residence alauda - Accueil - Pagesperso

Transcription

residence alauda - Accueil - Pagesperso
1 – Résidence Alauda
Jean-Luc Pecqueur
RESIDENCE ALAUDA
PIECE EN 3 ACTES
3F-2H
Vous venez de télécharger tout à fait légalement et gratuitement cette pièce qui a
été protégée contre toute utilisation frauduleuse,
et je vous en souhaite bonne lecture.
Toutefois, si vous décidiez de monter cette pièce,
sachez qu’elle est soumise à autorisation de son auteur (un simple mail suffit)
et à déclaration auprès de la SACD de votre région. Merci.
Il y aura toujours,
Dans la vie de chacun,
De délicieux instants,
Pourtant chassés,
Revenant sans cesse
se nicher en un coin
de mémoire !
2 juillet 2013
SYNOPSIS
On sait bien que dans les maisons de retraite il y a toujours quelques petits malins qui sont là pour mettre de
l’ambiance. Mais là, c’est quand même un peu hors normes. Cependant, la résidence Alauda semblerait bien
porter son nom puisque c’est un peu un miroir aux alouettes. Ces gens-là sont un peu bizarres tout de mêmes…
Cette pièce est soumise à autorisation de son auteur pour être montée
et doit être déclarée à la SACD de votre région !
Merci.
Vous pouvez faire directement en ligne votre déclaration à l'adresse suivante :
http://www.sacd.fr/Demande-d-autorisation-pour-les-exploitations-amateur.204.0.html
[email protected]
2 – Résidence Alauda
Jean-Luc Pecqueur auteur théâtre amateur - sociétaire adjoint SACD
Dernière mise à jour :
10 janvier 2017
http://pagesperso-orange.fr/gustave
[email protected]
Titre
Type Année Nbre F Nbre H
Durée
en mn
Descriptif
Arrêtez vos sottises élève Michu
Clothilde, la bonne du nouveau
curé
Bureau des Réclamations
pièce
2016
3
3
30
comique
pièce
2016
3
3
90
Comique délirant
pièce
2016
pièce
2016
Déroutante Sandra
Drôle de commissariat (Version
2015)
Mon dépanneur TV est bizarre !
pièce
2015
4
4
3
90
95
90
comique délirant
Gros Bug chez Taylle & Vizion
5
5
4
pièce
2015
5
5
90
Comique délirant (très
gros succès)
pièce
2015
pièce
2014
Résidence Alauda
pièce
2013
Un logiciel pour les Revenants
La Classe de réinsertion (2
versions)
La Classe de réinsertion (Rainville)
pièce
2013
3
3
2
5
90
90
90
90
comique délirant
Mélissa, Julie et le nouveau curé
3
3
3
3
pièce
2012
5
4 ou 5
90/95
Comique
pièce
2015
5
4
115
Comique
On s’occupe de vous ?
Sketches
2012
3 à 11
3à7
70
Suite de 6 sketches type
cabaret
Le trésor de l’autoroute
pièce
2011
5
5
90
Comique délirant
50 Balais
One man
2011
0
1
10
Pour un repas
d’anniversaire
Un bisou sur la bouche (Version 1)
One man
2010
0
1
90
One man ou woman
comique
Un bisou sur la bouche (version 2)
One man
2010
1
0
90
One man ou woman
comique
pièce
2010
7
4
90
Comique délirant (très
gros succès)
pièce
2015
3
3
110
Comique délirant (très
gros succès)
pièce
2011
7
4
120
Comique délirant (très
gros succès)
pièce
2010
8
4
90
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (CéransFoulletourte)
pièce
2015
8
3
105
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (Version
Crémieu)
pièce
2011
5
4
90
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (Version
Belfort)
L’Auberge du Caramel (Vers. Val
d'Ajol)
L’Auberge du Caramel (Version
Ploeuc)
L’Auberge du Caramel (Version
Ludesse)
Comique boulevard
comique
comique délirant
comique délirant
Comique délirant
3 – Résidence Alauda
L’Auberge du Caramel (Version
V'lottière)
L’Auberge du Caramel (Version
Origny)
L’Auberge du Caramel (Version
Inguiniel)
pièce
2010
5
6
90
Comique délirant (très
gros succès)
pièce
2012
6
4
110
Comique délirant (très
gros succès)
pièce
2013
8
4
125
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (Vers.
Lézardrieux)
pièce
2013
8
4
100
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (Version
Orvault)
pièce
2013
4
5
95
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (Version
Hourtin)
pièce
2013
4
5
115
Comique délirant (très
gros succès)
L’Auberge du Caramel (Version
Thorigné)
pièce
2013
6
4
120
Comique délirant (très
gros succès)
Caroline (Version 1 - 2006)
One man
2010
One man
2010
pièce
2010
sketche
2010
Le bébé du réveillon
pièce
2010
La petite infirmière
saynète
2009
La salle des fêtes
saynète
2009
L’assurance
saynète
2009
Le dentier
Le parking du supermarché
(Version 1)
Le parking du supermarché
(Version 2)
Vive le camping
saynète
2009
1 ou 0
1 ou 0
1
1 ou 0
3
1
2
2
2
15
15
90
10
90
15
15
15
15
Comique
Caroline (Version 2 - 2010)
1 ou 0
1 ou 0
3
1 ou 0
3
3
3
6
6
sketche
2009
3
0
10
Comique
sketche
2009
3
0
10
Comique
sketche
2009
pièce
2009
1 ou 0
0
10
50
Comique
Viens voir mon nouvel appart’
1 ou 0
2
On va la marier (Version 1)
pièce
2009
3
6
90
Comique (8 jours avant
mai 68)
On va la marier (Version 2)
pièce
2009
4
5
90
Comique (8 jours avant
mai 68)
Le commis voyageur
pièce
2009
pièce
2008
J’ai gagné le premier lot
pièce
2008
15 091 960 euros (+ possible 3 enf)
pièce
2008
Le DVD de Schtiwassengerschmut
pièce
2008
L’Ergoteuse
pièce
2008
La Pâtissière
sketche
2008
J’arrête de fumer
sketche
2007
On a retrouvé M. Toucan
pièce
2007
L’inconnue de 12 h 03
pièce
2007
One man
2007
30
60
15
70
90
15
5
5
15
15
15
Drôle de commissariat (Version 1)
pièce
2007
1
6
1
4
5
1
0
0
3
2
1
5
Comique
Panique au collège (collégiens)
1
9
3
7
2
2
1
1
6
1
0
4
(modulable
(modulable)
90
Comique délirant (très
gros succès)
Drôle de commissariat (Version 2)
pièce
2007
90
Comique délirant (très
gros succès)
A votre service madame
La boîte de cirage
Les yeux « bleu internet »
5
5
(modulable
(modulable)
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique/étrange
Comique
4 – Résidence Alauda
La lettre de l’amante
pièce
2007
Le fouineur
One man
2007
Je reviens de Gaminie
One man
2007
Un assureur rassurant
pièce
2006
sketche
2006
J’ai fait bac moins 4 (2 versions)
pièce
2005
J’ai fait bac moins 4 (2 versions)
pièce
2005
Tête à trac (ados)
pièce
2005
Ces messieurs d’orgueil (+ jeune)
sketche
2005
Les cornes du cheval Pontécoulant
sketche
2004
Je vais chercher Dupin
pièce
2004
Le Hâtre
pièce
2003
Le transcervellicaire (2 versions)
pièce
2002
Le canapé de Mlle Nelly
3
1 ou 0
1 ou 0
4
1
3
4
3
0
ado
5
6
5
2
1 ou 0
1 ou 0
5
1
5
4
2
1
2
6
5
5
40
15
15
90
15
90
90
60
10
10
90
90
105
Comique/sentimental
Société/journalisme
Société/dramatique
Comique
Société/sentimental
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique
Comique/société
Comique/délirant
5 – Résidence Alauda
LES PERSONNAGES :
Fredo - Bien étrange personnage si peu commun. Faut dire que si ça ne se voit pas, il a quand même
servi dans la légion étrangère.
Papy - Il a eu une drôle de carrière. Il était agent de recouvrement d’impayés et donc il a rencontré
beaucoup de monde. Très branché internet, il ne se gêne pas pour mettre des virus dans les
systèmes informatiques.
Kareen - L’infirmière aide-soignante. Elle vient juste d’être embauchée il y a deux mois.
Mercédès - En public, elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Mais en privé, dès que plus personne
ne l’espionne, elle raconte volontiers sa vie faite de tout pleins de beaux et longs voyages, et
de rencontres tout à fait inattendues puisqu’elle a déjeuné avec les plus hautes personnalités
de ce monde.
Hortense - Très renfermée sur elle-même, passe son temps avec un tricot qui n’avance jamais. Elle
pique volontiers de grosses crises de colère incompréhensibles allant jusqu’à lancer tout ce
qui lui tombe sous la main qu’elle pique à droite ou à gauche. Etonnant pour une ancienne
bonne de curé. Hortense est récente dans cette maison de retraite.
6 – Résidence Alauda
PREMIER ACTE
Il est 14 heures et nous sommes dans la salle de télé qui sert aussi de salle de lecture, de jeux, etc. A
l’ouverture du rideau, seule Hortense est là, assise sur un fauteuil et semble tricoter quelque chose, mais
on ne sait pas bien quoi, car c’est très difforme…
.
Hortense (Râlant très fort) – Comment veux-tu que j’y arrive. Ils ne sont même pas capables de me
donner deux aiguilles de la même grosseur. Pfffff !
Kareen (Qui entre parce qu’elle a entendu râler) – Qu’est-ce qui vous arrive encore madame Hortense ?
Hortense (Qui s’énerve) – Regardez-moi ça ce boulot… C’est n’importe quoi !
Kareen – Ha ! Alors c’est pas grave. Je croyais que vous aviez encore un petit souci de santé… Je vais
revenir plus tard…
Hortense (Alors que Kareen part en lui tournant le dos et attrapant une cuillère qu’elle jette sur la
porte à peine celle-ci est refermée puis, tirant la langue très longtemps tout en beuglant
fort) – Bahhhhhhhhhhhhhhhhh !
Kareen (Rouvrant brutalement la porte parce qu’elle a entendu un bruit) – Vous vouliez me dire autre
chose Hortense ?
Hortense (Mielleuse devant Kareen et faisant de larges sourires) – Mais non mais non ma petite
Kareen. Tout va bien ! ! !
Kareen (Repartant visiblement rassurée) – Alors si tout va bien. Je ne suis pas loin, je reviens dans
quelques instants…
Hortense (Refaisant la même chose avec un magazine qu’elle jette sur la porte) –
Bahhhhhhhhhhhhhhhh ! Toutes pareilles dans cette résidence ! (Puis après quelques
instants) Bourriques !
Hortense se lève de son siège et, laissant son tricot sur le fauteuil, elle se dirige vers la fenêtre…
Hortense (Regardant par la fenêtre et désignant méchamment) – Tiens ! Voilà l’autre andouille qui va
débarquer… Hé ben la journée commence fort !
Hortense retourne calmement et sans mot à son fauteuil puis se remet à son tricot avec grand
désespoir.
Hortense (Montrant au public son début de tricotage et semblant dépitée) – C’est pas gagné ! Hein !
A cet instant, surgit tout gai et plaisantant Fredo.
Fredo (Très moqueur en direction de Hortense et désignant du doigt) – Si c’est des chaussettes
montantes pour le XV de France, ils sont pas prêts de gagner le grand Chelem avec vous…
Hortense (Prête à lancer son tricot sur Fredo) – Occupez-vous de vos affaires espèce de sale gamin !
Fredo – Oh mais vous êtes en forme vous ! Ça fait longtemps que vous ne m’aviez pas fait un aussi joli
compliment !
Hortense (Menaçante) – Passez votre chemin sinon je vous balance…
Fredo (Coupant net et très provoquant) – Y’a plus rien sur votre table la vioc ! Va falloir vous lever si
vous voulez me casser la figure !
Hortense (Contre toute attente se lève, s’approche et menace avec son tricot) – Parce que vous croyez
qu’un simple petit gringalet pourrait m’arrêter…
Fredo (Sur la défensive) – Quand je disais que vous étiez en forme… J’aurais dû préciser : en forme de
quoi ? Grand mystère !
7 – Résidence Alauda
Hortense (Dédaigneuse) – Et ça prétend avoir fait la légion étrangère ! (Menaçante) Allez : casse-toi
Minus !
Fredo (Esquivant) – Madame est trop gentille ce matin… Y’avait pas assez de sucre dans votre café
matinal ?
Hortense (Explosant de colère) – Tu parles, ils en sont arrivés à compter le nombre de sucres qu’on
prend au petit déjeuner ici. C’est pas une honte ça ?
Fredo (Acquiesçant) – Ben si, c’est une honte. Et pour une fois, je suis d’accord avec vous.
Hortense (Très commandeuse) – Rendez-vous utile ! Ramenez-moi ce que j’ai lancé sur la porte tout à
l’heure !
Fredo (Qui visiblement a l’habitude des excentricités d’Hortense) – Ha ! Deux choses seulement. C’est
pas beaucoup pour une fois ! Méfiez-vous de ne pas perdre la main !
Hortense (Sévère) – Vous occupez pas de ça et donnez…
Fredo (S’exécutant) – Alors un magazine et une cuillère à soupe. Le magazine, vous auriez pu choisir
autre chose que ça quand même…
Hortense (Dépitée) – Ben quoi, Notre Temps, c’est bien… Vous auriez sans doute préféré que je vous
balance « Play Boy » peut-être ?
Fredo (Tout émoustillé soudain et sautillant) – Oh oui oui oui oui oui !
Hortense (Ecœurée) – Vieux cochon !
Fredo (Très provoquant) – Vous êtes peut-être pire que moi si ça se trouve !
Hortense (Qui la joue choquée puis se met à hurler après Kareen) – Oh ! Kareen, Kareen, vite, venez !
Au secours !
Arrivant précipitamment !
Kareen (Visiblement affolée et surprise de ces hurlements) – Que se passe-t-il madame Hortense ?
Hortense (Soudain calme et posée comme un enfant) – Il m’embête !
Kareen (Déconcertée) – Qui vous embête ?
Hortense (Pointant très sèchement du doigt Fredo) – Lui !
Kareen (Irritée mais bienveillante) – Ah ! Hortense ! Cessez donc ces petites gamineries. Ce n’est plus
de votre âge quand même !
Fredo (Qui sursaute de satisfaction) – Bien fait !
Hortense (Chagrinée) – C’est tout de même pas de ma faute si ce gougeât me cherche des noises !
Kareen (Qui repart comme elle est venue, tout en faisant semblant de râler) – Bon ! Ne me dérangez
plus pour ces futilités, compris Hortense ?
Hortense (A peine la porte fermée, reprend dans sa main la cuillère que Fredo vient juste de lui
apporter et la lance contre la porte) – Tiens, sale bique. Ça t’apprendra à me faire la
morale… (Tirant la langue) Bahhhhhhhhhh !
Fredo (Très moqueur en regardant la grimace que vient de faire Hortense) – C’est vrai que vous êtes
beaucoup plus jolie lorsque vous faites la grimace… (Hilare) Vous semblez si naturelle ainsi…
Hortense (Vexée et attrapant le magazine pour le lancer sur Fredo mais en visant très mal) – Espèce
de malotrus. Tiens, c’est pour vous…
Fredo (Esquivant à peine) – Va falloir retourner à vos cours de lancer de magazine. Vous louchez quand
vous visez !
Hortense (Grognant) – Pffffff ! Foutaises !
Fredo (Faisant la morale) – Si vous êtes pas gentille, je demande à ce qu’on vous envoie à la maison de
retraite des « Petits Loups »
8 – Résidence Alauda
Hortense (Ne se laissant pas impressionner) – C’est quoi cette connerie ?
Fredo (Déconcerté) – Ben vous écoutez pas les informations ?
Hortense – Qu’est-ce que vous allez encore me raconter comme sornettes vous ?
Fredo – Mais tout le monde ne parle plus que de ça depuis hier ! C’est insensé d’être ignare à ce point !
Entrée à nouveau de Kareen qui tient dans ses mains une bouteille d’eau et un verre avec un petit
cachet.
Kareen (Tendant le verre et le cachet fermement à Hortense qui, à ce moment tourne le dos au public
pour que celui-ci ne voit pas que Hortense fait semblant de prendre le cachet et de boire) –
Allez Hortense, il faut prendre votre cachet, c’est l’heure…
Hortense (Qui de dos semble prendre le cachet et boire une gorgée d’eau et énervée) – Encore ! Je l’ai
déjà pris hier !
Fredo (Très moqueur) – Ah ben dites donc, vous allez vous noyer alors !
Kareen (Angoissée) – Je vous en prie Fredo, c’est assez compliqué comme ça !
Fredo (A Kareen) – Vous en pensez quoi vous, Kareen, de cette histoire de la maison de retraite des
« Petits Loups » dont on entend parler à la télé ?
Kareen (Qui visiblement n’a pas du tout envie de répondre à la question) – Oh là, moi vous savez…
(S’impatientant) Allez Hortense, vous l’avez pris votre cachet… Bon j’y vais…
Kareen repart, de façon ostentatoire et de manière à ce que l’on comprenne bien qu’elle n’a pas envie
qu’on la questionne plus encore.
Fredo (Perplexe et comprenant bien que Kareen esquive) – Eh bien, pas très loquace la gamine. Elle n’a
vraiment pas envie qu’on l’interroge sur cette histoire, c’est évident et c’est louche…
Hortense (Dans un grand bruit de rejet et de crachat, toujours de dos au public, doit faire comme si
elle recrachait purement et simplement l’eau et le cachet) – Prfough ! C’est dégueulasse son
truc…
Fredo (Se retournant brutalement) – Mais qu’est-ce que vous faites…
Hortense (Qui refait face au public et maugréant à Fredo) – Ben ça se voit pas, je recrache sa saleté de
médicament tiens… Vous êtes sourd ou con ? Ou les deux peut-être !
Fredo (Consterné) – Mais vous êtes dégoûtante vous !
Hortense (Ahurie) – Ah faites pas l’innocent, je fais la même chose tous les jours à heure fixe, vous
devriez le savoir !
Fredo (Horrifié) – Ben non !
Hortense (Regard dubitatif) – Franchement, est-ce que j’ai une tête à avaler leurs saloperies ? Hein !
Boire de l’eau, moi, avec ma santé de fer… mais ça me ferait rouiller.
Fredo – Je sais pas moi, ça ne fait pas très longtemps que vous êtes ici, alors on ne vous connaît pas
bien…
Hortense (Très sèche) – Vous en savez déjà trop !
Fredo (Stupéfait) – C’est pas l’amabilité qui vous étouffe vous !
Hortense (Très autoritaire) – Allez me rechercher mon magazine et ma cuillère…
Fredo (Très sec à son tour) – Non mais, je ne suis pas votre boy ! Et c’est la deuxième fois.
Hortense (Avec beaucoup de mièvrerie) – S’il vous plaît…
Fredo (Se ravisant) – Hummm !
Hortense (Encore plus mielleuse) – Vous seriez un amour !
Fredo (Qui se laisse avoir) – Dit comme ça. C’est quand même mieux !
9 – Résidence Alauda
Hortense (Soudain nerveuse et très autoritaire) – Vite !
Fredo (Cool et faisant les gestes) – On se calme !
Hortense (A nouveau très mielleuse) – Faites pas votre chochotte !
Fredo (Qui revient donner les deux objets ramassés) – Voilà. (Prévenant) Mais c’est la dernière fois…
Hortense (Dédaigneuse) – Ne vous plaignez pas, je ne vous demande même pas de ramasser le cachet
que j’ai recraché !
Fredo (Outré) – Ne manquerez plus que ça !
Hortense (Rassurante) – Non. Voyez-vous, c’est bio dégradable !
Fredo (Décontenancé) – Oui enfin ça c’est vous qui le dites…
Hortense (Inquiète) – C’est quoi votre histoire de maison de retraite des « Filous » ?
Fredo – Non ! Pas des « Filous ». Des « Petits Loups » !
Hortense (Soudain redevenue autoritaire) – On s’en fout ! Alors ?
Fredo – C’est une maison de retraite qui aurait capté les héritages de plusieurs résidents…
Hortense (Qui semble ignorante) – Je sais ce que c’est que de capter la radio. Capter des héritages,
c’est quoi ?
Fredo – Ben c’est pareil. Il faut avoir de bonnes ondes et se mettre bien avec un résident puis s’arranger
pour lui piquer tout son pognon…
Hortense (Perplexe) – Ha !
Fredo (Ferme) – Oui.
Hortense (Curieuse) – Et comment vous savez ça, vous ?
Fredo (Moqueur) – Je regarde les informations à la télé ! Moi.
Soudain, entrée puis sortie quasi immédiate de Kareen qui cherche quelque chose.
Kareen (Semblant paniquée) – Vous n’auriez pas vu mon téléphone ? (Changeant de sujet) Ca y est
Hortense, le cachet est pris ?
Hortense (Très mielleuse) – Bien sûr que oui ma bonne Kareen !
Fredo (Scandalisée) – Hé ben vous manquez pas d’air vous !
Kareen – C’est parfait. Si vous apercevez mon téléphone…
Kareen repart.
Fredo (Qui ne se rend pas compte de sa bévue) – Oui, c’est ça, on vous téléphonera pour vous dire
qu’on l’a retrouvé !
Hortense – Ben non, vous ne pourrez pas l’appeler sur son téléphone !
Fredo (Toujours perdu) – Pas avec le sien ! Avec le nôtre !
Hortense – C’est pareil ! Vous êtes idiot !
Fredo – Pourquoi ?
Hortense (Désespérée) – Si elle a perdu son téléphone, comment voulez-vous qu’elle décroche ?
Fredo (Qui percute enfin) – Ah oui ! Vous avez raison. C’est pas con !
Hortense – Quand vous savez pas, vous venez me voir, je vous dirai comment il faut faire pour ne pas
dire de grosses conneries !
Fredo (Restant bouche bée) – Ah !
Hortense (Moqueuse) – Quittez donc votre air niais !
Fredo (Piqué au vif) – Ben dites donc. Ca suffit quand même !
10 – Résidence Alauda
Hortense – Alors c’est quoi votre histoire de maison de retraite des « Filous » ?
Fredo – Je viens de vous le dire, pas des « Filous », mais des « Petits Loups »… Vous êtes dure de la
feuille vous !
Hortense (Amplifiant la réflexion précédente) – Hein ?
Fredo – C’est dans cette maison de retraite, que plusieurs personnes âgées ont disparu…
Hortense (Très moqueuse) – D’un coup de baguette magique après qu’on ait captaté (Attention à bien
dire captaté) les héritages !
Fredo (Fâché) – Ah mais si ce que je vous raconte ne vous intéresse pas, dites-le moi hein !
Hortense (A nouveau mielleuse) – Je blague. Soyez cool mon pauvre homme !
A cet instant, entrée subite et en grands fracas de Mercédès qui visiblement semble complètement
perdue.
Mercédès (Rigolant bêtement) – Ah vous êtes là les amoureux ?
Hortense (Vexée) – C’est à qui vous parlez Mercédès ?
Fredo – Laissez Hortense, vous voyez bien que Mercédès est encore à côté de ses pompes !
Mercédès – Ben oui mon ami Cloclo, j’aime bien changer des fois mes pompes. Autrefois, nous
appelions ça des chaussures lorsque j’’étais jeune, voyez-vous !
Hortense (Dépitée) – Pauvre Mercédès !
Fredo – Heureusement, elle n’est pas toujours comme ça. Parfois elle sait être si drôle. C’est étonnant
comme cette atteinte cérébrale peut la prendre subitement…
Hortense (Coupant la parole) – Ca s’appelle Alzheimer chez les petits vieux !
Fredo (Peu rassurée) – Y’a aussi des jeunes, de plus en plus…
Mercédès – Je vous remercie pour ce succulent gâteau. Je vais repartir chez moi… Allez, coucou les
amis…
Mercédès repart, de manière tout à fait opposée en attitude par rapport à son entrée. Sa sortie est
calme, reposée, sereine.
Fredo (Ayant pitié) – Pauvres de nous !
Hortense (Ferme) – Je vous remercie, vous parlez pour vous !
Fredo (Très fâché et s’énervant) – Oui hé bien des fois, ça ne vous ferait pas de mal de perdre la
mémoire vous…
Hortense (Outrée) – Comment ça, quel toupet…
Fredo (Se gaussant) – J’imagine Hortense qui ne saurait plus où se trouve sa cuillère ou son magazine
pour le lancer méchamment sur quelqu’un !
Hortense (Enervée) – Et vous vous croyez drôle !
Fredo (Sec) – Oui !
Hortense (Qui a visiblement envie qu’on change de sujet et qu’on arrête de se moquer d’elle) – Bon !
C’est quoi vos disparitions là ?
Fredo (Perdu) – De quoi vous me parlez là ?
Hortense (Qui se fâche) – Arrêtez de me la jouer comme ça ou je vous en balance une !
Fredo (Etonné) – Une quoi ?
Hortense – Une cuillère bien sûr ! Que voulez-vous d’autre !
Fredo (Moqueur) – De toute façon vous n’avez pas le bras assez long pour me foutre une baffe. Vous
êtes bien trop petite…. Hihihihihihi !
11 – Résidence Alauda
Hortense (qui se lève si vite et agit si soudainement que Fredo n’a même pas le temps de réagir. Lui
mettant une tape sur le dessus de la tête, mais pas très fort du tout.) – Et tac, celle-là, vous
ne l’avez pas vue venir hein ! hahahahahaha !
Fredo (Tout dépité et surpris) – Ha ben la vache !
Hortense (Fière d’elle) – Quand j’étais jeune, on me disait que je tapais plus vite que mon ombre !
(Levant les bras) Une vraie Lucky Luke !
Fredo (Toujours pas remis) – Celle-là, vous allez me la repayer, et très vite…
Hortense – Cause toujours mon bonhomme. Pendant que tu causes, moi j’agis…
Fredo (Vexé) – Blablablablablablabla !
Hortense – Bon, dans tout ça, on ne connaît toujours pas ton histoire de petits vieux qui disparaissent
chez les « Petits Bisous »… Après avoir été captatés (captatés) bien sûr !
Fredo (Qui s’énerve) – Mais c’est dingue d’être têtue comme ça : pas les « Petits Bisous », mais les
« Petits Filous »…
Hortense (Surprise) – Je comprends plus rien, tout à l’heure vous m’avez dit que c’était pas les « Petits
Filous » !
Fredo (Perdu) – Ha merde, voilà que je me mets à perdre la mémoire aussi… Pas les Petits Filous, ni
Bisous, ni nounours, ni Toutous, ni Couscous ! Non, les « Petits Loups » Na !
Hortense (Larguée) – Bon, ben faudrait savoir à la fin !
Fredo (Toujours énervé) – C’est votre baffe sur la tête qui m’a détraqué le cerveau aussi !
Hortense (Pleine de fausse charité) – Voulez-vous que je vous en remette une autre pour rétablir le bon
sens dans vos petites cellules nerveuses ?
Fredo (Reculant) – Non ce ne sera pas nécessaire. Je vous remercie.
A ce moment entre Kareen munie d’un bloc papier et d’un stylo.
Kareen (Ferme) – Allez Hortense, je vais vous demander de bien vouloir aller voir la secrétaire
administrative. Elle a quelques questions à vous poser pour finir de remplir votre dossier
pour votre prise en charge…
Hortense (Pas pressée) – Tout de suite ?
Kareen – Oui, ce serait bien car elle doit partir assez tôt pour des raisons personnelles. Merci de lui
rendre ce petit service.
Hortense (Dépitée) – Pfff ! Les jeunes de maintenant, ça veut plus rien foutre et c’est tout le temps en
train de prendre des RTT… bandes de fainéants…
Kareen (Irritée) – C’est pas très gentil pour la secrétaire. Enfin, au cas où vous ne le sauriez pas,
Monique, la secrétaire a 56 ans et de plus, c’est la femme du directeur de la « Résidence
Alauda » qui vous accueille !
Fredo (Mettant de l’huile sur le feu) – Elle s’en fout complètement de votre Monique la madame
Hortense. Si vous saviez….
Hortense (Prétentieuse) – A 56 ans, moi j’en faisais 2. Alors si elle ne les fait pas, c’est que c’est déjà
une petite viocque !
Kareen (Faisant semblant de s’énerver) – Oh, partez avant que je vous fracasse mon cahier sur la tête…
Fredo (Menaçant) – C’est de la maltraitance ça… Je vais moucharder…
Hortense (Qui se lève et commence à partir) – Occupez-vous de vos oignons vous…
Fredo (Ravi) – Ca y est, Vlà que je l’ai vexée !
Hortense (Qui quitte la pièce et parle dans un dernier retour) – Y’a des cuillères qui se perdent !
Kareen (A Fredo) – Elle est en forme Hortense aujourd’hui non ?
12 – Résidence Alauda
Fredo – Peut-être un tout petit peu plus. Finalement pas tant que ça. C’est vrai qu’on ne la connaît pas
beaucoup.
Kareen – Elle est trop récente dans la résidence n’est-ce pas ?
Fredo (Acquiesçant) – Oui. Savez-vous d’où elle vient.
Kareen (Visiblement ennuyée pour répondre) – Oui. Mais ce n’est pas à moi de vous le dire. Discrétion
professionnelle oblige.
Fredo (Compréhensif) – Ah oui.
Kareen – Tiens pendant que je suis là, avez-vous pensé à prendre votre tension aujourd’hui ?
Fredo (Etonné) – Ben oui, comme tous les matins.
Kareen (Rassurée) – Et alors, ça baisse un peu ?
Fredo (Sûr de lui) – Ah oui, drôlement !
Kareen (Contente) – Bon, tant mieux. Combien aujourd’hui ?
Fredo – 44 / 22 !
Kareen (Ahurie) – Combien ? ! ! !
Fredo – Je crois que j’ai lu 44 / 22 mais j’avais pas mes lunettes… Alors je suis pas sûr !
Kareen (A demi rassurée) – Non, c’est certain que c’est pas ça. Vous m’avez fait peur.
Fredo (Dépité) – Ah !
Kareen – Quand même, vous m’inquiétez vous. Venez donc avec moi, on va refaire une prise de
pression artérielle au cabinet médical…
Fredo (Qui semble tout joyeux à l’idée d’aller se faire prendre la tension par Kareen) – Ah oui oui oui
oui oui…
Au moment où Kareen et Fredo s’apprêtent à partir, la porte s’ouvre devant eux et apparaît Papy.
Kareen (Qui croise Papy) – Attention à vous Papy, nous sortons…
Papy (Surpris) – Je vous gêne ?
Kareen – Non, pas du tout, mais je dois passer.
Fredo (Qui suit) – Moi aussi.
Papy (Vexé) – C’est bien ce que je dis, je gêne…
Fredo – Mais non Papy, vous avez la salle de télé pour vous tout seul maintenant !
Papy (Souriant) – Ah, alors je vais pouvoir enfin regarder mon programme préféré tout seul ?
Fredo (Qui finit de quitter la pièce tout en refermant la porte) – Oui !
Papy (Désespéré) – Ben oui, mais c’est pas l’heure de mon programme préféré alors je peux pas ! Pffff
Papy s’installe dans l’un des fauteuils et, prenant une revue, se décide à faire des mots croisés.
Papy (Lent) – Alors voyons, en quatre lettres, « s’encombre parfois de nuages » ! Ouais, fastoche, c’est
« Univers »… (Cherchant visiblement et puis après un petit moment d’hésitation) Ben, ça
rentre pas ! Bon ben tant pis, je vais pas mettre le « e » le « r » et le « s ». Ca fait « univ ».
(Puis perdu) Même pas drôle !
A cet instant, discrètement, retour de Mercédès.
Mercédès (Visiblement beaucoup plus guillerette que tout à l’heure et n’ayant plus du tout ses
problèmes de mémoire) – Tiens Papy ! Encore dans vos mots croisés…
Papy (Très joyeux) – Oui, et puis là, j’ai pris une grille très facile… « Pour les nuls » que c’est marqué
sur la couverture… Ah ! Ca a l’air d’aller très bien vous, depuis tout à l’heure !
13 – Résidence Alauda
Mercédès (Intéressée) – Hein ! Montrez-moi ça !
Papy (Qui tend à Mercédès son petit livret en prenant bien soin de ne pas dévoiler la page qu’il est en
train de remplir) – Vous voyez, c’est marqué là !
Mercédès – Ah oui, effectivement, c’est bien marqué « Pour les nuls ». Ainsi, vous allez pouvoir vous
lancer sans devoir demander à tout le monde à tout bout de champ ! (Puis rouvrant le petit
livret à la page que Papy remplit) Ca veut dire quoi « Univ » ?
Papy – Non, non, laissez tomber, c’est juste un essai que j’ai fait comme ça pour voir…
Mercédès (Se baladant dans la pièce et énonçant à haute voix) – Voyons voir la définition : s’encombre
parfois de nuages… Mais c’est pas « Univ » qu’il faut mettre…
Papy (Faussement étonné) – Ah, vous croyez ?
Mercédès (Dépitée) – En quatre lettres, voyons Papy, c’est : « ciel »….
Papy (Rassuré) – Ah, ce comprends maintenant pourquoi ça ne rentrait pas dans les cases…
Mercédès (Qui décide de faire jouer Papy pour l’aider) – Allez, je vous en donne un autre très facile :
en 6 lettres, On y habite sous un toit…
Papy (Qui compte avec ses doigts) – « Couvreur » ?
Mercédès (Ebahie) – Comment ça « Couvreur ». mais ça fait pas 6 lettres mais 8 et puis ça ne veut rien
dire !
Papy (Sûr de lui) – Mais si Mercédès, je connais une histoire qui dit : « J’ai vu le couvreur, il m’a parlé
de toit ! », alors j’ai pensé à couvreur !
Mercédès (Désolée) – Mais non, en 6 lettres, c’est « Maison »
Papy (Déconneur) – Ah ouais, comme dans le film de « E.T. » (Imitant E.T.) Maiaiaiaiaisoooooon !
Mercédès (Sérieuse) – Ne faites pas l’enfant !
Papy – Vous êtes quand même très douée Mercédès ! Heureusement que vous avez un peu d’Alzheimer
parce que sinon, qu’est-ce que ce serait : vous seriez championne du monde des mots croisés
pour les nuls vous !
Mercédès (Un peu vexée mais bizarrement pas trop et joueuse) – Vous verrez, quand ce sera votre
tour.
Papy (Sans détour) – Je suis pas pressé, quand on voit dans quel état vous êtes parfois !
Mercédès (Très sereine) – Je suis dans un monde bien particulier et si vous saviez, vous ne diriez pas
ça !
Papy (Perplexe) – Si je savais quoi ?
Mercédès (Drôle) – Ah ah ! Mystère et boule de gomme !
A ce moment précis, on entend très clairement comme deux coups de feu qui viennent de l’extérieur.
Papy (Effrayé) – Ah ! Ça recommence. Le directeur a encore essayé de nettoyer son vieux fusil…
Mercédès (Surprise) – Et c’est tout l’effet que ça vous fait ?
Papy (Rassurant) – On a l’habitude. Il nettoie son vieux fusil une fois par mois et à chaque fois il
confond la gâchette avec le système de sécurité…
Mercédès (Peu rassurée) – Mais comment se fait-il que le fusil soit chargé ?
Papy – Alors ça ? Il dit que pour faire vrai un fusil doit rester chargé…
Mercédès (Effrayée à son tour) – Mais c’est très dangereux !
Papy – Oui ! La dernière fois, il a abattu sans le faire exprès le chat des voisins de la maison de retraite…
Mercédès – Mais il pourrait tuer quelqu’un…
14 – Résidence Alauda
Papy – Il y a cinq ans, il a failli avoir la peau de la vieille grognasse de la chambre 118… La balle est
passée au beau milieu de son chapeau à plume !
Mercédès (Quand même très paniquée et dans l’affolement) – Mais ne restez pas bêtement comme ça,
venez avec moi, on va aller au secours des blessés…
Papy (Calme) – Mais qui vous dit qu’il a blessé quelqu’un ?
A cet instant, très paniquée et au même moment où Mercédès allait ouvrir la porte pour sortir, entre
dans la précipitation Kareen qui semble toute affolée…
Kareen – Vite vite, que quelqu’un appelle la gendarmerie, ah mon dieu, c’est pas beau à voir…
Puis Kareen repart sans même qu’on ait eu le temps de lui poser des questions.
Mercédès (à Papy) – Allez, bougez-vous le derrière, vous voyez bien qu’il s’est passé quelque chose de
grave…
Papy (Qui ne s’énerve pas du tout et prend son temps) – Cool ! Je veux voir d’abord !
Mercédès (Enervée) – Ah, c’est bien un bonhomme ça tiens ! Trouillard va !
Papy (Qui arrive près de Mercédès alors qu’ils vont quitter la scène) – Arrêtez de vous exciter comme
une petite puce… Cool ma poule !
La scène reste vide quelques petits instants.
C’est Kareen qui revient et semble toute étonnée de ne voir personne.
Kareen – Mais ils sont où ? Y’a plus personne ? Oh hé ! (Cherchant visiblement où peuvent se trouver
ses pensionnaires, regardant par la fenêtre, la porte, etc.) Ils se sont envolés. (Dépitée) Zut,
ils vont pas être contents que je les aie fait courir pour rien…
Hortense (Qui entre) – Ah vous êtes là vous !
Kareen – Quel accueil chaleureux ! Vous avez pu voir avec Monique ?
Hortense (Sèche) – Elle était pas là quand je suis arrivée…
Kareen (Surprise) – Ah, c’est étonnant, elle vous attendait !
Hortense – Y’avait un mot punaisé sur la porte où c’était marqué, je reviens dans 2 minutes…
Kareen (Qui cherche à comprendre) – Et vous n’avait pas attendu ?
Hortense (Sèche) – Non !
Kareen – Mais elle va vous attendre !
Hortense (Sûre d’elle) – Je crois pas non !
Kareen (Déroutée) – Pourquoi vous dites ça ! Je crains le pire !
Hortense – Vous avez raison !
Kareen (Qui s’attend au pire) – Qu’est-ce que vous avez fait comme connerie ?
Hortense – Sur son petit mot où c’était marqué « je reviens dans 2 minutes », moi, en dessous, j’ai
ajouté « Moi non plus » et j’ai signé FREDO !
Kareen (Stupéfaite) – Mais vous êtes infecte vous quand vous vous y mettez !
Hortense – Et c’est quoi tout ce tintamarre qu’on a entendu là. Des coups de feu, des gens qui courent
partout, des hurlements… On aurait dit qu’il y avait eu un meurtre…
Kareen (Subitement très subtile et presque rieuse) – Ah ça, pour être morts, ils sont bien morts. On
peut même dire qu’ils se seront bien éclatés avant de mourir !
Hortense (Sévère) – Hé, c’est pas marqué madame Irma sur mon front !
Kareen – Non, c’est vrai, mais comme vous aimez bien jouer, moi aussi, je vous pose des énigmes…
Hortense – Pffffffffffff ! C’est malin !
15 – Résidence Alauda
Kareen (Blagueuse) – Ah ! y’a de l’idée dans le Pfffffff !
Hortense (Pas commode) – Cessez vos gamineries. Y’a longtemps que vous êtes là mademoiselle ?
Kareen – Je suis là depuis deux mois seulement…
Hortense (Cassante) – Eh bien, ils n’ont pas fini de souffrir les pauvres pensionnaires.
Kareen (Vexée) – C’est pas très cool comme réflexion ça…
Hortense – Ah puis vous m’agacez à la fin, c’est comme l’autre là, qui n’arrive pas à aller jusqu’au bout
de son histoire de maison de retraite des « Bisounours »….
Kareen (dont on doit deviner qu’elle se sent soudainement ennuyée à l’évocation de ce sujet) – Bon,
c’est pas tout ça, mais il va falloir que je m’occupe des cadavres moi. Je vous laisse…
Kareen part sans autre forme d’explication.
Hortense (Qui se saisit du magazine de Papy et le lance violemment contre la porte par laquelle est
sortie Kareen) – Sale peste ! M’en fous, je vais te cacher ton portable, ça t’apprendra !
Quelques brefs instants plus tard, retour de Papy, qui semble se marrer tout seul.
Papy (Qui regarde Hortense tout en se marrant) – Alors là, je dois dire qu’ils sont gonflés !
Hortense (Qui s’énerve, pensant qu’on se moque d’elle) – Quoi, qu’est-ce que vous avez à me reluquer
comme ça ! Je ne suis pas une poupée !
Papy – Oh là, mais faut pas vous exciter comme ça ma bonne dame, (Explicatif) c’est mauvais pour le
cœur !
Hortense (Encore plus hargneuse) – Vous aussi vous m’agacez. Tiens je préfère partir !
Hortense quitte la salle.
Papy – Hé ben, elle est pas commode mémère aujourd’hui. Elle a encore dû avaler son cacheton de
traviole !
Entrée de Mercédès.
Mercédès – C’est vous qui avez mis madame Hortense de cette humeur ?
Papy (Railleur) – Elle n’a pas besoin de moi pour être de sale poil la mémé !
Mercédès – Heureusement qu’elle n’avait rien dans les mains, parce que je sens qu’elle m’aurait bien
trucidée sur place !
Papy – Comme d’habitude !
Mercédès (Désappointée) – On nous a quand même bien faire courir pour rien !
Papy (Sûr de lui) – Qu’est-ce que je vous avais dit qu’il ne fallait pas paniquer !
Mercédès – C’est quand même incroyable cette histoire non !
Papy (Déconcerté) – Surtout que ça tombe sur une voiture de flics, c’est encore plus improbable !
Mercédès (Inquiète) – Vous croyez que c’est possible que ce soit Hortense qui ait jeté des clous sur la
route ?
Papy (Pensif) – Je n’y avais pas pensé. Mais maintenant que vous me le dites, j’ai un doute !
Mercédès – C’est vrai, avec sa manie de tout le temps vouloir jeter quelque chose sur les gens, ça
finirait bien par arriver pour de bon !
Papy (Doutant) – Elle était où quand c’est arrivé ?
Mercédès – Ben je sais pas, mais en tout cas, quand on l’a croisée, elle était dans le couloir côté fenêtre
qui donne justement sur la route…
Papy (Etonné) – Et Fredo, lui, il était où ?
Mercédès –Je l’ai vu qui sortait du cabinet infirmier de Kareen…
16 – Résidence Alauda
Papy (Suspectant) – Vous croyez que c’est louche !
Mercédès – Louche, je sais pas, mais bizarre, certainement !
Papy (Perplexe) – Tout de même, faut oser hein !
Mercédès – Ah oui, faire explose deux pneus d’une voiture de gendarmerie qui passe, faut avoir du
cran !
Papy (Consterné) – Ou de l’inconscience…
Mercédès (Sûre d’elle) – Vous savez, les flics sont des gens bien ordinaires, comme nous finalement…
Papy (Amer) – Je suis pas certain qu’ils paient leurs PV eux !
Mercédès – (Approuvant) Ca c’est un grand mystère dont ils ne parlent jamais…
Papy (Moqueur) – Ils peuvent pas se foutre des PV puisqu’ils roulent à cent cinquante et c’est le radar
dans le coffre qui a du mal à les suivre. Un radar pris en excès de vitesses à 150, ça moove
grave quoi !
Mercédès (Déroutée) – Vous seriez drôle parfois !
Papy (Qui sort un superbe portable dernière génération de sa poche alors qu’il se balade dans la pièce
comme s’il voulait mieux capter) – Ah, j’ai un mail !
Mercédès – Un quoi ?
Papy – Un courriel quoi ? Vous savez pas ce que c’est ?
Mercédès (Vexée) – Merci, je ne suis pas idiote, je sais encore ce que c’est qu’un courrier. Mais je ne
vois pas le rapport entre votre courrier et votre téléphone portable ?
Papy – Ben sans portable, pas de mail tiens !
Mercédès (Perdue) – Faudrait savoir si c’est un courrier ou un « maille » (Prononcer maille comme
une maille de tricot).
Papy (Explicatif) – Un mail, c’est un courrier électronique…
Mercédès – Ah ouais, prenez-moi pour une imbécile… Et il est où le timbre, hein ?
Papy (Eberlué) – Laissez tomber, ce sera trop compliqué…
Mercédès – Et c’est qui qui vous envoie une carte postale ?
Papy – D’abord c’est pas une carte postale, c’est un message important !
Mercédès – Foutaise !
Papy – Ah, vous aimeriez bien avoir des messages importants vous hein !
Mercédès – Mon pauvre monsieur, si vous saviez. Lorsque j’ai déjeuné en 1998 avec Bill et qu’il m’a
raconté la pauvre vie de sa mère après la mort de son père voyageur de commerce, il y avait
dans la salle…
Papy (Coupant net la parole) – Bill ? Vous ne voulez quand même pas dire Bill Gates ?
Mercédès (Très précise) – Non l’autre, William Jefferson Clinton…
Papy (Scotché) – Non ! Vous vous foutez de ma gueule là ?
Mercédès (Soudain très fière d’elle) – Hé non mon pauvre ami, j’ai vraiment déjeuné avec Bill…
A cet instant, ouvrant brutalement la porte, reparaît Fredo
Fredo (Presque criant) – Attendez-vous à vous marrer…
Mercédès (Stoppant net) – Ca vous gêne pas qu’on cause ?
Papy – Qu’est-ce que t’as encore fait comme connerie toi ?
17 – Résidence Alauda
Fredo (Se gaussant) – Je vous ai imité Papy et j’ai foutu un virus dans les ordis de la maison de
retraite…
Mercédès (Enervée) – Mais c’est incroyable de se faire couper la parole comme ça !
Papy (Ahuri) – Tu sais quoi Fredo ?
Fredo – Non !
Papy (Désignant du doigt) – Tu as devant toi une femme qui a déjeuné avec Bill Clinton !
Fredo (Perdu) – C’est qui ça ?
Mercédès (Sèche et concise) – Le quarante-deuxième président des Etats-Unis d’Amérique !
Fredo (Moqueur) – Eh bien moi, j’ai petit-déjeuné avec Kareen y’a quinze jours.
Papy – Ah ! Toi aussi…
Fredo (Faisant le geste des doigts) – Ouais, même que ça m’a coûté très cher en croissants…
Papy (Renchérissant) – Ouais ben moi aussi parce qu’elle ne veut que des vrais croissants au beurre de
chez le boulanger la gamine !
Mercédès (Essayant de se remettre dans la conversation) – Ca vous gêne pas si…
Papy et Fredo (Ensemble et de vive voix) – Si !
Mercédès (Visiblement très vexée qu’on ne l’écoute pas plus que ça) – Ah les voyous. Ca ne pense qu’à
leur sale petite personne.
Fredo – Quoi ?
Mercédès (Très vexée) – Puisque c’est ça, je me tire…
Mercédès s’en va, visiblement ulcérée par l’attitude des deux autres qui de toute façon s’en fichent
complètement.
Fredo (Etonné) – Qu’est-ce qu’elle a encore à ronchonner comme ça mémère ?
Papy – Oh, tu sais, les petites vieilles de maintenant, faut plus rien leur dire !
Fredo (Perplexe) – Elle te racontait quoi ?
Papy (Etonné) – Tu savais toi que Bill Clinton s’appelait William Jefferson ?
Fredo (Sec) – On s’en fout !
Papy – Elle prétend qu’elle a déjeuné avec lui en 1998 et qu’il lui avait raconté que son père était un
voyageur de commerce qui est mort…
Fredo (Coupant) – Ben tiens ! Pourquoi pas… C’est encore son Alzheimer qui l’a reprise plutôt…
Papy (Soudain inquiet) – Et si c’était vrai ?
Fredo (Prévenant) – Mon pauvre, tu ne vas tout de même pas croire toutes ses allégations !
Papy – Elle est quand même étrange cette Mercédès, tu ne trouves pas ?
Fredo (Angoissé) – J’espère que cette personne n’a rien à voir avec cette histoire de résidence des
« Petits Loups » ?
Papy (Surpris) – Pourquoi tu dis ça ?
Fredo – Parce qu’on ne sait pas d’où elle vient Mercédès ni ce qu’elle faisait avant ?
Papy (Qui tient toujours son portable dans la main et a oublié de lire son message) – Ah mais au fait,
c’est vrai, j’avais un mail à lire… Alors voyons !
Fredo (Etonné) – Tu es accroc à ces conneries-là toi ?
Papy – Ben oui, faut bien vivre avec son époque) quand même !
Fredo – Et dans ton monde, ils en parlent pas de la maison des « Petits Loups » ?
18 – Résidence Alauda
Papy – Bon le mail, c’était une pub. Comme d’hab… Attends, je vais surfer et je vais chercher sur
internet…
Fredo (Perdu) – Ben t’as pas ton ordinateur avec toi là ?
Papy (Désignant son portable) – Et ça, c’en n’est pas un d’ordinateur ?
Fredo (Curieux) – Ben non, c’est un portable !
Papy – Un portable qui capte internet avec le wifi de la résidence…
Fredo – Tu captes internet avec ça. Donc c’est nous qui payons pour tes conneries… Stop alors !
Papy – Tu veux que je te la retrouve ou pas ta maison des Petits broubrous ?
Fredo – Pas « Broubrou » mais Petits Loups !
Papy (Tapotant visiblement sur son portable) – Alors il me dit quoi ?
Fredo (Etonné) – Ah ! Parce qu’en plus ça cause ?
Papy – Mais non, mais j’attends la réponse… Alors voyons !
Fredo (Moqueur) – Ben dis donc c’est long ?
Papy – Ben si tu trouves que ça va pas assez vite, t’as qu’à retourner sur ton minitel, tu verras si c’est
plus rapide ?
Fredo (S’excitant) – Alors ?
Papy (Qui semble tomber des nues en lisant un lien) – Ah la vache, c’est incroyable ça !
Fredo – Quoi ?
Papy (Qui tend le portable à Fredo) – Tu lis ce que je lis, c’est inouï ce truc, tu te rends compte de la
gravité de la chose ?
Fredo (Qui se penche sur le portable, fais semblant de lire puis relève la tête) – Je comprends rien…
J’arrive pas à lire, j’ai pas mes lunettes !
RIDEAU
19 – Résidence Alauda
ACTE II
Il est 20 heures 30 et nous sommes toujours dans la salle de télé qui sert aussi de salle de lecture, de
jeux, etc. A l’ouverture du rideau, c’est Mercédès qui est là, assise sur un fauteuil et qui
continue à tricoter quelque chose, mais on ne sait toujours pas bien quoi, car c’est très
difforme… Cependant, le tricot s’est allongé et enrichi d’une couleur très vive et criarde et
surtout totalement inappropriée. Particularité, on distingue assez nettement qu’une cuillère
est « plantée » dans la porte côté scène. Mais personne ne va en parler pendant un long
moment
Mercédès (Qui rouspète) – Presque 20 h 30 ! C’est toujours pareil, ils vont tous débarquer dans cinq
minutes pour voir la météo. Et moi, va encore falloir que je me pousse… (Puis regardant avec
beaucoup de circonspection son tricot) C’est quand même pas facile de faire un gilet avec
ça…
Papy (Qui entre brutalement et voit Mercédès en train de faire du tricot) – Ah ben ça alors, tout le
monde se met à tricoter ici !
Mercédès (Qui brandit le tricot tout en se moquant) – Non mais franchement, est-ce que j’ai une
tronche à faire du tricot ?
Papy (Réaliste) – Ben jusqu’à preuve du contraire : Oui !
Mercédès (Condescendante) – Pauvre débile !
Papy (Vexé) – Merci pour ce joli compliment !
Mercédès (Sèche) – C’est rien, ça vient du cœur !
Papy (Affecté) – C’est toujours ça de pris !
Mercédès (Dépité) – Fallait pas de traiter de tricoteuse !
Papy (Désignant le tricot) – Parce que vous faites quoi en ce moment ?
Mercédès (Moqueuse) – Je mets de la gaieté au tricot de Hortense !
Papy (Impressionné) – Vous avez traficoté les chaussettes que Hortense est en train de faire pour le XV
de France ?
Mercédès (Surprise) – Ah, vous croyez que c’est des chaussettes ça !
Papy – Oui !
Mercédès (Sûre d’elle) – Ca ressemble plus à la serpillière qu’ils ont dans la pièce « Le père Noël est
une ordure » avec Jean Gabin et Louis de Funès !
Papy (Se tapant le front) – Mais c’est pas Gabin qui joue là-dedans, c’est machin-chose là, comment
vous l’appelez, celui qui jouait dans les Choristes ?
Mercédès – Dujardin ?
Papy (Enervé) – Mais non ! Ah faudrait que vous sortiez un peu vous !
Mercédès (Très sèche) – Vous m’emmerdez avec vos conneries !
Papy – Voilà, ça c’est dit ! Et de quelle manière…
Mercédès (Ferme) – C’est vrai, on s’en fout de savoir si c’est Gabin, Coluche ou Kersozy qui gigote
comme un malade dans votre film de théâtre…
Papy – Oh là là là là, ça commence à s’embrouiller grave dans votre petite tête vous…
Mercédès (Qui lance littéralement le tricot qu’elle faisait sur Papy) – Ah et puis tiens, ça vous
apprendra.
20 – Résidence Alauda
Papy (Etonné) – Vous n’allez quand même pas imiter Hortense…
Mercédès (Limite méchante) – Pourquoi ? J’ai pas le droit…
Papy (Désappointé) – Mais ça devient contagieux… Le tricot, le lancer de tricots… Ouh là !
Mercédès (Sèche) – Vous plaignez pas. Je ne lance pas de couteaux moi !
Papy (Peu rassuré) – C’est vrai que parfois, il faut être le roi de l’esquive avec Hortense, car ça vole très
bas…
Mercédès (Déroutée) – Ben oui. L’autre jour, elle a carrément lancé le fauteuil de monsieur André sur
le directeur !
Papy (Surpris) – Le fauteuil de monsieur André !
Mercédès – Ben oui !
Papy (Etonné) – Mais monsieur André, il était dedans ?
Mercédès – Ben non, forcément. Elle aurait pas eu la force de le lancer avec monsieur André assis
dedans…
Papy (Affolé) – Ah vous me rassurez. Je crois que monsieur André doit peser dans les 95 kg !
Mercédès – Déjà, le fauteuil c’est pas mal !
Papy – Ben oui quand même. Mais le directeur n’a rien dit ?
Mercédès (Moqueuse) – Vous pensez bien qu’elle a fait comme d’habitude : elle a attendu que le
directeur ait franchi la porte pour lancer le fauteuil !
Papy (Ahuri) – Mais quand même, un fauteuil d’handicapé, ça pèse lourd !
Mercédès (Sûre d’elle) – Oui, surtout que son fauteuil à monsieur André, c’est un tout neuf avec des
batteries et tout le toutim !
Papy (Perplexe) – Mais il était où monsieur André pendant ce temps-là s’il n’était pas dans son
fauteuil ?
Mercédès (Ferme) – Ben Hortense l’a viré de son fauteuil avant de le lancer sur la porte !
Papy – Monsieur André ?
Mercédès (Enervée) – Mais non, je viens de vous le dire : le fauteuil !
Papy – Tout de même, ça laisse perplexe.
A cet instant, entre Kareen qui tient dans les mains un restant de fil électrique visiblement dénudé et
comme brûlé…
Kareen (Visiblement remontée) – Où étiez-vous tout à l’heure Papy ?
Papy (Qui se sent menacé) – C’est pas la peine de me menacer avec votre fouet, je ne parlerai qu’en
présence de mon avocat !
Kareen (Se faisant encore plus pressante et menaçante) – On vous a vu traîner du côté de la salle des
plannings…
Mercédès (Sèche et moqueuse) – Vous êtes dans la merde !
Papy (Etonné) – Qui m’a vu ?
Kareen – Angélique, la petite infirmière du 2e étage !
Papy (Enervé) – Qu’est-ce que les infirmières du 2e étage viennent faire dans notre étage à nous ?
Kareen (Montrant très visiblement le câble brûlé) – Vous avez encore fait des conneries avec les
ordinateurs Papy !
Papy (Faussement) – Mais je sais même pas à quoi ça ressemble votre truc !
Mercédès (Sèche) – Sacré sale menteur, vous avez un portable de dernière génération !
21 – Résidence Alauda
Papy – De quoi je me mêle. Allez tricoter vous !
Kareen (Impatiente) – Alors, j’attends !
Papy – Cours toujours !
Kareen (Très claire) – C’est la deuxième fois qu’on nous fait des incidents dans cette salle ! Ca suffit
maintenant !
Papy (Ennuyé) – Si ça se trouve, c’est votre Angélique qui fout le bordel !
Kareen (Ferme) – Arrêtez Papy, ça devient pas drôle. A cause de vous, la semaine dernière, Nadège, la
femme de ménage a fait 8 heures supplémentaires parce qu’on ne savait plus son emploi du
temps.
Mercédès (Moqueuse) – Pour ce que c’est propre ici, ça ne se voit même pas !
Kareen (Déçue) – C’est pas gentil ce que vous dites Mercédès !
Mercédès – Ouais, bof !
Papy – De toutes façons Mercédès risque pas de voir comment est le ménage, elle a pas ses lunettes !
Mercédès (Vexée) – J’ai certainement une plus grande notion du ménage que vous mon petit !
Kareen – Arrêtez tous les deux, vous n’allez pas recommencer à vous battre.
Mercédès (Très nerveuse) – Il m’énerve…
Papy (Très moqueur) – Chochotte va !
Kareen (Changeant de sujet) – A propos de battre quelqu’un, avez-vous pensé à vous inscrire pour le
concours de scrabble de jeudi prochain ?
Mercédès (Se levant et sautillant de joie) – Moi je me suis inscrite, et je vais gagner…
Papy (Imitant Mercédès) – Moi aussi je vais gagner tiens…
Kareen (Ravie) – Vous vous êtes inscrit aussi Papy ?
Papy (Désabusé) - Non !
Kareen (Amère) – Pour gagner, faut d’abord s’inscrire voyons !
Papy (Perdu) – Ah !
Mercédès (Moqueuse) – Ben oui, c’est comme au loto, 100 pour 100 des gagnants ont joué !
Papy – Ah !
Kareen – Mercédès a raison !
Mercédès (Regardant Papy qui s’apprête à prononcer un troisième « Ah » consécutif) – Si vous nous
refaites encore un « Ah ! » pour la troisième fois, je vous envoie une mouche dans la bouche.
Compris !
Papy (Fermant bien sa bouche et maugréant) – Hummmmmm !
A cet instant, surgissant sans crier gare, entre Hortense, visiblement très en colère. Elle ne fait
qu’entrer et sortir immédiatement après. Elle va directement chercher son « tricot » qui est
resté par terre après que Mercédès l’ait lancé sur Papy.
Hortense (Qui entre furieuse en s’adressant à Kareen et récupère son bien avant de repartir) – Je
m’en doutais que vous alliez me le piquer. C’est à moi. Touchez pas. Espèce de sauvage…
Kareen (Incrédule) – C’est ce qui s’appelle faire une entrée tonitruante…
Papy (Concis) – Et aussi une sortie tonique ruante !
Mercédès (Moqueuse) – Ben elle n’a qu’à pas laisser ses affaires traîner la petite vioc là !
Kareen – Petite vioc, petite vioc… Comme vous y allez Mercédès !
22 – Résidence Alauda
Papy (A Mercédès) – Y’en a qui feraient bien de se regarder dans une glace !
Kareen – Ah Papy, arrêtez. C’est pas raisonnable d’agresser Mercédès comme ça…
Papy (Sec) – Si je veux d’abord !
Kareen – Mais au fait, vous faisiez quoi vous Papy avant d’être à la retraite ?
Mercédès (Interceptant la conversation et coupant les mots à Papy) – Fainéant, tiens pardi ! Il sait
rien faire d’autre !
Papy (Fier soudain) – Pfff ! Non, j’étais agent de recouvrements de dettes pour des sociétés de crédit !
Mercédès (Déconcertée) – Ca m’étonne pas, il a bien la gueule de l’emploi !
Kareen (Calmant le jeu) – Mercédès, soyez polie, sinon je vais me fâcher !
Mercédès (Défiante) – Vous oseriez même pas !
Kareen (Soudainement très ferme) – Vous pariez ?
Mercédès (Se radoucissant soudainement) – Non.
Kareen (A Papy) – Ca consistait en quoi ?
Papy – Ben c’est simple, j’arrivais en faisant beaucoup de bruit chez les gens qui avaient des dettes pour
récupérer l’argent…
Kareen (Etonnée) – Pourquoi en faisant beaucoup de bruit ?
Papy – C’était une astuce. Plus je parlais fort, plus les voisins écoutaient et ainsi ceux qui devaient de
l’argent avaient honte… Et bien sûr ils me suppliaient de baisser d’un ton !
Kareen (Surprise) – Ah oui !
Mercédès (Etonnée) – Et même ceux qui avaient raison, vous leur faisiez pareil !
Papy (Très pro) – J’en avais rien à cirer moi que ce soit vrai ou pas, j’étais payé à la commission !
Kareen – Et c’est un métier qui rapportait bien ?
Papy (Réaliste) – Rares sont ceux qui ont fait fortune parce qu’on était exploités par les sociétés de
crédit qui trouvait toujours quelque chose à redire !
Mercédès – Et vous, vous arriviez à vous faire un salaire décent ?
Papy – J’ai été un des très rares à gagner énormément d’argent et les sociétés de crédit se battaient pour
m’avoir comme intervenant…
Mercédès (Soudain moqueuse) – Ca m’étonne pas, avec la grande goule que vous avez, vous deviez
faire peur !
Kareen – Pourquoi vous et pas les autres…
Papy (Très fier de lui) – Parce que moi j’y allais à la gonflette et que je ne me gênais pas pour faire savoir
que j’arrivais…
Kareen (Très curieuse) – Vous faisiez quoi par exemple ?
Papy (Sûr de lui) – Mon meilleur truc, c’est que je laissais bien en évidence sur les boîtes aux lettres un
courrier écrit avec de l’encre rouge adressé aux mauvais payeurs…
Kareen – Vous ne le mettiez pas dans la boîte aux lettres des gens ?
Papy (Rigolant) – Non au contraire, je faisais exprès de laisser le courrier bien en évidence pour que
tous les locataires de l’immeuble sache que j’étais passé…
Mercédès (Curieuse) – Et c’était marqué quoi en rouge sur l’enveloppe ?
Papy – C’était marqué en gros et en rouge « Avis de passage du récupérateur de dettes ». Prochain
passage sous huit jours…
Mercédès (Accablée) – Oh la honte pour ceux qui avaient le courrier…
23 – Résidence Alauda
Kareen (Attristée) – Mais c’est carrément du harcèlement, c’est interdit…
Papy – Oui, je le savais, mais personne ne portait jamais plainte, ils avaient trop peur que je fasse un
scandale dans l’immeuble…
Mercédès (Curieuse et perplexe) – Mais les gens n’essayaient pas de vous téléphoner pour vous
empêcher de revenir ?
Papy – Si, mais je laissais exprès un faux numéro, alors ils appelaient appelaient appelaient mais
n’arrivaient jamais à m’avoir.
Kareen (Etonnée) – Dans quel but un faux numéro ?
Papy (Fier de sa méthode) – Ils s’épuisaient à essayer de téléphoner pour m’engueuler, mais c’est bien
connu, au bout de quelques jours, vous en avez marre de téléphoner et vous vous calmez…
Psychologiquement, j’arrivais en vainqueur !
A cet instant, revenant toujours sans crier gare et brutalement… apparaît Hortense, tenant son tricot
bien en mains et menaçante.
Hortense (Hurlant alors qu’elle montre haut son tricot) – Il est où ?
Kareen (Cool) – Du calme madame Hortense ! De qui parlez-vous ?
Hortense (Qui parle toujours sur un ton fort et sec) – L’abruti de Fredo qui m’a trafiqué mon tricot en
mettant des couleurs en plein milieu…
Mercédès (Qui éclate discrètement de rire) – Fredo n’est pas là…
Papy (Qui s’apprête à moucharder) – Etes-vous bien sûr que ce soit…
Mercédès (A Papy et sèche) – si vous la fermez pas vous, je vais vous montrer ce que je suis capable de
faire…
Hortense (Qui va repartir car elle a déjà attrapé la clanche de la porte) – Je vais lui faire la peau à cet
idiot. Ca va être autre chose que de nous menacer avec sa maison des « Petits cailloux » !
Kareen (Qui semble soudain mal à l’aise) – Bien ! puisque Hortense a décidé de nous laisser
tranquilles, nous allons pouvoir continuer notre charmante conversation !
Papy (Curieux) - Vous en pensez quoi vous Kareen de cette histoire de maison de retraite des « Petits
Loups » dont nous a parlé Fredo ?
Kareen (Evasive) – Bien, ne rentrons pas dans ces sujets stériles. Papy, racontez-nous une histoire qui
vous a marqué dans votre métier…
Mercédès (Joueuse) – Ah oui, un truc qui sort de l’ordinaire !
Papy – Ben comme ça, je sais pas, j’ai rien qui me vient à l’esprit.
Mercédès (Prête à se lancer) – Ah moi, je me souviens parfaitement de cette rencontre que j’avais eue
avec…
Papy (Qui ne laisse pas Mercédès finir sa phrase) – Vous n’allez quand même pas nous dire que vous
avez aussi déjeuné avec, avec, je ne sais qui encore de très célèbre !
Kareen (Etonnée) – Que voulez-vous dire ?
Papy – Madame prétend avoir déjeuné avec Monsieur Bill Clinton en personne…
Kareen (Qui semble soudain s’intéresser à la conversation) – Et comment elle est en vrai Monika ?
Mercédès (Stupéfaite) – Voyons Kareen, vous saviez qui était Monika ?
Kareen (Curieuse) – Ben oui, c’est pour ça que je vous pose la question pardi !
Mercédès (Ferme) – Non, Monika n’était pas là. En revanche, Hilary l’était !
Papy – Ah oui, quand même !
Kareen (Déçue) – Ah c’est ça la personne avec laquelle vous avez déjeuné !
24 – Résidence Alauda
Mercédès (Fière) – Oui… Entre autres !
Papy (Moqueur) – Parce que vous avez aussi pris un café avec qui encore ?
Mercédès – Oh, tellement de monde. Récemment, j’étais aussi à table avec le Président Giscard
d’Estaing.
Papy – L’ancien président ! Plus tellement jeune, mais encore de la tête.
Mercédès (Sûre d’elle) – Il a pris un coup de vieux, mais son esprit est toujours aussi alerte.
Kareen (Perdue) – C’est qui ça ?
Mercédès – Valéry Giscard d’Estaing a été le plus jeune président de la république française ! Elu à
l’âge de 48 ans.
Papy (Etonné) – Ah, c’est pas Kersozy le plus jeune ?
Mercédès – Le plus remuant oui, mais pas le plus jeune !
Kareen (Larguée) – C’est très vieux tout ça. Moi je n’étais même pas encore née…
Papy – En quelle année êtes-vous donc née Kareen !
Mercédès (Surprise) – Curieux, ça ne se fait pas de demander son âge aux dames !
Kareen – Mais non ! C’est pas grave, on s’en fout maintenant. Moi je suis née en 1989.
A ce moment, la porte s’ouvre et on a juste le temps d’apercevoir Fredo qui lance quelque chose dans la
pièce puis disparaît immédiatement sans quasiment parler.
Fredo (Enervé) – Et vlan, ça lui apprendra…
Alors que Fredo a déjà disparu, tous les trois se retournent et Kareen se déplace pour aller chercher la
fameuse chaussette tricot que tenait tout à l’heure Hortense…
Kareen (Montrant très visiblement l’objet bien en hauteur) – Ah, ça c’est un retour en fanfare…
Papy (Qui prend l’objet pour le promener un peu) – Alors ça c’est pas de la chaussette de nul. Celui qui
la portera doit au moins faire du 52 fillette !
Mercédès (Moqueuse) – Ca pourrait tout aussi bien faire un filtre pour faire le café comme dans le
temps de nos propres grands-mères !
A cet instant, surgissant brutalement et se dirigeant droit sur Papy, apparaît Hortense qui ne perd pas
de temps et balance une claque à Papy (pour faire du bruit dans faire mal, il suffit de gifler
dans le cou au lieu de la joue du côté opposé au spectateur. Ainsi celui-ci ne se rendra pas
compte que ce n’est pas la joue qui a été frappée et cela fera autant de bruit)
Hortense (Giflant Papy) – Je m’en doutais que c’était vous qui semiez la panique dans cette institution.
Vous ne l’avez pas volée celle-là
Mercédès (Moqueuse) – Et vlan dans les mirettes…
Kareen (Ebahie) – Ah ben ça alors Hortense !
Papy (Surprise) – Oh ben merde alors !
Hortense (Menaçante et qui repart tout aussi brutalement qu’elle est apparue) – Et essayez donc de
recommencer pour voir…
Kareen (Consolante) – Ca va Papy, vous n’avez pas trop mal…
Papy (Se faisant visiblement plaindre) – Aie aie aie, si, ça ne va pas du tout.
Mercédès (Perplexe) – C’est pas fini vos gamineries là !
Papy (Geignant comme un gamin encore plus fort et allant se plaindre carrément dans les bras de
Kareen) – A bobo moi, veux pas mourir si jeune, bouuuuuuuuhhhhhhhh !
Kareen (Bien que surprise et ne sachant pas vraiment quoi faire, entoure Papy de ses bras comme un
petit enfant) – Mais c’est rien Papy… Faut pas vous mettre dans des états pareils…
25 – Résidence Alauda
Mercédès (Enervé) – Mais vous voyez pas que c’est du cinéma !
Kareen (Ayant un doute et s’écartant de Papy) – C’est du cinéma Papy ?
Papy (Redoublant de gémissements) – Nooooon !
Mercédès – Arrêtez, ou je vous en mets une autre de l’autre côté !
Kareen – Ben ça va pas Mercédès !
Papy (Redevenant calme) – C’est bon, on va pas s’énerver. J’en ai vu d’autres !
Kareen – Humm, je vous soupçonne d’en avoir un peu profité tout de même !
Papy – Oh, si peu !
Kareen (Réaliste) – Mais là, vous n’êtes plus dans votre ancien métier, faut arrêter de faire semblant…
Mercédès – Qu’est-ce que je vous avais dit.
Papy (Vexé) – C’est Fredo qui fait les conneries et c’est moi qui prends. C’est pas juste !
Mercédès – Sacré Fredo. Toujours prêt à faire une connerie. Il ferait mieux de s’expliquer clairement
sur ses histoires de maison des « petites fripouilles » parce que ça devient flippant son truc
là !
A ce moment, entre Fredo qui semble très joyeux…
Fredo (Fier) – Vous avez vu comment il faut les mater les gonzesses ! Non mais !
Mercédès – Pauvre imbécile !
Papy (Vengeur) – Vous êtes marrant. C’est vous qui faites des conneries et c’est moi qui prend à votre
place…
Fredo (Etonné) – Comment ça ?
Kareen – Oh, je ne suis pas certain que Papy ait vraiment eu à se plaindre. Je le soupçonne même d’en
avoir un peu profité
Papy – Alors là vous, je vous retiens. Et puis c’est aussi votre job d’infirmière de nous soutenir dans les
moments difficiles ! Non !
Fredo (Moqueur) – Monsieur fait le petit qui a peur et qui se fait chouchouter ?
Kareen – Oui, je crois qu’il y a de ça.
Fredo – Elle est passée par là Hortense ?
Papy (Enervé) – Ah ça ! Pour passer, on peut dire qu’elle est passée, y’a pas de doutes.
Fredo – Hein ?
Mercédès (Moqueur) – Monsieur s’est pris une baffe par Hortense !
Fredo (Etonné) – En quel honneur ?
Kareen – C’est lui qui tenait dans les mains la chaussette-tricot de Hortense lorsqu’elle est entrée. Et
c’est justement cette chaussette qu’elle cherchait…
Mercédès (Changeant carrément de sujet) – Mais dites donc vous le Fredo, nous parlions de nos
anciens métiers… Mais vous, vous faisiez quoi auparavant…
Fredo (Très fier de lui) – La légion étrangère madame, la légion étrangère…
Mercédès (Subjuguée) – Ah !
Fredo (Fier) – Ca vous épate ma bonne dame hein !
Kareen (Soudain un peu sous le charme) – Ah ah !
Papy (Perplexe) – T’as pourtant pas la tronche d’un baraqué de la légion…
Fredo (Sûr de lui) – Mais y’a pas que des baraqués à la légion, y’a aussi des intellos !
26 – Résidence Alauda
Mercédès (Emoustillée) – Ben vous avez fait quoi pour être obligé de rentrer à la légion étrangère ?
Fredo – Comment ça j’ai fait quoi ?
Kareen (Curieux) – Ben oui, y’a que les gens qui se cachent qui entrent à la légion ? Non ?
Fredo – Mais j’ai rien fait du tout. Y’a pas besoin d’être un brigand qui a besoin d’une nouvelle identité
Kareen (Déçue) – Ah bon, y’a pas que des méchants qui sont à la légion ?
Fredo – Ben non ! Ca a l’air de vous décevoir ?
Kareen – Ben oui, je trouvais ça un peu sexy moi…
Papy (Sec) – Raté !
Mercédès – Mais c’est quoi votre plus grosse intervention secrète dans la jungle ?
Fredo (Un peu embrouillé) – C’est quand il a fallu que je traverse toute l’avenue des Champs-Elysées
devant les troupes qui défilaient un 14 juillet pour aller ramasser le béret de mon colonel qui
s’était envolé sur les pavés juste devant les chars qui arrivaient…
Kareen (Hyper déçue) – Ben c’est pas un fait de guerre ça ?
Fredo (Se justifiant) – Ah non. Mais moi, j’étais pas dans les paras non plus
Mercédès (Déçue également) – Ben vous faisiez quoi alors à la légion ?
Fredo – Ah mais moi j’étais dans les bureaux, je faisais la compta pour le détachement…
Kareen (Hyper déçue) – Ah ! Mais c’est carrément nul votre truc là !
Fredo – Ben c’est quand même la légion étrangère hein !
Hortense entre à ce moment. Et donc Papy se met à avoir peur de reprendre à nouveau une gifle et se
cache derrière Kareen.
Hortense (Sèche) – Il est où Papy ?
Kareen – J’ai bien peur que vous ne lui ayez fait peur la dernière fois que vous êtes entrée Hortense !
Mercédès (Moqueuse) – Il n’est pas bien loin et je crois qu’il tremble comme une feuille morte…
Hortense (Soudain calme) – Sortez de votre cachette Papy, je ne vous veux pas de mal. Je suis venue
m’excuser !
Fredo (Attrapant Papy par l’épaule pour le retirer de sa cachette) – Allez Papy, du courage, ne vous
inquiétez pas, je suis derrière… Si elle frappe, je ne risque rien !
Papy (Tout penaud) – Justement, c’est ça qui ne me rassure pas…
Hortense (Douce) – Allez Papy, je ne vous en veux pas. Si ça se trouve, ce n’était même pas de votre
faute !
Papy (Penaud) – Ben non !
Mercédès (Moqueuse) – Vous n’allez quand même pas vous mettre à pigner !
Fredo (Moqueur) – Quelle idée aussi de peindre les chaussettes de Hortense dans une si jolie couleur
fluo !
Hortense (Surprise) – Comment savez-vous qu’elles avaient une jolie couleur fluo ?
Fredo – Oh ben je les ai aperçues vite fait !
Hortense (Menaçante) – Vous ne seriez pas un peu coupable vous par hasard ?
Fredo (Qui veut absolument changer de sujet) – Nous étions en plein dans les révélations sur nos
passés. Et vous Hortense, c’était quoi au juste votre métier auparavant ?
Mercédès (Curieuse) – Ben oui au fait, tant qu’on y est !
Kareen – Moi je vous vois bien en… Je sais pas, disons directrice d’école…
27 – Résidence Alauda
Papy (Moqueur) – Ah non, plutôt en générale d’infanterie !
Fredo (Dubitatif) – Ou petite main dans une grande maison de haute couture !
Hortense (Lâchant sèchement) – Qu’est-ce que ça peut vous foutre à tous ! C’est pas parce que le
gringalet de Fredo prétend avoir fait la légion que faut le croire !
Papy (Etonné) – Ah vous saviez pour Fredo ?
Hortense (Hautaine) – Ben oui, bande de nazes !
Kareen – Bon, je vais peut-être reprendre mes activités moi. Je vous laisse tous ensemble.
Kareen quitte la scène, visiblement déçue de ne pouvoir continuer la conversation.
Papy – Vous l’avez vexée !
Mercédès (Sèche) – De toutes manières, elle fait partie du personnel et n’a donc pas à se mêler à nos
conversations de résidents… Elle ferait mieux d’arrêter de nous compter les sucres qu’on met
dans notre café le matin.
Fredo – Oui, c’est vrai. Je sais plus avec qui on en parlait l’autre fois, mais…
Hortense (Ferme) – Avec moi !
Fredo – Mais je crois que le matin, les morceaux de sucre sont comptés…
Mercédès (Surprise) – Non !
Hortense – Si, je peux vous dire qu’il a raison car l’autre jour j’ai surpris une conversation avec la chef
de cuisine…
Papy (Curieux) – Et alors elle disait qu’il fallait nous sucrer le sucre ?
Hortense – Elle était en grande conversation avec la comptable et ils réfléchissaient à ce qu’ils allaient
pouvoir enlever pour alléger les frais généraux de bouche !
Papy (Moqueur) – Deux sucres et demi pour un bol, trois quarts de sucre pour une tasse ?
Hortense – Ben, je sais pas, mais je crois qu’il va y avoir restriction…
Papy (Qui se frotte les mains) – Laissez-moi faire, je vais encore leur truquer les ordinateurs et je vous
mettrais deux kilos de sucre par personne et par jour…
Mercédès (Etonnée) – Vous savez faire ça avec les ordinateurs vous ?
Papy (Fier) – Ouais, je veux. Je suis l’as de l’intrusion dans les ordis. Ils n’ont aucun secret pour moi…
Fredo – C’est bien tout ça, mais on ne sait toujours pas ce que faisait Hortense avant d’être à la
retraite ?
Mercédès (Perplexe) – Mais oui Hortense, vous avez changé de sujet, mais on n’est pas obligés d’être
idiots non plus !
Papy (Tout de go) – Allez Hortense, faut vous lâcher, c’est trop tard pour reculer…
Hortense – Je me demande si je ne suis pas non plus atteinte de la maladie d’Alzheimer
soudainement…
Mercédès (Vexée) – Laissez ma maladie tranquille. Elle ne vous a pas sonné.
Hortense (Décidée) – Bon, de toutes façon un jour ou l’autre vous l’auriez appris, alors…
Papy (Curieux) – Alors quoi ?
Fredo – Mais c’est quoi tous ces mystères ….
Mercédès – Arrêtez de nous faire flipper comme ça, on dirait une ancienne de la C.I.A.
Hortense (Se lâchant) – J’ai été pendant près de vingt ans bonne du curé…
Tous – Noooon !
28 – Résidence Alauda
Hortense – Si !
Papy – Mais une vraie, dans un presbytère, avec tout plein de curés ?
Hortense (Sèche) – Ben oui, forcément dans un presbytère, pas dans un cabaret !
Fredo – Et c’est vous qui faisiez tout à vos curés ?
Mercédès – Précisez votre pensée monsieur Fredo, ça pourrait prêter à confusion !
Fredo (Perdu) – Pourquoi ?
Papy – Leur faire tout, leur faire tout, c’est vrai que vicieux comme vous êtes, on peut se poser des
questions…
Hortense – Mais ce n’était qu’un presbytère de taille moyenne…
Papy (Curieux) – Qu’est-ce que vous appelez de taille moyenne ?
Fredo – Le Vatican quoi ! Hihihihihi
Hortense – Dans ce presbytère, il n’y avait que 12 curés et 16 prêtres….
Mercédès (Surprise) – Ah oui, quand même !
Hortense (Presque timide) – Ben voui (Attention : voui) c’était pas toujours facile !
Papy (Etonné) – Ah ben 20 mecs pour une gonzesse !
Hortense (Rectifiant) – Non, 28 !
Mercédès – Mais c’était pire qu’au Vatican !
Hortense – Ah pour sûr, fallait assurer !
Fredo (Très moqueur) – Mais c’est de là que vous est venue l’idée de tout balancer tout le temps…
Hortense – Non, c’est après, quand ça m’a manqué !
Fredo – Manqué de quoi ?
Hortense – Pfffffff !
Mercédès (Désignant très clairement et pointant la porte) – D’ailleurs, il faudrait peut-être penser à
retirer la cuillère qui est plantée dans la porte là ?
Papy – Non, surtout pas !
Fredo – Pourquoi ?
Papy (Sûr de lui) – Kareen a dit que le directeur voulait voir en personne comment ça avait pu arriver
une chose pareille.
Mercédès – Ben elle a lancé la cuillère un peu plus fort que d’habitude tiens !
Fredo – Mais une cuillère, ça à le bout rond, ça ne pénètre pas comme ça dans une porte !
Hortense (Honteuse) – Oui, mais celle-là, je l’avais un peu travaillée avant chez moi, c’est une
spéciale…
A ce moment, on entend à nouveau comme un coup de feu… Tout le monde sursaute !
Hortense (Sèche) – Ca y est, y’a encore les flics qui sont passés sur les clous…
Papy – Ah vous étiez au courant pour le dernier coup de feu… ?
Hortense – Vous savez dans les maisons de retraite, les infos circulent vite…
Fredo (Trépignant) – Hé bien moi, je suis curieux et je vais aller voir ce qui se passe…
Mercédès (Curieuse) – Attendez-moi, je veux moi aussi voir ce qui se passe…
Hortense – Et vous, vous n’allez pas avec eux faire le petit curieux ?
Papy (Blasé) – Oh, je suis certain que c’est encore une grosse connerie !
29 – Résidence Alauda
Hortense – De toutes façons, Mercédès va encore revenir en disant qu’elle ne se souvient plus de rien…
Papy – Pourtant elle a beaucoup de mémoire quand elle raconte ses rencontres avec des hommes
célèbres…
Hortense (Etonnée) – Ah !
Papy – En réalité, je suis certain qu’elle nous vante de vrais bobards. Après tout, il suffit d’aller sur
internet pour savoir tout sur tout le monde…
Hortense (Surprenant vraiment Papy) – Pourtant je peux vous assurer que moi je l’ai vue
personnellement à la table de Jean-Paul II !
Papy (Stupéfait) – Comment ça ?
Hortense – Elle ne vous l’a pas racontée celle-là ?
Papy – Ah non !
Hortense – Moi je connaissais bien Mercédès avant de la retrouver dans cette maison de retraite !
Papy (Ebahi) – Ah bon !
Hortense – Oui, nous étions ensemble avant dans la maison de retraite des « Petits-Loups »…
Papy (Très étonné) – Mais enfin, qu’est-ce que vous me racontez là ?
Hortense (Racontant) – Ah, il s’en est passé de drôles de choses dans cette maison de retraite-là…
Kareen pourrait vous le dire…
Papy (Stupéfait) – Ah parce que Kareen était aussi au courant ?
Hortense (Naturelle) – Non, Kareen a fait son premier apprentissage là-bas, dans la maison de retraite
des « Petits-Loups », avec nous…
Papy (Larguée) – Oh là là là là, j’ai comme l’impression que j’ai manqué un épisode moi…
Hortense – Non. Vous n’avez rien manqué de bien important. Et de toutes façons, y’a rien de glorieux
dans tout ça !
Papy (Reprenant ses esprits) – Attendez Hortense, vous me racontez quoi là ?
Hortense – Vous m’avez demandé ce que je faisais comme métier avant, donc je vous le dis…
Papy (Sec) – Non, pas ça. D’ailleurs, je vais être franc : je ne vous crois pas.
Hortense (Etonnée) – Comment ça !
Papy (Sûr de lui) – Vous n’avez pas une tronche à avoir fait bonne de curé ! C’est tout !
Hortense (Vexée) – Quel toupet !
Papy (Fin limier) – Ben oui, mais c’est comme ça !
Hortense (Avouant) – J’ai pas fait que ça non plus, c’est vrai !
Papy (Heureux) – Ah, vous voyez que je vous avais bien ciblée !
Hortense – Soyez poli si vous êtes pas joli !
Papy – N’essayez pas de détourner la conversation !
Hortense – Vous êtes de la police ?
Papy – Ah, y’a quand même un peu de ça.
Hortense (Etonnée) – Comment ça ?
Papy – C’est vrai, vous n’étiez pas là tout à l’heure, quand nous avons dévoilé nos anciens métiers…
Hortense (Comme apeurée) – Vous étiez flic ?
Papy – Non, pire que ça…
Hortense (Curieuse) – Agent secret ?
30 – Résidence Alauda
Papy – Noooon !
Hortense (Sèche) – un connard de politicien alors ?
Papy – Pire que ça !
Hortense (Sûre d’elle) – Ca peut pas être pire que politicien…
Papy – Moins médiatique, mais beaucoup plus efficace !
Hortense (Déçue) – Je ne sais pas !
Papy – Agent de recouvrement de dettes pour des sociétés de crédit à la consommation…
Hortense (Coupant la parole) – Quelles marques…
Papy – Toutes, et de toute façon, je n’ai pas le droit de faire de publicité…
Hortense (Menaçante) – C’est vous qui avez foutu ma sœur dans la merde alors ?
Papy (Détaché) – Peut-être, ça dépend de son problème !
Hortense – Son ex avait signé un crédit sans lui dire et après il a arrêté de payer et s’est barré. La
société de crédit lui a réclamé 20 000 euros qu’elle n’avait jamais sollicités…
Papy (Très moqueur) – Et alors, elle a fini par payer non ?
Hortense (Soudain curieux) – Non, jamais, elle est tellement dure en affaire, qu’elle a fini par avoir la
peau du patron de la boîte de crédit pour escroquerie aggravée…
Papy – Non, je le crois pas, c’est votre sœur qui a envoyé ce pauvre homme dans un asile de fous !
Hortense – Pourquoi un asile de fous…
Papy – Dans le métier il s’est dit que c’est après avoir perdu son procès sur une histoire comme celle-ci
qu’il avait perdu la tête de honte et était devenu fou…
Hortense – Ma sœur l’avait piégé et enregistré. Elle était même allée jusqu’à l’espionner et filmé avec sa
maîtresse pour le menacer de représailles…
Papy (Se remémorant) – C’est le seul cas que j’avais refusé de défendre parce que j’avais compris qu’on
perdrait…
Hortense – Pourquoi vous avez refusé ce cas ?
Papy (Sûr de lui) – Je savais qu’on était tombé sur une dure à cuire et que cette bagarre nous mènerait à
notre perte… Pourtant, j’en ai gagné des batailles, et des pas faciles, vous pouvez me croire…
A cet instant, entre, tenant dans les mains un fusil, Fredo. Il tient le fusil d’une main et bien au-dessus
de la tête…
Fredo (Criant) – Attention, le directeur de la maison de retraite a perdu la tête…
Papy (Effrayé) – Mais qu’est-ce que vous faites avec un fusil dans les mains ?
Fredo (Jouant avec le fusil) – C’est pas le mien…
Hortense – Il est à qui alors ?
Fredo – Au directeur….
Papy (Toujours peureux) – Mais comment se fait-il que ce soit vous qui l’ayez ?
Fredo (Fier) – J’ai réussi à le désarmer !
Hortense – Dans quelles circonstances ?
Fredo (Surpris) – Ben vous n’avez pas entendu le coup de feu de tout à l’heure ?
Hortense – Si bien sûr, mais je croyais que c’étaient encore les flics qui avaient roulé sur des clous !
Papy (Acquiesçant) – Ben moi aussi, y’avait rien d’alarmant !
Fredo – Hé bien cette fois-ci, y’avait urgence !
31 – Résidence Alauda
Papy – Mais que se passe-t-il donc alors ?
Fredo (Racontant) – Y’a Kareen qui est en train d’appeler Police Secours et Mercédès qui le tient en
respect avec une hache pour qu’il ne bouge pas !
Hortense (Horrifiée) – Mercédès ! Avec une hache ?
Papy – C’est vrai qu’il doit flipper le directeur, vu que Mercédès perd souvent la mémoire, si elle le
prend soudain pour un lapin, il est fait comme un rat…
Hortense – Qu’il ne se plaigne pas, si c’était moi, il aurait encore plus peur vu que je suis une spécialiste
du lancer de couteau…
Fredo – Ah !
Papy – Mais qu’a-t-il fait pour en arriver là le directeur ?
Fredo (Expliquant) – Il s’est énervé sur son fusil qui ne voulait plus s’ouvrir pour le nettoyer et il a
menacé un car de Japonaises qui passait dans la rue de tirer dans le tas si ça ne marchait
plus…
Papy (Déboussolé) – Un car de Japonaises ?
Hortense (Perdue) – Mais que faisait un car de Japonaises dans la rue ?
Fredo (Moqueur) – J’en sais rien, mais quand elles ont vu le directeur se manifester, elles ont cru que
c’était un spectacle et elles sont toutes descendues pour faire une photo !
Hortense – Mais on est dans quel monde là. Je rêve…
Papy (Qui attrape le fusil des mains de Fredo, le prend d’une main à chaque extrémité et, le portant sur
son genou, le brise en deux.) (Pour le fusil, il faut prévoir un fusil jouet plastique qui sera
préalablement quasiment scié en deux de telle sorte que, lorsque Papy le brise en deux, on
ait l’impression qu’il l’a vraiment brisé en deux sur son simple coup de genou) –Voilà,
maintenant il ne va plus nous les casser avec son fusil de malheur !
Hortense (Sûr de lui) – Oh là, mais comment vous avez fait ça vous !
Fredo – Même moi qui ait fait la légion, je ne suis pas capable d’en faire autant !
Papy – Ca c’est une astuce que j’avais apprise pour me défendre quand j’étais reçu par des gens
menaçant… Je leur prenais leur arme brutalement et je la brisais sous leurs yeux !
Fredo – Oh !
Hortense – Mais c’est dur comme tout ces engins-là !
Papy – Oui, je sais, ça impressionne, mais quand ta vie est en jeu, il faut trouver les ressources utiles et
nécessaires à sa survie !
Rideau
32 – Résidence Alauda
ACTE III
Le lendemain à 8 heures de matin et nous sommes toujours dans la salle de télé qui sert aussi de salle de
lecture, mais elle est aménagée en salle de petit déjeuner. A l’ouverture du rideau, c’est
Kareen qui est en train de débarrasser une table alors qu’une autre table n’a visiblement
pas encore été utilisée.
Kareen (Gaie) – Ah ! Déjà 8 heures ! Bien. Papy était de très bonne heure ce matin. Il semblait très en
forme.
A cet instant, arrive Fredo en robe de chambre qui va directement s’installer pour prendre son petit
déjeuner.
Fredo (Sans dire bonjour et commandant) – J’ai faim !
Kareen (Prévenant) – D’abord bonjour monsieur Fredo. C’est pas grave si vous le demandez gentiment,
je vous servirai quand même…
Fredo (De très mauvais poil) – Ouais, c’est ça, bonjour !
Kareen – Je porte ça en vaisselle et je reviens vous servir…
Fredo (Sûr de lui) – J’espère qu’il y a des croissants aujourd’hui ?
Kareen (Guillerette) – Hé non, pas aujourd’hui !
Fredo – Y’en a jamais !
Kareen – Le dimanche et pas les autres jours, ça n’a pas changé…
Fredo – De toute façon, ils ne sont pas frais et pas au beurre…
Kareen (Ne se laissant pas déborder) – Si ! Vous mentez, ils sont frais et au beurre.
Fredo – Pfff, faut toujours que ça ait raison les bonnes femmes !
Kareen (Qui s’apprête à sortir avec son chargement) – Vous avez mal dormi monsieur Fredo et ça se
voit…
Fredo – Pfff ! Il est déjà passé Papy ?
Kareen (Sortant) – Oui. Il est même parti de bonne heure je crois.
Alors que Kareen vient de passer la porte, Fredo reste tout seul et continue de grogner tout seul.
Fredo – Forcément, quand j’ai besoin de lui, il est pas là…
A cet instant entre Mercédès. Egalement en robe de chambre.
Mercédès (Visiblement de bonne humeur) – Bonjour monsieur Fredo. Ca va ce matin ?
Fredo (Sec) – Non !
Mercédès (Surprise) – Hé bien vous ne dites pas bonjour ?
Fredo (Très sec) – Si. Bonjour !
Mercédès – Vous n’avez pas l’air de bon poil ? Que vous arrive-t-il donc ?
Fredo – J’avais besoin de voir Papy et on me dit qu’il est parti de bonne heure.
Mercédès – Oui, je crois qu’il avait un rendez-vous chez son oeilloliste !
Fredo (Etonné) – Ah !
Mercédès – Vous lui vouliez quoi à ce brave homme ?
Fredo – Qu’est-ce que ça peut vous foutre !
33 – Résidence Alauda
Mercédès – Bon, puisque c’est ça…
Fredo (Grognant) – Ah les bonnes femmes !
Mercédès (Coquette) – Vous avez vu, j’ai une toute nouvelle robe de chambre.
Fredo – Bof !
Mercédès – Comment la trouvez-vous ?
Fredo (Narguant) – Solide !
Mercédès (Qui ne veut pas en rajouter) – Hé bien dites donc, ça a l’air grave votre problème…
Fredo (Nerveux) – Faut vite que je le vois avant que ça explose !
Mercédès – Quoi ?
Retour de Kareen.
Kareen – Bonjour Mercédès. Vous allez bien ce matin ?
Mercédès (Très gaie) – Oui, merci.
Kareen – Vous avez une ravissante robe de chambre. C’est une nouvelle ?
Mercédès – Oui. Elle est sympa hein ?
Kareen – Oui. Ca va !
Mercédès (Déçue) – C’est tout l’effet que ça vous fait ?
Kareen – Si. Si, elle est bien, ça va ! Mais je me vois pas habillée comme ça, c’est tout !
Fredo – Et que ça caquète et que ça caquète…. C’est bien des bonnes femmes tiens !
Mercédès (Enervée soudain) – Hé, si ça vous plaît pas ce qu’on dit, vous n’avez qu’à replonger votre
nez dans votre bol de café… Non mais…
Fredo (Secouant son bol) – Y’a rien dans le bol, on est mal servis ! Alors ça vient !
Kareen – C’est bon, j’arrive… Ha là là là là l’humeur de monsieur Fredo ce matin !
(Kareen s’affaire à venir porter le café à Fredo)
Kareen – Ca ira comme ça ?
Mercédès – Vous lui en faites bien de trop. Ce serait moi, il prendrait deux baffes, ça le remettrait en
place.
Kareen – Ben non !
Fredo (Qui hurle) – Ah nom d’un chien, c’est brûlant… Tiens, j’ai le temps d’aller faire pipi. Je reviens !
Fredo part visiblement de sale poil et grognant, laissant son bol et les deux femmes seules.)
Mercédès – C’est quand même pas malheureux de voir des choses pareilles ?
Kareen (Plutôt discrètement) – Dites donc Mercédès, puisque nous sommes seules deux minutes, je
voulais vous demander où vous en êtes rapport à ce que vous savez ?
Mercédès (Sur un ton également discret) – Vous êtes sûre que personne ne nous espionne ?
Kareen – Non ce matin, je suis seule pour faire l’ouverture. Le directeur de toute façon n’arrivera qu’à
dix heures à cause de son rendez-vous…
Mercédès – Ah, il s’en est remis de son coup ?
Kareen – Oui, je crois que c’était juste un peu de burn out !
Mercédès – Et les autres pensionnaires, s’ils débarquent brutalement !
Kareen – C’est pas grave, on changera de sujet.
Mercédès – Alors oui, j’ai beaucoup avancé et je suis quasiment certaine de mes résultats !
34 – Résidence Alauda
Kareen – C’est vrai ?
Mercédès (Sur un ton discret) – Oui, j’attends encore quelques pièces écrites comme preuve, mais j’ai
réussi à faire le lien entre certaines personnes ici et les captations d’héritage à la maison des
« Petits Loups » !
Kareen (Curieuse) – Et donc ?
Mercédès – Je ne peux encore rien dire. M’enfin par exemple, faudra que certaines personnes justifient
les courriers qu’ils reçoivent de certaines banques suisses…
Kareen – Tout le monde a le droit d’avoir du courrier suisse quand même !
Mercédès – Oui, mais des comptes bancaires qui surgissent brutalement…
Kareen (Impatiente) – J’attends avec impatience vos résultats…
Mercédès (Sûre d’elle) – Vous pouvez, oui, vous pouvez…
A cet instant, entre brutalement Hortense, elle aussi en robe de chambre mais elle ne va rester que
quelques instants. Elle surprend malgré tout Kareen et Mercédès en pleine conversation.
Hortense (Tentant une réflexion) – Ah, je vous y prends en train de faire des messes basses.
Mercédès (Changeant très visiblement de sujet) – Bonjour madame Hortense…
Kareen – Bonjour Madame Hortense ! Ca va ce matin ?
Hortense (Se tapant le front) – Ah non, crotte de bic, j’ai oublié d’amener mes médicaments… Je
reviens…
Hortense repart et les deux femmes reprennent leur conversation.
Mercédès (Rassurée) – Oh là, je crois qu’elle blaguait, mais…
Kareen (Mystérieuse) – Oui moi aussi, je crois qu’elle a dit ça comme on dirait autre chose, mais va
falloir se méfier tout de même… De toutes façons, elle aussi était aux « Petits Loups »
Mercédès – Bon de toute façon, on n’a pas fini d’en parler de cette histoire….
Kareen (Très perplexe) – Ben oui, trois morts supposés assassinés dans la même maison de retraite, ça
fait désordre !
Mercédès (Sèche) – Oui, comme vous dites ! Trois, c’est trois de trop, surtout en si peu de temps…
Kareen – Quand je pense que tout le monde croit que vous êtes atteinte d’Alzheimer !
Mercédès – Oui, d’ailleurs, il va falloir que j’en remette une couche, car ça fait longtemps que je n’ai
plus refait de crise…
Au même instant reparaît Fredo.
Fredo – Ben faut pas vous arrêter de parler pour moi. Je peux faire semblant de ne rien entendre si vous
voulez !
Kareen – Ca y est, vous êtes déjà soulagé ?
Fredo (Franc) – Oui. Mais ce serait bien que les toilettes soient plus propres parce que ça pue ici…
Mercédès (Etonnée) – Parce que vous n’êtes pas retourné dans votre appartement ?
Fredo – Non ! Je suis pas idiot ! Je profite des toilettes des couloirs, comme ça ça me coûte moins cher
en consommation d’eau dans mon appartement !
Kareen – Je ne comprends pas ?
Mercédès – Qu’est-ce que vous nous avez encore inventé ?
Kareen – Mais ce n’est pas vous qui payez l’eau dans votre appartement !
Mercédès – Ben non, vous êtes comme moi, c’est un forfait !
Kareen – Ben oui !
35 – Résidence Alauda
Fredo – Vous êtes sûres de ce que vous dites toutes les deux ?
Mercédès et Kareen – Oui !
Fredo – Alors je vais pouvoir arrêter d’aller en pleine nuit à l’autre bout du couloir pour mes envies trois
fois par nuit !
Kareen (Ahurie) – C’est vous qui faites un boucan d’enfer toutes les nuits en tirant la chasse d’eau sans
cesse ?
Fredo – Faut que ça reste propre quand même !
Kareen – Mais tous les résidents se plaignent depuis je ne sais pas combien de temps ce tintamarre !
Fredo – Hé bien ça va être fini, maintenant que je sais que je ne vais plus payer ! Mais je vais vérifier
avant, si ça se trouve, vous me racontez des salades !
Mercédès – Alors ça, c’est fameux tout de même !
Fredo (Qui s’est installé devant son petit déjeuner) – Ca va pas du tout ça !
Kareen (Désopilée) – Qu’est-ce qui vous arrive encore monsieur Fredo ?
Fredo (Désignant son bol) – C’est froid ! J’en veux pas ! Il était bouillant tout à l’heure !
Kareen (Cool) – Je vais aller vous en rechercher du chaud. Pleurez pas !
Kareen sort de la pièce pour aller chercher du café chaud.
Mercédès – Vous allez la faire tourner en bourrique avec vos conneries vous !
Fredo – De quoi je me mêle vous. Il est chaud votre café à vous ? Et vos croissants, ils sont chauds aussi
non ?
Mercédès – Ya pas de croissants en semaine. Que le dimanche. Vous devriez être habitué à la fin !
Fredo – Arrêtez tous de me contredire sans cesse. Je vais vous envoyer Hortense…
Mercédès – Qu’est-ce que Hortense vient faire parmi les croissants ?
Fredo – Je viens de la croiser dans les couloirs, je vous préviens elle est encore en pleine crise de lancer
de couteaux !
Mercédès – Faut toujours que vous exagériez vous !
Fredo (Menaçant) – Vous allez voir si elle revient et qu’elle remplit sa cuillère à café de confiture et
qu’elle
vous
la
lance..............................................................??????????????????????????????????????????????
???????????????????????????????????????????????
VOUS AVEZ AIME LE DEBUT ?
VOUS SOUHAITERIEZ CONNAITRE LA FIN DE CETTE PIECE ?
JE VOUS PROPOSE DE VOUS L’ENVOYER PAR MAIL…
Il vous manque une partie de texte car la fin se trouve un peu plus loin
Dans ce cas, faites votre demande sur le mail suivant en cliquant ou en copier-coller :
[email protected]
et je me ferai un plaisir de vous envoyer la fin tout aussi gratuitement
36 – Résidence Alauda
merci de votre compréhension car c’est seulement comme ça
que je peux avoir un meilleur suivi des pièces qui sont montées !
FIN
37 – Résidence Alauda
Nom
Acte I Acte II Acte III
Total
Hortense
91
70
84
245
Fredo
104
46
108
258
Kareen
45
60
95
200
Papy
71
132
27
230
Mercédès
50
82
86
218
361
390
400
1151
Jean-Luc Pecqueur
le 29 décembre 2013
ET VOILA ! C'EST LA FIN !

Documents pareils