La fiche du film - IEN Saint

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La fiche du film - IEN Saint
Programmation ECOLE et CINEMA – Art du Visuel
PONYO SUR LA FALAISE
1. En amont, connaissance des références culturelles de ce film pour l’enseignant
Références japonaises
Les glaïeuls
Le glaïeul a plusieurs significations dans le langage des fleurs, dont “amour passionné”,
“souvenir”, “effort” et “oubli”. Peu de fleurs symbolisent autant d’idées à la fois. Alors qu’il
travaillait sur les décors avec son directeur artistique pendant la phase de préproduction, Hayao
Miyazaki exprima son désir de faire figurer des glaïeuls dans le film. Il désirait qu’ils soient les
témoins de l’amour simple et passionné de Ponyo et des efforts que fait Sôsuke pour surmonter
l’épreuve qui se présente à lui, mais aussi un symbole, après que tous les événements du film
soient terminés, de l’oubli qui s’empare des personnages quand ils reprennent leur vie ordinaire
comme si rien ne s’était passé, comme si tout n’avait été qu’un rêve.
La mer
Miyazaki invente ici sa propre mythologie, puisque Gran Mamare est une invention personnelle,
la divinité de la mer au Japon étant traditionnellement le dieu Susanoo. Gran Mamare incarne
l’image de la fertilité et de la plénitude, à l’image de la Lune qui l’accompagne à chacune de ses
apparitions. Miyazaki retourne donc à une vision plus primitive de la divinité.
Le requin-baleine
Un des monstres du Dévonien, le Devonynchus, ressemble à un requin-baleine gigantesque avec
un corps étrangement plat. Imaginée par Hayao Miyazaki, cette créature s’apparente selon lui à un
Ittan Momen, un monstre du folklore japonais dont le corps ressemble à un long morceau de tissu
blanc.
Ittan Momen dans le manga "Ge Ge Ge no Kitaro", de Mizuki Shigeru
Les sirènes
Les sirènes japonaises, appelées Ningyo (de Nin, « humain » et de Sakana, « poisson »), sont
traditionnellement représentées avec un corps de poisson, une tête humaine et des dents de singe.
La légende raconte que si un humain mange la chair d’une sirène, il devient immortel. Capturer
une sirène amène le malheur et des violents orages chez celui qui l’a pêchée. Si elle échoue sur la
plage, elle apporte guerre et calamités en tout genre.
Toriyama Sekien, 1781, Wikimedia
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Ningyo
On remarquera qu’ici, Ponyo échoue sur la plage et se fait capturer par Sôsuke, d’où la réaction
terrorisée de Toki, convaincue, à juste raison qu’un tsunami va déferler sur la ville. Quant au
mythe de l’immortalité, Miyazaki l’inverse. En goûtant le sang de Sôsuke, Ponyo devient plus
humaine et à la fin mortelle.
L’umi-bôzu
Les poissons d’eau, serviteurs fidèles de Fujimoto, semblent se rattacher à l’univers multiformes
des yôkaï japonais et entretiennent plus particulièrement des liens étroits avec l’umi-bôzu.
L’umi-bôzu est un spectre marin qui, comme la très grande majorité des yôkaï, jouit d’une image
très négative. Il est connu pour faire chavirer les navires, petits ou gros, et pour faire peur aux
marins. Il ressemble à une grosse vague très arrondie qui possède de gros yeux sans paupières.
Son nom, formé de l’association des caractères japonais « mer » et « moine » (ou « bonze »),
devient dès lors tout à fait simple à comprendre : « mer » pour définir le lieu où il habite et
« moine » pour décrire son aspect arrondie (les moines au Japon ont, traditionnellement, le crâne
rasé).
Dans un environnement difficile, où la mer et le climat sont impossibles à prédire, la croyance en
des spectres umi-bôzu peut se comprendre aisément. Le passage par l’image durant l’époque Edo
(débutant vers 1600 et prenant fin vers 1868) est d’ailleurs une manière de briser cette peur.
Dessiner un yôkaï, c’est lui enlever une partie de son mystère. Une manière aussi de le « posséder
», de le dominer, comme l’on possède l’estampe où il est représenté. Car rien n’empêche alors de
le caricaturer, de le déformer, ou de le ridiculiser.
Au passage, il est amusant de constater que ce yôkai a déjà été utilisé par Isao Takahata, dans son
long métrage Pompoko, lors de la fameuse séquence du défilé des yôkaï. Il serait, par ailleurs,
également difficile d’évoquer ce passage du film sans parler du travail du mangaka Shigeru
Mizuki (Kitaro le repoussant) sur les yokaï, car il a été une importante source d’inspiration
graphique pour le film de Takahata.
L'umi-bôzu tel que représenté par Shigeru Mizuki et ayant lui même inspiré celui visible dans
Pompoko.
Si l’on souhaite remonter plus loin dans la représentation de l’umi-bôzu avec des sources plus
anciennes, il faut s’orienter vers deux peintres d’estampes. L’umi-bôzu d’Utagawa Yoshinobu
(1838-1890) est certainement l’une des estampes les plus connues sur cette apparition. Elle
s’inspire elle-même d’une estampe d’un de ses maîtres, Utagawa Kuniyoshi (1797-1861).
A gauche, l'umi-bôzu d’Utagawa Yoshinobu et à droite, celui d' Utagawa Kuniyoshi.
Sôsuke
C’est le prénom du personnage principal du roman de Soseki Natsumi « The gate ». Sôsuke est
celui « qui vit dans une maison sous la falaise ». Or, Hayao Miyazaki a lu les oeuvres complètes
de cet auteur après avoir terminé le château ambulant.
Références universelles
Andersen
La petite sirène est un conte de Hans Christian Andersen. La petite sirène est la fille du roi des
océans, mais elle est fascinée par le monde des humains. Un jour, elle assiste au naufrage d’un
navire et sauve le jeune prince qui allait se noyer. Elle le dépose sur une plage où il est recueilli
par des jeunes filles. Elle va voir la sorcière des mers pour se faire transformer en humaine. Celleci accepte en échange de la voix de la sirène et prévient la jeune fille : si le prince épouse une autre
jeune fille, la petite sirène sera transformée en écume. La jeune fille se rend au palais et retrouve le
prince. Le jeune homme ne se souvient plus d’elle et est persuadé que la jeune fille qui l’a recueilli
sur la plage est celle qui l’a sauvé. Bien qu’il soit amoureux de cette chimère, il promet à la sirène
de l’épouser. Mais lors d’un voyage, il rencontre la fille d’un roi qui n’est autre que la jeune fille
de la plage. Dès lors, il abandonne la petite sirène et annonce son mariage avec sa dulcinée. Plutôt
que de tuer le prince et d’ainsi se sauver, elle préfère se sacrifier et se jette à la mer, se
transformant en écume.
C’est à cette légende que fait référence Fujimoto et Gran Mamare, lorsqu’ils apprennent que
Ponyo est amoureuse d’un humain, le père de la sirène craignant pour la vie de sa fille.
Brünnhilde et les Walkyries
La Walkyrie est le deuxième volet de la tétralogie de Richard Wagner, Der Ring des Nibelungen.
Brünnhilde, est l’aînée des neuf soeurs Walkyries. Dans la deuxième partie, son père Wotan
l’abandonne seule sur un rocher, entouré de flammes, car elle lui a désobéi et l’a trahi.
Le lien avec Ponyo est donc ici évident, bien que l’héroïne wagnérienne ait un destin ô combien
plus sombre et funeste. Quant à Wotan, ce chef des dieux tente d’empêcher la fin des dieux et du
monde en général, comme Fujimoto.
Par ailleurs, la musique de la scène du tsunami évoque irrésistiblement le mythique air de Wagner
La chevauchée des Walkyries (prélude de l'acte III, scène 1).
Les monstres du Dévonien
Les Bothriolepis et les Dipnorhynchus sont des poissons qui vivaient réellement à l’époque du
dévonien et dont des fossiles ont été retrouvés.
Bothriolepis
Dipnorhynchus
Source : dossier de presse, Source : http://www.buta-connection.net/films/ponyo_culture.php
1bis. En amont, présentations affiches aux élèves
Ce qui est perceptible de leur point de vue, images, musiques.
Les affiches du film
Affiches Françaises
Affiche USA
Affiche Japon
La présentation des affiches permet de situer le genre, le film présenté est un film d’animation,
originaire du Japon. La mer y est très présente. Il est assez difficile de définir exactement le
personnage Ponyo qui est visuellement cependant le personnage central de ce conte.
2. Pendant le film
Pour certains élèves habitués à fréquenter la salle de cinéma, le nom du réalisateur, Hayao
Miyazaki, est connu au travers d’autres œuvres. Au sein du dispositif « Ecole et Cinéma », ils
peuvent connaître déjà « Mon voisin Totoro ». D’autres titres récents comme « Le Château
ambulant » sont également des références.
3. Après le film
En lien avec le carnet des arts
Ce que nous devons savoir : Situer les réalisateurs, le genre, la période
Le genre :
Quelques repères professionnels :
1963 : Entre au Studio Tôei Dôga
1968 : Il réalise les décors et les dessins de « Horus, Prince du
Soleil »
Début années 80 : étudie l’animation auprès des studios Walt
Disney.
1984 : Scénario et réalisation de « Nausicaa de la Vallée du vent »
1985 : Cofonde le Studio Ghibli avec Isao Takahata.
1988 : « Mon voisin Totoro »
1997 : « Princesse Monoke », c’est ce film qui le fera réellement
découvrir auprès du public français. Le succès permettra de voir ses
œuvres précédentes.
2004 : « Le château ambulant »
2008 : Ponyo sur la falaise
2013 : en prévision : « Le Vent se lève » en même temps que le
film de Isao Takahata, « L’histoire de la princesse Kaguya ».
Animation – Conte
Les mots-clés
Mer – Mère - Métamorphose – Tsunami -
La période :
de 1985 à octobre 2013 :
C’est le 8ème long métrage réalisé par Hayao Miyazaki au
sein du Studio Ghibli.
Musique
Collaborateur de Miazaki depuis 1984 avec le film « Nausicaa
de la Vallée du vent »
A composé plus de 50 musiques de films. Récompensé récemment
pour la musique du « Château ambulant », (Meilleure Musique, Los
Angeles Film Critics Association)
Producteur des films de Miazaki, cofondateur du Studio Ghibli en
1985
Hayao MIYAZAKI
Réalisateur, scénariste,
dessinateur
1941, Tokyo
Joe Hisaishi, né en 1950
Production
Toshio Suzuki, né en 1948

Ce que nous pouvons observer, entendre, découvrir : travail par exemple sur une
séquence, des photos, des affiches, le déroulant du film présent dans le Cahier de notes…
édité par Les enfants de cinéma, les musiques de film ou des activités décrochées.
Pistes de travail
Travail sur les différents Affiches, photos.
visuels
Analyse de séquence :
Milieu de la Séquence 3 :
« De la mer à la mère »
52 plans, durée : 3’17’’
Ecoute de musiques de
films
Construction d’un
folioscope ou flipbook
Calligraphie
Le plan n°1 présente pour la 1ère fois du film l’image de l’élément
terrestre. Le plan 52 indique la fin d’une action qui se conclut par la
remontée de Sôsuke qui ramène précieusement le corps de Ponyo.
Cf. : Cahier …de notes, p 20 – 26, Hervé Joubert-Laurencin,
Bande-son pour la scène du tsunami composée par Joe Hisaishi à
mettre en regard avec la Chevauchée des Walkyries, (Wagner,
L’anneau du Nibelung, Prélude de lacte II, scène 1 de la Walkyrie,
1870)
Ecoute de la chanson de « Ponyo sur la Falaise », interprétée par
Nozomi Ohashi, (née en 1999 et non en 2005 comme l’indique le
document du festival 2008 à Venise).
Comprendre le principe d’une animation en dessinant plusieurs
images différenciées dans un espace feuille.
-à partir de feuilles dessinées :
http://www.hugolescargot.com/decoupages/fabriquer-un-flipbook.html
un site consacré au flipbook :
http://www.flipbook.info/index.php
Travailler l’écriture du nom du film :
崖の上のポニョ
Atelier décroché en
Technologie
Comme le suggère très judicieusement, Hervé Joubert-Laurencin,
rédacteur des Cahier…de notes, la construction de bateau pop-pop,
alimenté par la chaleur d’une bougie est une piste de travail, (menée à
l’extérieur et avec l’aide d’un adulte) intéressante.
Les bateaux pop-pop :
http://www.jp-perroud.com/poppop.htm

Ce qui nous touche : Intégrer le ressenti du spectateur. Faire parler les émotions :
l’émerveillement, la peur, l’amour entre les deux enfants, les sentiments, la présence du
magique et du divin, le lien entre les différentes générations. Laisser émerger la place
donnée à la mer matrice de la vie, au foisonnement biologique de la vie végétale et
animale.

Des repères :
XIXème siècle
XXème siècle
et notre époque
Katsushika
Hokusai
La grande vague
de Kanagawa
1831
Utagawa
Kuniyoshi.
(1797-1861).
L'umi-bôzu
XIXème
Lotte Reiniger
.le + ancien
long
métrage
d’animation
conservé :
« Les
Aventures
du Prince
Ahmed »
1926
Hayao Miazaki
Création
des Studios
Ghibli
Prochains films de
Miyazaki et de
« Ponyo sur Takahata produit par
la Falaise »
le Studio Ghibli
Gake no Ue
« Le Vent se lève »
no Ponyo
« L’histoire de la
princesse Kaguya »
1985
2008
2013
Pour en savoir plus :
Ressources et Editions
pour la classe
DVD
Le cinéma d’animation, collection L’Eden cinéma, Scéren / CNDP,
2 Dvd libre de droit pour diffusion en classe contenant des films ou des
extraits de films d’animation.
Distribué au Cldp du Tampon et au Crdp de la Réunion.
Site
Le site francophone consacré au Studio Ghibli, incontournable pour se
tenir au courant de l’actualité et des films d’animation japonaise.
http://www.buta-connection.net/accueil/
Lecture
Le cinéma d’animation, TDC, n°834, avril 2002, (textes et documents
pour la classe)
Revues
Anime Land, Hors-Série n° 17, Spécial Ghibli 2, 10/01/2011
http://www.animeland.com/mag/voir/3076/Hors-serie-17
Livre
« Esprits et créatures fabuleuses du Japon : Rencontres à l’heure du
Bœuf », Sylvain Jolivalt, Editions You Feng, Disponible à la Réunion
Cet ouvrage, bien illustré, présente les créatures fantastiques de la société
japonaise, qui hantent différents espaces, bâtiments, ponts, rivières,
montagnes. Pour en savoir plus sur les yôkai : oni, tengu,kappa, dragons et
bien d’autres encore.
Document de travail pour « Ecole et Cinéma », Lucie ALLOMBERT, Pierre REGNAUD

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