Rachialgies en urgence
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Rachialgies en urgence
25-160-A-30 Rachialgies en urgence P. Leveau Les douleurs rachidiennes sont un motif de consultation fréquent aux urgences. Huit fois sur dix, il s’agit de rachialgies communes, mais deux fois sur dix, elles sont symptomatiques d’une pathologie dont certaines engagent le pronostic vital. D’autre part, parmi les rachialgies communes, 5 à 10 % développent des rachialgies chroniques. Une prise en charge soigneuse au service des urgences avec un traitement antalgique efficace permet de dépister les rachialgies symptomatiques et de limiter le risque de passage à la chronicité. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Rachialgie ; Cervicalgie ; Dorsalgie ; Lombalgie ; Torticolis ; Sciatique ; Lumbago ; Dorsalgo Plan ■ Introduction ■ Définition 1 ■ Généralités Épidémiologie Diversité des diagnostics Pathologies différentes selon l’âge Importance cruciale de l’examen clinique Démarche diagnostique générale Thérapeutique générale 1 1 2 2 3 3 3 ■ Cervicalgies Démarche diagnostique pour les cervicalgies Étiologies des cervicalgies Thérapeutique spécifique des cervicalgies Cas particulier de l’enfant 4 4 5 5 5 ■ Dorsalgies Démarche diagnostique pour les dorsalgies Étiologies des dorsalgies Thérapeutique spécifique des dorsalgies Cas particulier de l’enfant 5 6 6 6 7 ■ Lombalgies Démarche diagnostique pour les lombalgies Étiologies des lombalgies Thérapeutique spécifique des lombalgies Cas particulier de l’enfant 7 7 8 8 10 1 Introduction Les rachialgies sont très fréquentes. La prévalence tout au long de la vie des rachialgies est comprise entre 54 et 80 % selon les études [1] . Environ une fois sur dix, ces rachialgies sont symptomatiques d’une maladie ou sont des douleurs organiques projetées. Pour les autres cas de rachialgies, le problème principal, outre leur impact à la phase aiguë, est leur passage à la chronicité. Une prise EMC - Médecine d’urgence Volume 0 > n◦ 0 > xxx 2012 http://dx.doi.org/10.1016/S1959-5182(12)45587-8 en charge soigneuse aux urgences peut en limiter la fréquence. En suivant une logique urgentiste, nous décrirons, pour chaque motif de recours (les patients ne viennent pas aux urgences pour des rachialgies, mais parce qu’ils ont mal aux cervicales, au dos ou au bas du dos), la démarche diagnostique, les étiologies, la thérapeutique ainsi que les spécificités pédiatriques. La priorité dans la prise en charge de ces pathologies douloureuses est le traitement immédiat de la douleur, notamment avant d’éventuels examens radiographiques. Définition Les rachialgies sont les manifestations douloureuses siégeant au niveau du rachis, quelle qu’en soit la cause. Selon l’étage concerné, on distingue les cervicalgies s’étendant de la première vertèbre cervicale (C1) à la charnière cervicothoracique (C7-T1), les dorsalgies s’étendant de la charnière cervicothoracique à la charnière dorsolombaire (T12-L1) et les lombalgies s’étendant de la charnière dorsolombaire à la charnière lombosacrée (L5-S1). À l’instar des lombalgies communes, les rachialgies communes sont des rachialgies qui ne relèvent pas d’une cause organique particulière (infection, tumeur, maladie rhumatismale ou métabolique, etc.) [2] , en d’autres termes, les rachialgies qui ne sont pas symptomatiques d’une autre pathologie. À l’inverse, on distingue les rachialgies d’origine viscérale qui sont des douleurs projetées et les rachialgies symptomatiques. Généralités Épidémiologie Les douleurs du rachis sont des symptômes très répandus dans la population générale avec des conséquences sociales et économiques importantes [3] , incitant les auteurs à considérer les rachialgies comme un problème de santé publique dans les pays industrialisés. Pourtant, il y a peu d’instruments de mesure pour quantifier et encore moins qualifier les « mal au dos ». 1 25-160-A-30 Rachialgies en urgence Figure 1. Arbre décisionnel. Principaux diagnostics des rachialgies avec signes généraux. AEG : altération de l’état général ; sida : syndrome d’immunodéficience humaine ; NFS : numération-formule sanguine ; VS : vitesse de sédimentation ; CRP : C reactive protein ; TDM : tomodensitométrie ; Ca : calcémie. Rachialgies ± fièvre ± AEG Antécédent néoplasique Examen des seins ou de la prostate Douleurs multiples Vomissements, douleurs abdominales Pas de fièvre Terrain immunodéprimé (transplanté, sida) Diabète, alcoolisme chronique, migrant Métastases du cancer du sein, de la prostate ou bronchique Myélome Spondylodiscite NFS, VS, CRP, électrophorèse des protides, Ca Radiographies standards, TDM NFS, VS, CRP, hémocultures Radiographies standards, TDM NFS, VS, CRP, Ca Radiographies standards, TDM La prévalence des lombalgies varie entre 35 et 49 % sur un an selon les études [4] , mais une grande proportion des patients de ces études se plaignaient en fait de douleurs peu intenses et peu handicapantes [5] . Une méta-analyse sur les rachialgies dans l’adolescence a montré des prévalences allant de 4,7 à 74,4 %, en mettant en évidence la grande variabilité de définitions et de méthode épidémiologique [6] . Une étude auprès de rhumatologues français a montré que les lombalgies mécaniques étaient le premier motif de recours (22,8 %) [7] . Les rachialgies sont une pathologie mondiale. Par exemple, 16,4 % de la population nigériane souffrait de rachialgies en 2007 et une personne âgée de plus de 60 ans sur trois souffrait de rachialgies chroniques [8] . Une étude auprès de 3800 Turcs a trouvé 37 % de lombalgies [9] . Une méta-analyse a montré que 12 % des adolescents et 32 % des adultes africains souffraient de lombalgies [10] . Douze pour cent d’une population de 34 902 Danois se plaignait de lombalgies l’année précédant l’enquête, 10 % de cervicalgies et 4 % de dorsalgies [11] . Certaines professions sont plus à risque que d’autres. Par exemple, plusieurs études du personnel soignant hospitalier ont trouvé entre 52 et 71 % des aides-soignant(e)s et 43 et 58 % des infirmier(ière)s souffrant de douleurs rachidiennes [12–15] . Dans un centre hospitalier universitaire (CHU) tunisien, la prévalence des lombalgies était égale à 50 % [16] ; 72 % des hommes et 75 % des femmes travaillant dans des cuisines scolaires au Japon ont eu des lombalgies le mois précédant l’enquête [17] . Une étude auprès de travailleurs du bâtiment en Allemagne a montré une prévalence de lombalgies sur 12 mois égale à 57 % chez les peintres, 41 % chez les maçons et 38 % chez les charpentiers [18] . Les principaux facteurs de risque des rachialgies chroniques sont les contraintes biomécaniques et également les conditions psychosociales du travail [19] . Ces contraintes professionnelles se combinent à des facteurs de risque individuels, personnels ou liés au mode de vie. Plusieurs études concernant le morphotype, l’activité physique ou sportive, les facteurs socioculturels ont montré des résultats contradictoires [4] . Un nouveau concept épidémiologique propose de s’intéresser aux différents déterminants qui s’accumulent la vie durant et modifient les risques pour mieux comprendre les douleurs dorsolombaires [20] . Diversité des diagnostics Une des difficultés face à un malade se plaignant de rachialgies est la grande diversité de diagnostics possible avant de conclure, dans plus de neuf cas sur dix, qu’il s’agit de rachialgies communes. En effet, ces rachialgies peuvent être symptomatiques 2 d’un traumatisme, d’une pathologie tumorale osseuse ou intrarachidienne, infectieuse, inflammatoire, vasculaire, ou encore d’une ostéoporose. Enfin, il peut s’agir de douleurs viscérales projetées (appareil cardiovasculaire, appareil digestif, appareil urinaire, etc.). Le siège des rachialgies oriente vers les pathologies potentiellement responsables dans le cadre des douleurs projetées. Par exemple, les cervicalgies peuvent être symptomatiques d’une dissection d’une artère vertébrale, les dorsalgies symptomatiques d’un ulcère gastroduodénal ou d’une pathologie pleurale ou encore les lombalgies symptomatiques d’une colique néphrétique. Des rachialgies avec des signes généraux tels que fièvre ou altération de l’état général sont fortement évocatrices d’une pathologie infectieuse ou tumorale (Fig. 1) [21] . Pathologies différentes selon l’âge L’âge est un élément déterminant dans l’enquête étiologique des rachialgies et le fait d’avoir plus de 50 ans est un facteur de risque. Les rachialgies de l’enfant sont plus rares et augmentent en fréquence avec l’âge [22] . Le torticolis est la première cause de rachialgies en pédiatrie. Il peut être symptomatique chez le petit enfant d’une tumeur de la fosse postérieure ou il peut s’agir d’un torticolis nasopharyngé réactionnel et, chez le grand enfant (plus de 5 ans), on pensera davantage à un traumatisme passé inaperçu ou à une arthrite juvénile idiopathique. Les pathologies observées chez l’enfant sont très diverses selon la localisation des rachialgies et selon l’âge. Par exemple, une étude auprès d’enfants ayant une scoliose a montré que 23 % avaient des douleurs dorsolombaires, dont 9 % avec une étiologie retrouvée (spondylolyse ou spondylolisthésis dans 5 % de l’ensemble des enfants douloureux, maladie de Scheuermann dans 2 %, syringomyélie dans 1 % des cas, deux hernies discales et une tumeur médullaire) [23] . Les trois critères faisant suspecter une origine organique aux rachialgies sont la constance des douleurs, leur focalisation avec un trajet et une localisation précise et la rupture qu’elles entraînent dans la vie de l’enfant. La plupart du temps (plus de neuf fois sur dix), ce sont des douleurs idiopathiques avec une part de croissance ou une part psychosomatique. Chez les personnes âgées, l’origine dégénérative et tumorale des douleurs rachidiennes est plus fréquente. La fissure du sacrum est une spécificité des plus âgés, souvent post-traumatique sans image radiologiquement visible [24] . EMC - Médecine d’urgence Rachialgies en urgence 25-160-A-30 “ Point important Triade d’organicité d’une rachialgie de l’enfant • Constance des douleurs • Focalisation des rachialgies avec un trajet et une localisation précise • Rupture qu’elles entraînent dans la vie de l’enfant Tableau 1. Structure de l’interrogatoire d’un malade rachialgique. Douleur Horaire mécanique ou inflammatoire Apparition progressive ou brutale Siège et irradiations Facteurs apaisants Facteurs aggravants Circonstances Effort, traumatisme (récent ou ancien), faux mouvements, etc. Signes généraux Fièvre, altération de l’état général, etc. Signes neurologiques Paresthésies, irradiation de la douleur Déficit moteur Troubles de la coordination, troubles de la marche Signes fonctionnels Étage cervical : dysphagie, céphalées, signes ORL Étage dorsal : signes bronchopulmonaires ou digestifs Étage lombaire : signes digestifs, urinaires, petit bassin Antécédents Néoplasiques Traumatiques Infectieux, immunodépression (corticoïdes, cirrhose hépatique, greffe, etc.) ORL : oto-rhino-laryngologique. Importance cruciale de l’examen clinique La grande diversité des étiologies des rachialgies et en même temps leur fréquence peu élevée imposent un examen clinique rigoureux pour cibler et orienter les examens complémentaires nécessaires au diagnostic. La mesure de la température doit être systématique. L’interrogatoire est crucial et représente la part principale de la démarche clinique. Il doit être méthodique et systématique (Tableau 1). Il s’intéresse à la douleur, à la recherche de circonstances particulières, à la recherche d’autres signes cliniques, aux antécédents médicaux, etc. l’objectif étant de rechercher des éléments en défaveur d’une rachialgie commune. L’interrogatoire caractérise la douleur : horaire (nocturne et matinale cédant après quelques mouvements de dérouillage, en fin de journée en période d’activité, calmée par le repos), son mode d’apparition (progressif ou brutal), ses circonstances d’apparition (effort, traumatisme, contexte fébrile, etc.), son siège et ses irradiations, l’impotence fonctionnelle qu’elle entraîne, les facteurs apaisant ou aggravant la douleur. L’interrogatoire recherche également des signes fonctionnels extrarachidiens à la recherche d’une douleur organique projetée (par exemple des signes urinaires dans le cadre de lombalgies ou des signes bronchopulmonaires dans le cadre de dorsalgies). L’inspection du rachis apprécie sa statique, une attitude antalgique, une éruption cutanée (vésicules de zona). L’examen dynamique estime la mobilité du rachis, en particulier les charnières cervicothoracique et dorsolombaire. Le rachis cervical s’examine en décubitus dorsal tête pendante en dehors de la table d’examen, soutenue par l’examinateur. Le rachis dorsal s’examine en position debout penché en avant à la recherche d’une gibbosité et en position assise, bras croisés, l’examinateur EMC - Médecine d’urgence Tableau 2. Signes d’alarme (drapeaux rouges) de l’organicité d’une rachialgie. Début après 50 ans Examen du rachis normal Douleurs nocturnes Aggravation progressive Douleurs non calmées par le repos Altération de l’état général Antécédents néoplasiques Impotence rachidienne multidirectionnelle État fébrile ou antécédents infectieux récents Antécédents traumatiques mobilisant les épaules. Le rachis lombaire s’examine en position debout, le sujet se penchant en avant : mesure de la distance doigt–sol, mesure de l’indice de Schöber [25–27] , puis en décubitus dorsal pour la recherche du signe de Lasègue [28] et en décubitus ventral pour la recherche du signe de Léri [29] (ou Lasègue inversé). La palpation vise à déclencher une douleur à la palpation du rachis (signe de la sonnette). L’examen neurologique systématique sert à évaluer un éventuel déficit moteur et sensitif. En cas d’anomalie, le score American Spinal Injury Association (ASIA) [30] permet de pondérer les anomalies. Démarche diagnostique générale Face à toute rachialgie, l’examinateur doit éliminer une douleur projetée, une affection symptomatique grave et repérer les signes d’alerte. La prise de température doit être systématique. Les principaux signes d’alarme sont un début après 50 ans, un examen du rachis normal, des douleurs nocturnes, une aggravation progressive et des douleurs non calmées par le repos, une altération de l’état général, des antécédents néoplasiques, un état fébrile ou des antécédents infectieux récents, une impotence rachidienne multidirectionnelle, des antécédents traumatiques (Tableau 2). L’existence d’un de ses signes est suspecte de rachialgies symptomatiques. Ensuite, on procède à l’examen du rachis et à l’examen neurologique. Lorsque cet examen est normal, il faut une exploration des organes de voisinage selon le siège de la douleur : • rachis cervical : vaisseaux, thyroïde, trachée, œsophage, otorhino-laryngologie (ORL) ; • rachis dorsal : cœur, poumons, gros vaisseaux et viscères abdominaux ; • rachis lombaire : viscères abdominaux et du petit bassin. Thérapeutique générale La prise en charge thérapeutique des rachialgies comprend trois étapes : les antalgiques de la phase aiguë, la massokinésithérapie et la prévention. La prise en charge de la douleur doit être la première préoccupation de l’urgentiste et doit être effectuée avant la réalisation d’éventuels examens complémentaires. Phase aiguë Antalgiques Les rachialgies communes nécessitent avant tout un traitement antalgique rapide et efficace afin de limiter au maximum les conséquences à moyen et long terme. Ce traitement comprend du paracétamol, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des myorelaxants ou des opiacés [31] (Tableau 3). Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont efficaces et il n’y a pas d’argument pour privilégier une voie parentérale à la voie per os ni pour privilégier un AINS en particulier [32] . Ils ne sont pas recommandés chez les personnes âgées en raison du risque de survenue d’une insuffisance rénale aiguë [33] . Tous ont l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les pathologies rhumatologiques aiguës. Le paracétamol n’a pas fait la preuve scientifique de son efficacité dans les lombalgies [34] , mais il est admis par l’usage. Cet antalgique mineur de palier I n’est contre-indiqué qu’en cas 3 25-160-A-30 Rachialgies en urgence Tableau 3. Caractéristiques des antalgiques de palier I, II, III et de myorelaxants indiqués dans les rachialgies. DCI Délai d’action Pic d’action Paracétamol 30–45 min 1–2 h Éruption cutanée AINS 30–45 min 1–2 h Douleurs abdominales, hémorragie digestive Paracétamol codéine 30–60 min 1h Éruption cutanée, constipation, nausées Tramadol 30–60 min 2h Tramadol LP 1–2 h 4–6 h Constipation, nausées, vomissements, confusion, vertiges, sédation, convulsions Morphine 30–30 min 1–2 h Morphine LP 30–60 min 2–4 h Constipation, sédation, rétention urinaire, nausées, vomissements, confusion, hallucinations Thiocolchicoside 30–40 min 1h Diarrhée Tétrazépam 15–30 min 1h Somnolence Effets indésirables DCI : dénomination commune internationale ; AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens ; LP : libération prolongée. d’allergie ou d’insuffisance hépatique sévère. Il est efficace dans les douleurs mineures à modérées et a un effet additif avec les morphiniques pour les douleurs intenses. Il agit en 30 minutes environ et son administration par l’infirmièr(ière) des urgences peut faire l’objet d’un protocole dans les services d’urgences [35] . Les antalgiques de palier II associés au paracétamol sont efficaces dans les rachialgies aiguës [36] . La codéine est le plus souvent associée au paracétamol et le tramadol se prescrit seul ou associé au paracétamol. Les myorelaxants non sédatifs sont efficaces dans les lombalgies aiguës [37] ainsi que les benzodiazépines (en courte durée pour en limiter les effets secondaires) [38] . Le recours aux antalgiques de palier III peut être nécessaire ; ils seront associés au paracétamol et au kétoprofène qui potentialisent l’action des opiacés et diminuent leurs effets secondaires [39] . Ils sont prescrits dans un premier temps pendant sept jours à la dose minimale efficace. En pratique, le traitement comprend, pour des douleurs faibles (échelle numérique [EN] inférieure à 4/10), une association de paracétamol 1 g avec un AINS, associée à un antalgique de palier II en cas de douleur modérée (EN comprise entre 4 et 6) ou de la morphine titrée intraveineuse en cas de douleur intense (EN supérieure à 6). La morphine est également indiquée en cas de persistance d’une douleur aiguë avec EN supérieure à 3 malgré les antalgiques de palier I et II et les AINS. La dose d’entretien de morphine est égale à la dose totale injectée en titration (pour obtenir une EN inférieure à 4) par voie intraveineuse ou sous-cutanée toutes les quatre heures, ou trois fois cette dose per os à libération prolongée répartie en deux prises. Le traitement préventif de la constipation par une association de laxatif stimulant et d’un laxatif osmotique doit être systématique. Repos Le repos allongé n’est pas recommandé au-delà des 24 premières heures [40] . Au contraire, les patients doivent reprendre leurs activités de la vie quotidienne et leur travail le plus tôt possible [41] . L’arrêt de travail initial doit être limité à 2 à 4 jours avec une réévaluation clinique avant la reprise. À la phase aiguë, il faut dédramatiser et banaliser la rachialgie aiguë en rassurant le patient sur la bénignité de sa maladie, et en insistant sur l’absolue nécessité de limiter au maximum le repos au lit et de rester actif avec une reprise progressive des activités normales. Cas particulier de l’enfant L’utilisation des antalgiques en pédiatrie a quelques spécificités. L’autoévaluation de la douleur n’est applicable qu’à partir de 4 à 6 ans. Avant cet âge, plusieurs échelles d’hétéroévaluation sont disponibles et validées [42] . Le paracétamol s’utilise à la dose de 15 mg/kg toutes les 6 heures, l’ibuprofène à la dose de 7,5 mg/kg toutes les six heures (demi-dose de celle du paracétamol). À ces antalgiques de palier I, on peut ajouter de la codéine sirop à la dose initiale de 0,5 mg/kg toutes les six heures (qu’il est possible d’augmenter à 1 mg/kg toutes les six heures). Les effets secondaires des paliers II en pédiatrie sont les mêmes que chez les adultes. Les modalités d’utilisation de la morphine sont les mêmes que chez l’adulte : morphine intraveineuse 4 en titration avec un bolus initial de 100 g/kg (sans dépasser 6 mg) suivi de bolus de 25 g/kg toutes les cinq minutes jusqu’au soulagement de l’enfant. Le relais per os est égal à trois fois la dose totale intraveineuse des 24 heures répartie en deux prises pour les formes à libération prolongée ou en six prises pour les formes à libération immédiate [43] . Massokinésithérapie La phase aiguë ne justifie pas de séance de massokinésithérapie : bien qu’ils soient prescrits environ une fois sur trois [44] , les exercices thérapeutiques n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans les lombalgies aiguës ni par rapport à un placebo, ni par rapport à l’absence de séances [45] . Néanmoins, la Haute Autorité de santé (HAS) admet que dans certains cas particuliers de lombalgies aiguës (allergie aux antalgiques, stress intense, limitation invalidante des amplitudes articulaires), quelques séances (deux à six) de kinésithérapie peuvent favoriser le retour à une activité quotidienne et professionnelle normale [46] . En revanche, la massokinésithérapie occupe une place centrale dans la thérapeutique des rachialgies subaiguës, récidivantes et chroniques. Les exercices physiques progressifs après évaluation clinique et des conditions de travail diminuent le délai de reprise du travail de moitié [47] . Prévention L’école du dos est une approche thérapeutique fondée sur la rééducation pluridisciplinaire des rachialgies par l’économie rachidienne. Elle repose sur la conception multidimensionnelle des rachialgies (physique, psychologique et socioprofessionnelle). Elle s’applique en prévention primaire ou secondaire [48] . Les exercices physiques sur le lieu de travail diminuent les risques de lombalgies [49] . Cervicalgies Les cervicalgies sont très fréquentes, leur prévalence variant de 14 à 43 %, leur prévalence sur une période de un an variant de 21 à 54 % et leur prévalence estimée au cours de la vie étant égale à 70 % dans les pays occidentaux [50] . Elles sont la plupart du temps des cervicalgies communes, secondaires à une détérioration dégénérative ou à un trouble fonctionnel de ses structures ostéoarticulaires, ligamentaires ou musculaires. Mais elles peuvent révéler une affection grave que l’urgentiste doit reconnaître. Les cervicalgies risquent de devenir chroniques chez 22 % des femmes et 16 % des hommes [51] et environ 30 % conduiraient à une incapacité fonctionnelle [52] . Elles ont un impact défavorable sur la qualité de vie quotidienne, surtout en cas de comorbidité [53] . Démarche diagnostique pour les cervicalgies L’interrogatoire cherche à préciser l’origine rachidienne de la douleur (la douleur est-elle diffuse, est-elle bilatérale, y a-t-il des antécédents dépressifs, le stress a-t-il une influence sur la douleur, les douleurs sont-elles chroniques et résistantes aux antalgiques ?) EMC - Médecine d’urgence Rachialgies en urgence 25-160-A-30 Tableau 4. Sémiologie des névralgies cervicobrachiales. Racine Trajet Paresthésies Motricité C5 Épaule, deltoïde Moignon de l’épaule Deltoïde et biceps brachial C6 Face antéroexterne du bras, externe avant-bras et deux premiers doigts Face postérieure du membre supérieur, 2e et 3e doigts Pouce Extenseurs du poignet Index et majeur Triceps brachial Annulaire et auriculaire Fléchisseurs des doigts et interosseux C7 C8 Face interne du membre supérieur, deux derniers doigts ou son origine inflammatoire (la douleur est-elle nocturne et présente dès le matin, est-elle fluctuante avec des « hauts et des bas », les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont-ils efficaces ?). L’examen clinique, après prise de température, doit comprendre des étapes de « voisinage » : • examen ostéoarticulaire : recherche d’une scoliose ou d’une cyphose dorsale, examen des ceintures scapulaires, des coudes et des poignets ; • examen neurologique : sensibilité superficielle, réflexes ostéotendineux et motricité des membres supérieurs, recherche d’un signe de Claude Bernard Horner (ptosis, myosis et enophtalmie), recherche d’un syndrome cérébelleux ou vestibulaire, examen des paires crâniennes ; • examen ORL et recherche d’adénopathies ; • auscultation des vaisseaux du cou ; • examen de la thyroïde. Les mobilités actives sont examinées en position assise dans tous les degrés de liberté. Les mobilités passives sont examinées en décubitus dorsal à plat, tête à l’extérieur de la table d’examen, tenue et mobilisée par l’examinateur. Les cervicalgies peuvent s’accompagner de névralgies cervicobrachiales. Ce sont des douleurs du membre supérieur, partant du rachis cervical bas, dues à une atteinte des racines constituant le plexus brachial (C5 à D1). Les paresthésies ont une bonne valeur topographique (Tableau 4) [54] . Le signe de Spürling est la majoration de la douleur névralgique par une pression axiale sur la tête en extension et légère inclinaison homolatérale à la névralgie [55] , et celui du lanceur de javelot est la douleur entraînée par la rétropulsion d’un membre supérieur. La manœuvre de Davidson [56] permet un soulagement des douleurs dans 65 % des névralgies cervicobrachiales par l’abduction du bras homolatéral, main sur la tête. En l’absence de signes généraux évocateurs d’une pathologie infectieuse, tumorale, vasculaire ou inflammatoire et en l’absence de contexte traumatique, les radiographies du rachis cervical ne sont pas recommandées [57] . Aucun examen complémentaire n’est utile sauf en cas de persistance malgré un traitement médical adapté. Dans les autres cas, il faut au minimum pratiquer des radiographies du rachis cervical de face et de profil avec une incidence de l’odontoïde bouche ouverte ainsi qu’un dosage de la protéine C réactive. Un scanner du rachis cervical est indiqué en cas de signes neurologiques ou de radiculalgie. D’autres examens sont indiqués en fonction des données cliniques : radiographies trois quarts droit et gauche en cas de névralgies cervicobrachiales, tomodensitométrie (TDM) du rachis cervical, TDM cérébrale, imagerie par résonance magnétique (IRM) cervicale, échodoppler des vaisseaux du cou, etc. Étiologies des cervicalgies En dehors des douleurs projetées cervicales, les cervicalgies sont soit symptomatiques, soit communes, c’est-à-dire dégénératives chez les plus âgés (cervicarthrose) ou fonctionnelles chez les plus jeunes (discale, ligamentaire ou musculaire). EMC - Médecine d’urgence La première étape est la recherche d’un traumatisme cervical récent [58] . Les cervicalgies symptomatiques sont d’origine posttraumatique (fracture, entorse), tumorale osseuse (localisation secondaire, myélome, etc.) ou neurologique (fosse postérieure, neurinome, méningiome, etc.), infectieuse (spondylodiscite), inflammatoire (spondylarthrite ankylosante, polyarthrite rhumatoïde ou pseudopolyarthrite rhizomélique) ou vasculaire (dissection des artères vertébrales). Les cervicalgies communes se présentent soit sous une forme aiguë avec un torticolis, en général le matin au réveil sans facteur déclenchant évident, soit sous une forme subaiguë ou chronique plus fréquente, d’origine posturale souvent liée à l’ergonomie professionnelle (tête penchée en avant des laborantins, secrétaires ou conducteurs de véhicules) encore qu’il ne semble pas établi de lien fort entre travail devant un ordinateur et cervicalgies [59] . Il n’y a pas de parallélisme entre l’arthrose radiographique et les rachialgies [60] . Thérapeutique spécifique des cervicalgies Le traitement symptomatique comprend l’association d’antalgiques et d’AINS en l’absence de contre-indication, éventuellement associés à un décontracturant musculaire, l’objectif étant de calmer le plus rapidement possible la douleur pour un retour rapide à des mobilisations céphaliques normales. Des traitements adjuvants peuvent être proposés : injections locales (mésothérapie, intradermothérapie), acupuncture ou physiothérapie (balnéothérapie, électrothérapie, thermothérapie, etc.) sans que leur efficacité ne soit scientifiquement démontrée [61] . Le port d’un collier cervical en mousse (classe C1) doit être limité à quelques jours en le gardant la nuit. Les manipulations cervicales ne sont pas recommandées. En revanche, quelques séances de massokinésithérapie douce après un bilan diagnostique kinésithérapique peuvent compléter le traitement [62] . Quelques conseils d’hygiène de vie comme dormir avec un oreiller ou un coussin cervical, maintenir son cou au chaud, améliorer sa position de travail permettent de limiter les récidives. Une rééducation posturale et proprioceptive peut prévenir les récidives. Le traitement chirurgical est réservé aux névralgies cervicobrachiales résistantes ou récidivant après un traitement conservateur, aux déficits neurologiques et s’il y a une bonne corrélation anatomoclinique [51] . Cas particulier de l’enfant Le torticolis est une cause fréquente de consultation d’enfants aux urgences et peut être révélateur d’une pathologie grave [63] . L’examen clinique doit être systématique : examen à la recherche d’une pathologie infectieuse, examen neurologique à la recherche d’un déficit ou d’un syndrome cérébelleux, radiographies systématiques (Fig. 2) [64] . Les causes se répartissent selon l’existence d’un syndrome inflammatoire ou d’un traumatisme à distance (Tableau 5). La surveillance de la disparition des cervicalgies avec le traitement symptomatique est indispensable et une évolution inhabituelle doit faire reconsidérer le diagnostic de cervicalgies communes. Dorsalgies Les douleurs dorsales sont très fréquentes et peuvent révéler de nombreuses étiologies. Leur épidémiologie est moins connue que celle des cervicalgies ou des lombalgies. Une récente revue de la littérature fait état d’une prévalence moyenne à un an égale à 29,1 % chez les manœuvres, 30 % chez les employés de bureau, 35,4 % chez les professionnels de santé, 20 % chez les conducteurs chauffeurs et 14,4 % chez les militaires [65] . 5 25-160-A-30 Rachialgies en urgence Tableau 5. Principales étiologies des cervicalgies chez l’enfant. Cervicalgies de l’enfant Fièvre, AEG, douleurs inflammatoires, durée > 10 jours Hospitalisation Ni fièvre ni AEG TDM cérébrale Signes neurologiques, vomissements – Radiographies (trauma inaperçu ou caché) NFS, CRP Radiographies Contexte inflammatoire Pas de contexte inflammatoire Syndrome de Grisel [127] Spondylodiscite Arthrite chronique juvénile Méningite Traumatisme inaperçu ou caché (sévices) Tumeur de la fosse postérieure Malformation de la charnière cervico-occipitale Syndrome de Sandifer, torticolis oculaire chez le nourrisson Tableau 6. Principales étiologies non rachidiennes des dorsalgies. Pleuropulmonaire Pathologie pleurale Pathologie pulmonaire Pathologie médiastinale Cardiovasculaire Syndrome coronarien aigu Péricardite Pathologie des gros vaisseaux (dissection aortique, anévrisme) Digestive Pathologie œsophagienne Pathologie gastrique Pathologie hépatobiliaire Pathologie pancréatique – Foyer infectieux ORL – Traitement Surveillance Traitement symptomatique Surveillance de la guérison Scintigraphie osseuse Figure 2. Arbre décisionnel. Conduite à tenir face à des cervicalgies chez un enfant. AEG : altération de l’état général ; TDM : tomodensitométrie ; NFS : numération-formule sanguine ; CRP : C reactive protein ; ORL : oto-rhino-laryngologique. Démarche diagnostique pour les dorsalgies Toute dorsalgie est a priori suspecte jusqu’à preuve du contraire. En raison de sa situation anatomique, une dorsalgie peut être symptomatique des organes intrathoraciques et de l’étage susmésentérique. La démarche diagnostique vise à éliminer une douleur projetée et une pathologie grave : la dorsalgie commune est un diagnostic d’élimination [66] . L’interrogatoire détaille les antécédents, la sémiologie de la douleur et d’éventuels signes d’accompagnement. La recherche d’antécédents de néoplasie, d’épisodes infectieux récents, d’une pathologie cardiovasculaire, pleuropulmonaire ou digestive, d’un trouble de la statique rachidienne ou d’une ostéoporose doit être systématique. La description précise de la douleur oriente le diagnostic : aiguë ou chronique, début brutal ou progressif, évaluation de son intensité (échelle numérique ou échelle visuelle analogique), type de douleur (barre, brûlure, déchirement, coup de poignard, etc.), horaire mécanique ou inflammatoire, facteurs aggravant ou soulageant, irradiations douloureuses. Des signes fonctionnels des grandes fonctions vitales doivent être systématiquement recherchés : appareil cardiovasculaire, appareil pulmonaire, appareil digestif, appareil neurologique. L’examen clinique comprend celui du rachis, puis un examen général complet systématique. Le rachis dorsal est le segment du rachis le moins mobile. L’examen débute par l’inspection statique et dynamique de l’ensemble du rachis : patient debout talons et fesses contre un mur (accentuation de la cyphose dorsale, hyperlordose lombaire, inversion des courbures, mesure des lordoses lombaire et cervicale avec un fil à plomb dont la valeur est d’environ 3 cm chez l’adulte), inspection de la marche [67] . L’étude des mobilités se résume à celles de la charnière cervicale et de la charnière dorsolombaire et à la mesure de l’ampliation thoracique (différence du diamètre thoracique mesuré sous les seins ou au niveau des mamelons en inspiration puis en expiration normalement égale à environ 6 cm chez l’adulte) [68] . La palpation et la percussion de chaque vertèbre recherchent un point douloureux. 6 Cet examen dorsal est complété par l’examen du rachis cervical et du rachis lombaire. L’examen clinique général s’attarde à rechercher des signes cardiovasculaires (souffle cardiaque, frottement péricardique, asymétrie de pouls ou de pression artérielle), des signes pulmonaires (foyer auscultatoire, tympanisme ou matité), des signes digestifs (douleur provoquée, hépatosplénomégalie) et des signes neurologiques (déficit sensitif ou moteur). Les examens complémentaires sont dictés par les données de l’examen clinique. En cas de dorsalgie aiguë d’un sujet de moins de 50 ans, mécanique avec un facteur déclenchant bien identifié et une raideur rachidienne, aucun examen complémentaire n’est indiqué. Dans les autres cas, il faut au moins des radiographies standards du rachis dorsal de face et de profil et le dosage de la protéine C réactive. L’IRM est l’examen de choix en cas de suspicion de spondylodiscite, les images radiographiques et tomodensitométriques étant tardives et la scintigraphie sensible, mais très peu spécifique. Étiologies des dorsalgies Les dorsalgies extrarachidiennes peuvent être d’origine pleuropulmonaire, cardiovasculaire ou digestive (Tableau 6). Les dorsalgies rachidiennes comprennent les étiologies infectieuses (spondylodiscite, rares arthrites septiques), les étiologies inflammatoires (spondylarthropathies), les étiologies tumorales (tumeurs intrarachidiennes : neurinome, méningiome, tumeur rachidienne : bénigne, maligne souvent secondaire), les tassements vertébraux (ostéoporose, néoplasique : un tassement au-dessus de T4 n’est jamais bénin), les étiologies mécaniques (dégénérative : hernie discale, dorsarthrose, dorsalgo ; troubles de la statique : scoliose, hypercyphose) [64] . La présence de signes neurologiques sous-lésionnels et d’un traitement anticoagulant doit faire évoquer un hématome de la moelle épinière [69] . Thérapeutique spécifique des dorsalgies Le traitement des dorsalgies communes n’a pas de spécificité par rapport aux autres rachialgies communes. Il comprend des antalgiques de palier I et II, des myorelaxants et, en l’absence de contre-indication, des AINS. Le repos doit être limité au maximum et la reprise du travail la plus précoce possible. Celui des dorsalgies symptomatiques est spécifique de l’étiologie rachidienne ou extrarachidienne. EMC - Médecine d’urgence Rachialgies en urgence 25-160-A-30 Tableau 7. Principaux diagnostics différentiels des rachialgies engageant le pronostic vital. Cervicalgies Tumeur cérébrale, tumeur rachidienne, dissection vasculaire Dorsalgies Pathologie aortique, pathologie cardiaque, tumeur intrathoracique, tumeur rachidienne Lombalgies Pathologie aortique, tumeur rachidienne Cas particulier de l’enfant Les spécificités pédiatriques des dorsalgies sont les mêmes que celles des lombalgies. Lombalgies De l’ensemble des rachialgies, les lombalgies sont les plus fréquentes et les lombalgies chroniques engendrent davantage d’invalidité que les cervicalgies (25 versus 14 %) [70, 71] . Elles sont la troisième cause de handicap chronique. Les facteurs de risque d’un premier épisode de lombalgie commune sont le statut psychologique (stress au travail, stress de responsabilité, dépression, anxiété, somatisation), l’intensité de l’activité physique et l’insatisfaction au travail. Il y a trois facteurs de risque de récidive ou de passage à la chronicité avec un fort niveau de preuve : les antécédents de lombalgie (incluant les sciatiques, les arrêts de travail en rapport, etc.), l’insatisfaction au travail et un mauvais état général de santé [72] . Démarche diagnostique pour les lombalgies Comme pour les cervicalgies et les dorsalgies, l’enjeu de la démarche diagnostique de la lombalgie est d’éliminer une pathologie grave dont elle serait le symptôme. Elle précise le type inflammatoire ou mécanique de la douleur, puis recherche des signes neurologiques. L’absence de syndrome rachidien est en faveur d’une douleur projetée (pathologie aortique, pathologie rétropéritonéale, pathologie digestive sous-mésentérique, pathologie génitale). Les principaux signes d’alerte des rachialgies sont présentés dans le Tableau 7. Signes d’alerte ou drapeaux rouges Après la prise de température systématique, l’interrogatoire recherche des signes d’alarme évoquant une pathologie grave (antécédents néoplasiques, asthénie, anorexie, amaigrissement, aggravation progressive, fièvre, antécédents infectieux récents, antécédent traumatique récent, antécédents d’immunodépression : transplanté, cirrhose hépatique, syndrome d’immunodéficience humaine [sida]). La douleur doit être caractérisée : les lombalgies calmées par le repos et le décubitus et aggravées par la station assise ou debout prolongée et les changements de position définissent les lombalgies mécaniques, alors que lombalgies nocturnes, réveillant le malade, avec dérouillage prolongé le matin, définissent les lombalgies inflammatoires suspectes. L’examen neurologique doit être soigneux, en particulier à la recherche d’un syndrome de la queue-de-cheval (lésion en dessous de L2, associant des douleurs lombaires, une paraplégie flasque, une hypoanesthésie superficielle et profonde, des troubles sphinctériens, une abolition des réflexes, des troubles génitaux et l’apparition rapide de troubles trophiques) ou d’un syndrome pyramidal (troubles moteurs allant du déficit minime à la paralysie flasque, hypertonie spastique musculaire, exagération des réflexes ostéotendineux avec signe de Babinski) qui sont des urgences chirurgicales [126] (Tableau 8). Sciatique et radiculalgie Les lombalgies aiguës peuvent s’accompagner d’une sciatique ou d’une cruralgie. Les lombosciatiques (LS) peuvent suivre le EMC - Médecine d’urgence Tableau 8. Signes d’urgence chirurgicale d’une lombalgie aiguë. Syndrome de la queue-de-cheval a Anesthésie en selle (ou hémi-selle) Dysurie, rétention urinaire Incontinence urinaire ou anale Hypotonie du sphincter anal, anérection Déficit moteur Supérieur à 3/5 a ou d’aggravation rapide Sciatique hyperalgique Résistante aux antalgiques de palier III Échelle du Medical Research Council of Great Britain [126] . trajet L5 (fesse, face postéroexterne de la cuisse, externe de la jambe, dos du pied et gros orteil ou les trois premiers orteils) ou le trajet S1 (fesse, face postérieure de la cuisse et de la jambe, face externe du pied et cinquième orteil). Le signe de Lasègue est très sensible (0,88–1), mais peu spécifique (0,11–0,44) tandis que le signe de Lasègue croisé (déclenchement de la douleur par la manœuvre controlatérale) est peu sensible (0,23–0,44), mais très spécifique (0,86–0,95) [73–75] . Les lombocruralgies (LC), peu fréquentes, entraînent une douleur de la face antérieure de la cuisse avec un syndrome rachidien moins net et souvent sans facteur déclenchant. La douleur est reproduite par la manœuvre de Léri (ou de Lasègue inversée) : malade en décubitus ventral, douleur provoquée lors de la flexion du genou à 90◦ puis, dans un second temps, lors de l’extension de la cuisse sur le bassin. Douleurs projetées Outre les douleurs, le syndrome rachidien se définit par une limitation des mouvements du rachis (mesurée par la diminution de l’indice de Schöber : un repère est tracé au niveau de L5 puis 10 cm au-dessus en position debout, en flexion, cette distance doit s’allonger de 5 cm) et une attitude antalgique. Un syndrome rachidien sans signe d’alarme et sans signe neurologique est en faveur d’une lombalgie commune. À l’inverse, une lombalgie sans syndrome rachidien est en faveur d’une douleur projetée et doit faire rechercher une origine urinaire, gynécologique, digestive sousmésentérique ou vasculaire. Facteurs de risque de chronicité ou drapeaux jaunes Des facteurs de risque psychosociaux permettent d’identifier les risques d’incapacité à long terme avec altération de la qualité de vie : croyances et idées fausses sur les lombalgies (vision pessimiste du « mal au dos », responsable d’une qualité de vie plus mauvaise, s’aggravant avec l’âge) [76] , annonce abusive d’une hernie discale, attente de compensations financières ou d’invalidité, comportement inadapté, facteurs familiaux et psychologiques, difficultés au travail [77] , etc. À ce stade, la communication du médecin est essentielle et doit porter sur l’absence de corrélation entre l’intensité des douleurs, la lésion et l’incapacité [78] . Des campagnes d’information de la population relativisant le problème des rachialgies (le mal au dos n’est pas grave, les éventuelles incapacités peuvent être réduites, voire empêchées en modifiant son attitude au quotidien, le traitement consiste à poursuivre ses activités quotidiennes et professionnelles sans prolonger la période de repos) ont permis de corriger les peurs et les croyances des malades et des médecins, et de diminuer les coûts globaux liés à cette pathologie [79] avec un impact toujours mesurable 4,5 ans après la campagne d’information [80] . Examens complémentaires Comme pour les autres rachialgies, la présence d’un signe d’alarme nécessite au minimum des radiographies standards de face et de profil ainsi que quelques examens biologiques (numération-formule sanguine, vitesse de sédimentation, protéine C réactive) le plus souvent complétés par une tomodensitométrie du rachis lombaire. Une symptomatologie de lombosciatique typique ne nécessite aucun examen complémentaire [81] . 7 25-160-A-30 Rachialgies en urgence “ Point important Signes en faveur d’une lombosciatique commune ne justifiant pas d’examens complémentaires (d’après [79] ) • Lombosciatique unilatérale et monoradiculaire • Accompagnée ou précédée de lombalgies • Début brutal après un effort ou un faux mouvement • Évolution de façon régressive (ou ne s’aggrave pas progressivement) • Antécédents de lombalgies • Signe de Lasègue ou un signe de Lasègue croisé • Raideur élective ou une attitude antalgique (syndrome rachidien) • Signe de la sonnette • Impulsivité aux efforts physiologiques (toux, éternuement, défécation) Tableau 9. Principales étiologies des dorsolombalgies de l’enfant et de l’adolescent d’après [127] . Traumatique Fracture, spondylolisthésis, hématome médullaire Dégénérative Maladie de Sheuermann, hernie discale, calcification discale, rachialgie commune Infectieuse Spondylodiscite, ostéomyélite, abcès péridural, infection non spécifique (pyélonéphrite, pneumopathie, etc.) Inflammatoire Arthrite idiopathique juvénile, psoriasis Tumorale Tumeur osseuse primitive ou secondaire, tumeur médullaire, méningiome, etc. Congénitale Syringomyélie Autres Ostéoporose, cholécystite, douleurs chroniques Les lombalgies communes sont les lombalgies discales dégénératives, les lombalgies par arthrose postérieure et les lombalgies fonctionnelles. Il n’y a pas de corrélation entre l’arthrose vertébrale lombaire et les lombalgies [87] . Les lombalgies fonctionnelles sont un diagnostic d’élimination. Waddell a défini des signes de non-organicité d’une lombalgie : hypoesthésie non systématisée (par exemple en chaussette), douleur provoquée par une manœuvre simulant une contrainte lombaire (appui sur la tête, rotation simultanée debout des épaules et du bassin), signe de Lasègue à l’insu du patient (assis, on lui soulève la jambe genou tendu à l’horizontal pour simuler l’examen d’un réflexe plantaire) non douloureux [88] . Ils révèlent une amplification consciente ou non de la symptomatologie rachidienne en rapport avec des troubles psychologiques (stress, dépression), des problèmes professionnels (insatisfaction au travail), des difficultés relationnelles, un manque de confiance envers le milieu médical, etc. qui sont des facteurs de risque à la chronicité [89] . Cinq à 10 % des patients lombalgiques développent une lombalgie chronique. Elle a une double composante : c’est le modèle biopsychosocial de Waddell [90] ou celui des trois cercles de la douleur de Maigne [91] . Le patient a des idées fausses sur sa pathologie (il n’y a pas de vrai traitement pour le mal de dos, le mal de dos finit par vous empêcher de travailler, avoir mal au dos signifie souffrir par périodes pour le reste de sa vie, les médecins ne peuvent pas grand-chose pour le mal de dos, on peut finir ses jours sur une chaise roulante quand on a mal au dos, le mal de dos signifie de longues périodes d’arrêt de travail, le repos constitue le meilleur traitement du mal de dos, les douleurs de dos s’aggravent progressivement avec l’âge, etc.). Outre ces idées reçues, il y a des facteurs de risque de chronicisation des douleurs : comportement d’évitement et de réduction d’activité, tendance au repli sur soi et à l’isolement, tabagisme ou alcoolisme chroniques, comportement surprotecteur du partenaire, travail manuel jugé dangereux en soi, travail jugé peu intéressant ou répétitif, attente passive avec absence de participation active à sa prise en charge. Il semble cependant que la corrélation entre les facteurs psychologiques et les performances et l’incapacité automesurés chez des lombalgiques chroniques ne soit pas si forte [92] . Une analyse multivariée a montré qu’un travail de force, un travail avec un tempo rapide, un travail d’ouvrier, l’obésité et un faible niveau d’éducation sont des facteurs de risque de lombalgies chroniques [93] . Thérapeutique spécifique des lombalgies La présence de sept de ces signes a une sensibilité égale à 48 % et une spécificité égale à 92 %. Pour le diagnostic de lombosciatique commune : pas d’examens complémentaires. Comme pour les autres segments du rachis, la découverte de lésions discales ou du canal lombaire doit être interprétée avec précautions, car il existe de nombreuses lésions au scanner ou à l’IRM sans aucune manifestation clinique. Par exemple, la lecture indépendante par trois radiologues sans information clinique de sujets ayant passé une IRM lombaire a trouvé 20 % de hernies discales chez les moins de 60 ans et 36 % de hernies discales et 21 % de canaux lombaires étroits chez les plus de 60 ans [82] . Étiologies des lombalgies En dehors des douleurs projetées, les lombalgies sont soit communes dans plus de 85 % des cas, soit symptomatiques. Les principales étiologies des lombalgies symptomatiques sont infectieuses (spondylodiscite), tumorales (métastase, ostéoblastome, neurinome, lymphome, myélome), traumatiques (fractures, tassements) ou inflammatoires (spondylarthropathies) [83] (Tableau 9). Les lombalgies communes sont des lombalgies mécaniques. Les pressions mesurées au niveau des disques intervertébraux lombaires varient de façon considérable entre le décubitus ventral (100–144 N), le décubitus latéral (120–240 N), la station debout détendu (500–800 N), la station debout penché en avant (1100 N), les positions assis penché en avant (830 N) ou assis détendu (300–450 N) [84–86] . 8 Lombalgies aiguës Comme pour les autres rachialgies communes, l’objectif thérapeutique est de calmer la douleur le plus rapidement possible afin que le patient retrouve une activité quotidienne et professionnelle la plus précoce possible [94] . Pour y parvenir, il faut des antalgiques et un discours rassurant et confiant sur l’évolution favorable de la maladie neuf fois sur dix, ainsi que la recherche de facteurs de risque de passage à la chronicité. La lombalgie chronique est définie comme une douleur rachidienne lombaire évoluant depuis plus de trois mois [95] . Le traitement chirurgical est réservé aux complications neurologiques. Il y a suffisamment d’arguments scientifiques pour préconiser un traitement conservateur des lombalgies aiguës communes aux urgences qui comprenne, d’une part, la prise en charge de la douleur, d’autre part, une information rassurante sur la maladie et enfin des conseils posturaux et d’exercices physiques (Tableau 10). Le traitement médicamenteux doit comprendre au moins du paracétamol, du tramadol et un AINS éventuellement associé à un décontracturant musculaire. Il n’y a pas d’étude de qualité qui démontre l’efficacité du paracétamol dans les lombalgies [34] . L’association AINS et myorelaxant semble pour certains plus efficace que chacun pris seul [96] , mais pour d’autres non [97] . Le kétoprofène seul [98] ou associé au paracétamol [99] potentialise l’action des opiacés et permet d’en diminuer la posologie. Les corticoïdes par voie générale ne sont pas indiqués [35] et il manque des preuves convaincantes pour l’efficacité des infiltrations locales de corticoïdes [100] . Des anti-tumor necrosis factor (anti-TNF) ont été évalués dans des sciatiques hyperalgiques avec des résultats contradictoires [101, 102] . EMC - Médecine d’urgence Rachialgies en urgence 25-160-A-30 Tableau 10. Prise en charge des lombosciatiques aiguës communes aux urgences (l’information du patient peut s’accompagner d’un document écrit du service). Prise en charge de la douleur pas recommandé et la mobilisation précoce est l’objectif principal pour accélérer la guérison [110] . Ces traitements doivent être associés à une information claire du patient, structurée sur quatre points : le traitement conservateur des lombosciatiques aiguës, les bonnes attitudes du rachis dans les activités de la vie quotidienne, les effets nuisibles de l’alitement prolongé et les conseils de rester actif avec une reprise rapide du travail [111] . Les dissonances de discours selon les médecins majorent le manque de confiance et le risque de chronicité. La réalité des traitements et des examens prescrits est sensiblement différente des recommandations des sociétés savantes, notamment en ce qui concerne les antalgiques de palier III, les radiographies et les recommandations d’activité physique [112] . Les spécialités médicales qui respectent le moins les recommandations dans leur pratique quotidienne sont les médecins généralistes, les internistes et les urgentistes [113] et, d’une manière générale, ceux qui s’intéressent au « mal de dos » [114] avec des conséquences en termes de coût de santé publique (prescriptions abusives d’examens complémentaires, de kinésithérapie et d’arrêt de travail) [115] . L’analyse des facteurs influençant le comportement médical face aux lombalgies est indispensable pour améliorer cette prise en charge et en diminuer les coûts sociétaux [116] . Traitement médicamenteux : antalgiques palier I + II, AINS, décontracturants musculaires ± antalgiques palier III les 7 premiers jours Traitements adjuvants : mésothérapie, acupuncture, massokinésithérapie Information adéquate et rassurante du malade L’intensité de la douleur ne signifie pas handicap, ne pas parler de hernie discale sans en avoir la preuve, ne pas prescrire de repos, encourager au contraire la poursuite des activités de la vie quotidienne et limiter l’arrêt de travail à quelques jours, noter dans le courrier au médecin traitant les informations données au patient (pour une bonne cohérence) Conseils physiques Attitude posturale : chaise ergonomique, oreiller ergonomique ou plat, gestes pour le lever du lit ou pour sortir de sa voiture, etc. Exercices : poursuivre les entraînements sportifs, exemples de mouvements d’étirement et de tonification du dos (sites Internet) Ordonnance de kinésithérapie quelques semaines après la phase aiguë Lombalgies chroniques Les facteurs psychosociaux ayant une place importante dans la reprise du travail [117] , la prise en charge des lombalgies chroniques débute par l’évaluation psychosociale du patient : antécédents psychologiques (traumatisme dans l’enfance, violences sexuelles, dépression, etc.), problématique conjugale, dégradation de l’image de soi, signes cliniques (anxiété, dépression, inhibition psychomotrice, etc.), contexte psychosomatique (désinsertion sociale, arrêt de toute activité, etc.), contexte professionnel (travail monotone, conditions de travail difficiles, insatisfaction au travail, etc.) et demande du patient (espoirs, attentes, priorités, etc.) [19] . Le discours médical doit être clair et ne pas donner de faux espoirs au patient : souvent il persistera des douleurs, il peut être nécessaire d’envisager un changement professionnel, la guérison passe par la participation active du patient, etc. Le traitement repose sur la réactivation physique et psychologique du malade. L’approche biopsychosociale des écoles du dos donne de bons résultats [118] en particulier sous la forme d’un parcours de soins [119] . Les thérapies comportementales sont efficaces à court terme, mais il n’y a pas ou peu de différence à long terme par rapport aux exercices soulageant la douleur et les symptômes dépressifs [120] . Une revue récente de la littérature montre la sous-utilisation des ergothérapeutes dans les programmes de AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens. La mésothérapie peut être une alternative au traitement par voie générale chez les personnes âgées ou celles présentant des contreindications [103] . L’acupuncture aurait des effets bénéfiques à court terme pour les lombalgies chroniques [104] , mais toutes les études sont de faible qualité méthodologique et ne permettent pas de conclure, bien qu’elle soit largement utilisée comme traitement adjuvant [105] . Les manipulations du rachis et les exercices sont efficaces dans les lombalgies chroniques et sont recommandés par les sociétés savantes [106] , mais ils ne semblent pas apporter d’amélioration dans les lombalgies aiguës [107] . Une étude a montré un gain modéré de la physiothérapie dès le passage dans le service des urgences [108] . Un programme d’autogestion des lombalgies aiguës en plus du traitement médical a montré son efficacité un an plus tard dans une population défavorisée [109] . Le repos au lit n’est Figure 3. Arbre décisionnel. Conduite à tenir face à des dorsolombalgies de l’enfant. NFS : numération-formule sanguine ; CRP : C reactive protein ; AEG : altération de l’état général. Dorsolombalgies de l’enfant NFS, CRP Fièvre, AEG, douleurs inflammatoires, durée > 10 jours ou anomalie biologique Signes neurologiques IRM médullaire – Hospitalisation Scintigraphie osseuse EMC - Médecine d’urgence Radiographies Trauma inaperçu ou caché Trouble statique, spondylolisthésis, spondylolyse, Sheuermann, arthrite juvénile idiopathique, etc. – Traitement symptomatique Surveillance de la guérison 9 25-160-A-30 Rachialgies en urgence soins multidisciplinaires des lombalgiques chroniques [121] . Un site Internet a montré son utilité dans l’autogestion des lombalgiques chroniques [122] . Finalement, un enseignement physique bref a sa place au lit du malade tandis que l’école du dos a sa place dans la sphère professionnelle [123] . Cas particulier de l’enfant L’absence de définition uniforme des rachialgies de l’enfant ne permet pas d’en connaître précisément l’épidémiologie, mais il est probable que les douleurs rachidiennes idiopathiques de l’enfant soient un facteur de risque des rachialgies communes de l’adulte [6] . La prise en charge des enfants ayant une dorsolombalgie est stéréotypée [61] et doit comporter la recherche des antécédents médicaux (en particulier de drépanocytose, de neurofibromatose, etc.), un examen complet de l’ensemble du rachis statique et dynamique, un examen clinique général et des radiographies standards et des examens biologiques à la recherche d’un syndrome infectieux ou inflammatoire [124] (Fig. 3). Les rachialgies communes de l’enfant et de l’adolescent sont, comme pour les adultes, multidimensionnelles avec des composants médicopsychosociaux [125] . 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