Le Dattier du désert

Transcription

Sommaire
Monographie botanique
L’Institut Klorane œuvre depuis 1994 à la protection
et à la valorisation du patrimoine végétal :
PROTEGER, EXPLORER, ÉDUQUER
PROTEGER
20% des espèces végétales sur terre
sont en raréfaction et près d’1/5 sont menacées
en France métropolitaine…
L’Institut Klorane, sensible à la Protection du Patrimoine
Végétal, agit en étroite collaboration avec l’Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)
et des Conservatoires Botaniques pour la sauvegarde des
espèces en danger dans le monde :
Dattier
du désert
EXPLORER
Pour bien protéger, nous devons bien connaître.
La connaissance du génie végétal mérite
une investigation permanente.
Pour ce faire, l’Institut Klorane :
> soutient des missions sur le terrain pour mieux
connaître les forêts primaires tropicales,
> encourage la création de jardins thérapeutiques,
> participe à la restauration et à la numérisation
de la collection patrimoniale des herbiers du Muséum
national d’Histoire naturelle (11 millions de spécimens),
> finance des thèses de doctorat sur le potentiel du Dattier
du désert, ses usages sociaux et son impact environnemental,
> participe à la résurrection de graines d’espèces disparues
dans le monde.
Bal anite s ae g yp tiaca (L. ) Delile
488933 - Art & Caractère - 81550 LAVAUR - 08/2012
Zygophyllaceae
ÉDUQUER
Depuis sa création, l’Institut Klorane s’engage à transmettre
ses connaissances sur la biodiversité végétale :
> aux scolaires : ouvrages et ateliers thématiques
pédagogiques, visites de jardins botaniques
en partenariat avec des pharmaciens d’officine,
> aux professionnels de santé : monographies et revues
d’information botanique,
> au grand public : programmes de sciences participatives,
brochures thématiques pour faire découvrir la nature de
proximité et faciliter un engagement citoyen.
Fondation d’entreprise pour la protection
et la valorisation du patrimoine végétal
HISTOIRE DE LA PLANTE
03
Usages traditionnels et courants
03
> Usages médicinaux
04
> Usages alimentaires
04
Le
> Normania triphylla, réintroduite avec succès à Madère,
> Calendula maritima, Astéracée menacée endémique
de Sicile, faisant l’objet de toutes nos attentions,
> Balanites aegyptiaca (Dattier du désert) replanté
massivement au Sénégal dans le cadre du projet ambitieux
de la Grande Muraille Verte, contribuant ainsi au
développement durable de l’économie locale.
03
Fondation d’entreprise pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal
> Autres usages
05
Phytothérapie
05
Cosmétologie
05
Effets indésirables et contre-indications
06
DESCRIPTION DE LA PLANTE
06
Dénomination scientifique
07
Habitat
08
Description générale
09
Falsification
09
Description détaillée de la partie utilisée
09
> Morphologie
11
> Anatomie
16
LE FRUIT ET LA GRAINE
16
Composition chimique
18
Données pharmacologiques
18
> Activité anthelminthique
18
> Activité anticancéreuse
18
> Activité larvicide contre les moustiques
19
> Activité antidiabétique
19
> Activité hypocholestérolémiante
EN PHARMACIE
19
Toxicité
20
BIBLIOGRAPHIE
PROTEGER
EXPLORER
dans le monde.
ÉDUQUER
Sommaire
03
Histoire de la plante
03
03
04
04
> Autres usages
05
Phytothérapie
05
Cosmétologie
05
06
Description de la plante
06
07
Habitat
08
09
Falsification
09
09
> Morphologie
11
> Anatomie
16Le fruit et la graine
en pharmacie
16
18
18
18
18
19
19
19
Toxicité
20
Bibliographie
et la Grande Muraille Verte
Afin de lutter contre la désertification qui frappe le Sahel
et ses conséquences sur la population locale, 11 pays d’Afrique*
se sont rassemblés en 2004 pour prendre en main ce défi
écologique majeur avec le projet « Grande Muraille Verte ».
Le but est de créer une ceinture végétale
multi-espèces qui traversera le continent
La Grande Muraille Verte
Dakar
Djibouti
africain de Dakar à Djibouti,
soit plus de 7 000 km de long
sur 15 km de large !
4 espèces ont été
sélectionnées pour
leur capacité à résister
au climat semi-aride
dont le Dattier du
désert (Balanites
aegyptiaca L.).
Plantées dans le cadre
de ce projet, elles vont
permettre de reconstituer un
couvert végétal et offrir une source durable
d’alimentation et de revenus pour les populations locales.
L’Institut Klorane soutient ce programme
au Sénégal, premier pays sur le tracé de
la Grande Muraille Verte, par des actions
concrètes déclinées autour des 3 missions :
• Protéger la biodiversité en plantant 10 000
Dattiers du désert par an, pendant 3 ans.
• Explorer de nouvelles propriétés
et utilisations en finançant 3 thèses de
doctorat sur le Dattier du désert.
• Eduquer l’ensemble des publics
en soutenant une université d’été annuelle
de sciences et médecine au Sénégal.
Balanites aegyptiaca (L.) Delile
*Les 11 pays engagés sont : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Erythrée, Ethiopie et Djibouti.
H I STO I R E
d e l a p l a n te
Balanites aegyptiaca est connu depuis très longtemps en Afrique.
En 1913, Sprague citant Delile (1813) indique qu’il a été cultivé en Egypte depuis plus
de 4000 ans et que des noyaux du fruit ont été retrouvés dans les tombeaux des Rois.
Usages traditionnels
et courants
Une très large gamme d’utilisations a été
rapportée, souvent jouant un certain rôle
culturel important au niveau local. Un examen approfondi des utilisations est rapporté par Dalziel (1937), Burkill (1985) et
plus récemment par Hall & Walker (1991).
Ces derniers auteurs ont inclus dans leur
étude des domaines spécifiques tels que la
médecine, l’alimentation, la phytochimie
(plante et extraits), l’agriculture, la production pétrolière et les utilisations du bois.
Usages médicinaux
L’amande est utilisée comme vermifuge,
l’huile (en onctions) contre les rhumatismes.
L’écorce pilée, seule ou associée au fruit de
Lophira lanceolata Tiegh (= Lophira alata
Tiegh, Ocracée), est employée pour le
traitement des amygdalites, des bronchites
et des affections pulmonaires (Voinot,
1904 - Bellakhdar, 1978). Au Sahara, les
tiges, débarrassées de leurs épines, sont
utilisées comme frotte-dents. De façon
plus anecdotique, et relevant davantage
des rituels culturels au Sahara occidental,
les femmes ont l’habitude de se teinter la
paupière inférieure, au moment de leurs
règles, avec une matière colorante jaune
foncé tirée des graines.
La plupart des parties de l’espèce sont
utilisées en médecine traditionnelle.
Les amandes et les fruits entiers broyés
sont employés au Sahara comme laxatif
doux.
Le Dattier du désert Balanites aegyptiaca (L.) Delile
3
Usages alimentaires
La plupart des parties de l’arbre servent
d’aliment.
Le fruit, drupe charnue, ovoïde, verdâtre
puis brun verdâtre à jaune à maturité,
ressemblant à la datte du palmier, possède
une pulpe de saveur douce-amère,
mucilagineuse, mais d’odeur peu agréable.
La pulpe est comestible crue après pelage
du fruit mais son goût amer s’accentue
fortement en fin de maturation. Elle est
également utilisée comme ingrédient pour
la fabrication de friandises, séchée puis
pilée avec de la gomme. Cuite dans l’eau,
la pulpe sert à la préparation de pains ou
de galettes (avec ou sans mil) et de soupes.
L’amande du fruit est, elle aussi, consommée
malgré son amertume (réduite par deux
cuissons succesives avec rejet de l’eau).
4
Les jeunes feuilles et les boutons floraux,
débarrassés après cuisson de leur amertume,
sont parfois consommés comme légumes
accompagnant des viandes ou du mil.
La résine de l’arbre peut être sucée ou
mâchée.
L’huile de Balanites aegyptiaca, qui est
proche de l’huile d’olive, est comestible et
localement utilisée en cuisine.
Le Balanites est un bon fourrage pour les
animaux qui recherchent particulièrement
ses feuilles et ses fleurs. Les dromadaires
mangent aussi les fruits et les jeunes
pousses.
autres usages
L’écorce de Balanites aegyptiaca fournit
une fibre solide et le charbon ou les cendres
peuvent être utilisés comme teinture ou
pour faire de l’encre. Les extraits sont
également utilisés comme pesticides, les
principes actifs étant les saponines, très
toxiques pour les animaux à sang-froid.
Ainsi, les émulsions faites à partir de
l’écorce (ou des fruits), tuent les escargots
d’eau douce, vecteurs de la bilharziose, et
les puces d’eau (Cyclops) qui servent d’hôtes
intermédiaires pour le ver de Guinée.
Dans certaines régions d’Afrique, des arbres
plantés à proximité d’un canal d’irrigation
ont permis de réduire la fréquence des
bilharzioses.
En tant que carburant, l’huile de Balanites
aegyptiaca a un pouvoir calorifique similaire au diesel et brûle avec une flamme
vive de sorte qu’elle est parfois utilisée pour
l’éclairage. À partir de l’amande, les industriels ont pu obtenir de bons rendements
d’extraction d’une huile de bonne qualité
et à partir des tourteaux, des galettes qui
peuvent être consommées par les animaux
et les humains.
Phytothérapie
La résine sert de fixateur des flèches ou des
fers de lance.
Le bois, très résistant et très dur, est employé pour faire des arçons de selle de dromadaire, des meubles et des ustensiles de
cuisine. La grande capacité de Balanites
aegyptiaca à se régénérer est intéressante
lorsque l’espèce a été délibérément plantée
et étêtée pour la fabrication de poteaux,
piquets ou autres.
L’écorce des tiges et des racines, la pulpe
du fruit et son amande sont employées par
les populations locales comme savon pour
dégraisser les étoffes, le coton et la soie.
Les fruits servent à teindre les tissus en
jaune (Bellakhdar, 1982). Les parties dures
des graines sont utilisées comme des
perles. D’après Monteil (1953), le fruit sec
est suspendu autour du cou comme amulette assurant une certaine immunité et
protégeant contre les entreprises des sorciers noirs, buveurs de sang.
Bien que douée de nombreuses propriétés
localement mises à profit par les populations, la plante n’a, pour le moment, pas
vraiment franchi les frontières africaines
et son commerce international est très
limité.
Cosmétologie
La douceur de l’huile et ses propriétés en
font une matière première particulièrement
intéressante dans le domaine cosmétique.
Effets indésirables
et contre-indications
Aucune à notre connaissance.
5
Description
d e l a p l a n te
Nom latin : Balanites aegyptiaca (L.) Delile
Famille : Zygophyllaceae
Décrit pour la première fois sous le nom
« Agihalid » par Prosper Alpilio en 1592,
on doit à Carl von Linnaeus la première
appellation scientifique de l’espèce :
Ximenia aegyptiaca (1753).
Mais le nom actuel, Balanites aegyptiaca,
lui a été attribué par A. F. Delile, dans
« Descr. Egypte, Hist. Nat » 221. t. 28. f. 1,
en 1813.
6
> Embranchement : Spermatophyta
> Sous-embranchement : Angiospermae
> Classe : Dicotyledonae
> Sous-classe : Gamosépales
> Série : Epigynes
> Sous-série : Isostémones
> Ordre : Astérales
> Famille : Zygophyllaceae
> Genre : Balanites
> Espèce : Balanites aegyptiaca (L.)
Delile
5 variétés qui se différencient entre elles
par leur pilosité, la forme et la taille des
épines et des pièces florales, sont admises
pour cette espèce (Sands, 2001).
Synonymes :
21 synomymes sont connus dont :
Agialida aegyptiaca (L.) O. Kuntze
Agialida arabica Tiegh.
Agialida barteri Tiegh.
Agialida senegalensis Tiegh.
Agialida tombouctensis Tiegh.
Balanites aegypticus (L.) Delile*
Balanites ferox G. Don.
Balanites racemosa Chiov.
Balanites roxburghii Planch.
Balanites zizyphoides Mildbr.
et Schelechter.Ximenia aegyptiaca L.
Plus de 400 noms vernaculaires ont été donnés
aux Balanites (Sands, 2001). Nous limiterons
volontairement notre énumération aux noms
courants en Europe.
En allemand : Zachunbaum.
En anglais : Desert-date, Soapberry tree.
En espagnol : Mirobalano de Egipto.
Habitat
On retrouve Balanites aegyptiaca sur une
large zone de l’Afrique, du littoral de la
Mauritanie et du Sénégal à la Somalie,
et du sud de l’Egypte à la Zambie et au
Zimbabwe, ainsi qu’au Yémen et même
dans la vallée du Jourdain.
Sa répartition semble être concentrée dans
deux zones principales : la première étant
la zone du Sahel allant du nord de l’Afrique
de l’Ouest au Soudan (Hall & Walker, 1991) ; la
seconde occupe la partie sud de la Somalie,
une grande partie de l’Ethiopie, du Kenya
et de la Tanzanie.
La plante est également rencontrée dans
le Sud de l’Asie, particulièrement en Inde,
où elle est décrite comme plante croissant
dans les régions les plus sèches, comme le
Rajasthan, le Gujarat, le Madhya-Pradesh et
et le Deccan.
En français : Dattier du désert, Dattier
sauvage, Myrobolan d’Egypte.
* Les appellations "Balanites aegyptiaca" et "Balanites aegyptiacus" sont données indifféremment.
En conséquence, l’appellation choisie est celle donnée par le Kew Bulletin (Vol. 56 (1), 2001).
7
Balanites aegyptiaca est un arbuste ou arbre,
épineux, atteignant 6 à 9 m de haut.
Le tronc est généralement droit, mesurant
jusqu’à 60 cm de diamètre, souvent cannelé.
Les branches sont étalées de manière
irrégulière ou pendante, formant parfois
une cyme arrondie. L’écorce dure, de
couleur gris foncé, devient rugueuse et
profondément fissurée. Les rameaux et les
épines sont vert grisâtre devenant brun clair,
d’abord finement pubérulents à tomenteux,
mais généralement glabrescents.
Les épines mesurent 2 à 8 cm de long et
2 à 6 mm de diamètre à la base. Elles sont
axillaires, droites ou légèrement incurvées,
cylindriques avec un bout pointu ou subulé.
Les feuilles composées sont subsessiles ou
avec un pétiole d’environ 2 cm de long. Les
stipules (0,5 -1 mm de long) sont caduques,
triangulaires et glabrescentes.
Les folioles, mesurant en moyenne 5 cm
de long sur 2,5 cm de large, sont sessiles ou
à court pétiolule, de forme très variable :
spatulées, elliptiques, à largement ovales
ou obovales, presque orbiculaires et
8
excentriques, minces. Elles sont coriaces,
glabrescentes et finement pubérulentes ou
parfois densément tomenteuses, à apex
aigu, carrément obtus ou arrondi, parfois
émarginé, cunéiforme.
L’inflorescence mesure environ 10 cm de
long. Les fleurs sont diversement disposées,
à l’aisselle des épines, en fascicules cymeux,
parfois plus ou moins spiciformes, finement
tomenteux à tomenteux.
Les fleurs sont pentamères, odorantes. Elles
comprennent :
- 5 sépales caducs, ovales, aigus à acuminés,
légèrement tomenteux à tomenteux à
l’extérieur ;
- 5 pétales vert pâle à jaune ou blanc crème,
lancéolés ou étroitement elliptiques à obovalesoblongs, arrondis ou obtus à aigus, parfois
tordus à l’apex, glabres à l’intérieur ;
- 10 étamines étalées, oblongues à ovoïdes ;
- l’ovaire est hémisphérique, pubérulent ou
pubescent à tomenteux, parfois glabre à la
base. Le disque, légèrement conique, occupe
la partie inférieure de l’ovaire. Le style, de
1,5 à 3,5 mm de long, est surmonté du
stigmate souvent légèrement enflé.
Le fruit (3 cm de long sur 2 cm de large) est
une drupe, brun verdâtre à jaune à maturité,
subsphérique ou ovoïde, tronquée ou
parfois subulée aux deux extrémités, à apex
effilé, conique. L’épicarpe à aspect de cuir,
devient cassant et se fissure. Le noyau,
dur, ligneux et fibreux, dont l’apex peut
éventuellement se fractionner pour former
5 ailes, contient la graine.
L’espèce type se repartit en 5 variétés
qui se différencient par leur pilosité et la
dimension des épines, des pédicelles et des
pétioles ainsi que par le nombre de fleurs
dans l’inflorescence :
B. a. var. aegyptiaca
B. a. var. quarrei
B. a. var. ferox
B. a. var. pallida
B. a. var. tomentosa
Falsification
Il a été signalé une falsification du fruit
d’arganier (Argania spinosa L.) par celui de
Balanites aegyptiaca.
Description détaillée
de la partie utilisée
Bien que toutes les parties de la plante
soient utilisées, nous limiterons cette étude
uniquement à la morphologie du fruit sec,
de la graine et de son anatomie.
Morphologie du fruit et de la graine
Les fruits (3 cm de long sur 2 cm de large en
moyenne) sont des drupes, subsphériques,
elliptiques, ovoïdes, anguleuses, tronquées
ou parfois subulées aux deux extrémités, à
apex effilé, conique. D’abord verdâtres, les
fruits sont brun verdâtre à jaunes à maturité.
9
1A : Balanites aegyptiaca (L.) Delile
Fruits secs
2 : Balanites aegyptiaca (L.) Delile
Graines sèches
1B : Balanites aegyptiaca (L.) Delile
Fruit sec fendu montrant les tissus du fruit et la graine
10 Le Dattier du désert Balanites aegyptiaca (L.) Delile
la graine.
A l’état sec (photo 1),
• l’épicarpe est mince, beige à brun clair, à
aspect de cuir, friable et cassant. Il entoure
un mésocarpe charnu et comestible, brun
foncé plus ou moins rougeâtre, fibreux et
huileux, légèrement astringent ;
• l’endocarpe, jaune pâle, est épais, lignifié,
dur et constitue le noyau qui contient une
seule graine en forme d’amande, arrondie
d’un côté et pointue à l’autre extrémité.
Anatomie de la graine sèche
Monté dans le réactif de Mirande, le tégument
externe est constitué d’une seule assise de
cellules polyédriques à rectangulaires (vues
de face), à parois cellulosiques légèrement
épaissies (photo 3).
Tégument externe de la graine (vu de face)
La graine (photo 2) mesure de 10 à 25 mm
de long et jusqu’à 5 mm d’épaisseur. De
couleur jaune pâle à blanchâtre, elle est
composée d’une amande riche en lipides,
entourée de téguments fins et facilement
détachables. L’amande est composée de
deux cotylédons plans-convexes à aspect
extérieur rugueux, marqués de stries et
de fissures. Ils se détachent facilement et
montrent une face ventrale plane et lisse.
La radicule apparaît à l’apex pointu de
Le Dattier du désert Balanites aegyptiaca (L.) Delile 11
Le tégument interne comprend plusieurs
assises de cellules, réparties en deux couches
composées chacune de parenchyme cellulosique incluant de nombreuses cellules
scléreuses à parois diversement ornementées.
Les cellules scléreuses, généralement plus
longues que larges, sont disposées de façon
perpendiculaire d’une couche à l’autre ; dans
le sens de la longueur dans la couche externe
et dans le sens de la largeur dans la couche
interne (photo 4).
Leur ornementation est variable : certaines
ont des épaississements spiralés, d’autres
sont en forme de réticulum ou grossièrement
ponctuées (photo 5).
Téguments de la graine en section transversale
Épisperme
Assise de cellules scléreuses
en section tangentielle
Assise de cellules scléreuses
en section transversale
Cellules parenchymateuses
Cellules scléreuses isolées
Détail des cellules scléreuses des téguments de la graine
A
B
C
D
Assise externe
Parenchyme
6A : Balanites aegyptiaca (L.) Delile
Cotylédon en section transversale
Gouttelette huileuse
Faisceau conducteur
Les cotylédons sont composés de cellules
arrondies à ovoïdes, à paroi fine. Elles
contiennent de nombreuses gouttelettes
d’huile. L’assise externe est fine, à petites
Parenchyme
Gouttelette
d’huile
cellules isodiamétriques. Des faisceaux
conducteurs sont visibles dans le parenchyme (photo 6).
Limite entre les deux cotylédons
6B : Balanites aegyptiaca (L.) Delile
Détail de la graine (séparation des deux cotylédons)
lE FRUIT
ET la gRaInE
En pHaRMacIE
comPosition chimiqUe
du point de vue quantitatif
le péricarpe contient :
des protéines (1,2 à 1,5%)
des acides organiques (15%)
des sucres (35 à 37%)
des saponines (7,2%)
l’amande contient :
des protéines (32,4%)
une huile végétale (45,0 à 46,1%)
des saponines (6,7%)
du point de vue qualitatif
Les saponines sont spécifiques : 7 molécules
ont été isolées du péricarpe et de la graine.
Il s’agit des balanitines 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7.
Le fruit contient également du balanitoside
(glucoside de furastanol), de la diosgénine
et de la 6-méthyldiosgénine alors que,
la graine contient les deltonines et
isodeltonines (glucosides de spirostanol).
La graine contient une huile
végétale, jaune pâle, sans
odeur ni goût prononcé qui se
solidifie en dessous de 5°C. Elle possède
une faible viscosité en raison de sa
composition (30% d’acides gras saturés et
70% d’acides gras insaturés). Les principaux
acides gras sont : l’acide linoléique (38,6%),
l’acide oléique (33,7%), l’acide palmitique
(16,4%) et l’acide stéarique (11,3%).
L’insaponifiable ne correspond qu’à environ
1% de l’huile.
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DONNéES
PHARMACOLOGIQUES
Activité anthelminthique
L’extrait aqueux du mésocarpe du fruit
(9g/kg de poids corporel de la souris) de
Balanites aegyptiaca montre une importante activité anthelminthique par rapport à l’albendazole (20 mg/kg) contre le
ver adulte Fasciola gigantica (Koko, 2000).
Une dose unique de 200 mg/kg de mésocarpe des fruits de Balanites aegyptiaca
a également montré une activité contre
Schistosoma mansoni chez la souris infectée en comparaison avec le praziquantel
(Koko, 2005).
La balanitine 7 s’est avérée anthelminthique
in vitro en utilisant Caenorhabditis elegans
comme modèle biologique (Gnoula, 2007).
L’extrait méthanolique de fruit de
Balanites aegyptiaca aurait une action
anthelminthique contre les différentes
étapes de Trichinella spiralis chez les rats
comparativement à l’albendazole (Shalaby,
2010). L’extrait aqueux de Balanites
aegyptiaca est également un agent
molluscicide contre les escargots jeunes
et adultes, Bulinus globosus et Bulinus
truncatus (Anto, 2005).
Activité anticancéreuse
Un mélange des 2 saponines, balanitine 6
(28%) et balanitine 7 (72%), a démontré in vitro
des effets anticancéreux appréciables sur des
lignées cellulaires cancéreuses humaines.
L’activité anti-proliférative affichée des
balanitines 6/7 s’est avérée supérieure à
celle de l’étoposide et l’oxaliplatine mais
ils se sont montrés nettement moins actifs
que le taxol. Le mélange balanitines 6/7
est plus un composé cytotoxique qu’un
composé cytostatique. In vivo, le mélange
balanitines 6/7 a augmenté le temps de
survie des souris porteuses de la leucémie
murine L1210, et cela dans les mêmes
proportions que celles rapportées pour la
vincristine (Gnoula, 2008 - Petiit,1991).
Activité larvicide contre les moustiques
Un extrait saponosidique et un extrait
aqueux du noyau de fruits de Balanites
aegyptiaca ont été étudiés en tant que
larvicides contre les moustiques. Les
deux extraits ont été testés contre les
larves (de deuxième et quatrième stade
larvaire) de trois espèces de moustiques :
Anopheles arabiensis, Culex quinquefasciatus et Aedes aegypti. La CL 50 et les valeurs
CL90 ont été déterminées. Les larves de
deuxième stade larvaire ont été plus sensibles que les larves de quatrième stade
dans tous les cas. Les larves de Anopheles
arabiensis ont été plus sensibles que Culex
quinquefasciatus et Aedes aegypti à ces
effets larvicides. L’extrait de saponines est
plus actif que l’extrait aqueux (Zarroug,
1990).
Différents extraits de fruits ont montré une
activité larvicide contre la larve du moustique Aedes aegypti. Le plus haut taux de
mortalité des larves a été obtenu avec l’extrait méthanolique. Le taux de saponines
est corrélé au taux de mortalité des larves
(Wiesman, 2006). Les extraits de fruits ont
également démontré une activité larvicide
contre les moustiques Aedes aegypti et
Culex pipiens (Wiesman, 2003) et les saponines totales de Balanites aegyptiaca se
sont avérées efficaces contre Aedes aegypti
(Chapagain, 2008).
Activité antidiabétique
Les saponines pures, extraites du fruit, et
l’extrait aqueux ont été signalés comme
agent hypoglycémiant lorsqu’ils sont testés
sur des rats albinos à différentes concentrations et en utilisant le Daonil comme
un médicament de référence (Kamel,
1991 - El-Saadany, 1986). Il a également été
signalé que les mêmes extraits inhibaient
la croissance de Escherichia coli chez le rat
(George, 2006). L’extrait aqueux de fruits
de Balanites aegyptiaca a été cité comme
ayant un effet antidiabétique chez des souris au diabète induit par la streptozotocine
(Mansour, 2000).
Activité hypocholestérolémiante
Il est rapporté que le fruit dans son ensemble
et la pulpe extraite de Balanites aegyptiaca
auraient un effet hypocholestérolémiant
lorsqu’ils sont testés sur les rats albinos
adultes (Abel-Rahim, 1986).
Toxicité
Les données sur la toxicité n’ont pas été
établies, à notre connaissance.
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et la Grande Muraille Verte
Afin de lutter contre la désertification qui frappe le Sahel
et ses conséquences sur la population locale, 11 pays d’Afrique*
se sont rassemblés en 2004 pour prendre en main ce défi
écologique majeur avec le projet « Grande Muraille Verte ».
Le but est de créer une ceinture végétale
multi-espèces qui traversera le continent
Dakar
Djibouti
africain de Dakar à Djibouti,
soit plus de 7 000 km de long
sur 15 km de large !
4 espèces ont été
sélectionnées pour
leur capacité à résister
au climat semi-aride
dont le Dattier du
désert (Balanites
aegyptiaca L.).
Plantées dans le cadre
de ce projet, elles vont
permettre de reconstituer un
couvert végétal et offrir une source durable
d’alimentation et de revenus pour les populations locales.
Balanites aegyptiaca (L.) Delile
*Les 11 pays engagés sont : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Erythrée, Ethiopie et Djibouti.
Dakar
Djibouti
édité par l’institut Klorane, fondation d’entreprise pour la Protection et la Valorisation du Patrimoine végétal
direction de la publication
Florence Guillaume
coordination du projet
Nawal Saïchi
rédaction
Professeur Isabelle Fourasté (Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse)
crédit photos
Professeur Isabelle Fourasté (Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse)
Florence Guillaume, Stéphane Laclau (Laboratoires Pierre Fabre)
Gilles Bœtsch (CNRS IMAGES)
Illustration : André Boos
maquette et impression
Art et Caractère –81500 Lavaur
Sommaire
Monographie botanique
PROTEGER
Dattier
du désert
EXPLORER
dans le monde.
Bal anite s ae g yp tiaca (L. ) Delile
488933 - Art & Caractère - 81550 LAVAUR - 08/2012
Zygophyllaceae
ÉDUQUER
Fondation d’entreprise pour la protection
et la valorisation du patrimoine végétal
HISTOIRE DE LA PLANTE
03
03
04
04
Le
03
Fondation d’entreprise pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal
> Autres usages
05
Phytothérapie
05
Cosmétologie
05
06
DESCRIPTION DE LA PLANTE
06
07
Habitat
08
09
Falsification
09
09
> Morphologie
11
> Anatomie
16
LE FRUIT ET LA GRAINE
16
18
18
18
18
19
19
EN PHARMACIE
19
Toxicité
20
BIBLIOGRAPHIE

Le Dattier du désert

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