Je suis un peu lunatique, aussi

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Je suis un peu lunatique, aussi
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Coopération
N° 14 du 3 avril 2012
Gagnez
des places
pour voir
Gabris
Charlotte
e
à Lausann
«Je suis un peu
lunatique, aussi»
L’invitée. Scène, radio, télévision, Charlotte Gabris est partout: en première partie d’Elie Semoun, chez Michel Drucker,
sur LFM et Rouge TV, au Jamel Comedy Club. Rencontre à
Lausanne où cette humoriste est née il y a vingt-cinq ans.
interview florence michel
phOTOS charly rappo/arkive.ch
Coopération. Vous venez de
commencer à jouer en première partie d’Elie Semoun,
racontez-nous...
Charlotte Gabris. C’est génial! Il m’a engagée pour
faire la première partie de
ses spectacles à Paris et en
tournée. Je suis sur scène
quinze minutes. Le premier
soir, c’était aussi mon premier Zénith, à Rouen. Il y
avait 4000 spectateurs.
Quand j’ai fait ma première
blague et qu’ils ont applaudi,
ça a été d’une telle ampleur
que là, j’ai tout réalisé en
même temps: «Je suis sur
cette scène avant Elie Semoun qui était mon idole
quand j’étais petite!» J’ai eu
les larmes aux yeux, j’ai un
peu bégayé, c’était magique.
Elie Semoun n’est pas le seul
à apprécier votre talent!
Je suis aussi sur Europe 1
chez Michel Drucker dans
Faites entrer l’invité, en direct une fois par semaine –
pas toujours le même jour
– de 10 h 30 à midi. Je fais partie de la troupe du Jamel Co-
medy Club depuis septembre
2011. Et depuis janvier je joue
Comme ça c’est mieux!, mon
propre spectacle (une heure
cinq), tous les samedis soir à
Paris à l’Instinct Théâtre.
Et la Suisse dans tout ça?
Je vis à Paris et je viens à Lausanne une fois par semaine,
en TGV, pour enregistrer mes
chroniques matinales pour
la radio LFM (elles sont diffusées à 8 h 08) et pour le
tournage du talk-show Mika
and Co sur Rouge TV, diffusé
le jeudi soir. Et je serai sur la
scène du Lido de Lausanne
les 17, 18 et 19 mai. J’adore
faire rire, ça m’amuse, je me
sens vivante.
Qu’est-ce qui vous vaut, à
25 ans seulement, d’être
déjà arrivée à ce niveau de
succès?
Les rencontres, le travail,
le hasard – j’ai toujours
eu la chance d’être là où
quelqu’un me voyait jouer et
me proposait quelque chose.
Ma détermination aussi.
Comment vivez-vous ces
moments fabuleux? Dans
l’euphorie?
Non pas d’euphorie, parce
que je sais que ça peut changer tellement vite.
Comment faites-vous alors?
Je bosse comme une malade,
c’est le seul moyen. Si on me
dit «Bravo!» je suis contente
deux minutes et je m’y remets, avec une vie disciplinée, du sport, du sommeil…
Il faut avoir du souffle pour
tenir sur scène.
«Souvent l’homme
n’aime pas quand
la fille est plus drôle
que lui»
Sur scène vous êtes
piquante, incisive. Et à la
ville?
Je suis assez timide. Et je suis
ultrasensible à tout, un peu
lunatique aussi; je peux être
de très mauvaise humeur
puis rire et pleurer pour un
truc et après je peux aller
danser. Je crois que beaucoup d’artistes sont comme
ça. Je suis à la fois très exigeante et très bordélique…
mais organisée quand il le
faut. Je suis folle en fait, ça
doit être ça! (Rires)
L’humoriste Charlotte Gabris, ici
Comment vous voyez-vous
dans dix ans?
Avec des enfants. Et j’aimerais avoir fait un ou deux
spectacles qui auraient bien
marché. J’ai aussi très envie de faire du cinéma, en
ce moment je fais beaucoup
d’essais intéressants à Paris.
Qu’avez-vous fait de plus
fou?
Partir seule à Paris à 19 ans,
sans connaître personne.
Aujourd’hui je ne sais pas si
je le ferais. J’ai habité dans
des endroits impossibles,
en plus j’étais en béquilles
parce qu’à force de marcher
dans Paris je m’étais cassé deux métatarses! J’étais
complètement inconsciente,
j’allais dans les castings,
j’avais un culot que je n’ai
à Lausanne dans le studio de Rouge TV: «J’aime les choses décalées, l’humour noir, les fous rires au mauvais moment…»
plus maintenant, parce que
j’ai conscience des risques.
Y a-t-il des limites à votre
humour?
Je ne veux pas tomber dans
la vulgarité, éviter la méchanceté. J’écris tous mes
textes et je les travaille avec
mon metteur en scène Jarry,
qui est Parisien.
Qu’est-ce qui vous fait rire
dans la vie quotidienne?
Les choses inappropriées,
décalées, l’humour noir, les
fous rires au mauvais moment.
Et certains comportements
masculins, dont vous faites
un sketch?
Oui, et comme le milieu
de l’humour est tellement
macho, pour une fois que ça
s’inverse, c’est rigolo. Et les
filles dans le public, ça leur
fait du bien!
Comment une femme humoriste est-elle perçue?
Il faut s’imposer, parce que
dans les mentalités, l’humour est encore vu comme
l’apanage de l’homme,
je ne sais pas pourquoi.
Souvent l’homme, aussi bien dans la vie quotidienne que dans le milieu
du spectacle, n’aime pas
quand la fille est plus drôle
que lui.
J’ai beaucoup d’amis garçons – dans l’humour il n’y
a presque que des mecs –, je
me demande s’ils me voient
encore comme une fille, ils
me tapent dans le dos…
Portrait express
Charlotte Gabris
Origines. Née le 30 janvier 1987 à Lausanne, fille de
Cornelia et Georges Gabris, psychiatre. Son grand
frère Vincent travaille dans le marketing.
Jeu. Enfant, elle fait du théâtre et décide de devenir
comédienne.
«Jeune et pourrie». Son 1er spectacle, en 2009. «A la
première, il n’y avait que ma mère, mon père, ma
coloc’ et un découvreur de talents!»
Première radio. Qui dit mieux: Laurent Ruquier la
découvre au Montreux Comedy Festival 2010 et l’invite sur Europe 1 une fois par semaine pendant un an.
Concours
Gagnez 5 × 2 places pour le spectacle de Charlotte
Gabris au Lido de Lausanne le vendredi 18 mai à
21 h. Pour jouer (délai dimanche 8 avril, à
minuit), envoyez un SMS (80 ct./SMS) au 959
en tapant CONCOURS GABRIS, suivi de vos nom et
adresse, ou cliquez sur:
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 lien www.cooperation-online.ch/concours