Stage Master 2 – Parcours de planétologie d`Ile de France
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Stage Master 2 – Parcours de planétologie d`Ile de France
Stage Master 2 – Parcours de planétologie d’Ile de France Un détecteur à ionisation d’hélium à décharge pulsée pour la chromatographie en phase gazeuse spatiale ? Olivier Ghysel Stage dirigé par M. Szopa au LATMOS – département IMPEC 1 Remerciements : Je tiens à remercier mon maître de stage Cyril Szopa pour sa disponibilité et son implication dans mon travail. Il m’a de plus aidé dans la rédaction de ce rapport. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Je souhaite remercier également les personnes travaillant au laboratoire notamment les membres de l’équipe MOMA pour leur accueil et leurs conseils. J’ai eu l’occasion au cours de ce stage de travailler avec certains d’entre eux. Ca s’est toujours très bien passé. L’ambiance excellente qui règne au sein de cette équipe n’a fait que faciliter mon travail. Je remercie également Arnaud Buch qui nous a accueillit dans son laboratoire et nous a conseillé pour la préparation de nos échantillons. 2 Résumé : La recherche de la vie dans l’univers fait appel à toutes les techniques d’observation et d’étude au rang desquelles figure l’analyse in situ. Parmi les techniques permettant d’identifier les espèces présentes dans les échantillons prélevés, la chromatographie en phase gazeuse (CPG) est généralement privilégiée car elle répond au mieux aux contraintes à la fois techniques et scientifiques qui sont imposés aux instruments d’analyse in situ. Les progrès effectués sur les systèmes de CPG au cours de ces dernières décennies portent essentiellement sur la séparation via les colonnes chromatographiques. Les détecteurs en revanche n’ont que peu évolué pendant ce temps et la détection est aujourd’hui le point faible de la CPG embarquée. L’objectif de mon stage était d’étudier les performances d’une technologie de détecteur non utilisée aujourd’hui dans l’instrumentation spatiale : le détecteur à ionisation d’hélium à décharge pulsée (PDHID). Mon travail consistait à caractériser les performances de deux PDHID commerciaux (des marques Valco et SRI) notamment en termes de sensibilité aux molécules d’intérêt pour l’exobiologie (acides aminés et ses précurseurs…) et d’étudier l’influence des paramètres opératoires (e.g. leur température) sur leur réponse. Les tests ont montré que la limite de détection atteinte par le PDHID SRI est de l’ordre de 10-11 mol et de 10-12 mol pour le Valco. Ces résultats confirment la meilleure sensibilité du PDHID par rapport au TCD. Les conditions opératoires semblent donc pouvoir être améliorées pour le spatial. Toutefois, l’étude a besoin d’être complétée pour confirmer l’intérêt de cette technologie par rapport à celles utilisées généralement. En outre, cela permettra de définir avec plus de précisions les limites de ces améliorations. Abstract : Extraterrestrial life research requires all the observation techniques including in situ analysis. It is complementary with the spectral observation and the sample return. That is why it is essential. Among the techniques which allow molecular identification in the samples, gas chromatography (GC) is usually chosen because it fits with the technical and scientific constraints imposed to in situ analysis instruments. Improvements made on GC systems over the last decades concern essentially the compound separation with the analytical columns. On the other hand there were not so many progresses on the detectors so the detection is nowadays the weakness of GC on board spacecrafts. The purpose of my internship was to study the performances of a technology never used on space missions: pulsed discharge helium ionization detector (PDHID). My work consisted in qualifying the PDHID performances especially its sensitivity to exobiological interest compounds (amino acids and its precursors) and parameters influence (as detector temperature, helium pressure…) on its response. To do so, I used a SRI Instruments chromatograph with a HID. Then, I compared my results with those obtained with an other HID (D4 Valco, Vici). Tests has shown that the limit of detection (LOD) reached by the HID is about -11 10 mol which is 10 times bigger than the Valco LOD. It has also shown that detector temperature has no influence on its response but on column efficiency. In 3 addition, considering the tests results, we should set up the helium flow in the detector to 35 mL/min. It would permit both saving helium which is very important on space missions and keeping good PDHID response. Furthermore, it seems that PDHID fidelity, as well as Valco’s, is not so good. However these tests don’t allow us to conclude definitely because the results are dispersed. It would be interesting to complete this study by using other compounds in other conditions so we could determine more precisely the reasons of this dispersion. 4 Table des matières I. Introduction.......................................................................................................... 6 1. L’analyse in situ pour l’exobiologie et la planétologie ....................................... 7 2. La chromatographie en phase gazeuse comme technique privilégiée pour l’analyse in situ ........................................................................................................ 8 2.1. Pourquoi la chromatographie en phase gazeuse ? ...................................... 8 2.1. Principe de la chromatographie en phase gazeuse ...................................... 8 2.3. La CPG spatiale et objectifs du stage ........................................................... 9 3. Le détecteur à ionisation d’hélium à décharge pulsée comme futur détecteur spatial ?................................................................................................................. 11 II. Etude et résultats............................................................................................... 14 1. Matériel et méthodes ...................................................................................... 14 a) Chromatographe en phase gazeuse ........................................................ 14 b) Echantillons et préparation ....................................................................... 15 c) Injection .................................................................................................... 17 d) Traitement des données........................................................................... 18 2. Résultats et discussions ................................................................................. 20 a) b) c) d) e) Répétabilité et quantité de matière ........................................................... 20 Réponse en focntion de la nature de l’espèce analysée .......................... 22 Conditions opératoires de l’étude ............................................................. 22 Etude de l’influence des paramètres ........................................................ 23 Limites de détection ................................................................................. 28 III. Conclusion......................................................................................................... 31 5 I. Introduction La vie dans l’univers est un sujet qui depuis longtemps inspire les auteurs de science fiction et intrigue la population. Elle est surtout un formidable domaine de recherche pour la communauté scientifique. Au court des siècles, les techniques ont évolué, les instruments d’observations (lunettes, télescopes…) ont gagné en sensibilité et en précision, les moyens d’investigation ont été démultipliés avec l’aire spatiale et ses sondes instrumentées. Les progrès scientifiques ont été considérables mais les questions demeurent (par exemple, sommes-nous seuls ? la Terre est-elle un cas unique ?) et il convient de rappeler qu’à l’heure actuelle, aucune trace de vie n’a été détectée ailleurs que sur Terre. Pour espérer pouvoir répondre à ces questions, il faut d’abord se pencher sur nos origines ou plutôt, sur l’origine de la vie sur Terre. En effet, c’est en ayant une meilleure compréhension des processus ayant amenés à l’apparition de la vie sur notre planète que nous augmentons nos chances de la trouver ailleurs. L’exobiologie passe principalement par l’étude des molécules organiques car elles représentent un double intérêt. Elles peuvent être des traceurs de vie c’est-àdire que leur présence peut être due à la présence de vie. Elles sont également impliquées dans la chimie prébiotique et donc dans les processus de formation des molécules biologiques tels que les acides aminés [1]. Ils sont les briques constitutives des protéines, elles même essentielles au développement des cellules. Or, les cellules sont le premier stade de la vie telle que nous la connaissons. Dans la pratique, l’étude des acides aminés passe également par l’étude de leurs précurseurs tels que les nitriles. De même, les sucres qui constituent l’ADN avec les acides aminés ainsi que les alcools, précurseurs des sucres, intéressent également les exobiologistes. La vie terrestre, basée sur cette chimie organique, est le seul modèle que nous ayons. C’est bien évidemment cette piste d’investigation qui va être suivie. Cependant, l’étude des origines de la vie fait appel à de nombreux domaines de la science et ne se limite pas à la chimie organique. C’est le cas notamment de la planétologie. En effet, pour qu’il y ait la vie, il ne suffit pas que les conditions chimiques soient réunies, il faut aussi des conditions atmosphériques, physiques ou climatiques favorables. Il faut que le milieu, en l’occurrence le plus souvent l’atmosphère, soit dans des conditions de pression et de température autorisant la mise en place de cette chimie et ce, pendant une période suffisamment longue. C’est pourquoi l’étude de la vie requiert une bonne connaissance à la fois des processus chimiques mis en jeu, mais aussi de la structure des corps du système solaire, de leurs atmosphères ainsi que des interactions (gravitationnelles, magnétiques…) qu’ils peuvent avoir entre eux. On estime par exemple que c’est l’impact de corps tels que des comètes avec la Terre primitive qui a apporté de grandes quantités d’eau et de molécules organiques sur notre planète. Impact qui aurait donc rendu possible l’apparition de la vie sur Terre. L’exobiologie balaye donc un champ très large puisqu’elle fait appel à l’étude des molécules organiques mais aussi inorganique dans les environnements planétaires et interstellaires. Mon travail de stage s’inscrit dans ce cadre de recherche car il porte sur le développement d’instrumentations permettant de 6 caractériser ces espèces chimiques in situ c'est-à-dire directement dans ces environnements via leur exploration par des sondes spatiales. 1. L’analyse in situ pour l’exobiologie et la planétologie Aujourd’hui, il existe plusieurs méthodes directes pour étudier un corps extraterrestre. L’observation spectrale est la plus utilisée puisqu’elle est souvent la plus simple. Elle permet d’obtenir des données sur la morphologie du corps, sa composition chimique globale ou encore la structure de son atmosphère (par exemple, la caractérisation d’une comète, de sa queue, sa coma, son noyau). L’inconvénient est qu’elle ne donne généralement que des informations sur la partie superficielle de la surface ou de l’atmosphère. La basse atmosphère ou le sous-sol restent souvent inaccessibles à l’observation spectrale. De plus, la précision de la mesure peut être altérée. Cela est dû au fait que la seule source d’information accessible est le rayonnement électromagnétique provenant du corps étudié et qu’il est altéré par les différents milieux qu’il traverse lors de son trajet jusqu’à nous. La seconde méthode d’étude directe d’un corps est le retour d’échantillon (e.q. Stardust pour la collecte et le retour d’échantillons de poussières cométaires et interplanétaires). Elle permet une analyse exhaustive et très précise du prélèvement. Cependant, elle ne caractérise que l’environnement très proche du site étudié. Autrement dit, l’analyse est complète et très précise mais très locale et donc pas forcément très représentative de l’ensemble du corps. Elle rencontre également les problèmes liés à la contamination de l’échantillon lors de son prélèvement et de son retour. De plus, les quantités prélevées sont généralement faibles. La troisième méthode est l’analyse in situ. Les corps visés sont les planètes telluriques ayant une atmosphère susceptible d’être le siège d’une chimie complexe (Huygens sur Titan). Elle donne des résultats précis et ciblés. Elle a les mêmes inconvénients que le retour d’échantillons concernant la représentativité de la mesure et les problèmes de contamination. L’échantillon n’est pas toujours représentatif de l’ensemble du milieu. De plus, les instruments de prélèvement et les instruments de mesure peuvent le contaminer. Néanmoins, contrairement au retour d’échantillon, l’analyse des prélèvements est directe et les résultats sont immédiats. L’analyse in situ permet surtout d’accéder à des environnements que l’on ne peut atteindre autrement. En revanche, le nombre de techniques analytiques est limité car les contraintes à la fois scientifiques (performances) et techniques (encombrement, masse, ressources, robustesse…) sont fortes. En définitive, ces trois méthodes sont complémentaires Cependant, pour étudier les molécules organiques, l’observation spectrale ne suffit pas car elle ne permet pas toujours une identification des espèces (superposition des signatures, absorption...). On n’a de plus pas accès à la chimie du sous-sol. L’analyse in situ prend donc toute son importance. L’exobiologie n’est pas la seule discipline à avoir besoin de l’analyse in situ. La planétologie aussi. Par exemple l’étude des basses couches des atmosphères (Vénus, Titan…), de la formation des aérosols sur Titan (Huygens), des corps primitifs du système solaire comme les comètes, de la chimie du souffre sur Vénus ou encore du sol martien passent notamment par ce type d’analyse. Tous ces sujets restent encore méconnus et les processus pas totalement compris. Le pergélisol de 7 Mars mis à nu par la sonde Phoenix est une belle illustration des possibilités que seul l’envoi d’une sonde sur place offre. L’analyse in situ, en complément de l’observation, est donc absolument primordiale pour pouvoir contraindre au mieux les modèles théoriques et confronter les résultats des expériences en laboratoire. C’est pourquoi, elle est en développement ces dernières années notamment pour l’étude des comètes (Rosetta), Mars (MSL, Exomars) ou Phobos (Phobos Grunt). 2. La chromatographie en phase gazeuse comme technique privilégiée pour l’analyse in situ 2.1. Pourquoi la chromatographie en phase gazeuse ? L’analyse in situ ne permet pas un choix très large dans les techniques d’analyse. En effet, les contraintes techniques liées aux conditions spatiales sont très fortes. Il faut que l’instrument soit léger. Il faut aussi qu’il soit robuste car il doit résister aux conditions du lancement (vibrations, accélération…) et du milieu dans lequel il va opérer (pression, température…), qu’il n’interfère pas avec les autres instruments à bord de la sonde, qu’il soit économe en ressources etc. Il faut aussi et surtout qu’il ait des performances satisfaisantes (limite de détection…). Pour l’analyse chimique et principalement moléculaire des échantillons, la chromatographie en phase gazeuse (CPG) est très utilisée car elle répond aux critères dictés par les contraintes techniques et scientifiques évoquées ci-dessus. Les caractéristiques environnementales ne sont bien évidemment pas les seules à déterminer le choix de l’instrumentation. Par exemple la spectroscopie optique ou la spectroscopie de masse, généralement utilisées dans l’espace, ne sont pas toujours bien adaptées. En effet, les milieux à analyser étant complexes, ces techniques provoquent parfois trop de superposition de signatures. Il devient alors très difficile voire impossible d’identifier les espèces en présence. Pour cela, les techniques de séparation telle que la chromatographie sont nécessaires. Dans l’espace, seule la CPG est aujourd’hui utilisée car la chromatographie en phase liquide reste encore difficilement spatialisable (en raison notamment de la manipulation de liquides dans l’espace). C’est donc sur cette technique que j’ai travaillé. L’équipe dans laquelle j’ai effectué mon stage développe ce type d’instrumentation depuis plusieurs années sur des missions passées, présentes et futures telles que Cassini Huygens (GC-MS), Rosetta (COSAC), MSL (SAM), Phobos Grunt (GAP) ou Exomars (MOMA). 2.1. Principe de la chromatographie en phase gazeuse La CPG consiste à séparer les différentes molécules constitutives d’un échantillon gazeux afin de pouvoir les identifier. La séparation se fait dans une colonne dont la surface interne est recouverte d’une phase stationnaire qui va interagir avec les molécules de l’échantillon. Cet échantillon est injecté dans la colonne et emporté par un gaz vecteur neutre (voir figure 1 et 2). 8 Figure 1 : Principe d’un chromatographe en phase gazeuse Au fur et à mesure de la progression du gaz dans la colonne, l’équilibre de dissolution des molécules dans la phase stationnaire se déplace. Suivant la nature des molécules présentes dans l’échantillon, ce point d’équilibre se déplace plus ou moins vite. Elles sortent donc à des instants différents. A la sortie de la colonne, un détecteur permet de récupérer un chromatogramme sur lequel apparaît les pics correspondants aux différents constituants sortant de la colonne en fonction du temps (voir schéma ci-dessous). Colonne A B Phase Stationnaire Injection A Détection B C C t Séparation Echantillon Colonne Chromatographique Chromatogramme Figure2 : Principe de la chromatographie en phase gazeuse 2.3. La CPG spatiale et objectifs du stage Plusieurs missions ont eu à leur bord un système de CPG comme nous le montre le tableau 1. 9 Mission Lancement Arrivée Echantillonage NASA Viking 1975 1976 / Mars GEx, 0.1 cm3 (gaz) GC-MS, 0.06 cm3 NASA PioneerVenus 1978 1978 / Venus USSR Venera 12 1978 1978 / Venus USSR Vega 1984 1985 / Venus NASA/ESA CassiniHuygens 1997 2004 / Titan ESA Rosetta 2003 NASA MSL 2011 2011 / comète 2013 RosKosmos Phobos-Grunt ESA Exomars 2011 2016 2013 / Phobos 2018 / Mars Colonne 1 paire de Porapak Q (7.6m×0.11cm) 1 Tenax coated avec polymetaphenoxylene (2m×0.076cm) LGC, 0.35cm3 (gaz) En parallèle : 1 paire de Porapak N (15.85m×0.11cm) 1 paire de PDVB (2.13m×0.11cm) SIGMA GC (gaz) En série : 1 polysorb (2m) 1 tamis moléculaire (2.5m) 1 manganèse réduit SIGMA-3 GC (gaz En parallèle : 1 Porapak ou aérosol) QS+N 1 Porapak QS+N 1 Porapak T GC-MS (gaz ou En parallèle : 1 tamis mol. aérosol) carbone (2m×0.75mm) 1 WCOT carbone (14m×0.18mm) 1 CPP-DMPS WCOT (10m×0.18mm) GC-MS En parallèle : 6 WCOT et 2 colonnes PLOT GC-MS 6 WCOT (atmosphère et sol) 6 pièges chimiques 1 piège froid GC-MS (sol) 1 MXT-5 (30 m) 1 Carbo bond (PLOT) GC-MS 1 MXT-20, 1 Carbo bond, 1 Chirasil, 1 MXT-U (PLOT) Température du gaz vecteur 24°C, He 50°C (12 min)+ programme linéaire jusqu’à 200°C, H2 18°C, He 62°C, He 70°C, Ne Détecteur 1 TCD (32°C) MS 2 TCD en parallèle En série : 3 ionisation Ne 70°C, He He ion+TCD N2 N2 Isotherme H2 3060°C ECD ECD En parallèle : 5 sources MS (3 connecté à chaque colonne) He 30-60°C 1 MS et 8 µTCDs He 0-200°C 1 MS et 6 µTCDs He 0-250°C 2 µTCD en parallèle He 0-250°C 4 µTCD Tableau 1 : Revue des missions in situ utilisant la CPG. Tableau adapté de Sternberg et al. 10 Pour les missions spatiales, le choix est déjà très restreint par les contraintes techniques très fortes qui s’imposent à la charge utile. Par exemple, le détecteur à ionisation de flamme ou FID (alimenté par un mélange air-hydrogène) qui est le plus couramment utilisé sur Terre car ayant des performances en termes de sensibilité très intéressantes ne peut pas être embarqué dans l’espace. Le choix des détecteurs est aussi influencé par ce souci d’être le plus large possible dans le domaine d’étude. C’est pourquoi, ce sont des détecteurs universels qui sont le plus souvent embarqués c’est-à-dire capables de détecter toutes les familles de molécules. Cette contrainte d’universalité du détecteur réduit encore plus le choix car finalement, peu d’entre eux sont universels. En résumé, il nous faut un détecteur universel, pouvant être embarqué à bord d’une sonde spatiale c’est-à-dire léger, économe et petit. Il faut aussi qu’il soit sensible. Deux technologies qui répondent à ces critères ont déjà été à ce jour embarquées à bord de missions : le spectromètre de masse (MS) et le détecteur à conductivité thermique (TCD) (voir tableau 1). Au cours de ces dernières années, les progrès sur la CPG ont principalement porté sur les systèmes d’injection et les colonnes chromatographiques (pièges, colonnes capillaires etc., voir tableau 1). Dans le même temps, la détection en revanche n’a que peu évoluée. C’est pourquoi elle constitue le point faible de la CPG en termes de sensibilité. Les spectromètres de masse (MS) ont de très bonnes performances mais ils sont lourds et ils génèrent trop de données à traiter. Les détecteurs à conductibilité thermique (TCD) sont petits et légers mais sont limités en sensibilité. Enfin, les détecteurs à capture d’électrons (ECD) et les anciens détecteurs à ionisation d’hélium (HID) sont lourds et nécessite une source radioactive. Mon stage s’inscrit dans cette volonté d’améliorer cet aspect de la CPG spatiale par l’étude des performances analytiques et techniques de détecteurs à ionisation d’hélium à décharge pulsée (PDHID). 3. Le détecteur à ionisation d’hélium à décharge pulsée comme futur détecteur spatial ? Il existe de nombreuses technologies de détecteur avec plusieurs variantes. Suivant le type de détecteur utilisé, la réponse peut varier fortement. Le choix du détecteur se fait généralement suivant le type de molécule que l’on cherche à détecter car sa réponse n’est pas toujours la même suivant la composition du gaz que l’on étudie. Il faut donc, avant de choisir la technologie du détecteur, veiller à bien répondre aux questions suivantes : Qu’est ce que je cherche ? Quelles sont les molécules ciblées ? Quelles performances doit avoir mon détecteur ? Comme nous avons pu le constater dans le tableau 1 du chapitre précédent, c’est le TCD qui est le pus souvent utilisé car il est plus simple et plus léger qu’un MS. En revanche, sa sensibilité est moins bonne (quantité minimale détectée : 10-10 mol, détectable : 10-11 mol ; Szopa et al, 2003 [2]). De nombreux travaux ont été effectués sur les performances et notamment sur les limites de détections des différents types de détecteurs [3-11]. C’est pourquoi des missions comme Rosetta ou MSL ont à leur bord des TCD en plus d’un MS. Le détecteur à ionisation d’hélium à décharge pulsée (PDHID) n’a jamais été embarqué à bord de sondes spatiales (voir tableau 1). Pourtant, il remplit les critères : il est universel, plus léger et plus petit qu’un MS (mais moins qu’un TCD) et 11 a priori plus sensible qu’un TCD (mais moins qu’un MS). Une étude est nécessaire pour déterminer ses réelles performances et vérifier qu’il peut fonctionner avec des ressources en puissance électrique et en gaz modérées tout en ayant une sensibilité supérieure au TCD. Si c’est le cas, il peut s’avérer être une alternative très intéressante vis-à-vis des autres détecteurs (MS et TCD). Deux détecteurs commerciaux ont été étudiés. Le premier est un détecteur de marque Valco/Vici de type D4. Un schéma de ce détecteur est présenté figure 3 ainsi qu’une photo. Il comporte une arrivée d’hélium, deux électrodes de décharge, une électrode bias pour repousser les ions vers l’électrode collectrice, une électrode collectrice et l’arrivée de colonne. L’étude de ce détecteur a été menée avec la collaboration de F. Berber (L3 à l’université Paris Denis-Diderot). Figure 3 : Schéma et photographie du détecteur PDHID D4 (Valco/Vici) Le second PDHID étudié est un détecteur de la marque SRI. Un schéma est ainsi qu’une photographie sont données figure 4. A la différence du Valco, ce détecteur ne comporte pas d’électrode bias. Electrode collectrice Electrodes de décharge Arrivée colonne Alimentation en hélium Figure 4 : Schéma et photographie du détecteur PDHID SRI 12 Une tension de 270 V est appliquée pour les électrodes de la zone de décharge (voir figure 4) ainsi qu’un courant de 250 mA. De l’hélium est injecté dans le détecteur et passe dans une zone de décharge. Il s’agit en fait de deux électrodes placées en vis-à-vis (voir figure 3,4). L’hélium passe entre elles et se trouve ainsi excité (voire ionisé directement [4]) par la décharge. Il passe alors sous forme de métastables. C’est en se désexcitant que ces atomes émettent des photons dans le domaine de l’UV. Les principales transitions émettrices sont 33P→ 23S (de l’état 33P vers l’état 23S) et 33D→ 23P selon une étude réalisée par Vasnin (Vasnin et al., 1992, [4]). Le rayonnement UV va ensuite ioniser les molécules qui sortent de la colonne. Il y a donc différentes manières d’ioniser le gaz à analyser : soit via l’hélium ionisé par abstraction d’électron, soit par désexcitation de métastables d’hélium. Les réactions suivantes peuvent donc survenir dans le détecteur (à pression atmosphérique) au niveau de la décharge: He+ + e- - e (V) + He He* + He* He+ + 2He → → He2+ + e- → He** → He+ + He + e- He* + hυ He2+ + He He2* He* désigne l’état métastable 23S. Les différents processus d’excitation des molécules, atomes et ions pouvant ensuite se produire dans le détecteur sont résumés ci-dessous (Vasnin et al., [4]) : He + AB+ He+ + AB (He + AB+)* He + AB+ + eHe + AB* He* + AB He + (AB+)* + e2 He + AB+ He2+ + AB 2 He + (AB+)* 13 2 He + AB+ + eHe2* + AB 2 He + AB* He + (AB+)*+ e- Les produits sont multiples mais toujours selon l’étude, ce sont principalement les états He* et He+ qui sont produits dans le détecteur. L’objectif de mon stage est d’étudier les performances du détecteur PDHID et de voir l’influence des différents paramètres sur lesquels on peut jouer afin de l’optimiser pour une utilisation spatiale et plus précisément dans l’étude de la vie extraterrestre. Mon travail doit servir à répondre à la question suivante : la technologie PDHID peut-elle être une alternative intéressante aux TCD et MS habituellement utilisés ? II. Etude et résultats 1. Matériel et méthodes a) Chromatographe en phase gazeuse Le chromatographe que j’ai utilisé au cours de cette étude sur le détecteur est le modèle 8610C de SRI Instruments. C’est un chromatographe en phase gazeuse portatif de terrain. Il est équipé d’un injecteur seringue split/splitless, d’un PDHID, d’un four et d’une colonne chromatographique. Colonne Injecteur Four Détecteur Split Figure 5 : Photographie du 8610C 14 Une colonne en silice fondue RTX-1 (Restek) (20m, 0.25 mm de diamètre interne O,25 mm d’épaisseur de phase stationnaire) utilisant une phase stationnaire apolaire composée de polydiméthylpolysiloxane a été utilisée pour mener à bien cette étude. L’injection se fait manuellement via des micro-seringues Hamilton de 0.5 μl et 1 μl. L’acquisition est réalisée à l’aide du logiciel Peak3.72. Les paramètres du chromatographe sont réglés par défaut aux valeurs exposées dans l’annexe 1. Lors de mon stage, une stagiaire travaillant au laboratoire a effectué une étude similaire (à laquelle j’ai également collaboré) à celle que j’ai réalisé sur le PDHID de SRI sur un détecteur HID d’une autre marque (Vici). Ainsi, nous avons pu comparer nos résultats sur les performances de ces deux détecteurs (limites de détection, influence des paramètres). b) Echantillons et préparation Pour tester les PDHID, nous avons utilisé des solutions de composés de différentes familles chimiques. Le choix de ces composés a été établi selon 2 critères principaux : 1. leur intérêt vis-à-vis de l’exobiologie et la planétologie ; 2. leur différence de propriétés chimiques et notamment leur polarité. Afin de ne tester que les performances des PDHID, sans risque d’introduction de biais par les autres parties instrumentales, le choix a été restreint à des composés suffisamment volatiles pour éviter tout risque de condensation dans le système, et de nature permettant une interaction correcte avec la phase stationnaire de la colonne chromatographique. Selon ces critères, les composés sélectionnés sont : a. des alcools : Ethanol, méthanol, butanol, pentanol, hexanol, heptanol et octanol. Ces espèces sont polaires et peuvent être produits par oxydation de la matière organique par des mécanismes qui pourraient être présents sur Mars. De plus, ce sont des précurseurs de sucres. b. des alcanes : pentane, hexane, octane, nonane, décane, undécane, dodécane. Ces molécules sont apolaires et sont détectées notamment dans les comètes ou les planètes géantes. c. des acides aminés. Ces espèces sont impliquées dans la formation des molécules biologiques telles que les nucléotides. On les retrouve actuellement dans les météorites, et également dans le milieu interstellaire. Au contraire des alcools et des alcanes, ces espèces interagissent difficilement avec la phase stationnaire du fait de leur trop forte polarité. Il est donc nécessaire de leur appliquer un traitement chimique, appelé dérivatisation, pour les rendre analysables. Les propriétés des principaux composés étudiés sont résumées dans le tableau 2. Composé Ethanol Pentanol Pentane Formule CH3-CH2-OH CH5H11-OH CH5H12 T°C d’ébullition (°C) Masse molaire (g.mol-1) 79 46 131.6 88.15 36 72 Tableau 2 : Principaux composés utilisés lors de l’étude 15 Il a donc fallu dans un premier temps préparer ces solutions. Certains produits comportent des groupements très polarisés. C’est le cas notamment des acides aminés qui ont tous un groupe carboxyle. La terminaison OH constitue un dipôle fort qui interagit beaucoup avec la phase stationnaire. Or, le groupe carboxyle peut être peu volatil ce qui détériore la réponse. Pour remédier à ce problème, la solution est de dérivatiser la molécule. Pour la dérivatisation, nous avons utilisé 2 méthodes embarquées, ou devant être embarquées dans des instruments spatiaux : La silylation avec le MTBSTFA : remplacement des hydrogènes labiles par le groupe silyle (R3Si—) La méthylation avec le DMF/DMA : remplacement des hydrogènes labiles par un groupe méthyle. Nous avons dérivatisé par silylation et par méthylation. Dans la pratique, il s’agit d’ajouter une solution de MTBSTFA pour la silylation (figure 6) et de DMF/DMA pour l’alkylation (figure 7) à nos acides aminés. figure 6 : Schéma réactionnel d’une dérivatisation au MTBSTFA figure 7 : Schéma réactionnel d’une dérivatisation au DMF-DMA Pour ce faire, nous avons préparé trois solutions mères de concentration 10-3 mol/L dans des fioles jaugées de 50mL à partir de pyrène, de valine et d’acide benzoïque solide. Nous disposions d’une balance de précision et d’eau distillée et de cyclohexane en guise de solvant. Nous avons calculé les masses à prélever et on la dépose dans les fioles jaugées. Il faut ensuite compléter avec de l’eau distillée jusqu’au trait de jauge pour l’acide benzoïque et la valine. Pour la solution de pyrène, on complète avec du cyclohexane (utilisé sous hotte aspirante). A partir de ces solutions mères on va dérivatiser l’acide benzoïque (solution 1) et la valine (solution 2) selon le protocole expérimental suivant : 16 On prélève deux fois 20µL de la solution 1 et 2 que l’on verse chacune dans un pilulier que l’on met ensuite à évaporer. Le système d’évaporation se compose d’un système chauffant (environ 50°C) et d’un système qui envoie de l’air sous pression pour optimiser l’évaporation de l’eau. Lors d’une dérivatisation, ce sont les hydrogènes labiles qui réagissent. En éliminant l’eau, on évite l’épuisement de l’agent dérivatisant et l’emballement de la réaction. Quand toute l’eau est évaporée, on se place sous hotte aspirante. On dérivatise la première série de pilulier au DMFDMA et la deuxième série au MTBSTFA+DMFDMA. Enfin, pour la première série on ajoute dans les deux piluliers 20µL de DMFDMA que l’on place ensuite dans un bain de sable chauffant à 140°C pendant 3min. Pour la seconde série, on ajoute dans les deux piluliers 10µL de DMFDMA puis 30µL de MTBSTFA que l’on place les ensuite dans un bain de sable chauffant à 75°C pendant 15-20min. Dans chaque pilulier on ajoute 10µL de pyrène afin d’avoir un pic de référence sur les chromatogrammes. On réalise ensuite des dilutions sur les solutions de valine et d’acide benzoïque. Pour cela, on prélève 20µL de chaque solution que l’on place dans des piluliers et on ajoute dans chacun 200µL d’eau distillée. On a ainsi dilué 10 fois les solutions pour avoir des concentrations de l’ordre de 10-4 mol/L. On recommence en prélevant 20µL des deux piluliers pour préparer des solutions avec des concentrations de l’ordre de 10-5 mol/L. Pour cela, on réalise la même opération. Pour les études en limite de détection, nous avons fabriqué des dilutions 10, 100, 1000 et 10000 d’octanol dans l’éthanol. Pour ce faire, nous avons utilisé de l’éthanol et de l’octanol liquide purs, deux bechers de 25mL, un pipette graduée de 5 mL, d’une micropipette réglable et de 4 fioles jaugées de 50 mL. On prélève à l’aide d’une pipette graduée 5mL d’octanol dans un bécher qu’on verse dans la fiole jaugée de 50mL, on complète jusqu’au trait de jauge avec de l’éthanol. On obtient ainsi la dilution 10 qui correspond à une concentration de 0.634mol/L en octanol dans l’éthanol. On procède de même pour la dilution 100, on prélève 5mL de la dilution 10 qu’on verse dans une nouvelle fiole jaugée de 50mL et on complète jusqu’au trait de jauge avec de l’éthanol et ainsi de suite encore deux fois en prélevant toujours à partir de la dernière solution fille préparée. c) Injection L’injection des échantillons se fait manuellement à la seringue. La quantité de solution souhaitée est prélevée avec une micro seringue Hamilton de 0.5 µl de volume. La seringue est rincée avec de l’acétone afin de la nettoyer et de prévenir d’une pollution. L’injection est opérée le plus rapidement possible afin de limiter la dispersion de l’échantillon dans l’injecteur. La quantité d’échantillon injectée dans la colonne est déterminé à partir du volume de solution prélevé, de la nature de l’échantillon, et du rapport diviseur de l’injecteur seringue (environ 100). Avant chaque mesure, le signal de fond (« blanc ») est enregistré seul afin de s’assurer de l’absence de pollution et d’avoir un signal de référence. Lorsque nous injectons des produits dans le chromatographe, nous connaissons relativement précisément le volume du composé. Cependant, il est plus pertinent de connaître la quantité de matière correspondante. C’est elle qui 17 conditionne l’aire sous la courbe au niveau du pic. C’est donc à cette grandeur qu’il faudra confronter nos résultats. Pour ce faire, nous savons d’abord que les composés que nous utilisons sont purs (en première approximation). Pour remonter à la quantité de matière, il nous suffit d’appliquer la formule : Quantité de matière = (ρ/M) * V Avec : Quantité de matière en mol ρ la masse volumique en g/l M la masse molaire en g/mol V le volume injecté en l Ce calcul nous donne donc la quantité de matière injectée dans l’injecteur du chromatographe mais elle ne correspond pas à la quantité de matière effective qui passe dans la colonne. En effet, un « split » situé en amont de la colonne évacue une partie du flux vers l’extérieur. La proportion du débit qui sera redirigée hors du chromatographe est réglable. Il faut donc prendre en compte ce coefficient de split pour connaître la quantité de matière effectivement dans la colonne. Le coefficient du split R se calcule facilement : R= débit dans la colonne débit dans le split Par défaut, nous réglons le débit du split à 100 mL/min ce qui fixe R à une valeur bien précise (voir Annexe n°2). Ces rapides calculs nous permettent de connaître les quantités de matière mises en jeu lors des injections. En réalité, nous ne réglons pas directement le débit dans la colonne. C’est une pression que nous imposons. Cela revient au même puisque la pression est liée au débit mais la conversion n’est pas totalement immédiate. Pour ce faire, j’ai directement mesuré le débit en entrée du détecteur à l’aide d’un débitmètre et établir ainsi la correspondance pression en consigne/débit effectif (voir Annexe n°3). d) Traitement des données Le signal du détecteur est converti en format texte puis traité (temps de rétention, aires des pics…) avec le logiciel OriginPro8. Les principaux paramètres mesurés sont : i. le temps de rétention ; ii. la largeur du pic, en lien avec l’efficacité de l’analyse ; iii. La surface du pic qui est représentative de la quantité de produit détecté par le détecteur. L’intégration des pics se fait en partie manuellement puisque nous choisissons en choisissons entre autres les bornes. Cette étape se fait visuellement, directement sur le graphique comme nous le montre la figure 8. 18 Bornes d’intégration Figure 8 : Bornes d’intégration sur OriginPro8 L’inconvénient de cette méthode est qu’elle introduit une part d’aléatoire dans les résultats. De nos choix de bornes d’intégration dépend la position de la ligne de référence (ligne de base, en rouge sur la figure) qui sera ensuite soustraite au signal avant l’intégration. Cela a donc une influence sur le résultat. Cependant, en veillant à choisir les bornes de la même manière, la variation dans les résultats entre deux intégrations d’un même pic reste négligeable (2% de variation maximum). Cette part d’aléatoire n’affecte que le calcul des surfaces des pics et aucunement le calcul de l’efficacité. Outre la surface du pic comme indicateur de la réponse du détecteur, j’ai aussi calculé le nombre de plateaux théorique N. Il rend compte de l’efficacité de la colonne. Le détecteur n’entre donc pas en compte théoriquement dans la valeur de N. Pour rappel, l’expression de N vaut : N= 5.54*(tr/w)2 Avec : tr temps de rétention w largeur du pic à mi-hauteur 19 2. Résultats et discussions a) Répétabilité et quantité de matière Afin de s’assurer du bon fonctionnement du dispositif expérimental, des tests de répétabilité ont été menés. Pour ce faire, différentes quantités de matière d’un même composé ont été injectées 6 fois successives dans les conditions par défaut du chromatographe (four à 100°C, gaz vecteur à 15 psi, gaz dans PDHID à 22 psi, injecteur à 150°C, détecteur à 80°C). Ce test permet également de vérifier grossièrement la linéarité de la réponse du détecteur. La figure 9 présente les résultats obtenus. Figure 9 : Evolution de la réponse du HID en fonction de la quantité injectée sur 2 jours Commentaire : La surface du pic augmente grossièrement de manière linéaire avec la quantité injectée, ce qui est cohérent avec un comportement de réponse linéaire. On peut noter que la gamme de quantité de produit injecté dans ce test est très limitée (moins d’un ordre de grandeur), ce qui peut expliquer l’écart à la linéarité idéale de certains points. En revanche, on constate que la répétabilité de l’injection est limitée, en ce qui concerne la surface du pic mesurée. Par exemple, pour 0,02 µl de pentanol injecté, la surface moyenne du pic change de 87% d’un jour à l’autre et de 99% pour 0.03 µl. Ceci induit une distribution statistique relativement large (parfois plus de 50%). Cette distribution de la surface mesurée est probablement liée à la répétabilité de l’injection qui doit être limitée par la technologie de l’injecteur monté sur le chromatographe SRI. Après calcul de l’efficacité, on obtient ceci : 20 Figure 10 : Evolution de l’efficacité en fonction de la quantité injectée sur 2 jours Commentaire : La figure 10 montre que l’efficacité moyenne est relativement constante, ce qui est cohérent avec un comportement normal d’analyse chromatographique. Cependant, l’incertitude reste importante, notamment pour les volulmes injectés les plus importants, ce qui peut être le signe d’une déformation du pic chromatographique le rendant disymétrique. On peut néanmoins considérer que la répétabilité de l’injection est correcte du point de vue de l’efficacité. Le temps de rétention reste en outre identique. Conclusion : Les figures 9 et 10 montrent que la fidelité du détecteur HID de SRI n’est pas très bonne. L’explication est peut être donnée par une étude réalisée par Talasek (Talasek et al., 1994, [6]) dans laquelle ils testent et comparent les réponses de différents détecteurs dont le HID. Ils démontrent dans cette étude que le détecteur HID met beaucoup plus de temps qu’un GC-MS ou qu’un DID (Discharge Ionization Detector) pour stabiliser sa réponse après l’injection d’argon (2 heures contre 10 à 30 minutes pour les autres). Ils démontrent aussi que la stabilité et ainsi la fidelité du HID (au niveau de la ligne de référence) se déteriore de façon significative d’un jour à l’autre. Etant donné que le détecteur est coupé à la fin de chaque série de test (un débit réduit d’hélium est tout de même maintenu dans la colonne), l’instabilité dont fait part l’article est peut être un facteur perturbateur de la réponse supplémentaire. 21 b) Réponse en fonction de la nature de l’espèce analysée Différents hydrocarbures et différents alcools ont été injectés dans les mêmes conditions le même jour de test. La réponse du détecteur est donnée sur la figure 11. On constate que pour une même quantité de composé injecté, la différence de réponse du détecteur est inférieure à un ordre de grandeur, et le plus souvant à un facteur 2. Ce test, en plus de confirmer le caractère universel de ce détecteur, montre donc que la réponse du détecteur peut être étudié à partir d’un nombre limité de composés, et que les résultats obtenus peuvent être extrapolés à l’ensemble des espèces chimiques, au moins organiques dans notre cas. Figure 11: Réponses du détecteur à différents alcanes en fonction de la quantité injectée c) Conditions opératoires de l’étude Afin de s’assurer de travailler dans des conditions analytiques convenables, nous avons déterminé l’évolution de l’efficacité de l’analyse chromatographique en fonction du débit de gaz vecteur, qui est un paramètre analytique clé pour l’efficacité. Le résultat est présenté sur la figure 12. L’efficacité optimale étant obtenue pour une HEPT minimum, il faut chercher à se placer dans des conditions de débit proches du minimum. 22 Figure 12: Evolution de la HEPT en fonction de la pression du gaz vecteur Nous avons ainsi décidé de travailler pour les tests présentés par la suite avec une pression en tête de colonne de 1 bar (relatif à la pression atmosphérique), cette pression fournissant un bon compromis entre l’efficacité et la vitesse d’analyse d) Etude de l’influence des paramètres Influence de la température de détecteur Pour étudier l’influence de la température du détecteur, une espèce chimique a été injectée plusieurs fois successivement en en ne faisant varier que la température du PDHID. Les autres paramètres sont fixés à leurs valeurs par défaut (voir Annexe 1). Pour chaque température, plusieurs injections (de même volume) ont été faites afin de produire un résultat statistique. Sur la figure 13, on observe l’évolution de la surface du pic obtenu sur le chromatogramme en fonction de la température du PDHID. Les barres d’erreur sont calculées à 1 σ. Cette série de mesure a été faite en utilisant du pentane. 23 Figure 13 : Réponse du PDHID à l’injection de pentane en fonction de la température du détecteur Commentaire : On observe, aux incertitudes près, que la surface du pic mesurée ne varie pas significativement avec la température. On peut toutefois noter que la réponse semble être optimale pour des températures comprises entre 80°C et 120°C. Au-delà, il semble y avoir une légère détérioration. Conclusion : la température ne semble pas être un facteur affectant de manière significative la réponse du détecteur. Remarque : ce test n’a été mené qu’avec un seul composé dont le point d’ébullition est à 36°C (tableau 2). Il serait important de compléter cette étude avec des composés de poids moléculaire plus élevé Si maintenant on trace l’évolution du nombre de plateaux théorique noté N en fonction de la température du HID, voilà ce qui est obtenu : 24 Figure 14 : Efficacité du HID en fonction de la température du détecteur Commentaire : Les résultats montrent que l’efficacité semble augmenter avec la température au dessus de 120°C. Ce résultat est à priori surprenant puisque l’efficacité d’analyse est essentiellement déterminée par la nature de la colonne et du composé analysé, ainsi que par les conditions opératoires (température, débit de gaz vecteur) dans lesquelles est utilisée la colonne. Explication du phénomène : L’augmentation de l’efficacité est due à la diminution de la largeur à mi-hauteur puisque le temps de rétention reste identique. Une explication à cette tendance est un effet de pression. En effet, la température du détecteur augmentant, on peut naturellement imaginer que la pression à l’intérieur de celui-ci augmente également. Ceci aurait pour effet de diminuer la différence de pression ΔP entre l’entrée et la sortie de la colonne et ainsi en améliorer sensiblement son efficacité (voir figure 12). Conclusion : Il semblerait au regard de ces tests que l’on ait un choix à faire : soit on considère que l’efficacité de la colonne pour les basses températures (voir figure 14) est satisfaisante et qu’elle permet une limite de détection acceptable auquel cas on aurait tout intérêt à limiter la température du détecteur à 80°C (pour ne pas avoir à trop chauffer le détecteur et ainsi limiter la puissance électrique consommée pour cela), soit on considère que le N n’est pas assez bon auquel cas on aurait intérêt à chauffer le HID davantage (140°C par exemple). On peut aussi imaginer considérer une température d’utilisation et régler la bonne pression en tête de colonne. Les tests en température réalisés sur le HID D4 Valco de Vici montrent que la réponse est améliorée lorsque la température augmente.jusqu’à 100°C. Ce qui est le cas sur le SRI également. Cependant, l’étude sur le Valco n’a pas pu être faite pour des températures supérieures à 100°C 25 Influence du débit d’hélium dans le détecteur La zone de décharge du PDHID est directement alimentée en hélium par un tube bien distinct de l’alimentation de la colonne en gaz vecteur (voir figure 4). L’objectif ici était de voir l’impact d’une variation de débit d’hélium dans la zone de décharge sur la réponse du détecteur. Figure 15 : Réponse du HID en fonction du débit d’hélium dans le détecteur Commentaire : La figure 15 montre que la surface du pic n’est pas affectée par le débit d’hélium dans le détecteur. Au regard des barres d’erreur, on ne peut pas dégager de tendance si ce n’est que le débit d’hélium, dans la gamme de débit dans laquelle a été réalisée les tests, n’influe pas sur la réponse du détecteur. La figure 16 montre l’évolution de N en fonction du débit d’hélium dans le détecteur. 26 Figure 16 : Efficacité en fonction du débit d’hélium dans le détecteur Commentaire : Cette série de test semble indiquer que l’efficacité augmente jusqu'à un débit de 35 mL/min dans le PDHID puis atteint un niveau maximum et y reste pour les débits plus élevés. Ce résultat montre qu’il semble possible de limiter le débit d’hélium dans le PDHID à 35-40 mL/min sans dégrader l’efficacité. Explication du phénomène : Il est possible que la diminution du débit, et donc de la pression dans le détecteur accroisse la détente du gaz en sortie de colonne (où la pression est environ constante) et de ce fait augmente la largeur du pic et donc diminue l’efficacité. Il est possible aussi que plusieurs effets se cumulent. Conclusion : Le débit d’hélium dans le détecteur ne semble pas influer sur sa réponse. En revanche, l’efficacité de la colonne semble affectée pour les trop faibles débits. Un réglage à 35 mL/min apparaît alors comme le plus judicieux : il permet de limiter le débit d’hélium (ce qui est impératif pour les missions spatiales) sans dégrader la réponse. L’étude réalisée sur le PDHID Valco montre la même chose : le débit d’hélium ne semble pas influer de façon significative sur la réponse du détecteur. 27 e) Limites de détection Pour déterminer la limite de détection du détecteur, il y a deux méthodes. La première consiste à utiliser des solutions de dilution d’octanol dans de l’éthanol. Le principe consiste à injecter les solutions de plus en plus diluées et de voir à partir de quelle dilution le détecteur ne détecte plus le pic de l’octanol. Sachant la concentration de la solution et le volume que l’on a injecté, nous en déduisons la quantité de matière correspondante. Cette méthode nous donne un encadrement de la limite de détection (en mol). Pour affiner cette limite de détection, il faut itérer les mesures en jouant sur les volumes injectés. La figure 17 représente la quantité minimale détectée de l’octanol : Pic de l’éthanol Pic de l’octanol Figure 17: Octanol dans éthanol dilué 1000 fois. 0.2 µl injecté Si on fait un zoom sur le pic d’octanol, on a : 28 Hauteur du pic Amplitude du bruit Figure 18: zoom sur le pic d’octanol Pour discriminer un pic du bruit de fond, il faut que la hauteur du pic soit au moins égale à 3 fois l’amplitude moyenne du bruit de fond (voir figure 18). Connaissant la concentration en octanol de la solution ainsi que le volume injecté, nous en déduisons la quantité de matière correspondante. Il faut cependant bien veiller à prendre en compte le ratio de split appliqué en amont de la colonne car c’est bien évidemment la quantité de matière réellement injectée dans la colonne et non la quantité de matière injectée par la seringue qui nous intéresse. Le détecteur ne détecte bien évidemment que ce qui est injecté dans la colonne. Avec cette méthode, j’ai obtenu une limite haute de détection du HID pour l’octanol de 1,09×10-11 mol. A noter que j’avais fait ce test en début de stage et donc avant le déménagement du laboratoire et avant le démontage et remontage du détecteur et de la colonne. J’avais alors obtenu une limite de détection de 2,7×10-11 mol. Les résultats sont donc proches. L’autre méthode est graphique. Elle consiste à tracer l’évolution de la hauteur des pics en fonction des quantités injectées. Nous devons obtenir en théorie une droite croissante. En traçant sur ce même graphique la droite d’équation y = 3 × (hauteur moyenne des pics du bruit de fond), nous pouvons ainsi repérer l’abscisse du point d’intersection de ces deux droites. Il correspond donc en théorie à la limite de détection du détecteur. Voici ce que j’ai obtenu : 29 Figure 19 Hauteur du pic en fonction de la quantité de matière Le point correspondant à la plus faible quantité de matière est presque sur la droite limite d’équation y = 258. Les barres d’erreur associées à ce point coupent d’ailleurs la limite. On peut donc naturellement penser que nous nous situons avec ce point à la limite de détection du HID. La droite d’interpolation linéaire obtenue avec OriginPro8, tracée en rouge sur la figure 19, ne coupe d’ailleurs pas la limite (x négatifs). On peut donc bien considérer que ce point est à la limite de détection qui correspond donc, comme avec l’autre méthode, à une quantité de matière de 1.09×10-11 mol. Ce graphe confirme que l’on peut utiliser l’une ou l’autre méthode, les résultats concordent. Ces résultats sont à comparer avec ceux obtenus avec le détecteur HID du fabricant Valco. En utilisant les mêmes solutions que pour le SRI, on a obtenu une limite haute de détection de 1.15×10-12 mol. Il y a donc un facteur 10 entre les deux détecteurs. 30 III. Conclusion La recherche de la vie dans l’univers fait appel à différents moyens de mesure et d’analyse complémentaires. L’analyse in situ, de par sa spécificité, permet de donner des informations essentielles que d’autres méthodes ne peuvent fournir. C’est pourquoi elle est aujourd’hui privilégiée pour les études en exobiologie. Parmi les technologies embarquées à bord de ces missions, la chromatographie en phase gazeuse est la meilleure technique permettant d’identifier les espèces chimiques échantillonnées. Au cours de ces dernières années, les progrès ont porté sur les moyens de séparation. La détection a quant à elle peu évolué. Mon travail lors de ce stage s’inscrit dans cette volonté d’améliorer la détection sur les chromatographes en phase gazeuse embarqués sur les sondes spatiales. J’ai pour cela testé deux détecteurs commerciaux (SRI et Valco) de technologie jamais utilisée sur ces missions jusqu’ici : le détecteur à ionisation d’hélium à décharge pulsée (PDHID). Mon but était double : d’une part, définir ses performances en termes de sensibilité (aux molécules d’intérêt pour l’exobiologie et la planétologie notamment) et de fidélité et d’autre part caractériser l’influence des conditions opératoires appliquées au détecteur (température et débit d’hélium) sur sa réponse. Mon étude, réalisée en collaboration avec une autre étudiante, a montré que le détecteur SRI a une limite de détection de l’ordre de 10-11 mol tandis que celle du Valco est de l’ordre de 10-12 mol. Ces résultats confirment la meilleure sensibilité du PDHID par rapport à la technologie TCD (de l’ordre de 10-10 mol). Cependant, le système chromatographique utilisé pour l’étude sur le SRI n’a pas permis d’avoir une répétabilité au niveau des injections suffisante pour avoir une grande précision dans les résultats. De plus, j’ai montré que la température du détecteur n’a pas d’influence sur sa réponse mais qu’elle peut en avoir sur l’efficacité de la colonne. Il y a donc un compromis à faire entre les performances et les contraintes de consommation électrique. Enfin, les résultats du test sur l’alimentation en hélium du détecteur ont montré qu’il semblerait qu’on puisse limiter le débit à 35 mL/min sans dégrader la réponse. En définitive, ces tests méritent d’être approfondis en utilisant notamment d’autres composés (réponse aux acides aminés, hydrocarbures plus lourds…) et d’autres conditions (courant différent dans les électrodes de décharge, paramètres de la colonne…). Le but étant de préciser les performances, confirmer ou infirmer les tendances et élargir le domaine d’étude. Cependant, ils ont confirmé l’intérêt de la technologie PDHID par rapport au TCD par exemple. En outre, un nouveau détecteur PDHID SRI miniaturisé et donc optimisé pour une utilisation spatiale va être testé. Ces nouveaux tests vont être conduits lors de la suite de mon stage. 31 Références : [1]: C. Freissinet, A. Buch, R. Sternberg, C. Szopa, C. Geoffroy-Rodier, C. Jelinek, M. Stambouli; Search for evidence of life in space: Analysis of enantiomeric organic molecules by N,N-dimethylformamide dimethylacetal derivative dependant Gas Chromatography-Mass Spectrometry; Journal of chromatography A, 1217 (2010) 731-740 [2] : Szopa et al. ; Planetary and space science, 51 (2003) 863 [3]: Bill L. Winniford, Kefu Sun, James F. Griffith, Jim C. Luong; Universal and discriminative detection using a pulsed discharge detector in comprehensive twodimensional GC; J. Sep. Sci.2006, 29, 2664-2670 [4]: S. V. Vasnin, W. E. Wentworth, S. D. Stearns, C. J. 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Meyer; Pulsed-discharge helium ionization/electron capture/emission detector of chlorinated compounds; Process Control and Quality, 5 (1993) 193-204 32 Annexe 1 : Paramètres par défaut Paramètres par défaut Consigne Valeur mesurée Pression gaz vecteur 15 psi 15 psi Pression gaz HID 22 psi 22 psi Intensité dans HID 247 mA 247 mA Température de l'injecteur 150 °C 156 °C Température de la valve 50 °C 56 °C Température du détecteur 80 °C 86 °C Température de la colonne 100 °C 100 °C 33 Annexe 2 : Quantité de matière réellement injectée dans la colonne Calcul quantité de matière Methanol Ethanol Butanol Pentanol Hexanol Heptanol Octanol Masse molaire (g/mol) Masse volumique (g/l) Concentration (mol/l) Coef de split 32 791 24,71875 46 789 17,15217391 76 800 10,52631579 88 800 9,090909091 102 820 8,039215686 116 819 7,060344828 8,66E-03 130 824 6,338461538 Qtité de matière ds colonne pour 0,1 μl (mol) 2,12287E-08 1,47304E-08 9,04009E-09 7,80735E-09 6,90415E-09 6,06348E-09 5,44353E-09 Hexane Octane Nonane Decane 86 114 128 142 659 700 700 726 7,662790698 6,140350877 5,46875 5,112676056 6,58087E-09 5,27339E-09 4,69661E-09 4,39081E-09 Undecane 156 740 4,743589744 4,07384E-09 34 Annexe 3 : Equivalence pression/débit d’hélium 35