Dexia, la CDC et La Banque Postale Retour au service public ?
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Dexia, la CDC et La Banque Postale Retour au service public ?
Dexia, la CDC et La Banque Postale Retour au service public ? La banque Dexia a fait faillite. Une structure de défaisance est mise en place comme pour le Crédit Lyonnais pour les actifs "à risque". Le gouvernement belge nationalise la banque de détail. En France, le gouvernement force la CDC et La Banque Postale à reprendre les prêts aux collectivités locales. C’est une preuve de plus de l’échec des politiques de libéralisation et de privatisation. Le gouvernement met La Poste et la CDC au pied du mur A l'issue d'un CA extraordinaire de La Poste, lui-même précédé d'une commission de surveillance de la CDC, une nouvelle société financière est née des décombres fumants de la déroute de DEXIA. Il s'agit d'un projet imposé par le gouvernement français, dans lequel les partenaires n'ont pas eu beaucoup de marges de manoeuvre. Le but poursuivi est bien d'étouffer rapidement ce qui aurait pu aboutir à la nouvelle panique bancaire qu'aurait généré la faillite de Dexia et de redonner rapidement la possibilité aux collectivités locales d'avoir accès aux emprunts. DEXMA (Dexia Municipal Agency), qui porte en son bilan les prêts et titres obligataires de collectivités et Etats européens est transférée dans une société financière détenue à 5% par La Poste, 65% par la CDC et 30% par DEXIA. Par ailleurs, La Poste et la CDC créeront une joint venture (65% Poste, 35% CDC) pour la commercialisation des nouveaux crédits aux collectivités, elle hébergerait les personnels de DEXMA (environ 1000 salarié-es). Le bilan désastreux de 25 ans de privatisation... Le gouvernement a appelé à la rescousse les deux seules institutions bancaires françaises qui tiennent le cap en ces temps de crise, de quoi rassurer les agences de notation et les collectivités plutôt nerveuses en ce moment. C’est un pied de nez à 25 ans ans de libéralisation et de privatisation. Avant 1987, les prêts aux collectivités locales étaient assurés par la CAECL, une division de la Caisse des Dépôts. Après être devenue le Crédit Local de France en 1987, elle est privatisée en 1993. En 1996, elle fusionne avec le Crédit Communal de Belgique et devient Dexia, une banque comme les autres. En 2008, Dexia doit être renflouée par les états Belges et Français pour avoir spéculé sur les sub-primes. Parmi les 6 Le Livret A pour les collectivités locales ? L’éventualité pour La Banque Postale, selon des échos de presse, d'utiliser le livret A pour effectuer des prêts aux collectivités locales n’est pas acceptable mais pose une vraie question ! La Banque Postale est le seul établissement financier à centraliser la totalité des fonds collectés par le livret A à la Caisse des Dépôts et Consignations. Les autres banques peuvent conserver jusqu’à 35 % dans leur bilan. L’idée de Mr Wahl, président de La Banque Postale, serait de faire comme les autres banques en conservant une partie des fonds collectés par le Livret A. Cette manne serait utilisée pour alimenter la société de financement des nouveaux prêts accordés aux collectivités locales par la nouvelle filiale détenue par La Banque Postale et la Caisse des Dépôts et Consignations. Cette société de financement, aujourd’hui une filiale de DEXIA, dispose de 80 Milliards d’actifs dont l’origine peut être douteuse pour plusieurs milliards d’euros. Le risque serait que les encours du livret A servent à éponger des choix économiques désastreux.Cette solution est donc inacceptable. Mais la création d'un pôle public financier servant l'intérêt général reste posée. Fédération syndicale des activités postales et de télécommunications 25/27 rue des Envierges 75020 Paris Téléphone : 01 44 62 12 00 Télécopie : 01 44 62 12 34 [email protected] http://www.sudptt.org milliards d'euros apportés par les Etats belge et français, il y avait 440 millions de fonds du livret A. En 2011, elle fait faillite, incapable de liquider dans de bonnes conditions ses actifs pourris. Aujourd’hui, le gouvernement français demande à la Caisse des Dépôts et à la Banque Postale de reprendre les prêts aux Collectivités Locales. Retour au service public ? Avec le risque que les institutions publiques ne soient là que pour éponger les pertes. Des inquiétudes pour l’avenir... Pour SUD PTT, ce retournement n'est pas sans risque pour les deux partenaires publics. Si l'idée d'un pôle public bancaire refait surface, le projet du gouvernement français ne nous rassure pas pour autant. Le risque principal réside dans la fiabilité du partenaire DEXIA. Parmi l’encours de 70 à 80 milliards de prêts, il y a de nombreux prêts spéculatifs aux collectivités locales. Dans l'état actuel du dossier présenté aux administrateurs et administratrices de La Poste, rien ne garantit que le trousseau de la mariée soit exempt de risques contentieux et de pertes financières au final. Qui nous dit, par ailleurs, que les pratiques de refinancement sur les marchés spéculatifs, spécialité de DEXIA auront disparu ? Se racheter une virginité sur le dos de La Poste et de la CDC ne doit pas pour autant permettre aux dérives de continuer. La Banque Postale considère que c'est une opportunité de nouveau marché comme un autre et elle annonce des taux d'intérêt élevés. Nous sommes encore loin de la reconstruction du service public dédié aux collectivités locales, agissant dans l'intérêt général et pas dans celui des spéculateurs. SUD sera très vigilant sur l'évolution de cette société financière, notamment sur le bon usage des fonds dans lesquels elle puisera pour se financer. Pour un pôle public financier Le financement des collectivités nécessite des besoins de liquidités auxquels le système bancaire ne répond plus. C’est la raison pour laquelle le gouvernement met en place une filiale commune à La Banque Postale et la Caisse des Dépôts et Consignations, chargée d’accorder des prêts aux collectivités locales. Pour Sud, il est indispensable d’imposer à l’ensemble des banques de centraliser la totalité des encours du Livret A à la Caisse des Dépôts et Consignations , alors qu'elles en conservent actuellement 35%. Ces nouveaux fonds ainsi centralisés permettraient de mettre à disposition des liquidités pour le financement des collectivités territoriales, sans remettre en cause le financement du logement social. Il est bon de rappeler que cette solution est compatible avec les règles communautaires. En effet, la Commission Européenne avait imposé la banalisation de la distribution du Livret A mais n’avait nullement remis en cause la centralisation des fonds collectés. Le gouvernement, pour faire plaisir à ses amis banquiers en 2008, avait décidé d’une libéralisation encore plus importante que celle imposée par la Commission Européenne ! Pour Sud, la création d’un pôle financier public doit, urgemment, être mise à l’ordre du jour. SUD revendique : – L’arrêt de la dérégulation financière et bancaire – Une taxe sur les transactions financières – Un contrôle public sur les opérations bancaires et sur les marchés financiers – La mise en place d’un pôle financier public servant l’intérêt général