Le boîtier de la prévention

Transcription

Le boîtier de la prévention
entreprise électronique
Troubles musculosquelettiques
Le boîtier de la prévention
Implantée à proximité de Montpellier depuis
25 ans, la PME Solem Électronique s’est
appuyée sur son CHSCT pour la mise en place
d’une démarche de prévention des troubles
musculosquelettiques (TMS).
répétitifs sont à l’origine de
douleurs et de plaintes. C’est
pourquoi Philippe PuechCathala, agent de méthodes et secrétaire du CHSCT,
entame un travail d’obser­
vation. Référent de l’entreprise
D
es boîtiers de toutes sortes. Installée
à Clapiers (Hérault)
depuis 1984, l’entreprise Solem
Électronique en fabrique plus
de 300 000 chaque année. Ils
sont utilisés en irrigation, gestion du temps, aide à domicile
ou télé-assistance. Mais l’une
des plus grandes fiertés de la
société est sans doute d’avoir
su ouvrir le boîtier de la prévention, au bénéfice de ses
90 salariés.
Depuis 25 ans, Solem s’engage
à maintenir sur site l’ensemble de la chaîne de fabrication
de ses produits, de la conception à l’injection plastique, du
montage au stockage et à la
livraison, sans faire appel à la
sous-traitance. Devenu l’uni–
que fabricant de program­
mateurs pour le marché
européen du leader mondial
de l’irrigation, elle connaît des
mutations successives qui
nécessitent certaines adaptations. « À la création du CHSCT,
qui incarne la meilleure façon de
relayer un message de prévention fort dans l’entreprise, nous
avons voulu faire évoluer les
mentalités », explique Daniel
Brione, directeur général.
Dans les ateliers, les gestes
© Gaël Kerbaol pour l’INRS
À l’écoute des salariés
Dès le début de l’année 2009, les
conditions de travail se sont assainies
avec la mise en place de panneaux
antibruit au niveau du robot de pose
de composants électroniques.
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Travail & Sécurité ­­– Décembre 2009
en matière de troubles musculosquelettiques, il suit alors
une formation à la prévention
des risques liés à l’activité
physique. Au-delà des aménagements aux postes de travail, c’est toute l’organisation
qui est remise en cause. Dès
le début de l’année 2009, les
conditions de travail se sont
assainies avec la séparation
des ateliers robot et soudure
manuelle, ainsi que la mise en
place de panneaux antibruit
au niveau du robot de pose
de composants électroniques.
« Un bruit continu s’avère vite
gênant pour réaliser un travail
minutieux et répétitif et constitue un facteur d’accentuation
du risque de TMS », explique
Thierry Suau, contrôleur de
sécurité à la CRAM LanguedocRoussillon. Conséquence du
réaménagement, la climatisation devra être repensée pour
permettre une meilleure répartition de l’air. Un travail sur la
luminosité a également été
effectué. Des néons « lumière
jour », testés dans un premier
temps sur la moitié de l’atelier
de production, sont désormais
utilisés partout.
« L’entreprise s’est mise à l’écoute
des salariés, poursuit Thierry
Suau. Dans le milieu de la carte
électronique, on recense beaucoup de maladies professionnelles déclarées. Solem a fait le
nécessaire pour ne pas en arriver là. » La pénibilité de certains
postes de travail a été considérablement réduite grâce à de
nombreuses améliorations :
instal­lation d’aspirations à la
© Gaël Kerbaol pour l’INRS
source pour régler les problèmes des fers à souder, aménagement de postes à profondeur
variable, achat de pinces coupantes adaptées, mise en place
de potences, de bacs inclinés,
de tables de travail à hauteur
et de chaises ergonomiques...
Pas si simple pourtant : une
seule marque commercialise
des pinces ergonomiques, par
exemple. Or, la lame de ces
outils est très fragile et il est
nécessaire de les changer régulièrement. « Avec les premiers
fers à souder, j’avais des douleurs phénoménales à la main.
Aujourd’hui, ça va tout seul. Nos
pinces sont adaptées au risque
TMS et bien plus pratiques »,
affirme Mireille Diaz, opératrice de soudure. Dans l’atelier
voisin, Anita Homs réalise les
assemblages des boîtiers avec
une visseuse placée à portée
de main sur une potence. « On
utilise des outils à commande
manuelle ou des visseuses
poussées, dont le mécanisme
s’enclenche par simple pression,
explique-t-elle. C’est comme on
veut ! » Ainsi, les habitudes de
travail ne sont pas contrariées.
« Les sièges assis-debout nous
permettent de ne pas rester
debout sur un poste fixe toute
la journée », ajoute l’opératrice.
Pour limiter la répétitivité, l’en-
treprise a également pensé
à promouvoir la polyvalence.
« Changer les gens de place
n’était pas dans la nature du
chef d’atelier. Par ailleurs, beaucoup ont été formés à l’école
des ateliers d’électronique, avec
des façons de faire bien ancrées,
estime le directeur. L’évolution
des pratiques ne peut pas s’affranchir d’une analyse détaillée
du poste qui associe les personnels. » Ensuite, les aménagements réalisés limitent les
© Gaël Kerbaol pour l’INRS
L’acquisition de nouvelles pinces
ergonomiques a réduit la pénibilité
de certains postes de travail.
L’assemblage des boîtiers
a été facilité par la mise en place
de visseuses placées à portée
de main sur une potence.
Solem en quelques dates
À
sa création en 1984, en périphérie de Montpellier,
l’entreprise Solem s’est positionnée sur le marché
de l’irrigation en fabriquant des programmateurs innovants
et avant-gardistes. En 25 ans d’existence, son savoir-faire
technologique a pu être dupliqué sur d’autres marchés
porteurs tels que la gestion du temps, le contrôle d’accès
ou encore l’aide à domicile.
• 1985 : lancement de la première gamme
de programmateurs d’arrosage.
• 1997 : premiers lecteurs de carte sans contact.
• 1999 : premiers lecteurs de gestion de temps et création
de solem injection.
• 2002 : lancement d’un lecteur nomade de gestion
des interventions à domicile (dispositif breveté, unique
en france dans ce secteur d’activité).
• 2006 : lancement de la gamme téléassistance, destinée
au maintien des personnes âgées à domicile.
• 2009 : création d’une 2e génération de badgeuse
paramétrable pour la gestion du temps en entreprise.
contraintes. « Notre stratégie
est basée sur une présence et
une communication continues.
Pas besoin de multiplier les réunions quand la prévention est
amenée au quotidien de façon
sporadique », poursuit Philippe
Puech-Cathala. Les contraintes
existent, Solem y a réfléchi.
« Et si demain l’entreprise doit
s’ouvrir à de nouveaux marchés
et doubler la production, cette
expérience pourra être capitalisée », estime Daniel Brione,
convaincu que les efforts placés dans la prévention auront,
tôt ou tard, des retombées en
termes de développement.
Grégory Brasseur
Travail & Sécurité –
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