De cape, d`épée et de dentelles
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De cape, d`épée et de dentelles
"Milady", seule contre tous La Libre – 20/07/2007 – Philip Tirard Depuis 20 ans, Del Diffusion fait l'événement théâtral de l'été à Villers-la-Ville. Cette fois, son choix s'est porté sur le "Dracula" de Bram Stoker. Le cadre grandiose des ruines masque mal les faiblesses du spectacle. Rendez-vous incontournable de l'été théâtral belge, le spectacle annuel de Del Diffusion dans les ruines de l'abbaye cistercienne de Villers-la-Ville en est à sa 21e édition. L'oeuvre choisie par les producteurs Patrick de Longrée et Rinus Vanelslander est cette fois le roman épistolaire "Dracula", de l'Irlandais Bram Stoker, publié en 1897. L'histoire du célèbre (et totalement imaginaire) vampire originel a été adaptée spécialement pour les besoins de cette production par Denis Leddet et Christian Lutz. De cette matière complexe et foisonnante, ils ont tiré un récit simple et linéaire, qui entend privilégier les rapports humains entre les personnages. Les spectateurs découvrent ainsi le comte Dracula (Claudio Dos Santos) dans son château des Carpates, à travers le regard de Jonathan Harker (Nicolas Buysse), jeune clerc de notaire britannique. Il est venu régler les détails de l'installation de l'aristocrate slave en Angleterre, où il a acquis de diverses propriétés. L'épouvante du jeune homme monte à mesure qu'il découvre les bizarreries du comportement de son hôte... Pendant ce temps, sa fiancée Mina (Tania Garbarski) éprouve une inquiétude grandissante face à l'absence de messages en provenance de son promis. Elle tâche de tromper ces sombres pressentiments auprès de son amie Lucie (Anouchka Vingtier), elle-même troublée par de morbides obsessions. Surlignage sonore Logée le long du flanc nord de la nef de l'abbatiale, cette première partie du spectacle dure moins d'une heure et se déroule entièrement dans la clarté du jour finissant. Cela nuit incontestablement à l'instauration de l'atmosphère "gothique" voulue par le metteur en scène Bruno Bulté et le scénographe, en l'occurrence Patrick de Longrée en personne. Le talent des acteurs n'est pas en cause. Claudio Dos Santos a la voix, la diction et la prestance du rôle titre, qu'il assume avec force et autorité dès les premières répliques. En regard, le jeu naturaliste de ses partenaires installe d'emblée la dichotomie entre les forces du bien et du mal qui s'affrontent dans cette histoire. Las, s'ajoutant à la lueur diurne, le surlignage sonore, lourdement appuyé et grandiloquent, contrecarre l'interprétation au lieu de la servir. Dans la pénombre enfin advenue, on se transporte ensuite dans la nef pour une courte scène d'horreur, quand le jeune Anglais découvre le comte gisant dans son cercueil. Là-dessus, entracte. Rires intempestifs La seconde partie ne nous a pas davantage emballé. Le dispositif à l'arrière du choeur joue de puissants éclairages dramatiques (le créateur des lumières Christian Stenuit est ici très à son affaire) et de forte fumées. Cela ne suffit pas à crédibiliser le climat d'épouvante désiré : des rires fusent de l'assistance. Pascal Racan incarne le professeur Van Helsing, spécialiste du combat contre le vampire. Muni de sa trousse contenant l'attirail adéquat (ail, crucifix, pieu en bois et scie pour découper la tête des morts-vivants), il devient l'ordonnateur d'un exorcisme par trop grand-guignolesque. C'est "Le Bal des vampires" plutôt que "Le Silence des agneaux"... Et tandis que Dracula surgit comme un diable d'une boîte, que le "fou" Renfield (Yves Degen) extravague dans sa camisole de force sous l'oeil impavide du Dr Seward (Ronald Beurms), que les prétendants de Lucie assistent impuissants à son dépeçage, on se prend à songer aux bons cisterciens fondateurs du site. Quelle indigence spirituelle que celle de notre époque...