L`œuvre des réserves Un masque recouvert de perles de la culture
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L`œuvre des réserves Un masque recouvert de perles de la culture
Sous les projecteurs Gilet d’homme, à manches ouvertes Cette veste masculine en feutre brodé provient des pays balkaniques, soit de Grèce, soit, ce qui semble plus probable, d’Albanie. Ce type de veste se portait sur une chemise blanche avec les manches ramenées en arrière, sur le dos, laissant paraître seul le gilet de face. Aussi appelé « fustan », ce costume était en usage en Albanie durant tout le XIXe siècle. Aujourd’hui, il est encore porté dans certaines manifestations à caractère folklorique. L’usage du feutre, résistant « au feu et au fer » comme en témoigne Pline, remonte aux peuples nomades de l’Asie centrale -Tartares, Mandchous, Mongols- qui l’utilisaient pour fabriquer leurs tentes. Plus proche de nous, nombre de bergers ont disposé de manteaux en bure de laine foulée, des confins orientaux de l’Europe jusqu’en Inde. Les avantages des textiles feutrés sont multiples : d’abord une résistance à l’usure, une imperméabilité parfaite avec une facilité de découpage. Si le traitement de la laine et son tissage étaient des travaux féminins, le foulage à proximité des moulins à foulon nécessitait la collaboration des deux sexes. En revanche, ce sont les hommes, organisés en confréries de couturiers et de brodeurs, qui confectionnaient les vêtements comme ce gilet. On masquait habilement toutes les coutures par un recouvrement généreux de broderies et de soutaches, comme motifs de décoration de l’habit. ■ Gilet d’homme provenant des Balkans Prêts Les Heures du jour au Musée Magnin de Dijon La réunion des musées nationaux et le musée Magnin de Dijon vont présenter du 18 novembre 2009 au 14 février 2010 une exposition intitulée Les Heures du jour, dans l’intimité de la journée d’une famille de la haute société, du XVIIe au XIXe siècle. Les collections vont être mises en scène au cœur de l’hôtel particulier Lantin qui abrite le musée. Il s’agit de présenter l’évolution d’une journée type des membres d’une famille de la haute société du XVIIe au XIXe siècle, période qui recouvre à la fois la collection de peintures françaises du musée et l’histoire de l’hôtel particulier. Chaque salle du premier étage propose aux visiteurs une activité de cette journée du passé, dont l’ordre était invariable du lever au coucher, et ce grâce à la présentation de peintures, d’ouvrages littéraires, de meubles d’époque, d’objets usuels et bien entendu de la très belle robe de soirée 1er Empire appartenant aux collections du musée du Costume. ■ 11 Automne 2009 Journal édité par le Conseil Général de la Nièvre, Conservation des musées et du patrimoine Deux parutions par an : mars et septembre Mise en page : Marie-Laure Pin Impression : Imprimerie Guillaudot N° ISSN : 1958-1521 Robe de soirée Ier Empire, CH 009, mousseline de coton brodée. Un tableau huichol dans l’exposition Bon voyage Ce tableau caractéristique de l’artisanat huichol a été offert à François Mitterrand par François Reichenbach, cinéaste, passionné du Mexique qui a acquis de nombreuses œuvres pendant ses séjours. Sa collection est aujourd’hui présentée au Musée des Arts Africains Océaniens Amérindiens (MAAOA) de Marseille. On retrouve, dans ce tableau fait de brins de laine collés à la cire, de nombreux éléments des croyances huicholes. D’abord le soleil, maître des cieux qui apporte la lumière et l’illumination du monde. Grâce à lui les récoltes sont saines et la nourriture abondante. Il est accompagné ici de sa femme : la splendide Aigle. Les bougies sont également présentes en de nombreux endroits du tableau. Elles symbolisent l’illumination de l’esprit humain par le don sacré des dieux du Soleil et du Feu, la promesse qu’au-delà de la mort se poursuit la lumière. Comme dans tous les tableaux de fils, on retrouve les baguettes de guérison. Elles ont la forme d’une flèche à laquelle est attachée une paire de plumes (aigle ou faucon). Ces baguettes font partie du panier de guérison du chaman qui les utilisaient pour les divinations, pour bénir les offrandes ou guérir les maladies. Bien d’autres symboles ornent cette œuvre, mais n’oublions pas le principal animal de la composition : le cerf. Présent à l’intérieur, mais également sur le « cadre », il est mentionné dans plusieurs légendes et traditions. Il est le guide qui permet aux Huichols de trouver le peyotl chaque année lors de leur pèlerinage, mais également celui qui conduit les chamans sur le chemin de la connaissance. Bien d’autres motifs entrent dans la composition de cette œuvre. Venez la découvrir, ou re-découvrir, dans l’exposition Bon Voyage. Stéphanie RABUSSIER-RINGEVAL Médiatrice du patrimoine ■ La cité muséale de Château-Chinon, un enjeu de territoire. L e Conseil Général de la Nièvre, pour accompagner au mieux ses territoires, a décidé d’inscrire au plan de relance départemental un projet de refonte général des musées de Château-Chinon regroupés au sein d’une cité muséale. Cette initiative — renforcée par le Plan Local de Revitalisation (PLR) du secteur de Château-Chinon — va permettre de relancer et redynamiser deux musées qui se positionnent comme deux acteurs incontournables du tourisme culturel nivernais. Le concept d’une cité muséale offrant deux musées en un — labellisés Musées de France — veut augmenter l’attractivité patrimoniale du site. Ce projet souhaite surtout répondre aux besoins muséographiques des deux musées, notamment ceux du Septennat, en présentant et valorisant l’image de François Mitterrand, en donnant un sens plus protocolaire aux collections et en ravivant un lien avec le musée du Costume par le jardin. Le programme définitif des travaux et le calendrier des réalisations sont en cours de finalisation. En attendant cet événement, le quotidien des musées continue par un moment festif puisque nous avons accueilli le conteur Jean-Claude Botton qui nous a proposé de passer une merveilleuse alliance du conte et de l’art à l’occasion du Festival du Conte « A haute voix » organisé par la Bibliothèque de la Nièvre. Marcel CHARMANT Président du Conseil Général de la Nièvre ■ L’œuvre des réserves Un masque recouvert de perles de la culture huichol « Une montagne, une source, une rivière, une forêt, un amas de granit ou une grotte sont des dieux. Ainsi, quand on détruit un endroit à la dynamite, c’est une divinité qu’on élimine de la surface de la terre ». (extrait d’une profession de foi Huichol) Descendants des Aztèques, les indiens Huichols vivent dans les canyons arides de la Sierra Madre Occidentale du Mexique, sur les états de Jalisco et Nayarit. Vallées encaissées, canyons vertigineux, absence de routes (sauf les petits sentiers indiens) et un refus entêté d’abandonner leur habitat familial dispersé leur ont permis de préserver leur culture, leur langage et leur mode de vie traditionnels. Ils vivent encore au rythme de leurs ascendants précolombiens, malgré les tentatives des missionnaires et quelques incursions du modernisme. Leur vie communautaire s’organise encore autour d’un gouverneur, qui se consacre aux affaires civiles, et d’un chaman – appelé marakate – en charge du spirituel et du curatif. Dans les années 1930, Robert Zingg, un des premiers anthropologues à avoir rencontré les Huichols, affirmait que « tous les adultes sont des artistes, les hommes sachant faire les objets votifs et les femmes, les textiles brodés ». Originellement, l’art huichol est un art tourné vers et consacré uniquement au sacré. Peintures rupestres, tableaux de fils de laine, calebasses recouvertes de perles sont autant d’offrandes aux dieux. La technique est toujours la même : une âme en bois, des brins de laine ou des perles collées dessus à l’aide de cire d’abeille. Depuis les années 1960, l’artisanat huichol est devenu une activité économique à part entière, délaissant ainsi sa part de spiritualité originelle. Les indiens huichols réalisent leurs œuvres principalement sous l’influence du peyotl. Ils pensent que cette petite plante de la famille des cactacées leur a été donnée par le Père Soleil quand il quitta la terre pour le Ciel, afin de guérir les maux et blessures des hommes. Du peyotl est extraite la mescaline, une puissante substance hallucinogène, qui selon Cocteau « nous fait passer outre notre code des perspectives et des couleurs ». Peut-être est-ce la raison de cet art si saturé de couleurs vives, orné de nombreux dessins, parfois géométriques, parfois abstraits, habité de personnages naïfs issus de la cosmogonie huichol… Pour en savoir plus sur la signification de certains éléments, rendez-vous en page 4 de la gazette pour l’étude d’un tableau présenté dans l’exposition Bon Voyage au musée du Costume. Stéphanie RABUSSIER-RINGEVAL Médiatrice du patrimoine ■ Dossier Dans le cadre du 8e festival « à haute voix » Les grands apports du projet cité muséale au Musée du Septennat Jean-Claude Botton : L’alliance magique du conte et de l’art En complément des nécessaires mises aux normes sécuritaires liées aux bâtiments, plusieurs aménagements sont d’ores et déjà prévus. Une entrée commune qu’il reste à situer, avec un billet unique. Le musée du Costume devrait bénéficier de l’agrandissement de sa salle d’exposition temporaire, disposer d’une réserve complémentaire, modifier la présentation d’une séquence muséographique et créer un spectacle numérique en fin de parcours. Acquérir, augmenter sensiblement la collection XXe nécessite de nouveaux rangements à plat, donc beaucoup de place. L’agrandissement des réserves existantes par l’aménagement de l’ancien local du gardien apportera du souffle à la conservation des pièces fragiles. Ces réserves de plain-pied, seront découpées entre stockage des collections, zone pour les mannequins, espace pour vitrines, estrades et divers. L’actuel récolement du Costume devra permettre de définir les priorités en matière de restaurations. Au musée du Septennat, Jean-Claude Botton nous a convié à une balade contée autour des plus beaux objets des collections ; un périple qui nous a emmené à la découverte du monde entier pour raconter, écouter des histoires d’ici et d’ailleurs. ■ Journées européennes du Patrimoine Merci aux nombreux visiteurs qui ont pu découvrir les deux musées de Château-Chinon lors des Journées européennes du Patrimoine et qui ont ainsi contribué à notre meilleur taux de participation et à l’entière réussite de cette manifestation populaire puisque 903 personnes ont ainsi bénéficié de la gratuité d’entrée. ■ A propos de l’exposition de Suzanne Hetzel Pour éviter aux visiteurs de revenir sur leurs pas, un nouveau sens de circulation est envisagé pour les salles «Afrique». Durant la conception du projet cité muséale, l’exposition Prendre un air de feu continue jusqu’au 31 décembre avec une partie délocalisée au centre Condorcet à Château-Chinon. Deux photos sont ainsi présentées depuis quelques temps dans l’espace d’accueil de la médiathèque. Les avez-vous vues ? ■ Pour l’agrément des visiteurs, un ré-aménagement du jardin est prévu en respectant le chêne offert par la Reine d’Angleterre. Le jardin, trait d’union essentiel entre les deux musées, est un des points forts du projet. Il va devenir un espace de respiration, de repos, de découverte paysagère et de création contemporaine. Cet espace naturel qui fait le lien entre Costume et Septennat prédisposera d’autant plus au reste de la visite qu’il doit devenir lui-même un objet de découverte. Il semble essentiel de clarifier cet espace par une création végétale, paysagère, plus significative. Par ailleurs, il est bon de rappeler la volonté innovante du maire, François Mitterrand, d’installer dès 1977 l’art contemporain à Château-Chinon. L’implantation, à l’entrée de la ville, de « la Serrure », œuvre du sculpteur Marcel Petit bientôt suivie par quelques dépôts du F.N.A.C. nous incite à prolonger une voie majestueusement bornée par la Statue-fontaine mobile de Jean Tinguely et Niki de St Phalle. L’occasion est donnée de poser un jalon supplémentaire et d’inviter un artiste à créer une œuvre : végétale colorée, plastique ou tout autre respectant la liaison inter-musées et apportant une notion de bien être. Au musée du Septennat la priorité sera donnée à la création d’une salle d’exposition temporaire, au redéploiement total des collections ainsi qu ‘à diverses évolutions muséographiques : nouvelles vitrines et nouveaux thèmes. Mais tout d’abord, il faut installer François Mitterrand dans son musée. C’est aussi la grande nouveauté du projet. Actuellement, la présence du Président de la République est très fragmentaire. Elle se limite à quelques photographies ou portraits peints. S’il est, en quelque sorte, présent visuellement dans un musée qui expose le don qu’il a fait au Département de la Nièvre, en revanche rien n’est dit sur lui, ni sur la nature et la qualité de son action politique. En plus du rappel des fonctions classiques de représentations et du rôle diplomatique d’un Président de la Ve République, il semble important de rappeler l’action politique et la place de François Mitterrand dans l’engagement de la France sur la scène internationale. Ce rôle proéminent doit être installé au centre de la visite, au cœur de la zone France. Bien entendu ce projet va résoudre l’accessibilité à tous les publics, et promouvoir une politique culturelle attractive disposant de salles d’expositions et d’animation. Rendez-vous est donné pour les années futures. ■ Musées pratiques ❚ Septennat : 6, rue du Château 58120 Château-Chinon Tél. 03 86 85 19 23 ❚ Costume : 4, rue du Château 58120 Château-Chinon Tél. 03 86 85 18 55 L’entrée de la cité muséale pourrait s’effectuer à l’étage de la cafétéria. Au Musée du Costume, le XXe siècle aura enfin sa place avec un espace dédié au monde du spectacle et de la Haute-Couture. Jours et horaires d’ouverture (communs au deux musées) : - des vacances de février au 30 avril et du 1er octobre au 31 décembre : tous les jours sauf mardi de 10 à 12h et de 14 à 18h - du 1er mai au 30 juin et du 1er au 30 septembre : tous les jours sauf mardi de 10 à 13h et de 14 à 18h - du 1er juillet au 31 août : tous les jours de 10 à 13 h et de 14 à 19 h Fermeture annuelle du 1er janvier aux vacances de février et le 25 décembre