Chambres d`écho - Le blog de Jocelyne Vilmin

Transcription

Chambres d`écho - Le blog de Jocelyne Vilmin
Yvon Le Men, Chambres d’écho
Yvon Le Men : variations sur la douleur et l'absence
Ouest-France lundi 01 septembre 2008
C'est le livre de l'après. Après le départ de l'être aimé, après la mort d'un proche, comment se retrouve-t-on face au
silence ? Yvon Le Men nous dit qu'il nous reste une mélodie, une musique qui ne meurt pas et qu'il appelle une « chambre
d'écho » (d'où le titre de son livre).
Ce recueil est composé de poèmes courts et poignants, de variations mélodiques et lancinantes sur la douleur et
l'absence. Il y a un grand mystère qui se dégage de ces vers magiques qui ont été écrits aux premières heures du jour, dans
une sorte de dépassement de soi. Aucune trace de désespérance et encore moins d'amertume. Juste un chant limpide et
profond qui s'élève pour conjurer un trop grand chagrin. « Nous avions la vie/entre nous/elle coulait entre les rives/et nos
bras/que le temps/prenait dans ses bras/comme les rives/prennent la rivière/les talus/le chemin/comme ton silence prend la
parole/aujourd'hui. »
Yvon Le Men est très lié au poète Claude Vigée, avec qui il a écrit en 2007 un clairvoyant livre d'entretiens, Toute vie
finit dans la nuit. Au moment où ce livre s'achevait, Evy, l'épouse du « vieil ami » partait « de l'autre côté de la vie ». Sans mots
grandiloquents, simplement, Yvon Le Men nous fait partager son émotion. « Elle est morte dans mes bras/dit mon vieil ami/mais
avant dans ses yeux/et avant dans son corps/par où tout est passé/dans son corps/par où tout est parti/par ses poumons/sa
gorge/sa tête/par l'atome/puis l'intérieur de l'atome/et par ce qui encore se divise/puis ce qui résiste à la division/la présence de
celle qui n'est plus/et qu'on appelle l'absence/et qui s'appelle Evy. »
Lorsqu'une histoire s'achève, le poète peut la poursuivre en ouvrant son coeur et sa plume. Les poèmes d'Yvon Le Men
sont comme des îles, « où le bruit des galets est un chant ». Ils donnent, contre toute espérance, « un sens à ce qui est insensé
».
Chambres d'écho, par Yvon Le Men, éditions Rougerie, 11 €.
Bruno SOURDIN.
Recueil composé de 14 parties qui se structurent sur plusieurs pages dont le sous-titre est Variations et d’un
poème liminaire « PARFOIS L’OISEAU »
PARFOIS L’OISEAU
n’est qu’un oiseau
malgré la transparence de ses ailes
la jeune fille à la perle
n’est qu’une image
malgré le visage de la jeune fille
la nuit étoilée
est séparée de ses étoiles
malgré le peintre et son génie.
Parfois l’âme
réside au fond des yeux
prisonnière au fond de son cachot
ELLES : 5 poèmes. Le dernier :
Elle est entre la vie et la mort
plus près de la mort
beaucoup plus près.
Je suis entre ma vie et la tienne
plus près de la tienne
beaucoup plus près.
EVY ET CLAUDE : 4 poèmes. Le premier :
Elle est morte dans mes bras
dit mon vieil ami
mais avant dans ses yeux
et avant dans son corps
par où tout s’est passé
dans son corps
par où tout est parti
par ses poumons
sa gorge
sa tête
par l’atome
puis l’intérieur de l’atome
et par ce qui encore se divise
puis ce qui résiste à la division
la présence de celle qui n’est plus
et qu’on appelle l’absence
et qui s’appelle Evy.
LE TRESOR DE LOUIS : 3 poèmes. Le premier :
J’ai ouvert la porte
il a ouvert son besoin de parler
de me parler
d’elle
de l’île
où l’on se dit bonjour
dix fois par jour
où l’escargot a priorité
sur le passant
où le bruit des galets
est un chant
qui empêche de dormir
ceux qui ne rêvent pas d’elle.
MADELEINE : 5 poèmes. Le troisième
Elle aimait les histoires
qu’il y a dans les poèmes
quand ils se cachent
comme des cadeaux
sous la couleur des rubans.
ILS : 3 poèmes.
JE T’AIME : 2 poèmes. Le premier
JE T’AIME
voilà
c’est dit.
CE QUE JE T’AI DONNÉ : 7 poèmes. Le cinquième :
Parfois je passais à travers la feuille
pour que dans son corps
mon désir et mon amour se rejoignent
comme dans le poème
les morts et les mots
se retrouvent
et le dernier :
Parfois
c’était comme toujours
qui aujourd’hui
entoure mon présent de douleur
Mais qu’ai-je dit
en te disant je t’aime ?
AUJOURD’HUI : 4 poèmes. Le premier :
J’ai dit je
j’ai dit tu
j’ai dit aime
AUJOURD’HUI
vers huit heures
du soir
Mais le chemin entre les deux
l’ai-je parcouru
avec toi ?
vingt heures
comme on dit
à l’heure du journal télévisé
Je t’aime
mais qu’ai-je fait pour ce verbe
trop grand pour moi
j’ai acheté
dans un grand magasin
la voix d’Albert Camus gravée
et lisant l’Etranger
comme des habits de fête
qui ne sortent pas le dimanche
et
j’ai pensé à toi.
des chants
qui râclent au fond de la gorge
des pas qui trébuchent
aux frontières de la danse ?
IL FAUT QUE JE LAISSE PARTIR : 1 poème
LA VOIX DE TA MÈRE : 3 poèmes. Le dernier :
Ta voix
DANS LA MÊME JOURNÉE : 2 poèmes. Le dernier :
Il marche dans son absence
comme on marche sur l’eau
mais sans le miracle
manque aujourd’hui
à la cuisine, à la chambre
aux draps
qui traversent la nuit
en blanc
il bute contre son nom
mais sans son écho
à la mélancolie qui traverse ta voix
en creux
qu’elle enveloppait de nuit.
J’AVAIS UNE VIE : 3 poèmes. Le deuxième :
J’avais la vie
près de toi
dans mes livres
et les poèmes que j’écrivais
à côté de toi
POUR CONJURER LA MORT : 2 poèmes
LE ROSE DES RHODODENDRONS : 1 poème
contre son ombre
mais sans sa lumière

Documents pareils