Le bonheur - spi et spi

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Le bonheur - spi et spi
Le bonheur
(A partir des interventions du Père Vincent Breynaert de la communauté du
Chemin Neuf et de Sœur Marie-Samuel, bénédictine)
Le bonheur, selon Saint Ignace de Loyola, est une composante de l’amour. Son
prisme est le suivant : « Amour = Bonheur + Souffrance ».
Un autre Jésuite a également écrit sur le bonheur.
En effet, dans une de ses œuvres sur le bonheur, Pierre Teilhard de Chardin,
jésuite et scientifique du XXème siècle, distingue au sein de l’humanité trois
grands groupes : les fatigués ou pessimistes, les bons vivants ou jouisseurs et
enfin ceux qui n’ont d’yeux que pour les sommets. A ces trois groupes, il relie
trois types de bonheur que sont : le bonheur de tranquillité, le bonheur de plaisir
et le bonheur de croissance.
Pour accéder au bonheur, Pierre Teilhard de Chardin, recommande trois temps :
- La phase de centration ;
- La phase de décentration ;
- La phase de surcentration.
En effet, il explique que tout d'abord, pour être soi et vivant, l'homme doit se
centrer sur lui-même, car « être », c'est d'abord se construire et se trouver
(phase de croissance – concentration).
Puis, l'homme doit se décentrer sur l'autre, c'est-à-dire se donner au lieu de
chercher à posséder absolument (phase de décentration). L'amour tient alors
d'une spiritualité réalisée en commun.
Enfin, l'homme doit se soumettre et remettre sa vie à plus grand que lui dans le
but de s'unir avec le courant total de la vie. C'est l'adoration (phase de
surcentration).
Pour Pierre Teilhard de Chardin, le vrai bonheur consiste en l'amour de
croissance.
Maurice Zundel, prêtre et théologien du XXème siècle, considère pour sa part
que pour accéder au bonheur, il faut être libre et « renaître » pour passer du
« moi-préfabriqué » au « moi-origine », en se donnant et en s’oubliant dans la
relation à l’autre.
Il aime à rappeler que « le grand malheur des pauvres, c’est que personne n’a
besoin de leur amitié ». Ils ne peuvent connaître la joie de donner quelque chose
d'eux-mêmes parce qu'on les réduit à des quémandeurs, à des assistés
économiques. On ne leur permet pas de se créer à partir d'eux-mêmes.
La spiritualité de Maurice Zundel s’apparente à celle de Saint Augustin.
L’abbé Huvelin, lorsqu’il reçoit le Bienheureux Charles de Foucauld qui souhaite
s’instruire sur la religion, lui demande de se mettre à genoux et de se confesser.
Il n'est pas venu pour cela, objecte l'ancien militaire. Mais c'est ainsi qu'il laissera
agir la grâce en lui, réplique fermement l'homme de Dieu. La communion suivra.
C'est ainsi qu’il déclara en 1901 «aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je
compris que je ne pouvais faire autrement que de ne plus vivre que pour lui.»
Pour finir, Jean-Paul II a lui aussi livré sa recette du bonheur aux jeunes lors des
JMJ de 1980 à Paris en la définissant comme la dépossession de soi au service
des autres.
Jean-Paul II, extrait du Message aux jeunes de France, Paris, 1980.
Vous valez ce que vaut votre cœur. Toute l'histoire de l'humanité est l'histoire du
besoin d'aimer et d'être aimé.
Cette fin de siècle (surtout dans les régions d'évolution sociale accélérée) rend
plus difficile l'épanouissement d'une saine affectivité. C'est sans doute pourquoi
beaucoup de jeunes et de moins jeunes recherchent l'ambiance de petits
groupes, afin d'échapper à l'anonymat et parfois à l'angoisse, afin de retrouver
leur vocation profonde aux relations interpersonnelles. A ne croire une certaine
publicité, notre époque serait même éprise de ce que l'on pourrait appeler un
doping du cœur.
Il importe en ce domaine, de voir clair. Quel que soit l'usage qu'en font les
humains, le cœur (symbole de l'amitié et de l'amour) a aussi ses normes, son
éthique. Faire place au cœur dans la construction harmonieuse de votre
personnalité n'a rien à voir avec la sensiblerie ni même la sentimentalité. Le
cœur, c'est l'ouverture de tout l'être à l'existence des autres, la capacité de les
deviner, de les comprendre.
Une telle sensibilité, vraie et profonde, rend vulnérable. C'est pourquoi certains
sont tentés de s'en défaire en se durcissant.
Aimer, c'est donc essentiellement se donner aux autres. Loin d'être une
inclination instinctive, l'amour est une décision consciente de la volonté d'aller
vers les autres. Pour pouvoir aimer en vérité, il faut se détacher de bien des
choses et surtout de soi, donner gratuitement, aimer jusqu'au bout. Cette
dépossession de soi (œuvre de longue haleine) est épuisante et exaltante. Elle
est source d'équilibre. Elle est le secret du bonheur.

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