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Finance Climat
Mesurer l’empreinte carbone de portefeuilles à
l’aune des 2° de réchauffement climatique
Carbone 4, en partenariat avec Mirova, Kepler-Chevreux et 2°investing initiative, a rendu public, le 12 mai,
les premiers éléments d’une nouvelle méthodologie de mesure de l’empreinte carbone. Elle vise à définir une
stratégie d’allocation d’actifs à appliquer sur un portefeuille pour l’aligner sur une trajectoire de deux degrés de
réchauffement climatique, à horizon 2050.
J
usque-là les méthodologies de calcul
d’empreinte carbone prennent en
compte les émissions financées par
les portefeuilles évalués. La nouveauté
apportée par le projet porté par Carbone 4
et ses partenaires, consiste à ajouter deux
facteurs : l’apport des financements verts
et celui des émissions évitées.
« Nous voulons reproduire le modèle du
bilan carbone, lancé en 2000 et devenu
un standard international, et l’associer à
la mesure des émissions évitées, initiée
avec l’AFD et utilisée par les banques de
développement », explique Alain Grandjean, associé de Carbone 4. Il y a encore
beaucoup de chemin à parcourir puisqu’il
faudra surmonter de nombreux obstacles.
Le premier est l’horizon d’investissement
des gestionnaires pour qui le long terme
est à deux ou trois ans. 2050 est à plus de
trente ans !
Viennent ensuite le faible poids du risque
carbone comparativement aux autres
risques financiers et l’imperfection des
données d’émissions fournies par les entreprises sur leurs émissions de gaz à effet de
serre, non seulement directes mais aussi
indirectes et induites.
« Nous voulons avoir une analyse des
entreprises qui repose sur leur cycle de
vie », explique Hervé Guez, directeur de la
recherche de Mirova. Il ajoute : « Elle doit
nous permettre de regarder les investissements d’aujourd’hui qui feront les emplois
de demain et les profits d’après-demain ».
La méthode d’évaluation proposée est
déclinée secteur par secteur et intègre le
mix produit, les évolutions programmées
et les émissions indirectes type scope3.
Pour les entreprises les plus carbo-intensives (industries lourdes, immobilier…), elle
prévoit trois cas de figure selon qu’elles
proposent (ou non) des solutions d’efficacité énergétique, qu’elles utilisent (ou
non) des solutions d’efficacité énergétique,
ou qu’elles soient productrices d’énergie
carbo-intensives (ou non). Le modèle de
calcul varie significativement selon ces trois
facteurs sachant qu’une entreprise peut
avoir un mix produit qui la relie à plusieurs
modèles.
Cette méthodologie permet ensuite de
définir un ratio d’impact carbone (Carbon
Impact Ratio, CIR) qui correspond au
ratio des émissions évitées divisées par
les émissions induites. Le résultat est
ensuite soumis aux entreprises évaluées
qui ont un droit de réponse sur le calcul
de leur ratio. Mirova qui est à l’origine du
projet espère, dans un premier temps,
évaluer ainsi 200 entreprises de son
univers d’investissement.
Une méthodologie plus détaillée sera
publiée en juin car certains éléments
doivent être peaufinés. Les partenaires
de ce projet veulent pouvoir proposer aux
investisseurs un outil de pilotage qui leur
permettra d’aligner leurs portefeuilles avec
un objectif de deux degrés. n
n Le gouvernement commande un
rapport sur les financements climat
innovants
Alain Grandjean, associé de Carbone 4 et
Pascal Canfin, conseiller spécial sur le climat
du WRI et auteur de « Climat : 30 questions
pour comprendre la conférence de Paris »,
co-président une commission chargée de
proposer des pistes de financement pour les 100
milliards de dollars annuels promis au Sommet
de Copenhague par les pays du Nord aux
pays du Sud afin de s’adapter au changement
climatique. Ils doivent rendre un rapport fin mai
au gouvernement proposant des mécanismes
innovants de financements publics et privés. Des
économistes, des financiers et des représentants
d’entreprises participent aux travaux. n
Un jour pour la finance dans la Climate week
L
e 22 mai à l’Unesco à Paris
près d’un millier de participants assistent au Climate
Finance Day. Ce rendez-vous,
organisé par la Caisse des dépôts
et la BEI en partenariat avec
Paris-Europlace, a un titre accrocheur : « Comment faire basculer
les milliers de milliards ? ». Il permet de faire
la synthèse sur les solutions financières
développées par les investisseurs et les
engagements pris pour financer la transition
énergétique et l’économie bas carbone.
Le Climate Finance Day est ouvert par
un duo de prestige, Christiana Figueres,
secrétaire éxécutive de la conférence des
Nations Unies sur le climat, et Gérard
Mestrallet, président d’Engie et de Paris
Europlace et se termine de même avec le
Ministre des Finances, Michel Sapin, et le
Directeur Général de la Caisse des dépôts,
4
Pierre-René Lemas. Entre leurs
inter ventions, sont abordés
les quatre grands thèmes de
réflexion qui agitent le secteur
financier, des banques aux
fonds de pensions en passant
par les assureurs et les sociétés
de gestion.
Le premier thème concerne l’alignement
des portefeuilles des investisseurs institutionnels sur un objectif de deux degrés
de réchauffement climatique. Les stratégies de ce type sont encore rares et le
témoignage de Mats Andersson, directeur
exécutif du fonds de pension suédois AP4
est précieux.
Le second thème concerne l’évaluation,
le financement et l’assurance du risque
climatique. Au sein de la sphère financière, les assureurs sont parmi les plus
mobilisés puisqu’ils peuvent d’ores et déjà
mesurer l’impact du coût des catastrophes
naturelles dont la fréquence et l’ampleur
augmentent. Le témoignage d’Henri de
Castries, PDG du groupe AXA, est synonyme d’engagement fort pour le groupe.
Les deux derniers thèmes concernent les
financements verts qui permettent de lutter
contre le changement climatique et les
nécessaires innovations de la réglementation financière pour faciliter la prise en
compte du climat dans les décisions d’investissement.
Au delà de la journée, les organisations
partenaires du Climate Finance Day , PRI,
UNEP FI et IIGCC, lancent une plate-forme
commune qui permet de recenser, en un
seul et même site, tous les engagements
climat de leurs signataires respectifs. Elles
publieront en fin d’année pour la COP 21
un rapport analysant la contribution de ces
engagements à la lutte contre le changement climatique. n
L’essentiel de l’ISR - N°44 Mai 2015