Rome - Étrurie

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Rome - Étrurie
Rome - Étrurie
Mars-Avril 2009
Source : Histoire des Étrusques. L’antique civilisation toscane VIIIè – Ier avant J.-C., Jean-Marc Irollo, Perrin, Paris, 2004
Équipe pédagogique : Mr. Carlen, Mme Cauchy, Mr. Moncel, Mr. Schneider, Mme Schumacher
1
Présentation générale
Rome est l’une des plus anciennes cités d’Europe occidentale. Selon la légende, la fondation
de Rome remonte au 21 avril 753 avant J.-C. Deux traditions essaient de l’expliquer. L’une,
relevant du mythe, attribue le mérite de l’opération à un roi, Romulus, qui doit tuer son frère
Remus pour réaliser son projet. L’autre, révélant de l’archéologie, fait intervenir la volonté de
plusieurs villages qui se regroupent autour du Palatin, opération que l’on appelle, d’un mot
grec, synœcisme.
Progressivement, avec la conquête de l’Italie puis du bassin méditerranéen, Rome s’affirme
comme le « centre du pouvoir » sous l’Empire. Cette fonction de centralité s’explique
notamment par la présence de l’empereur, ce qui implique que la Ville devient un modèle et
un miroir du pouvoir. Rome se confond avec l’empereur et l’État. L’architecture ne sert pas
seulement à construire ; elle recèle une signification politique, sociale, ou religieuse. Tous les
bâtiments publics présentent une caractéristique : ils ont toujours un double sens. À côté de
leur destination première (par exemple des thermes sont conçus pour les bains), ils expriment
un message idéologique (les thermes de Caracalla1 manifestent les sympathies de cet
empereur pour le peuple romain), le plus souvent parce que le commanditaire exprime de
manière spontanée ses sentiments à travers ses choix, et parfois peut-être pour faire passer un
message (Caracalla aime la plèbe, et sans doute a-t-il voulu le faire savoir).
Il ne s’agit pas ici de se tromper. On ne peut pas parler de propagande à cette époque.
L’urbanisme et l’architecture de Rome ne doivent pas être séparés de l’histoire de la Ville
(l’Urbs) et même de l’histoire de l’Empire. L’apogée de ce langage à deux niveaux est atteint
au temps d’Auguste (premier empereur romain de 27 avant J.-C. à 14 après J.-C.), dont
l’œuvre architecturale traduit un programme politique riche et complexe, sans pour autant
jamais constituer de la propagande2.
Rome est la ville la plus peuplée de l’Antiquité (1 million d’habitants) : la première
métropole/mégapole de l’Histoire. Elle concentre alors à l’apogée de l’Empire romain toutes
les fonctions d’une métropole. Elle est d’abord une capitale politique, résidence de l’empereur
1
Les Thermes de Caracalla sont inaugurés par cet Empereur en 216 après J-C. Ces thermes peuvent accueillir simultanément
1 600 personnes. Ils sont restaurés à plusieurs reprises en particulier par les Empereurs Aurélien et Dioclétien et même par le
Roi Wisigoth Théodoric, pourtant ce sont ces mêmes Goths qui, en 537, sont à l'origine de l'arrêt de son fonctionnement en
coupant les aqueducs qui alimentent en eau la ville de Rome.
2
Rappel : La propagande est la manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses.
2
et de son administration. Elle est ensuite une capitale économique grâce au développement de
son port, Ostie, qui reçoit toutes les richesses du bassin méditerranéen. Mais elle offre aussi
des réseaux d’échanges multiples et une diversité d’activités, qui se lisent dans des espaces
urbains spécialisés. Enfin, Rome est aussi un carrefour artistique, culturel et religieux ; un
véritable pôle d’attraction. Les diverses formes artistiques, littéraires et architecturales se
trouvent réunies et repensées dans ce foyer de cultures où l’hellénisation joue depuis
longtemps un rôle déterminant. Rome prend ainsi une dimension universelle, c’est la capitale
du monde !
Pour comprendre la puissance et la formidable influence de Rome sur l’histoire européenne il
convient de ne pas oublier un peuple et une civilisation : les Étrusques. Au VIè s. avant notre
ère, ils composent la triade méditerranéenne avec les Grecs et les Carthaginois. Les Étrusques
laissent aux Romains des livres dont les sujets traitent de l’urbanisation essentiellement. À
l’époque de Cicéron (106 avant J.-C. et 43 avant J.-C.), l’aristocratie romaine conserve encore
l’habitude d’envoyer ses fils à Tarquinia, à leurs yeux ville sacrée, comme Delphes l’est pour
les Grecs et Rome pour les chrétien du Moyen-Âge, afin qu’ils étudient la langue et la culture
étrusques3.
Parmi les Romains qui poussent très loin leur intérêt pour la culture étrusque figure au
premier rang l’empereur Claude (qui règne de l’année 10 à l’année 54). C’est un étruscophile
convaincu qui rédige en langue grec une histoire des Étrusques en vingt volumes, intitulée
Tyrrhenika. Ces vingt volumes sont malheureusement perdus. Claude peut être considéré
comme le premier véritable étruscologue de l’histoire. De plus, reconnaissant le savoir-faire
des devins étrusques, l’empereur leur redonne le droit d’exercer leur discipline en créant
l’ordre des 60 haruspices4.
De nombreux éléments montrent en outre que bien avant l’art grec, l’art étrusque est à
l’honneur à Rome. Sur le Forum comme sur le palatin, de nombreuses statues étrusques
voisinent longtemps avec des statues grecques. À l’époque de Pline le Jeune (né aux environs
de l’année 61 après J.-C. et mort aux environs de l’année 114), les riches amateurs d’art
collectionnent avec passion les œuvres étrusques notamment les vases en bronze. Sous
l’empereur Trajan (98- 117), des artisans étrusques sont encore employés à fabriquer des
objets comme des miroirs de bronze magnifiquement gravés, des broches, des récipients pour
les ustensiles de toilette et les cosmétiques.
3
La pratique de la langue étrusque se maintient un certain temps dans les milieux romains cultivés, avant d’être détrônée définitivement par
le grec. L’étrusque disparaît en tant que langue vivante dès le Ier siècle après J.-C.
4
Ces prêtres, versés dans la divination et l’interprétation des signes envoyés par les dieux, sont le plus souvent possible recrutés parmi les
anciennes familles de la noblesse de Toscane. Leur fonction : conserver et enseigner l’antique « discipline étrusque ».
3
C’est surtout dans le domaine religieux que l’influence des Étrusques sur les Romains est la
plus durable : la langue étrusque subsiste encore liturgiquement5 dans les temples romains.
Enfin, jusqu’au milieu du IVè s. après J.-C., les haruspices pratiquent toujours la même
science d’après des sources étrusques.
À la fin de l’Empire romain d’Occident (milieu du Vè s. après J.-C.), la religion chrétienne
permet à Rome de conserver son statut de capital. En effet, la vocation universelle de la Ville
se confond avec la vocation universelle du christianisme6. Rome est le siège de la papauté
depuis le martyre de Pierre aux débuts des années 60 après J.-C. Depuis ce martyre,
Christianisme et Empire se trouvent intimement mêlés. Coup politique génial ou concours de
circonstances ? En tout cas, la diffusion du christianisme dans le bassin méditerranéen doit
passer d’abord et surtout par Rome.
Mis en difficulté, les papes de la Contre-Réforme vont l’embellir (notamment aux XVIè et
XVIIè s.), pour redonner à la religion catholique un pouvoir d’attraction fort afin de freiner et
réduire la progression du protestantisme en Europe. Les papes affirment la puissance de la foi
catholique en transformant la Ville éternelle. Elle est à la fois l’instrument du pouvoir des
papes et le miroir du catholicisme. Rome garde la même fonction que sous l’Empire romain.
Elle devient alors la capitale de l’art baroque7 jusqu’au XVIIIè s.
Avec l’unification politique de l’Italie en 1870, Rome devient la capitale du nouvel État, tout
en restant celle des catholiques.
Rome est le berceau de la construction européenne. Le 25 mars 1957, l’Allemagne (la RFA),
la France, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas signent un « traité instituant la
Communauté économique européenne » (CEE). Il met en place le marché commun et définit
les bases de la politique agricole commune (PAC) mise en œuvre en 1962. De par son
histoire (politique, architecturale et religieuse), Rome symbolise ainsi les valeurs
européennes. Le choix de la ville n’est pas un hasard. 2007, était l’année du cinquantième
anniversaire du traité de Rome.
5
6
Vient du mot liturgie : service du culte, cérémonial.
À noter que le mot « catholique », vient du latin catholicos qui signifie « universel ».
7
Le mot « baroque » est à l’origine un mot portugais, « barroco », qui qualifie une perle irrégulière et un mot castillan, « berruco » qui
signifie la même chose en joaillerie.
4
Enfin, elle est aussi la ville qui a vu naître les premières réflexions sur le développement
durable avec la création du Club de Rome. Fondé le 8 avril 1968 à l'initiative d'Aurelio
Peccei, un Italien membre du conseil d'administration de FIAT, et d'Alexander King, un
scientifique et fonctionnaire écossais, le Club de Rome est une association internationale (et
non politique) réunissant des scientifiques, des humanistes, des économistes, des professeurs,
des fonctionnaires nationaux et internationaux ainsi que des industriels de 53 pays. Les
membres du Club ont comme but de chercher des solutions pratiques aux problèmes
planétaires. Son rôle demeure surtout de sensibiliser les hauts dirigeants aux problèmes
planétaires actuels. Ce club s’est fait connaître notamment par quelques rapports retentissants
comme le rapport Meadows (1972), qui a pour titre Halte à la croissance ? Il est suivi en
1974 d'un deuxième rapport : Sortir de l'ère du gaspillage : demain. Depuis, il a produit plus
de vingt publications dans une série appelée Rapports du Club de Rome.
Enfin, voyager en Italie (comme vous allez le faire) remonte à l’Europe de l’Ancien Régime.
Provoqué par l’intérêt pour la civilisation étrusque (redécouverte à la Renaissance), les
familles de l’aristocratie européenne envoient alors leurs fils faire un voyage autour de la
Méditerranée pour qu’ils complètent leur éducation classique. Ce périple est appelé le
« Grand Tour » et son origine remonte au XVIIè s. Le choix de la Méditerranée s’explique par
la nécessité de visiter les lieux qui ont constitué le creuset (le fondement) de la civilisation
occidentale. Le voyage du gentilhomme (d’abord britannique, puis français, etc.) jusqu’à
Rome est un élément obligatoire de l’éducation, une sorte de parcours initiatique, qui
couronne la connaissance des textes classiques par une appréhension directe des lieux et des
monuments de l’Italie antique. Cette connaissance paraît à l’époque fondamentale dans la vie
d’un homme cultivé.
Puis, c’est au tour des artistes qui viennent puiser l’inspiration dans des lieux chargés
d’histoire. Ce voyage dans l’un des berceaux de la civilisation européenne est à l’origine de
l’invention du tourisme, à la fin du XVIIIè s.
5
Reconstitution de la Rome antique (vue aérienne)
Source : http://www.euratlas.net/Roma/region.jpg
6
Vue aérienne : Nécropole de Cerveteri
Source : http://www.guideroma.com/fototour/cerveteri/fototourcerveteri.htm
Visite virtuelle :
http://www.guideroma.com/fototour/cerveteri/fototourcerveteri.htm
Aperçu de la nécropole de Tarquinia
Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/html/francese/a235.html
7
I. Rome : capitale de l’Empire romain
1. Un peu d’Histoire
Cartes extraites de Rome et son Empire de M. Christol et D. Nony, Hachette Supérieur, Paris 2003
Fondée selon la tradition en 753 avant J.-C., Rome est d’abord une royauté pendant 200 ans.
Puis en 509 avant J.-C., les Romains chassent le dernier roi étrusque et mettent en place un
nouveau système politique, la République8. Le pouvoir revient alors au Sénat et au peuple
romain (Senatus populusque romanus, abrégé en SPQR). Les citoyens réunis en assemblée,
les comices, participent au pouvoir en élisant les magistrats. Les plus puissants d’entre eux
8
République : régime politique dans lequel le pouvoir n’appartient pas à une seule personne.
8
sont les consuls qui dirigent toutes les affaires de la cité et conduisent la guerre.
Le Sénat surveille les finances et la bonne pratique de la religion.
La vie civique et politique s’exerce autour de la principale place publique, le Forum.
La société reste longtemps partagée en deux classes. Les patriciens et les plébéiens 9. Les
patriciens appartiennent à des familles très puissantes, souvent grands propriétaires. Ils sont
les seuls à pouvoir devenir magistrats puis sénateurs. Les plébéiens forment la grande
majorité des citoyens, mais leurs droits sont limités. À la suite de leur révolte au Vè s., les
plus riches accèdent aux magistratures.
Si Rome est gouvernée au nom du Sénat et du peuple romain (SPQR), le pouvoir est en fait
exercé par les patriciens.
Schéma du gouvernement de Rome à l’époque de la République, Manuel 6è, Histoire-Géographie, Hachette éducation, sous
la direction de Vincent Adoumié, Paris, 2004. P. 118
Il faut cinq siècles à la cité de Rome pour prendre le contrôle de l’Italie. C’est après le conflit
surnommé « la guerre sociale » qui débute en 91 avant J.-C. et se termine en 88 avant J.-C.
que le Sénat romain donne la citoyenneté à tous les peuples d’Italie. La conquête de la
péninsule est définitivement achevée. Deux siècles à peine lui sont ensuite nécessaires pour
transformer toutes les régions qui bordent la Méditerranée en provinces romaines, grâce à
l’efficacité des légions.
9
Les patriciens sont membres de la classe supérieure des citoyens romains. Les plébéiens sont des citoyens romains issus du peuple.
9
Carte : Les conquêtes de la République romaine, Manuel 6è Histoire-Géographie, collection Magnard, Paris, 2000. cit. P.80
À la fin du Ier siècle avant notre ère, la République romaine est affaiblie par des guerres
civiles. Elles opposent des généraux romains qui, profitant de leur prestige, veulent diriger
Rome. Jules César oblige le Sénat à le nommer dictateur à vie et rêve de devenir roi. Il est
assassiné en 44 avant J.-C. Un de ses fils adoptifs, Octave, fonde un nouveau régime
politique : l’Empire. Il reçoit le titre d’Auguste en 27 avant J.-C. après avoir remporté la
bataille navale d’Actium contre Marc-Antoine (un des plus proches généraux de Jules César)
en 31 avant J.-C. Les institutions républicaines restent en place mais l’empereur détient dans
les faits un pouvoir presque absolu.
Schéma : Le fonctionnement de la vie politique sous l’Empire, Manuel 6è Histoire-Géographie, op. cit. P. 127
10
L’extension de l’Empire romain se poursuit jusqu’au IIIè s. après J.-C.
Carte extraite de Rome et son Empire, de M. Christol et D. Nony, op. cit. N.B. : il faut lire -31 pour la date de la bataille
d’Actium.
Aux Ier et IIè s. après J.-C., l’Empire romain connaît une grande période de sécurité et de
prospérité : c’est la pax romana (la paix romaine). Protégées par le limes10 et bien
administrées par les gouverneurs, les provinces fournissent à Rome d’abondantes richesses.
La construction des voies romaines facilite les échanges et contribue à la romanisation 11 des
régions conquises.
10
Le limes matérialise physiquement la frontière entre l'empire romain et le monde barbare, tel qu'il était entendu par les Romains, à savoir
les peuples ne parlant ni grec, ni latin. Le limes consiste en routes de rocade le long de la frontière, desservant des postes de surveillance plus
ou moins importants, et reliées aux villes de garnison. Localement, le limes peut être renforcé par des ouvrages tels que mur et/ou fossé. Il a
un but défensif, mais aussi douanier.
11
La romanisation est l’adoption, par les populations conquises, de la langue, de la culture et du mode de vie des Romains.
11
Carte : La prospérité de l’Empire romain au IIè s. après J.C., Manuel 6è Histoire-Géographie, op. cit. P. 130
2. Rome, ville et capitale
Avec plus d’un million d’habitants au IIè s. après J.-C., Rome est la plus grande ville du
monde connu. La variété de ses monuments témoigne de la diversité de ses fonctions
politiques, économiques et culturelles. Par leur taille et leur beauté, les bâtiments publics
provoquent l’admiration des visiteurs de l’Antiquité. Mais surtout, ces bâtiments ont pour
fonction de prouver la grandeur de Rome et son rang de capitale de l’Empire.
Pour se faire une idée de la Rome impériale, vous pouvez consulter le site internet suivant :
http://www.unicaen.fr/services/cireve/rome/pdr_restitution.php?fichier=visite_virtuelle
12
3. Les forums
Le Forum est véritablement le cœur politique, économique, judiciaire et culturel dans
l’Antiquité.
Le Forum romain : histoire et bâtiments principaux
http://www.maquettes-historiques.net/page5.html
http://www.linternaute.com/video/78244/rome-reborn-le-forum-romain-reconstitue/?detectflash=false
Photographie de l’actuel Forum romain, Manuel 6è Histoire Géographie, Hachette Éducation, op. cit., P. 113
C’est dans une ancienne vallée marécageuse que Rome célèbre ses origines les plus anciennes
et que se fixe le cœur de la Ville, le Forum, à vocation religieuse, politique et commerciale,
traversé par la Voie sacrée. Deux lieux incarnent ces origines : la Pierre Noire, le Lapis Niger
13
archaïque et le foyer public, celui de Vesta. Le Lapis Niger est une stèle qui porte la plus
ancienne inscription latine connue (VIè s. avant notre ère). Son texte reste mystérieux mais la
partie déchiffrée atteste de la réalité historique de la période royale de Rome. Cette stèle
appartient au sanctuaire primitif de Vulcain (dieu du feu et des métaux), le Vulcanal.
Le temple de Vesta est un témoignage des premiers temps de Rome. À l’époque de Romulus,
il n’était pas facile de faire jaillir le feu. Une cabane circulaire sur le Palatin devait le
conserver. Cette nécessité devient alors sacrée et Vesta devient la déesse protectrice du feu.
Son temple rond, assez inhabituel pour l’époque, serait le souvenir des premières habitations
sur le Palatin. Les Vestales (prêtresses pendant 30 ans, toutes issues de familles prestigieuses)
sont au nombre de sept qui ont toutes fait vœu de chasteté. Elles sont chargées d’entretenir le
feu sacré de la Cité, symbole de la vie éternelle de Rome.
Pendant la période étrusque, le Forum de Rome est une simple place où l’on peut rencontrer
ses amis, discuter, boire, se quereller ou encore faire son marché.
Pendant la période républicaine, le Forum se transforme au fil des conquêtes territoriales de la
République. C’est là que toutes les victoires des généraux romains sont célébrées. Ces
derniers y défilent d’ailleurs. Avec l’expansion territoriale de la République, s’ajoute un
afflux de richesses à Rome (pillages et tributs versés à la République par les vaincus). Elle
devient une importante place financière.
Au Forum s’effectuent les opérations de change, d’emprunt et de crédit. Les boutiques,
autrefois occupées par des petits commerces, sont progressivement réservées aux
« banquiers ». Des statues, des colonnes, des arcs de triomphe, des temples et des basiliques
surgissent sur le Forum. Celui-ci accueille aussi une vie politique intense.
Les hommes qui font la destinée de Rome se retrouvent au Comitium (espace dallé), place
disposée à l’angle Nord-Ouest du Forum, où se réunissent les assemblées populaires (les
comices). Au fond de la place, se trouve la Curie (ou « Hostilia »). Elle est le siège de la plus
haute autorité du gouvernement républicain, le Sénat. 300 sénateurs à vie dirigent la politique
étrangère, contrôlent les opérations militaires, élaborent les traités de paix, décrètent les
mesures pour la sécurité de Rome.
Face à la Curie, la tribune aux harangues, appelée depuis 338 avant J.-C. la tribune des
Rostres. Les rostres sont les éperons des navires ennemis qui sont accrochées à la tribune des
orateurs (d’où le nom de la tribune aux harangues). C’est de cette tribune que les plus brillants
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orateurs républicains haranguent la foule. En 185 avant J.-C. est construite la première
basilique12 à Rome, la basilique Porcia. Premier monument qui permet au peuple de
s’assembler en lieu couvert. Elle est remplacée par la basilique Emilia.
http://www.unicaen.fr/services/cireve/rome/pdr_virtuel.php?numero_image=0&virtuel=aemilia
La charpente supporte un plafond de caissons de bois. L’entrée se fait généralement sur le
petit côté et des boutiques s’installent tout autour du bâtiment. Les basiliques dans l’Antiquité
n’ont aucune fonction religieuse. Elles sont des lieux de réunion. Elles font office de
« bourse » du commerce et du travail, de salle des pas perdus, de tribunal. C’est sous l’Empire
que la basilique s’affirme comme un espace judiciaire dans lequel siège un tribunal (comme la
basilique Julia sur le Forum qui devient un tribunal de 105 membres, spécialisé dans les
procès de succession et de propriété).
À la fin de la République, le feu se propage sur le Forum et détruit la Curie et la basilique
Porcia. César, jugeant le Forum trop petit, projette de l’étendre. En 44 avant J.-C., il déplace
la tribune aux harangues et fait reconstruire la Curie dans une position légèrement différente.
Le Forum s’étend sous l’Empire. Octave, qui porte le nom d’Auguste (donné par le Sénat en
27 avant J.-C.) reprend les projets de César. L’ancienne place publique est déchargée de ses
fonctions : les grandes assemblées populaires et les défilés de troupes militaires se tiennent au
Champ de Mars.
12
Le mot « basilique » est dérivé d’un adjectif grec qui signifie royal (basileus = roi). La basilique est donc, littéralement, un portique royal.
La basilique est une vaste salle rectangulaire divisée en nefs par des rangées de colonnes et souvent terminée par une abside.
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Schéma du Forum romain à la fin du Ier s. ap. J.-C., extrait de Rome, ville et capitale. De César aux Antonins de M.-C.
L’Huillier, C. Aulard, M. Clavel-Levêque, A. Gonzalès, Belin, collection Belin Sup., Paris, 2002. P. 22
Ses successeurs, Vespasien, Domitien et Trajan agrandissent le Forum. Il devient le centre
monumental de la ville et s’encombre d’arcs de triomphe, de basiliques, de temples dédiés
aux empereurs divinisés après leur mort.
Les forums impériaux
Lorsque le Forum devient trop exigu pour abriter les réunions du peuple et les séances de la
justice, pour traiter les affaires publiques et pour y faire du commerce, César entreprend alors
la construction d’un nouveau forum au Nord de l’ancien, puis Auguste, Vespasien, Nerva et
Trajan bâtissent chacun leur propre forum. Les Forums impériaux constituent un ensemble
monumental de premier ordre. Chaque forum comprend une grande place entourée de
portiques, une basilique et une aire sacrée avec son temple. Mais chaque place est isolée des
autres par de hauts murs. Pour passer de l’une à l’autre, il faut circuler dans des couloirs très
étroits.
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Schéma des Forums impériaux, extrait de Rome, ville et capitale, De César aux Antonins, op. cit., P. 146
4. Le Palatin
Source : http://www.romaviva.com/Fori-Imperiali/palatine.jpg
Des sept collines de Rome, la colline du Palatin est celle du berceau de la Ville éternelle.
Selon la légende, Remus et Romulus furent abandonnés sur les bords du Tibre, qui en crue,
déposa leur berceau sur le Palatin. Là, ils auraient survécu grâce à une louve qui les aurait
allaités dans la grotte du Lupercal. Le berger Faustulus, témoin de ce prodige, recueillit les
jumeaux et les éleva13.
13
Légende, certes, mais en 1949, sur l’emplacement légendaire de la maison de Romulus, les restes d’une cabane datant du VIIIè et VIIè s.
17
À l’époque de la République, le Palatin est un paisible quartier résidentiel. Cicéron, Antoine
et Agrippa y habitent. En 63 avant J.-C., Octave (le futur Auguste) y voit le jour.
Le Palatin commence à changer d’aspect lorsque Octave devient l’empereur Auguste. Il y fait
construire sa demeure et après un incendie l’agrandit. Tibère, le successeur d’Auguste,
Caligula, Claude, Néron résident sur le Palatin. Mais c’est Domitien (81-96), le dernier des
empereurs Flaviens, qui bouleverse la colline. L’aspect actuel du Palatin correspond aux murs
du palais que Domitien fait construire dès le début de son règne. Trois ensembles s’y
dégagent : la Domus Flavia (qui s’organise autour d’un grand péristyle dont le centre est
occupé par une fontaine hexagonale), la Domus Augustina (appartements privés de
l’empereur, où les pièces sont groupées autour d’un péristyle et d’une cour intérieure) et le
stade qui s’étire sur 106 m de long entre la Domus Augustina et la maison de Septime Sévère
(193-211).
5. Le Colisée
Le Colisée, appelé encore amphithéâtre Flavien, se dresse dans la vallée entre le Palatin, le
Caelieus et l’Esquilin. Entreprise par Vespasien en 72 après J.-C, continuée par ses fils Titus
et Domitien, sa construction est achevée en 80. Il remplace l’amphithéâtre du Champ de Mars
détruit dans le grand incendie de Rome en 64 après J.-C. C’est le plus grand amphithéâtre du
monde romain, il est le symbole de la Ville éternelle. Les combats qui s’y déroulent sont
devenus légendaires. Bède le Vénérable (moine et historien du VIIIè s. après J.-C.) écrit ces
avant J.-C. sont retrouvés.
18
mots (repris par le poète anglais Byron dans Le pèlerinage de Childe Harold, paru en 1812) :
« Aussi longtemps que durera le Colisée, durera aussi Rome ; quand tombera le Colisée,
Rome aussi tombera ; et lorsque Rome tombera, le monde aussi tombera. »
Il est construit sur les fondations de la Maison dorée (Domus Aurea), immense et luxueux
palais que Néron se fait construire après l’incendie de Rome en 64. Le Domus Aurea contient
une immense statue de Néron (35 m de haut) et un lac artificiel entouré de cultures et de
vignobles. En 68, Néron se suicide et le Sénat condamne sa mémoire. Son palais est rasé, le
lac asséché et la statue déboulonnée. C’est sur les fondations du palais de Néron que le
Colisée voit le jour. C’est au XIè s. après J.-C. qu’apparaît pour la première fois le nom de
Colisée. Auparavant il est appelé Amphitheatrum Caesareum (amphithéâtre des Césars). Le
nom du Colisée dérive peut-être de la statue de bronze colossale de Néron (qui s’inspire du
colosse de Rhodes, une des 7 merveilles de l’Antiquité) située tout à côté de l’amphithéâtre.
De forme elliptique, cet amphithéâtre est gigantesque pour l’époque. Sa hauteur est de 52 m.
Le grand axe mesure 188 m et le petit 156 m. L’arène occupe une surface de 3 357 m2. La
cavea (terme latin qui désigne les gradins dans un théâtre romain ou un amphithéâtre), à
laquelle il convient d’ajouter les secteurs les plus élevés du Colisée où les spectateurs se
tenaient debout, peut accueillir 73 000 personnes.
http://www.unicaen.fr/services/cireve/rome/pdr_virtuel.php?numero_image=0&virtuel=colisee
La rapidité relative de la construction alliée au caractère monumental de sa structure en font
un ouvrage d’une grande habilité technique. Les techniques de construction employées sont
l’opus quadratum (c’est la technique de construction murale qui utilise des pierres
rectangulaires en assise horizontale). Les matériaux utilisés sont des blocs de travertin (pour
tous les secteurs de la fondation et la structure portante de la façade) et la brique (pour les
murs radiaux à partir du deuxième étage). La coexistence des techniques et de matériaux
différents (les murs radiaux comprennent aussi des blocs de tuf) allège les structures et
augmente leur élasticité. Les voûtes sont construites en ciment. Les revêtements des murs sont
constitués de plâtre peint (blanc et rouge). Les pavages conservés sont en blocs de travertin,
ou plus rarement de marbre et, aux étages supérieurs, en petites briques disposées en arêtes de
poisson (opus spicatum). La cavea est entièrement recouverte de marbre.
L’accès est très calculé. La foule entre par les arcades du rez-de-chaussée, et, par un
ingénieux système de galeries et d’escaliers, rejoint les vomitoria qui donnent accès à la
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cavea. Les spectateurs s’installent soit sur les gradins, dont les premiers rangs sont réservés
aux personnages importants (sénateurs, personnalités, etc.), soit dans le promenoir, tout au
sommet.
En bas, un simple plancher de bois porte la piste couverte de sable (arena, l’arène). Un haut
mur surmonté d’un filet protège les premiers rangs. Sous l’arène, les souterrains, les couloirs,
les pièces, les réserves et les cages abritent gladiateurs et fauves. 30 niches servent de montecharge pour les amener sur l’arena, où ils peuvent apparaître simultanément.
Un détachement de la marine romaine est présent en permanence pour tendre au-dessus des
gradins un immense velarium. C’est une sorte de grande toile, peut-être divisée en croissants,
qui protège le public du soleil et de la pluie.
Vue générale du Colisée avec le velum descendu. - (D. Desfougères, F. Tourniquet, C. Jadot, 1994). Source :
http://www.unicaen.fr/services/cireve/rome/pdr_virtuel.php?virtuel=colisee&numero_image=7
Les spectacles donnés au Colisée sont variés et parfois d’une extrême cruauté. On y trouve
des combats de gladiateurs (munera), les combats entre bêtes fauves, des courses de chars, les
simulations de chasses entre hommes et animaux féroces (venationes) et la présentation
d’animaux savants. Il y a même des simulations de combats navals ou nomachies (après avoir
inondé l’arène). Certains jeux peuvent durer des jours. Enfin, contrairement à la croyance
populaire, aucun martyre chrétien ne se déroule au Colisée. Les combats sont tous
accompagnés du son de la musique (trompes, flûtes, etc.)
20
6. Le Capitole
Si le Capitole14 est la plus petite colline de Rome, elle est sous la République, la plus
importante. Un temple est dédié à la triade capitoline : Jupiter (Optimus, Maximus), le Très
Bon, le Très Grand qui exerce sa domination urbi et orbi avec la Reine Junon et la puissante
Minerve. Un trésor est placé sous la statue de Jupiter. Dans la salle dédiée à Junon, les
Romains ont déposé une oie d’argent rappelant les oies du Capitole. Lorsque que les Gaulois
attaquent Rome (entre 390 et 380 avant J.-C.), ce sont les oies consacrées à la déesse qui
avertissent par leurs cris les Romains. C’est devant ce temple que les consuls prêtent serment
et les généraux vainqueurs terminent leur triomphe15.
14
Le nom de « capitole » vient du latin caput, qui veut dire « la tête » ou « le sommet ».
15
Le Capitole actuel est un exemple d’architecture de la Renaissance. En 1530, le pape Paul III confie à Michel Ange le soin d’aménager la
place. Un escalier monumental, avec les statues de Castor et Pollux (les Dioscures), conduit à la place trapézoïdale que bordent trois palais
sans la fermer. En face, le Palais Sénatorial, actuelle mairie de Rome. À droite, le palais des Conservateurs et à gauche, le Nouveau Palais
abritent les musées du Capitole.
21
Source : photo Guide Hachette Tourisme, Rome, collection Guide-Voir, Paris 2005. P. 64
22
Source : http://www.ecoledevoutenay.free.fr/IOVI/denier%20TERENTIA/dioscures%20place%20du%20Capitole.jpg
II. Rome et les Étrusques
1. La « fortune » des Étrusques
Louve allaitant Romulus et Remus. Bronze étrusque du Vè s. avant Jésus-Christ, palais des Conservateurs, Rome (les
statuettes des enfants sont rajoutées au XVIè s.)
23
Les Étrusques sont la première grande civilisation de l’Italie. Leur influence sur Rome est
considérable. L’image ci-dessus montre leur formidable maîtrise de la sculpture en bronze.
Cette œuvre d’art deviendra le symbole de la fondation de Rome et son emblème jusqu’à nos
jours. C’est dire à quel point la « fortune » des Étrusques est singulière.
C’est au XVè siècle que l’intérêt pour les Étrusques recommence à se manifester. À cette
époque, les trouvailles d’objets étrusques se multiplient. Au siècle suivant, ils viennent
enrichir les collections des Médicis, grands-ducs de Toscane16.
La découverte de la fameuse chimère17 étrusque à Arezzo impressionne les peintres et les
artistes de la Renaissance.
Musée Archéologique Nationale de Florence – Chimère d’Arezzo.
L’intérêt pour la civilisation étrusque provient aussi de son caractère étrange, voire
mystérieux. Dès l’époque de la Renaissance, la découverte d’objets et d’inscriptions étrusques
nourrit une certaine forme de rêverie18.
Dès le XVè s., des théories fantaisistes apparaissent comme celle qui affirme que les
Étrusques auraient des origines sémitiques car ils descendraient directement de Noé qui aurait
fondé la civilisation étrusque en Toscane, là où son Arche aurait abordé 19. Cette supercherie
16
Les Médicis se prétendaient des descendants des Étrusques.
17
Une chimère est un monstre à la gueule de lion. Sur son dos jaillit une tête de chèvre. Elle possède aussi une queue en forme de serpent
ou de dragon.
18
Il n’existait aucun texte étrusque parvenu jusqu’à l’époque moderne au contraire de beaucoup de textes latins ou grecs que les moines
copistes du Moyen-Âge ont sauvés en les recopiant.
19
Cette théorie fantaisiste est inventée par un moine dominicain Antonio de Viterbe (1432-1502). Cet érudit et cet humaniste, pour prouver
24
est démasquée au XVIè s. Elle contribue cependant à relancer chez les érudits de la
Renaissance l’intérêt pour les Étrusques. Et pour la première fois, l’idée est lancée que les
Étrusques sont les premiers civilisateurs de l’Italie avant les Grecs et les Romains.
Puis un important tumulus étrusque est découvert par hasard en 1507 à Montecalvario.
Source : http://www.castellina.com/choses_voir_castellina.htm
Il abrite une tombe contenant de nombreux objets et inscriptions. L’intérêt pour les Étrusques
va alors croissant.
Au début du XVIIè s., un écossais catholique Thomas Dempster20 travaille pour Cosme II de
Médicis (Grand-Duc de Toscane). Alors qu’il enseigne à l’université de Pise, il mène des
recherches très détaillées sur les Étrusques entre 1616 et 1619. Ses travaux sont publiés en
deux volumes un siècle après sa mort, entre 1725 et 1726 à Florence sous le titre De Etruria
Regali libri septem. Si le texte est très documenté, il reste encore d’importantes fantaisies sur
le sujet des origines des Étrusques et de la compréhension de leur langue. L’originalité de
cette publication est à trouver dans la reproduction d’une centaine de gravures sur cuivre
représentant des sculptures et des vases étrusques. C’est la première fois que se diffusent des
reproductions d’œuvres étrusques. Avec la publication du livre de Dempster débute la
véritable renaissance (la redécouverte) des Étrusques. Cet ouvrage lance « la mode étrusque »,
que l’on désigne aujourd’hui sous le nom d’ « étruscomanie »21.
Au moment de la Renaissance, la résurrection de l’Étrurie n’est pas seulement considérée
comme un événement archéologique, c’est aussi un sujet politique. C’est un véritable
renouveau de la fierté nationale toscane dans la mesure où les œuvres et les monuments
sa théorie, n’hésite pas à transformer et à manipuler les textes antiques ; il fabrique aussi de fausses preuves archéologiques.
20
1579-1625 : personnage haut en couleur dont la vie n’est pas moins remarquable que son travail.
21
Le retentissement considérable qu’ont les théories et les découvertes de Dempster peut être comparé à celui que provoque la découverte de
la tête de Néfertiti ou le trésor de Toutankhamon au début du XXè s.
25
redécouverts prouvent l’existence d’une culture locale brillante et très ancienne qui ne doit
rien à Rome.
En Toscane, les initiatives pour ressusciter l’ancienne civilisation étrusque se multiplient dès
le début du XVIIIè s. En 1728, à Cortone est fondée l’ « Académie étrusque des antiquités et
inscriptions »22. En 1750 est ouvert un musée étrusque dépendant de l’Académie de Cortone.
Peu avant, à Volterra, est ouvert le premier musée étrusque. Il devient alors une destination
pour les touristes passionnés d’antiquités étrusques. Volterra, en plus du musée, possède de
nombreuses tombes et d’importantes collections privées.
Certains vont même jusqu’à affirmer que Michel-Ange serait le grand successeur des
sculpteurs étrusques.
L’intérêt pour la civilisation étrusque est tel que le « Grand Tour » des fils de l’aristocratie
européenne du XVIIIè s. comprend la visite des sites étrusques.
Dans bon nombre de pays et notamment en Angleterre, le goût étrusque inspire la production
de meubles, de décors et vaisselles d’argent. Les manufactures de porcelaine de Sèvres, près
de Paris, et de Capodimonte à Naples fabriquent des services de style étrusque.
À côté de cette étruscomanie, se développe une science des Étrusques : l’étruscologie. Les
recherches de l’abbé Lanzi (1732-1810)23 débouchent sur la publication d’un livre en 1789
sous le titre Aperçu de la langue étrusque et d’autres peuples d’Italie. Il arrive à interpréter
correctement les signes de l’alphabet étrusque en distinguant leur langue, encore
incompréhensible, de celles des autres peuples italiques. Il précise les rapports entre Étrusques
et Grecs et montre que beaucoup de vases retrouvés dans les tombes toscanes sont en fait des
vases grecs importés.
22
Son président, élu chaque année, porte le titre antique de « lucumon », qui semblerait signifier « roi » en étrusque.
C’est un jésuite, assistant du directeur du musée des Offices de Florence. Beaucoup d’étruscologues actuels le considèrent comme le père
de l’étruscologie moderne.
23
26
Source : Histoire des Étrusques. L’antique civilisation toscane VIIIè – Ier siècle avant J.-C., op. cit., P. 10
L’engouement pour la civilisation étrusque reprend de plus belle avec le romantisme du XIXè
s. L’étruscologie fait alors des progrès considérables grâce à Carl Otfried Müller (17971840), le meilleur archéologue de la période romantique. Son ouvrage Die Etrusker, qui reste
encore aujourd’hui une référence, est publié en 1828. Il y donne une description générale de
la civilisation étrusque : ses origines, son histoire, sa religion et son art.
Parmi les grands écrivains du moment, Stendhal est l’un des premiers Français à s’intéresser
aux Étrusques24. Dans ses premières éditions de Rome, Naples et Florence et des Promenades
dans Rome (1817 et 1826), Stendhal fait l’éloge de la civilisation étrusque qu’il juge
supérieure à la civilisation romaine en termes de développement artistique et d’art de vivre.
À partir de cette époque, les fouilles systématiques des sites étrusques s’effectuent à un
rythme soutenu après des découvertes surprenantes dans le Latium notamment. C’est ainsi
qu’en 1823, le maire de Tarquinia a la surprise, en recherchant des matériaux pour construire
une route, de découvrir une tombe intacte25. Peu de temps après sont mises au jour les
24
Stendhal est séduit par les thèses de l’Italien Guiseppe Micali (1767 – 1864) qui a cherché à montrer l’importance de cette histoire de
l’Italie avant l’expansion romaine dans son livre, L’Italie avant la domination romaine. Micali encense les Étrusques, qu’il considère comme
le peuple le plus civilisé de l’Italie antique, dont les institutions politiques et religieuses harmonieuses assurent le bonheur de tous.
25
Un guerrier étrusque reposant sur son lit funéraire, muni de tout son équipement.
27
premières tombes peintes de la nécropole26 de Tarquinia. C’est le plus important ensemble de
peinture de l’Italie préromaine. Non loin de là, cinq ans plus tard, un paysan qui laboure un
champ provoque l’effondrement du plafond d’une tombe. Il découvre la riche nécropole de
Vulci, située sur le domaine de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon Ier. Aussitôt le
propriétaire des lieux fait fouiller les tombes avec passion et s’enrichit en vendant des
centaines de vases grecs et étrusques trouvés sur ses terres.
Le souci scientifique s’affirme de plus en plus. En 1837 est inauguré à Rome le Musée
grégorien étrusque pour abriter les magnifiques objets découverts dans les tombes du nord du
Latium.
Les découvertes spectaculaires se poursuivent et se multiplient. En 1857, l’érudit français
Adolphe Noël des Vergers pénètre avec l’archéologue italien Alessandro François dans une
magnifique tombe du IVè s. avant J.-C., dite aujourd’hui « Tombe François » dans la
nécropole de Vulci.
26
Nécropole vient de deux mots grecs « necro » qui signifie mort et « polis » qui signifie cité. La nécropole est une cité des morts.
28
Vulci, tombe François. « Lasha » ou « Vanth », démon femelle de la mort (détail). Deuxième moitié du IVè s. Source : Les
Étrusques et l’Italie avant Rome, de R.B. Bandinelli – A. Guiliano, Collection univers des formes, Gallimard , Paris 2008. P.
272.
En 1861, Napoléon III achète la plus grande partie de la collection du marquis de Campana,
grand seigneur romain, directeur du mont-de-piété de Rome27. Accusé de détournement de
fonds à son profit, il est incarcéré en 1857 et sa riche collection (plus de 15 000 pièces
d’antiquités et de tableaux) est saisie. Parmi ces œuvres figure le célèbre sarcophage 28 des
Époux, chef-d’œuvre étrusque de l’époque archaïque.
27
Le marquis de Campana est un amateur passionné de primitifs italiens et d’objets d’art antique. Il fait fouiller sans aucune méthode les
tombes de la nécropole de Cerveteri à la recherche de beaux objets pour enrichir sa collection.
28
Le mot sarcophage vient du latin sarcophagus désigne le tombeau. Il s'agit d'un emploi substantivé de l'adjectif sarcophagus qui signifie
« qui consume les chairs». Le mot latin est d'origine grecque où lithos sarcophagus désigne une pierre (calcaire) utilisée pour des sépultures
antiques et qui, d'après les croyances de l'époque, hâtait la disparition des chairs (détruisait les cadavres non incinérés) ; sarx, sarcos signifie
« chair, viande » ; phagein sert à compléter le verbe esthein qui signifie « manger, dévorer ».
29
Sarcophage avec un couple d’époux. Terre cuite. Source : Les Étrusques et l’Italie avant Rome, op. cit. P. 188-189.
Une partie de la collection de Campana, achetée par Napoléon III se trouve au Louvre depuis
1863.
La France n’est pas le seul pays à acquérir des pièces de la collection Campana. Le tsar
Alexandre II en fait acheter plusieurs pour le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Le
musée royal de Bruxelles se procure 77 vases. La dispersion hors d’Italie de cette collection
provoque une vive émotion chez les Italiens. La nécessité de créer des musées publics pour
abriter les antiquités étrusques devient indispensable. C’est ainsi que sont créer les musées
archéologiques de Florence, de Bologne et de la villa Giulia à Rome.
Au même moment, est publié à Paris le livre de J. Martha, L’Art étrusque, qui est illustré de
gravures, encore réutilisées aujourd’hui dans certains ouvrages consacrés aux Étrusques.
La conservation des œuvres devient alors enfin le souci principal des archéologues. Les
fouilles scientifiques des sites étrusques se multiplient et l’on prend soin désormais de
reproduire les peintures à fresques des tombes de Tarquinia de peur qu’elles disparaissent à
jamais. Ces fouilles donnent souvent lieu à des découvertes toujours aussi spectaculaires
comme celle de l’Apollon de Véies en 1916.
30
Statue d’Apollon de Véies (510 -490 av. J.-C.). Source : Les Étrusques et l’Italie avant Rome, op. cit. P. 177.
L’étruscologie est devenue une science à part entière. La nécessité se fait alors de créer des
structures qui permettent des recherches et des publications systématiques, ainsi que le
développement d’une véritable collaboration internationale. C’est dans ce but que le Comité
permanent pour l’Étrurie est créé à Florence en 1923. Dans cette même ville se tient en 1926
le premier Congrès national étrusque, suivi en 1928 par l’organisation d’un congrès
international. En 1932, le Comité permanent pour l’Étrurie est transformé en Institut d’études
étrusques et italiques. Après la Seconde Guerre mondiale, des historiens sont désormais en
mesure de montrer tout ce que l’art occidental doit aux Étrusques, en particulier dans le
domaine architectural.
Le public est enthousiaste lorsqu’il découvre la première grande exposition scientifique
consacrée aux Étrusques. Sous le nom d’ «Art et civilisation des Étrusques », elle est
présentée dans plusieurs villes d’Europe comme Zurich, Milan et Paris en 1955 et 1956.
Par la suite, les expositions consacrées aux Étrusques se multiplient, notamment en 1985,
année qualifiée d’ « année étrusque », au cours de laquelle se tient un deuxième congrès
international à Florence.
31
Plus récemment l’exposition « Les Étrusques et l’Europe », présentée à Paris en 1992 et à
Berlin en 1993, montre l’importance du commerce et la diffusion de la culture étrusque
jusqu’en Europe du Nord. Celle du palais Grassi à Venise en 2000 permet de faire le point sur
les connaissances actuelles.
2. Le « mystère » de la langue et des origines
Les difficultés de comprendre la langue étrusque ont longtemps entretenu le « mystère »
étrusque. Elle n’est pas une langue indo-européenne. Elle appartient au groupe des langues
dites « agglutinantes » comme le finnois ou le turc.
Tout porte à croire que la langue étrusque serait une très ancienne langue méditerranéenne qui
aurait subsisté malgré la diffusion des langues indo-européennes auxquelles elle aurait
seulement emprunté au fil du temps quelques éléments.
L’alphabet étrusque, parfaitement lisible, dérive de l’alphabet grec pour faciliter les rapports
commerciaux avec le monde grec. L’alphabet grec est un peu adapté à la langue étrusque :
quelques caractères sont ajoutés pour écrire certains sons propres à cette langue.
Le plus célèbre alphabet étrusque est gravé sur un petit vase de bucchero29 en forme de coq,
probablement un encrier, conservé au Métropolitan Museum de New-York. Il provient de
Viterbe et date de la seconde moitié du VIIè s. avant J.-C.
29
Céramique étrusque de couleur noire imitant les modèles métalliques.
32
Petit vase de bucchero en forme de coq, avec l’alphabet étrusque incisé sous les ailes. Milieu du VIIe siècle av. J.-C. New
York, Metr. Mus.
On comptabilise 11 000 inscriptions étrusques. Malheureusement, elles sont trop brèves
(dédicaces, inscriptions funéraires).
Inscription sur une tombe étrusque retrouvée à Orvieto. Source : http://www.orvieto-info.com/
La plus longue inscription funéraire connue figure sur le sarcophage de Lars Pulena, qui date
33
du IIè s. avant J.-C. et compte 59 mots. Le défunt tient à la main un rouleau qui relate sa
généalogie et sa carrière.
Les textes longs sont trop peu nombreux, à peine une dizaine. Parmi ceux-ci, le plus célèbre
est écrit sur les bandelettes de lin qui enveloppent une momie retrouvée en Egypte. Il est
conservé aujourd’hui au musée de Zagreb en Croatie. C’est un texte de 1 200 mots qui
constitue un « livre de lin » (« liber linteus » en latin) que l’on peut dater ente le IIIè s. et le
début du Ier s. avant J.-C. Ce livre est une sorte de calendrier religieux évoquant certaines
divinités et les cérémonies à accomplir aux lieux et dates indiqués.
Aujourd’hui, on ne comprend avec certitude qu’à peine 300 mots étrusques. La structure
grammaticale de la langue, complexe, reste mal connue. La conjugaison des verbes est mal
maîtrisée. Par ailleurs, on n’a pas encore découvert de véritable inscription bilingue sur la
laquelle l’étrusque voisinerait avec une langue comme le grec, le punique30 ou le latin.
En 1964, trois lamelles d’or gravées d’inscription sont retrouvées dans le port de Pyrgi, sur la
côte de la mer Tyrrhénienne. Deux d’entre elles portent un texte étrusque, la troisième un
texte punique. Même si les deux textes racontent les mêmes faits, ils n’ont pas la traduction
exacte l’un de l’autre.
Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/html/francese/a311241.html
En 1992, est découvert à Cortone une tablette de bronze comportant une inscription de 206
mots. C’est un document juridique de la fin du IIIè s. avant J.-C. portant le partage d’une
propriété entre plusieurs personnes.
30
Langue parlée par les anciens Carthaginois.
34
Grâce aux auteurs grecs et romains, nous savons que les Étrusques écrivaient beaucoup :
livres religieux, archives des temples ou de familles nobles, chroniques historiques, poèmes,
pièces de théâtre, traités techniques. Alors pourquoi les archéologues ont-ils retrouvés si peu
d’écrits ?
D’abord y aurait-il un intérêt de recopier (et donc de conserver) des textes écrits dans une
langue que personne ne comprenait plus ?
Ensuite, on peut raisonnablement penser qu’il y a eut à la fin de l’Antiquité la volonté de faire
disparaître toute trace de l’ancienne religion étrusque, dans la mesure où les chrétiens
considéraient que la langue étrusque est liée aux pratiques d’un paganisme dont il fallait
extirper les superstitions31.
Un autre élément nourrissant le « mystère » étrusque est la question des origines, débattue
pendant plusieurs siècles. Pendant longtemps, l’origine orientale des Étrusques ne fit guère de
doute. Pour l’historien grec Hérodote, un des pères de l’Histoire, qui écrit au Vè s. avant J.-C.
un livre intitulé L’Enquête, les Étrusques viendraient d’Asie Mineure.
Pourtant, à Rome au temps de l’empereur Auguste (27 avant J.-C.- 14 après J.-C.), l’historien
grec Denys d’Halicarnasse soutient que les Étrusques sont des autochtones 32, appartenant à un
très ancien peuple établi en Italie depuis très longtemps.
Au XIXè s., quelques savants allemands avancent une autre thèse, celle de l’origine nordique
des Étrusques. Ils auraient fait partie d’un ensemble d’envahisseurs indo-européens venus
d’Europe centrale.
Aujourd’hui, plus personne ne croit en l’arrivée soudaine en Italie centrale d’un peuple venu
d’Orient ou du Nord.
La découverte en 1853 du site de Villanova, près de Bologne, et de ses tombes à crémation
relance la question des origines étrusques en les restituant dans le contexte de l’Italie
préhistorique. Les Villanoviens sont des cultivateurs et des éleveurs sédentaires qui vivent
dans des villages constitués de grandes cabanes construites en bois et en terre.
31
L’empereur romain Théodose (346-395) port eun coup mortel à la religion étrusque en interdisant les sacrifices et la consultation des
haruspices : un haruspice ou aruspice (de l'étrusque haru, entrailles et spicio, je regarde), transcrit haruspex en latin, était un devin étrusque
qui examinait les entrailles d'un animal sacrifié pour en tirer des présages quant à l'avenir. Son fils Honorius, empereur de 384 à 423, va
encore plus loin en faisant brûler en public des livres sacrés de la religion étrusque.
32
Se dit d'une personne originaire du pays où elle habite.
35
Source : www.memo.fr/article.asp?ID=REG_ITA_BOL_PRE_000
Ils sont aussi les ancêtres directs des Étrusques ; ils ont intégré, au contact des Phéniciens et
surtout des colons grecs installés en Italie du Sud au VIIIè s. avant J.-C., de nouveaux
éléments culturels dont le plus important est l’écriture. Pour l’historien J.P. Thuillier33 : « (…)
la civilisation étrusque s’est épanouie sur place, en Italie, au contact des colons grecs attirés
par le fer de l’île d’Elbe. »
Aperçu de la culture villanovienne :
http://www.unige.ch/lettres/archeo/introduction_seminaire/protohistoire/villanovienfacies.html
La civilisation étrusque s’est développée à partir de la fin du VIIIè s. avant J.-C. sur les sites
occupés précédemment par les Villanoviens. Nous ne sommes donc pas en présence d’une
civilisation venue de l’extérieur, importée par des Orientaux, qui s’impose à des cultures
locales en les supplantant. Les Étrusques sont une civilisation qui se développe à partir d’une
tradition culturelle locale solide qui s’ouvre à des influences extérieures et progresse en les
assimilant.
33
Spécialiste des Étrusques et du sport dans l’Antiquité, il est l’auteur de nombreux ouvrages : Les Étrusques, la fin d’un mystère ?,
Gallimard, Paris, Les jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, Gallimard, Paris, 1992. Les Étrusques, histoire d’un peuple, A. Colin,
Paris, 2003. Les Étrusques, Editions du chêne, coll. « Grande civilisation », 2006
36
Source : membres.lycos.fr/ antiquite/plainepo.htm
3. Une histoire sommaire des Étrusques
Source : Histoire des Étrusques. L’antique civilisation toscane VIIIè-Ier siècle avant J.-C. P. 8
37
Source : Source : Histoire des Étrusques, op. cit. P. 9
L’espace dans lequel la civilisation étrusque s’est développée est aujourd’hui réparti sur trois
régions de l’Italie : la Toscane, le nord du Latium et l’ouest de l’Ombrie. Ce sont ces trois
zones qui constituent à proprement parler l’Étrurie antique. À cet espace central constitué par
l’Étrurie proprement dite, il faut ajouter deux régions périphériques : la Campanie autour de
Capoue et la plaine du Pô (l’Étrurie padane).
La civilisation étrusque apparaît dans la seconde moitié du VIIIè s. avant J.-C. L’éclosion de
cette
civilisation
originale
est
favorisée
par
l’enrichissement
provoqué
par
la
commercialisation des richesses minières de l’Étrurie et les contacts culturels avec les Grecs
et les Phéniciens qui accompagnent les échanges commerciaux. Les rites funéraires se
transforment : de nombreuses familles princières enrichies par le commerce ou les droits de
péage prélevés sur les marchands traversant leurs territoires abandonnent l’incinération et
adoptent l’inhumation. Les tombes monumentales remplies d’objets luxueux à motifs
orientaux se multiplient, notamment en Étrurie méridionale. Elles sont le signe de la
puissance de ces princes.
38
Puis apparaît l’époque qualifiée d’orientalisante (environ 720 à 580 avant J.-C.) au cours de
laquelle les cités grecques d’Italie du Sud (la Grande Grèce) jouent un rôle d’intermédiaire
pour la transmission en Étrurie des idées et des formes artistiques issues des grands centres
culturels helléniques.
Ensuite l’époque archaïque voit l’apogée de la civilisation étrusque (580-475 avant J.-C.).
Une période de transition et de crise couvre la plus grande partie du Vè et le IVè s avant J.-C.
Enfin l’époque hellénistique, de la fin du IVè s. avant J.-C. à l’intégration définitive dans le
monde romain au cours du Ier s. avant J.-C. voit s’éteindre la puissance politique des
Étrusques en Italie.
À la fin du VIIIè s. avant J.-C., les premiers Étrusques forment déjà une identité forte. Leurs
cités proches de la mer constituent une thalassocratie, c’est-à-dire une puissance politique
dont la richesse est basée sur le contrôle des routes maritimes en mer Tyrrhénienne34. Ce
contrôle est rendu possible par l’existence d’une puissante flotte commerciale et militaire, en
réalité plusieurs flottes indépendantes, une pour chaque principale ville côtière.
34
Le nom de la mer Tyrrhénienne vient du mot grec « Tyrrhenoï », qui désigne les Étrusques. L’historien latin Tite-Live (Ier s. après J.-C.)
écrit à propos de la puissance étrusque : « Les noms mêmes des deux mers qui entourent l’Italie prouvent la grandeur des Étrusques…, la
mer Thyrrhénienne et la mer Adriatique » (Adria est une colonie étrusque). Les Romains les appellent Tusci (cf. la Toscane).
39
Les échanges des Étrusques avec le monde méditerranéen
Source : http://pagesperso-orange.fr/miltiade/italie-des-origines.htm
Au cours du VIIIè s. avant J.-C., l’apparition progressive des cités par synœcisme
(constitution d’une cité à partir de la réunion de plusieurs villages) est l’un des principaux
facteurs qui expliquent la naissance de la civilisation étrusque.
Les auteurs grecs évoquent l’existence en Étrurie d’une confédération ou d’une ligue de
douze peuples ou cités. D’après les recherches actuelles, à la fin du VIIè s. avant J.-C., ces
douze cités auraient été Volsinie (Orvieto), Véies, Caere, Tarquinia, Vulci, Chiusi, Vetuloni,
Volterra, Pérouse, Cortone, Arezzo et Fiesole.
40
Source : http://www.hist-europe.fr/grece_antique/eturie.jpg
De la même manière, il aurait existé aussi une confédération de 12 villes étrusques dans la
plaine du Pô autour de Felsina (Bologne) et une autre en Campanie autour de Capoue.
Le lien principal qui unit les cités de la ligue étrusque n’est pas politique mais religieux. Le
sanctuaire de Voltumna, situé sur le territoire de Volsinies, en est le centre névralgique. Tous
les ans, s’y déroulent d’importantes cérémonies accompagnées de jeux rituels. Ces fêtes
rassemblent les princes de toutes les cités. Lors de ces festivités, ils débattent ensemble sur les
affaires qui concernent la confédération. Les décisions prises en commun sont toutefois rares :
les villes étrusques mènent une politique en toute indépendance, et leurs intérêts sont souvent
divergents35. En l’absence d’unité politique entre les villes, la confédération des 12 peuples ou
cités ne constitua jamais un État.
L’agriculture joue aussi un rôle déterminant dans le développement de la civilisation étrusque.
L’Étrurie est une région agricole qui produit des céréales (épeautre, orge et mil), des légumes,
des olives, du lin et du vin. Les Étrusques exportent des céréales et du vin, qui est l’un des
produits les plus importants de l’agriculture étrusque. Le vin étrusque est exporté en Corse, en
Sicile, à Carthage et dans le sud de la Gaule. Avec le vin, les Étrusques exportent des vases
nécessaires à son service : coupes, canthares, skiphoi.
La culture du lin est à l’origine d’un artisanat textile florissant dans la région de Tarquinia. On
35
La confédération des 12 cités n’aura pas de scrupule à laisser la ville de Véies lutter seule contre Rome et ne font rien pour empêcher sa
destruction en 396 avant J.-C.
41
y fabrique des voiles pour les navires et des vêtements. Ailleurs, la matière première est la
laine. Les textiles représentent une part très importante de l’activité artisanale étrusque, liée
directement à l’agriculture et à l’élevage. À partir du VIIIè s. avant J.-C., la laine domine la
production textile.
La fabrication de textiles est pratiquée à tous les niveaux de la société étrusque. C’est une
activité de grande importance culturelle et économique. La main-d’œuvre employée devait
être considérable et de plus en plus spécialisée. L’organisation de la production s’est
également intensifiée de manière significative à partir du VIIè s. avant J.-C.
L’élevage est lui aussi dynamique et varié : bovins, ovins, porcs, chevaux, abeilles. Les
chevaux sont élevés pour la guerre et le trait. Les bœufs sont surtout employés aux travaux
agricoles, tandis que la qualité du fromage de brebis et de la charcuterie étrusque est réputée.
Enfin la vaste étendue des forêts qui recouvrent certaines régions du territoire fait des
Étrusques de grands producteurs de bois, utilisé pour la construction des habitations, des
temples et des navires mais aussi pour alimenter en combustible les fourneaux métallurgiques.
Ces forêts sont riches en gibier comme les cervidés, les lièvres et les sangliers. Les lacs et les
marais d’Étrurie sont fréquentés par diverses variétés d’oiseaux comme les canards sauvages
représentés dans la « Tombe de la chasse et de la pêche » de Tarquinia (fin du VIè s. avant J.C.) où les scènes de chasse se déroulent dans un décor naturel d’une étonnante fraîcheur.
Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/html/francese/a235.html
Les Étrusques pratiquent le système de la jachère au moins à partir de la fin du VIIIè s. avant
J.-C. : sur le même champ, les céréales alternent avec les légumineuses ou les pâturages.
42
La richesse de l’Étrurie se trouve dans son sous-sol. Elle possédait d’importants gisements
miniers dans la zone dite des collines métallifères au nord de Vetulonia dans les monts Tolfa
entre Tarquinia et Caere, près de Volterra et surtout dans l’île d’Elbe. Il s’agit de fer, de
cuivre, de plomb et d’argent. Ces métaux sont très recherchés et les mines étrusques sont de
loin les plus riches de la Méditerranée centrale. En revanche, l’étain, nécessaire à la
fabrication du bronze, est présent mais en faible quantité. Il faut donc l’importer des îles
britanniques.
Le minerai de fer est traité sur place, soit sur l’île d’Elbe, soit à Populonia (Pufluna en
étrusque), qui devient dès le Vè s. avant J.-C. le plus grand centre sidérurgique d’Étrurie.
Populonia est la seule ville étrusque construite directement au bord de la mer. L’activité
commerciale de son port la met en rapport étroit avec la Campanie et aussi avec le Sud de la
Gaule, en particulier Marseille.
Formidables monnaies d’échange, les minerais, exportés sous forme de matière première,
permettent aux Étrusques de se procurer en retour les produits de luxe très recherchés par les
aristocrates de l’époque orientalisante, tels que bijoux, vaisselle, vases, meubles.
Aperçu de bijoux étrusques :
http://louvre.fr/llv/dossiers/page_theme.jsp?CONTENT%3C%3Ecnt_id=10134198673435614&CURRENT_LLV_THEME
%3C%3Ecnt_id=10134198673435614&CURRENT_LLV_PAGE_THEME%3C%3Ecnt_id=10134198673435641#
Le commerce est dès l’origine une activité économique essentielle de la civilisation étrusque.
Outre les produits agricoles et les minerais, les Étrusques exportent des produits
manufacturés. Ces produits, parmi lesquels figurent les vases de bucchero et la céramique
noire (caractéristique de l’artisanat étrusque) se répandent en Gaule et dans tout le bassin
méditerranéen.
43
Source : http://www.mmsh.univ-aix.fr/ecoledoctorale/trjca/apeltierbuda.htm
N.B. : La bataille d’Alalia (Aléria en Corse) se déroule en 540 ou 535 avant J.-C. Elle marque la fin de la période
archaïque et le début de la période classique. Alalia est une cité grecque, fondée par les Phocéens de Massilia,
Marseille. La cité est l'enjeu d'un conflit entre les Grecs et une coalition d’Étrusques et de Carthaginois. Ces
derniers n'acceptaient pas la présence grecque dans cette région de la Méditerranée qu'ils considéraient comme
leur domaine. Les Étrusques contrôlaient le commerce avec la Corse et les côtes gauloises, les Carthaginois à la
suite des Phéniciens contrôlaient les routes maritimes et le trafic des minerais dans toute la Méditerranée
occidentale et le débouché sur l'Atlantique par le détroit de Gibraltar.
44
Source : http://www.mmsh.univ-aix.fr/ecoledoctorale/trjca/apeltierbuda.htm
Le commerce emprunte d’abord la voie maritime. Si la seule grande ville implantée
directement sur la côte est Populonia, plusieurs autres cités importantes situées dans l’arrièrepays proche de la mer disposent d’un port, facilement accessible au moyen d’un réseau de
routes et de ponts. C’est le cas de Caere dont le débouché maritime est Pyrgi.
Le réseau portuaire ainsi constitué permet aux navigateurs étrusques de bénéficier de
nombreuses escales, relativement proches les unes des autres sur leurs routes commerciales.
La navigation s’effectue en restant à peu de distance des côtes, près desquelles les bateaux
jettent l’ancre pour la nuit.
S’affirme au VIIè s. avant J.-C., la thalassocratie étrusque en mer Tyrrhénienne. La
domination étrusque en Méditerranée occidentale décline au Vè s. avant J.-C. après une
importante défaite navale au large de Cumes face à la flotte grecque de Syracuse en 474 avant
J.-C. Les Grecs d’Occident viennent de battre leurs deux principaux adversaires : les
Étrusques mais aussi leurs alliés carthaginois défaits lors de la bataille d’Himère en 480 avant
J.-C.
45
Malgré une alliance avec Athènes et leur participation à l’expédition (désastreuse) organisée
par celle-ci contre Syracuse en 414 avant J.-C., les cités étrusques du sud de l’Italie perdent de
leur puissance. En revanche, celles de la vallée du Pô vont connaître en compensation un
essor commercial considérable en empruntant de nouvelles routes maritimes en Adriatique36.
4. Une civilisation raffinée
Les maisons étrusques ont toutes aujourd’hui disparu. Mais on en connaît assez bien la
configuration grâce aux tombes monumentales qui reproduisent à peu près l’aménagement
intérieur des maisons. Ainsi la chambre intérieure de la tombe des Boucliers de Cerveteri
(milieu du VIè s. avant J.-C.) évoque la pièce centrale d’une maison aristocratique avec des
sièges et des boucliers sur les murs37.
Source : http://www.ou.edu/class/ahi4163/slides4/pg19-09.jpg
La tombe dite des Reliefs à Cerveteri (milieu du IVè s. avant J.-C.) offre un aperçu de la
décoration intérieure de ces maisons patriciennes. Deux gros piliers à chapiteaux éoliens
supportent le plafond. De nombreux objets de la vie quotidienne (outils rouleaux de corde,
ustensiles de cuisines, récipients) sont sculptés en relief de stuc sur les murs et les piliers de
tombe, comme s’ils y étaient accrochés. La présence de nombreuses armes parmi ces objets
36
Il existe aussi des voies commerciales terrestres. L’une des principales traverse les Alpes et permet aux Étrusques de commercer avec les
peuples celtiques.
37
La maison romaine traditionnelle, le domus, s’inspire des modèles étrusques.
46
laisse penser que la famille des Matuna, propriétaire de la tombe, devait avoir pratiqué le
métier militaire. Sur un coffre, peut-être destiné à contenir les archives de la famille, a été
posé, soigneusement plié, un livre de lin, ce qui signifie probablement que le principal
occupant de la tombe est un haruspice.
Source : www.ruraljourney.com/ italy_travelguide/lazio/…
Enfin, il est plus difficile de se faire une idée de l’habitat populaire.
Dans la société étrusque, au milieu du VIIIè s. avant J.-C., émerge une classe aristocratique
enrichie par le commerce et l’agriculture. Autour de ces familles qui détiennent le pouvoir
gravitent des clientèles formées de citadins qui obtiennent protection en échange d’obligation
militaires et économiques. Elles entretiennent par ailleurs une importante population de
domestiques de toutes sortes, certainement de condition servile. On désigne du terme gentes
l’ensemble formé par ces familles riches et les personnes qui leur sont attachées. Ces gentes,
unies par des intérêts politique et économiques, se reconnaissent aussi des ancêtres communs.
Les gentes sont dirigées par un chef de famille qui a également un rôle religieux dans la
mesure où il est le garant du culte des ancêtres de la gens. C’est au sein des gentes que sont
47
choisis les rois qui gouvernent les cités étrusques pendant la période orientalisante. Les
auteurs latins désignent ces rois sous le nom de lucumon (ce nom est toutefois contesté par
certains chercheurs).
Ces rois, à l’instar des basileus grecs, concentrent entre leurs mains tous les pouvoirs. Ils sont
à la fois magistrats suprêmes, chefs de guerre et chefs religieux. Les insignes de leur pouvoir,
qui sont tous conservés par les Romains, sont la couronne d’or, le sceptre, le trône d’ivoire et
le manteau de pourpre. Les rois sont accompagnés de licteurs, sorte de garde d’honneur, qui
portent sur l’épaule une hache parfois bipenne entourée de verges.
Les esclaves forment une part importante de la population des villes étrusques. La majorité
s’occupe des travaux domestiques. D’autres ont pour rôle de divertir leurs maîtres : danseurs,
musiciens, acrobates et même athlètes. Ils travaillent très dur dans les carrières, les mines de
fer et de cuivre, dans les ateliers métallurgiques qui font la richesse de l’Étrurie.
Au cours de la seconde moitié du VIè s. avant J.-C. se développe dans les cités étrusques une
classe moyenne constituée d’artisans et de commerçants de moindre importance, comme en
atteste la construction dans les nécropoles de tombes plus modestes constituées seulement
d’une ou deux chambre funéraires, groupées en blocs séparés par des rues se coupant à angle
droit. Ces tombes dites « à dé » sont visibles dans la nécropole de Cerveteri par exemple.
Source : http://www.guideroma.com/fototour/cerveteri/fototourcerveteri.htm
Cette évolution de la société étrusque, caractérisée par l’apparition d’une classe moyenne de
48
citoyens libres ainsi que l’intégration dans la cité d’un certain nombre de commerçants ou
d’artisans étrangers grecs, celtes ou italiques, a probablement eu des conséquences politiques.
Les monarchies de l’époque précédente sont alors remplacées par des régimes républicains
inspirés du monde grec. C’est le cas à Rome où la chute de la monarchie des Tarquins est
suivie par l’établissement d’une république dont les premiers consuls sont des Étrusques.
Le pouvoir reste toutefois concentré entre les mains des aristocrates, qui exercent les
premières magistratures républicaines. Il s’agit de républiques oligarchiques38 dont le
gouvernement est confié à des magistrats élus pour un temps limité.
Parfois surgissent des personnages qui s’emparent du pouvoir par la force et, s’appuyant sur
les classes populaires, permettent ainsi à des groupes non aristocratiques d’accéder au
pouvoir : les tyrans.
La présence d’un tyran, Lars Tolumnius, à Véies au moment des guerres contre Rome du
milieu du Vè s. avant J.-C. est apparemment une source de désaccord entre cette ville et les
aristocrates républicains des autres cités étrusques. Ceux-ci se méfient d’un personnage
soutenu par les classes populaires et refusent d’apporter l’aide militaire de la confédération à
la ville menacée.
Le pouvoir des familles aristocratiques citadines repose aussi sur la possession de vastes
domaines agricoles (les latifundii en latin). Sur ces grandes propriétés aristocratiques
travaillent des paysans qui sont majoritairement des esclaves.
Contrairement au monde grec ou romain, les femmes étrusques constituent une singularité
importante. Les femmes de la noblesse étrusque sont présentes dans les banquets en
compagnie de leurs époux ou lors des jeux. Jamais une femme grecque de bonne réputation
n’aurait participé aux festins des hommes : les femmes qui s’y trouvent éventuellement sont
des courtisanes. Les femmes grecques et romaines sont pour l’essentiel des maîtresses de
maison alors que les femmes étrusques bénéficient d’une liberté et d’un statut beaucoup plus
38
Du grec oligos, petit nombre et arkhê, commandement. L'oligarchie est un régime politique dans lequel la plupart des pouvoirs sont entre
les mains d'un petit nombre d'individus, de quelques familles ou d'une petite partie de la population, généralement une classe sociale ou une
caste. La source de leur pouvoir peut être la richesse, la tradition, la force militaire, la cruauté...
L'oligarchie s'appuie sur une pratique du pouvoir collégiale et discrète. L'organisation des pouvoirs peut être relativement complexe avec
différents cercles plus ou moins informels. Les régimes oligarchiques se révèlent relativement instables et évoluent souvent vers des
monarchies.
Fréquente dans l'Antiquité, l'oligarchie est un mode de gouvernement qui s'oppose à la tyrannie et se distingue de l'aristocratie qui est le
gouvernement par les meilleurs, légitimés par des aptitudes particulières.
49
importants.
L’étude des inscription funéraires révèle que les femmes étrusques possèdent en propre un
nom complet, constitué d’un prénom et d’un nom de famille, alors que chez les Romains le
femmes ne sont identifiées que par la féminisation du nom de la gens à laquelle elles
appartiennent. De plus, sont fréquentes les inscriptions funéraires figurant le nom du père
(patronyme) et celui de la mère (matronyme) ; ce qui tend à prouver que la lignée maternelle
avait autant d’importance que celle du père.
Enfin, il st vraisemblable que la femme noble savait lire et écrire comme les hommes. Les
femmes de l’aristocratie ne laissaient pas à leurs compagnons le monopole du luxe et de la
joie de vivre.
Source : www.cliolamuse.com/ spip.php?article259
Cette joie de vivre, nous pouvons en voir un aperçu dans les tombes du VIè et du Vè s. avant
J.-C. Les peintures des murs des tombes nous donnent une idée des divertissements des
seigneurs étrusques qui s’entourent d’objets coûteux importés de Grèce et d’Orient ou
fabriqués par les artisans locaux.
Les riches Étrusques organisaient des banquets, des jeux athlétiques, des courses de chars et
des parties de chasse ; c’étaient des manifestations emblématiques de leur opulence et de leur
supériorité sociale. Les banquets étaient des éléments fondamentaux du mode de vie
aristocratique étrusque, ainsi que les symposia, réunions d’hommes où l’on buvait du vin tout
en discutant. Les banquets étaient accompagnés de musique et de danses.
Les Étrusques avaient la réputation d’être d’excellents musiciens, très créatifs dans ce
domaine. La danse avait une signification rituelle, en particulier au moment des funérailles.
Chaque année, les jeux fédéraux, qui se déroulaient sur le site du sanctuaire fédéral du fanum
50
Votumnae, étaient fastueux. Ils comportaient des épreuves telles que le lancer du disque ou du
javelot, la lutte, le pugilat (ancêtre de la boxe), le saut en hauteur et la course à pied. Les
courses de chars tirés par deux ou trois chevaux (les biges ou les triges) préfigurent celles que
les Romains organiseront plus tard. Il existait aussi des courses de chevaux montés39.
Dans la tombe des Olympiades à Tarquinia, on peut voir un accident de course : un char se
renverse et l’aurige (le cocher) est projeté en l’air.
Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/html/francese/a2358.html
La passion des Étrusques pour ces sports et ces jeux ne sera pas moindre que celle dont
témoigneront ensuite les Romains. Les Étrusques ont construit le Grand Cirque (Circus
Maximus) qui pouvait sous l’Empire Romain contenir jusqu’à 300 000 spectateurs.
Source : http://www.maquettes-historiques.net/page1T.html
Enfin, les Étrusques organisaient des combats de gladiateurs qui avaient une connotation
rituelle et funéraire (voir la tombe des Augures à Tarquinia).
39
La célèbre course du Palio organisée à Sienne deux fois par an en dérive certainement.
51
Tombe des Augures, Tarquinia. Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/html/francese/a2352.html
5. Un peuple très religieux
Les Étrusques ont écrit de nombreux livres consacrés aux pratiques religieuses et divinatoires,
aux rites et à l’organisation du cosmos. Ces œuvres ont disparu mais nous connaissons leur
existence par les auteurs antiques.
Ces livres contiennent un ensemble de rites et de prescriptions qui permettent de réglementer
les rapports entre les dieux et les hommes. Les Romains qualifient ces règles de « discipline
étrusque ». Sa vocation première est de sonder la volonté divine à partir des signes envoyés
par les dieux : foudre, coups de tonnerre, état des entrailles des animaux sacrifiés, vol
d’oiseaux, phénomènes prodigieux, signes céleste.
Le caractère original de cette religion qui s’appuie sur des livres réside dans le fait qu’elle est
révélée aux hommes par des personnages divins : Tagès, un enfant à la sagesse de vieillard, et
une nymphe du nom de Vegoia.
Tagès transmet aux Étrusques l’enseignement de l’haruspicine40. La nymphe Végoia,
personnage imaginaire, aurait, elle, enseigné aux Étrusques l’art d’interpréter les foudres mais
surtout les rites liés à la délimitation des propriétés et des territoires41.
40
Divination utilisant la lecture des viscères des animaux sacrifiés.
41
Le principe de borner des propriétés sera repris par les Romains. Les rites de fondations des villes étrusques sont très précis. Les prêtres
déterminaient l’orientation de la ville selon deux lignes qui se coupaient perpendiculairement, décumanus, orienté est/ouest, et le cardo,
52
Le déplacement volontaire de ces bornes dans un but de spoliation était passible de la peine de
mort.
Les prêtres et les devins étrusques sont considérés dans le monde antique, et surtout en Italie,
comme les meilleurs spécialistes pour interpréter les présages et deviner les intentions des
dieux. Les influences étrusques sur la religion romaine sont à cet égard décisives, en
particulier dans le domaine de la divination42.
Il est à remarquer que les haruspices et les augures appartiennent aux classes aristocratiques
de la société étrusque.
Les haruspices sondent les intentions des divinités en examinant l’état des entrailles des
animaux sacrifiés, en particulier le foie, qui est pour les Étrusques le siège de la vie.
Parmi les autres moyens divinatoires figure l’interprétation du vol d’oiseaux. Les Romains
vont les nommer augures. En guise de signe distinctif, ils tiennent à la main un bâton à
l’extrémité recourbée, le lituus, dont un exemplaire en bronze est retrouvé dans une tombe à
Caere au VIè s. avant J.-C.
Source : http://www.mediterranees.net/civilisation/Rich/Articles/Religion/Objets_culte/Lituus.html
orienté nord/sud. Le fondateur traçait ensuite les limites de la ville en creusant un sillon dont il rejetait la terre vers l’intérieur, au moyen d’un
soc de bronze tiré par un attelage composé d’une génisse et d’un taureau blancs. Il soulevait le soc aux emplacements des portes qui étaient
situées aux extrémités des voies principales. L’enceinte ainsi tracée était sacrée : nul n’avait le droit de la franchir sans y être autorisé.
42
Les Romains auront coutume de faire venir des haruspices étrusques pour interpréter les signes divins.
53
Tombe des Augures, Tarquinia. Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/html/francese/a2352.html
À cette époque le lituus est encore le symbole du pouvoir politique et militaire du roi. Ces
deux pouvoirs ne sont alors pas distincts du religieux43.
Le signe le plus évident de la volonté divine est la foudre. À travers elle, c’est le dieu Tinia
(équivalent du Zeux des Grecs) qui s’exprime.
L’espace céleste est divisé en quatre secteurs précis orientés sur les quatre points cardinaux.
Chacun de ces secteurs était lui-même divisé en quatre parties à l’intérieur desquelles résidait
une divinité. Les divinités infernales occupaient le quart nord-ouest. L’est, où se lève le soleil,
est considéré comme favorable, alors que l’ouest ne l’était pas. La signification de la foudre
était fournie par son origine et par la direction qu’elle avait prise dans l’espace céleste ainsi
défini. La même interprétation existait pour le vol des oiseaux.
Tout porte à croire que les préceptes de la « discipline étrusque » sont repris par les Romains
43
Il est possible que la crosse des évêques chrétiens, symbole de leur autorité spirituelle sur les fidèles dérive de cet attribut antique.
54
au point de faire partie intégrante de leurs pratiques religieuses. Ce qui est certain, c’est que
des haruspices ou des augures toscans sont encore consultés bien après la disparition de la
civilisation étrusque. Jusqu’à l’époque impériale romaine, nombre d’haruspices d’ascendance
étrusque désormais romanisés appartiennent à la classe des chevaliers44.
Les dieux étrusques, comme les dieux grecs et romains, sont nombreux. Outre le dieu Tinia, il
faut aussi citer sa compagne Uni (qui correspond à Héra) et Minerva, déesse guerrière. Ces
trois divinités constituent la triade suprême dans la religion étrusque. Viennent ensuite Turan,
déesse de l’amour, Turms (qui correspond à Hermès), Culsans (Janus), Sthlans (Vulcain),
Aita, dieu des enfers, Laran (ou Maris), dieu de la guerre, Fufluns (Dionysos), dieu du vin et
Nethuns (Neptune), dieu de la mer.
Sous l’influence grandissante de la mythologie grecque apparaissent un peu plus tard dans le
panthéon étrusque des divinités comme Hercle (Hercule), Aritimi (Artémis) et Apulu
(Apollon)45.
Mais la divinité majeure de la religion étrusque est Voltumna, le dieu de la végétation et des
forces de la nature. Il est vénéré en particulier à Volsinies. Son sanctuaire, le fanum
Voltumnae est le théâtre de cérémonies et de jeux qui accompagnent la tenue des assemblées
annuelles de la confédération étrusque. L’importance de Voltumna conduit certains
chercheurs à l’assimiler à Tinia. Le dieu suprême aurait été Tinia-Voltumna.
La conception étrusque du monde est étroitement conditionnée par la volonté divine. Ainsi,
les dieux ont limité le temps d’existence des Hommes mais aussi celui de la civilisation
étrusque elle-même.
Les Étrusque croient aussi en la survie des défunts dans un au-delà. Le culte des morts est un
aspect fondamental de la culture étrusque.
44
Certains sont attachés à de grands personnages. Ainsi, Jules César fait appel aux services du divin Caius Spurina, qui tente
sans succès de l’empêcher de se rendre au Sénat le jour de sa mort, les ides de mars 44 avant J.-C. Après la création par
Claude de l’ordre des 60 haruspices, les devins toscans accompagnent les armées romaines pendant leurs campagnes : les
généraux prennent leur avis avant d’engager la bataille.
45
L’influence de la religion grecque se traduit aussi par le développement de cultes de type dionysiaque. Les initiés, issus de la haute société,
participent à des cérémonies secrètes en l’honneur de Dionysos et tournent souvent à l’orgie.
55
Plan du temple étrusque de Jupiter Capitolin (avec reconstitution de la façade), achevé en 509 avant J.-C.
Source : http://bib18.ulb.ac.be/cdm4/item_viewer.php?CISOROOT=/shu013&CISOPTR=369&REC=8
Le sanctuaire (Cella en latin) d’un temple est parfois divisé en trois pièces dédiées chacune à
une divinité. Les cérémonies ne se déroulaient pas à l’intérieur du temple mais à l’extérieur,
autour d’un autel monumental placé devant la façade de l’édifice.
56
Au début et contrairement aux temples grecs, les temples étrusques n’ont pas de colonnades
faisant tout le tour de l’édifice. Le toit à double pente dépassait largement des murs et de la
façade. Les colonnes des temples étrusques sont le plus souvent d’ordre « toscan ». Cet ordre
annonce l’ordre dorique : de proportions plus larges que ce dernier, il comporte des colonnes
aux fûts lisses et des entablements sans frises.
Source : http://fr.encarta.msn.com/media_121623049_761569259_-1_1/Ordres_d'architecture.html
Dans des tombes comme celles des Chapiteaux de Cerveteri (début du VIè s. avant J.-C.) les
colonnes sont surmontées de chapiteaux dit « éoliens » ou « éoliques ».
Dans certaines régions d’Étrurie méridionale, comme Sovana, Norchia, Blera ou Castel
d’Asso, au IVè s. avant J.-C., des tombes sont creusées au flanc de falaises rocheuses de tuf
volcanique. Sur ces tombes, dites « rupestres »46, figurent parfois des façades de temples
sculptées avec des frontons et des colonnes, qui peuvent avoir jusqu’à six mètres de large.
46
Manifestation artistique sur support rocheux.
57
Source : http://www.thegrandtour.it/visite-guidate-etruschi-norchia.htm
6. L’art étrusque
L’art étrusque est profondément influencé par les modèles étrangers, orientaux et grecs.
Comme de nombreuses société antiques, les œuvres d’art étrusques répondent à des besoins
fonctionnels : objets de culte, honneurs rendus aux défunts, décorations architecturales,
parures et ustensiles de la vie quotidienne.
À partir de la seconde moitié du VIIIè s. avant J.-C. se produit dans les zones de culture
villanovienne un extraordinaire développement artistique qui correspond à la diffusion en
Italie du mouvement orientalisant47.
Du VIIIè s. jusqu’aux environs 580 avant J.-C., la civilisation étrusque s’affirme comme la
47
Le terme « orientalisant » désigne le mouvement de diffusion ou de copie des objets et des motifs orientaux dans beaucoup de pays du
bassin méditerranéen : Grèce, Italie, sud de la France, péninsule Ibérique. Ce phénomène est étroitement lié à l’intensification des échanges
entre les régions de Méditerranée occidentales et l’Orient que favorise l’implantation des colonies grecques en Italie méridionale. La phase
chronologique correspondante est assez limitée dans le temps : en Italie, elle débute dans la seconde moitié du VIIIè s. et se termine vers 580
avant J.-C.
58
plus brillante d’Italie préromaine, seule capable de rivaliser avec la civilisation grecque.
Les élites étrusques, qui s’enrichissent grâce au commerce des métaux et de l’agriculture, sont
les éléments moteurs du développement artistique de l’Étrurie. Elles sont les grands
commanditaires de la production artistique. L’art va servir le prestige des rois des cités et des
familles aristocratiques.
Il y a ainsi un lien qui se noue entre art et pouvoir qui se traduit par une tendance à la
monumentalisation : c’est ainsi qu’apparaissent les grandes tombes à tumulus comme celles
de la nécropole de Cerveteri. Ces tombes aristocratiques et familiales sont constituées de
chambres funéraires creusées dans le sol. Elles sont recouvertes par un imposant tertre de
terre et de pierres, le tumulus, posé sur un socle de tuf en forme de tambour orné de corniche.
Un escalier permet d’accéder à une plate-forme située au sommet du tumulus où se déroulent
les rites liés au culte des morts.
Source : www.comune.santamarinella.rm.it/.../ a1a.html
C’est à l’intérieur de ces tombes que sont retrouvés des objets luxueux importés d’Égypte, de
Syrie, de Rhodes, de Grèce et même de Mésopotamie. Voir la tombe dite « Regolini
Galassi » : grande tombe princière de Cerveteri (milieu du VIIè s. avant J.-C.) :
http://mv.vatican.va/5_FR/pages/x-Schede/MGEs/MGEs_Sala02_01_070.html
http://mv.vatican.va/5_FR/pages/MGE/MGE_Sala02.html
De tous les arts plastiques, la peinture est l’un des domaines artistiques les plus remarquables
59
de l’art étrusques. Les œuvres les plus spectaculaires sont les fresques qui ornent les murs des
tombes.
Les tombes peintes sont majoritairement situées à Tarquinia. Les peintures évoquent des
éléments de la vie passée du défunt et possèdent tout le confort dont il a bénéficié de son
vivant. Les peintures murales des tombes ne répondent pas uniquement à un simple souci
décoratif ou commémoratif. Ces peintures se veulent magiques et répondent à un rituel.
Mais à y regarder de plus près, c’est à n’en pas douter l’image du bonheur terrestre qui
transparaît dans le décor de ces tombes. Certains pensent même que les Étrusques situaient le
paradis sur terre, et non après la mort. L’exaltation de la nature est très présente : beaucoup de
frises d’animaux (oiseaux, lions, panthères, etc.).
Les représentations de Tarquinia ont une force vitale, une allégresse, un sens du décor et une
couleur qui force l’admiration.
Tombe des Lionnes, Tarquinia. Source : pro.corbis.com/search/ Enlargement.aspx?CID=is…
Mais après la prise de Véies par Rome en 396 avant J.-C., le répertoire iconographique des
tombes change très sensiblement sous l’emprise grandissante de la culture grecque. Faisant
écho à la grave crise, politique et économique autant que morale et religieuse, que traverse la
civilisation étrusque au cours du IVè s. avant J ;-C., le doute et l’angoisse sur le sort de
l’Homme dans l’au-delà se manifeste encore avec davantage d’acuité. Ceci explique les
modifications de l’iconographie picturale qui multiplie les scènes effrayantes ou violentes :
c’est une vision pessimiste de la mort qui s’installe. La peinture reflète désormais la violence
des luttes contre Rome. Le décor de la « Tombe François » de Vulci en est un des rares
60
exemples.
Source : https://www.myartprints.com/kunst/carlo_ruspi/reconstruction_etruscan_wall_hi.jpg
Les Étrusques ont fabriqué une céramique originale, inspirée de nombreux modèles importés.
La grande particularité étrusque est la céramique dite de bucchero. Ces vases de couleur noire
au décor géométrique incisé ou estampé, produisent des effets métalliques qui témoignent de
l’influence des vases en métal importés d’Orient.
Source :
http://www.tigtail.org/TIG/S_View/TVM/E/Ancient/Etruscan/pottery/T/etruscan_bucchero
%2Bbattle_scene.c600bc.jpg
La sculpture étrusque a d’abord pour objet de rendre un culte aux ancêtres. Dans la période
61
orientalisante, les sculpteurs sont indifférents à reproduire les formes du corps avec réalisme.
La production de sarcophage et d’urnes cinéraires reste jusqu’au bout un des éléments les plus
caractéristiques de l’art étrusque.
Urne cinéraire. Source : http://jdalbera.free.fr/perugia/images/urne_etrusque.jpg
Le Vè s. avant J.-C. voit l’influence grecque envahir fortement l’art étrusque. Les fameux
chevaux de l’Ara della Regina à Tarquinia date du IVè s. avant J.-C. sont d’une grande pureté
classique.
Source : http://www.comune.santamarinella.rm.it/museo/immagini/foto/reperti/r096.jpg
Enfin, les Étrusques sont de grands maîtres en orfèvrerie.
62
Aperçu :
http://louvre.fr/llv/dossiers/page_theme.jsp?CONTENT%3C
%3Ecnt_id=10134198673435614&CURRENT_LLV_THEME%3C
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7. Les Étrusques face à Rome
L’histoire des Étrusques est jalonnée d’épisodes guerriers et ils ne sont pas un peuple résigné
et incapable. Leur lutte contre Rome a été sanglante et la future capitale de l’Empire a connu
d’importants revers. Les Étrusques ont été vaincus par l’organisation efficace de leurs
adversaires grecs et romains.
Au VIIè et au VIè s. avant J.-C., les Étrusques constituent la puissance militaire dominante en
Italie, aussi bien sur terre que sur mer.
Les princes étrusques combattent à cheval. Ils commandent des troupes d’infanterie,
constituées de soldats.
Puis, les Étrusques adoptent la technique grecque des hoplites. Les fantassins sont équipés de
cuirasse de bronze, de bouclier rond, de jambières, de lance, d’épée et casque à cimiers de
type corinthien ou italique.
Le développement du combat hoplitique est à mettre en rapport avec l’évolution sociale des
cités. À partir de la fin Vè s. avant J.-C., les citoyens des villes étrusques ont probablement été
classés suivant des critères de richesse qui leur permettaient d’acquérir un équipement
militaire plus ou moins coûteux. Les armées des cités étrusques sont devenues, comme celle
des cités grecques, des armées de citoyens soldats.
L’expansion étrusque en Italie vise un objectif majeur : le contrôle des voies de
communication et des points d’appui stratégiques afin de faciliter le commerce.
À son apogée, à la fin du VIè s. avant J.-C., le territoire occupé ou dominé par les Étrusques
s’étend de la plaine du Pô à la Campanie. Ils contrôle la mer Tyrrhénienne et se sont
implantés sur le littoral Corse (cf. victoire d’Alalia).
L’un des faits marquants de cette expansion est l’occupation du site de Rome au VIIè s. avant
J.-C. Sa situation sur la route de la Campanie, à un endroit où le Tibre est aisément
franchissable, en fait un point d’appui stratégique et commercial de premier ordre.
Ainsi Rome est devenue une ville étrusque à la fin du VIIè s. avant J.-C. Tarquin l’Ancien,
sorte d’aventurier de Tarquinia, prend le pouvoir à Rome en 616 en se faisant proclamer roi. Il
63
sera tué par Macstrna lors d’une expédition militaire menée avec deux frères, Aule et Caile
Vibenna (tous originaire de Vulci). Macstrna devient roi de Rome sous le nom de Servius
Tullius. Son règne dure quarante années. En 525 avant J.-C., il est assassiné par le petit-fils
de Tarquin l’Ancien, qui règne à son tour jusqu’en 509 avant J.-C.
Pendant la période d’un peu plus d’un siècle où Rome est gouvernée par les rois étrusques, la
ville connaît un développement urbain considérable. Les Étrusques réalisent de grands
travaux d’urbanisme. Ils assèchent les marécages entre le Capitole et le Palatin en construisant
un réseau d’égoûts pour drainer les eaux stagnantes, la Cloca Maxima.
Source :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d8/RomaCloacaMaximaPercorso.jpg/290px RomaCloacaMaximaPercorso.jpg
Cette zone asséchée par les Étrusques deviendra le Forum romain.
C’est sous la dynastie des Tarquins que les premiers grands monuments urbains sont
64
construits comme le Circus Maximus et le temple de la Triade capitoline48 sur le Capitole. Cet
édifice, le plus grand temple étrusque connu, témoigne de la volonté des souverains étrusques
de Rome de déplacer vers leur cité le centre politique et religieux de la ligue des villes
étrusques.
Le règne de Servius Tullius laisse des traces dans l’organisation administrative, politique et
militaire de la cité49.
La lutte entre Rome et les Étrusques dure plus d’un demi-siècle. Les aristocrates étrusques
choisissent à la longue d’accepter la domination romaine, qui leur permet de conserver leur
suprématie sociale.
La lutte contre Véies est un enjeu stratégique : posséder les salines de l’embouchure du Tibre.
En 396 avant J.-C., Rome prend la ville étrusque. La cité est rasée. Cette victoire marque le
début de l’affirmation de Rome en tant que cité impérialiste et colonisatrice.
En 358 avant J.-C., les hostilités reprennent entre Rome et les Étrusques. Tarquinia et ses
alliés infligent des revers sanglants à Rome : 307 soldats sont exécutés sur le forum de
Tarquinia. Après une trêve de quarante années entre 351 et 311 avant J.-C., la guerre reprend.
Elle va durer cinquante années, jusqu’à la prise de Volsinies par les Romains en 264.
Auparavant, en 308, Tarquinia est vaincue et demande la paix. En 306 avant J.-C., Rome et
Carthage (ancienne alliée des Étrusques) signent un traité qui partage les zones d’influence
des puissances en Méditerranée occidentale. L’Étrurie ne jouera plus désormais qu’un rôle
secondaire.
À la suite de « la guerre » sociale (les alliés de Rome en Italie demandent la citoyenneté
romaine), 88 avant J.-C., le Sénat romain donne la citoyenneté à tous les peuples d’Italie dont
les Étrusques.
Auguste fait de l’Étrurie la 7è région de l’Empire en 27 avant J.-C.
Ainsi, avant de se lancer dans la conquête de la péninsule puis de la Méditerranée, Rome était
une ville étrusque gouvernée pendant deux siècles par des rois étrusques.
III. Rome, la capitale du baroque (XVIIè s. et XVIIIè s.)
48
Ce temple est long de plus de soixante mètres et large de cinquante. Il est constitué de trois cellae dédiées à Jupiter Optimus Maximus
(Jupiter très bon et très grand), à Junon et à Minerve.
49
Institution des cinq classes de citoyens répartis selon leur richesse. Ces cinq classes sont elles-mêmes divisées en centuries qui servent à
constituer l’armée de l’État. Les centuries participent aux comices, des assemblées qui élisent les magistrats et approuvent les lois. Rome est
divisée en quatre régions pour faciliter les opérations fiscales. Les combats de gladiateurs et les courses de chars sont introduits dans Rome.
65
1. Le contexte politique
Malgré la réforme protestante au XVIè s., l’Église, un temps menacée, s’est enrichie tout au
long du XVIè s. Le luxe qui règne à la cour du pape, alors que le peuple vit dans la pauvreté,
indigne les protestants. La société romaine profite de cette richesse et vit dans des fêtes
continuelles. Afin de rendre la foi catholique plus attrayante que la pratique austère des
disciples de Luther et de Calvin, le Saint Siège utilise sa richesse à la construction d’églises,
de monuments et de fontaines dans un style caractérisé par la liberté des formes et la
profusion des ornements : le baroque. Rome, siège du vicaire du Christ devient au XVIIè s. la
vitrine de la religion catholique.
2. L’art baroque
L’origine du mot « baroque » vient du portugais « barroco » qui signifie « perle de forme
irrégulière ». Le mot, à ses débuts, a une nuance péjorative pour souligner l’aspect irrégulier,
peu proportionné ou extravagant de ce style. Celui-ci connaît ensuite son plus grand
développement dans la capitale pontificale à partir du pape Urbain VIII (1623-1644), avant de
s’exporter à travers l’Europe.
L’art baroque est celui qui succède à l’art de la Renaissance. Il apparaît au milieu du XVIè s.,
à la suite de la crise qui divise le monde chrétien (catholiques et protestants), de la contreréforme (réaction de l’Église catholique face au protestantisme) et du concile de Trente
(1545-1563), qui réaffirme la doctrine catholique.
Ce nouveau courant artistique prend ses racines dans la Renaissance : Michel-Ange, Giacomo
della Porta et Carlo Maderno en sont les précurseurs. Il atteint son apogée avec Pietro Cortona
(1596-1669) et surtout Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin (1598-1680) et Francesco
Castelli, dit Borromini (1599-1667).
Il se caractérise par des lignes courbes, l’ellipse, le mouvement, la déformation des surfaces,
les effets de lumière et le développement de l’espace en profondeur. Le baroque utilise l’ovale
pour les plans des églises, des places, des cours, des salles, ainsi que pour les détails de
décoration. Le baroque introduit le mouvement dans la composition. Il s’oppose en cela à la
régularité harmonieuse de la Renaissance. Les façades vont s’incurver de plus en plus et la
ligne courbe se retrouve dans tous les éléments architecturaux. Les façades mouvementées où
66
alternent les lignes concaves et convexes sont faites pour jouer avec l’ombre et la lumière.
Cette dernière accentue le mouvement et anime la façade. Pour créer la surprise,
l’émerveillement et les émotions, l’art baroque utilise la mise en scène et tous ses effets
spectaculaires (lumière, décor, mouvement, jeu, illusion). L’effet théâtral descend ainsi dans
la rue et sur les places. Enfin, le baroque se sert aussi du trompe-l’œil. C’est une technique qui
utilise les effets de la perspective pour donner l’illusion d’objets réels ou de relief.
3. La basilique Saint Pierre
Selon la légende, sa construction est liée au martyre de Pierre (vers 64 après J.-C.).
L’empereur Néron, après avoir rendu responsables les chrétiens du gigantesque incendie qui
détruit la quasi totalité de Rome, ordonne l’exécution d’un grand nombre d’entre eux. Parmi
les victimes, se trouve probablement Simon (symboliquement appelé Pierre par Jésus). Il est
crucifié dans le cirque de l’empereur au Vatican 50. Pour différencier sa mort de celle de Jésus,
il demande à mourir la tête en bas. Toutefois, la présence sous la basilique du tombeau de
Pierre remonte au IIIè s. après J.-C. et explique la vénération portée à ce sanctuaire. Hier
comme aujourd’hui, elle constitue le plus important sanctuaire du monde catholique et l’étape
primordiale du pèlerinage à Rome.
Constantin, converti au christianisme, fait construire la première basilique là où serait mort
Pierre. Le pape Sylvestre Ier consacre l’édifice en 326. Vers le milieu du IVè s., l’édifice est
achevé. C’est une basilique à cinq nefs, munie d’un transept étroit et d’une abside dont le mur
est situé juste à l’arrière de l’autel papal actuel. Elle est précédée d’un atrium au centre duquel
s’élève une fontaine décorée de la pomme de pin (la Pigna) que l’on peut voir aujourd’hui
dans une cour du palais du Vatican.
50
Au début de l'Empire romain, peu avant la naissance du Christ, le site actuel était occupé par quelques villas, bâties autour de "jardins
impériaux" qui furent propriété d'Agrippine. Le fils de cette dernière, l’empereur Caligula (37-41 ap. J.-C.) y fit réaliser un cirque privé, le
Circus Vaticanus, dont l'actuel Obélisque du Vatican constitue un des seuls vestiges. C’est là, ainsi que dans les jardins adjacents, qu’eut lieu
le martyre de bien des chrétiens de Rome à l’époque de Néron (54-68). C'est ainsi qu'une tradition immémoriale place le martyre de l'apôtre
Pierre dans l'enceinte même du cirque : inter duas metas - entre les deux bornes - de la spina, dont le centre était marqué par l'Obélisque du
Vatican, qui se trouvait donc à l'époque à un emplacement différent de celui qu'il occupe actuellement.
67
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Saint-Pierre
Malgré les pillages de la basilique par les Barbares (depuis Alaric en 410 jusqu’à Totila en
546), son prestige reste intact. Les couronnements impériaux les plus solennels s’y sont
déroulés. En l’an 800, le jour de Noël, Léon III couronne Charlemagne empereur d’Occident.
Puis Charles le Chauve (875) et Othon Ier (962) y sont aussi couronnés. En dépit de multiples
restaurations et embellissements, la basilique Saint-Pierre, après mille ans d’existence,
menace de tomber en ruine.
C’est l’impétueux pape Jules II qui ordonne la construction de la basilique nouvelle. Le projet
de l’architecte Bramante est retenu : un plan en croix grecque, avec absides saillantes et
petites coupoles ; au centre de la croix, une coupole de type de celle du Panthéon. En 1513,
Jules II meurt, puis Bramante en 1514. Pendant les trente années qui suivent, le plan de
l’édifice ne cesse d’être remis en question.
En 1547, le pape Paul III nomme Michel-Ange (âgé de 72 ans) architecte en chef de tous les
travaux au Vatican. Il revient à une croix grecque, simplifiée de façon à insister sur le plan
circulaire : le cercle, symbole de l’infini, glorifiera la Résurrection. La coupole n’est plus
conçue comme aplatie (comme celle du Panthéon) mais s’élevant haut dans le ciel. D’une
hauteur de 131m, implantée sur les quatre piliers de Bramante, cette coupole est
impressionnante. Michel-Ange reprend le système à double paroi de la coupole du panthéon
et du dôme de la cathédrale de Florence (l’escalier d’accès au lanternon – partie supérieure –
passe entre les deux parois et en suit la courbe). Michel-Ange meurt en 1564. La coupole est
achevée en 1593.
En 1606, Paul V (pape de 1605 à 1621) opte définitivement pour le plan en croix latine. Il est
68
plus apte aux grandes cérémonies et aux prédications. Ce plan, d’une part, répond aux
préoccupations de la Contre-Réforme et, d’autre part, couvre entièrement l’espace occupé par
la basilique primitive. L’ensemble est précédé d’une façade dont la construction est confiée à
Carlo Maderno. Urbain VIII consacre la nouvelle basilique. La dernière phase de l’histoire
artistique de Saint-Pierre est réalisée par le Bernin. À la mort de Maderno en 1629, il est
nommé à la tête des travaux. Il conçoit la décoration intérieure et l’escalier devant la façade
de la basilique. De cet édifice qui aurait pu exprimer la Renaissance, le Bernin en fait un
somptueux monument baroque. Au total, plus de 120 années se sont écoulées entre le début et
la fin des travaux. Vingt papes se sont succédés ainsi que dix architectes.
Source : fr.wikipedia.org/wiki/ Basilique_Saint-Pierre
À la demande du pape Urbain VIII, le Bernin va construire le baldaquin de Saint-Pierre, entre
1625 et 1633. Baldaquin, vient du mot italien baldacco ou baldacchino qui désigne à l’origine
une pièce de soie de Bagdad. Au Moyen-Âge, les artistes utilisent un dais, ou baldaquin, pour
indiquer l’importance d’une personne ou d’un lieu. Le baldaquin du Bernin mesure 29 m de
haut (dix étages) pour honorer les reliques de Saint-Pierre. Il se compose de quatre colonnes
torses en bronze (cette forme est imposée, elle est celle des colonnes de l’ancienne basilique).
À noter que le bronze des colonnes est arraché au panthéon. Quatre volutes se rejoignent pour
soutenir un globe et une croix. Il est orné de putti (petits angelots) et quatre anges aux angles.
De couleur foncée, le bronze est rehaussé d’or. Les éléments décoratifs (laurier autour des
69
colonnes, soleils abeilles) rappellent le blason de la famille d’Urbain VIII, les Barberini. La
taille du baldaquin est proportionnelle à celle de la basilique. Par son dynamisme, il amène le
regard vers le haut, contribuant ainsi à la méditation et à l’élévation de la prière.
Source : http://www.alain-collet.com/Italie/Rome/66.html
Plan de la basilique
70
La basilique saint Pierre connaît des apports récents. Le tombeau de Jean XXIII et la porte en
bronze, dite porte de la Mort, date de 1964.
4. Deux places baroques
La place Saint Pierre
En 1656, le pape, Alexandre VII, demande au Bernin de mettre en valeur l’espace situé
devant la basilique. La construction doit accueillir une foule importante lors d’événements
comme les bénédictions papales de Pâques et de Noël, mais elle ne doit pas masquer les
fenêtres des appartements pontificaux où le pape apparaît régulièrement. Elle doit aussi
permettre le passage à couvert des processions. Le Bernin, dans l’esprit de l’architecture
baroque, veut créer un effet de surprise à la découverte, au détour de ruelles étroites, de la
plus grande basilique du monde. À noter que la perspective de la via della Conciliazone, créée
en 1929, est contraire à ce que cherchait Le Bernin.
Son projet est de délimiter la place en forme d’ellipse par une colonnade fermée. Les visiteurs
y accèdent par un arc de triomphe. Même si le projet n’est pas entièrement respecté, la
conception de cette place est un exemple d’architecture baroque et en comprend tous les
71
éléments :
- la place en forme ovale,
- la présence de fontaines : l’une de Carlo Maderno (à droite), l’autre du Bernin (l’obélisque,
originaire d’Héliopolis, qui ornait la spina du cirque de Caligula, est déjà placée devant SaintPierre),
- la mise en scène de la façade de la basilique (édifiée par Maderno) par un escalier
monumental.
La colonnade, immense portique qui entoure la place, est formée de quatre rangées de
colonnes, couronné par un entablement droit, lui-même surmonté des statues des saints. En
jouant des effets de perspective, Le Bernin a su harmoniser les différentes parties exécutées
successivement, atténuant la lourdeur de la façade et redonnant de l’élan à la coupole de
Michel-Ange.
Source : www.routard.com/photos/ rome/745-vue_aerienne_...
72
La Place Navona
La piazza Navona (place de Navone), construite sur les ruines du stade de Domitien datant
du Ier siècle de notre ère, est la fierté de la Rome baroque, avec les bijoux d'architecture et de
sculpture de Gian Lorenzo Bernini (la fontaine des Quatre Fleuves au centre) et de Francesco
Borromini (l'église de Sant Agnese in Agone).
La place actuelle est ornée de trois fontaines. Celle du centre, dite « des Quatre Fleuves », fut
commandée à l'architecte Le Bernin par le Pape Innocent X et achevée en 1651. Les quatre
fleuves symbolisent les quatre parties du monde : le Danube l'Europe, le Nil l'Afrique, le
Gange l'Asie et le Rio de la Plata l'Amérique. Au centre de la fontaine se trouve un obélisque
portant en hiéroglyphes le nom de Domitien, surmonté d'une colombe, emblème des Pamphili
(famille noble romaine dont le palais se situe sur la piazza Navona et qui donna plusieurs
papes dont Innocent X, commanditaire de la fontaine).
C'est une œuvre phare de l'art baroque, pleine de courbes, d'effets (l'obélisque semble posé sur
le vide, une grotte étant aménagée sous sa base) et de mouvements ; elle est un théâtre à elle
toute seule, un spectacle en action.
Deux autres fontaines ornent cette place : celle du dieu Neptune et celle du Maure par
l'architecte Giacomo della Porta, datant respectivement de 1574 et 1576. Le bassin de la
fontaine de Neptune, disposé à l'une des extrémités de la place Navone, a reçu des ornements
sculptés à la fin du XIXè s.
Source : www.ilglicine.net/ Navona_file/nav_fra.htm
5. Le Vatican
73
Jusqu’au VIIè s. de notre ère, le titre de « pape » (qui signifie « père »), désigne tous les
évêques et plus spécialement celui de Rome. Dérivé de « papa », le terme de papatus, le pape,
apparaît à la fin du XIè s., en même temps que celui de curia, la curie, qui désigne
l’administration centrale et romaine de l’Église catholique.
Selon la tradition, Pierre est le premier évêque (papa) de Rome. Il y trouve le martyre au
début des années 60.
Depuis 1059, le pape est élu par l’assemblée des cardinaux réunis en conclave (cum – clavis,
car ils sont enfermés pendant toute la durée de l’élection), à la majorité des deux tiers (depuis
1179). Ainsi élu, le pape devient le chef visible de l’Église catholique. À ce titre, il dispose
d’un réel pouvoir moral et spirituel sur l’Église catholique. Il exerce son activité en se servant
des institutions qui constituent, avec lui, le Saint-Siège (gouvernement central de l’Église
catholique) représenté de manière permanente auprès de l’ONU, de l’UNESCO et auprès de
beaucoup d’États par des ambassadeurs, les nonces apostoliques). Le pape est aussi chef de
l’État du Vatican.
Ainsi, le pape est non seulement le chef de l’Église, mais aussi un chef d’État avec un
territoire (l’État du Vatican), une diplomatie, une armée, etc. Aux XVè et XVIè s., certains
papes (qui disposent d’un territoire plus vaste qu’aujourd’hui) comme Alexandre VI et Jules
II n’hésitent pas à affirmer leur indépendance face aux ambitions territoriales des princes et
des monarques de l’époque. La politique violente et « musclée » de ces deux papes porte les
États de l’Église au sommet de leur puissance temporelle. Mais la prise de Rome par les
troupes piémontaises de Victor-Emmanuel II (1870) met fin au pouvoir temporel du SaintSiège. Un long conflit s’engage entre l’Italie réunifiée et la papauté. Il est résolu le 11 février
1929. L’État du Vatican est créé comme support du Saint-Siège (ensemble des institutions
de l'Église catholique romaine), aux termes des accords du Latran signés par le SaintSiège représenté par le cardinal Gasparri et l'Italie, représentée par Mussolini. Aujourd’hui,
c’est le plus petit État du monde avec 0,44 km2 et 921 habitants (en 2005).
74
Bibliographie sommaire
Ouvrages généraux
Manuels d’Histoire-Géographie du secondaire :
- Histoire-Géographie 6è, sous la direction de V. Adoumié, Hachette Éducation, Paris 2004
- Histoire-Géographie 6è, sous la direction de M. Casta et F. Doublet, Magnard, Paris, 2000
Ouvrages généraux sur Rome
- L’Huillier M.-C., Auliard C., Clavel-Lévêque M., Gonzalès A., Rome, ville et capitale. De
César aux Antonins, ouvrage collectif, Belin Sup., Paris 2002,
- Christol M., Nony D., en collaboration de Berrendonner C. et Cosme P., Rome et son
Empire, Hachette Sup,, Paris, 2003
- Grimal P., Voyage à Rome, collection Bouquin, Robert Laffont, Paris, 2004
- Le Bohec Yann, Brégeon Jean-Joël, Rome, Culture Guide, collection Puf - Clio, Paris, 2008
Ouvrages plus spécifiques
- Rome, tel que c’était dans le passé, tel qu’on le voit aujourd’hui, Electa, 2001
- Le Colisée, Electa, 2006
- Augias C, Les secrets de Rome, Histoires, lieux et personnage d’une capitale, éditions du
Rocher, Paris, 2007
Guides touristiques sur Rome
- Guide Hachette, 2005
- Guide du Routard, 2007
- Guide Vert, 2004
Ouvrages sur les Étrusques
- Thuillier J.-P., Les Étrusques, la fin d’un mystère, collection Découvertes Gallimard, Paris
1990
- Thuillier J.-P. Les jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, Gallimard, Paris, 1992
- Thuiller J.-P., Les Étrusques, histoire d’un peuple, A. Colin, Paris, 2003
- Thuillier J.-P. Les Étrusques, Editions du chêne, coll. « Grande civilisation », 2006
75
- Robert, J.-N. Les Étrusques, collection Guide Belles Lettres des Civilisations, 2004
- Irollo J.-M., Histoire des Étrusques. L’antique civilisation toscane VIIIè – Ier avant J.-C.,
Perrin, Paris, 2004
- Bianchi Bandinelli R., Giuliano A., Les Étrusques et l’Italie avant Rome. De la
Protohistoire à la guerre sociale, Gallimard, collection L’univers des formes, Paris 2008
Internet
a été d’un concours précieux : des liens vers les sites utilisés
apparaissent au fur et à mesure dans le dossier.
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