FORUM UNIVERSITAIRE - Les temps forts des GJCCAB

Transcription

FORUM UNIVERSITAIRE - Les temps forts des GJCCAB
FORUM UNIVERSITAIRE
Sur la « Philosophie Islamique de la Paix »
A l’occasion du Grand-Magal de Touba
Edition Déc. 2014
-----Organisé par
l’Institut International d’Etudes et de Recherches
Sur le Mouridisme (IIERM)
Dans le cadre des Grandes Expositions sur le Mouridisme
Thème : la Philosophie Islamique de la PAIX,
Réhabilitée par le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba,
Serviteur du Saint Prophète de l’Islam
(Paix et salut de DIEU sur Lui)
Par
Serigne Atou Diagne
Responsable Moral de Hizbut-Tarqiyyah
Et Recteur de l’IIERM
Publié en Décembre 2014
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REMERCIEMENTS
La Direction Générale de Hizbut-Tarqiyyah, maître d’œuvre des Grandes Expositions
sur le Mouridisme remercie profondément :
 Le Khalif Général des Mourides Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, maître d’ouvrage des
Grandes Expositions sur le Mouridisme, ses prières ne cessent de nous accompagner
et de garantir toujours une issue heureuse au-delà de nos attentes
 Serigne Cheikh Bassirou MBACKE ibn Serigne Abdou Khadre Président du comité
d’organisation du Grand Magal de Touba et maître d’ouvrage délégué dont la
collaboration dans la préparation des Grandes Expositions sur le Mouridisme a été très
déterminante. Son génie, son abnégation et sa vision ont hissé l’organisation de cet
événement majeur du Mouridisme à une dimension encore plus élevée.
 Nos remerciements vont aussi à l’endroit de tous ses collaborateurs au sein du Comité
d’organisation qui de plus en plus travaillent dans une synergie gage d’une efficacité
qui se manifeste dans les résultats
 Le Ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal dont la collaboration a
été très positive dans le cadre de l’appui à l’édition
 Nous remercions également les chercheurs, sommités intellectuelles et professeurs qui
ont bien voulu rehausser le niveau des communications par leur expertise et leur
participation active à ce forum universitaire
 A tous les partenaires, collaborateurs et fidèles visiteurs qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réussite et au succès des Grandes Expositions sur le Mouridisme.
Puisse DIEU le TRES-HAUT, par la Grâce de l’Elu le plus pur (al muçtafâ) et la
Bénédiction de son Serviteur Privilégié (khadimu-r-rassûl), faire que cette œuvre
contribue au renforcement des valeurs de paix, d’entente et de solidarité à travers le
monde, sous l’impulsion de l’unité de la ummah islamique.
La Direction de l’IIERM
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INTRODUCTION
Aujourd’hui, tout se passe comme si le monde entier ou l’humanité toute entière préconise à
tout moment et en permanence la recherche de la paix.
Rien que le terme « cessez le feu » que même nos enfants connaissent instinctivement, suffit
pour nous confirmer cette situation sans issue qui s’empire chaque fois. Aujourd’hui, la
recherche de la paix est mise en œuvre, si c’est par le biais des armes, on parle de bourbier,
d’impasse ; c’est le cas des français avec la guerre au Mali (Opération « Serval »), ou celui
des américains et des européens alliés en Afghanistan.
Aujourd’hui, les jeunes générations de tous les continents enrichissent spontanément leur
vocabulaire par des vocables comme :
 Crimes contre l’humanité
 Génocides
 Terrorisme, attentat, racisme, discrimination
 Violence et souffrance, droit à la paix, colons, négriers,
 Mort de civils
 Refugiés
 Otages et rapts ou enlèvements
 Décapitation
 Fosses communes
 Jihadistes
 Guérillas, rebellions
 Paix durable
 Pauvreté
 Islam politique
 Islamophobie, intolérance, apartheid
 Ravisseurs
 Kidnapping
 Esclavage et abolition
 Colonisation, Droits de l’homme
 Impérialisme
 Guerre mondiale/ leadership mondial
 Extermination.
La liste n’est pas exhaustive. Aujourd’hui, chacun des acteurs qui sont à l’origine de cette
impasse semblent prendre conscience et on parle même de réparation, d’excuse, de « journée
mondiale de la paix » qui, en vérité, n’est qu’un mea culpa de l’église catholique romaine.
Elle est célébrée le 1erjanvier de chaque année.
A côté, il y a la « journée internationale de la Paix » célébrée partout le 21 septembre de
chaque année, depuis 1981 sous l’égide des Nations Unies.
L’édition de 2013 a été marquée par le Thème : Droit des peuples à la Paix.
Dans la recherche permanente de solutions aux conflits, hostilités et déséquilibres, les Nations
Unies ont adopté la célébration de l’année internationale de la Paix depuis 2000 avec des
thématiques variées. Par ailleurs, une forte implication des fondations et des ONG a été notée
dans le cadre de la promotion de cette culture de la paix dans le monde.
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Depuis la charte de l’Atlantique le 14 août 1941 entre Winston Churchill et Franklin
Roosevelt, les initiatives ne cessent de se multiplier.
La Paix est l’affaire de tout le monde. Chacun de son côté, développe la philosophie qui lui
semble la plus réaliste.
Le navigateur portugais du nom de Fernando Magellan (1480-1521), après avoir traversé
l’océan le plus vaste du globe terrestre qu’on appelait « mer du sud », couvrant une superficie
de 166 341 700 Km2 , l’a baptisé, « océan pacifique » du fait du temps calme qu’il rencontra
lors de sa traversée, allant de la terre de feu jusqu’aux Philippines actuelles.
Débattre du concept de « Paix » est aujourd’hui une impérieuse nécessité, surtout pour nous
musulmans, ne serait ce que pour présenter à la face du monde la véritable philosophie
islamique de la Paix dans toute son authenticité. Cela nous permettra de balayer d’un revers
de main les accusations de « terrorisme » portées contre l’Islam. Le terme « terrorisme » est
entendu dans le sens d’un acte de guerre en temps de paix ou crime de guerre commis par un
organisme non étatique, qu’on veut faire supporter coûte que coûte à l’Islam.
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L’ISLAM, LOIN DES CLICHES, UNE RELIGION DE PAIX
L’Islam est une religion de tolérance, de paix et non de violence. Sa charte humaniste se lit
dans le dernier sermon du Prophète (Paix et Salut sur lui) à Arafat en l’an 10 de l’hégire (632)
à travers lequel il attire l’attention sur le sort des plus faibles tout en interdisant la domination,
la ségrégation, le racisme et l’exclusion sous toutes ses formes : « toute l'humanité descend
d’Adam. Un Arabe n'est pas supérieur à un non-Arabe et un non-Arabe n'est pas supérieur
à un Arabe... Ne point verser le sang inutilement et ne point détruire les biens, car le sang
et le bien des autres sont sacrés, le sang se paye par le sang».
Pourtant, on semble vouloir coller toujours à l’Islam l’étiquette de tous les fléaux,
notamment : terrorisme, morts de civils, jihadistes, déplacements de populations chassées de
leurs terroirs, carnages, atrocités, otages, rapts, etc. Qui plus est, les médias occidentaux nous
présentent ces conflits comme s’ils concernaient les 1 milliard 600 millions de musulmans qui
représentent 22,9% de la population mondiale.
D’ailleurs, comment l’Islam qui est une religion abrahamique, (millata Ibrahîm) ou religion
monothéiste pourrait-il recommander cela ? Ce serait une aberration.
La Paix considérée comme le facteur principal de l’équilibre d’une société, de sa cohésion, de
sa stabilité, se définit comme une situation de calme qui prévaut dans un espace géographique
donné et entre les individus qui y vivent et cela, depuis la nuit des temps jusqu’au terme de la
vie terrestre.
Dans le Coran qui est le livre par lequel DIEU s’adresse à toute l’humanité, il est dit :
« Nous ne t’avons envoyé que comme une Miséricorde pour l’humanité toute entière » (S21
V107)
« Nous t’avons envoyé pour prêcher l’islam à la totalité des hommes » (S34 V28).
Il est clair qu’avec ces deux versets, l’Islam jette les bases de l’édification des relations
internationales dans la fraternité et la cohésion positive.
Accepter que l’impasse causée par les faiseurs de mal soit imputée à l’Islam pose l’équation
de savoir s’il y a des arguments de défense qui infirment ou confirment ces accusations non
fondées.
A y voir de plus près, on serait tenté de s’interroger sur l’origine de l’appellation
« jihadisme ». N’est il pas né de la guerre en Afghanistan avec les soviétiques et l’entrée en
scène des turcs et des algériens ?
Si nous analysons l’intervention Américaine en Irak, il est bien évident qu’elle s’est
préoccupée de tout sauf du règlement des différends entre chiites, sunnites, chrétiens et
Kurdes. C’est ainsi que l’intervention en 2003 s’est soldée par la révolte des sunnites d’Irak
qui se sont finalement alliés avec les sunnites de la Syrie pour former le DAECH, avec
comme finalité la mise à côté du clan de Bashar al Assad, en tant que Chef d’une minorité
Alaouite.
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La guerre en Syrie et celle de l’Irak sont une suite logique de la guerre d’Afghanistan, qu’il
faut mettre dans le lot des derniers soubresauts de la guerre froide entre les Etats Unis et
l’Union Soviétique.
Avec ce résumé très bref qui s’inspire d’Olivier Roy1, spécialiste qui a écrit le célèbre livre
intitulé En quête de l’orient perdu, on peut déduire beaucoup d’ingrédients qui n’ont
absolument rien à voir avec l’Islam et qui ont pour noms leadership ou Islam politique. C’est
une guerre autour de laquelle la drogue a un enjeu de taille. Ce sont ces ingrédients que les
grandes puissances, en pleine guerre froide, ont continué d’utiliser pour mieux diviser le
monde musulman. Donc, ce sont eux les vrais acteurs du Jihadisme.
Nous convenons ensemble qu’il est établi dans l’Islam ce qui suit : « Tous les croyants sont
frères. Etablissez la concorde entre vos frères et craignez Allah afin qu’on vous fasse
miséricorde » (Coran S49 V10)
Afin de respecter donc cette ferme recommandation du Seigneur, les musulmans où qu’ils se
trouvent, sont des frères qui doivent toujours veiller à instaurer la paix au sein de la
communauté. En cas de dispute, de différends ou d’hostilités, il est un devoir pour eux de
rétablir la concorde, conformément à ce qui a été édicté dans le Livre de Dieu.
A ce sujet, le Coran dit aussi : « Si deux croyants se combattent, faites la réconciliation
entre eux. Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe qui se rebelle jusqu’à
ce qu’il se conforme à l’ordre d’Allah. Puis s’il se conforme, réconciliez-les avec justice et
soyez équitables, car Allah aime les équitables. » (Coran S49 V9)
Je pense qu’avec l’expérience du Khalife Ali ibn Abi Taleb, l’Islam a encore fait ses preuves
confirmées par le verset que nous venons de citer.
A Siffin, en l’an 37 de l’Hégire (juillet 657), au 1er et 2 safar, quand l’armée de Sayyidina Ali
ibn Abi Taleb prit le dessus sur Mouhawiyya Ibn Abi Sufyan, le commandant en chef de ce
dernier a subitement demandé l’arrêt des hostilités en accrochant des feuillets de Coran aux
lances des soldats.
C’est ainsi que Sayyidina Ali ibn Abi taleb arrêta systématiquement le combat. Quel savant !
Quel dévot ! Son entendement du Coran ne relève pas de l’ordinaire.
UNITE SUNNITE AUTOUR DE LA VOIE DU PACTE D’ALLEGEANCE, SEULE
ARME CONTRE LA DISSIDENCE ET LA DIVISION
L’islam s’est bâti sur la base d’une foi dont les fondements sont restés communs à tous les
musulmans, sous l’autorité d’un chef désigné sous le nom de khalife qui est le sommet de la
hiérarchie musulmane.
Ces Khalifes après le Prophète Mouhammad (Paix et Salut sur lui) sont donc successivement
Seyidina Abou Bakr, Seyidina Omar, Seyidina Ousmane et Seyidina Aly Ibn Abi Taleb.
Ce n’est que sous le règne du Khalif Ali que la dissidence Kharijite a eu lieu et après celle des
chiites qui constituent aujourd’hui la plus grande dissidence avec 10% des musulmans.
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En quête de l’Orient perdu, Jean-Louis Schlegel d’Olivier Roy
Edition Seuil, 324 p
6
Ici, il est bon et judicieux de distinguer dissidence et division, car différemment des idéaux
chiites et kharijites, on doit examiner l’origine des tendances dans les rangs des musulmans
du temps des Khalifes bien guidés (Khulafâ’u –r-Râshidûn), non pas entre le Khalife Ali et les
Kharijites ou les chiites avec la succession du Prophète (Paix et Salut sur lui), mais cette fois
sur les raisons profondes de l’antagonisme entre le Khalife Ali et Muawiya 1er.
Est-ce simplement l’assassinat du Khalife Ousmane que Muawiya prétendait venger à Siffin
et où il fut vaincu malgré l’effectif de son armée qui faisait 80 000 hommes ?
Est-ce la contestation de la nomination du Khalife Ali par Talha et Zubayr antérieurement à la
bataille de Siffin ?
Ces hypothèses concernaient uniquement les ennemis du Khalife Ali.
Mais en vérité, la question qu’il faut se poser c’est de savoir quelles étaient les motivations
profondes du Khalife Ali en allant camper aux environs de Bassora ?
Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que c’était dans le but d’exiger de
Mouawiyya Ibn Abu Soufyan de lui prêter serment d’allégeance en tant que Khalife des
musulmans pour que l’héritage du Serment d Allégeance ne disparaisse pas avec lui. Cet
homme, Mouhawiya en l’occurrence, est celui qui, après sa conversion à l’Islam lors de la
conquête de La Mecque en 630, a par la suite rejoint les rangs des compagnons du Prophète
(Paix et Salut sur lui) et fut même promu pour faire partie des scribes de l’Envoyé de Dieu
(Paix et Salut sur lui).
Le Khalife Ali y laissa la vie pour le respect de cette voie que le Prophète a laissée aux
musulmans, mais hélas, c’était le début de la dynastie des omeyyades.
C’est ainsi que le khalifat vira au pouvoir temporel (mulk) confirmant les dangers de l’amour
des biens et du pouvoir. Pourtant c’est dans l’adversité que le mulk a transhumé en
Andalousie et fut stoppé à Poitiers, alors que Médine reste Médine, la Mecque reste la
Mecque, et les deux le berceau de l’Islam.
Les épreuves étaient lourdes mais elles ont administré la vérité et l’héritage de l’Islam dans
les flots des contingences des musulmans.
J’ai simplement tenu à faire ce rappel sur un sujet qui demande de l’entregent, du doigté, car
les personnages en question sont tranchants et leur pouvoir spirituel reste actif aussi bien de
leur vivant, qu'après eux.
Le monde est aujourd’hui tumultueux ; le pouvoir est la soif de tout le monde ; le suint
cadavérique du trésor est le poison qui ne laisse personne en vie. On vend sa dignité pour
l’argent, on se vend à très bas prix que ce soit pour une crise aiguë de pauvreté, par intérêt
personnel ou par simple amour du bas monde. Ces vices sont aussi des ennemis de la paix.
Le flétrissement de l’Islam est donc dû essentiellement à la négligence dans la sauvegarde de
cet héritage glorieux qu’est le pacte d’allégeance, garant de la pleine satisfaction et de
l’assistance providentielle du Seigneur envers la Ummah.
Dieu dit dans le Coran :
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« Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t'ont (Muhammad) prêté le
serment d'allégeance sous l'arbre. Il a su ce qu'il y avait dans leurs cœurs, et a fait
descendre sur eux la quiétude, et Il les a récompensés par une victoire proche » [AlFath : 18]
LE RETOUR AUX VALEURS DE L’ISLAM, GAGE D’UNE PAIX DURABLE DANS
LE MONDE
Nous convenons que la Paix est un état d’esprit pour l’instauration de tout ce qui assure
l’apaisement, l’entente, l’acceptation, la tolérance, la tranquillité. Elle est aussi la règle de
conduite qui tempère les différends, les relations conflictuelles entre les individus et entre les
pays et les communautés en guerre.
C’est vrai que la paix, du point de vue des sciences humaines qui étudient la morale, les
comportements, les consciences et les inconsciences et tout ce qui relève de l’esprit, de
l’intelligence, de l’affectivité et du point de vue de la psychanalyse est un idéal social,
politique et aussi un idéal humaniste surtout.
Il est bien vrai qu’aujourd’hui que si la paix est l’un des thèmes d’actualité qui mérite le plus
d’attention, c’est parce que chacun est conscient des menaces qui pèsent sur l’équilibre et la
tranquillité du monde, des dangers et des risques qui peuvent du jour au lendemain conduire
l’humanité dans un chaos total.
La paix, on en parle tant, mais est-elle simplement individuelle pour qu’on en parle ? Est-elle
l’affaire de la communauté pour qu’on en parle ? Doit-elle être une paix globale, mondiale
pour concilier la paix des familles, des pays (une paix nationale et internationale), une paix
des échanges entre cultures, une paix à travers les âges, une paix dans l’histoire ?
De prime abord, avec un recours à la religion musulmane, l’Islam en l’occurrence, serait-il
permis de désespérer de la possibilité de réaliser la Paix ? Pourrait-on la poser comme
hypothétiquement ou catégoriquement réalisable ?
Est-ce que l’idéal de paix peut avoir lieu avec un faible pourcentage de chance ? Quelle est la
balance entre le possible et le favorable dans cet idéal de paix ?
Le monde pose l’idéal de paix comme vraisemblable, c’est à dire une réalité contenant une
apparence ou probabilité du vrai.
En recourant à l’Islam qui nous promet un havre de paix au terme de la vie, le Paradis en
l’occurrence où les humains seront récompensés de leur bonne conduite, la paix devient dès
lors une réalité et non une utopie comme le Calipolis dans la République de Platon (au 8ème
livre) ou l’Utopie de l’Eldorado dans Candide de Voltaire.
Cette Paix est donc une consécration que nous décrit le Coran en ces termes :
« Quant à ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, ce sont les meilleurs de
toute la création » (Coran S98 V7).
« Leur récompense auprès d’Allah sera les jardins de séjour sous lesquels coulent les
ruisseaux pour y demeurer éternellement. Allah les agrée et eux aussi agréent leur
Seigneur. Telle sera (la récompense) de celui qui craint son Seigneur (Coran S98 V8)
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L’Islam exige une contrepartie pour obtenir cette paix durable, voire éternelle ; c’est le salut
de l’au delà qui ne s’acquiert qu’en accomplissant le bien et en le recommandant, en exécrant
le mal et en le condamnant, en ayant horreur du mal, en l’abominant et en le haïssant dans ses
pratiques.
L’islam a aujourd’hui 14 siècles après sa forme accomplie. Nous n’accepterons donc pas
qu’on mette sur le dos de l’Islam gratuitement cette impasse que le monde traverse et tous les
crimes de guerre, de génocide et crimes contre l’humanité.
L’Islam est-il donc responsable des 132 années de crimes de guerre et crimes contre
l’humanité durant la guerre d’Algérie ? On se rappelle encore récemment les propos du
Président français Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Algérie en décembre 2007 « Ni excuse,
ni repentance», soutenant n’avoir pas connu la guerre d’Algérie, car n’étant pas de cette
génération ! »
Assurément, l’histoire pèse lourd. L’islam n’est pas à l’origine de cette situation qui est aux
antipodes de la paix. C’est plutôt la colonisation qui en est responsable avec son lot
d’atrocités, de massacres pendant la guerre d’indépendance ou guerre de libération avec le
FLN. C’est donc par les armes que les algériens ont obtenu la paix d’indépendance avec la
décolonisation.
Ce tableau sombre n’est pas du tout imputable à l’Islam, en dépit de toutes les tentatives de
stigmatisation émanant de ses détracteurs de toujours. C’est plutôt l’œuvre de la colonisation
avec la conquête de l’Algérie par la République Française (la 2ème) et la guerre de libération,
ou la guerre d’indépendance avec la 5ème République. Ce sont des massacres, des atrocités
sans nom. Le code de l’indigénat à lui seul suffit pour montrer l’inhumanité et la barbarie de
la colonisation : expropriation, déportation, exactions n’épargnant personne (bébés, femmes,
adultes, vieillards). Ce terrorisme très barbare n’est pas imputable à l’Islam.
On me rétorquera peut-être d’être allé trop loin, au-delà même des frontières du Sénégal qui
est mon pays. C’est vrai, mais nous allons y revenir avec l’exemple du Mouridisme qui a
résisté à cette terreur au moyen de la paix de l’Islam.
Tous les auteurs de ce mal sont exclus d’office des idéaux de paix à instaurer, car ce sont eux
les ennemis de la paix.
L’Islam est t-il à l’origine de la SHOA qui est une catastrophe contre les idéaux de paix ?
Cette fois, le responsable n’est autre que l’Allemagne Nazie avec l’extermination de 6
millions de juifs sur une population de 14 millions, soit donc 40% de victimes.
Comment peut-on inviter des ennemis de la paix autour d’une table sur la paix qui commence
par le respect du droit des hommes et des peuples ? C’est dire qu’ils sont exclus d’office.
La SHOA compte parmi ses prolongements funestes :
- La privation de nourriture jusqu’à ce que mort s’ensuive
- Les pelotons d’exécution
- Le travail forcé
- La mise à mort dans des chambres à gaz et des camions à gaz
- L’extermination dans des fours crématoires et la dispersion des cendres
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L’humanité n’a pas encore connu un génocide d’une telle ampleur.
Ceci n’est pas l’œuvre des palestiniens et au delà de leurs personnes, non plus celle de l’Islam,
qu’il faut laisser tranquille.
De plus en plus, l’Islam est blanchi et il s’est fait élever à la présidence de séance de cette
université de la paix, de ce forum qui se tient dans la ville sainte de Touba dont le nom
signifie bonheur.
Par ailleurs, dites moi quelle est la part de responsabilité de l’Islam dans le génocide arménien
avec la déportation et le massacre de 1 200 000 personnes ? Les kurdes y ont joué un rôle de
vengeance et d’opportunisme. Aujourd’hui, ils récoltent ce qu’ils ont semé ; c’est en tout cas
ce qui est conforme aux enseignements de DIEU dans le Coran.
S’agissant des turcs ottomans, je les conseille de distinguer l’idéologie nationaliste turque et
l’Islam.
Le forum est une Université, il est donc ouvert à tout le monde sans distinction, mais il se
tient dans la dialectique des faiseurs de paix, par conséquent ceux-là qui sont les diables du
mal, les fossoyeurs de la paix risquent d’éprouver un certain malaise. Heureusement que les
clefs de la repentance et du rachat s’apprennent avec la philosophie islamique de la paix.
Nous ne nous lasserons jamais de rappeler avec insistance le dernier sermon de l’Envoyé de
Dieu (Paix et Salut sur Lui) à Arafat: « Ô hommes ! Certes votre Seigneur est un, et votre
aïeul est un. L’Arabe n’a pas de mérite sur le non-arabe, ni celui-ci sur l’Arabe, le blanc n’a
pas de mérite sur le noir, ni celui-ci sur le blanc ; sauf par la piété ».
« Considérez la vie et la propriété des autres comme sacrées. Rendez les biens qu'on vous a
prêtés à leurs propriétaires de droit. Ne faites de mal à personne de façon à ce qu'on ne vous
fasse pas de mal ».
Le Coran nous dira également : « Béni soit Celui qui fit descendre le Discernement Absolu
(Coran) sur son Esclave pour qu’il soit un Avertisseur pour les habitants de ce monde
(hommes et djinns). » (Coran S25 V1)
La question fondamentale est de savoir en quoi il est avertisseur ; c’est uniquement en ce qui
concerne la mission de l’homme sur terre ; lui qui a été créé pour adorer Dieu en suivant son
Envoyé et en retournant à Dieu où l’attend bonheur ou malheur.
L’islam avec 14 siècles d’existence est aujourd’hui la première religion du monde2, malgré
toutes les agressions et les multiples combats menés contre lui.
A la lumière des enseignements du Coran, il est aujourd’hui facile de démontrer que durant
tout le processus de l’histoire, toutes les expériences regrettables contraires aux idéaux de
paix constatées dans le monde musulman sont dues au fait que les peuples se sont éloignés du
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le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,661 milliard, c'est-à-dire 22,9 % de la population
mondiale. La diffusion de l'islam hors du monde arabe s'explique par les migrations et les conversions.
L'islam est aujourd'hui la religion ayant la plus forte croissance démographique. Source Wikipédia.
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Message de Dieu pour mettre en avant la gloire et l’amour du bas monde, vices contre
lesquels l’Envoyé de Dieu (Paix et Salut sur lui) nous avait pourtant sévèrement mis en garde.
Le Prophète (Paix et Salut sur lui) avait dit : «ce que je crains le plus pour ma communauté,
c’est l’hypocrisie et la passion plus dissimulée que la fourmi noire sur le rocher dur dans la
nuit obscure. Ce péché étant si sournois que personne ne peut s’en préserver : savants,
dévots, hommes purs».
Quand bien même on s’efforcerait de ne pas succomber aux passions en s’adonnant aux
diverses pratiques religieuses, on ne pourrait s’empêcher de convoiter ce qui rend rebelle à
Dieu. (Voir Ihyâ Ulum -ud-din. Chapitre sur la Gloire et l'Hypocrisie)
Voilà en vérité les causes profondes de toute décadence ou flétrissement constatés dans
l’évolution des sociétés musulmanes depuis le rappel à Dieu du Prophète (Paix et Salut sur
Lui). Or ces causes n’outrepassent guère l’amour du bas monde, la quête effrénée du pouvoir,
l’argent, la vanité, l’orgueil et l’ostentation. Ils ont poussé des musulmans très connus à
refuser l’allégeance sincère aux Khalifes bien guidés (Khulafâ’ur Râshidûn) ; ils ont créé des
guerres civiles musulmanes pour se maintenir à leurs postes, chacun se cramponnant à son
gouvernement oubliant qu’il a été nommé.
Toutefois, l’Islam a su résister devant toutes ces situations difficiles et revendique aujourd’hui
la première place dans cette université de la paix.
Donc la paix de l’Islam sur la table de ce forum d’échanges est admise d’office ; mais avant
de continuer d’admettre les autres, on se demandera où sont ceux qui ont toujours combattu
l’Islam ?
- Le capitalisme est en voie de disparition dans les annales ; ce n’est pas qu’il rejette
manifestement la religion mais pour lui, c’est l’homme qui légifère et son option est
la séparation de la religion et de l’état.
- Le communisme quant à lui, après avoir scandé avoir tué DIEU d’office, n’a pas
échappé à la mort. Il nous a toujours perturbés avec son slogan : « la religion est
l’opium du peuple. »
La mort de cette idéologie ne cesse de se confirmer avec les dernières lueurs de la guerre
froide. L’Islam quant à lui déclare :
« Point de contrainte en religion » (S2V256)
« Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité » S2 V286.
Le forum est une table ronde démocratique inclusive qui n’exclut donc personne, même pas
l’église qui a accompagné Christophe Colomb et Isabelle de Castille contre les indigènes ou
même les porteurs de bijoux en or.
Les espagnols ont récupéré l’initiative à la recherche de l’eldorado (pays d’or). Quel
effroyable génocide des indiens ? Ces indigènes du nouveau monde (les indiens) étaient pour
eux un cheptel à remplacer.
Dans livre noir d’un génocide, un homme d’église du nom de Bartholomé de Las Casas, un
dominicain raconte les horreurs à Hispaniola : « lorsque les espagnols rentrent dans un
territoire insoumis ou soupçonné de le devenir, ils se comportaient avec une incroyable
cruauté (…) Ils entraient dans les villages et il n’y avait ni enfants, ni vieillards, ni femmes
enceintes, ou qui venaient fraichement d’accoucher qu’ils n’éventrassent ou ne mirent en
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morceaux comme s’ils tuaient des agneaux dans la bergerie. Ils faisaient des paris pour savoir
qui d’un coup de sabre fendrait un homme en deux ou lui couperait la tête d’un simple coup
de dague, ou lui ouvrirait les entrailles. Ils arrachaient les nouveaux nés du sein de leurs mères
et les prenaient par les jambes, ils les jetaient la tête en avant contre les rochers ; ou bien, ils
les poussaient à les renverser dans les rivières et les noyaient dans l’eau ; ils s’exclamaient en
riant : « mon vieux comme ils frétillent !».
Pour la suite, je vous renvoie au livre noir d’un génocide. Quand les indiens arrivaient à tuer
un chrétien, la contrepartie c’était l’assassinat de cent (100) de leur côté, en guise de
représailles.
Le prêche du père San Antonio de Montesinos, prononcé à l’église de Santo Domingo devant
les annales de la lutte anti esclavagiste, avait provoqué un grand scandale.
« Vous êtes tous en état de péché mortel », lança-t-il à la face de l’assemblée.
« Dites de quel droit vous tenez les indiens en si horrible servitude ?
« Au nom de quelle autorité vous avez fait de si détestables guerres à ces êtres doux et
pacifiques qui se trouvaient sur leurs terres?»
Il faut bien noter ici que « pacifique » est un adjectif dérivé du vocable paix.
A quand la paix absolue ? Il est difficile de répondre à cette question, car certains aspects ont
troublé la tranquillité des droits des peuples : il s’agit de l’esclavage, du racisme et de la
discrimination.
Ce n’est qu’avec les grecs, les romains et les égyptiens que ces pratiques étaient devenues
monnaie courante ; d’autres fléaux tels que la xénophobie et les guerres étaient venus s’y
ajouter.
S’agissant de la tranquillité et des idéaux de paix, ce qu’on peut affirmer sans risque de se
tromper, c’est que depuis la nuit des temps, il y a des artisans de la paix et des acteurs
œuvrant pour le contraire. Cette difficulté de la défense de la paix est aujourd’hui confirmée
par plusieurs exemples dont les accusations mutuelles entre le Hamas et les sionistes ;
l’OTAN est accusée de faire toujours la guerre pour la paix et rencontre le mépris dans ces
initiatives « No To NATO, No to war ».
Les anti-balaka sont des miliciens ennemis de la paix qui se livrent à des exactions de tous
ordres ou des lynchages à Bangui (Centrafrique). Comment peut-on, dans une République, se
réclamer de groupe d’autodéfense ?
Comment aussi les Séléka, coalition d’agresseurs entre tchadiens, libyens et soudanais, sous
le prétexte du pétrole, militent-ils pour la paix ? Ils se sont érigés en ennemis de la paix et
continuent de faire payer le prix à d’autres civils innocents.
Quand donc aurons nous la paix dont les idéaux ont été toujours piétinés par l’esclavage en
Afrique ? 400 ans de trafic triangulaire qui ont perturbé la quiétude et les consciences ; un
commerce d’êtres humains dans les axes Europe-Afrique, Afrique-Amérique, AmériqueEurope, une véritable honte ! C’est Dieu et Dieu seul qui y a mis Sa Grâce sinon ce serait la
pire des calamités qui allait vider le monde.
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Les ennemis de la paix comme on les appelle, ont aussitôt entamé la colonisation, après ce
commerce fait de voyage sans retour et qui, avec la paix revenue, accouche d’un président
noir : celui de la première puissance mondiale. « No comment about colonisation ».
La réponse qui rejette ce produit c’est la décolonisation. A la première étape de conquête des
territoires a succédé l’assimilation des colonies aux valeurs de l’occident avant que ne soit
abordée la dernière phase celle de la décolonisation.
REHABILITATION DES VALEURS DE PAIX PAR LE SERVITEUR DU
PROPHETE (Khadimou Rassûl)
C’est dans un tel contexte que l’Administration coloniale a retrouvé en face d’elle un fervent
musulman, un ardent serviteur du Prophète (Paix et Salut sur lui) qui a relevé le défi de la
domination sans verser le sang, mais qui n’a pas non plus vu la petite goutte de son sang coule
avec la protection inviolable de son Seigneur.
Cheikh Ahmadou Bamba avait compris que le sang se paie par le sang, même le sang versé
par inadvertance n’est pas exempt de sanction.
Il a défendu les droits à la paix des peuples au nom de l’Islam.
Dans sa démarche, c’est comme s’il déclarait ouvertement à l’Administration coloniale ce qui
suit : « Emmenez moi et laissez le peuple ; je ne les embarquerai pas ; je ne vous laisserai pas
les tuer ou les décimer. Si vous êtes capables de me nuire ou de mettre fin à mes
enseignements, montrez-le moi. Je suis seul, sans armes et je ne dérogerai pas à la Loi de
Dieu, je ne tricherai pas sur la vérité, je suis intransigeant dans ma foi en Dieu, en son Envoyé
et en son Livre ».
L’échec des ennemis qui ont cherché vainement à le tuer aurait largement suffi pour dire que
la paix de l’Islam a solidement fixé ses racines à TOUBA dont Cheikh Ahmadou Bamba est
le fondateur.
Après cette étape, il a pardonné ses ennemis et cohabité avec eux en développant la culture
islamique avec sérénité. Il n’a pas fondé une confrérie ; il a ratissé large pour accueillir tout le
monde.
Sa mission a donc une portée universelle et s’inscrit dans le service rendu au Prophète de
l’Islam (Paix et Salut sur Lui). Il n’a pas proposé une nouvelle voie, une voie autre que
l’Islam.
Il a déclaré à ce propos : « Je n’ai point fondé une confrérie (TARÎQA), j’ai plutôt trouvé la
voie qu’avait scrupuleusement suivie le Prophète et ses compagnons entièrement flétrie, je
l’ai défrichée le plus proprement, je l’ai également rénovée dans toute son originalité et lancé
l’appel suivant : tout pèlerin qui désire partir, peut venir voici la voie réhabilitée : cette voie
est celle du pacte d’allégeance». Source : sermon de Serigne Abdou Ahad Mbacké, 3 ème khalif du
Mouridisme, korité 1986.
Avec la tolérance de l’Islam, il n a jamais contraint quelqu’un à se convertir à l’Islam ou à
devenir son disciple. Il n’a fait que suivre l’exemple et les enseignements du Prophète (Paix
et Salut sur Lui), car le Coran dit : « point de contrainte en religion » S2 V256
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Selon Ibn Abass, le médinois des Banu Salam ibn Awfu appelé Al Husseyn, ayant embrassé
l’Islam, voulait contraindre ses deux fils chrétiens à en faire autant. Lorsqu’il demanda au
Prophète (Paix et Salut sur lui) s’il pouvait les y contraindre, DIEU fit descendre le verset que
nous venons de citer.
Il y a beaucoup d’autres exemples ; on peut citer celui de Thoumâma ibn Athâl al-Hanafi qui
refusa de se convertir après que le Prophète (Paix et Salut sur lui) le lui conseilla parce qu’il
était prisonnier. Il refusa et le Prophète (Paix et Salut sur lui) lui rendit sa liberté. Cette
attitude le toucha et il se convertit à l’Islam et dit au Prophète (Paix et Salut sur lui) :
« j’avoue que je te haïssais et maintenant j’éprouve la plus profonde estime pour toi, je rallie
de tout cœur l’islam que je détestais au plus haut point »
Point de fanatisme en Islam. Comment une religion de tolérance et de fraternité peut-elle
accepter le fanatisme nous dit Ali Bechebichy (Egypte).
« Dieu peut faire naître la paix entre vous et ceux qui furent vos ennemis. Certes Dieu est
Omnipotent, Pardonnateur et Très Miséricordieux.
DIEU vous invite à être bon et équitable envers ceux qui n’attaquent pas votre religion et
ne vous chassent pas de vos foyers. Dieu préfère ceux qui agissent avec justice. (Coran S6
V7-8)
Regardez l’attitude de l’Islam avec le butin de Khaybar. Il y avait plusieurs exemplaires de la
bible que le Prophète Mouhammad (Paix et Salut sur lui) a rendus aux juifs lorsqu’ils les ont
réclamés. Ce qui n’est pas le cas des romains à leur entrée à Jérusalem, car ils ont brulé tous
les livres saints. Les chrétiens ont brulé les exemplaires du Saint Coran après la reconquête de
l’Andalousie. En Egypte, l’occupant est entré dans la mosquée d’Al Azhar et a brulé tous les
exemplaires du Saint Coran et les a même piétinés.
Haruna Rachid n’a t il pas confié la gestion des écoles musulmanes au juif Yohama ibn
Massouch ?
N’oubliez pas que le Prophète et ses compagnons s’étaient illustrés dans leur comportement
exemplaire avec leurs voisins dans ce monde.
Rappelez-vous du voisin non musulman qui jetait des ordures dans la maison du Prophète
(Paix et Salut sur lui) chaque jour. Un jour, le Prophète (Paix et Salut sur lui) n’ayant pas vu
les ordures, est allé lui rendre visite, craignant qu’il lui soit arrivé quelque chose et ce dernier,
voyant le Prophète (Paix et Salut sur lui), s’est converti à la religion musulmane qu’il haïssait
tant.
Voilà donc, nous comprenons enfin que la tolérance en Islam est un facteur de coopération,
d’amitié entre les personnes et les peuples, elle entraine la coexistence pacifique, le respect
mutuel et l’égalité entre la communauté musulmane et les autres communautés du monde.
L’Islam interdit la barbarie et déclare que la paix et la fraternité doivent être à la base des
relations entre les humains. Cela se trouve dans le Saint Coran.
« O hommes nous vous avons créés d’Adam et de Eve et nous vous avons constitués en
confédérations et en tribus. « Ne rivalisez pas de gloire car le plus méritant selon DIEU,
c’est celui qui le craint le plus." (Coran S49 V13)
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L’islam a toujours défendu d’attaquer les civils : « limitez votre combat à ceux qui vous
attaquent. Dieu n’aime pas les dérives ». Coran sourate 2 verset 190
L’islam a une attitude très noble envers les ennemis. Abou Daoud et Ahmad racontent que
Seyyidina Mouhamad (Paix et Salut sur Lui) après avoir envoyé une expédition contre les
infidèles, ordonna au commandant d’épargner les vieillards et de ne pas s’acharner sur les
victimes. Il recommanda d’être juste envers les vaincus. « Si vous êtes vainqueurs, épargnez
les vieillards, les femmes et les enfants, ne brûlez pas les récoltes, n’abattez que le bétail
nécessaire à votre nourriture, si vous rencontrez des moines sur votre chemin laissez les à leur
contemplation et ne détruisez pas leurs monastères. » Dans Sahih Mouslim.
L’Islam recommande le bon traitement des prisonniers de guerre. Il recommande qu’on donne
la liberté à celui qui fait la profession de foi même si l’on doute de sa sincérité.
L’Islam, grand militant de la Paix a dit s’agissant du butin :
« O croyants, si vous êtes en guerre pour les causes de DIEU ayez une pleine conscience
de vos actes, ne repoussez pas la main tendue de l’ennemi, mus par l’appât des biens
terrestres (butins) en disant : tu n’es pas un croyant. Les richesses de DIEU sont infiniment
innombrables, il fut un temps où vous aussi vous n’étiez pas croyant mais DIEU a versé la
foi dans votre cœur. Agissez donc avec discernement » Coran S4 V94.
L’Islam a toujours défendu d’engager un combat sans déclaration préalable de guerre ainsi
que d’attaquer par surprise. Si l’adversaire demande la paix, il faut arrêter les hostilités
systématiquement : « s’ils te proposent la paix accepte là et confie-toi à DIEU si jamais tu
es victime de fourberie, Dieu te soutiendra » Coran S8 V61-62.
En guise d’illustration, prenons l’exemple du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou
Bamba dans l’application de la paix selon les enseignements de l’Islam.
Il a été arrêté en 1895 par l’Administration coloniale française en vue d’être emprisonné,
éliminé ou exilé. A Saint-Louis, ils ont vainement tenté de le liquider physiquement, et pour
preuve, ils l’ont même livré à un lion affamé dans une cellule.
Après donc une vaine tentative de l’éliminer, le Conseil privé, cette juridiction d’exception
mise en place par la France Coloniale et manipulée à sa guise pour assouvir sa soif de
domination, a délibéré sur son sort, se fondant sur de fausses accusations et de calomnies. La
sentence prononcée fut de « l’exiler au Gabon jusqu’à ce que l’agitation causée par ses
enseignements soit oubliée au Sénégal ». Voir rapport du Conseil Privé le 05 septembre 1895.
A Dakar, il a été mis dans une chambre à gaz, mais rien n’y fit. Il s’embarqua ensuite vers une
destination de bagne très cynique. Il y endura près de huit années durant, toutes formes
d’épreuves, de persécutions, d’exactions, de brimades et d’offenses, mais tout cet arsenal resta
sans effet devant sa foi incorruptible et son abandon confiant en DIEU. C’est donc après une
vaine tentative de liquidation qu’ils ont décidé de le ramener et de faire la paix avec lui.
Il n’était pas accompagné, il était seul contre toute la puissance coloniale française. Accusé
pour l’influence qu’il exerçait sur le peuple, il n’a pourtant pas utilisé le peuple, car il craint
son Seigneur qui interdit de verser le sang des autres.
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Il n’avait d’armes, si ce n’est le Livre de DIEU, (le Coran) dans ses mains, son Compagnon
inséparable, toute sa vie durant.
Du Gabon à son retour au Sénégal, son influence ne cessait de grandir, il fut à nouveau
déporté en Mauritanie, et il n’était plus question cette fois d’une tentative de liquidation
physique mais plutôt d’un éloignement en vue d’endiguer son influence.
Et lorsque cette politique ne donna rien et se solda par un échec, il fut ramené à la case de
départ. Il disait non au colonialiste quand il le fallait et ce, du gouverneur aux administrateurs
de cercles. Il ne reconnaissait leur autorité que sur ce qui est légitime et légal.
Il dénonçait les aristocrates locaux pour leurs injustices, leur dictature, leurs abus et leur
arbitraire. Il était un libérateur des populations sans avoir besoin de les engager dans un
combat par les armes. Plutôt, il assumait seul les épreuves pour leur bonheur. Les maux de la
société et les griefs du peuple trouvaient solution en sa personne et dans sa conduite.
Il est celui qui, en 1875, à la suite de la bataille de Samba Sadio entre Lat Dior le roi du Cayor
et Amadou Cheikhou Ba de Ouro Madiyou, a refusé l’allégeance de Ibrahima Macodou Diop,
demi frère de Lat Dior, qui se convertit à l'Islam et vint se confier à lui pour qu’il soit son
guide spirituel. Cheikh Ahmadou Bamba lui recommanda aussitôt de rendre toute la partie de
ses biens qui appartenaient au butin de guerre de Samba Sadio et de libérer les esclaves
capturés et qui étaient sous sa coupe avant d’accepter son allégeance.
N’hésitez donc pas à me demander son secret et où résidait la puissance de ses armes ! Je
vous répondrais : ce sont les armes de la paix, ces valeurs universelles de l’Islam que tous les
musulmans du monde ont en partage, il s’agit notamment de :
- La foi en Dieu,
- l’observance des recommandations du Saint Coran, Livre de commandements et
d’interdits
- La confiance en la véracité du message des Envoyés de Dieu.
Voilà les armes avec lesquelles il combattait devant toutes les épreuves et qui ont fait que les
peuples voyaient en lui la solution de leurs griefs.
Il n’a pas sa paix à lui, ni une paix différente de celle enseignée par l’Envoyé de Dieu (Paix et
Salut sur Lui). Il n’a fait que se conformer rigoureusement à l’héritage de l’Islam.
Que la Paix, le Salut et la bénédiction de Dieu soient le Prophète Mouhammad, sur sa famille,
sur ses compagnons et sur ses nobles serviteurs.
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NOTE SUR L’AUTEUR
Serigne Atou Diagne est le responsable moral de l’organisation islamique du
mouridisme, Hizbut-Tarqiyyah (ex-Dahira des Etudiants Mourides de l’Université
Cheikh Anta Diop de Dakar), fondée au cours de l’année académique 1975-76
ème
avec la bénédiction de Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, 3
Khalif Général des
Mourides (1968-1989).
Né en 1951 à Mékhé (Sénégal), il a passé sa prime jeunesse en Gambie où, après
ses études primaires en français, il est revenu au Sénégal, à Kaolack, où il a eu
son baccalauréat. A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a obtenu sa licence
et sa maîtrise. Il est géographe spécialisé en géophysique appliquée.
Membre fondateur de l’organisation, son cursus est marqué par un engagement
constant à sauvegarder et à développer le cadre de référence de l’entité (la
Daara) qui, en tant qu’œuvre de civilisation, permet aux membres de bénéficier d’une transformation
qualitative, en référence au système de valeurs islamiques enseignées par Cheikh Ahmadou Bamba.
Son expérience à la tête du comité scientifique de Hizbut-Tarqiyyah dans la traduction de plusieurs ouvrages de
Cheikh Ahmadou Bamba et dans les travaux d’études et de recherches sur le mouridisme remonte à plus d’une
trentaine d’années. Cette expertise a abouti en 2007 à la création de l’Institut International d’Etudes et de
Recherche sur le Mouridisme (IIERM) dont il est le recteur.
Chercheur spécialisé sur le Mouridisme, il est l’auteur de plusieurs publications, articles et communications,
autour de différents thèmes comme l’action de grâce à l’occasion du Grand Magal de Touba, l’hagiographie du
Mouridisme, la réhabilitation des valeurs culturelles de base de l’Islam, etc.
Au niveau international, il a participé en 2006 au prestigieux programme « International Visitors Leadership
Programs » au Etats-Unis qui l’a mené dans plusieurs Etats. Il a aussi animé des conférences dans les grandes
universités comme le « Western Washington University » (Belingham) et à Calabar (Cross River - Nigéria) sur
invitation de l’UNESCO, dans le cadre du projet « la route de l’esclave » en 2011.
Dans le domaine de la culture et de l’éducation, il est le promoteur du groupe scolaire Daroul Alimoul Khabîr de
Hizbut-Tarqiyyah pour l’enseignement arabo-musulman du préscolaire au secondaire, avec en perspective un
projet d’université à Touba.
Il a également occupé des fonctions très importantes au service de la communauté mouride, sous l’égide des
ème
différents Khalifes comme, la présidence de la Task Force créée par le 5 Khalif du Mouridisme, Cheikh Saliou
Mbacké, pour le pilotage des Grands Travaux d’Aménagement de la ville de Touba (2006-2007). Il a été
Président du Conseil d’Administration de l’Hôpital Matlaboul Fawzayni de Touba de 2006 à 2010.
Il est le commissaire des Grandes Expositions sur le Mouridisme dont la première édition remonte à 2010, à
l’occasion de la célébration du Grand-Magal de Touba. Ce grand rendez-vous de l’agenda culturel du Grand
Magal de Touba se tient en collaboration avec le Comité d’Organisation du Grand Magal de Touba dirigé par
Serigne Cheikh Bassirou Mbacké ibn Serigne Abdou Khadr Mbacké.
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