learning from hawaii

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learning from hawaii
 [Honolulu. 2013] “My friends on the mainland think just because I live in Hawaii, I live in paradise. Like a permanent vacation. We’re all just out here sipping Mai Tais, shaking our hips, and catching waves. Are they insane?” Matt King, ​
in​
The Descendants (Alexander Payne) LEARNING FROM HAWAII
Habitat mobile, habitat flexible : une réponse adaptée à l’hyper­densité et aux usages antagonistes des espaces littoraux et insulaires à l’aube du XXIe siècle ? 1# ​
born on the ​
[beach] Hawaii. Archipel légendaire, mythe parmi les mythes. D’où lui vient cette puissance évocatrice ? Est­ce dû à sa localisation si particulière, en plein Pacifique ? À son isolement extrême, situé aux confins septentrionaux du ​
triangle polynésien​
*, à 3.600 km de ses plus proches voisines les îles Marquises ? À sa diversité culturelle, mélange de racines polynésiennes, américaines et asiatiques ? Ou tout simplement, à ses dons naturels, paysages et climats si extraordinaires qu’ils semblent être un cadeau des dieux ? Comme bien souvent, la réalité est aux antipodes de l’image de carte postale. Le coût de l’immobilier a de nos jours atteint un niveau tel qu’il devient de plus en plus difficile pour les populations locales, et en particulier natives, d’accéder à un logement décent. En 2015, Hawaii affichait un taux de 497 sans­abri pour 100.000 habitants, soit le taux le plus élevé des États­Unis. On ne compte plus le nombre de personnes vivant dans leur voiture. Les aires de campings ­ par ailleurs peu développées à Hawaii ­ sont fréquentées quasi exclusivement par des personnes sans domicile fixe. Créé en 2010, “Civil Beat”, un des plus influents journaux en ligne de Hawaii, multiplie les appels à mobilisation pour le problème du logement ­ et plus globalement du coût de vie exorbitant ­ dans l’archipel, jusqu’à la création d’un groupe de discussion Facebook intitulé “Civil Beat: Hawaii’s Cost of Living”. Crise du logement, coût de vie élevé... À l’aube du XXIe siècle, les problématiques de Hawaii ne sont pas si différentes de celles d’une grande métropole internationale. Les pratiques de spéculation foncière et immobilière ­ si contraires aux traditions hawaïennes de propriété collective ­ qui font rage depuis le Grand ​
Mahele (partage) des terres de 1848, n’y sont certainement pas étrangères. La mise en parallèle avec les chiffres du tourisme (8,2 millions de touristes en 2013, soit près de 6 par habitant) constitue une autre explication. Le tourisme, premier secteur d’activité de l’état hawaïen, accentue les phénomènes de prolifération urbaine et de ségrégation spatiale que l’on observe partout ailleurs dans le monde. http://beachouse.xyz
1 Autrefois réservé aux plus hautes classes sociales, le tourisme s’est démocratisé à partir des années 1960​
, avec la généralisation des congés payés et des moyens de transport à moindre coût. Il est, de fait, symptomatique du développement des pays industrialisés et de l’avènement de la société de loisirs. À l’échelle planétaire, ce phénomène a engendré des dynamiques surprenantes. Des lieux jusque là inoccupés ont soudain été pris d’assaut par des hordes de vacanciers. Des périodes de travail jusque là ininterrompues ont peu à peu été entrecoupées de temps de repos. Cette recomposition spatiale et temporelle touche en particulier les bords de mer. Territoires parmi les plus attractifs à l’aube du 3e millénaire, les espaces côtiers et insulaires sont aujourd’hui le théâtre d’une lutte impitoyable pour l’occupation de l’espace. Hawaii, lieu de tous les fantasmes et de toutes les convoitises, n’y échappe malheureusement pas. Ici plus qu’ailleurs, les fonctions et les rythmes de la ville traditionnelle (résidence permanente) doivent coexister avec ceux de la ville touristique (résidence ponctuelle). Ici plus qu’ailleurs, les acteurs de la fabrication urbaine, pouvoirs publics comme aménageurs, ont un rôle à jouer dans le maintien d’un équilibre entre les différentes formes d’occupation spatiale. ­­­ La question qui se pose d’abord à nous, concepteurs, est : comment gérer l’afflux croissant de populations et limiter son impact sur des territoires ô combien fragiles ? Plus précisément : face à des usages de plus en plus volatiles et éphémères, des formes d’architecture sédentaires et pérennes restent­elles judicieuses ? D’un point de vue purement conceptuel, la réponse va de soi. Le retour à un habitat mobile et flexible est ­ en théorie ­ la proposition la plus adaptée à nos modes de vie contemporains. Mobil homes et tentes ​
versus​
villas et hôtels 4* ? Un tel raccourci peut sembler grossier et provocateur, mais il a le mérite de mettre en évidence l’obstacle majeur à laquelle est confrontée la mise en oeuvre d’une telle solution : l’image globalement négative (non sans raison) de l’habitat mobile et flexible. Ainsi, en février 2016, un article du Monde Diplomatique titrait : “Le petit peuple des mobil homes ­ 20 millions d’Américains au ban de la ville”. Penchons­nous donc à présent sur cette question cruciale. http://beachouse.xyz
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