Yannick Nézet-Séguin à la tête du Metropolitan Opera

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Yannick Nézet-Séguin à la tête du Metropolitan Opera
La Presse, le 2 juin 2016
Yannick Nézet-Séguin à la tête du Metropolitan Opera
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Associated Press
NEW YORK
Choisi comme prochain directeur musical du Metropolitan Opera à New York, le Montréalais Yannick
Nézet-Séguin dit réaliser un rêve de jeunesse.
Le musicien de 41 ans agira comme directeur musical «désigné» dès la saison 2017-2018, et il
assumera les pleines fonctions de ce poste en 2020-2021, en vertu d'un contrat de cinq ans, qui est
renouvelable.
Il devient ainsi le troisième directeur musical de cette compagnie qui a 133 ans - avant 1973, il n'y
avait pas de directeur musical attitré au Met.
«De toute ma vie, je n'ai jamais été plus rempli de joie, plus honoré et ému qu'aujourd'hui», a-t-il
déclaré en anglais, jeudi, lors de l'annonce diffusée sur le web par le Met Opera, alors qu'il se
trouvait à Osaka, au Japon, pour un concert de l'Orchestre de Philadelphie, qu'il dirige depuis 20122013. Son contrat avec cet orchestre a d'ailleurs été renouvelé jeudi pour quatre ans, jusqu'en 20252026, alors qu'il devrait quitter en 2018 la direction musicale de l'Orchestre philharmonique de
Rotterdam, un poste qu'il occupe depuis 2008.
«Nos destins sont maintenant liés», a lancé, avec un large sourire, celui qui est aussi directeur
artistique et chef principal de l'Orchestre métropolitain, à Montréal, depuis 2000. «J'envisage
maintenant pour 2020-2021 une vie très, très nord-américaine», entre Montréal, New York et
Philadelphie, a-t-il dit en entrevue téléphonique.
M. Nézet-Séguin succédera ainsi au chef James Levine, qu'il a qualifié de «héros» et d'«inspiration».
M. Levine, âgé de 72 ans, aura occupé ce poste pendant 40 ans, à compter de la saison 1976-1977.
Souffrant de la maladie de Parkinson, il a annoncé en avril qu'il se retirait du pupitre du Met, où il
demeure «chef émérite».
«C'est difficile de dire ce que j'apporterai de différent (au Met), a confié M. Nézet-Séguin. J'ai un
parcours différent. J'ai aussi plus d'affinités avec le répertoire baroque, une vision différente, peutêtre, de l'œuvre de Mozart, ou de certains autres aspects - et c'est normal (...) Je dois respecter
énormément comment James Levine a hissé cette maison au tout premier rang dans le monde, et
grâce à ma propre personnalité, je devrai m'efforcer d'alimenter et de maintenir ce haut niveau de
qualité.»
Le «jeune» chef montréalais dirigera deux opéras par saison comme directeur désigné, et cinq une
fois qu'il sera installé de façon permanente. Il participera toutefois immédiatement à la planification
artistique, a indiqué le Met Opera. Il sera responsable de la «qualité musicale globale» du
Metropolitan Opera - le «son» de cet orchestre. Il aura l'autorité artistique sur l'orchestre, le chœur
et les musiciens, et travaillera avec le directeur général Peter Gelb pour superviser la planification et
le choix des artistes pour chaque saison, incluant le choix du répertoire, les nouvelles productions et
les reprises de grandes œuvres lyriques.
L'opéra au cœur de la vie
M. Nézet-Séguin avait fait ses débuts au «Met» lors de la saison 2009-2010, en dirigeant une
nouvelle production de l'opéra «Carmen» de Bizet. Sa carrière l'a notamment amené à diriger
ensuite au Metropolitan les opéras «Don Carlos», «Rusalka» et «La Traviata».
Mais ses nouvelles fonctions sont encore plus qu'un rêve devenu réalité, a-t-il expliqué. Au cours des
sept dernières années, il dit avoir été en mesure de cultiver et de développer des liens avec le plus
grand orchestre d'opéra du monde, et d'être plus que ravi de voir cette relation se développer
davantage. Il a maintenant hâte de commencer «et de mettre toute (sa) passion dans cette mission
qui est de maintenir les plus hauts standards dans le monde de l'opéra avec cette maison, et de faire
réaliser aux gens à quel point l'opéra est important dans leur vie».
Né à Montréal en 1975, M. Nézet-Séguin a étudié le piano, la direction, la composition et la musique
de chambre au Conservatoire de musique du Québec à Montréal. Il a aussi étudié la direction de
chœurs au Westminster Choir College de Princeton, au New Jersey. Il dirige régulièrement plusieurs
autres orchestres prestigieux, notamment la Staatskapelle de Dresde, l'Orchestre philharmonique et
la Staatskapellede de Berlin, l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise, l'Orchestre
philharmonique de Vienne et l'Orchestre de chambre d'Europe.
M. Nézet-Séguin possède des appartements à Philadelphie et à Montréal, où il vit avec son conjoint,
Pierre Tourville, un altiste de l'Orchestre métropolitain. «En temps et lieu, j'aurai un appartement à
New York, ce dont j'ai toujours rêvé», a-t-il confié jeudi. Il a rappelé qu'il avait assisté à son premier
opéra au Met à l'âge de 17 ans - c'était le «Turandot» monté par Zeffirelli.
Il sera au pupitre du Met pour «Le Vaisseau fantôme» de Wagner en avril 2017, puis à l'automne
2018 pour une «Traviata» avec Diana Damrau.
Le comédien et grand mélomane Edgar Fruitier croit que Yannick Nézet-Séguin «est un des grands
chefs d'orchestre de la génération des 40 ans - peut-être le plus grand actuellement au monde. C'est
un très grand maître». Contrairement à d'autres chefs qui en imposent par leur poigne de fer, M.
Nézet-Séguin n'est pas un «chef d'orchestre à crise», relate M. Fruitier. «C'est beaucoup plus par une
espèce de complicité avec ses musiciens qu'il arrive à leur inculquer l'essence musicale d'une œuvre.»
Le parcours de Yannick Nézet-Séguin
Depuis 2000: directeur artistique et chef principal de l'Orchestre métropolitain à Montréal
Depuis 2008: directeur musical l'Orchestre philharmonique de Rotterdam
Depuis 2012: directeur musical de l'Orchestre de Philadelphie