Les grandes manoeuvres patinent chez les

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Les grandes manoeuvres patinent chez les
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Publié le 19 avril 2012 par JEAN-BAPTISTE DUVAL
Mots clés : Redcats Group, Conforama, FNAC, Jardiland, PPR Group
Malgré les nombreux projets en cours, la recomposition du paysage de la
distribution non alimentaire française peine à prendre forme. En cause, les
incertitudes qui pèsent sur le pouvoir d'achat des Français.
« La consolidation va se produire, la
question est de savoir quand. Pour
bien des chaînes, le potentiel de
croissance n'est plus là. » DELPHINE
MATHEZ, senior partner chez Roland
Berger
DR
Lentement, mais sûrement, les dossiers s'accumulent. Redcats, Jardiland,
But, Conforama, Fnac, etc. Que ce soit dans les officines des banques
d'affaires ou celles des fonds d'investissement, les financiers de la place de
Paris les connaissent par coeur. Cela fait souvent plusieurs années qu'ils ne
ménagent pas leur peine pour leur trouver de nouveaux actionnaires.
Seulement voilà, la distribution ne fait plus rêver les investisseurs ! « Du
point de vue des acheteurs, de fortes incertitudes pèsent sur les années à
venir, analyse Bruno Candelier, associé du fonds Apax Partners. Entre la
perspective d'une hausse des impôts, des dépenses contraintes, du
chômage, ainsi que du taux d'épargne des ménages, la consommation
risque d'être au mieux stable, voire en décroissance dans beaucoup de
secteurs. »
Du coup, l'humeur n'est pas à la fête pour ceux qui ont une affaire à
vendre. Alors que l'année 2011 a été particulièrement mauvaise,
surtout au second semestre, elle sert aujourd'hui de base pour la
Les grandes manoeuvres se
poursuivent dans le frais non
valorisation des groupes. Les fonds propriétaires de But seraient prêts
laitier
à le céder pour 600 M €, alors qu'il était valorisé 550 M € en 2007.
Plus 9% en cinq ans, on a vu meilleur placement... « Si le deal se fait,
Pas de trêve pour les grandes
l'affaire restera très rentable, car le groupe s'est désendetté sur la
manoeuvres industrielles
même période, prévient un bon connaisseur de ce genre d'opération.
En attendant, si Bernard Arnault avait aujourd'hui la possibilité de rentrer dans ses frais avec
Carrefour, il signerait aussitôt. » En 2007, l'homme d'affaires était en effet devenu, aux côtés du fonds
Colony Capital, le premier actionnaire du distributeur, en achetant 9,1% du capital à 53 € l'action.
Depuis, elle est tombée à 15 €... Inutile de préciser que le précédent Carrefour a marqué les esprits.
Sans aller jusqu'à dire que la distribution fait peur, elle inspire un minimum de précautions aux
investisseurs.
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Investir, mais avec tous les leviers en main
Le cas Jardiland est emblématique de cette situation. La famille Ruggieri, qui détient 35% du capital,
souhaite revendre sa participation depuis près de trois ans. « La jardinerie est un joli marché mais, en
plus d'être saisonnier, comme beaucoup de secteurs de distribution, il est météodépendant, explique
Delphine Mathez, senior partner chez Roland Berger. Pour un investisseur, cela représente le risque
de rater une saison, peut-être deux d'affilée. » Voilà qui cadre mal dans un business plan à trois ou
cinq ans. Du coup, les actionnaires potentiels favorisent presque toujours des prises de participation
majoritaire dans la distribution : quitte à investir, autant avoir tous les leviers en main. Or, chez
Jardiland, Michel Conte, le PDG, détient 65% du capital... Résultat, l'affaire traîne en longueur.
Deuxième frein aux transactions, les grands groupes rechignent à revoir le prix de leurs pépites à la
baisse. La famille Ruggieri compterait ainsi récupérer a minima sa mise de 2006. « Les performances
de Jardiland sont restées stables, alors que l'environnement a profondément changé. Difficile de
garder le même prix », estime un consultant. Le problème est identique chez PPR, où la Fnac et
Redcats sont officiellement à vendre depuis près de trois ans. Pourtant, François-Henri Pinault n'a pas
l'intention de les brader. « Il y a peu de vendeurs qui soient obligés de vendre, analyse un spécialiste
des fonds d'investissement. PPR n'a pas le couteau sous la gorge, et ne vendra qu'à un prix
satisfaisant. » Conforama, qui souhaite coter une partie de son capital pour financer son expansion, ne
dit pas autre chose. « Avec Markus Jooste, PDG de Steinhoff International, nous sommes plutôt
favorables à une entrée en Bourse dans les dix-huit mois. Mais nous ne sommes pas pressés, ce
sera dicté par les conditions du marché », témoigne Thierry Guibert, son PDG.
Certaines synergies d'achat sont très fortes
Le bras de fer entre vendeurs et acheteurs s'annonce musclé, car les arguments en faveur de chaque
camp ne manquent pas. « Pour beaucoup de chaînes, le potentiel de croissance n'est plus là, explique
Delphine Mathez, de Roland Berger. Or, sur des marchés comme le bricolage, l'électrodomestique, ou
le meuble, les synergies d'achat sont très fortes. Il y a une logique qui favorise la consolidation. »
Ainsi, lors de la cession de Conforama, fin 2010, son concurrent But figurait parmi les candidats sérieux
à la reprise de l'enseigne. À la fin de l'année dernière, c'est Boulanger qui récupérait les 35 magasins
de Saturn. Quand à ceux qui veulent se retirer de la distribution pour investir ailleurs, l'exemple de PPR
ne peut que les encourager. Alors que les ventes de la Fnac ont reculé de 3,2% en 2011, celles du pôle
sport et lifestyle (Puma, Volcom) ont augmenté de 16,6%, tandis que le pôle luxe (Gucci, Bottega
Veneta) a bondi de 22,6%. D'ici à un an ou deux, les Vivarte, Camaïeu, Maisons du Monde, Sport 2000,
Virgin Megastore, partiront à leur tour en quête de nouveaux investisseurs. Ils savent désormais à quoi
s'attendre...
Les distributeurs en quête de nouveaux actionnaires
Jardiland 811 M € (CA 2011) (changement d'actionnaire minoritaire)
Fnac 4,16 Mrds € (2011) (Cession totale)
Redcats 3,5 Mrds E (2010) (Cession totale)
But 1,8 Mrd € (2010) (cession totale)
Conforama 2,25 Mrds € (2010) (cotation partielle)
Source : entreprises
Pourquoi les transactions s'éternisent-elles ?
Les incertitudes qui pèsent sur le pouvoir d'achat des Français rendent la grande distribution moins séduisante
aux yeux des investisseurs.
Les banques sont de plus en plus difficiles à convaincre pour financer des opérations de rachat de grande
ampleur.
Pourquoi veulent-ils vendre maintenant ?
Certains actionnaires, comme PPR, veulent se retirer de la grande distribution pour investir dans des secteurs
plus porteurs.
La conjoncture fait craindre le pire pour demain. Autant vendre maintenant, même à un prix modéré, plutôt que
d'attendre que les valorisations s'effondrent...
Une cotation en Bourse, même partielle, permet de financer des projets sans avoir recours au système bancaire.
609 M €
542 M €
La valorisation de Redcats et de la Fnac au 13 avril 2012
Source : Natixis
La discrète concentration de l'alimentaire
La distribution alimentaire n'échappe à la consolidation. Mais le mouvement se veut plus discret que chez les distributeurs
spécialisés, sans effet d'annonce malgré des implications financières non négligeables. Altis, le distributeur du Sud-Ouest
et ses 20 magasins, que Carrefour et Eroski se partageaient, vient ainsi de rejoindre le giron d'Intermarché pour environ
300 millions d'euros. Somme de laquelle il faudra déduire les ventes des deux hypers et trois supermarchés que les
Mousquetaires doivent céder sous injonction de l'Autorité de la concurrence. Non loin de là, Guyenne et Gascogne a
rallié à 100 % le giron de son franchiseur, Carrefour, pour 500 M E. Ce même Carrefour qui devra bientôt intégrer
complètement trois des six hypers qu'il partageait avec Coop Atlantique (nouvel allié de Système U) qui, lui, pourrait
revendre les trois magasins qui lui reviennent. Quant à Casino, qui a acquis récemment un gros franchisé Leader Price
avec ses 22 magasins, il aura sans doute à racheter ses 50 % dans Monoprix d'ici un à deux ans. Pourtant il ne serait
pas contre un peu de renfort en France. Selon nos informations, des discussions pour des achats en commun auraient eu
lieu avec Système U, qui, lui même, aurait discuté avec Cora. Preuve que ça manoeuvre aussi beaucoup dans
l'alimentaire.
«La consolidation va se produire, la
question est de savoir quand. Pour bien
des chaînes, le potentiel de croissance
n’est plus là.»
DELPHINE MATHEZ, senior partner chez Roland Berger
La biographie de ce dirigeant dans
Le CARNET des DECIDEURS, par LSA
François-Henri Pinault
Président-directeur général du groupe PPR
François-Henri Pinault est né le 28 mai 1962 à Rennes. Il est le fils de François Pinault.
Il est marié et père de trois enfants. François-Henri Pinault est passionné d'informatique
et de [...]

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