Face aux gérants Casino, le mur judiciaire
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Face aux gérants Casino, le mur judiciaire
1 Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr premier et dans le deuxième volet de cette enquête : chaque année, des dizaines de gérants non salariés, aux commandes de magasins Petit Casino, Casino Shop, Spar, Vival ou Leader Price Express, sont accusés d'avoir laissé s'accumuler d'énormes déficits dans les comptes de leurs magasins, puis sont mis dehors. Casino ne se reconnaît aucune responsabilité dans ces trous comptables et assure que « tout est mis en œuvre pour que les gérants mandataires non salariés ne soient pas confrontés à des déficits » (lire sous l’onglet Prolonger l’intégralité de nos questions et des réponses du groupe). Et puisque leur contrat précise bien que les gérants doivent rembourser immédiatement tout déficit, le groupe assigne au tribunal de commerce ceux qui s’y refusent. Face aux gérants Casino, le mur judiciaire PAR DAN ISRAEL ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 En justice, les gérants de supérette Casino accusés par le groupe d'avoir laissé s'accumuler des déficits ont peu de chances de voir la situation renversée en leur faveur. Depuis des années, tribunaux de commerce et cours d'appel suivent à la lettre la convention collective, largement favorable au distributeur. Et côté pénal, une centaine de plaintes ont été classées sans suite. L'espoir vient d'un arrêt tout récent de la Cour de cassation. C’est une lézarde dont les ramifications pourraient bien s’agrandir dans les mois ou les années à venir, mais qui pour l’heure ne remet pas en cause la solidité de la muraille. Le 9 juin 2015, la Cour de cassation a rendu un arrêt important concernant les déficits de gestion qui apparaissent tous les ans par dizaines dans les comptes des magasins de proximité du groupe Casino. Et contrairement à de nombreuses autres décisions judiciaires rendues ces dernières années par les tribunaux de commerce et les cours d’appel, cet arrêt est plutôt positif pour les gérants du magasin, les époux Botté. Malgré les protestations du couple Botté, leurs arguments n’ont dans un premier temps pas porté en justice : après le tribunal de commerce, la cour d’appel de Lyon a donné raison à Casino en octobre 2013. C’est ce jugement que la Cour de cassation vient d’invalider. Elle a demandé à la cour d’appel de Lyon de rejuger le cas, dans une formation différente, ce qui ne sera pas fait avant plusieurs mois. Même si rien ne dit que la cour d’appel changera d’avis, cette décision de cassation est une première victoire pour les gérants des supérettes Casino. Car la plus haute juridiction française demande à la cour d’appel de revoir ses positions sur un point clé : celui des changements de prix « sauvages », qui peuvent survenir sans avertissement, ce que Casino conteste, comme nous l’avons détaillé ici. Ces modifications du prix de passage en caisse des marchandises, si elles ne sont pas répercutées sur la valeur du stock du magasin, peuvent conduire à la création de déficits. La Cour de cassation exige qu’une réponse soit apportée aux gérants, qui estiment « que la société avait la possibilité de fixer en caisse les prix des marchandises ». « Nous avons signé un contrat de gérance pour une supérette à Clères en Seine-Maritime en 2006, raconte Sylvie Botté. Après trois inventaires déficitaires, Casino a rompu notre contrat en mai 2008, et nous a assignés au tribunal de commerce en août 2009, pour que nous remboursions 30 700 euros. Dans le magasin, nous ne comptions pas nos heures : selon nos calculs, nous étions payés 3,33 euros de l’heure, pour environ 70 heures de travail chacun par semaine. Nous refusons de prendre ce déficit à notre charge, parce que ce n’est pas notre gestion qui en est la cause ! » [[lire_aussi]] Sa décision précise aussi « qu'il incombe à la société distributrice d'établir la réalité des déficits dont elle impute la responsabilité au gérant a fortiori lorsque les déficits sont contestés ». C'est ce que Casino ne fait précisément jamais : la convention collective de Aujourd’hui, Sylvie Botté est en arrêt maladie depuis un an et demi, et son mari « fait des crises d’angoisse ».« Cela fait huit ans qu’ils nous brisent la vie », lâche l’ancienne gérante. Son cas ressemble de près à tous ceux que nous avons détaillés dans le 1/5 2 Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1963 qui régit le statut des gérants non salariés prévoit que les inventaires réalisés dans les magasins, qui servent notamment à établir s’il existe des déficits, n’ont pas besoin de détailler la liste des marchandises manquantes, ou des sommes d’argent qui auraient disparu. Seule la valeur globale du stock est donnée, charge aux gérants de se débrouiller avec si peu d’informations. La Cour vient de signifier que cette règle ne peut pas être invoquée en justice. C’est pourtant ce que fait Casino depuis environ dix ans. Un épisode encourageant dans le marathon judiciaire épuisant que courent les époux Botté, qui indiquent avoir dépensé plusieurs dizaines de milliers d’euros de frais d’avocat. « Il y a eu des jours où, pour nous, les assiettes étaient vides aux repas. Et cela fait des années que mon fils de 16 ans n’a pas de Noël », décrit Sylvie Botté. nombreuses décisions qui accordent aux gérants le paiement d’heures supplémentaires ou d’indemnités de licenciement, sous forme de sommes généreuses… Lorsqu’ils s’avancent devant le tribunal de commerce, puis devant la cour d’appel si le jugement de première instance est contesté, les gérants obtiennent bien moins de bons résultats. Ces dernières années, on compte une bonne quarantaine de décisions défavorables de cours d’appel. Certaines tombent même après un jugement positif d'un tribunal de commerce. Les uns après les autres, les responsables de magasin sont condamnés à payer. Les arguments qui leur sont opposés sont simples : selon la convention collective dont ils dépendent, ils ont deux semaines pour contester les résultats des inventaires. Toutes les raisons qu’ils peuvent invoquer plus tard pour expliquer le gonflement des déficits, aussi bonnes soient-elles, sont caduques. « En creux, ces jugements nous disent que plus aucune contestation ne peut être soulevée dès lors que les gérants non salariés n’ont pas contesté la situation de compte dans le délai de 15 jours fixé par l’accord de 1963, ce qui dans les faits n’est pas réalisable puisque ce document ne comporte aucune information précise et détaillée sur les résultats d’inventaires », regrette l’avocat grenoblois Adrien Renaud, qui défend plusieurs gérants dans le cabinet de Flavien Jorquera à Grenoble. La convention collective, obstacle bien souvent infranchissable Jusqu’à la décision toute récente de la Cour de cassation, la convention collective de 1963 a été un redoutable obstacle pour les gérants qui se battent devant la justice. Les contraintes qu’elle impose sont telles que de très nombreuses décisions donnent raison à Casino en s’appuyant sur son contenu. « En matière commerciale, sur les trois dernières années, 90 % des décisions sont favorables à l’entreprise », se félicite le groupe, qui comptabilise 65 procédures ouvertes, rien que pour l’année 2014. La sévère cour d'appel de Lyon Aux prud’hommes, les choses se passent mieux pour les gérants, qui demandent souvent la requalification de leur contrat de gérance en contrat de travail, arguant par exemple que Casino leur impose leurs horaires de travail et leur politique commerciale. Certes, cette voie n'est pas toujours gagnante sur tous les tableaux : en matière sociale, sur les trois dernières années, Casino estime que « 80 % des décisions » lui sont favorables, « en ce qu’elles confirment le bien-fondé du statut ». Le groupe rappelle par ailleurs que pour ces dossiers qui ont démarré aux prud’hommes, « le statut de gérant mandataire non salarié a été confirmé à 15 reprises par la Cour de cassation depuis 2012 ». Mais dans sa réponse, il oublie pudiquement d’évoquer les La cour d’appel qui traite le plus grand nombre de ces dossiers est sans conteste celle de Lyon. Et sa jurisprudence est systématiquement favorable à Casino. En octobre 2008, elle avait pourtant rendu un arrêt qui déboutait le groupe de sa demande de remboursement d’un déficit, en des termes on ne peut plus clairs. À l’époque, elle estimait d’une part que «les inventaires qui sont produits aux débats, qui ne mentionnent pas les manquants, sont de ce fait dépourvus de toute portée ». D’autre part, indiquaient les juges, « il ne peut être imputé aux gérants la charge des manquants qu’à la condition que les 2/5 3 Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr Une centaine de plaintes pénales classées sans suite Mais pourquoi est-ce la cour d’appel de Lyon qui juge le plus de dossiers ? Simplement parce qu’elle est la juridiction d’appel du tribunal de commerce de Saint-Étienne. Or, l’article 19 des contrats de gérance des supérettes Casino stipule que « toutes les difficultés qui pourront résulter du présent contrat seront soumises au tribunal de commerce de SaintÉtienne », qui se trouve être assez sévère envers les gérants. Rappelons que les juges des tribunaux de commerce ne sont pas professionnels, ce sont des chefs d’entreprise locaux. Or, le siège de Casino est justement situé à Saint-Étienne. De là à penser que l’influence du mastodonte de la distribution s’étend jusqu’à la justice commerciale, il n’y a qu’un pas… que plusieurs avocats ont décidé de franchir. inventaires, de même que les arrêtés de comptes qui sont établis sur la base de ces inventaires, comportent leur signature », ce qui n’était pas le cas. Un arrêt qui est resté sans suite. Depuis, des dossiers en pagaille ont vu les gérants condamnés, bien qu’ils aient refusé de signer les attestations d’inventaire ou les arrêtés de comptes. Et évidemment, sans que Casino ne fournisse la liste des marchandises manquantes. Ainsi, en octobre 2013, des responsables de magasin qui avaient obtenu un jugement positif du tribunal de commerce de Saint-Étienne fin 2011, se sont vus condamnés à payer le déficit de 40 000 euros que le distributeur leur réclamait pour leur magasin de Montcornet (Aisne). Ils avaient toujours refusé d’approuver les comptes découlant des sept inventaires réalisés entre mars 2006 et août 2007 (mais ils avaient signé les attestations d’inventaire), et la liste des marchandises manquantes n’était jamais fournie. Deux arguments que tribunal de commerce avait estimé suffisants. Mais que la cour d’appel a rejetés. Depuis deux ans, ils ont obtenu de faire dépayser un certain nombre de dossiers : une clause contractuelle prévoyant où doit avoir lieu un procès futur est valable seulement pour les entreprises et les commerçants. Or, les gérants non salariés, au statut hybride, ne sont pas vraiment des commerçants. Ils sont donc de plus en plus nombreux à aller plaider leur cause devant le tribunal local dont dépend leur magasin. Et cela peut mieux fonctionner : en 2013 et 2014, plusieurs décisions plus favorables ont été rendues, par exemple à Saintes ou à Vienne, où les juges ont estimé que Casino ne prouvait pas la réalité des déficits, faute d’inventaire précis des manquants notamment. À Lyon, des décisions négatives tombent même si des éléments probants viennent mettre en doute l’organisation du système Casino. Dernier exemple significatif : au printemps dernier, un responsable de magasin du sud de la France a été condamné à payer un déficit d’environ 12 000 euros, bien qu’il ait rassemblé plusieurs tickets de caisse et autres documents démontrant des changements de prix « sauvages ». Las, le tribunal a jugé qu’il n’apportait « pas la preuve des dysfonctionnements concernant les prix, les étiquetages et les anomalies… ». Dans cette configuration, Casino s’en tire sans mal, répétant simplement les termes de la convention collective, repris dans les contrats de gérance qu’il fait signer. De quoi faire enrager Claudine Bouyer-Fromentin, l’une des premières avocates à se saisir de ces dossiers, dès 2006 : « Dans les procédures, la société évite soigneusement tout élément concret, se contentant d’énoncer des principes généraux sur la responsabilité du gérant. » « Le parquet a totalement failli à sa mission » La voie de la justice commerciale est difficile d’accès pour les gérants, on l’a vu. Mais celle de la justice pénale est tout aussi fragile. Car ceux qui ont tenté de porter plainte n’ont pour l’heure guère vu leurs démarches suivies d’effet. « Nous avons déposé plus d’une centaine de plaintes auprès du parquet de SaintÉtienne, explique ainsi David Montagard, secrétaire général adjoint de la CGT, et gérant dans le Sud-Ouest. Toutes ont été classées sans suite. » Claudine BouyerFromentin a elle aussi déposé plusieurs plaintes à Saint-Étienne, en 2013. En vain. « J’ai fait le déplacement de Paris pour rencontrer le procureur 3/5 4 Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr adjoint en charge des dossiers et lui dire l’ampleur du problème. J’ai été accueillie de façon glaciale et on m’a rétorqué que “personne n’avait réussi à faire condamner Casino”, raconte-t-elle. Ensuite, ne voyant rien venir, j’ai écrit à plusieurs reprises pour m’inquiéter du déroulement de l’enquête. Aucune réponse, pendant des mois. » gérants étant déjà au bord de l’asphyxie, assurent les plaignants et leurs avocats. Pour se constituer partie civile, il faut en effet déposer une some fixée par le juge d'instruction. Cette somme sera transformée en amende si la constitution de partie civile s’avère abusive. Dans le cas contraire, elle sera rendue à la fin de l’enquête. Aujourd’hui, la CGT indique tout de même étudier la possibilité de se lancer dans cette procédure. D’autres témoignages corroborent ce désintérêt du parquet. Ainsi, Pascal Gallier, gérant des Landes dont le contrat a été rompu par Casino en janvier 2014 pour un déficit de 28 000 euros, avait porté plainte dans la foulée. « J’ai dû batailler plusieurs semaines, et envoyer deux courriers recommandés pour obtenir le numéro du dépôt de ma plainte, raconte-t-il. Et malgré mes demandes, je n’ai jamais eu de nouvelles de mon dossier. » Un comportement anormal, selon Claudine Bouyer-Fromentin : « Compte tenu du nombre de plaintes déposées, qui pouvaient certes être parfois imparfaitement rédigées, mais qui décrivent toutes des faits similaires du nord au sud de la France, il est anormal que l’alerte ne soit pas suffisante pour aller au bout de la question en confiant une investigation à un juge d’instruction », déplore-t-elle. L’ancien procureur adjoint de Saint-Étienne signale enfin avoir saisi un expert-comptable pour lui faire étudier « deux ou trois des dossiers les plus saillants, mais sans résultat probant ». En effet, et l’épisode est resté au travers de la gorge de maître BouyerFromentin : « À ma demande de désignation d’expert informaticien, pour établir en urgence s’il y avait des manipulations informatiques sur les comptes des gérants, il a fini par désigner au bout de presque un an un expert-comptable, qui n’avait pas les compétences requises.Je considère que le parquet a totalement failli à sa mission. » La justice pénale a-t-elle soigneusement évité de se poser les questions qui fâchent ? « Nous n’avons pas à commenter les décisions du parquet, glisse Casino. Nous notons simplement que les plaintes ont été classées sans suite pour le motif suivant : “infraction non caractérisée”. » Dans le duel déséquilibré qui l'oppose à ses troupes, le géant de la grande distribution reste pour le moment vainqueur. Interrogé par Mediapart, le procureur de SaintÉtienne, Jean-Daniel Regnauld, indique… ne jamais avoir entendu parler de ces dizaines de plaintes accumulées en quelques années. Il renvoie vers son ancien adjoint chargé des affaires économiques, Philippe Chassaigne, aujourd’hui avocat général de la cour d’appel de Dijon. Ce dernier se souvient bien de ces cas. « Il était en effet troublant de constater que beaucoup de gérants se retrouvaient en débit, mais il manquait des éléments matériels, explique-t-il. Je ne dis pas qu’il n’y a rien dans ces dossiers, mais encore faut-il le démontrer. J’ai estimé que le problème était plutôt d’ordre civil ou commercial. » Boite noire Cet article est le troisième et dernier d'une série, qui décrit la situation des gérants en fort déficit, les raisons pour lesquelles ils accusent Casino de les pousser dans cette situation, et leur échec à convaincre la justice. Je me suis déjà intéressé aux supérettes du groupe Casino il y a deux ans, avec cet article sur les conditions difficiles réservées aux propriétaires de certains magasins franchisés. Depuis, de nombreux témoignages me sont parvenus concernant la situation des gérants non salariés. Je les ai rassemblés, recoupés et vérifiés pendant plusieurs mois. Si les classements de ces plaintes ne satisfont pas une des parties, pourquoi ne pas les avoir contestés, comme cela est possible, interroge Philippe Chassaigne ? Et surtout, pourquoi ne pas avoir déposé une plainte avec constitution de partie civile, qui entraîne automatiquement la désignation d’un juge d’instruction ? Pour des raisons d’ordre financier, les 4/5 5 Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr Merci à Pascale Pascariello, journaliste indépendante et collaboratrice régulière de Mediapart, qui avait rassemblé une importante quantité de documents sur ce sujet, et qui a accepté de me les confier. Toutes les questions que j'ai adressées à Casino, accompagnées des réponses, sont disponibles sous l'onglet Prolonger. Directeur de la publication : Edwy Plenel Directeur éditorial : François Bonnet Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Capital social : 28 501,20€. Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Gérard Cicurel, Laurent Mauduit, Edwy Plenel (Président), Marie-Hélène Smiéjan, Thierry Wilhelm. Actionnaires directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, MarieHélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. 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