Mission d`étude sur les opportunités de développement
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Mission d`étude sur les opportunités de développement
Coopération décentralisée AMUMA – ARLYSERE Mission d’étude sur les opportunités de développement de la microfinance dans le Mandé Rapport final Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 1 LISTE DES SIGLES 4 INTRODUCTION 5 PREAMBULE 6 L’enjeu de la microfinance 6 Les principaux écueils 6 I. 8 LA MICRO FINANCE AU MALI A. 1. 2. B. Données générales Panorama de la micro finance en Afrique Panorama de la microfinance au Mali Typologie des IMF Système de crédit solidaire Principes généraux : Fonctionnement : Typologie de prêts : 2. Système mutualiste et coopératif Fonctionnement : Produits proposés : 3. Les Caisses Villageoises Autogérées Principe de fonctionnement : Les CVECA au Mali : Caractéristiques des produits : Exemple des CVECA du Pays Dogon : Principales limites du système de CVECA : 11 11 11 12 12 12 13 14 14 14 15 16 16 17 Les spécificités de la microfinance en zone rurale Spécificités des zones rurales La faiblesse des densités de population La faiblesse des revenus monétaires et leur précarité. Les infrastructures absentes, insuffisantes ou défectueuses. 2. Adaptation de la microfinance en zone rurale : les CVECA 17 17 17 18 18 18 1. C. 8 8 10 1. II. ETUDE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE SUR LE MANDE A. 1. 2. B. 1. 2. 20 L’offre Recensement des caisses Exemples de fonctionnement de quelques caisses JIGIYASOBA à Kangaba KOLON KAFOSO à Keniegoue KONDO JIGIMA à Karan JIGI-SENBESO à Bankoumana (réseau 6sgrappes) PASECA-OSK 20 20 21 21 21 21 22 22 La demande Nouvelles caisses Besoins non ou mal couverts Cas généraux 24 24 24 24 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 2 III. A. Caisses fragiles PISTES DE TRAVAIL 27 mode d’intervention cadre de référence Projet global établi dans la durée Recherche de la pérennité des caisses Recherche d’un partenariat 2. partenariat 27 27 27 27 27 27 axes de travail Accompagnement à l’installation de nouvelles caisses Identification des villages potentiels Financement de nouvelles caisses Financement de lignes de crédit dédiées aux plus petits villages (guichets) 2. Soutien à l’investissement 3. Prestations de conseil Education populaire économique Susciter l’entrepreneuriat 4. Cas particuliers Caisses en difficulté Kangaba 28 28 29 29 30 30 31 31 31 33 33 33 1. B. 25 1. CONCLUSION Annexe 1 : liste des entretiens réalisés Annexe 2 : contacts Annexe 3 : sources documentaires Annexe 4 : présentation du réseau Nyesigiso Annexe 5 : présentation du réseau Kolon Jigima Annexe 6 : exemple synthétique d’une étude d’installation d’une caisse dans un village Annexe 7 : évolutions récentes de la microfinance malienne Annexe 8 : Informations recueillies sur la filière mangues Annexe 9 : présentation de ICD Annexe 10 : Liste Des communes de l’AMUMA et identification des caisses Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 34 35 37 38 39 42 44 45 48 49 50 Page 3 Liste des Sigles AFD Agence Française de Développement APMF Association pour la Promotion de la Micro finance AV Assemblée Villageoise BNDA Banque Nationale de Développement Agricole BCEAO Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest CA Conseil d’Administration CIDR Centre International de Développement et de Recherche CVECA Caisse Villageoise d’Epargne et de Crédit Autogérée DAV Dépôt A Vue DAT Dépôt à Terme IMF Institution de Micro Finance ONG Organisation Non Gouvernementale PASECA Programme d’Appui pour la mise en place d’un Système d’Epargne et de Crédit Autogéré PE Plan d’Epargne PV Procès Verbal RI Règlement Intérieur SFD Système Financier Décentralisé Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 4 Introduction Arlysère a été sollicité en 2005 par l’AMUMA (Amicale des Municipalités du Mandé) et par CALAO, une association française travaillant dans la zone du Mandé afin d’initier un partenariat dans le cadre d’un projet de coopération décentralisée. A l’origine, la demande portait essentiellement sur les thématiques liées à l’environnement et notamment au traitement des déchets. Plusieurs travaux ont été menés, et une délégation d’Arlysère s’est rendue dans le pays Mandé en décembre 2006 afin de concrétiser le partenariat et définir avec les élus de l’AMUMA les étapes du projet et les pistes de travail pour les années à venir. Lors de la réunion réunissant l’ensemble des maires du Mandé, ceux-ci ont manifesté leur intérêt pour les questions de microfinance. D’un commun accord il fut décidé que lors des ateliers thématiques prévus le lendemain, un atelier serait proposé sur cette question. 22 personnes y participent, porteuses en majorité de projets individuels. Les besoins qui émergent des débats et les souhaits de développement exprimés par les différents acteurs valident l’importance de ce thème et le principe d’une mission spécifique à mener fin janvier 2007 est validé. La mission d’étude et le présent rapport ont été réalisés par Laurence Ruffin, consultante en accompagnement d’entreprises à l’URSCOP RA, Mathieu Gravellier, directeur de RDI, association de microcrédit et avec l’aide précieuse de Modibo Diabaté, spécialiste du pays Mandé et salarié de l’association AKT. La mission s’est déroulée du 19 au 30 janvier en 3 temps : un temps dans le pays Mandé afin de recueillir les attentes des bénéficiaires potentiels et comprendre l’offre des structures de microfinance présentes localement ; un deuxième temps à Bamako afin de rencontrer les sièges des différents réseaux présents sur la zone et imaginer les partenariats possibles ; un troisième temps de formalisation des pistes de partenariats possibles pour Arlysère (et budgets afférents) et de rédaction de l’étude. Dans ce rapport, nous présentons d’abord des données générales sur la microfinance au Mali, et particulièrement dans les zones rurales. Ensuite, il s’agit de recenser l’offre existante sur le Mandé et les besoins exprimés par les villageois lors des différentes rencontres durant notre mission. Enfin, nous proposons des pistes de travail pour développer ou améliorer la microfinance sur le territoire dans le cadre du partenariat AMUMA-ARLYSERE. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 5 Préambule L’enjeu de la microfinance Deux décennies de développement d’institutions de microfinance et quelques exemples célèbres ont largement accrédité l’idée que la microfinance est un levier majeur du développement des pays du Sud et un instrument puissant de lutte contre la pauvreté. Les postulats qui ont conduit au développement de la microfinance sont que les populations pauvres ont une capacité de mise en oeuvre d’activités économiques rémunératrices et que le principal facteur limitant leur initiative est le manque d’accès au capital, dans des contextes où : - les marchés financiers sont faiblement développés, - les banques commerciales sont réticentes à s’engager du fait de l’ampleur du risque, mais aussi de leur méconnaissance du secteur, - les projets et banques de développement ont le plus souvent fait faillite, - le secteur informel n’est ni de taille, ni de nature à répondre aux enjeux du développement. L’enjeu de la microfinance a donc été dans un premier temps de démontrer que, pour peu que soient créés des outils financiers spécifiquement adaptés aux besoins et aux contraintes des populations “ pauvres ”, celles-ci étaient en mesure d’utiliser ces outils à des fins productives, et de s’insérer progressivement dans le marché financier en remboursant le crédit et en épargnant. Sur la base de ce postulat, de nombreux systèmes de microfinance ont été développés dans les pays du Sud et de l’Europe de l’Est, sous des formes institutionnelles diverses, et souvent en privilégiant les zones défavorisées, et les catégories de population les plus déshéritées au sein de ces zones. Dans une seconde étape du développement de la microfinance, la nécessité de créer des marchés financiers durables s’est imposée, et la pérennisation juridique et financière des systèmes de microfinance est devenue une priorité. L’objectif d’atteindre un équilibre financier permettant dans un délai raisonnable de s’affranchir de toute subvention, a été assigné aux systèmes de microfinance et est devenu très rapidement l’orientation fondamentale des “ Best practices ” de la microfinance. Dans ce contexte, la question de la rentabilité des systèmes de microfinance dans les zones défavorisées est posée. On estime que l’ensemble des bailleurs de fonds octroie annuellement entre 800 millions de $US et 1 milliard de $US à la microfinance. Les bailleurs de fonds attachent une grande importance à la microfinance car ils reconnaissent que le fait pour les pauvres d’obtenir l’accès aux services financiers peut contribuer à la réduction de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) avant 2015. Les principaux écueils L’accès à des services de crédit et d’épargne n’est pas un besoin ponctuel ; pour développer une économie, cet accès doit pouvoir se renouveler durablement. Même si dans les situations favorables, les capacités d’autofinancement des ménages progressent, ces ménages continueront à avoir besoin de crédit (plus important parce qu’ils voudront investir, …) et auront davantage encore besoin Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 6 de services d’épargne. Les services financiers doivent donc être conçus pour être durablement accessibles. Les échecs rencontrés par les systèmes de crédit rural gérés par des banques publiques tout comme les crédits donnés par les projets ont conduit à remettre en cause ces formes de financement rural qui n’ont pas démontré leur durabilité. C’est dans ce contexte que va naître la microfinance. Son émergence correspond à un changement conceptuel dans l’approche du financement rural. Dans les approches antérieures, l’objectif était d’injecter du crédit dans les économies rurales pour initier un cycle vertueux d’augmentation des revenus permettant l’investissement. Le crédit était essentiellement agricole, considéré comme un intrant dans le processus de production, ciblé sur un paquet technique ou une culture, et subventionné le plus souvent. La pression au recouvrement était faible, l’emprunteur peu responsabilisé, les services d’épargne peu développés. A travers la microfinance, l’objectif n’est plus d’injecter du crédit dans une production agricole, mais de construire un marché financier rural qui permette un accès durable aux services financiers, en mettant en relation les agents disposant de ressources monétaires (épargnants) avec ceux qui en ont besoin (les emprunteurs). L’objectif n’est plus de financer une production agricole mais de promouvoir des activités économiques diversifiées et de donner à des catégories de populations vulnérables mais à fort potentiel (les femmes, les jeunes,..) les moyens de développer des activités génératrices de revenus et permettant l’accumulation. Concrètement, ce changement conceptuel a conduit à porter les efforts de développement sur la création d’institutions de financement autonomes et durables, à responsabiliser l’utilisateur des services financiers en lui laissant le choix de l’objet de financement, à charge pour lui de rembourser le crédit et de le payer à un coût permettant la pérennisation du service financier. La microfinance devient ainsi un outil de promotion de l’initiative privée. Progressivement, à la fin des années 80, par un autre glissement conceptuel, elle va devenir un outil de lutte contre la pauvreté par la promotion de l’initiative privée. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 7 I. La micro finance au Mali A. Données générales 1. Panorama de la micro finance en Afrique En 2005, les IMF africaines touchent plus de 3,1 millions d’emprunteurs pour un encours de crédits de 964 millions de dollars et dessert environ 4,1 millions d’épargnants volontaires pour un encours d’épargne de 707 millions de dollars. Ceci reflète la nature particulière de la microfinance en Afrique: aucune autre région au monde ne comporte d’institutions comprenant, en moyenne, plus ou même autant d’épargnants que d’emprunteurs. La microfinance en Afrique est unique dans la mesure où la mobilisation de l’épargne fait partie intégrante de l’analyse des performances et de la portée des IMF. L’essor de la microfinance en Afrique a connu un développement par étapes successives avec certaines particularités régionales. Les intermédiaires financiers comme les coopératives, les banques rurales et banques postales ont été les pionniers du secteur dans les années 70, tout particulièrement en Afrique de l’ouest et de l’est, pour satisfaire les besoins d’épargne des populations rurales et urbaines. Dans les années 80 et 90, le secteur a vu un ensemble d’ONG orientées vers les services de crédit appuyées par les bailleurs de fonds, émerger, se développer et parfois même se transformer en un nouveau type d’institution financière non bancaire (IFNB) vers la fin de la décennie. Dans une certaine mesure, la nature des opérations de microfinance en Afrique se démarque par région: domination des coopératives et mutuelles d’épargne et de crédit en Afrique de l’ouest, des IFNB en Afrique de l’est et d’une majorité d’ONG et de quelques banques de détail en Afrique australe. Tandis que les IMF de par le monde font preuve de taux de croissance spectaculaires, l’évolution des portefeuilles de crédit en Afrique a été lente, avec une diminution régionale de 2% du nombre d’emprunteurs entre 2004 et 2005. En Afrique de l’ouest, certaines institutions mènent des efforts importants de restructuration de portefeuille, ralentissant ainsi leurs activités de crédit. Malgré la faible croissance de leur activité de crédit, les IMF d’Afrique surpassent celles des autres régions par leur capacité à développer leurs services d’épargne. La portée de l’épargne s’est accrue de 150% entre 2004 et 2005, portant le volume total d’épargne par IMF à 474.000 USD. Les clients défavorisés accordent une grande valeur aux services de crédit et d’épargne, et la demande pour ces services est couverte par les mutuelles en Afrique de l’ouest et, de plus en plus par un petit nombre d’IFNB et de banques transformées ou récemment créées en Afrique de l’est. Les mutuelles et les banques atteignent des niveaux d’épargne similaires mais le modèle mutualiste attire le plus grand nombre de clients recherchant des services d’épargne garantissant sécurité et disponibilité des dépôts, tant en milieu urbain que rural. En comparaison aux autres régions du monde, les emprunteurs en Afrique bénéficient d’un montant de crédit moyen nettement inférieur s’élevant à 230 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 8 USD par emprunteur. Cependant, compte tenu de la faiblesse des revenus en Afrique, ce montant représente 90% du PNB par habitant, soit le niveau de crédit le plus élevé dans le monde en termes relatifs. Les ONG en Afrique atteignent davantage les segments bas du marché et restent en phase avec leur mission de servir les pauvres en offrant des prêts de moins de 150 USD. A l’inverse, les intermédiaires financiers et les coopératives tout particulièrement atteignent des segments de clientèle plus aisés (généralement les employés salariés), tout en maintenant des montants d’épargne qui sont trois à cinq fois inférieurs aux montants des crédits offerts. Le secteur risque de tendre vers une hausse des montants moyens de prêts du fait que d’une part les institutions africaines commencent à proposer des prêts aux PME, un marché distinct actuellement dominé par les banques et si d’autre part les intermédiaires financiers continuent à dominer le marché du crédit et maintenir des prêts de montants importants. Les coopératives africaines financent presque l’intégralité de leur portefeuille (95%) avec les dépôts des clients. A l’autre extrémité de la gamme d’offre de financement, les subventions des bailleurs jouent un rôle crucial en soutenant la majorité des ONG et des programmes de microfinance n’étant pas autorisés à collecter l’épargne. Même si certaines ONG ont de plus en plus accès aux ressources commerciales par l’intermédiaire des banques locales et grâce aux garanties des bailleurs internationaux, la plupart n’ont pas fait leur preuve aux yeux des acteurs des marchés financiers locaux et reposent pour l’essentiel sur leurs fonds propres pour financer plus du tiers de leur actif. Globalement, les IMF en Afrique ne sont pas rentables et sont moins performantes que celles des autres régions du monde avec un rendement sur l’actif ajusté de -2,2%. Même si les IMF africaines ont connu une légère amélioration de leur rentabilité entre 2004 et 2005, elles sont toujours confrontées à un environnement opérationnel défavorable pour parvenir à l’équilibre et affichent un niveau d’autosuffisance financière 15 points en deçà de la médiane mondiale. La rentabilité est un véritable défi en Afrique et peu d’institutions, un tiers seulement, atteignent la pérennité. Il est intéressant de noter que celles qui sont rentables — à des niveaux sans comparaison aux autres IMF ASF de par le monde — affichent des coûts supérieurs et, par conséquent, des revenus supérieurs à ceux de leurs pairs non rentables d’Afrique Les coopératives ont démontré leur capacité à maîtriser leurs coûts et elles affichent les charges les moins élevées dans toutes les catégories à l’exception des provisions. Les coopératives sont généralement constituées sous la forme de fédération, caractérisée par des réseaux étendus d’agences bien établies sur leurs marchés respectifs. Les coopératives bénéficient également de faibles coûts de personnels grâce à un système de gouvernance faisant intervenir les membres élus bénévolement dans les comités de crédit et d’autres opérations clés. En dépit de cette structure de charges extrêmement faibles, les coopératives ne sont pas en mesure de rentrer dans leurs frais. En effet, les coopératives d’Afrique de l’ouest sont sujettes à un plafonnement des taux d’intérêt (de 27%) ce qui les empêchent de générer suffisamment de revenus pour couvrir leurs dépenses. Avec une réglementation plus flexible, les coopératives pourraient proposer une gamme de produits rentables qui leur permettraient de couvrir leurs charges déjà établies à un niveau largement en dessous des normes internationales. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 9 2. Panorama de la microfinance au Mali Situé en zone sahélienne, le Mali est en superficie le deuxième pays de l’UMOA après le Niger. La population malienne est en majorité rurale (72 % contre 28 % pour la population urbaine). Les carences en matière d’éducation et de formation sont très importantes, puisque la population est très peu alphabétisée, le taux d’alphabétisation des adultes atteignant seulement 35,5 %. La population active est occupée à 86 % dans le secteur agricole et à 12 % dans le secteur tertiaire ; l’industrie quant à elle ne représente que 2 % des actifs, ce qui reflète bien l’atrophie de ce secteur économique. Le secteur informel joue un rôle essentiel dans la mesure où il est pourvoyeur d’emplois de type précaire mais générateurs de revenus, et représente environ 80 % du « marché de l’emploi ». Le cadre juridique réglementant les activités des SFD au Mali est défini par la loi du 15 août 1994. Il distingue deux grandes catégories de structures : les institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit (qui doivent demander un agrément au ministère des Finances) et les autres institutions. La professionnalisation et l’assainissement du secteur de la Microfinance a nécessité l’élaboration d’un cadre juridique, la loi PARMEC. Au Mali, le dispositif est le suivant : • la loi n° 94-040 du 15 août 1994 portant réglementation des Institutions Mutualistes ou Coopératives d’Epargne et de Crédit ; • la Cellule Ministérielle d’Appui des SFD. Les structures ou organisations non constituées sous forme de mutuelles ou coopératives d’épargne et de crédit et ayant pour objet la collecte de l’épargne et/ou l’octroi de crédit sont régies, en vertu de l’article 6 de la loi 94-040, par une convention à signer avec le Ministère des Finances. En ce qui concerne la couverture géographique, les interventions des SFD se localisent principalement au niveau du district de Bamako et dans la région de Segou ; viennent ensuite les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Mopti. Les autres régions sont peu couvertes. Le paysage de la microfinance au Mali présente les particularités suivantes : • les réseaux ont plutôt une implantation régionale (Kafo Jiginew, CVECA du pays Dogon et autres CVECA...) ; • plusieurs réseaux sont équilibrés financièrement notamment Kafo Jiginew et les CVECA du pays Dogon ; • la BNDA (Banque Nationale de développement Agricole) est un partenaire important de certains réseaux (Kafo Jiginew, CVECA,...) en matière de refinancement et de placement des excédents de trésorerie. De plus, le secteur est composé d’une grande variété de dispositifs qui se distinguent par des démarches, des principes et des philosophies très différentes. Cette grande variété des systèmes traduit les besoins des différentes couches de la population (hommes, femmes, ruraux, urbains, entrepreneurs, agriculteurs,...) en matière d’épargne et de crédit. Cela implique que les méthodologies et les modes d’intervention soient adaptés aux segments de la population qui seront touchés par les dispositifs. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 10 B. Typologie des IMF Au Mali, 3 types de systèmes de microfinance existent : les réseaux mutualistes, les caisses villageoises autogérées et les systèmes de crédit solidaires. Réseaux mutualistes CVECA Systèmes de crédits solidaires Total 1998 Nombre de membres/clients 169 341 Encours de dépôts 6 492 765 Nombre de crédits 64 092 Encours de crédits 8 354 289 71 430 59 938 1 035 007 416 859 40 263 49 387 1 755 440 1 661 221 300 709 7 944 631 153 742 11 770 950 1. Système de crédit solidaire Principes généraux : Le système de “ crédit solidaire ” ou à “ caution solidaire ” s’est développé en Afrique notamment en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Guinée...), à la suite du succès rencontré par le Grameen Bank au Bangladesh. Le fonctionnement du système de crédit solidaire repose sur une série de principes qui fondent son originalité : - petits prêts non ciblés accordés à des individus appartenant à des groupes qui se choisissent librement et se portent solidaires en cas de non-remboursement ; - prêts remboursés régulièrement et par petites tranches ; - mise en place très progressive de ces prêts au sein des groupes afin de fonctionner sur des bases sûres ; - coûts de transaction réduits et procédures de prêts simplifiées au maximum. Le suivi rapproché des clients et la simplification des procédures doivent permettre de financer de façon rentable les micro-entreprises jusque-là limitées dans leur développement par manque de capital ; - épargne obligatoire parallèlement au remboursement du prêt et application d’un taux d’intérêt permettant de couvrir les coûts de fonctionnement pour obtenir à moyen ou à long terme un système autonome et viable. La reproduction du modèle Grameen Bank en Afrique s’est appuyée sur l’existence d’une clientèle de ruraux (agriculteurs et entrepreneurs) démunis, incapables de constituer une épargne importante mais capables de valoriser le microcrédit. Ce système a connu en Afrique de graves difficultés. La prise de conscience des difficultés structurelles, dans l’atteinte de l’équilibre financier, est venue avec les premières crises importantes, qui se sont traduites sur le terrain par des impayés préoccupants, des fraudes et parfois aussi par des conflits ponctuels de type syndical. Les problèmes sont souvent arrivés à l’occasion d’une forte croissance, mal préparée et mal maîtrisée et qui a donc entraîné une baisse de fiabilité dans la gestion du risque. Même en faisant abstraction de la situation de crise, l’équilibre financier s’avère difficile pour un type de structure comme celui-ci, dans le contexte subsaharien. Les simulations financières antérieures montraient que le point mort ne pourrait Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 11 être atteint, pour l’ensemble du réseau, qu’une quinzaine d’année après le démarrage des projets, et ce, moyennant une expansion forte, sur de nouvelles implantations. Ce sont ces mêmes expansions fortes qui sont à l’origine des crises. Fonctionnement : Ce système repose sur l’apport de fonds extérieurs pour réaliser les prêts, sans mobilisation d’une épargne préalable. Une structure locale assure l’étude des demandes et la gestion des prêts grâce à une équipe de salariés sur place. La principale limite de ce système est l’impossibilité de le pérenniser : outre les importants frais de fonctionnement, seuls des fonds de crédits supplémentaires venant de l’extérieur peuvent permettre de développer l’encours de prêt. Ce système non rentable, peut toutefois être nécessaire dans certaines zones très enclavées ne permettant ni récolte d’une épargne suffisante, ni perspective d’équilibre financier. Les études menées sur les différents systèmes montrent que les structures de crédit solidaire ont un taux d’impayé sans commune mesure avec les autres systèmes : les bénéficiaires, s’ils savent que les fonds viennent de l’extérieur (ONG, grands bailleurs de fonds, banque mondiales...) se permettent de ne pas procéder aux remboursements ; cette situation ne se retrouve pas dans les systèmes utilisant l’épargne des villageois pour prêter. Typologie de prêts : o cible prioritaire : petits commerces et artisanat o crédit de faible montant : 2500 à 100 000 FCFA o durée de 4 à 11 mois à remboursement hebdomadaire o taux d’intérêt effectifs : 30 à 40% 2. Système mutualiste et coopératif Principes généraux : Ils sont bâtis sur les modèles occidentaux apparus à la fin du XIXème siècle en Europe (Raiffeïsen), au Canada (Desjardins) et aux Etats-Unis. Les promoteurs sont des ONG du Nord ou des institutions semblables au Nord (par exemple, le réseau mutualiste Kajo Jiginew a été initié par le Crédit Coopératif). Beaucoup plus ancienne dans les pays d’Afrique anglophone (Ghana, Nigeria, Tanzanie, Cameroun dans les années 50), l’origine des systèmes mutualistes en Afrique francophone remonte à la fin des années 60. Mais c’est à partir des années 80, à la suite de la faillite de la plupart des banques de crédit agricole qu’ils sont reconnus et soutenus à la fois par les gouvernements et les bailleurs de fonds. Malgré des appellations variées, les réseaux mutualistes ont en commun les principes suivants : - accès au sociétariat pour l’acquisition d’une part sociale, responsabilité des membres, autogestion de la caisse par ses membres, gratuité des fonctions des administrateurs (conseils d’administration et de surveillance) ; - mobilisation préalable de l’épargne à l’accès au crédit ; - organisation de la structure à partir d’élus parmi les sociétaires (organes de gestion et de contrôle) et de salariés sur les aspects techniques ; Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 12 - regroupement des caisses de base en unions régionales qui, au plan national, constituent une fédération (structuration à trois niveaux) ou bien association des caisses de base en une union ou fédération (structuration à deux niveaux). De façon générale, les réseaux mutualistes connaissent une forte croissance de l’épargne, présentent des taux de remboursement satisfaisants et des perspectives de pérennité intéressantes. Les critiques qui leur sont généralement formulées ont trait à certains de leurs principes de base. En effet, l’accent mis sur “ l’épargne préalable au crédit ” aboutit à la sélection d’une clientèle relativement aisée et à l’exclusion du système des ménages à faibles revenus des zones rurales notamment. Par ailleurs, l’architecture classique des réseaux à trois niveaux conduit à une certaine centralisation des pouvoirs et à des lourdeurs administratives. Enfin, ces réseaux connaissent des problèmes de gouvernance : luttes de pouvoirs entre élus et techniciens, tentatives d’accaparement du pouvoir par les organes dirigeants et techniciens centraux. En réaction à ces critiques, les systèmes mutualistes s’efforcent d’innover pour diversifier leur clientèle (crédits spécifiques aux femmes et aux démunis souvent sans épargne préalable) et pour proposer des services de proximité dans les zones rurales reculées. Fonctionnement : Ce système repose sur le principe d’une épargne préalable. Les villageois adhèrent à la caisse en payant une cotisation et deviennent ainsi membres de la coopérative ; la qualité de membre leur ouvre dans un premier temps l’accès à l’épargne qui sera rémunéré (DAT) ou non (DAV). Après plusieurs mois d’épargne, les membres peuvent solliciter un crédit dont l’octroi est décidé par un comité de crédit composé de membres bénévoles. Les caractéristiques de prêt et d’épargne sont en grande partie choisies par le réseau (système partiellement centralisé). Dans le système mutualiste, la gestion de la caisse est assurée généralement par un salarié. Par ailleurs, le réseau assure parfois une mutualisation des fonds d’une caisse à l’autre permettant qu’une caisse connaissant un excès d’épargne (surliquidité) puisse alimenter temporairement une caisse ayant des besoins de crédits supérieurs à ses ressources. Cette mutualisation est intéressante afin de favoriser le développement de l’encours de crédit dans les caisses ayant peu de ressources (collecte de l’épargne lente) ; toutefois, elle contribue à alourdir la structure de coût du réseau qui sera répercutée sur les caisses elles-mêmes. Ce type de mutualisation nécessite en effet la construction et la diffusion de nombreux outils afin d’assurer la cohésion du réseau (système informatique, formations...) ; la solution majoritairement retenue est d’avoir recours à des bailleurs de fonds pour financer ces coûts de siège, ce qui pose la question de la viabilité à moyen terme et donc de la rentabilité de ces réseaux. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 13 Produits proposés : 2 types de produits d’épargne : o Dépôt à vue : non rémunéré o Dépôt à terme : rémunéré entre 3 et 6% pour une épargne bloquée minimum entre 3 et 6 mois 3 types de prêts : o Crédit de campagne : o Durée de 6 à 12 mois o Epargne préalable de 10 à 30% o Moyenne de prêt de 85 000 FCFA o Taux de 12 à 24 % o Remboursement in fine au moment de la vente de la récolte o Crédit ordinaire court : o Pour les femmes o Petits commerces o Remboursement hebdomadaire ou mensuel o Groupe de caution o Sans épargne préalable o Taux de 2,5% mensuel o Crédit d’équipement o Durée de 1 à 3 ans o Montant moyen de 560 000 FCFA o Taux de 1,2% par mois Exemple de grands réseaux mutualistes maliens : o Kafo Jiginew o Kondo Jigima (annexe) o NesiyiSo (annexe) 3. Les Caisses Villageoises Autogérées Principe de fonctionnement : Les caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées (CVECA), proches du fonctionnement du système mutualiste se distinguent essentiellement par la décentralisation totale des décisions et de la gestion. Elles sont issues des limites mêmes des systèmes mutualistes en termes de viabilité due à leur structure de coût. Dès le début, les caisses villageoises d’épargne et de crédit sont autogérées. La caisse du village est destinée à être l’outil financier de son développement. Adhèrent à la caisse les villageois, qui paient un droit d’adhésion. Les frais d’adhésion constituent la base du capital de la caisse. L’Assemblée Générale est villageoise : tous les villageois qui le souhaitent, qu’ils soient ou non membres, y participent (dans les grands bourgs, seuls les membres y participent et le comité de gestion devient alors un réel CA élu par les membres). Au démarrage, cette assemblée fixe les règles de fonctionnement de la caisse : critères d’adhésion, produits offerts par la caisse, taux d’intérêts débiteurs et créditeurs, politique de crédit, types de garantie, etc. L’AGV désigne les membres du comité de gestion : des personnes de confiance, à qui le village Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 14 demande de gérer pour lui la caisse d’épargne et de crédit du village. Le comité rend compte au village. L’AGV décide aussi de l’affectation des résultats, dans le cadre des dispositifs légaux (après réserves légales). C’est un élément essentiel de l’approche, puisque la cohésion du village et la perception par les membres de la caisse comme une institution permanente du village permet de mobiliser les efforts : épargne des groupes au début, épargne des individus par la suite, bénévolat des comités et des gérants pendant toute la période où la caisse ne réalise pas de bénéfice, taux d’intérêts assez élevés pour se constituer rapidement des fonds propres, pour pallier les aléas climatiques, etc. Ce fonctionnement distingue clairement la CVECA de la Mutuelle d’épargne et de crédit. Après quelques années de fonctionnement autonome, les caisses villageoises d’une zone géographique homogène, se regroupent pour constituer une Association de caisses. Très souvent, cela coïncide avec la période où les caisses ayant fait la preuve d’une bonne gestion de leurs ressources internes, émettent le besoin d’accroître leurs ressources pour mieux répondre aux demandes de crédits de leurs membres. La fonction d’intermédiation entre les caisses et la banque pour le refinancement est alors intégrée à l’Association. Elle consiste à élaborer ensemble des critères d’éligibilité au refinancement basés sur les « bonnes pratiques » communément acceptées de tous et qui vont servir de base, annuellement ou bis annuellement à un exercice de présentation des résultats des caisses entre elles, de comparaison des performances et de sélection des caisses éligibles au refinancement selon les critères définis. L’Association, avec l’aide de techniciens, élabore le dossier de demande de refinancement qui va être transmis à la BNDA pour analyse et accord. Après notification de l’accord, l’Association doit réunir les 10% de dépôts de garantie auprès des caisses éligibles au refinancement, pour les déposer en son nom auprès de la BNDA. L’association est caution solidaire pour le refinancement. Les remboursements se font de façon légèrement décalée entre les échéances des caisses en direction de l’Association et de l’Association en direction de la BNDA. En cas d’impayés, l’Association rembourse à la BNDA, avec le dépôt de garantie et se retourne ensuite contre la caisse défaillante. Pour jouer ce rôle d’intermédiaire financier, ces associations se dotent d’un statut juridique à minima (celui qui offre le plus de souplesse) : l’association sans but lucratif, dont les membres sont les caisses de base, considérées comme des associations de fait. Les CVECA au Mali : Au Mali, les CVECA se sont développées avec le soutien du CIDR, qui en collaboration avec le bailleur de fonds (AFD) et le maître d’ouvrage (BNDA) a lancé plusieurs Programmes d’Appui pour la mise en place d’un Système d’Epargne et de Crédit Autogéré (PASECA) sur différentes zones. Ces programmes sont initiées pour une période de 10 ans durant laquelle les salariés du programme étudient la faisabilité de création de nouvelles caisses, soutiennent les assemblées villageoises dans la phase de montage de la CVECA (rédaction du règlement intérieur qui fixe les caractéristiques d’adhésion, d’épargne, de prêts...), forment les caissiers et membres du comité de gestion et contrôlent le bon fonctionnement de la caisse par rapport à son règlement Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 15 intérieur et la réglementation. L’objectif poursuivi est qu’à l’issue des 5 ans, le village soit devenu autonome dans la gestion et le développement de la caisse. Caractéristiques des produits : Les caractéristiques des produits d’épargne et de prêt sont décidées par l’assemblée villageoise en fonction des besoins du village et constituent le RI de la caisse ; chaque caisse propose donc des modalités et des produits différents. Généralement, on retrouve les mêmes produits que dans les caisses mutualistes, c’est-à-dire 2 produits d’épargne (le DAV non rémunéré et le DAT rémunéré) et 3 produits de prêts (le prêt à échéance unique correspondant au crédit de campagne, le prêt ordinaire et le crédit foire qui se rembourse à court terme et ayant pour cible des femmes vendant sur les marchés). Le PASECA, s’il laisse librement choisir les modalités techniques à l’assemblée villageoise fixe tout de même quelques grands principes devant assurer le bon fonctionnement et la viabilité de la caisse (exemple : nécessité d’un différentiel de 20% entre le taux d’intérêt du DAT et celui du crédit ; absence ou progressivité du salariat du gérant en fonction des résultats, etc...). Les systèmes mutualistes et les CVECA, s’ils visent l’équilibre financier immédiat, et la pérennité du dispositif nécessitent des fonds extérieurs au démarrage. Par exemple, le PASECA finance à 85% la construction et l’équipement de chaque nouvelle caisse créée. Exemple des CVECA du Pays Dogon : Les CVECA du Pays Dogon En 1984, le CIDR décide de conduire, à son initiative, une étude d’opportunité au Mali. Le Mali fut choisi du fait de l’intérêt marqué, à la fois par le Gouvernement et par la Banque Nationale de Développement Agricole. La sélection de la région a aussi été établie avec ces partenaires, sur la base de plusieurs (potentiel économique, organisation de la population, réputation de sérieux et d’honnêteté). Deux régions émergent distinctement : la zone cotonnière de Koutiala et le Pays Dogon. Le Pays Dogon a été choisi pour une étude de faisabilité plus approfondie parce que des deux, c’était la région la plus défavorisée économiquement, et pour laquelle l’accès aux services financiers sera plus difficile sans une volonté claire d’aller l’apporter à cette population. Les Caisses Villageoises du Pays Dogon ont démarré en 1986 En 1997, le réseau des CVECA du Pays Dogon comptait 24 800 membres, dont 28 % de femmes. Le montant de dépôt à terme mobilisé était de 440 millions (encours moyen 200 millions FCFA) et le volume de crédit distribué était de 738 millions (encours moyen 408 millions FCFA). Le montant moyen par crédit était de 56 000 FCFA, soit 100 $. Le réseau a bénéficié d’un encours de refinancement auprès de la BNDA de 258 millions FCFA et a un taux d’emploi de 90% de l’ensemble de ses ressources (épargne et refinancement). En onze ans, il a pu se constituer 69 millions FCFA de fonds propres, dégagés à partir de ses propres activités, ce qui lui permet d’afficher un ratio de solvabilité de 17% (capitaux propres/encours moyen de crédit). En 1997, le taux de couverture des charges (exploitation et financière) par les produits (financiers et autres) est de 97%. Les Caisses de base ont réalisé 34 millions FCFA de bénéfice Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 16 A posteriori, on peut s’apercevoir que les CVECA sont une synthèse africaine des Mutuelles et des systèmes de Crédits solidaires, en ayant cherché à valoriser les meilleurs aspects de chacune des deux approches. De ce fait, on peut retrouver un peu de CVECA dans les solutions trouvées ou préconisées par ces deux familles. Principales limites du système de CVECA : => l’accumulation d’épargne prend du temps dans les zones villageoises limitant la capacité de prêt dans un premier temps (le refinancement bancaire ne pouvant intervenir que après quelques années d’expérience) => si les femmes représentent 40 % des membres des CVECA en moyenne, elles sont en moyenne moins de 2 dans les organes de direction ; les CVECA reproduisent en partie l’organisation traditionnelle du village où les hommes décident sans que les femmes aient réellement droit à la parole. => une CVECA ne peut fonctionner que si la cohésion entre les différentes communautés et familles est forte au sein d’un village. Dans le cas de villages connaissant des tensions communautaires ou une faible cohésion sociale, le système des CVECA ne semblent pas adapté. C. Les spécificités de la microfinance en zone rurale 1. Spécificités des zones rurales La faiblesse des densités de population Les villages sont peu peuplés et les distances sont souvent importantes entre les villages (plusieurs km) séparés par de mauvaises pistes, pénibles à parcourir. Dans un tel contexte, réussir la masse critique de clients demande de toucher de nombreux villages, de démultiplier ainsi les contacts, les actions d’animation et de formation, puis par la suite, de suivi et de contrôle, ce qui coûte cher en temps passé pour les agents de l’Institution de Microfinance (temps dans les villages et temps d’accès), auquel il faut ajouter les coûts importants de transports (carburants, entretien et réparation, amortissement de motos tout terrain). Dans une zone comme le Pays Dogon, au Mali, le surcoût lié à la faiblesse des densités de population a été estimé à 20 % des coûts totaux du programme. C’est-à-dire qu’un même programme, implanté dans une zone périurbaine assez dense, aurait coûté 20 % moins cher. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 17 La faiblesse des revenus monétaires et leur précarité. Ce sont des régions de cultures vivrières. La majeure partie des productions sert à l’autoconsommation des familles. Les surplus sont commercialisés pour procurer les rentrées monétaires nécessaires à l’acquisition d’autres biens et services de base, comme les soins de santé, la scolarité, les vêtements etc.… Dans ces régions, les revenus monétaires faibles 200 à 300 $ par an et par famille de 6 à 7 personnes sont assez courants. Ceci revient à moins d’1 $ par jour et par famille, soit très nettement en dessous du seuil de pauvreté. Le problème principal de ces régions ne réside cependant pas dans la modicité de ces revenus monétaires, mais plutôt dans leur précarité liée aux aléas climatiques chroniques, qui peuvent d’une année sur l’autre priver la famille de toute ressource, vivrière et monétaire. Dans ces régions, un promoteur de microfinance doit expérimenter et rechercher avec ses clients toute activité qui puisse être conduite à l’abri des aléas climatique et qui pourrait progressivement créer une certaine indépendance de revenus. Et de là, identifier des produits financiers bien adaptés à ces exigences. Ainsi, la faiblesse de revenus et leur précarité sont des contraintes pour l’Institution de Microfinance dans le sens où elle doit investir dans la définition de produits “ sur mesure ” dans chaque région. Cet investissement a été estimé à 40% des coûts totaux du programme. Ceci signifie que le même programme, dans une zone de rente aurait coûté 40% moins cher à implanter. Les infrastructures absentes, insuffisantes ou défectueuses. Dans ces régions, les infrastructures de base, telles que l’électricité et le téléphone sont soit absentes, soit défectueuses. Il n’existe pas de bâtiments fonctionnels à louer pour y loger soit les bureaux, soit les agences / caisses de l’Institution de Microfinance. Equiper le programme coûte donc plus que dans d’autres régions mieux loties. De même, le système éducatif ayant fait défaut de tout temps, ce sont des régions où les taux d’analphabétisme sont les plus élevés des pays et du continent. Il n’est non seulement pas aisé d’y rencontrer du personnel qualifié, mais les programmes de microfinance sont obligés d’investir (même si ce n’est pas leur mission) dans des actions de formations minimales pour que cela fonctionne. Ces formations doivent être conduites à une certaine échelle pour avoir un impact. C’est encore 20% de coûts supplémentaires qu’il convient de comptabiliser à ce programme, en comparaison à un autre opérant dans une région mieux couverte par la scolarisation par exemple. 2. Adaptation de la microfinance en zone rurale : les CVECA En zone rurale, dans la plupart des villages, il y a plusieurs groupes traditionnels (groupes d’âge, groupes de femmes, groupes professionnels –potières, teinturières, etc.. – ou groupes informels –groupes religieux, groupes de quartier, etc.…) qui ont des habitudes de travail et de gestion en commun. Il y a aussi une forte tradition de solidarité et de cohésion sociale, résultant d’années de lutte collective contre un environnement hostile où la survie de chacun est liée Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 18 à la survie du groupe. L’autopromotion collective est une valeur et une force. L’autorité des aînés est respectée, mais les décisions concernant le village sont prises collectivement en Assemblée Villageoise. La réussite des CVECA est d’avoir su valoriser ces trois éléments positifs de certaines zones rurales du Mali pour compenser les handicaps économiques de ces zones. Dans une région de ce type, on doit s’inspirer de la façon de s’organiser des populations, pour mettre en place des institutions financières, certes plus modernes dans le sens des outils et plus fiables, avec les règles clairement écrites et connues de tous, mais suffisamment endogènes pour s’insérer naturellement dans le paysage villageois. C’est ainsi qu’elles apporteront à leurs clients une perception de permanence, élément clé de sa pérennité. L’innovation est vitale. Elle peut s’appliquer dans tous les domaines : gestion, organisation, institutionnalisation. ♦ En matière de gestion, les CVECA ont introduit un mécanisme d’intéressement aux résultats particulièrement audacieux, qui a permis non seulement de limiter à l’extrême les charges fixes, mais a créé un système réussi de contre-pouvoir, pression sociale et encouragement aux résultats, qui s’est révélé efficace et fonctionnel. ♦ En matière d’organisation, elles ont valorisé jusqu’à l’extrême les atouts et compétences de chaque catégorie d’acteurs pour une efficience et productivité optimale. Pour le contrôle interne, elles organisent un niveau de “ contrôleurs croisés ”. Pour les blocages politiques et culturels, elles mobilisent les compétences adéquates pour régler ces problèmes. Les techniciens qualifiés ne sont utilisés que pour traiter les aspects techniques les concernant. C’est un principe de subsidiarité bien respecté. C’est aussi la minimisation des coûts salariaux. ♦ En matière d’institutionnalisation, les CVECA ont aussi innové en externalisant une partie très importante des fonctions non vitales. Elles contractent avec un “ Prestataire de Service Privé ”, pour un certain nombre de services dont elles ont besoin, sur la base d’un cahier des charges et d’un tarif négocié. Elles “ soustraitent ” la fonction Caisse Centrale à la banque partenaire surtout pour les besoins de refinancement. Le dispositif général est donc très léger. Les CVECA paient des services, pas des structures. ♦ En zone sahélienne très pauvre, on fait face à une “ concurrence ” qui, à la différence de zones riches, n’est pas une concurrence commerciale, mais une concurrence de projets subventionnés, visant des buts sociaux et caritatifs. Pour pérenniser, il ne faut pas y être moins strict et moins cher. Il faut y être plus strict et rigoureux, et persévérer dans une politique de taux qui permet l’autofinancement. C’est la seule manière de faire percevoir la différence par les clients. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 19 II. ETUDE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE SUR LE MANDE Le Mandé évolue dans un contexte défavorable pour le développement de la microfinance : - Des expériences passées malheureuses : La zone a vu des échecs successifs de caisses, des détournements de fonds, des collectes sans lendemain... La population est donc méfiante par rapport au Microcrédit, ayant perdu une part de son épargne ou déçue suite à de brusques changements dans la politique des caisses. - Une difficulté culturelle : Les habitants du Mandé semblent instables : mentalité de projets ponctuels sur la zone, manque de projection sur un projet donné, habitude de l’assistanat... Dans ce contexte, il est plus difficile de faire vivre des projets qui fonctionnent sur la collecte de l’épargne locale, sur l’autogestion. - Des zones à risque : Les régions aurifères et frontalières sont instables (revenus irréguliers, population peu sédentarisée, éloignement et enclavement…) et les institutions de micro finance hésitent à y investir. A. L’offre 1. Recensement des caisses Il existe 7 réseaux présents et 18 caisses implantées sur le Mandé (liste non exhaustive): - AMPS (Siby), - JIGIYASOBA (Kangaba), - KOLON KAFOSO (Keniegoue), - 6S GRAPPES (Bankoumana), - PASECA-OSK (Makadjana, Séguélé, Kanalé Soba, Niamé, Kollé, Samako, Dalakana, Woronina, Sokourani, Naréna, Sandana, Narakenieba), - CAISSE DES 3AG (Siby), - KONDO JIGIMA (Karan). 4 nouvelles caisses de PASECA-OSK devraient être opérationnelles fin mars 2007 : Diouriba, Kouroussalé, Siby, Bankoumana. Le territoire est donc inégalement couvert et par des caisses très différentes en terme d’organisation, de flexibilité des produits et de professionnalisme. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 20 2. Exemples de fonctionnement de quelques caisses JIGIYASOBA à Kangaba Caisse historique, 1000 clients, 630 emprunteurs, cercle de Kangaba o o o Caractéristiques des produits de crédit : - 4500 F « frais d’adhésion » - prêts de 3 à 8 mois, taux de 27% en moyenne, pas de différé, caution de 20 à 30%, en moyenne 300 000 F - encours de prêt de 32M Caractéristiques des produits d’épargne : - DAV : au moins 1000F, non rémunéré ; - DAT : au moins 25 000 F pendant 23 mois, rémunéré à 4% - Epargne mobilisée : 52 M Fonctionnement : - un réseau national qui impose les règles - des élus : un conseil d’administration, un conseil de surveillance, un comité de crédit, un comité d’éducation - des salariés : 3 KOLON KAFOSO à Keniegoue Création récente : 2005 o o o Caractéristiques des produits de crédit : - au moins 3 mois d’épargne préalableet 2500 F de dépôt - de 1 mois à un an, taux de 15%, remboursement flexible, plafonds individuels (150 000 F) et collectifs (500 000 F) Caractéristiques des produits d’épargne : - DAV : non rémunéré - DAT : minimum 50 000 F, taux variable Fonctionnement : - 2 salariés à temps complet dés le lancement (un gérant et un gardien) - Des élus : un comité de crédit et un comité de gestion - Touche 11 villages, avec la difficulté d’aller dans les autres villages - Epargne locale transférée au siège sans rémunération KONDO JIGIMA à Karan Réseau malien important, présentation en annexe Caisse récente (moins de 6 mois), 5 prêts accordés, 32 membres o o Caractéristiques des produits de crédit : - adhésion de 5 000 F, caution de 20% (montant bloqué à la caisse) Fonctionnement : - 2 salariés (gérant+gardien) et location du local Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 21 JIGI-SENBESO à Bankoumana (réseau 6sgrappes) Caisse récente (octobre 2006), 12 membres, 4M de fonds apportés au démarrage par le réseau o o o Caractéristiques des produits de crédit : - 2000F d’adhésion et 1000F de dépôt - 3 mois à un an, 24%, remboursements souples (différé possible, voire remboursement unique), garantie matérielle (vélo, charrette…) Caractéristiques des produits d’épargne : - DAT : 4,5% seulement si un emprunteur est intéressé Fonctionnement : - Appui du réseau chaque semaine pendant 3 ans + formation de 8 jours - des élus : comité de crédit, conseil d’administration, conseil de surveillance - deux gérants rémunérés en fonction de l’activité de la caisse PASECA-OSK Les règles sont choisies par le village (règlement intérieur) avec l’aide du réseau ; chaque caisse (CVECA) est différente. o o o o Caractéristiques des produits de crédit : - par expérience, besoin d’un différentiel de 20% entre le taux d’épargne (DAT) et celui du crédit - flexibilité forte (échéance unique possible, différés…) ; la durée du crédit ne doit pas dépasser celle de l’épargne - frais d’adhésion souvent de 1000F pour les individus et 5000F pour les collectifs Caractéristiques des produits d’épargne : - DAV non rémunérée - DAT (plus de 3 mois) de 3 à 7 % selon les choix des caisses Fonctionnement : - comité de gestion (7 membres) élu par la population - 3 caissiers (bénévoles, puis rémunérés en fonction du résultat en 2ème année sur décision de l’AG et salaires en 3ème année) proposés par la population, testés par le réseau puis formés 9 jours; pas de gardien dans les villages - Accompagnement du réseau (documents de suivis préparés, visite deux fois par mois) - Refinancement possible par la banque en 3ème année (à un taux de 8%) Spécificités des CVECA : Des villages mitoyens peuvent ainsi opter pour des systèmes très différents : - à Kambalé Souba (petit village à 5 kms de Siby): Un seul produit de prêt : minimum 2500F, de 1 à 6 mois, taux de 26%, possible de rembourser quand on veut durant la période. - à Siby (bourg): 4 types de crédit retenus, tous à 24% : crédit foire de 5000 à 50000 F pendant une semaine, crédit d’avance sur salaires pour les fonctionnaires, crédit à échéance unique ou à remboursements multiples Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 22 CVECA dans le pays Mandé : exemple de la caisse de Tamaliensoba La caisse du village de Tamaliensoba a été créée suite à une demande des villageois et aux résultats de l’étude de faisabilité réalisée par le PASECA OSK. Suite à la décision de lancement de la caisse, les travaux de construction du local ont commencé (financés à 85% par le PASECA, la main d’œuvre et les matériaux disponibles sur place étant fournis par le village) en même temps que se réunissaient plusieurs fois les forces vives du village et les représentants du PASECA afin de définir le règlement intérieur. La création effective date de février 2006. Les éléments définis par le RI sont les suivants : - l’adhésion est obligatoire pour accéder aux services et coûte 1000F pour les individus et 5000F pour les groupements. - les produits d’épargne : => le DAV, sans rémunération et d’un montant minimum de 2500F => le plan d’épargne : montant minimum de 250F bloqué au moins 6 mois et rémunéré à 3% => DAT : montant minimum de 2500F bloqué au moins 3 mois et rémunéré à 6% - les produits de prêts : => un seul produit de prêt, très souple, a été créé : le montant et la durée de remboursement sont entièrement adaptés en fonction des besoins du projet et des ressources de la caisse ; le taux d’intérêt est de 26% ; garanties matérielles systématiquement demandée (animaux, charrues, motos...) - la gouvernance : => le Comité de Gestion est composé de 7 personnes (une seule femme) choisies par l’Assemblée Villageoise ; il se réunit 2 fois par semaine pour assurer le recouvrement et contrôler leur trésorerie (en vérité, les calculs de liquidité prévisionnelle sont plutôt réalisés par le réseau PASECA lors des visites régulière ; malgré les formations, les membres du CG ou les caissiers ne sont pas encore familiarisés avec ces notions) et décider de l’octroi des crédits (sur la base d’un document type de questions liées au projet et au demandeur). => les caissiers : au nombre de 3 (mais l’un d’eux est parti du village) ils assurent les tâches d’accueil, d’information, de saisie, etc... la caisse est ouverte un jour par semaine. Les caissiers sont choisis par l’AG et testés pour validation par le réseau ; ils suivent 9 jours de formation au démarrage de la part du PASECA OSK. => à l’issue de 2 années d’activité, l’AG choisit une indemnisation pour les caissiers et les membres du CG en fonction du résultat de l’année. - Volume d’activité après une année : => nombre de membres : 188 (92 femmes, 2 groupements) => montant total des dépôts : 1 106 000 F => encours de crédit : 982 660 F (58 prêts, soit en moyenne 17 000 F) Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 23 B. La demande On peut classer les demandes en deux catégories : - demande de création de nouvelles caisses (aucune caisse sur la zone ou caisse trop éloignée), - caisse existante mais ne couvrant pas ou mal les besoins. 1. Nouvelles caisses Les réseaux existants ne couvrent que partiellement le Mandé. Dans certaines zones, la population et les élus soulignent la difficulté, voire l’impossibilité d’accéder à un crédit. On est dans ce cas, soit face à des communes délaissées sans aucun accès au crédit (ex : Nouga), soit face à des caisses trop éloignées pour les villageois (ex : Déguélé). Ces villages peuvent paraître trop enclavés, trop instables (ex des zones aurifères) ou trop petits (moins de 1000 habitants) pour une IMF. Les réseaux n’ont souvent aussi pas pour l’instant les ressources pour accompagner ces ouvertures de caisse. Ainsi, nous avons recensé un très grand nombre de demandes, parfois très motivées (ex de Déguéla ou de Nouga), de la part d’élus, de porteurs de projets, de coopératives de femmes, d’agriculteurs individuels… pour installer une caisse dans leur village (liste fournie à titre d’exemple, non exhaustive) : Nouga, Keniero, Taabu, Faraguero, Kongola, Deguela, Salémélé, Selinkeni, Kongola, Dianela, Tabu, Kenieroba… 2. Besoins non ou mal couverts Cas généraux Dans certaines zones, une caisse existe mais ne remplit que partiellement son rôle. Les problèmes les plus récurrents recensés lors des entretiens sont les suivants : Communication insuffisante : Le premier écueil est lié à la mauvaise connaissance de la caisse implantée. Dans certains villages, beaucoup de personnes ne connaissent pas l’existence des caisses (même les élus ou maire), ou ne comprennent pas le fonctionnement. La majorité des caisses fonctionnant sur l’épargne préalable, la question de la connaissance et de la compréhension de la caisse est primordiale. Soutien à l’investissement : Les demandes de financement concernent majoritairement les achats d’intrants, de semences, d’engrais… pour la production agricole et maraîchère (crédit de campagne de 7 à 12 mois). Elles peuvent aussi concerner les activités commerciales (crédit court de 1 à 3 mois de très faible montant) ou le crédit stockage de céréales (6 à 12 mois). Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 24 Ces besoins sont en général couverts par la caisse (cas de Kangaba étudié séparément). Cependant, une demande n’est que rarement couverte, celle du financement des équipements. Nous avons recensé un nombre important de recherche de financement pour du matériel de traction, charrette (pour aller vendre la production agricole à Bamako), équipements pour le maraîchage (motopompes, clôtures), investissements pour développer la production des groupements (karité)… La limite est que l’épargne locale n’est pas suffisante pour faire face à la demande (ex : Kollé, Niamé, Sokourani) et la BNDA n’accepte de refinancer les caisses que pour de courtes durées avec des dépôts de garantie de 30%. Par conséquent, ces caisses ne sont pas capables d’offrir des financements d’investissements, qui exigent des disponibilités pendant des durées plus longues. Conseil et accompagnement Les études montrent que l’installation de structures de micro crédit ne suffit pas elle seule à faire émerger des activités. La complémentarité avec un travail d’accompagnement de projets semble être un point primordial dans la réussite du développement local. Les structures françaises de financement de micro projets ont intégré cette notion en accompagnant et en formant en ante et en post création les chefs d’entreprise ; sans être duplicable à l’identique ce couplage accompagnement et financement pourrait être intéressant. Nous avons sur le Mandé recensé les demandes suivantes : - besoin d’un accompagnement à la commercialisation et au développement de la qualité (coopérative de karité, ACOD) - besoin de susciter l’initiative (CIDR) - besoin d’accompagnement pour aider à diversifier les activités et créer des projets à plus forte valeur ajoutée (or à Nouga, bananes à Sokourani ou oignons à Bankoumana) - améliorer la gestion des revenus, apprendre à suivre les dépenses, à gérer un budget, notion de prévisionnel (demande des élus et des membres des caisses). Caisses fragiles Certaines caisses ont soulevé un niveau d’interrogations différent, si bien que nous les traitons à part : - La caisse des 3 AG (Siby) a bénéficié de 3 subventions successives de l’ONG, le taux d’impayés est élevé (lié au fait que la caisse couvre plusieurs villages rendant difficile le recouvrement), la caisse est peu visible (pas de local identifié) et souffre de problème de gouvernance (membres du comité de gestion eux-mêmes en impayés...) ; 2 autres caisses des 3 AG seraient dans la même situation sur le cercle de Kati. - La caisse de Keniegoué souffre d’un manque d’accompagnement du réseau Kolon Kafoso (3 visites seulement depuis la création, formation des Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 25 gestionnaires faibles…) si bien que les membres n’ont aucune visibilité sur leur structure (perte ?...). Les charges fixes sont conséquentes (un gardien + un gérant), certains remboursements posent déjà problème, alors que la structure n’a émis que 33 prêts à un taux de 15%. La situation est préoccupante mais le réseau ne semble pas avoir les moyens d’accompagner aujourd’hui. La commune semble pourtant représenter un potentiel (3000 habitants, activités économiques existantes). - La caisse de Kangaba ne pose pas les mêmes interrogations en terme de viabilité mais a fait émerger trois grandes faiblesses peu recensées jusqu’alors : o elle n’est pas très active techniquement, elle manque de flexibilité dans l’offre : pas de différé possible, remboursement unique limité, pas de possibilité de financer des investissements… Elle ne répond que partiellement aux attentes de la population. o sa situation économique reste tendue. Depuis le 8 décembre 2006, elle ne distribue plus de prêt (situation passagère). Les causes évoquées seraient un taux d’impayés important, des charges fixes élevées (siège+3 salariés), le coût du recours au crédit bancaire pour refinancer la caisse. o le coût total pour un emprunteur est élevé; à noter qu’on descend difficilement en dessous de 27% pour les prêts courts dans les IMF, mais il s’ajoute ici un coût à l’entrée non négligeable (4 500 F environ). Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 26 III. Pistes de travail A. mode d’intervention 1. cadre de référence Les pistes de travail ébauchées ci-dessous cherchent à répondre aux mieux aux attentes des élus et de la population, dans le cadre de référence suivant : Projet global établi dans la durée Conformément au type de partenariat souhaité par Arlysère, nous avons travaillé sur un projet global (plutôt qu’un soutien ponctuel à une coopérative ou à quelques porteurs de projets ou à un village en particulier) permettant d’impliquer un grand nombre de communes de l’AMUMA dans la durée. Recherche de la pérennité des caisses Une caisse en faillite entraîne la perte de la maigre épargne de la population locale et créé une méfiance difficilement réversible vis-à-vis de la microfinance. Il parait donc primordial, dans les actions poursuivies, de faire preuve de prudence et de rechercher avant tout la pérennité des caisses : aide aux caisses en difficulté, installation de caisses après une étude de faisabilité, implication de la population et partenariat avec un réseau existant … En particulier, il faut être prudent sur la question des taux d’intérêts : il serait tentant de monter un dispositif permettant de les diminuer et ainsi de les rapprocher des références françaises, mais les taux retenus par les réseaux implantés dans les zones rurales sont en réalité le gage de pérennité des caisses. Recherche d’un partenariat Dans l’esprit de pérennité du projet, il nous apparaît pertinent de collaborer avec un réseau existant plutôt que de créer une nouvelle structure qui n’aurait ni expérience, ni crédibilité ni légitimité ; de plus un partenariat avec une IMF implantée localement permet un effet de levier intéressant. 2. partenariat Dans cette recherche de partenariat, nous avons privilégié les acteurs qui ont : - un savoir faire et une expérience reconnue dans la micro finance, - développé un système de microfinance adapté aux spécificités des zones rurales (cf §I- C-), - déjà travaillé dans le Mandé, - la volonté et les moyens de se développer et de collaborer, Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 27 et qui respectent de facteurs clés de succès que nous avons identifiés sur le Mandé : - implantation locale, proximité (retombées positives tant en termes de communication, d’accessibilité des services, qu’en termes de remboursement), - éviter les dépôts de garantie qui exclut les populations en difficulté; se baser plutôt sur la connaissance de la personne par la communauté ou sur les garanties matérielles, - adopter des règles de prudence dans le développement de la caisse: tester les clients (faire un petit crédit et selon les remboursements, accorder des prêts plus conséquents), avoir des charges progressives (ouverture de la caisse à temps partiel, éviter de salarier un gérant et un gardien dés le lancement ce qui fragilise la structure et augmente le coût du crédit)… , - proposer des produits flexibles, adaptés à la population locale, - impliquer la population dans la caisse (contribue au développement de la caisse, au bon remboursement des emprunts contractés et participe à la formation de la population), - avoir un suivi très fort les premières années, former les gérants et élus, - aller vers l’autonomisation et l’autosuffisance (pas de subventions de fonctionnement), - considérer la microfinance comme un outil et non comme un objectif en soi ; la microfinance doit favoriser le développement d’un territoire grâce à l’émergence d’initiatives individuelles et collectives. La structure la plus adaptée nous semble être le PASECA-OSK car : - elle possède déjà 12 caisses sur la zone (réseau le mieux implanté), - elle a une expérience reconnue dans la MF, en particulier en zone rurale (20 ans, parmi les 3 acteurs majeurs au Mali), - elle développe un programme ambitieux sur le Mandé dans les 2 prochaines années (12 nouvelles caisses programmées), - elle est ouverte à une collaboration avec Arlysère et l’AMUMA, - le système de fonctionnement des CVECA est adapté au milieu rural et répond aux attentes locales. B. axes de travail 1. Accompagnement à l’installation de nouvelles caisses Le Mandé n’est que très partiellement couvert par des dispositifs de financement. L’étude réalisée sur le Mandé a identifié des besoins et des demandes d’installation de nouvelles caisses sur un grand nombre de villages. Les IMF présentes n’envisagent pas de programme de développement de grande ampleur sur la Mandé. Seul le PASECA prévoit l’ouverture d’une douzaine de caisses sur les deux prochaines années (limite budgétaire et non politique). Ces acteurs ne répondront donc que très partiellement à la demande sur le territoire. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 28 Le premier axe de travail serait donc, en s’appuyant sur le PASECA, de favoriser la création de nouvelles caisses en finançant leur étude et leur construction (ou création de « guichets » dans les petits villages). La connaissance du terrain de Modibo Diabaté associée aux compétences techniques du PASECA contribueraient certainement à la réussite du projet. Identification des villages potentiels La connaissance d’AKT et de Modibo Diabate du Mandé (15 années d’expérience sur la zone) permettrait de recenser les villages intéressants (avec les maires ?) et de pré-selectionner pour Paseca-Osk les villages à étudier dans le cadre de leur développement sur le Mandé. Critères possibles de sélection des villages : Village Nombre Marché à d’habitants moins de 6 kms Demande de caisse Expérience réussie avec AKT Financement de nouvelles caisses Il peut être pertinent d’accélérer le processus de création en co-finançant certaines caisses, et notamment en ciblant des territoires plus difficiles (zones aurifères par exemple qui sont exclus des programmes de développement de tous les réseaux), et en travaillant sur un accompagnement économique parallèle. Budget global pour la création et l'accompagnement d'une caisse LOCAL Le village fournit la main d'œuvre Construction et équipement 15% 85% FORMATION Formations des caissiers, comité de gestion… 670000 3 800 000 1 200 000 ACCOMPAGNEMENT un accompagnateur pour 5 caisses en création et 8 ensuite, suivi pendant 4 ans Salaires + charges mensuelles 200 000 Charges annexes 65 000 Suivi COUT TOTAL Part d'autofinancement: Financement nécessaire: Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 1 828 500 7 498 500 670 000 6 828 500 soit en €uros: 10 425 Page 29 Le coût total d’installation et de suivi d’une caisse s’élève donc à 7MF (environ 10 K€). Financement de lignes de crédit dédiées aux plus petits villages (guichets) Pour répondre au problème de proximité pour les villages de moins de 1000 habitants (trop petits pour pérenniser une caisse) et situés à moins de 10 kilomètres d’une caisse, il peut être envisagé de développer des lignes de crédit spécifiques. On a ainsi une baisse des charges, et un service régulièrement présent dans le village. Le fait que la ligne de crédit soit financée par un bailleur doit rester confidentiel pour assurer un bon recouvrement des crédits. Budget global pour la création et l'accompagnement d'une ligne de crédit dédiée Accompagnement, sensibilisation Formation COUT TOTAL 1 590 000 600 000 2 190 000 soit en €uros: 3 344 Le coût par village serait de 2 MF environ (3,5 K€). 2. Soutien à l’investissement Une limite fréquemment soulignée par la population du Mandé est la difficulté de financer de l’investissement, ce qui limite les capacités de développement des projets. Il pourrait être envisagé de conventionner avec le Paseca sur le développement d’un produit de prêt supplémentaire : le crédit d’équipement. Ce type de crédit n’est pas octroyé aujourd’hui en raison du manque de ressources (épargne insuffisante). Les besoins par prêt varient entre 200 à 350 000 F et on dénombre entre 20 et 50 intéressés par village (à valider), soit un besoin de 8 MF par caisse. L’idée serait, pour que l’effet levier soit maximisé, de réaliser un dépôt de garantie à la banque plutôt que d’apporter directement ces fonds aux caisses. Ainsi, pour financer une ligne de 8MF, il faudrait apporter 30% de 8M, soit 2M400 F (4 K€). Le partenariat développé pourrait orienter ce produit vers des cibles particulières. Les formes d’entrepreneuriat collectives pourraient être privilégiées, en particulier les coopératives et groupements féminins (transformation de produits – karité ou mangues -, équipement pour les activités maraîchères, transport pour le marché…). Ce ciblage, à valider par une étude, permettrait de répondre à la demande des élus de soutenir davantage les femmes, fréquemment exclues des systèmes financiers, dans le cadre de ce partenariat. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 30 3. Prestations de conseil Cet axe est très peu traité au Mali et apparaît pourtant comme primordial dans la réussite du développement local. Plusieurs interlocuteurs référents sur la microfinance pensent qu’il s’agit là de l’enjeu principal. Travailler sur un accompagnement en partenariat avec le CIDR pourrait être un binôme constructif et novateur. Deux types d’accompagnement seraient alors envisageables : Education populaire économique L’objectif est de sensibiliser la population à la gestion d’un budget, apprendre à suivre les dépenses, à prévoir… Cette même action permettrait simultanément de communiquer sur la présence et le fonctionnement de la caisse. L’approche doit être un mode d’animation simple (théâtre, jeux…), comparable à la démarche des malles scientifiques. L’expérience de AKT et de Modibo sur ce thème est à valoriser. Le contenu de cette action serait alors constitué de : - réalisation d’outils simples de sensibilisation, - passage dans les villages où une caisse (quel que soit son réseau) est / sera implantée (une trentaine) à raison de 10 jours par village. On peut aussi imaginer, pour alléger le coût de cet axe et pour y ajouter une dimension culturelle, faire un « chantier mixte », une collaboration avec des étudiants français en gestion volontaires pour une mission d’un mois... Susciter l’entrepreneuriat Nous avons rencontré de nombreux hommes et femmes sur le Mandé, volontaires, motivés pour s’impliquer, pour travailler, mais en manque d’idées, en difficulté pour formaliser leur projet, pour savoir comment avancer… L’idée serait donc d’être plus pro-actif dans la démarche, de ne pas seulement proposer des financements à ceux qui ont une idée, mais de réfléchir au développement économique local dans son ensemble. L’équivalent de nos animateurs économiques locaux… L’approche consisterait dans un premier temps dans l’identification des filières à potentiel sur le territoire (en termes de production, de rentabilité, de perspectives de commercialisation, etc…) et dans un deuxième temps dans le repérage, l’accompagnement et le financement de porteurs de projets dans ces filières. o Identifier les pistes de développement économique Avant de soutenir des projets tels que la transformation de mangues ou de karité, l’intensification de productions céréalières ou maraîchères, il parait Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 31 pertinent de valider la faisabilité (ex : la qualité des mangues du Mandé permetelle bien une transformation ?), la marge, mais surtout la commercialisation. Nous avons donc cherché à récupérer des études par filière auprès de la Chambre d’agriculture et de l’Institut d’Economie Rural. Des fiches sont disponibles (PCDA- Programme Compétitivité Diversité Agricole, ACI 2000 Rue 317 Porte 359 Bamako - 222 11 25 - www.pcda-mali.org) référençant les acteurs présents sur le marché, les masses globales… mais aucun travail par filière et par secteur géographique n’est réalisé. Il serait donc intéressant, sur quelques villages pilotes, de faire une étude d’opportunités par filière: quel potentiel ? Quelle commercialisation possible? Quel coût d’installation ? ... pour en tirer des axes de développement. Cette étude peut être réalisée directement ou sous-traitée à des bureaux d’étude spécialisés dans l’étude et l’appui de filière dans le milieu agricole (exemple :ICD Initiatives-conseils-développement, cf annexe). Le coût d’une étude pour un village (mais les problématiques des villages du Mandé sont assez proches et des économies d’échelles sont possibles) s’élèverait à 500 000 F. Il serait aussi pertinent de rencontrer des structures d’accompagnement existantes pour repérer les bonnes pratiques (ex : USC Canada et son accompagnement de l’activité maraîchère, Helvetas Mali de la mangue...), voire imaginer des rencontres entre porteurs de projet du Mandé et gérants de structures identiques sur un autre territoire. o Accompagnement de porteurs de projet - A partir de l’étude précédemment réalisée, des axes de développement seront définis et des repères disponibles (partenaires envisageables, notions de marge, de commercialisation, de technicité…). - Il s’agira alors de recenser les porteur de projet volontaires : il semble souhaitable que l’idée vienne d’eux, avec une validation par le programme de leur volonté de créer, de leur implication (notamment apports personnels…)… - Un chargé de mission accompagnera ensuite les porteurs de projet dans leur création : formation technique (ex : l’IER ou l’ICD dispensent des modules spécifiques sur le séchage de la mangue), formation gestionnaire de base, recherche de marchés, calcul du prix de revient, de vente… L’accompagnement concernera aussi la période post-création, pendant au moins 18 mois régulièrement. Les crédits d’équipement seraient alors déterminants pour la création de ces filières. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 32 4. Cas particuliers Caisses en difficulté Dans le paragraphe II- B-2, nous avons évoqué la situation de quelques caisses fragiles, en particulier celle de Keniegoue, « abandonnée » par son réseau, et qui nous demande de l’aide. La pérennité de la structure est en jeu. Ne serait-il pas pertinent d’envisager une convention particulière sur l’appui de ces caisses ? (besoin de négocier avec les réseaux 3AG et Kolon Kafoso, qui, s’ils n’ont pas les moyens d’accompagner leurs caisses , souhaitent certainement les garder dans leur statistique…). Nous trouverons une solution si cet axe semble prioritaire… Kangaba La caisse n’est pas en difficulté mais ne répond que partiellement aux besoins. Deux solutions : - conventionner avec JigiyasoBa pour bonifier les taux, créer des fonds pour développer le crédit à remboursement unique… - soutenir la création d’une nouvelle caisse à Kangaba (option privilégiée par les locaux). Selon les études, la taille de la commune le permettrait. Cependant, cette ouverture n’est pas dans l’objectif 2007 du Paseca, il pourrait être un objectif d’Arlysère dans le cadre du partenariat avec le PASECA. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 33 Conclusion Le Mandé se révèle une zone assez délaissée par l’aide au développement. En comparaison avec d’autres zones rurales du Mali, peu d’IMF y sont implantées. Pourtant, l’étude valide une réelle attente concernant la microfinance dans le pays Mandé. En effet, lors de l’étude sur le terrain, les personnes que nous avons rencontré (élus, commerçants, paysans, représentants de groupements, etc...) sont venus spontanément nous exprimer leurs besoins de financement et ont montré un fort enthousiasme pour cette question. Le réseau des CVECA, expérimenté et adapté à de telle zone, développe un programme ambitieux sur le Mandé et est ouvert à un partenariat pour accélérer ou améliorer la couverture du territoire. Trois pistes - de collaboration paraissent pertinentes : le cofinancement de nouvelles caisses ou guichets la création de produits de crédits inexistants et attendus la sensibilisation économique et un travail plus global en termes de développement local. Pour conclure, l’étude sur le terrain et la richesse des pistes dégagées confirment bien la pertinence d’une implication d’ Arlysère sur la microfinance dans le Mandé. Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 34 Annexe 1 : liste des entretiens réalisés 1 Approche de la demande sur le Mandé (élus, porteurs de projet, groupements…) SIBY - Rencontre de Mr Brehima Camara, maire de Siby - Visite de la coopérative de femmes de karité et entretien avec la présidente - Rencontre de deux salariés d’ACOD (ONG d’accompagnement de la coopérative) - Entretien avec Diocolo Doumbia, secrétaire général de Siby - Rencontre de la coopérative d’escalade NOUGA - Rencontre de Mr le Maire et Mr le Maire adjoint de Nouga - Visite d’une association maraîchère de femmes de Nouga et entretien avec Fanta Diawara – présidente, Sadio Magasouba, Mariam Togola, membres - Entretien avec Yacouba Magassouba, association de gestion de la semence, du programme PCSA KANGABA - Entretien avec Mamadou Keita, maire de Kangaba - Rencontre avec Fatomata Sinayoko et Awa Kante, membres du groupement de coiffeuses du Mandé sur Kangaba - RDV avec Ladjsidiki Doumbia, agriculteur membre de la CE - Rencontre de Boubakar Konté, jardinier carreleur - Rencontre de M’Ba Doumbia, Namouké Keita, Djanaba Keita, membres de l’association des femmes veuves de Kangaba - Entretien avec Chaka Sacko, président de l’association d’handicapés DEGUELA Réunion avec : - Lagji Sangaré – président de la chambre d’agriculture, membre du PSAOP et élu - Faguima Traore – président de la préfecture du cercle de Kangaba et de la coopérative de semence - Mamadou Koné dit Mary Diarra – élu, VP de l’association de jeunes - Namon Koné dit Kolo- élu, membre de l’association de jeunes et de celle de semences - Fakanda Moulaye Keita – notable KENIEGUE, village de Salamalé - Rencontre de Oumar Traoré – membre d’une association maraîchère BANKOUMANA - Rencontre de Lamin Tounkara, secrétaire général de Bankoumana Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 35 2 Compréhension de l’offre (réseaux, caisses existantes…) SIBY - Présence à une réunion de création de la caisse villageoise avec une trentaine de notables du village et Abdoul Karim Sacko du Paseca-OSK KENIEGUE - Visite de la caisse de Keniegoué et rencontre de Lassine Kané - président, Deguemory Traoré - gérant, Aboubacar Traoré – Président du comité de crédit, Yaya Traoré – VP du comité de crédit, Bou Traoré – VP du comité de gestion KANGABA - Entretien avec Aguibou Dembélé, chargé de mission à la caisse Jigiyasoba KARAN - Cheik Fatamady Keita, membre du bureau de la caisse Kondo Jigima BANKOUMANA - Visite de la caisse Jigi Senbeso et rencontre de Daman Konaté – gérant, Bakari Kaita Camara, 2ème gérant - Entretien avec Mamadou Koné, animateur de l’ONG 6sgrappes - Rencontre de Tenemakan Camara, superviseur du programme Paseca sur Siby et Kangaba MANDE (Kambalé Souba) - Visite de la caisse villageoise (Passeca OSK) et entretien avec Badou Keita – président du comité de gestion, Baharit Keita – président du comité de gestion, Modibo Bobo Keita – caissier, Bahourou Doumbia – membre du comité de gestion - Entretien avec Irossa Warmé, responsable de zone Passeca-OSK SIEGE DE STRUCTURES A BAMAKO : - Visite de Jigiyasoba et entretien avec Noury N’Dyne Sanogo, directeur général, et deux chargés de mission, Almoustapha Touré et N’Zie Koné - Entretien avec Mamdou Mana Sidibé, directeur de l’ONG USC Canada - Entretien avec Adama Kodio, directeur du CIDR - Réunions avec Abdoul Karim Sacko, directeur de programme du PasecaOSK - Entretien téléphonique avec Mamadou Diallo, directeur de l’ICD 3 – Entretiens divers - Rencontre de Luc Barret, conseiller technique à la chambre d’agriculture Visite du centre de recherche agricole et rencontre de M Dramé, responsable des filières fruitières Réunion avec Thérèse Touré d’AKT Rencontre de Serge Bessay, chef de projet Tetrakys Mali Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 36 Annexe 2 : contacts PASECA-OSK Abdoul Karim Sacko Directeur de projets 265 00 67 [email protected] JIGIYASO BA Noury N’Dyne Sanogo Directeur général 229 50 30 [email protected] USC CANADA Modibo Goita Coordinateur national 229 90 26 [email protected] ICD MALI Amadou Diallo 671 48 48 [email protected] Luc BARRET Conseiller technique à la Chambre d’Agriculture du Mali 931 69 26 [email protected] Institut d’Economie Rurale (IER) M Dramé 224 16 41 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 37 Annexe 3 : sources documentaires www.lamicrofinance.org www.themix.org www.mixmarket.org http://www.malipages.com/ccaong/index.asp www.cerise-microfinance.org http://www.enterweb.org/microcre.htm Etude documentaire du PASECA OSK Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 38 Annexe 4 : présentation du réseau Nyesigiso Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 39 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 40 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 41 Annexe 5 : présentation du réseau Kolon Jigima Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 42 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 43 Annexe 6 : exemple synthétique d’une étude d’installation d’une caisse dans un village du Mandé Djoliba : Le village de Djoliba est situé sur la route Nationale N°15 à 40 km de Bamako et 20 km de Bancoumana. Il est situé dans la commune du Mandé. La population de ce village est estimée à environ 4 076 habitants répartis entre 200 familles. L’exploitation des ressources naturelles de ce village (fleuve, sable et gravier) a entraîné l’arrivée d’une diversité de travailleurs. Djoliba reste cependant un village typique mandeka dirigé par un chef de village et des conseillers, où la cohésion sociale est forte et les décisions respectées. L’agriculture, l’élevage, le commerce, l’exploitation du sable et du gravier, l’exploitation des produits de cueillette constituent les secteurs clés de l’économie de Djoliba. Le coton est la principale culture de rente. Le maraîchage, principalement la production de tomates, des oignons, de la laitue et des choux, occupe plus de 200 producteurs pendant la contre saison. Ce secteur bénéficie de la proximité de Bamako. L’extraction du gravier et du sable est l’activité la plus dominante pour les hommes et aussi la plus lucrative. L’exploitation se fait dans le lit du fleuve et le transport est assuré par des pirogues. Cette activité emploie des milliers de personnes dans le village (les exploitants, les ouvriers et les revendeurs). Elle procure à chaque ouvrier une recette journalière de 5 000 à 10 000 FCFA pendant la période d’exploitation (en moyenne 5 mois dans l’année). Cette activité stimule les autres secteurs d’activité du village. Le commerce est tenu par les boutiquiers (environ 15) les étalagistes (20) les commerçants de pièces détachées des engins à deux roues (5) les vendeuses de poissons, les revendeurs de carburant (4) les gargotières (plus de 10) et aussi les revendeurs de sable et de gravier. Le marché du village est fréquenté par les forains venant de tous les villages environnants et de Bamako. La pêche est pratiquée par les Bozos et les somonos. L’artisanat est basé sur la boulangerie, la forge, la menuiserie, la réparation des engins à deux roues, la couture etc. L’offre de service financier est assurée par la BNDA. Elle concerne la production agricole et le commerce. Les résultats généraux de la projection financière faite sur la base du résultat des enquêtes sont les suivants : Montants en F CFA 1) Nombre de membres individuels Nombre de membres groupes Nombre de membres total 6) Encours moyen DAT et PE 12) Encours moyen de crédit = ( (5 + 6) x 10) +(8 x 11) Encours moyen DAT / Total Membres Encours moyen crédit / Total Membres Année Année 2007 2008 Année 2009 Année 2010 310 410 510 610 7 317 1 830 000 2 547 000 9 419 3 160 000 4 245 000 10 520 5 140 000 6 711 000 10 620 8 860 000 10 802 000 5 800 7 500 9 900 14 300 8 000 10 100 12 900 17 400 Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 44 Annexe 7 : évolutions récentes de la microfinance malienne La situation économique du Mali, en 2004, a été caractérisée par une faible croissance économique qui s'est établie à 2,2% contre 6,1% en 2003. Ce net ralentissement résulte des mauvaises performances enregistrées au niveau des secteurs primaire et secondaire. Outre l'incidence de ce contexte, la finance de proximité a été affectée en 2004 par les événements ci-après: - la poursuite de la crise ivoirienne de septembre 2002, qui s'est traduite par le ralentissement des activités de certaines institutions de microfinance (IMF) ; - la mauvaise pluviométrie et l'invasion acridienne qui ont affecté les productions de coton et de riz et, par ricochet, les SFD intervenant dans le financement des activités des producteurs de ces spéculations. En 2004, la BCEAO, a recensé quatre-vingt treize (93) institutions de microfinance. A l'examen des principaux indicateurs tirés de l'information financière et statistique transmises par les SFD, la microfinance au Mali, en 2004 se caractérise par : - une amélioration du taux de pénétration du marché, reflétée par des augmentations respectives de 17,7% du nombre d'institutions et de 7,8% de la clientèle contre respectivement 36,2% et 16,2% en 2003. En termes d'accès des populations aux services financiers de proximité sur la base des hypothèses relatives à la composition des familles, près d'une famille sur deux recourt aux prestations des SFD; - une augmentation de 14,3% des ressources des SFD, provenant en partie de la hausse de 12,9% des dépôts collectés et 22,7% des fonds propres ; - une progression de 5,1% des financements octroyés contre 15,9% un an plus tôt et une augmentation de 14,3% de l'encours des crédits; - une nette amélioration de la qualité du portefeuille des SFD consécutive au repli de 2,6% des crédits en souffrance. Ainsi le taux brut de dégradation du portefeuille se situe à 6,0% en 2004 contre 7,0% en 2003; - une augmentation des produits d'exploitation (21,4%), plus importante que celle des charges (15,8%), induisant un excédent d'exploitation hors subvention qui s'établit à 895,0 millions de FCFA, pour un actif total de 51,9 milliards de FCFA. Par rapport à l'exercice précédent, ce résultat a été multiplié par deux et demi. En ce qui concerne la structuration du marché, deux institutions (KAFO JIGINEW et NYESIGISO) occupent une place prépondérante dans la finance décentralisée. Ces deux SFD regroupent à eux seuls près de la moitié (47,0%) des bénéficiaires directs en 2004 et collectent 53,8% des dépôts contre 59,5% en 2003. En Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 45 termes de financements, ces deux institutions ont octroyé 46,2% des crédits accordés. Le troisième réseau de taille importante est porté par le CIDR au travers des programmes de CVECA. En termes d'emplois directs créés, l'effectif de salariés de la finance de proximité est de 2.573 en 2004 contre 2.506 un an plus tôt, soit un accroissement de 2,7%. Principaux indicateurs 2002 2003 2004 Variations 2003/2002 58 79 93 17,70% 762 818 858 4,90% 523 883 608 514 656 092 7,80% 20 049 23 491 26 511 12,90% 55 221 51 965 48 409 -6,80% Fonds propres (millions de FCFA) 7 938 9 018 11 062 22,70% Subventions (millions de FCFA) 1 537 1 450 2 191 51,10% 34 247 39 688 41 704 5,10% 258 461 244 258 250 335 2,50% Montant moyen des prêts (FCFA) ** 95 443 111 418 166 493 49,40% Crédits FCFA) 24 818 29 874 34 142 14,30% 189 726 218 395 214 661 -1,70% Montant moyen des crédits en cours (FCFA) ** 128 752 135 773 147 247 8,50% Crédits en souffrance (millions de FCFA) 1 137 2 091 2 037 -2,60% Placements (millions de FCFA) 4 899 5 115 5 847 14,30% 40 602 44 605 51 935 16,40% 7 497 8 392 10 185 21,40% Nombre d'institutions Nombre de points de services Nombre de bénéficiaires directs * Dépôts (millions de FCFA) Montant moyen (FCFA) ** Crédits FCFA) accordés des dépôts (millions de Nombre de crédits accordés en cours (millions de Nombre de crédits en cours Actif total (millions de FCFA) Produits d'exploitation de FCFA) (millions Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 46 (millions 6 382 8 024 9 290 15,80% Résultat net agrégé (millions de FCFA) 1 115 368 895 143,20% 2 157 2 506 2 573 2,70% Charges d'exploitation de FCFA) Nombre d'employés Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 47 Annexe 8 : Informations recueillies sur la filière mangues 1 – Produit frais : Le marché intérieur absorbe 90% du volume des mangues fraîches ; c’est un produit peu valorisé car le marché est saturé. Il reste cependant des opportunités à l’exportation via un centre de conditionnement à Sikasso (difficile à partir du Mandé). Un nouveau centre sera peut-être ouvert à Bamako en mars 07. Les normes sont très strictes pour l’exportation (certification). Des ONG appuient les producteurs dans cette démarche (ex : Helvetas Mali, Traid Mali). 2- Produit transformé (mangues séchées, nectar ou confiture) La mangue séchée est l’activité la plus rentable (35% de marge), mais le marché intérieur n’existe pas et la demande à l’exportion est couverte par les burkinabais (4 à 5 nouvelles entreprises s’installent chaque année sur ce secteur au Burkina et utilisent la filière bio /commerce équitable pour commercialiser). Le nectar et la confiture sont des activités moins rentables mais où il semble rester un potentiel de développement sur le marché intérieur. Cependant, toute mangue n’est pas transformable (selon la variété, à valider). La difficulté réside alors dans l’approvisionnement en emballage (pas de bouteilles neuves ni de cartons au Mali). Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 48 Annexe 9 : présentation de ICD Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 49 Annexe 10 : Liste Des communes de l’AMUMA et identification des caisses NB : nous avons récupéré un logiciel de cartographie (disponible chez Boni ou Modibo) permettant de travailler par zone et d’avoir des informations (malheureusement non actualisées) sur les villages (nombre d’habitants, marché, forage, école...). CERCLE DE KATI - Bancoumana (3, 2 en création) Siby (5, 2 en création) Dialakoroba (0) Kourouba (0) Niumakana (0) Sobra (1) Niagadina (0) Mandé (5) Tiakadougou Faraba (0) CERCLE DE KANGABA - Benkadi (0) Karan (1) Minidian (1) Selefougou (0) Nouga (1) Kaniogo (1) Naréna (2) Balanbakana (0) Rapport d’étude sur la microfinance dans le pays Mandé Janvier 2007 Page 50