Jean-Patrick Capdevielle

Transcription

Jean-Patrick Capdevielle
Les Glandeurs Nature
Manu Dibango
au Casino de Paris
Néné, Sev & Bichoko forment le Trio des
Glandeurs Nature.Trois trentenaires un peu
loosers et attachants qui ont des idées sur tout,
ne revendiquent rien si ce n’est leur liberté de
ton. Ils sont occupés à ne rien faire et passent
leur temps à porter un regard décalé et plein
d’humour sur le monde qui les entoure. Au Petit
Gymnase avec un nouveau producteur et Smaïn à la
mise en scène. Où ? 38 bd Bonne nouvelle, Paris 10e.
Tél. : 01 42 46 94 82. www.theatredugymnase.com
Grâce à lui, pour la première fois l'Afrique, sous la
forme du makossa camerounais, pointait son nez
dans la soul, héritière du jazz et du rythm'n blues. S'il
se définit lui-même comme un afro-européen, Manu
Dibango est sans doute devenu avec le temps, un
moteur important de la création métissée dans le
paysage musical francophone. Quand ? 20 mars, 20h.
Où ? 16, rue de Clichy, Paris 9e. Rés. : 08 926 98 926
"Line-up" fête ses 4 ans
Le REDLIGHT & FREDB reçoit pour sa premiere
date en france le DJ Croate Ilija Rudman fondateur
du label REDMUSIC. Il joura aux cotés de Paco et
Kriss. Des compils, des T.shirts seront offert
durant la soirée. Before au Mixer Bar dès 20h avec
un guest surprise...
Redlight, 34 rue du Depart, Paris 15e.
M° Montparnasse. Mixer Bar, 23 rue Sainte
Croix de la Brotennerie Paris 3e. M° Hotel de
ville. Tél. : 06 69 09 98 08
vous lancer avec brio et succès
dans un genre musical nouveau
à l'époque le "néo-opératique”
qui a connu un énorme succès.
Ne pensez-vous pas être inconstant ?
J’ai ce côté, c’est vrai, velléitaire.
J’ai été un fils unique, un enfant
gâté et en fait, je crois que c’est la
raison pour laquelle j’ai une peur
viscérale de l’ennui.
NOUVEL ALBUM « HÉRÉTIQUE 13 »
Jean-Patrick Capdevielle
Cet enfant du rock inclassable à la voix joliment éraillée, à l’itinéraire tourmenté
et à la gueule des personnages de Richard Brautigan, rompt enfin quinze années
de silence avec un nouvel album (le treizième) au titre frondeur : hérétique 13
et certainement le plus engagé et abouti de sa carrière et qui fait un bien fou
par les temps qui courent, souvent nausébonds… Interview avec un vrai artiste
précieux, franc-tireur, libre, sincère, rebelle, à rebours des canons classiques
de certains chanteurs formatés par la grosse artillerie du show business.
Propos recueillis par Dominique PARRAVANO
foule a souvent, voire toujours tort.
Je ne me sens pas à part. Je pense
que je suis un mec normal.
pour être aimé mais pour faire la
musique que j’aimais.
Enfin, la critique vous a souvent
éreinté tout de même… Vous vous
êtes vu accusé de Springsteenisme
et de Dylanisme latents…
C’est vrai que cette tension entre la
critique et ma musique a été très
forte, effectivement. Je me suis vu
accusé de Springsteenisme et de
Dylanisme latents. Afin de justifier
ces critiques acerbes, j’ai enregistré
“Ennemi public”, puis un double
album live “Dernier rappel” qui
constitue en fait mon testament antirock critique. Je pense sincèrement
que j’ai fait ce que ces rocks
critiques auraient fait s’ils avaient eu
la chance d’être chanteurs. J’étais
par conséquent devenu gênant, je
les avais devancés.
Hérétique # 13" est votre nouvel
album après quinze ans de
silence. Pourquoi avoir mis autant
de temps à vous y remettre ?
“
Vous avez intitulé vos albums
respectivement “politiquement
correct”, puis "L'ennemi public",
puis votre live “Dernier rappel” ,
sorte de testament anti-rock
critique et, enfin, votre dernier
opus "Hérétique # 13".
Essayez-vous de trouver des titres
accrocheurs pour chatouiller les
medias ou vous sentez-vous
vraiment mal aimé, à part ?
L’accroche est importante. J’aime
retenir le regard et attirer l’oreille.
Je ne me sens pas mal aimé.
Au contraire, je ressens un vrai
engouement du public avec la sortie
de cet album, notamment sur mon
site internet. J’ai fait ce métier non
Hérétique, c’est votre côté
dissident ? L’hérétique est celui
qui connaît les dogmes de la foi
mais les altère ou les combat.
Vous sentez-vous à part dans le
paysage de la chanson française ?
Ce titre me correspond bien. Je suis
contre le politiquement correct, la
pensée unique. Je ne peux pas
hurler avec les loups. Pour moi, la
Est-ce que cet album est le plus fort
que vous ayez fait depuis “Vue sur
cour” où vous vous êtes très investi
et qui correspondait à un nouveau
baptême du feu pour vous…
Avec “Vue sur cour”, je n’avais
à l’époque jamais été aussi loin car
c’était le disque d’un groupe et qui
m’était alors le plus essentiel.
Un album où je m’étais le plus
investi et qui m’était absolument
nécessaire. Quant à celui-ci, il est
non seulement très rock mais de
surcroît c’est celui où je me suis
interdit le moins de choses.
Un album d’auteur compositeur
interprète totalement libre. L’énergie
et l’audace y sont plus grandes
avec la défonce en moins.
Vous avez vraiment tout arrêté ?
Vous avez toujours eu pourtant le
goût du pire…
C’est vrai mais je ne supporte plus
du tout cela. C’était une époque
d’excès où l’on goûtait à tout :
l’alcool, le sexe et la drogue.
J’ai souvent eu l’envie de renoncer
à tout avec l’impression de manquer
de vrai combat. Mais, j’aime trop
la vie. Je la regarde encore en
gamin. Léo Ferré me voyant fumer
joint sur joint m’a un jour
réprimandé et je l’ai traité de
vieux con ! Mais, on a très vite
discuté tranquillement car c’est
quelqu’un qui aimait la résistance,
la contradiction.
Vous sortez votre album avec
un distributeur indépendant.
C’est par peur de perdre votre
liberté artistique ?
Au départ, je ne voulais pas de label
du tout. Je ne voulais pas de major
multinationale avec des gens
fraichement émoulus des écoles
de commerces et où le marketing
Je ne cherche pas
à exprimer ce que la majorité
pense”
J’ai fait d’autres choses entre temps
et je n’en avais pas spécialement
envie. Cet album m’est tombé
dessus un peu par hasard fin 2004
et puis l’inspiration m’est revenue
naturellement…
prime avant la création artistique.
La primauté au mercantilisme
m’effraie et contribue à la
paupérisation de la créativité
artistique. Là, avec ce label, j’ai
eu une liberté totale.
Vous dites avoir fait beaucoup de
choses entre temps. En effet, je
crois savoir que vous êtes parti
faire des études de cinéma à UCLA ;
avez réalisé quelques clips mais
vous vous êtes vite lassé avant de
Votre album a fait l’objet d’un
assez brillant début de carrière sur
le net -…Une réaction par rapport
à cet engouement ?
J’y ai été très sensible. Cela m’a
énormément touché de voir une
telle attente du public et une telle
implication pour certains.
Ne pensez-vous pas que c’est
simplement parce que vous avez
une poésie discordante par rapport
à ce qu’on nous sert à longueur
d’ondes et que votre côté libertaire
(libre de ne pas se taire)
représente une oasis de liberté
dans le paysage musical aseptisé
actuel ?
Peut-être. Je ne fais rien pour
pourtant. Avant, ma poésie et mon
monde étaient davantage fantasmés.
Aujourd’hui, je parle de la réalité.
Je dis ce que j’éprouve. La dictature
de la pensée unique ne m’intéresse
pas. La bienséance, le politiquement
correct m’insupporte. J’en viendrais
à détester l’Abbé Pierre car il est
de bon ton de bien l’aimer. Je ne
cherche pas exprimer ce que la
majorité pense.
Dans "Hérétique #13", vous
abordez avec ironie des sujets
aussi divers que la morosité de
l'époque reflétée par la télévision,
la menace de l'impérialisme
américain, la menace d'une
dictature souriante, le leurre
de la démocratie… Vous
considérez–vous comme un artiste
témoin de son temps et des
préoccupations de ses
contemporains ?
Oui, forcément cela me nourrit
et m’inspire mais cet album est
lumineux, vous savez.
La réalisation d'Hérétique #13"
semble avoir passionné bon
nombre de musiciens de la scène
rock actuelle: Philippe Almosnino
des Wampas , David Hallyday
et puis Jen Jordan – la chanteuse
du mythique "Mary Modified" –
qui chante en duo avec vous…
Quel effet cela vous fait-il d'être
soudain reconnu par des
musiciens aussi divers ?
C’est ce qui m’a fait le plus
plaisir. Cette reconnaissance et cet
engouement de mes pairs, c’est
au-dessus de tout le reste ce qui
me comble et m’émeut le plus.
Comment qualifiez-vous votre
musique ?
J'essaie juste de faire du rock en
français, comme je l’ai souvent dit.
Vous avez souvent dit aussi
que le rock pour le rock ne vous
intéressait pas. Pensez-vous
qu’on a galvaudé le mot rock ?
C’est vrai. Le rock pour le rock
ne m’intéresse pas. On a tellement
galvaudé le mot rock qu’à la
longue, il a perdu sa signification.
On a utilisé ce mot à tort
et à travers pour nous vendre
“je ne sais trop quelle soupe”
sous prétexte qu’il y a un peu de
distorsion sur la guitare. On a
souvent une image schématique
du rock, trop réductrice.
Moi, je respecte cette musique.
C’est un monde dans lequel
je me réfugie sur le plan esthétique,
musical, mythologique, mythique.
Je voulais être et ressembler
à tous les grands rockers.