1 TOULON LE MERCREDI 31 MAI 2 000 ORESTIE Je

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1 TOULON LE MERCREDI 31 MAI 2 000 ORESTIE Je
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TOULON LE MERCREDI 31 MAI 2 000
ORESTIE
Je me plais aujourd’hui à considérer que cette planche fut commencée il y a 27 ans
La Grèce d’alors n’en finissait pas de supporter le régime des colonels installé depuis le
coup d’état de 1966 et même si des frémissements pouvaient laisser augurer une certaine
libéralisation, toutes les occasions étaient bonnes pour le peuple grec pour manifester son
aspiration au retour d’une démocratie qu’il avait inventée.
En escale à Athènes par un beau mois de juin de l’année 1973, j’avais eu la chance de
sympathiser avec l’officier de liaison grec qui avait accepté de m’accompagner au théâtre antique
de Dionysos à Plaka, juste sous le Parthénon.
On y jouait, sur plus de trois heures, deux pièces totalement différentes ; l’une traitée sous
une forme comique, “ Lysistrata ” d’Aristophane où l’auteur en 451 avant Jésus-Christ narrait le
soulèvement des femmes d’Athènes qui, lassées des guerres incessantes menées par leurs maris,
avaient décrété de faire la grève de l’amour jusqu’à l’établissement d’une paix durable avec Sparte
et l’autre, “ Les Euménides ”, beaucoup plus grave où Eschyle en 458 avant Jésus-Christ contait
les tribulations d’Oreste poursuivi par les Erinyes après le meurtre de sa mère Clytemnestre.
Quel ne fut pas mon étonnement de découvrir la modernité de ces deux pièces écrites 25
siècles avant cette représentation mémorable. Mais surtout je fus stupéfait de voir le courage et
l’unanimité de ces spectateurs qui après le monologue d’Athéna instituant un tribunal humain pour
juger Oreste se levèrent et entonnèrent l’ancien hymne républicain avant d’applaudir longuement,
interrompant pendant près de cinq minutes une représentation pourtant étroitement surveillée par
une police politique encore fort agissante.
Cette soirée resta pendant des années au fin fond de ma mémoire juste à côté de celle,
vécue quelques années plus tard dans les arènes de Vérone, où 5000 spectateurs allumèrent leur
briquet et chantèrent l’hymne italien à l’annonce, en cours de représentation d’Aïda, de l’assassinat
par la mafia d’un juge courageux qui s’était opposé à ses crimes. Il y a ainsi dans la vie des
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moments forts qui nous dépassent et où le pauvre spectateur que nous sommes n’a pas toujours la
clairvoyance suffisante pour en évaluer l’importance.
Cette planche avant la lettre continuait ainsi à mûrir tout au fond de moi-même sans même
que j’en aie conscience. Ce fut notre frère Roland qui en mars de l’an dernier vint réveiller cet
attrait tout particulier que j’éprouve pour les mythes et la pensée grecque. Sa très belle planche,
“ le Carnaval des Dieux ”, mettait bien en évidence les interférences entre les dieux et les hommes
et montrait comment la pensée grecque avait libéré la réflexion et permis le progrès.
Comme lui sans doute, j’ai assez peu d’affinités avec le polythéisme figé et déshumanisé
des Egyptiens pharaoniques. Ma sympathie ne va pas naturellement vers les théocraties dévoreuses
d’hommes et les rois assez ivres de leur Moi comme Khephren pour élever leurs tombeaux durant
la moitié de leur règne.
Ainsi je pense ma sensibilité plus proche du mythe d’Oedipe tel que nous l’a dévoilé notre
frère Marc que des tribulations du bœuf Apis et du culte d’Horus ou d’Amon, même si je suis
particulièrement attiré par le charme de Néfertiti !
Rôle des mythes.
En philosophie, le mythe peut avoir un rôle fondamental pour exprimer, comme chez
Platon, ce qui ne peut plus être exprimé rationnellement, par exemple tout ce qui touche à la vie
future ou aux conversions spirituelles de l’homme (mythe de la caverne, mythe d’Er l’Arménien,
mythe du Banquet). La psychologie et la sociologie considèrent le mythe comme une forme
d’explication du monde, proche de la religion et exprimant certaines structures de la société (LéviStrauss) ou de l’esprit humain qui projettent inconsciemment certains types généraux d’explication
des choses (Jung).
Le propre de la mythologie est d’avoir donné naissance à des interprétations multiples et à
prétentions scientifiques des traditions légendaires - interprétations rendues difficiles par les
divergences des récits et par le caractère purement anecdotiques de certains. D’autre part, les
mythes ont été une source inépuisable de thèmes pour les poètes, les dramaturges, les peintres et
les sculpteurs, qui en ont déformé les données originelles.
Ainsi une planche sur les mythes germait doucement dans mon esprit sans pour autant avoir de
forme précise et il me fallut un voyage à Paris et une occasion de deux billets pour le théâtre de
l’Odéon pour cristalliser mes pensées et donner corps à un sujet que certains vont juger étrange en
ces lieux :
“ Le mythe d’Oreste ”
“ Quand la justice des dieux devint celle des hommes ”.
Je voudrais, Vénérable Maître et à travers vous mes frères, que vous considériez que c’est là un
modeste cadeau que je fais ce soir à mon atelier en lui faisant partager une de mes émotions.
Mais plantons le décor de cette tragédie.
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L’Epoque
Nous sommes à Athènes au cinquième siècle avant Jésus-Christ, celui que tous les historiens
ont nommé le siècle de Périclès. Athènes est devenue une ville importante et florissante.
Depuis 683 av.J.-C.
La noblesse terrienne a évincé la monarchie et dirige la ville.
En 594
Solon a réduit les pouvoirs de cette aristocratie par une série de
réformes et mis en place des organismes politiques qui nous servent encore de modèles, le
Sénat, l’Assemblée Générale des citoyens et le Tribunal.
Vers 530
Pisistrate a fait de la cité une puissance politique et un centre de
rayonnement intellectuel.
En 507
Les réformes de Clisthène ont achevé de faire d’Athènes une
démocratie.
En 479
Les guerres médiques, qui se terminent par la victoire d’Athènes, en
font la première ville de Grèce. La période qui suit ces guerres est la plus brillante de
l’histoire d’Athènes ; maîtresse des mers grecques, elle dirige la confédération de Délos et
connaît au temps de Périclès (461/429), un essor incomparable. C’est l’époque de
l’architecte et sculpteur Phidias, de Sophocle et d’Euripide, de l’enseignement des sophistes
et du révolutionnaire Socrate. C’est aussi l’époque où Périclès fait réaliser de grands
travaux, fortifications du Pirée et travaux de l’Acropole.
En 458
Eschyle fait donner le cycle de l’Orestie dans le théâtre de Dionysos
à Athènes, là même où je devais le voir 2 431 ans plus tard !
Eschyle, l’auteur
Eschyle est né vers 525 à Eleusis, la ville des mystères, et mourra à Gela en Sicile en 456.
Cet ancien combattant glorieux de Marathon et Salamine fait partie de la génération qui consacre
la gloire d’Athènes. Il commence très tôt à écrire pour le théâtre, dès 30 ans, mais ne connaît
vraiment le succès qu’en 472 avec les Perses à l’âge de 53 ans. Ce n’est qu’en 458 à l’âge de 67
ans qu’Eschyle donne l’Orestie.
On considère que c’est lui qui a donné à la tragédie grecque d’une part sa forme par
l’introduction d’un second acteur, par l’alternance du dialogue et des parties lyriques, par la
détermination des costumes et d’autre part son esprit. Dans son théâtre, la démesure conduit
l’homme à l’erreur, mais la vengeance divine rétablit la justice, garant de l’équilibre naturel et
social. Mais surtout il constate que progressivement, aux vielles lois rigides et impitoyables qui
pèsent sur les hommes se substitue une justice plus équitable, sur laquelle se fondera la morale
athénienne et ultérieurement la nôtre.
Le théâtre grec.
L’hémicycle (en grec
d’Athènes accueillait quelque 14 000 spectateurs ; ce
théâtre de plein air était sans doute reconstitué chaque année au printemps à l’aide d’échafaudages
provisoires dans l’enceinte sacrée de Dionysos (il est émouvant de constater que le festival d’Aixen-Provence n’a rien changé de cette coutume) ; c’est dans ce lieu mythique qu’Eschyle, Euripide,
Sophocle, Aristophane ont vu leurs pièces représentées.
Les représentations avaient lieu à l’occasion des concours institués au cours des trois
derniers jours des Grandes Dionysies d’Athènes. Le peuple tout entier y juge les poètes et impose
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son jugement ; il est partout présent en ces journées solennelles qui sont sa fierté et sa conquête.
C’est pourquoi il est arrivé au peuple d’Athènes de “ consacrer par une loi aux dépenses de
théâtre de l’argent initialement destiné à l’entretien de la flotte ”…Devenus une véritable
institution d’état dirigée par les Archontes (dirigeants élus d’Athènes), les concours dramatiques
des grandes Dionysies donnaient aux citoyens l’occasion d’affirmer l’ordre matériel et spirituel de
la cité ou de manifester librement leur opinion (ils allaient même parfois jusqu’à interrompre les
représentations). Aux hommes libres comme aux esclaves qui pouvaient assister aux
représentations, ces Grandes Dionysies étaient un des moyens les plus efficaces de ranimer les
courages, d’exalter les instincts et les sentiments dans la beauté de la tragédie. A la magie des rites
se trouvait déjà substituée la magie de l’art du théâtre. Les conflits de l’homme et des dieux, de
l’individu et de l’Etat, retentissaient en chacun et dans la cité entière.
Comme je vous le disais à l’instant, c’est Eschyle qui en introduisant un second acteur, a
créé l’authentique dialogue dramatique. Pourtant dans la tragédie classique jamais le nombre de
trois acteurs n’a été dépassé, l’emploi du masque permettant l’interprétation d’un nombre de
personnages plus élevé. Ces servitudes techniques de la représentation compliquaient
considérablement la tâche de l’auteur : adaptation du dialogue, entrées et sorties des personnages
devaient s’y soumettre, sans quoi la pièce n’eût pas été jouable.
L’acteur s’impose au public par une attitude hiératique, par une plastique appropriée,
haussé sur ses cothurnes à plusieurs semelles qui lui font une taille anormale, drapé dans un
costume d’apparat, spécialement conçu pour son rôle de théâtre ; tout est fait pour grandir la
silhouette, tunique longue, taille haute et enfin un masque au front surélevé.
Le mythe des Atrides.
Le nom “ Atrides ” vient du roi de Mycènes, Atrée. Il est le fils de Pélops (fondateur du
Péloponnèse) et de la princesse Hippodamie. Pélops est lui-même fils de Tantale (Son supplice
nous vaudra un autre grand mythe !). Pélops émigre en Grèce où il aura deux enfants Atrée donc
et Thyeste. Atrée s’empare du trône et tue deux des fils de son frère et oublie un de ses neveux,
Egisthe que nous allons retrouver plus tard. Atrée a également deux fils : Ménélas, roi de Sparte et
Agamemnon, roi de Mycènes.
Agamemnon est marié à Clytemnestre et a trois enfants : Oreste, Electre et Iphigénie.
Clytemnestre n’a pas eu une naissance banale ; elle est en effet née d’un œuf pondu par Léda qui
avait été séduite par Zeus changé en cygne pour la circonstance. De ce même œuf est née sa
jumelle Hélène. C’est cette même Hélène qui est la récompense promise par Aphrodite au beau
Paris pour lui avoir offert la fameuse pomme d’or de préférence à Héra et Athéna.
Hélène, femme de Ménélas, est donc enlevée par Paris, tous deux fuient et vont se réfugier
à Troie. Le cocu, Ménélas, oblige les chefs achéens dont son frère Agamemnon à monter une
expédition vers Troie pour y récupérer son bien. Agamemnon est le commandant suprême de la
flotte. Lors de l’expédition vers Troie, au cours d’une partie de chasse, il tue la biche préférée
d’Artémis. Les dieux sont très en colère et pour infliger une punition à ce crime, ils décident
d’arrêter le souffle du vent pour empêcher la flotte d’Agamemnon d’appareiller. Calchas, le devin
de service, conseille à Agamemnon d’immoler sa fille Iphigénie. Le vent du Sud se lève alors et la
flotte grecque peut enfin hisser les voiles et faire route sur Troie. Je vous fais grâce de tout
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l’Iliade, de la colère d’Achille au talon fragile et du cheval qui permet au malin Ulysse d’entrer
dans la ville enfin conquise.
Bref, dix-huit ans après, il faut bien repartir avec des souvenirs. Agamemnon emporte la belle
Cassandre parmi ses prises de guerre. Cette Cassandre a reçu le don de prophétie, mais sa punition
infligée par Apollon est de n’être jamais écoutée. Cassandre prédit la mort d’Agamemnon. Quand
celui-ci retourne à Mycènes, il trouve et son trône et son lit occupés par Clytemnestre et Egisthe,
un Egisthe qui a donc séduit la jumelle d’Hélène. Clytemnestre reproche à son mari le sacrifice de
sa fille (et accessoirement d’être rentré avec la belle Cassandre). Quand Agamemnon arrive au
palais, il est assassiné avec Cassandre par une vingtaine de spadassins à la solde des amants. Le
songe de Cassandre était donc vrai ! Égisthe règne encore 7 ans sur Mycènes. Mais averti par sa
sœur Electre qui avait été réduite en esclavage par les amants maudits, Oreste aidé de son ami
venge la mort de son père en tuant sa mère et son amant. Ce matricide lui vaut d’être poursuivi par
les Erinyes, des divinités qui méritent que l’on s’y attarde quelque peu car c’est autour d’elles que
se noue l’intrigue.
Les Erinyes
Ces Erinyes, que notre frère Rolland nous a déjà présentées sous leur nom romain de Furies,
esprits femelles de la justice et de la vengeance, personnifient un concept très ancien de châtiment.
Elles étaient nées des gouttes de sang qui tombèrent sur Gaïa, la Terre, lorsque Cronos mutila
Ouranos (en le châtrant depuis l’intérieur du ventre de sa mère) ; elles étaient donc des divinités
infernales issues de la Terre. Leur nombre reste généralement limité à trois :
- Alecto
l’implacable
- Mégère
la malveillante (et nous en avons tous connues !)
- Tisiphoné
la vengeresse du meurtre
Au sens large, les Erinyes étaient les protectrices de l’ordre établi, mais surtout elles
persécutaient les hommes et les femmes qui avaient attenté aux lois “ de la nature ” et tout
particulièrement aux droits de la parenté en commettant un parricide, en tuant un frère ou un allié.
À l’origine, l’on pensait que les êtres humains ne pouvaient ni ne devaient punir des crimes aussi
horribles ; il revenait aux Erinyes de poursuivre le meurtrier de l’homme assassiné et d’en tirer
vengeance.
Dans cette tragédie qui, dit-on provoqua une véritable terreur chez les spectateurs lors de
la première représentation, les Erinyes formaient le chœur. Les images qui nous sont en parvenues
nous les montrent tenant des torches et des fouets ; elles sont aussi parfois entourées de serpents.
Seul l’acte commis par Oreste intéressait les Erinyes ; il n’était question ni de le juger ni de lui
trouver des circonstances atténuantes.
Le jugement
Les Erinyes poursuivirent donc Oreste après le meurtre de sa mère jusque dans le temple
d’Apollon à Delphes, son plus important sanctuaire. Là, elles n’acceptèrent de le délivrer que
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quand les dieux les eurent persuadées d’accepter le verdict du tribunal d’Athènes, l’Aréopage
qu’Athéna institua pour cette occasion.
Maintenant, autant pour votre plaisir que pour le mien je ne peux m’empêcher de vous
citer sa proclamation qui, 25 siècles après, fut capable de soulever un tel enthousiasme dans un
théâtre bondé mais étroitement surveillé.
Ecoutez maintenant la loi que j’institue, Peuple d’Attique,
Vous qui, pour la première fois,
Jugez un cas de sang versé,
Dorénavant, pour le peuple d’Egée
Existera toujours cette Assemblée de Juges.
Ici, sur cette montagne d’Arès,
Où les Amazones dressèrent leurs tentes,…
Et sacrifièrent à Arès, d’où vint à ce rocher le nom d’Aréopage.
Et sur cette colline, le Respect civique et sa parente la Crainte
Empêcheront l’injustice, de jour comme de nuit,
A moins que les citoyens n’aillent imaginer d’autres lois.
Si avec de sales écoulements et de la fange
Tu souilles l’eau claire,
Tu ne trouveras plus jamais à boire.
A mes citoyens, gardiens de la Cité, je conseille
De ne vénérer que ce qui n’est
Ni Anarchie, ni Despotisme,
Mais de ne pas chasser toute crainte hors de la ville.
Car, s’il ne craint rien, quel homme reste juste ?
Donc si vous poussez, comme il est judicieux,
Cette vénération jusqu’à la Peur sacrée,
Vous aurez là pour protéger votre pays et votre ville
Un rempart tel qu’il n’en est pas au monde….
Incorruptible, vénérable, impitoyable,
Sentinelle éveillée pour garder la cité endormie,
Tel sera le tribunal que j’institue.
Si j’ai longuement développé mes conseils,
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C’est dans l’intérêt de ma ville.
Maintenant il faut vous lever, porter votre suffrage
Et trancher le procès, en respectant votre serment.
J’ai dit.
Là Athéna intervint comme patronne de la cité (et présidente de ce tribunal au nombre pair
de juges) et départagea les suffrages.
Oreste fut acquitté à condition de ramener de Tauride une statue sacrée d’Artémis, celle-là
même qui avait été, tout au début de la guerre de Troie, offensée par la flèche malencontreuse
d’Agamemnon. Il épousa la fille de Ménélas, Hermione (sa cousine germaine entre parenthèses) et
régna sur Mycènes.
C’est alors seulement que prirent fin les malheurs des Atrides !
Je me réjouis ce soir d’avoir pu vous dévoiler depuis l’Orient un peu de cet univers grec
auquel, comme vous l’avez déjà remarqué, je suis attaché et dont la survie en chacun de nous me
semble, dans le monde d’aujourd’hui, plus que jamais nécessaire. Il me plait aussi que cet héritage
vous parvienne oralement sur le mode de ce que Platon nomme une fable de nourrice.
Certes, il y aurait beaucoup de naïveté à croire que je contribue ainsi à maintenir en vie une
tradition d’antiques légendes en prêtant ma voix pour raconter à mes frères une des plus belles et
des plus riches en enseignements, mais si je pouvais vous donner envie de vous interroger :
Qu’est ce qu’un mythe, un mythe grec en particulier dont les conditions d’existence et de
survie sont
Mémoire, Oralité, Tradition
J’aurai, je l’espère, gagné mon salaire en ce mercredi de l’an 6 000.