La Vicomt - Carladès

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La Vicomt - Carladès
RÄcits d'un passionnÄ de l'histoire du CarladÅs
M Lacalmontie.
La VicomtÄ
Origines, territoire et organisation
La VicomtÄ du CarladÅs s'est dÄveloppÄe avec la forteresse de Carlat comme point d'appui,
jusqu'Ç atteindre une superficie remarquable, allant des monts du Cantal jusqu'Ç la TruyÅre et
au Lot. Vous pouvez en voir une reprÄsentation sur la carte ci-dessous.
Origine et destin
Au moment de l'installation des Carolingiens (8es), le CarladÅs est dÄjÇ organisÄ.
Puis nous arrivons au IXÉ siÅcle, Aurillac n'existe pas encore, et Carlat devient le chef-lieu de
l'un des cinq comtÄs d'Auvergne.
Mais le titre de vicomte ne fut attribuÄ que plus tard, et pour la premiÅre fois Ç Bernard qui
devint seigneur de Carlat en 918 (titre mentionnÄ seulement plusieurs annÄes aprÅs sa mort).
"Autonomination" ou "reconnaissance de services" ?
Il sanctionnait de toute faÑon un Ätat de fait, consÄcutif sans doute Ç l'autoritÄ dont Bernard fit
preuve dans la gestion de ses vastes domaines, et la faÑon dont il sut se rendre indÄpendant
des comtes d'Auvergne.
La position de Carlat et la puissance de sa forteresse lui firent jouer le rÖle de poste avancÄ du
Midi vers le Nord (par ex. en 839*). D'autant plus que dÅs l'origine, et pendant trÅs longtemps,
les seigneurs de Carlat furent en mÜme temps seigneurs de Rodez. Le titre de comte de Rodez
fut d'ailleurs pris pour la premiÅre fois par Richard, vicomte de Carlat, en 1112.
Le royaume d'Aragon possÄdait une partie du domaine de Carlat. En 1161, il le cÄda Ç Hugues
II, vicomte de Carlat et comte de Rodez, avec comme condition qu'il se reconnaisse son
vassal.
Quatre siÅcles plus tard, aprÅs avoir ÄtÄ confisquÄe au ConnÄtable de Bourbon en 1527, la
vicomtÄ fut rÄunie Ç la couronne au dÄcÅs de son dernier suzerain, la reine mÅre Louise de
Savoie, le 22 septembre 1531. C'est le roi lui-mÜme qui dÄsormais gouvernait directement le
CarladÅs.
En 1603, Henri IV fit procÄder au rasement de la citadelle de Carlat, pour qu'elle ne devienne
plus un refuge pour les bandits ou les seigneurs rebelles.
En 1643, suite au traitÄ de PÄronne de 1641, la vicomtÄ fut ÄrigÄe en comtÄ, et donnÄe au
Prince de Monaco HonorÄ II de Grimaldi.
En 1792, le CarladÅs fut rÄintÄgrÄ d'office dans le territoire national par la rÄvolution franÑaise
- bien que ce ne fut pas un bien seigneurial comme les autres domaines confisquÄs Ç la
noblesse, mais un territoire "Ätranger", qui avait ÄtÄ attribuÄ Ç un souverain en exÄcution d'un
traitÄ d'Ätat Ç Ätat.
Le territoire de la VicomtÄ
Au Nord, elle passe les monts du Cantal, jusqu'au Mandement de Dienne qui en fait partie.
A l'Est, la limite part du Plomb du Cantal, et suit le Brezons et la TruyÅre jusqu'Ç Entraygues.
Au Sud, les possessions s'Ätendent jusqu'au Lot et l'Abbaye de Maurs.
A l'Ouest, elle est bordÄe par la puissante Abbaye d'Aurillac, et s'Ätend jusqu'au Quercy et au
Limousin.
La VicomtÄ possÄdait aussi deux enclaves : la premiÅre Ätait en PlanÅze de Saint-Flour, sur les
domaines de ValuÄjols et Paulhac.
La seconde se trouvait non loin de Pleaux, et concernait les seigneuries de Saint-Christophe et
Scorraille, dont une partie avait ÄtÄ amenÄe en dot par Algayette (ou Alcaáte) de Scorailles
lors de son mariage avec Henri Ier, en 1212.
Mais les puissants voisins ne manquent pas de se mÄnager au fil du temps plusieurs domaines
vassaux sur le sol du CarladÅs. Ainsi s'Ächappent successivement de la VicomtÄ :
- La Seigneurie de Conros et de Viescamp (1230, vers l'Abbaye d'Aurillac)
- La Baronnie de Calvinet (1268, vers l'Abbaye d'Aurillac)
- Les Chàtellenies de Vigouroux et Turlande, plus le Mandement de BarrÅs
(Lacapelle-BarrÅs, Malbo et Narnhac), en 1285, vers la VicomtÄ de Murat).
- L'enclave de Paulhac est attribuÄe en 1351 par Renaud IV de Pons Ç BÄgon,
vicomte de Murat, contre la reconnaissance par celui-ci de la suzerainetÄ de Carlat sur
Murat.
Au contraire, la VicomtÄ de Murat, qui avait toujours ÄtÄ vassale, mais s'Ätait toujours
soustraite Ç sa juridiction malgrÄ les traitÄs ou les accords, est soumise dÄfinitivement - et
"manu militari" - par Bernard VII d'Armagnac, en 1415.
Les possessions directes
Les seigneuries vassales du CarladÅs Ätaient trÅs nombreuses, mais les possessions propres Ç
la VicomtÄ n'Ätaient qu'au nombre de 7, sept chàtellenies Ç la fortune trÅs diverse :
- Carlat
- Vic
- Muret (haute vallÄe de la CÅre, du Pas-de-CÅre jusqu'au Lioran)
- Boisset (la moins riche, bien que trÅs Ätendue)
- Caylus (Roussy)
- CromiÅres (Raulhac)
- Mur de Barrez (la plus importante et la plus riche)
Carlat - La rÄsidence officielle des vicomtes. C'est autour de Carlat que se constitua la
vicomtÄ.
Vic - Elle n'appartint en propre Ç la VicomtÄ qu'aprÅs sa confiscation Ç Regnaud de CÅre, dans
la premiÅre moitiÄ du XIVÉ siÅcle.
Muret - Elle englobait la paroisse de ThiÄzac, dont faisait alors partie Saint-Jacques des Blats.
Elle fut confisquÄe Ç Aymard de Tournemire en 1414.
Boisset - Elle comprenait aussi le domaine de Toursac. Ses nombreuses terres shisteuses et ses
chàtaigneraies avaient un faible rendement, et en firent la chàtellenie la plus pauvre. Elle fut
confisquÄe Ç son seigneur en 1397, Ç la suite d'une condamnation, par Bonne de Berry.
Caylus - Elle comprenait les paroisses de Roussy, Leucamp, Labrousse, TeissiÅre les BouliÅs,
etc... RÄgion trÅs boisÄe et accidentÄe - et donc trÅs giboyeuse, elle Ätait le rendez-vous de
chasse des Vicomtes de Carlat.
CromiÅres - Sur la paroisse de Raulhac et alentours, elle Ätait Ç cheval sur l'Auvergne et le
Rouergue. Elle fut confisquÄe (et son chàteau dÄmoli) Ç Pierre de la Guiole, jugÄ, condamnÄ Ç
mort et exÄcutÄ le 19 mars 1414.
Le Mur de BarrÅs - C'Ätait la plus importante et la plus riche. La ville du Mur se crÄa autour
de son chàteau dÄjÇ existant, au XIIÉ siÅcle - il y avait dÄjÇ une chapelle qui dÄpendait de la
paroisse de Peyrat. Toutes les possessions du Chapitre de Brioude dans le BarrÅs seront
achetÄes par Henri Ier en 1217.
L'organisation judiciaire
L'organisation de la justice en CarladÅs fut un travail de longue haleine, toujours Ç redÄfinir,
car elle dut naviguer au grÄ des jalousies et des luttes d'influence.
Elle s'Ätablit sur 5 prÄvÖtÄs, siÅges de justice ordinaire ( Vic ou Carlat, Murat, Boisset,
Calvinet et Le Mur de BarrÅs ), et sur un bailliage ( ou cour prÄsidial ou cour d'Appeaux ), qui
finit par se fixer dÄfinitivement Ç Vic. Ce bailliage relevait directement du Parlement de Paris.
Les prÄvÖtÄs avaient au moins, selon leur importance, un juge civil et criminel, un lieutenant
particulier, et un procureur du roi (ou substitut). Elles relevaient toutes, sauf celle de Calvinet,
du bailliage du CarladÅs.
Vic officiait sur les chàtellenies de Vic, Muret, Carlat et Caylus.
Murat couvrait les chàtellenies de Murat, Lesbros, Albepierre, Anglards (de St-Flour),
Chàteauneuf, Mallet, puis Turlande, Vigouroux et le BarrÅs.
Boisset englobait la seigneurie de Toursac.
Calvinet ne releva jamais de Vic, mais du Bailliage des Montagnes, puis de la SÄnÄchaussÄe
de Riom.
Mur de BarrÅs eut la particularitÄ de dÄpendre de deux bailliages diffÄrents : de celui du
CarladÅs pour les paroisses d'Auvergne (avec recours au Parlement de Paris), et de la
SÄnÄchaussÄe de Villefranche (ou de Rodez) pour les paroisses du Rouergue, avec le ressort
au Parlement de Toulouse.
Le siÅge d'Appeaux, rÄsultat de pressions et de dÄcisions seigneuriales, Ätait sujet Ç
dÄplacement. Il a fait la navette entre Vic et Carlat (en passant quelques fois par Aurillac, qui
aurait bien aimÄ diriger tout cela).
Charles IX le fixa dÄfinitivement Ç Vic en 1561.

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