qui réduisait le monde en désert, Qui ravageait ses villes Et ne relâchait pas ses prisonniers ?
© Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes
Les Psaumes
Psaume 73
Page 8
Sûreté N° 2 : Dieu est proche (73.28)
« 28 Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien : Je place mon refuge dans le Seigneur, l’Éternel, Afin de raconter toutes tes oeuvres. »
Finalement, Asaph reprend l’idée principale du verset 1. Il renouvelle son engagement auprès de Dieu. Je place mon refuge dans le Seigneur. C’est lui qui est digne d’être mon bien. Etre proche de lui est préférable que tous les gadgets de cette terre. Conclusion
1. L’Evangile de la prospérité est l’un des venins les plus dangereux de l’église actuelle. J’ai regardé le site de Kenneth Hagin, où j’ai récupéré des titres comme : « clés bibliques de la prospérité financière » et encore « Racheté de la pauvreté, de la maladie et de la mort. »
2. La souffrance et la bonté de Dieu. A la racine de la jalousie d’Asaph se trouve l’équation facilité=bonté divine. Job 2:10 : « Mais il lui répondit : Tu parles comme une femme insensée ! Quoi ! nous recevrions de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres. »
3. La souffrance et le service de Dieu. Pour beaucoup d’entre nous, notre service de Dieu et des autres dépend de la facilité de la vie. Plus la vie est facile, mieux on le sert. J’ai lu pendant ces vacances un raccourci des biographies de Calvin et Luther. Le moins que l'on puisse dire, c'est que leur vie n'a pas été facile...
© Un poisson dans le net/Florent Varak
http://www.unpoissondansle.net/psaumes