Intervention de Gilles Van der Pooten, Directeur de Reporters d

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Intervention de Gilles Van der Pooten, Directeur de Reporters d
àExposéintroductifdeGillesVanderPooten,DirecteurdeReportersd’Espoir.
Bonjouràtoutesetàtous.Mercidenousaccueilliraujourd’hui.
Jesuisd’autantplusravid’êtreiciqu’ilya10ans,toutjuste,nousavonslancéReporterd’Espoirici
mêmeàl’UNESCO,devant1500représentantsd’ONG,demédias,d’entreprises,depouvoirspublics.
Etnouslancionscetteaventurequejevousrelateraitoutàl’heure.
Mais je voudrais commencer par une anecdote si vous voulez bien. Il y a quelques années, je
terminais mes études et j’arrivais sur le marché du travail et j’entendais «la jeunesse n’a pas
d’avenir, sinon le chômage, la crise climatique qu’elle va se prendre en pleine figure» donc un
horizonfortpeuréjouissantpourlajeunesse,unclimatpessimisteetassezanxiogène.
Etlàj’aifaitunerencontreétonnanteavecunepersonned’unegrandebienveillance.Cemonsieur
diplomate,ambassadeur,quiavaitfaitunegrandepartiedesacarrièredanslesgrandesinstitutions
à l’ONU, dans les ONG, qui avait consacré sa vie à la défense des droits de l’Homme et à l’aide au
développement, œuvrait à la coopération et à la paix entre les peuples. Ce monsieur vous le
connaissez,c’étaitStéphaneHessel.
Al’époqueoùjel’airencontrécequ’onnesavaitpasniluinimoininoustous,c’estqu’ildeviendrait
quelques mois plus tard l’inspirateur d’un mouvement citoyen d’une envergure très importante
dépassant les clivages et les frontières. Avec son petit opuscule «Indignez-vous» il a réussi à
intéresserlajeunesseetunegrandepartiedecitoyensdumondeentier.
Sijevousracontecelac’estparcequeStéphaneétaitungranddéfenseurdesobjectifsdumillénaire
pour le développement parce qu’il avait confiance à la fois dans les institutions, particulièrement
l’ONU,maisaussidanslasociétécivileetbiensûrlesONG.
C’estparcequ’aussionaensembleécritunlivre«Engagez-vous»après«Indignez-vous»endisant
c’estbiendedire«non»,derésister,des’indigner,carilyanombredemotifsetderaisonsdele
faire,maisilfautaussisavoirdire«oui»,s’enthousiasmerpourdesprojets,etpasserconcrètement
à l’action. Et parce qu’aussi cette histoire, ce mouvement des indignés, finalement confirme cet
adageselonlequel«l’improbablequandons’yattendparfoislemoinspeuttoujourssurvenir».Et
donc voilà qui nous donne un peu d’espoir quant au sujet qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir
réenchanterlemondeavecl’agendapourledéveloppementdel’après2015.
Aproposdesobjectifsdumillénairepourledéveloppement(OMD),beaucoupdechosesvontêtre
ditesj’imaginependantcestroisjours.Cesobjectifssuscitentdesmotifsd’insatisfactionmaisaussi
d’espoirparcequ’ilsontpermisdesavancéessignificativesdansplusieursdomaines.Alorsc’estletic
dujournalistemaissioncommenceparleverreàmoitiévideenexerçantunregardcritiquepourse
projeterjustementdanslesquinzeprochainesannées,onconstatequecertainesciblesn’ontpasété
atteintescommeonpouvaitl’espérerenmatièrederéductiondemortalitéinfantileparexemple,en
matièred’accèsuniverselàl’assainissementpourprendreunautreexemple.
Certains disent que les OMD ont peut-être donné une vision trop restrictive de la pauvreté, du
développementparcequesectoriels,parcellaires,parfoistropmatérialistes.Maisjustementsides
enjeuxcruciauxn’ontpasétéintégrés,c’estprécisémentl’agendapost2015quidoitnouspermettre
de les considérer à leur juste valeur. Je pense à la croissance de l’urbanisation, au fait de ne pas
soutenirdenosmodèlesdeconsommationetdeproduction,àlafinanciarisationcroissantedenos
économies, à certaines références à des droits civils, politiques et à des indicateurs de liberté
d’expressionoudeviedémocratique.
Etpuispourfaireréférenceauxindignésdontonparlaitàl’instant,jepensequ’ilestimportantque
les mouvements citoyens qu’on a vu émerger ces dernières années, que ce soit avec le Printemps
arabe ou avec les indignés partout en Europe, participent à cette réflexion de l’après 2015. Donc
voilà, de nombreuses questions restent posées comme vous le disiez tout à l’heure, il y a cette
échéancecruciale-onl’espère-delaCOP21quisetiendraicidansquelquesmois.
Face à ces enjeux, je pense qu’il ne s’agit pas d’être optimiste ou pessimiste. Parce que si on
recherche des raisons d’être pessimiste on peut en trouver, si on cherche des raisons d’être
optimiste, on peut également en trouver. Donc la question n’est pas celle de la raison mais de
l’action et je pense que vous – les ONG - vous incarnez justement ici avec vos actions
complémentaires,cettemanièred’avancerpositivementetconstructivementversl’avenir.
Et de ce point de vue il y a heureusement des avancées concrètes, non seulement dans la forme
qu’ontprislesobjectifsdumillénairepourledéveloppement,maiségalementlefaitquecesOMD
étaientmisenavantdanslemondeparlesacteursdelasociétécivile,lefaitqu’ilsaientpermisàdes
organisationsetàdesreprésentantsdelasociétételsquevousdetravaillerensemble,ens’appuyant
surdesobjectifsclairsetpartagésavecuncalendrier.Toutcelaestpositif.
Autrepointpositif,pourlejournalistequejesuis,c’estl’échoquienestdonné:ilyaunefenêtre
médiatique,ilyaunesensibilisation,unéchoauprèsdescitoyens.
Etpuis,etonlevoitdansledernierrapportquiaétéprésentéparBanKiMooncetteannée,lefait
queplusieursobjectifssontenbonnevoie,quecesoitdanslaréductiondesdisparitésentrefemmes
et hommes, l’amélioration des conditions de vie notamment dans certains bidonvilles, des
réalisationsdansledomainedelaluttecontrelepaludismeoulatuberculose.
Doncdesrésultatsontétéobtenusetilfautégalements’enréjouir.Etpartoutdanslemondenous
constatons - et c’est précisément ce qui nous intéresse à Reporters d’Espoirs - que c’est l’action
concrète de terrain qui prévaut. Et pour vous présenter très brièvement ce qu’est Reporters
d’Espoirs, je voudrais vous passer un petit film d’une minute qui présente notre démarche (diffusé
hélasseulementenfrançais).
Lesjournalistessontparfoisunpeurépétitifsetsouventdenevoirleverrequ’àmoitiévide,maisil
s’agit pour nous de voir la complexité de la réalité et de bien sûr retourner la plume dans la plaie
commeleveutnotreprofessionetnosfondamentaux,maisaussidereconnaîtrequ’ilyadel’action
concrèteetconstructivesurleterrain.Etdoncc’estcequ’ons’efforcedefaireauquotidienavecdes
médiasfrançaismaispasseulementpuisquecommevousledisiez,Patrick,nousavonslancél’année
dernière un réseau international qui regroupe des médias du monde entier et des personnes qui
proposentdessolutionsdanslesmédias.Maissurtoutcesmédiasn’existentpassanslamatièreque
vousleuroffrez,sijepuisdire:cesONG,cesentreprises,cescollectivités,cescitoyensquineveulent
pas croire que c’est impossible et qui le font. Ce sont des gens qui prennent l’initiative face aux
difficultéspourmettreenœuvreconcrètementdessolutions.PatrickvousparliezdeSalgadoetdela
reforestation. On pourrait parler - c’est un exemple bien connu maintenant - du microcrédit
notamment incarné par le Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix en 2006. Nous, à Reporters
d’Espoirs, cela fait écho parce que Yunus est – d’une certaine manière - l’inspirateur de notre
association. C’est parce que son histoire avait été relatée dans les médias, qu’elle a donné envie à
l’undesfondateursdeReportersd’EspoirsdecréerunebanquedemicrocréditauChili,lapremière
enAmériqueLatine,ilyavingtansmaintenant.
Le Professeur Yunus, par l’intermédiaire des médias et de leur pouvoir démultiplicateur, avait pris
connaissancedenotreinitiativeauBangladeshmenéeparleProfesseurYunus,PrixNobeldelaPaix,
etilaagiàsontour.Etdoncvousvoyezl’importancedemédiatiservosinitiativespourdonnerenvie
d’agiràd’autres.Alorsjepourraisprendre,biend’autresexemplesonenvoitchaquejour.Voilàau
fin fond du Rajasthan un homme qui fait reculer le désert, en se souvenant, que les anciens se
réunissaientpendantlasaisondesmoussonspourrecréerdesréservoirsàcielouvertetcapterl’eau
desmoussons.Ehbien,cemonsieurs’enaisouvenuetaujourd’huiillutteavecplusde200villages.
Prèsde500000personnesontretrouvél’accèsàl’eauetontévitél’exoderural.
En matière d’éducation, je pourrais vous parler de Voix Libres qui a permis à plus d’un million de
bénéficiaires,notammentlesenfantsquiétaientdanslesminesenBolivie,desortirdesmines,grâce
à des programmes d’éducation, grâce à des programmes d’accompagnement. Certains, alors qu’à
l’âge de 12-13 ans ils travaillaient dans les mines, sont devenus des menuisiers, des artisans, des
avocatsquiplaidentaujourd’huilacausedesleurs.
OnpourraitparlerdecesfemmesexceptionnelleslesSolarMamaqui,enAfrique,enAmériquedu
Sud,danslePacifiqueapprennentàmaîtriserl’énergiesolaireetàladémultiplierdansdesvillages
partoutdanslemonde.
Voilàonpourraitparlerdebeaucoupdechosesmêmedansdessituationsdifficiles,notammenten
Haïti où un tas d’initiatives sont prises au quotidien dans l’agro écologie, la permaculture dans la
micro assurance, dans la santé etc. Enfin je pourrai citer de nombreux exemples et vous en avez
surement beaucoup d’autres à partager, et d’ailleurs je vous invite à les partager avec nous
puisqu’onestlàpourfaireécho,chambred’échoàtoutesvosinitiativesconcrètespourlesmettreen
lumière.
JepasseàprésentlaparoleàJean-MarieMichel,quiestunbonexempledegrandreporteretquiva
vousprésenterleprogrammeKindia2015quimontrelerôledesmédiaspourvaloriserl’actiondes
ONGetcoopérer.