Des fleuves et des hommes
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Des fleuves et des hommes
FICHE DIDACTIQUE DE L'ENSEIGNANT NO1A Le fleuve aux grandes eaux / www.fredericback.com Des fleuves et des hommes Puissantes manifestations du cycle de l’eau, les fleuves ont, de tout temps, exercé une fascination irrésistible sur les hommes. Ils ont été chantés par les poètes depuis l’Antiquité et c’est sur leurs rives que se sont développées les premières civilisations. Ils ont été tour à tour sources d’eau, de nourriture, de transport et de communication, signes d’espoir et symboles de divinités bienveillantes. Leurs sources voyaient naître nymphes et naïades, leurs crues déposaient les limons fertiles. Dans les estuaires, leur mariage avec la mer engendrait des myriades de poissons et des pêches miraculeuses. À partir d’un port fluvial, on pouvait espérer l’océan et les voyages vers des contrées lointaines. Grâce à la remontée du fleuve, la découverte du continent devenait possible. Les fleuves du monde comprennent les écosystèmes les plus complexes et les plus variés de la planète. En eux se fait la synthèse entre les écosystèmes terrestres de tout le bassin versant qui les alimente et les masses océaniques dans lesquelles ils se déversent. Parmi les fleuves du monde, certains, tels le Rhin et le Rhône, naissent de montagnes où persistent des glaciers. D’autres, comme le Nil ou l’Euphrate, sont alimentés par des pluies abondantes à leur source et traversent ensuite des contrées désertiques où ils dispensent leurs bienfaits. D’autres encore, à l’exemple de l’Amazone ou du Congo, drainent des forêts pluvieuses à l’échelle d’un continent. Enfin, certains, comme le Mississippi, rassemblent les eaux d’un bassin de centaines de milliers de kilomètres en roulant tranquillement leurs eaux. Chaque fleuve possède son caractère propre, mais aucun n’est à la fois aussi changeant et aussi majestueux que le Saint-Laurent, ce fleuve nordique qui draine un bassin versant* de 1 307 000 kilomètres carrés, incluant cinq des plus grands lacs du monde. Il prend ses sources à plus de 4 000 kilomètres à l’intérieur des terres et mesure près de 120 kilomètres de largeur à son embouchure. Il y a moins de 20 000 ans, l’ensemble de son bassin hydrographique était recouvert par des glaciers. La fonte de ces glaciers a laissé des centaines de milliers de lacs sur le socle précambrien du Bouclier canadien. Ces lacs contribuent à régulariser son débit, année après année. Le Saint-Laurent coule d’ouest en est, parfois rapide, parfois paresseux, et rencontre la mer dans le plus grand estuaire du monde avant de s’ouvrir dans un golfe colossal, qui constitue l’une des zones maritimes les plus productives de la planète. Les rapports de l’humain avec le Saint-Laurent sont récents. Il y a moins de 4 000 ans que les Amérindiens ont commencé à utiliser ses eaux de façon régulière. Les premiers Européens, eux, n’ont commencé à fréquenter le golfe et l’estuaire que deux ou trois siècles avant que Jacques Cartier en prenne possession en 1534 au nom de François 1er, roi de France. * Voir la fiche didactique No1D - Le bassin versant du Saint-Laurent page 1 de 2 FICHE DIDACTIQUE DE L'ENSEIGNANT NO1A Le fleuve aux grandes eaux / www.fredericback.com Grand fleuve parmi les grands fleuves, le Saint-Laurent n’est ni le plus long, ni le plus imposant, ni le plus peuplé, ni le plus vieux des fleuves du monde. Il est cependant exemplaire, tant par ses paysages grandioses et sa faune riche et diversifiée que par son histoire. Aussi convient-il d’en étudier les aspects géographiques, écologiques et historiques afin de mieux le comprendre et de tirer les leçons qui s’imposent. À l’heure actuelle, les grands fleuves nous forcent à nous interroger sur la responsabilité des humains envers les systèmes naturels. Quiconque vit en amont ne peut se dissocier de ce qui se passe en aval, que ce soit dans le temps ou dans l’espace. Les fleuves nous dépassent et nous unissent. D’une génération à l’autre, d’un peuple à l’autre, ils transportent l’histoire de nos désirs, de nos rêves et de nos folies. Les erreurs commises hier nous coûtent cher aujourd’hui et les fleuves nous apprennent que nous ne pouvons pas impunément mépriser notre environnement. Si nous n’écoutons pas leur message, les fleuves qui ont assuré au sein de leurs eaux la vie de nos ancêtres porteront en elles la mort de nos enfants. Au cours des siècles, le Saint-Laurent a dispensé ses richesses à des générations d’humains qui, avec la plus grande inconscience, l’ont exploité, contraint, navigué et pollué à tel point qu’il est aujourd’hui appauvri et blessé. Comment, dans le futur, pourra-t-il répondre aux besoins de ceux qui nous suivront? Tiré du livre Le fleuve aux grandes eaux, pages 1-2 page 2 de 2