Le Prince - noir sur blanc
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Le Prince - noir sur blanc
Le Prince (Au secours, venez vite) I, Mickmils, welcome our new overlords [email protected] Ce texte est réservé aux personnes dotées d'un certain sens de l'humour et du second degré. Ne me prenez pas pour un nazi ou quoi que ce soit de pas net. D'avance, Merci. SOMMAIRE Proprologue Prologue 4 6 I.Combien il y a de sortes de principautés, et par quels moyens on peut les acquérir : 7 II.De la principauté mondiale 14 III.De La France 17 IV.Pourquoi les États de Darius, conquis par Alexandre, ne se révoltèrent point contre les successeurs du conquérant après sa mort. 22 V.Des principautes ecclesiastiques 24 VI.Des choses pour lesquelles tous les hommes, et surtout les princes, sont loués ou blâmés. 28 VII.De la libéralité et de l'avarice. 30 VIIII. De la cruauté et de la clémence, et s'il vaut mieux être aimé que craint. 32 IX Comment les princes doivent tenir leur parole. 33 X Des secrétaires des princes. 35 XI.Comment on doit fuir les flatteurs. 37 Conclusion : Exhortation a délivrer la France des barbares 39 P R O P R O L O G U E « Machiavel naquit les yeux ouverts » Q. Skinner En l'an de grâce 1513, l'un des plus grands génies de notre histoire tant politique que littéraire écrivait « Le Prince ». Pour bien des raisons obscures, ce chef d'oeuvre de Nicolas Machiavel1 est tenu par les grands penseurs bien pensant de notre époque comme « le premier traité moderne de Sciences Politiques ». C'est à dire saligaud. qu'il est considéré mondialement comme un beau Niccolo Machiavelli était un homme profondément malheureux. Tout d'abord, parce qu'il n'a pas été véritablement reconnu de son vivant. Certes, ce n'est pas une raison pour être malheureux. La plupart des gens ne le sont pas. Et on est difficilement malheureux de savoir qu'on sera reconnu après notre mort. Personne n'est allé voir Machiavel pour lui dire : « écoute coco, ce que tu écris, ça n'intéressera les gens que quand tu seras bouffé par les vers ». Il est vrai que se faire dire ça aurait de quoi vous rendre chagriné pour la journée. Mais ce n'est pas là le malheur de Machiavel. Le malheur de Machiavel, c'est de ne pas avoir été reconnu de son vivant. Une contradiction ? Nous verrons que l'homme n'était pas a ça prêt. Non, tout simplement, si Machiavel avait été reconnu de son vivant, il n'aurait peut être pas vécu dans ce monde qu'il ne comprenait pas. Il n'aurait pas exhorté Le Prince « à délivrer l'Italie des barbares ». Avec son livre, Machiavel voulait fournir, clefs en mains, la solution pour la famille Médicis de gouverner l'Italie, et surtout, d'unifier l'Italie afin de la libérer des « Barbares ». Machiavel n'était franchement pas un philanthrope. Il recommandait, par exemple, pour détruire une dynastie de détruire non seulement sa tête, mais aussi de noyer tout les héritiers en bas âge. Au cas où. Cette oeuvre est donc le premier traité de Sciences Politiques moderne. Machiavel a donné son nom à un adjectif : machiavélique. Vous savez... « la fin justifie les moyens ». Une expression qui n'est pas de Machiavel, bien qu'on lui attribue souvent. Néanmoins, l'idée est là. Selon lui, il vaut en effet mieux être craint qu'être aimé. La main de fer dans le gant de velours ? C'est lui aussi. Une attitude que l'on considère ignoble, étant donné bien sur, les fortes valeurs morales qui nous animent quotidiennement, 1 Ou bien, Machiavelli comme dit le reste de Notre Monde. Ne soyons pas sectaires ! et que bien sûr personne ne met en pratique aujourd'hui. Et certainement pas les humbles gens qui bidouillent leur CV, les jeunes filles qui font un sourire a l'agent pour faire sauter le PV... et ne parlons pas des gens qui téléchargent illégalement sur Internet. Il est heureux que la fin ne justifie pas les moyens. Dans pas 7 ans, cela fera pile 500 ans que Nicolas Machiavel aura posé sa plume pour la premiere fois sur le papier qui allait contenir une des oeuvres les plus marquantes de notre histoire. Certains la considèrent aujourd'hui comme une oeuvre d'une brûlante actualité, car « Le Prince », c'est aussi L'Homme. L'Homme, c'est comment le gouverner, le faire vous aimer, le faire vous craindre, respecter. Comment conquérir, comment assister... Comment aimer... Le Prince est un livre éternel car la nature humaine, si elle change, ne se révolutionne pas en 500 ans. Cet essai part d'un double défi. Premièrement, écrire une version actuelle du Prince. Moderniser l'oeuvre, afin d'analyser la situation sociale, économique et géopolitique du monde actuel a travers le prisme du Florentin. La difficulté est donc de savoir comment conserver ce cynisme, ce « machiavellisme », le moderniser, et le rendre utile aux Pouvoirs En Place. Les experts (c'est à dire les gens qui ont fait Sciences Po) reconnaîtront qu'il suit a peu de choses près la même structure en chapitres et que les intitulés ont été, pour la plupart, conservés. Deuxièmement, fournir un guide pratique à de futurs envahisseurs extraterrestres. Troisièmement, cet ouvrage apporte la réponse a un certain nombre de problèmes. Nous y verrons : – – – – Comment réformer en France nécessite le recours à la physique quantique Pourquoi le débat sur la mondialisation ne sert a rien La preuve par une petite démonstration logique que le racisme n'existe pas Et bien d'autres encores afin de divertir les petits et les grands. P R O L O G U E 18 juin 2006. Minuit 23. L'heure où je commence a écrire ces lignes que je dédie a la postérité. A l'avenir. Au futur. A l'univers. Que mes enfants me pardonnent. Nous sortons de ce qui a été le siècle le plus Histoire. Auparavant, on avait de bonnes raisons s : construire nos nations. Annexer des d'augmenter nos richesses et le bonheur de nos cette fois là, même pas. sanglant de notre de se taper dessu territoires afin peuples. Et bien En l'an de grâce 1914, un conflit mondial fut déclenché pour récupérer des gens qui étaient de toute façon, à la base, déjà a moitié allemands (et je vous raconte pas maintenant, ils ont même un statut constitutionnel à part). En l'an de grâce 1939, un autre conflit mondial a éclaté parce que... parce que... au fond on sait pas. En l'an de grâce 1950, on ne sait toujours pas ce que les américains et les russes sont allés faire en Corée du Nord, si ce n'est se prouver a chacun que leur modèle économique était meilleur en comparant leur bombe (au lieu de faire des compétitions de feux d'artifice, comme sur la côte d'Azur). En l'an de grâce 1965, on a fait pareil au Vietnam. En l'an de grâce 2001 (aussi), on a libéré l'Afghanistan pour y installer un régime Islamique de trafficants d'Opium. Mais a l'heure où j'écris ces lignes, les Talibans (d'autres Islamistes trafficants d'Opium) tiennent le coup. En l'an de grâce 2003, on a bombardé l'Irak. Oui là aussi, on ne sait pas trop pourquoi. Mais bon, c'est fait. Je ne suis pas un niais. Je ne suis pas en train de vous faire le coup de « La guerre c'est mal. ». Simplement, quand on parle de « folie des hommes », on pense souvent a ça. On a un peu tendance à oublier que l'homme est idiot dans son quotidien, dans ses choix réguliers, dans ses relations sociales... dans son pays en paix. Chaque jour, des gens envoient des SMS a «La nouvelle star » alors qu'ils savent que c'est truqué. Chaque jour, des Européens achètent des voitures a boîte de vitesse manuelle pour le simple plaisir de se compliquer la vie. Chaque jour, des filles jouent aux Sims. Chaque jour, Jean-Pierre Pernaud nous donne des leçons de journalisme. Chaque jour, Cauet vend des hamburgers a son effigie. Chaque jour, des intellectuels publient et commentent des livres incompréhensibles, des prix Nobels deviennent prix Nobels en écrivant que « la consommation d'une ressource naturelle augmente, jusqu'à ce qu'il y'en aie plus, alors elle baisse »2 2 Théorie du Pic de Hubbert. Qui a valu un prix nobel a Hubbert donc Chaque jour, des gens meurent de façon idiote : en montant a trois sur un scooter, en voulant faire un trou dans un pneu avec un révolver, en reculant pour une photo dans un ravin...3 Chaque jour, des choix politiques sont faits pour les rejeter le lendemain, quand, c'est le drâme, ils entrent en application. En 1995/96, la plupart des Français étaient ainsi contre des essais nucléaires pourtant annoncés dans le programme pré-électoral de Jacques Chirac. Ils sont devenus aussi contre sa politique économique en se rendant compte un beau jour que la droite était libérale (le mal absolu). Après le 21 Avril 2002, les Français ont voulu envoyer un signal clair a ce même Jacques Chirac : il n'avait pas été élu avec une majorité de voix. Ils marquèrent ainsi franchement leur opposition en accordant une large majorité à l'UMP lors des législatives suivantes, quelques semaines plus tard. En 2005, le 29 mai, les Français ont fait échouer une Constitution Européenne avec un différentiel de quelques pour cents imputables a des nigauds voulant embêter leur premier ministre. Il faut que cela cesse, et parfois, on se dit que, notre nature étant ainsi faite, le salut ne peut venir que de l'extérieur. Cet essai vous est donc destiné, personnellement, à vous qui y pouvez quelque chose. Vous, qui par votre stature, votre fonction, votre intellect, votre force ou que sais-je encore, avez de quoi remettre un peu d'ordre dans ce monde. Je ne suis pas dupe cependant : vous n'en êtes sûrement pas. Vous êtes probablement un « individu moyen » qui mène une petite vie normale. Il n'y a pas de mal a ça. Mais qui sait, a travers les aléas de l'Internet où cet oeuvre est publiée, ce fichier sera peut être balloté de forum en forum, de page en page, hébergé de serveur obscur en serveur obscur. Peut être, au bout du compte, finira t'il par atterrir chez Quelqu'un Qui Peut. Quelqu'un qui vient de l'extérieur. Peut être est-ce toi, être au delà des étoiles, qui t'interresse à la race humaine et qui viendra nous sauver. Peut être, de là où tu viens, as tu développé une conscience capable de nous ramener vers la raison. Peut être êtes vous au contraire hostile et cherchez à nous envahir de façon violente. En tout les cas, il faut que vous sachiez que contrairement à ce que vous pouvez voir dans nos mauvais films, nous ne sommes pas tous des héros. Certains sont même franchement collabos. Ne vous étonnez donc pas que ce petit essai soit donc écrit en Français. 3 Voir Darwin Awards I. Combien il y a de sortes de principautés, et par quels moyens on peut les acquérir. L'homme est un être qui a tendance a s'ennuyer profondément. Surtout quand il est vieux. Et ce depuis qu'il s'est organisé en civilisation. Ainsi, dès l'époque Grecque, on trouvait des individus qui aimaient tourner en rond, raconter ce qu'ils pensaient, et surtout, réussir à convaincre les gens autour d'eux que ce qu'ils disaient était très intéressant. On les appelait les philosophes. Il est très important de ne pas confondre « philosophe » et « sophiste ». Les sophistes étaient des idéologues du concret, bref des gens dont la réflexion cherchait au moins a satisfaire leur intérêt personnel, au mieux celui de leurs congénères (en cours de philo, on nous enseigne donc que ce sont les méchants), tandis que les philosophes savaient pertinemment que ce qu'ils faisaient ne servait absolument à rien (les gentils, donc). Il est de bon temps de mépriser les sophistes aujourd'hui et de glorifier la philosophie. Cependant, s'il est vrai que les descendants des sophistes sont les avocats, les journalistes, les politiciens, voire pire, les bloggueurs, il faut bien avouer que les seuls descendants des philosophes sont les profs de philo de lycée. Il est important à ce stade de remarquer que la philosophie constitue une matière toujours obligatoire pour le bac, alors que l'on pourrait tout simplement en caser une de sophiste. Notons donc, pour plus tard, que la France est attaché à ce qui ne sert à rien. C'est donc un pays philosophe, pour qui la réalité n'a pas grande importance. Si la réalité n'a pas grande importance, les idées des philosophes ont eu, hélas, parfois de l'importance. Les premiers s'appelaient Socrate, Platon, et Aristote. Et ils n'aimaient pas les gens. Chacun, en essayant de classifier les régimes politiques s'engueulait profondément, mis a part sur deux choses : il faudrait mettre les femmes en commun (ce qui n'est pas une mauvaise idée en soi), et surtout, la démocratie, c'est mal. Cette dernière est perçue comme un régime impur par Aristote. Le gouvernement de tous dans l'intérêt de tous ne peut que se déverser dans la frivolité, la défense d'intérêts pas intéressant, et surtout l'incompétence. C'est donc ce régime qu'ont choisi après bien des péripéties les sociétés développées, car elles ont suffisament d'argent pour faire n'importe quoi. Pendant longtemps cependant, alors que la nourriture était rare, on privilégiait de vielles valeurs comme « l'efficacité » afin de faire en sorte que tout le monde finisse par avoir à manger, et, de temps en temps, organiser quelques guerres. Bien sur, il y a parfois des ratés. Dans beaucoup de dictatures, on laisse le peuple crever de faim ou être au chomage. On constatera cependant qu'empires et démocraties ont tout les deux réussi a prospérer, tout comme a décliner. Il n'en reste pas moins qu'il est devenu, en 2006, profondément incorrect et rétrograde de nier le fait que « plus les gens votent, plus ils sont riches et heureux (ça va ensemble) ». Tout les grandes politologues sont d'accord sur ce point, c'est pour ça qu'ils ne sont pas économistes.4 Selon les critères d'aujourd'hui, les pays ex communistes et la Chine sont donc de grandes démocraties, tandis que tout les pays européens sont en dictature. D'autres individus, probablement un peu plus raisonnées puisqu'ils estiment que les chinois leurs volent leur travail, sont probablement grandement soulagés de voir que, au moins, les chinois ne votent pas (vous imaginez sinon ?) Néanmoins, il est absolument inconcevable aujourd'hui d'oser suggérer publiquement que de tels individus ayant cette puissance de raisonnement politique ne devraient pas avoir le droit de vote, et devraient être pris gentillement par la main. Ce serait profondément « politiquement incorrect ». Le « politiquement incorrect » est donc une notion que tout le monde adore (parce que ça fait chier les politiciens), mais surtout que ce même monde ne souhaite pas se voir appliquer à lui même (parce que ça le fait chier). Il est donc aujourd'hui inacceptable de reconsidérer le suffrage universel pour des raisons qui vont de l'hypocrisie absolue à l'amour de ce qui ne sert à rien (la philosophie). Mais... si les philosophes sont contre la démocratie, et que les humains sont philosophes, pourquoi ne sont ils pas contre la démocratie ? Et bien, tout simplement parce qu'ils ne sont pas au courant de ce dernier fait. Et aussi parce que les philosophes ne sont jamais d'accord entre eux. Par exemple, les philosophes des Lumières du XVIIIème siècle sont eux persuadés que la démocratie c'est bien. Nous sommes donc tout fier de notre 14 juillet 1789, date où on a mis la main sur un stock d'armes afin de pouvoir déclencher la Terreur, Danton & Robespierre, Napoléon Bonaparte, la Restauration et le Second Empire. Bref, pour donner naissance aux pays des Droits de l'Homme (au singulier, attention...), et nous le célébrons tout les ans. En 1870, un pays en guerre avec nous impose a notre système politique des élections démocratiques au suffrage universel. C'est ce qui a fondé à jamais la démocratie dans notre beau pays, et in extenso, la 3ème république (celle qui a duré le plus longtemps). Ce pays, c'était l'Allemagne en devenir. C'est pour ça qu'on les a détesté. Je te vois, lecteur qui ignore tout de ce monde, tu trouves mes propos incohérents. Je ne peux, hélas, inventer une cohérence qui n'existe pas dans les sociétés humaines. Un autre exemple. Les grandes démocraties se sont fondées essentiellement en terres judéo-chrétiennes (occident), tandis que les dictatures se sont installées durablement sur des terres païennes (Asie, Scandinavie, 4 Les économistes de comptoir ont pour solution à tout problème de demander des sous aux politologues de comptoir, et de refuser d'aller travailler si on ne leur en donne pas (car s'ils vont travailler, ils risquent de gagner des sous) Afrique avant qu'on les évangélise dans leur propre intérêt, etc). Aujourd'hui, les pays les plus chrétiens sont donc les grandes démocraties (et les Africains, mais eux, on aura bien compris qu'ils ne comptaient pas). Il est ainsi épatant, et peut être faut-il s'en réjouir (ou pas), que les grandes démocraties se sont fondées sur la base d'une religion dont le fondement est profondément obscurantiste. Franchement étonnant donc que pendant des millénaires, des hommes ont suivi une religion partant des postulants suivants : • • Dieu dit : Tu ne mangeras pas du fruit de l'arbre de la connaissance, car tu obtiendrais la connaissance et tu sauras enfin des choses par toi même et tu serais capable de penser par toi même. Le serpent dit : Mais c'est vachement cool de penser par soi même au lieu d'utiliser des pensées prémachées non ? Faisant suite à ce dialogue, les hommes se sont mis a vénérer les prêtres de Dieu et a blâmer le serpent. L'enchaînement logique est assez difficile à expliquer ou a comprendre. Néanmoins, il permet de comprendre deux milles ans d'histoire. Aujourd'hui, les mêmes catholiques prônent le libre arbitre, pourtant tant contraire a la volonté du livre qu'ils vénèrent. Certes, me direz vous, ils ne l'ont pas lu. Ils connaissent cependant l'histoire et l'acceptent sans se poser de questions. On comprend donc facilement comment l'Eglise a su étendre son influence et dominer les hommes pendant autant de temps : c'est là, son fondement. Probablement pour la seule et unique raison que Dieu, c'est lui le plus fort. Toute la politique humaine se retrouve donc dans cette simple fable qui fait un peu penser à celle du Loup et de l'Agneau5. Après avoir vu sur quels genres de raisonnement et critères étranges sont fondés les régimes politiques, opérons notre propre réflexion. Ils, sont sur le fond, de deux types. Les dictatures : Dans les dictatures, tout le monde est très malheureux. Il y a un chef qui décide pour tout le monde et ceux qui ne sont pas d'accord avec lui finissent morts, voire pire. Néanmoins, les gens qui habitent dans les dictatures ne vont pas a l'école, ce qui fait qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils sont malheureux, au contraire de la France, démocratie, mais où le niveau de culture a fait en sorte que ce pays devienne le premier consommateur mondial d'antidépresseurs. Dans les dictatures, tout le monde est donc très malheureux. Mais il faut avouer une chose : ils s'en foutent. Contrairement à l'idée populaire qui veut que ne pas avoir de droit de vote est la chose la plus insupportable qu'il soit a tout être humain normalement constitué, quand il suffit de fermer de sa gueule pour avoir la vie sauve, la plupart obtempèrent en s'en foutant un peu. On peut ainsi supposer que les pauvres Irakiens étaient 5 Ne dit on pas souvent que « Le seigneur est mon berger » ? Dans la religion catholique, le loup n'est pas dans la bergerie, mais le berger est le loup. sincèrement contre une guerre en Irak, et que les Chinois se foutent pas mal de ne pas avoir d'information libre du moment qu'ils peuvent, eux aussi, passer leur journée devant la télé ou a jouer a World of Warcraft. De nombreuses dictatures sont des sociétés économiquement sous développées. Pour cela aussi, ils sont donc très malheureux car ils n'ont pas les moyens d'avoir plus de deux télévisions et de changer de téléphone portable tout les ans. Ils sont, a la place, obligés de profiter du beau temps, de faire du sport, de vivre en communion avec la nature en faisant des activités ingrates telle la pèche ou l'élevage, et de développer leurs relations sociales. Bref, on ne les envie pas. Ils ont néanmoins un rôle essentiel : en ayant l'air malheureux, l'homme blanc est un peu plus heureux devant le journal télévisé, à l'heure de la digestion, et va même jusqu'à savourer les écrans publicitaires. A noter que certains arrivent tout de même à mourir de faim ou du SIDA, mais là on est pas malheureux pour eux parce que c'est loin, et que surtout, on vient de manger et on est déjà suffisament préoccupé par sa propre digestion pour penser aux gens qui n'ont pas encore mangé. Les pays libres: Dans les pays libres, où le droit de vote et la liberté de la presse existent, tout le monde est très heureux. Les gens ont de plus en plus d'écrans plats, et peuvent voter pour qui ils veulent. Les deux faits sont liés, car la Haute Définition permet de voir davantage les détails des programmes et discours politiques. Ainsi, on se rend compte que de droite ou de gauche, les hommes politiques ne peuvent rien faire qui ne soit impopulaire et qui marche. En 2006, la politique se résume a cette équation : Popularité de la décision X Rationalité X Efficacité = Constante Ce qui se traduit donc concrètement par : « Quoi que vous fassiez, vous êtes foutus. ». Les systèmes démocratiques sont bien plus compliqués que ceux des dictatures et existent en au moins 150 exemplaires différents. La démocratie, c'est encore plus le bordel que les forfaits de téléphonie mobile. Il y a des présidents et des rois qui ne servent à rien, des ministres qui servent a quelque chose (ou pas) selon le lieu, le jour et le groupe sanguin, et surtout, des Premiers Ministres. Le rôle du premier ministre est excessivement important. Soit il sert a se prendre des gnons a la place du président de la république (France, concordances des majorités) parce que le peuple est trop idiot pour se rendre compte de qui viennent les décisions et comment fonctionnent les institutions (c'est pour ça qu'il a le droit de vote), soit il décide pour de vrai, mais se fera de toute façon engueuler quand même parce qu'il est interdit par le peuple de réformer. La réforme est en effet un sujet tabou. Quand un premier ministre annonce qu'il va réformer, ca revient a se curer le nez devant la jeune fille qu'on drague. Ca fait du bien, ca dégage les canaux, mais vous allez vous en prendre plein la gueule. Ainsi, comme on ose pas se curer le nez en public, on a également décidé de ne plus réformer. On en déduit ainsi que les peuples du monde entier souffrent d'une importante schizophrénie (principalement en France, ce qui explique encore une fois que nous sommes tous sous calmants) puisqu'ils veulent que leur situation s'améliore, mais surtout sans changement. Une telle vision de la politique impose de nouvelles recherches dans le domaine de la physique quantique. Peut-être votre civilisation a t'elle développé une technologie de téléportation ou a effectué des recherches fondamentales suffisantes afin de mener une politique viable en France, mais nous, en tout cas, on est pas dans la merde. J'en viens à la partie fondamentale de cet essai. A celle qui suscite le plus d'espoir, d'envie malsaine de mon côté. Peut être du votre aussi. Comment nous éclater la tronche ? Je pourrais me contenter de dire que c'est inutile, vu que nous y arrivons très bien tout seul. Cependant, je ne souhaiterai pas que cet essai devienne inutile. Car vous le constatez, c'est bien là son ambition et je n'ai aucun doute qu'il bouleversera le monde avec autant d'efficacité que « Le Capital », « Mein Kampf », ou « Le monde comme je le vois ». Il n'y a pas trente six façons, pour vous, envahisseurs de l'Espace, de vous accaparer la réalité du pouvoir ici même. Je me permets de vous déconseiller fortement l'option militaire : sur Terre, un bombardement aurait les mêmes effets politiques et sociaux dévastateurs qu'une réforme. A savoir que si vous comptiez nous « libérer » par la force, nous nous montrerions bien ingrat. Notre espèce a l'affrontement dans le sang. Une approche militaire sournoise, subtile, ne servirait non plus a rien, puisque des forums comme « fr.soc.complots » , Thierry Meyssan, et le Réseau Voltaire veillent au grain. S'ils voient des complots partout où il n'y en a pas, alors pas la peine de vous expliquer les vrais complots. Et ne parlons pas des bloggueurs. Une approche plus politique de la conquête du pouvoir est également hors de question. La politique, ça ne sert plus a rien. C'est d'ailleurs pour cela que quand on sort de Sciences Po, on est obligé de faire autre chose après parce que, au fond, on ne sait rien faire. Loin de moi l'idée de ressasser le même discours que mes collègues critiques de comptoir avec qui je ne peux, de toute façon, rivaliser (je ne bois pas assez d'alcool pour ça), mais force est de constater que la politique n'a plus aucune utilité, et ce pour une raison essentielle : la démocratie. Il y a en effet souvent une parfaite incompatibilité entre la popularité d'une décision et son efficacité, a laquelle il faut ajouter la grande difficulté qu'a la population de se voir appliquer un programme qu'elle a pourtant accepté, comme vu plus haut. Vous vous interrogez sur la cause de l'alternance politique ? Et si ce n'était pas tant la faute de l'incompétence des élus que celles de leurs électeurs ? Tout les 5 ans, on opte ainsi pour un virage a 180 degrès de la politique. Mais en vérite c'est plus compliqué que ça. Un mandat présidentiel ou une législature s'opère le plus souvent de la façon suivante. An 1 : Les de grace, capitaliser suppression tout ce qui vainqueurs ont gagné, on est content. 100 jours d'état mesures populaires pour surfer sur la vague et son succès (hausse du SMIC, création du RMI, du service militaire, etc). On en profite pour dégager n'a pas plu dans le gouvernement précédent. An 2 : Retour a la réalité économique. Mesures impopulaires (pour rentrer dans les critères de Maastricht et adopter l'Euro, assouplir les rigidités a l'embauche). A ce stade là, il n'y a plus aucune différence entre le fait d'être de droite où de gauche et le pragmatisme s'impose. Problème, pour les Français, ce qui est pragmatique est inacceptable. On lui préfère 1000 fois la politique hippie. Le système se sclérose, on vire le premier ministre. An 3 : Nouveau Premier Ministre. Il ne servira a rien, et chaque tentative de faire quelque chose sera sanctionnée. On attend donc. Le premier qui bouge doit vite revenir à la case départ. An 4 :Rien. An 5: Rien. On comprend pourquoi les Français ont plébiscité le quinquennat : parce qu'ils s'emmerdent. Bien sûr, les deux dernières années ne sont marquées que par la campagne présidentielle. Le reste n'est véritablement que de la gestion. Et ce pour une raison essentielle, quoi que l'on fasse, le Français est CONTRE. Surtout si c'est une hypothèse pragmatique. Dès lors, dans un pays où rien ne doit changer, il n'est pas étonnant que ce soient les valeurs d'avant garde de Liberté, de Fraternité, et le Siècle des Lumières qui ont été mis en avant lors de la conquête des J.O de 2012, pas plus qu'il ne soit étonnant que ce soit Virginie Pouchain et sa chanson « même pas sortie déjà kitsch » qui a représenté l'eurovision. Pas étonnant non plus que les agriculteurs (3% de l'activité) soient capables de sucer 40% du budget européen. L'avenir, le changement, est has been dans notre beau pays. Il n'y a qu'un seul moyen véritable d'acquérir le pouvoir ici. Faire une OPA. Mais dépêchez vous, les indiens sont déjà sur le coup. Il paraît qu'ils nous ont déjà racheté une usine, vous vous rendez compte ? La fin de notre économie n'est pas loin. Surtout qu'au bar j'ai entendu qu'ils allaient virer tout les employés français pour les remplacer par des indiens payés en dessous du SMIC. II. De la principauté mondiale Pour comprendre les hommes, il faut comprendre le monde dans lequel il vit, ainsi que les relations entre les sociétés ainsi organisés. Le monde se divise en pays. Pays, ce n'est pas un terme très technique mais c'est vraiment faute de mieux. Le terme technique c'est « Etat », mais dès qu'on parle d'Etats, ca devient très compliqué puisqu'il faut parler aussi de « nations » , de « citoyens », et puis on se rend compte que certains Etats-Nations n'ont pas de territoire, ni d'Etat, et que certains citoyens n'ont pas d'Etat , ou que sais-je encore. Bref, c'est a ni rien comprendre. Pour se faire une idée plus claire, il suffit de se référer au nom des équipes de Football. On est sur de ne pas se tromper, surtout quand on voit que Monaco joue en ligue française. Le droit international est un cadre juridique très très compliqué. En grande partie parce qu'il n'existe pas. Cela aboutit a des débats très compliqués. Par exemple, quand la Chine affirme haut et fort que la Déclaration UNIVERSELLE des Droits de l'Homme ne s'applique pas à elle en fonction de son histoire et de sa culture, on est globalement très emmerdé par notre propre ethnocentrisme et on ose pas répliquer de peur de revenir au bon vieux siècle du Fardeau civilisateur de l'Homme Blanc. Pour se faire pardonner, on leur vend des Airbus. Autre exemple, Saddam Hussein (et Milosevic en son temps), peuvent légitimement se plaindre de procès illégaux ; ils sont en effet basé sur le fait qu'on chope un gars, on le met au gnouf, et on lui fait un procès en improvisant des lois et une condamnation au fur et a mesure pour avoir tué aléatoirement des gens. Hélas, c'était très légal a l'époque de leurs exercices du pouvoir, et au nom de la non-rétroactivité des lois, il devrait donc être illégal de les condamner pour cela. Fort heureusement, il existe un autre repère que la loi pour expliquer les relations internationales : le bien et le mal. Tout ce qui est bien et légal, et tout ce qui mal est illégal. Le problème c'est que là aussi, ca dépend des jours et du lieu. Nietzsche lui même n'y comprendrait rien. Saddam Hussein, a l'époque de la guerre avec l'Iran, c'était donc le bien. Pendant longtemps, les relations internationales ont été fortement simplifié par une conception en deux blocs. Les gentils capitalistes, et les méchants communistes. A la fin du bloc communiste, Francis Fukuyama parlait donc logiquement de « fin de l'Histoire », puisque les gentils avaient gagné, et ils allaient vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants. Evidemment, tout cela a volé en éclat au début du 21ème siècle lorsque surgit du néant une nouvelle menace commettant de nombreuses destructions au nom de leur idéologie : les altermondialistes. Les altermondialistes ont en effet foutu un bordel pas possible dans les relations internationales, et ce pour une raison toute simple : ils révèlent au monde entier que le capitalisme, c'est le mal. Nous voilà donc bien embêtés, puisqu'on pensait que seuls les communistes les méchants. Aujourd'hui, on se rend compte que nous aussi et que plus tard on ira en Enfer6 . Les altermondialistes détruisent donc le soja transgénique, démontent des McDo, car c'est bien connu que personne n'aime ça et ne veut en consommer. Fiers de leur action légitime (ils font ça pour sauver nos âmes), ils se mettent en scène et proposent une « autre mondialisation », celle où les patrons ne seraient pas rois, et qui serait juste pour les producteurs. Ils proposent donc comme solution le commerce équitable, qui consiste pour un producteur de payer aussi cher chez lui sa production que s'il était en Europe. C'est, paraît-îl, un domaine porteur en pleine expansion, comme les enseignes discount et les produits pas cher. Nous sommes donc en même temps à l'époque du commerce équitable cher et à celle du tout gratuit. L'homme occidental est généreux, sauf quand ça touche a l'argent. La mondialisation est donc bien le fléau redouté. Celui d'un Nord qui exploite le Sud, qui lui même vole les emplois du Nord. On en sort pas. Néanmoins, tout le monde est d'accord : le commerce équitable ne sert a rien, puisqu'à la fin, c'est la Chine qui va gagner. Voilà donc un grand problème d'économie internationale de résolu. Parmi les autres méchants qui ont remplacé les communistes, il y en a d'autres bien pire. Un ennemi invisible qui a une grande gueule mais de tout petits testicules : le terroriste. Le terroriste est une énorme source d'embarras pour la communauté internationale, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il est le plus souvent arabe et musulman, ce qui est proprement scandaleux dans un monde de plus en plus converti a l'antiracisme. C'est très très embêtant. Ainsi, les scénaristes de la série « 24 » (ou tout autre scénariste hollywoodien d'ailleurs) sont vivement critiqués pour le fait que beaucoup de leurs terroristes sont arabes. Cette étrange maladie dont le symptôme premier est le déni de réalité pousse ainsi ces contestataires a réclamer d'AUTRES terroristes dans les films et séries, afin que tous soient représentés également. La saison 7 de 24 opposera ainsi Jack Bauer a un groupe de dangereux mormons, tandis que Tom Clancy va se mettre lui a écrire un roman sur d'horribles bretons mettant au point une machination pour détruire le stock d'hamburgers de Quimper. Un autre inconvénient avec les terroristes, c'est qu'ils tuent des 6 C'est Jésus qui l'a dit en premier avec son célèbre « Il est plus difficile pour un chameau de passer par une tête d'épingle que pour un riche d'aller au paradis ». Les historiens recherchent activement la définition du seuil de pauvreté de l'époque. gens. Le terrorisme sert ainsi de source d'énergie renouvelable, recyclable a volonté à la connerie humaine. Il n'est pas besoin de s'étendre, de polémiquer, d'analyser au sujet de gens qui se font sauter dans des 747 tout simplement parce qu'ils sont jaloux de ne pas être américains ou bien parce qu'on leur a dit qu'ils étaient méchants. Le plus intéressant concerne ce qui se passe chez nous. Il y a en effet plusieurs types de réactions envisageables face a cette nouvelle menace qui nous inquiète tous. • On est des hommes, on se laisse pas faire : Tactique qui vise a bombarder préventivement des cibles au cas ou elles abriteraient des terroristes, et a s'excuser après. De manière fort étonnante, il n'y a des terroristes en Irak que depuis qu'on a arrêté de bombarder. Personne n'a encore osé soumettre a l'ONU une résolution pour que l'on recommence a rebombarder l'Irak, maintenant qu'on a une bonne excuse et que ce serait utile. Cette stratégie est probablement refusée car elle serait efficace et annulerait l'effet positif de l'attitude suivante. • Vigipirate et Defcon sont nos amis : Ces deux systèmes sont très pratiques puisqu'ils nous protègent en permanence des attentats. En effet, remis en place depuis 2001, il n'y a pas eu de nouvel attentat en France et aux Etats-Unis, ce qui n'est sûrement pas une coïncidence. Les Espagnols et les Anglais sont probablement des idiots infoutus de se protéger. Notons que cette protection se manifeste par du scotch et des poubelles en plastiques transparentes dans les gares, armes très redoutables pour lutter contre le terrorisme. Elle permet également de donner de nouvelles armes contre l'insécurité, et ainsi de faire fermer des sites internet contenant les mots « Allah » et « Bombe », comme dans « Allah, c'est de la bombé, bébé ! ». Aussi, elle autorise des renforcements extraordinaires des pouvoirs de police au nom de notre protection a tous. Ainsi, l'école primaire d'Onnaing (mon bled à moi) dispose de barrières de protection Vigipirate afin de protéger nos chers bambins qui refusent de se convertir. Cette défense et ce repli sur soi agacent énormément les musulmans un peu intégristes, mais ils agacent les gens normaux aussi. Bref, c'est un système que tout le monde déteste, mais qui permet aux acteurs politiques de se vanter de leur efficacité afin de se faire (ré)élire. La politique étant ce qu''elle est, on préfère voter des idées qu'on ne cautionne pas, au cas où. Dans un tout autre registre, on constate que la présence de cabines téléphoniques dans les villes semble aussi protéger des attaques de rhinocéros sauvages, ces animaux semblant esquiver étrangement les endroits ou sont disposées ces installations. • Les gens qui s'en foutent : au fond, raisonnable a adopter face a ce problème. l'attitude la plus III.De la FRANCE De tout les pays du monde entier, il y en a un qui me préoccupe principalement. Il se trouve que j'y vis. Ce pays, c'est la France. La France est un petit pays d'Europe Occidentale qui a la classe, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est un pays ou tout le monde est romantique, sympathique, et a hérité d'une histoire riche. C'est le pays qui a inventé l'Encyclopédie, les Lumières, la Démocratie, et le Cinéma. C'est un pays qui sait faire de beaux discours a l'ONU. En plus, toutes les nanas du monde entier sont folles des français, parce qu'ils sont très romantiques, surtout dans le métro, l'été. Les origines de notre beau pays se perdent dans la nuit des temps. A l'antiquité, notre fier peuple de Gaulois se défendait contre les envahisseurs romains. La Gaule a été vite vaincue, malgré la résistance du fier Vercingétorix, et les premières leçons d'histoire enseignés a nos bambins commencent par une défaite. Le ton est donné, nous sommes un pays de losers. Les romains, on ne les aimait pas. On aurait préféré rester entre nous, a vivre dans des huttes, a faire des sacrifices humains, a dormir au milieu des cochons. Mais non, il a fallu que Rome nous apporte un peu de civilisation et mette un peu d'ordre, sans aucun respect pour notre mode de vie, qui, comme celui des américains, n'était pas négociable. Fort heureusement, notre revanche nous l'avons eu. Le déclin de l'Empire Romain n'était pas loin au fond (juste 400 ans plus tard), et ce « détail de l'histoire », cette période gallo-romaine ou on vivait un peu mieux s'est terminée sous les assauts des barbares, les Francs principalement. Il n'y a ethniquement et culturellement aucun rapport entre Francs et Gaulois. Néanmoins, on nous assure que ce sont tout les deux des Français d'origines. Et si on aime pas les barbares, et bien pour une fois, pour eux, on fera une exception7 . Avec les Francs ont débarqué la fin de la citoyenneté et le moyen-âge, mais également le retour au dodo avec les cochons et la dictature de seigneurs et du clergé sur le peuple. Qu'importe. Nos âmes sont sauves, mais le Moyen-Age sera une époque où, contrairement à ce que pourront dire tout les historiens du moyen-âge, il ne se passe strictement rien d'intéressant. Juste quelques guerres avec les Anglais et des histoires de mauvaises coucheuses. On ne s'attardera pas donc pas trop sur cette période où la seule activité récréative consister à faire des conneries (coucher avant le mariage) et a implorer pardon à Dieu, qui répond rarement mais on fait semblant d'entendre quand même. 7 Plutôt Franc que Hun ou Romain ! La partie la plus intéressante de notre histoire vient juste après. Il y eut bien sur, la Renaissance, glorieuse époque où la France « se la pète », avec ses Lumières, ses rois, ses palais, ses peintures. Aujourd'hui, la renaissance est finie mais on continue à se la péter pour des raisons strictement identiques, bien qu'obsolètes. Renaissance et nostalgie qui persistent aujourd'hui. En 2006, on a toujours pour seul fierté la déclaration des droits de l'homme, le 14 juillet 1789, France 98, et on fait toujours de la pub pour les résultats de bac sur Minitel (bien sur, c'est hors de prix). On ne pourra pas dire que l'on a pas exploité le peu de fierté que l'on à. Le moment le plus rigolo de l'Histoire est indéniablement celui de la Révolution Française, celle qui nous a apporté la démocratie, la liberté, et qui a mis fin aux années d'absolutisme de Louis XVI. Le problème, c'est qu'en fait, Louis XVI était un roi plutôt cool, prêt a opérer une transition. Et c'est la le drame : Louis XVI était un roi REFORMISTE. Vous vous doutez bien que dans un pays comme le nôtre, ça ne pouvait pas passer. On l'a donc vite fait guillotiner pour réinstaurer a la place un régime de Liberté (la Terreur), avant vite fait de se rendre compte que la monarchie c'était mieux (Napoléon, restauration, empire). Le 14 juillet 1789 est donc la date la plus glorieuse de notre histoire : celle d'un rendez vous manqué, du refus de la réforme, et du bordel politique absolu parce qu'on est incapable de supporter un régime politique plus de 20 ans. Comme dit précédemment, il a fallu que les prussiens nous mettent une raclée pour que l'on soit enfin capable d'adopter une démocratie, la 3ème république, régime le plus long de notre histoire depuis qu'on a essayé 36 méthodes pour faire des révolutions. Mais même sous la 3ème République, nous souffrons d'inconstance. Certes, cela est en partie imputable à la façon dont fonctionnaient nos institutions. La mise en difficulté d'un seul ministre faisait chuter tout le gouvernement avec lui. On a donc ainsi eu des gouvernements variés et multiples. La France est un pays qui s'ennuie sinon. Sur Vichy, je n'ai rien a dire. Sur les 4ème et 5ème République, il y a déjà beaucoup plus a dire. Tout d'abord, on pourrait parler de la décolonisation, une des sources du masochisme franco-français. Certes, la colonisation a asservi des peuples en échange des « bienfaits » de nos sociétés mais souvenez de l'idée exprimée au chapitre antérieur : dans la grande majeure partie des cas, ils s'en foutent. Ne me prenez pas pour un fasciste, un nazi, un frontiste ou quoi que ce soit. La colonisation, c'est moche. Non, vraiment, je le pense. Néanmoins, a écouter certains discours, la France aurait mené là bas 12 000 génocides. Ce qui me permet de revenir à ce masochisme. La France est un pays, où, pour les Français, tout est de la merde. Même les Français (mais sauf les Lumières). Ainsi, il est donc de bon ton d'insister sur les honteuses parties de l'Histoire, voire même parfois d'en inventer. Il est également de bon ton que la France est un pays particulièrement raciste, racisme qui ne vaut que dans un sens (Les méchants français aiment pas les gentils arabes). Et si un jour un arabe est méchant envers un français (cas d'école, nous savons tous que ça n'arrive jamais), et bien... et bien... c'est parce que la société française n'a pas fait son boulot8 . La peur du racisme est devenu tellement obsessionnelle qu'il est presque interdit de décrire quelqu'un par sa couleur de peau. Montrez une photo d'un noir a un quidam antiraciste, demandez lui sa couleur de peau, il y a de fortes chances qu'il vous réponde que franchement, il ne sait pas. Mais il vous fera un procès dans la foulée, bien sur. L'antiracisme a également ceci de particulier qu'il fait tout pour desservir les causes qu'il est censé servir. Il se trouve ainsi au coeur d'une immense contradiction existentielle. Explication : puisqu'il est interdit de faire des discriminations, il est interdit de savoir de quelle origine sont les individus 9 . Ainsi, s'il faut aider les minorités a s'intégrer, il est par contre formellement interdit de savoir ou elles sont, combien elles sont, ce qu'elles veulent, et ce qui leur cause problème. Le mouvement se trouve donc face au paradoxe suivant : si il n'y aucune différence à faire, il ne sert a rien de défendre les victimes du racisme, car nous sommes tous pareils et toute discrimination est donc nulle et non avenue. L'anti-racisme, fondé sur la distinction, est donc raciste a la base. Voilà donc résolu le problème du racisme : en plus d'être contreproductif, il n'existe pas. Blague à part, il serait bon de réinstaller de la mesure de toute chose. Il serait bon de faire une synthèse. Il serait bon de réfléchir, d'accepter l'existence de problèmes, et de les résoudre, plutôt que de se résoudre dans un autisme. SOS-Racisme est aussi contre productif que le FN. Attention aux extrêmes diton. Et pourquoi ne pas faire attention dans les deux sens ? Tout ces développements historiques se sont néanmoins fait dans un sens : le bon. Par le bon, il faut comprendre que le fait que notre pays soit pas trop mal situé et pas trop trop pauvre a permis a des gens de vivre en ne foutant pas grand chose d'autre que de réflechir et de coucher leurs pensées sur papier, ce qui serait le métier révé par votre serviteur s'il avait ne serait ce que le quart de leur talent. Ces gens, on les a appelé les Lumières et j'en parle sans arrêt ici. C'est grâce a eux, paraît il, que nos sociétés se sont libérés, qu'elles jouissent désormais de l'accès a l'éducation, et surtout d'un droit du travail très protecteur des pauvres petits employés. 8 On notera qu'elle fait cependant étrangement très bien son boulot dans le cas d'un nombre incalculable d'autres minorités ethniques (même s'il est interdit de le faire remarquer) 9 Ne cherchez pas d'enchaînement logique, c'est comme ça et puis c'est tout. Cette volonté de protection est a relier a deux choses : le fait que notre pays est rempli de névrosés (cf la consommation d'antidépresseurs), mais surtout l'afflux sans précédent d'argent et de recettes étatiques générées par cette période que l'on appelle les 30 glorieuses. Terminée depuis 1973, cette période est toujours considérée de la part de la gauche et du français moyen comme l'alpha et l'oméga de la conjoncture économique, le référent unique. Elle est également due a une profonde schizophrénie que les antidépresseurs n'arrivent pas a guérir : celle qui consiste à dire que l'Etat, ce n'est pas nous, et ses soucis d'argent ne sont pas au fond nos affaires10. Ce n'est donc ainsi pas nos oignons si la sécurité sociale accumule un déficit de plusieurs milliards d'euros. On pourrait se dire que si, puisque sa faillite met en péril les remboursements et qu'il faudrait augmenter les cotisations. Sauf que non, on rembourse pareil (merci les génériques) et on paie/cotise a peu près pareil (a un ou deux euros près quand on va chez le généraliste). Le peuple le plus drogué légalement du monde est accroc a son système de santé. Mais il arrêtera demain. Demain, ca veut dire dans 50 ans, quand les petits enfants des chômeurs crèveront d'une crise d'appendicite. Ils n'avaient pas qu'a être des petits fils de chômeurs me direzvous. Certes. Cependant, le chômage est en France devenu pour les jeunes, une sorte de rite de passage a l'âge adulte, un truc initiatique. Le chômage, c'est un peu le deuxième bizutage de l'étudiant : celui qui sanctionne la sortie des études. Et comme tout bizutage, même si ça l'ennuie profondément, il y est très très attaché. Notamment parce qu'a partir de 25 ans, c'est un bizutage rémunéré avec plein d'avantages. Pour sortir du cercle du chômage, il n'y a qu'une seule solution : rendre plus difficile l'embauche. La logique est la suivante : si les gens qui sont au RMI ne travaillent pas, c'est parce qu'ils ne veulent pas vu que le SMIC est trop bas. La gauche propose donc de le passer a 1500 euros. Evidemment, les patrons qui n'avaient pas forcément les moyens de prendre quelqu'un au SMIC ne sont pas très contents. Oui mais voilà : c'est bien fait pour eux, car les patrons sont méchants. Toujours complexés par la branlée reçue par Vercingétorix de la main de Jules César, les français se rêvent en résistants face a l'oppression11, et continuent de vénérer des BDs parlant d'irréductibles gaulois même quand celles-ci sont devenus objectivement mauvaises12. L'oppression est aujourd'hui incarnée par trois figures de proue : • L'Etat , qu'il faut a tout prix enquiquiner par tout les moyens que ce soit, même quand on a voté pour lui, même contre son propre intérêt • Les propriétaires (qui sont méchants, car ils réclament un loyer 10 Ce qui explique que les impôts y sont presque unanimement perçus comme du racket. 11 Resistance particulierement visible en 1945 ou ils étaient probablement plus nombreux que de collabos. Enfin il paraît. On aimerait bien quoi. 12 Après avoir vanté les mérites du dernier album d'Astérix, les médias se sont bien sur gardé de parler de sa qualité. • aux locataires) Les patrons (qui sont méchants, car ils refusent de tripler le salaire tout les mois, et parfois, ils virent les gens) On retrouve notamment ces deux derniers types d'antagonistes dans les émissions de Julien Courbet, qui opposent régulièrement un gentil locataire/employé dont les droits sont sauvagement attaqués par un méchant patron/propriétaire qui le force à vivre dans la misère. Les patrons sont donc méchants. A leur sommet, il y a le MEDEF, sorte de monstre obscur qui décide d'absolument tout dans la vie et qui a le gouvernement a sa botte. Ainsi, comme Asterix, le Français défend ses droits contre cet agresseur. Dernière bataille, celle du CPE, pas « mieux que rien mais pire que tout », qui a vu la nette préférence du chômage face a la précarité. L'argument est, il est vrai, d'une logique hors norme : comment convaincre un banquier de vous accorder des crédits quand vous êtes un employé précaire ? C'est absolument impossible, bien sur. Il vaut mieux être au chômage. Ainsi, le peuple de France n'a qu'une hantise : le libéralisme 13. « Ce serait pire que le communisme » rappelait d'ailleurs à ce sujet un certain Jacques Chirac récemment. Pensez-donc : le libéralisme, c'est une doctrine ou les patrons font la loi. Obligatoirement. Absolument impossible que ce soit l'employé, non. Pourquoi ? Et bien parce que le patron est méchant. Ainsi, plutot que de prendre le risque de se voir opprimé (c'est a dire, engagé), l'anti-libéral va préferer construire une société ou le chômeur est tout puissant, ce qui est beaucoup plus sain. Je critique, mais il faut bien l'avouer : l'antilibéral moyen dispose souvent d'une vrai capacité d'analyse économique, foncièrement redoutable. Elle pourrait s'appeler trivialement « L'économie sans se faire chier ». La solution au problème du chômage passe donc (ce qu'a bien compris la gauche, et surtout son extrême) par le plan suivant : -Un CDI pour tous (le marché de l'emploi n'est pas assez rigide après tout, et il faut bien embêter les patrons) -Doubler le SMIC et le RMI -Diminuer de 80% les impots (parce qu'il faut quand même être réaliste, on peut pas tout supprimer...) -Fermer les frontières (pour se défendre des cannibales chinois et des plombiers polonais, et garder nos exportations pour nous) -Plus de trucs gratuits. Ceci fait, la France a vraiment tout les atouts pour redevenir la première puissance mondiale. 13 Et parfois le capitalisme, qu'il critique sans connaître. On oublie souvent, dans de tels circonstances, de lui demander ce qu'il préfère comme alternative : l'anarchie ou le communisme ? IV.Pourquoi les États de Darius, conquis par Alexandre, ne se révoltèrent point contre les successeurs du conquérant après sa mort. (ou : « pourquoi nous obeissons ? ») Ne me demandez pas ce que sont les Etats de Darius et encore moins où ils étaient. Comme vous avez pu le constater a plusieurs reprises, je suis assez mauvais en histoire. Par contre, Machiavel avait l'air d'être assez calé ! Bref, adaptation de titre de chapitre pour une réflexion qui sera a l'image des idées précédemment évoquées : courte. Il apparaît qu'il y a deux raisons essentielles au fait que l'être humain obéisse a son supérieur hiérarchique : la première est que les patrons sont les méchants et que l'on a pas envie d'en faire partie soi même (a moins d'être un sadique qui aime l'argent14), la deuxième est que au fond, ca évite les ennuis et qu'en plus on est payé pour ça. On pourrait expliquer un milliard de comportements humains avec ce genre de raisonnement. A la place , on a préféré donné naissance a une science complexe : la sociologie politique, et ce grâce a des années d'études, a des milliards de sondages et a des recherches permettant de payer des profs d'université super chers et de créer tout un tas de matières à options dans tout les Instituts d'Etudes Politiques de France. Tout cela pour en arriver a une conclusion somme toute assez simple : le monde se divise en deux catégories , ceux qui tiennent le pistolet, et ceux qui creusent. La où la sociologie est intéressante, c'est qu'elle nous apprend que ceux qui reçoivent les coups de pied subissent probablement du fait que leurs parents n'aient eux mêmes rien foutus a l'école, et que si l'on vote a droite, ce n'est pas de notre faute, c'est parce qu'on est né dans une famille de riches. Rassurez-vous : quoiqu'il arrive, ce ne sera pas de votre faute. Nous obéissons pour une autre raison. Une raison essentielle qu'il faut bien assimiler dès que l'on s'intéresse un peu au comportement humain : c'est parce que nous sommes des moutons. Toute désobéissance, tout rejet, suppose la volonté de faire preuve d'initiative, de sortir du lot15. Dès lors, il y a la possibilité de passer pour un idiot. Nous obéissons, car nous avons peur du ridicule. Il n'est pas 14 Il est absolument et formellement interdit d'aimer l'argent. Le dire tout haut ferait de vous le pire monstre que la Terre aie jamais porté. 15 Théorie qui s'applique de façon particulière en France, où on obéit au groupe en désobéissant a l'Etat. Pigé ? besoin d'aller beaucoup plus loin la dessus. Des expériences l'ont montré. Des tests sur la conformité (expérience Stanley Milgram, notamment) prouvent que la majeure partie de l'humanité tuerait sous la contrainte d'une « autorité », a l'usure... Ainsi, un bon plan d'asservissement du monde éléments suivants : peut comprendre les -Déclarer tout ce que vous aimez comme choses normale -Payer des intellectuels, des présentateurs TVs, pour faire ces choses normales -Lancer une émission de télé réalité sur le thème de la normalité et ce moquer des insoumis (goths, geeks, gens qui jouent aux vidéos) -Finalement, le reste se déroule de lui même : les insoumis participeront a des émissions de télé ou ils se repentiront et seront ravis d'être a nouveau dans la norme, délivrant un message positif remplis de « on peut s'en sortir » et autres bons sentiments. Les parents en profiteront d'eux même pour interdire par la suite toute activité subversive et dangereuse, comme regarder South Park a la télé et jouer a Pokemon. Vous serez « in control ». Une autre solution envisageable consiste à démarrer une religion. Mais ça ne marche pas a tout les coups et vous risquez de finir victorieux, mais cloué, ce qui ne sert pas a grand chose finalement. Une solution a ne tenter qu'aux Etats-Unis ou en Asie donc, le marché Européen et Africain ayant d'autre préoccupation, et le moyen orient complètement verrouillé... Quand a l'Amérique du Sud et a l'Australie, qui s'en soucie ? V. Des principautes ecclesiastiques L'homme a, tout naturellement, peur de mourir. En effet, on ne sait pas ce qu'il se passe APRES. Paradoxalement cependant, l'homme n'a pas peur des fins d'épisode de Lost ou de 24h Chronos. La mort, c'est ce qu'il se passe a la fin de la vie, et de tout temps les hommes ont cherché à comprendre ce qu'il se passait « après ». Bizarrement, la plupart se fichent pas mal de ce qui se passe avant, alors qu'il semble très logique que ce soit fichtrement la même chose. Se poser cette question est pourtant extrêmement rassurant puisque la plupart des gens conviendront naturellement qu'ils ne se souviennent pas de ce qui c'est passé avant leur naissance, ce qui prouve que ça ne doit pas être si terrible que ça et qu'on ferait mieux d'éviter de faire tout un foin de cet état de nature. Les religions, cependant, ont abandonné la voix de la logique pour des raisons qualifiées d' « impénétrables »16 , ce qui est tout de même bien pratique. Elles prétendent également que les divinités sont absolument invisibles, parlent au coeur des gens (et non avec de vrais mots, ce qui serait beaucoup trop facile), qu'on a absolument aucun moyen d'être sûrs, mais qu'il faut l'être quand même sinon ça va barder quand vous serez morts. Le deal est donc, le plus souvent du temps, d'avoir une vie misérable pour mourir content. Tout serait simple s'il n'y avait qu'une religion. Certes, la qualité de vie serait tout aussi désastreuse, mais au moins nos impénétrables cerveaux seraient persuadés qu'une éternité de bonheur les attend au bout d'à peu près 70 ans alors on peut bien passer de ridicules instants a s'ennuyer. Le vaste choix de religions disponibles implique cependant un grand éventail de choix de vies possibles, qui ont tous en commun de dire que les autres sont dans l'erreur. Et le problème c'est qu'ils sont foncièrement incompatibles. Les petits malins qui pensaient se convertir a toutes les religions inimaginables avant de mourir « pour être sur, au cas où) (ou tout simplement pour faire collection) l'ont, si vous me permettez cette saillie, dans l'os. Les religions sont de plusieurs types. -Les « grandes religions monothéistes » : soit le protestantisme, le judaïsme, l'Islam, le catholicisme, et j'en passe et des meilleurs. Elles vénerent le même dieu mais passent tout de même leur temps à se taper dessus au nom de l'amour fraternel. C'est l'intention qui compte. Les relations sont donc très difficiles au point qu'un auteur du nom de Samuel Huntington a parlé de « choc des civilisations », ce qui a embarrassé pas mal de monde (notamment les extrémistes anti-racistes) quand on se rend compte 16 Au contraire des jeunes catécheses. que au fond, c'est vrai que les parties juives, musulmanes, et chrétiennes du monde se tapent pas mal dessus récemment. Néanmoins, ils ont tout de même trouvé un échappatoire en affirmant haut et fort que les civilisations n'existaient pas puisque être Français ou être Anglais, c'était pas déjà tout à fait pareil. Ouf. Nous sommes sauvés, le problème est clos. Les religions « monothéistes » sont principalement les suivantes : • • Le judaïsme : les juifs sont persuadés d'être le peuple élu de Dieu, et même que c'est pour ça qu'ils en prennent plein la tronche depuis 3000 ans. On reconnaîtra donc à ce peuple la qualité d'être somme toute très peu rancunier, mais certains vont jusqu'à parler de masochisme. Ils coupent le bout du zizi de leurs enfants (mâles uniquement), ce que tout le monde trouve très très bizarre. Néanmoins, depuis que la science semble prouver que ça diminue le risque MSTs, ils s'apprêtent de nouveau a faire les malins. Hélas, les juifs (comme tout les croyants) n'ont pas le droit d'avoir de rapport sexuels, donc ça ne sert a rien. Tant pis. Ils n'ont pas non plus le droit de manger de porc ou de boire d'alcool, ce qui explique qu'ils sont en aussi bonne santé. Certains murmurent que les juifs étaient donc les premiers métrosexuels de l'histoire. Les Chrétiens : les chrétiens sont « l'espèce dominante » en occident. Ils se divisent en tout un tas de catégories (catholiques, protestants, orthodoxes), elles mêmes se divisant en une multitude de sous catégories (évangelistes, calvinistes), etc... Ce goût pour le classement et la catégorisation d'absolument tout et n'importe quoi explique en grande partie la grande complexité de l'Administration et un projet de Constitution Européenne de 300 pages, puisque nous héritons de cette culture. Les Chrétiens sont très nombreux, même si au fond ils ne sont pas sur de croire en Dieu et s'en foutent même un peu (ça ne semble plus être le critère déterminant aujourd'hui). Le grand débat agitant cette communauté est de savoir si oui ou non l'Eglise doit moderniser ses moeurs, et si on peut être amoureux de Dieu en même temps que d'une nana17 . C'est très compliqué, parce que si on réforme, cela voudrait dire que les paroles de l'Eternel ne sont pas si éternelles que ça. Néanmoins, le fait que tout ceci soit très contraignant devrait aboutir a quelques changements, tot ou tard. On avance vite, on a déjà abandonné le latin, mais on est encore loin des débats sur « est ce que sucer c'est tromper ? ». Ceux qui feront remarquer que de tels débats et réformes risquent d'aboutir a des contradictions n'ont surement jamais comparé le Nouveau et l'Ancien Testament, où la parole de l'Eternel passe d'un « crevez-tous si vous ne m'obéissez pas » à « aimez vous les uns les autres, moi je pardonne tout le monde ». L'explication est qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, ce qui apporte évidemment beaucoup d'interrogations sur le statut 17 Il y a encore beaucoup de progrès avant de savoir si « sucer c'est tromper ». Néanmoins, l'interrogation sur le célibat des prêtres n'existait bizarrement pas avant qu'on se rende compte qu'a une époque, ceux-ci étaient pistonnés par leurs parents. actuel de l'Eglise. • Les Musulmans : Il est aujourd'hui très très difficile de parler des musulmans sans en dire du mal, sauf si vous êtes musulman ou extrémiste anti-raciste. En fait, c'est parce qu'un amalgame est fait entre musulman et Islamiste. Les musulmans sont des gens globalement normaux, masochistes, certes, mais pas plus que les autres religions. Ils trouvent cependant normal de vénérer un prophète polygame qui affirme ouvertement qu'une femme vaut la moitié d'un homme. Ils répliquent a raison que les juifs et les chrétiens ne sont pas mieux cependant, et ils ont dans le fond bien raison. Le problème avec les Musulmans vient du manque d'humour de certains qui ne savent pas du tout ce que « second degré » veut dire, voir même qui ne savent pas lire. Ils se font exploser régulièrement pour défendre leur droit a l'existence et pour interdire les gens d'écouter de la musique et de ne pas porter de barbe. Décidant qu'ils devenaient un peu trop agaçant, les Etats-Unis ont décidé de leur casser la figure afin qu'on en parle plus. Ils n'ont hélas pas pris le temps d'ouvrir un dictionnaire pour constater que l'Irak était un pays laïque. Il n'y a bien sur pas que ces trois là, on trouve des tas d'autres religions. -Le Bouddhisme : le bouddhisme n'est pas une religion, mais beaucoup d'auteurs font comme si, et je ne fais pas exception a la règle. Ca consiste a mener une vie cool et sans stress pour avoir la paix. C'est donc très populaire dans les campagnes asiatiques, mais on observe que cela s'étend aux grandes métropoles du monde entier, possiblement par esprit de contradiction. -Les sectes : Elles aussi ont l'esprit de contradiction. Elles passent leur temps a être persuadés que la fin du monde est proche, et que le seul moyen d'éviter ça et de vivre reclu tout en donnant tout son argent et des faveurs sexuelles au gourou. Ca ne les choque pas. On peut en déduire qu'il faut tout de même être fichtrement idiot. -Le satanisme : Les méchants. Ils sont persuadés que l'accès a la libre connaissance, a la liberté, déterminer librement sa propre manière de vivre est une bonne chose (voir épisode de la pomme et du serpent), ce qui est profondément inacceptable pour les autres religions. Ils jouent souvent a Donjons et Dragons et lisent Harry Potter. D'autres font des sacrifices humains et mangent des vierges, mais ils sont tout de même un peu plus rares. -Les athées : Les athées croient qu'avant la vie il n'y a rien, et qu'après la mort il n'y a rien. Ils évitent de se poser la question de savoir comment on peut passer de rien a quelque chose et du « si on l'a fait une fois, on peut le refaire ? », car elles sont beaucoup trop contrariantes. Ils persistent a vouloir agacer le monde en disant que les croyants sont des imbéciles incapables de libre-arbitre. Ils ont probablement raison, mais ils sont tout de même très agaçants, ce qui explique que personne ne les invite aux repas de familles et aux mariages (de peur qu'ils mettent la mauvaise ambiance a l'église) -les agnostiques : on peut résumer rapidement les opinions des agnostiques en disant qu'ils s'en foutent un peu. -Les autres, qui de toute façon n'existent pas. Précisons également que le principal facteur d'appartenance a une religion et que papa et maman en ont fait partie. C'est pour ça qu'on baptise dès la naissance et qu'on envoie très tôt faire l'éducation religieuse, au cas où. La religion a, on l'a vu, eu une influence considérable au moyenâge. C'est encore le cas aujourd'hui, pire, on prédit que « le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas », ce qui est tout de même très inquiétant, quand on voit que cette spiritualité s'exprime essentiellement a base d'attaques kamikazes ou de frappes chirurgicales18 . La religion s'exprime dans les sociétés d'aujourd'hui par tout un tas de phénomènes, et de privates jokes assez ennuyeuses qui tiennent le monde extérieur a l'écart. Elles se manifestent par des opinions visant à : • interdire plus de trucs qu'elles sont les seules a trouver immorales (on pense notamment a interdire l'homosexualité, la masturbation, et le sexe avant la mariage, qui n'existaient pas du tout au moyen âge) • embêter les autres religions Tout ceci en fonction des idéologies expliquées plus haut. Estimez vous heureux, grâce a comprenez un peu plus le monde. 18 Bagdadéctomie, etc... ce chapitre indispensable, vous VI.Des choses pour lesquelles tous les hommes, et surtout les princes, sont loués ou blâmés. Il apparaît que dans le monde moderne, on est blamé pour tout et n'importe quoi. C'est pour ça que des milliers d'étudiants français choisissent chaque année le droit, pour être avocat et surfer sur un marché juteux, ou tout simplement, comme pour la religion, « au cas où ». Une chose est sure, si vous voulez menez une vie libre de tout reproche, il vaudrait mieux que vous, chers envahisseurs du futur, choisissiez une autre planète. Sur cette bonne vielle terre, il est de bon ton de faire des procès pour tout et n'importe quoi. Ainsi, on assigne au tribunal McDo parce qu'on est gros, ou Marlboro parce qu'on a un cancer. Pire, si jamais il a malheur de faire chaud l'été (ou toute autre catastrophe naturelle), soyez surs que vous en serez tenus pour responsable (surtout en France). Le processus, très simple, est le suivant. Dans la nuit des temps, alors que l'homme vivait dans d'étroites cavernes et s'occupait brillamment a se taper dessus avec des gourdins chaque jour plus sophistiqués, toute catastrophe devait être imputable a quelque chose d'extérieur au fautif, faute de quoi celui-ci se verrait passablement malmené, pour finir par servir d'engrais ou de farine â vaches préhistorique (les anglais n'ont rien inventé). Cette option avait l'avantage de sauvegarder l'individu (dans sa vie comme dans sa conscience), tout comme la cohésion du groupe (si tant est que l'on arrivait a montrer que la cause du malheur lui était extérieur). Puis Dieu est arrivé, et avec lui, tout est devenu beaucoup plus simple. Déjà parce que l'Ancien Testament permet d'expliquer que quoique l'on fasse de mal, c'est la faute d'Adam & Eve qui ont mis le péché en nous, et que de toute façon on peut s'en sortir pourvu qu'on travaille dur (pour peu que l'on ne soit pas homosexuel). Le Nouveau Testament rend les choses encore plus simples, puisqu'a partir de l'Acrobate, quoique l'on fasse, Dieu nous pardonne de toute façon, nous voilà bien soulagés ! On comprend donc facilement l'essor de cette religion somme toute bien pratique. Mais arrivent le XIXème siècle, la République, Nietzsche. Tout se complique fortement lorsque l'on se rend compte que Dieu est mort. Mais les brebis ne resteront pas égarées bien longtemps. Plutôt que de se voir imposer un Dieu, il apparaît plus simple de s'en créer un soi-même. Hobbes l'a appelé « Le Léviathan », nous, on lui préfère le nom bien plus sexy d' « Etat ». L'Etat, possiblement la plus importante des créations de l'Homme et celle dont il est le moins fier. Personne ne reniera le rôle de l'Etat lorsqu'il s'agit de percevoir son RMI, ses allocations familiales, ou de mettre a l'école les bambins gratuitement (c'est moins cher qu'une garderie). Mais l'Etat a une utilité bien plus importante, qui découle directement de l'instinct de survie préhistorique évoqué plus haut. L'Etat nous absout de nos péchés. Il est une extrême onction et un baptême permanents, et tout les forums internet, bistrots, et débats politiques sont nos confessionnaux. Chaque erreur, chaque malheur, chaque fatalité qui nous accable trouve un responsable. Même quand ceux ci sont d'ordres naturels. Une canicule ? La faute a l'Etat. Une tempête ? La faute a l'Etat. C'est parfois encore plus drôle : un médecin n'arrive pas a sauver un enfant malade a l'hôpital lors d'une opération ? Assignez l'hôpital au tribunal, il vous remboursera. Un enfant né handicapé ? La aussi, il est de bon ton d'exiger des indemnités a l'Etat, car c'est de sa faute après tout. Bienvenue dans une société qui refuse trois choses, la mort, la fatalité et l'autocritique. La mort, car il est absolument impossible de nos jours d'accepter que l'on puisse mourir, que l'on puisse avoir un accident de voiture. Cela part du sentiment noble de vouloir faire reculer la mortalité, mais cela aboutit au principe de précaution que tout les agriculteurs du monde connaissent bien. Tout ce qui peut entraîner, d'une manière ou d'une autre, la mort doit être évitée. Bientôt, cela signifiera sortir dans la rue et sortir du lit. La fatalité, car il est absolument inconcevable que certaines choses arrivent sans raison, sans logique, parce que notre univers est ainsi fait, comme un séisme, un tsunami, un cancer. Systématiquement, il faut trouver un moyen de faire un procès a quelqu'un. Et nous avons une cible toute désignée. L'autocritique, car il est absolument impossible que si des enfants tournent mal, ce soit la faute des parents. Absolument impossible que si nous sommes au chômage, ce sont a cause de mauvais choix et d'une mauvaise orientation scolaire19 . Non, tout est la faute de ce cher Etat. Tout. C'est pourquoi il faut le combattre a tout prix. L'Etat est également responsable de l'alcoolisme (et non plus les alcooliques), et du cancer (et non plus les fumeurs), car il laisse faire. Nous sommes des enfants dont les parents sont trop permissifs, alors on veut qu'il sévisse plus : c'est pourquoi la réponse a tout les problèmes de l'humanité a une solution simple : la loi. Dieu est France... mort, vive l'Etat, premier assureur tout risque de Futurs gouvernants, ne cherchez pas a éviter le blâme, vous l'aurez comme punition pour avoir réussi dans la vie. Ne cherchez même pas à être vertueux, ils trouveront forcément quelque chose. 19 Ou plutôt si, mais dans ce cas on blâmera le conseiller d'orientation plutot que soi même. Comme si c'était si difficile de se renseigner... VII.De la libéralité et de l'avarice. Il est deux fléaux du monde, deux fléaux entre lesquels nos sociétés sont forcées à choisir, mais dont on a l'impression a chaque fois que la société choisit sans nous.20 La peste ou le choléra ? Le capitalisme ou le communisme ? Les hommes , a part quelques primates, ont désormais opté unanimement pour le capitalisme, et Fukuyama a écrit sa célèbre « Fin de l'histoire », et ils vécurent heureux, en paix, et en harmonie, et eurent beaucoup d'enfants.21 Enfin, c'est ce qui ce serait passé s'il n'était pas de réputation mondiale que nous ne sommes jamais contents. Avec le capitalisme sont arrivés une foultitude de bonheurs, par l'intermédiaire de cette 8ème merveille du monde qu'est la société de consommation, qui n'a eu que des conséquences positives : une voiture pour tous, une télé pour tous, l'avènement d'une société de loisirs et l'accomplissement du rêve de Bill Gates : un Windows sur chaque bureau. Mais avec lui est également arrivé le mal absolu, celui que l'on déteste par dessus tout, l'ennemi de classe, le patron. Un antagonisme qui n'est pas sans rappeler un certain Karl Marx. Car si le portefeuille est a droite, le coeur est a gauche. Si la pratique est libérale, l'âme reste communiste. Ceci explique les déclarations déjà évoquées d'un Jacques Chirac affirmant, entre deux négociations de ventes d'Airbus, que le libéralisme serait pire que le communisme. Le libéralisme fonctionne en effet sur des postulats absolument inhumains : la libre détermination des prix selon l'Offre et la Demande. Un astucieux système qui par le jeu de la concurrence permet de tout payer moins cher. Hélas, comme toute règle, on aime le libéralisme uniquement quand il ne s'applique pas à nous. La concurrence, c'est bien seulement si ca fait augmenter les salaires. « L'homme n'est pas une marchandise », crient les altermondialistes. Ils ont tort, bien sur. L'Homme est tout simplement la seule marchandise qui est capable de se plaindre de son prix (qu'il juge en permanence trop faible). Il apparaît rapidement, pour quiconque ne prend pas Alice au Pays des Merveilles au premier degré, que le libéralisme est le seul système viable, et que sa seule alternative est : rien du tout. Du vide, c'est tout ce qu'ont ses détracteurs à proposer. Le non au référendum de la constitution européenne s'explique22 par un refus de l'Europe des Patrons. Car comme vu plus haut, le Patron est méchant et asservit l'humanité. La France reste communiste dans 20 Car a chaque fois que l'on critique la société, il est bien sous-entendu qu'il s'agit de « nous exclu » 21 Sauf en Chine, mais c'est un Etat communiste après tout. 22 Du moins c'est ce qu'on dit pour ne vexer personne l'âme, quoiqu'elle en dise. Toute personne de droite sait instinctivement qu'elle a intérêt à se taire lorsque ça parle politique au bureau, sous peine de finir pendu a un crochet de boucher. Les alternatives existent, on les a vu plus haut, et il n'est pas question de s'exciter ici et de gâcher du papier et des octets a refaire ce discours. Mieux vaut revenir sur le véritable défaut qui pourrit tout ceux qui ont de l'argent : l'avarice. Si le patron, ce traître bourgeois, est méchant, c'est qu'il est avare. Ce n'est, bien sur, jamais parce qu'il souhaite que sa compagnie puisse s'étendre, rester compétitive, afin peut être dans l'avenir pouvoir embaucher plus de personnel. Adam Smith parlait d'une « Main Invisible », qui faisait en sorte que les intérêts des patrons rejoignent ceux des employés. Adam Smith ne se doutait pas que ces derniers n'y verraient, au bout du compte, qu'un doigt d'honneur parfaitement visible. Le patron est fourbe. Il est méchant, et il est souvent attaqué par Julien Courbet (lui même patron, donc il sait de quoi il parle) et ses acolytes. Son essentiel tort est qu'il ne paie pas assez ses employés, le résultat est que ceux ci vivent de plus en plus mal. Car tout le monde est unanime la dessus, surtout les magasins Leclerc : nous vivons de plus en plus mal et notre pouvoir d'achat ne fait que diminuer. Bien sur, nous vivons de plus en plus vieux, le taux d'équipement des ménages en électroménager, hifi, produits culturels et high tech n'a jamais été aussi élevé, le niveau d'études aussi bon, et les loisirs de plus en plus importants, mais ce sont des détails. On est de plus en plus malheureux, et on le sait. Un point c'est tout. D'ailleurs on est tous sous anti-dépresseurs, c'est un signe qui ne trompe pas. Et cette avarice, elle n'a qu'un seul but. Nous empêcher d'avoir plus d'argent, encore et toujours, nous empêcher d'avoir moins de choses gratuitement, nous empêcher d'être « économes ». L'Avarice du patron a ceux-ci d'insoutenable qu'elle se met en travers de notre propre avarice. Aussi, envahisseur du futur, il n'y a qu'une seule solution a ce dilemme : exploitez notre bêtise. Jouez sur l'inflation, triplez les salaires tout en triplant les prix. Nous n'y verrons que du feu. Après tout, nous sommes bien persuadés que tout est plus cher alors que nous avons bizarrement de plus en plus de choses. VIII. De la cruauté et de la clémence, et s'il vaut mieux être aimé que craint. Le voici, le chapitre qui fit connaître Machiavel au monde. Celui ou a été énoncée la fameuse loi « La fin justifie les moyens ». Il n'a certes jamais écrit cela, mais on lui attribue, et on s'en sert pour faire du penseur politique une bête innommables aux intentions louches. Machiavel croyait en effet que, quitte à choisir, mieux valait-il être craint qu'aimé, parce que l'amour envers le Prince était rapide a faillir, ce dernier rapidement cocu, tandis que la crainte repose sur l'éternelle peur pour sa vie, ce qui est tout de même beaucoup plus durable que l'amour23. Machiavel était un optimiste, et c'est ce qui va me permettre d'expédier ce chapitre en moins d'une demi-page. Le dilemme ne se pose plus : il est aujourd'hui impossible pour un gouvernant d'être aimé. Vraiment, ce n'est plus la peine d'essayer. Soyez donc craints. Au moins, peut-être, vous pourrez réformer. 23 Et l'auteur sait de quoi il parle. IX. Comment les princes doivent tenir leur parole. Voilà un dilemme d'autant plus cornélien que le chapitre précédent était succinct. Et pour cause : pourquoi diable chercher à tenir parole quand on peut être craint ? Il apparaît néanmoins que Le Prince a tout intérêt à tenir parole, et ce, à chaque fois que cela est possible. Non seulement, ça permet d'éviter de donner du grain à moudre à vos opposants, mais en plus ça donne une bonne hygiène de vie. Pour bien tenir envisageables : sa parole, il y a plusieurs hypothèses Tout d'abord, ne pas faire de promesses irréalisables. Je sais, ca paraît farfelu, mais en 2006 encore, des hommes proposent d'interdire les licenciements ou une immigration zéro. Ce qui est grave, c'est que d'autres hommes les croient et votent régulièrement pour eux. Bien sur, comme ils ne seront jamais élus, l'argumentation est que l'on ne pourra jamais prouver qu'ils ont tort ou raison, et qu'il faut donc être sacrément de mauvaise foi pour les critiquer, non mais ! Les promesses irréalisables marchent, car elles plaisent a tout le monde (sauf aux patrons, ce qui est un bonus appréciable). Évidemment, leurs mises en application causeraient un bordel économique pas possible, mais il est bien connu que l'économie, ce n'est pas notre problème: c'est celui des patrons et de l'Etat, bref, on a tout à gagner a tripler le SMIC. Il est par contre intéressant de se demander pourquoi il est si facile de croire en des promesses. La aussi, plusieurs hypothèses sont à avancer. La première est que les gens sont idiots, ce qui est vrai, mais qui n'explique pas tout. Une autre, c'est la tactique des oeillères : un danger n'existe pas si on ne le voit pas et qu'on l'attribue comme étant le problème de quelqu'un d'autre. C'est la fameuse politique du « y'a qu'a », qui explique qu'il y a autant de mauvaises manières de résoudre le chômage qu'il y a de Français. Hélas, les solutions envisagées (augmenter les dépenses, diminuer les impôts) dénotent a la fois d'une vision a court terme dangereuse, mais aussi d'un comportement suicidaire qui l'est encore plus. Encore une fois, ceci est à relier a la forte consommation d'anti-dépresseurs. Selon la même théorie qui veut qu'un danger n'existe que s'il est visible immédiatement on retrouve toute une politique de gestion des problèmes environnementaux : la Terre, on ne l'aime qu'en période de forte canicule. Et encore, avec la clim'. Enfin, si il s'avérait qu'un astéroïde allait entrer en collision avec la Terre, la tactique envisagée serait probablement de dépenser des milliards de dollar pour le repeindre en noir. Comme ça on ne le verra plus, et ce ne sera plus la peine d'y penser. Une autre manière de tenir parole, passe par un art délicieux, quelque chose qu'un enfant de 5 ans saurait reconnaître mais dont les hommes politiques continuent d'abuser24 , ce truc c'est la « langue de bois ». La langue de bois est née de deux choses : tout d'abord, la classe sociale de la plupart des hommes politiques fait qu'ils ont été élevés dans un milieu aisé, où il y a des tas de choses qui ne se disent pas. Enfin, il y également le refus de la réalité. Parfois, on ne sait pas trop a quoi elle sert, comme quand Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac tiennent à maintenir le suspens sur le fait qu'ils se présenteront ou non aux prochaines présidentielles, comme si la réponse a la question ne crevait déjà pas les yeux. La question posée par la langue de bois est : a quoi cela sert-il de tenir parole quand la parole elle même est constituée de de phrases complètement dénuées d'information ? A tenir parole, justement. Tenir parole est devenu une fin en politique, non pas un moyen ou une valeur quelconque. Quitte a ce que cela devienne n'importe quoi. Un corollaire de cette tactique, qui consiste a modifier la parole pour qu'elle colle bien a la réalité, est tout simplement de modifier la réalité afin qu'elle colle a la parole. Pour faire baisser le chômage, baissez les chiffres ou modifiez la définition du chômeur. Bien sûr, tout le monde s'en rendra compte mais au moins, vous aurez tenus parole. Et quand bien même le chômage baisserait réellement, on ne vous croirait pas de toute façon. Surtout en France, pays où tout va mal, et tout ira éternellement mal, car ce ne peut pas en être autrement. Le chômage ne peut pas baisser, tout comme la qualité de vie ne peut pas augmenter. Toujours cette bonne idée selon laquelle quoi que l'on fasse, rien n'ira mieux. Antidépresseurs, toujours... Au final, et cela devient une constante dans cet ouvrage, il apparaît que le meilleur moyen de tenir parole est tout simplement de ne pas parler. Je ne suis même pas sur qu'on vous le reproche. Quand on ne vous aime pas, le meilleur moyen de survivre est de passer une existence tranquille est tout simplement de se faire oublier. Même si vous faites ce que vous dites, vous êtes foutus, car vous faites quelque chose. Il paraît que les actes valent plus que les paroles, et on reproche justement aux politiciens de trop parler. Et si on les laissait agir ? 24 Ceci montrant qu'ils tiennent en trè s haute estime l'intelligence de leurs concitoyens, ou bien qu'ils sont psycho rigides, et qu'ils feraient bien, eux aussi, de prendre des anti-dépresseurs. X. Des secrétaires des princes. Certains ont a l'annonce du chapitre , je le vois d'ici, une lumière dans l'oeil, un rythme cardiaque s'accélérant, une poussée de testostérone et se disent : « ca y'est, ca va enfin parler de sexe ». C'est oublier que le terme « secrétaire » ne signifie pas forcément « potiche qui maîtrise Word et qui fait le café », en vieux Français et en actuel anglais, il signifie aussi « ministre », ce qui, dans la pratique, revient strictement a la même chose. Comme vu plus haut, les démocraties sont des systèmes très complexes et variées, régit, comme en domaine militaire, par une « chaîne de commandement ». Néanmoins, ils ont a peu près tous en commun d'avoir des fonctionnaires inutiles. Ce sont les petits fonctionnaires, mais aussi les hauts fonctionnaires, dont le pouvoir décisionnel se limite a la marque de la photocopieuse (et encore...) L'organisation politique « moderne » se base sur ce fabuleux concept qu'est la « séparation des pouvoirs ». En gros, ca veut dire que le même boulot est fait par plusieurs personnes à la fois. Le terme technique pour « séparation des pouvoirs » n'est autre que « division du travail » ou « manufacture d'épingles ». Maintenant que l'on sait bien a quoi servent ses secrétaires, toute la confusion du monde moderne consiste à savoir qui est Le Prince. Dans la version officielle, philosophique du concept démocratique, il s'agit du peuple qui désigne des gouvernants et représentants qui travaillent à son service. Certains affirment cependant qu'une fois élu, ceux-ci font ce qu'ils veulent. Ils cherchent cependant pour la plupart à se faire réélire tout en servant l'Etat qui les embauche du mieux qu'ils peuvent. La vérité est donc : « les deux ». Les ministres, eux, ne servent pas à grand chose. Ils sont tout simplement a la tête d'une horde de fonctionnaires, eux-mêmes a la tête d'une autre horde, et ainsi de suite. Le travail du ministre consiste a appliquer le programme du chef du gouvernement. Tout discours impliquant un gouvernement « travaillant ensemble » est une vaste blague. Le gouvernement obéit. A quoi sert un gouvernement alors ? En dehors de l'aspect extrêmement pratique de la chose (il fait les basses besognes et s'occupe de la paperasse, ce qu'aucun dirigeant n'aurait envie de faire), il dispose également d'une utilité plus concrète : prendre les coups. La théorie et la science politique ont parfois raison, ne soyez pas choqués. L'un des concepts développés est le rôle de fusible du premier ministre (ou du ministre tout simplement). Le principe est simple : chaque action est endossée par le ministre alors qu'elle n'est pas décidée par lui, ainsi, il endosse également le blâme si cela se passe mal. Le ministre s'use, puis saute, comme un fusible. Il suffit alors de le remplacer et le peuple n'y voit que du feu, tout content d'avoir une nouvelle tête et d'avoir réussi à se faire un politique, et ce même si la politique menée par la suite est strictement identique. L'arme est a double tranchant cependant. En tant que bon Prince, vous avez tout intérêt à endosser des actions risquées mais à succès, personnellement. Si vous la confiez a un de vos ministres, celui-ci risque de voir sa côte de popularité augmenter, et vous ne voulez pas ça. La popularité monte vite à la tête des ministres, et ils se prennent vite a avoir des idées de devenir calife a la place du calife. Voire pire, ils pourraient se tirer dans les pattes entre eux. Et chacun de leur tort finirait par éclabousser votre personne et ternir votre image de seigneur bienveillant. Finalement, la meilleure attitude a adopter vis a vis des Ministres (ou secrétaires, qu'importe comment vous les nommez) est ... de ne pas en avoir. La séparation des pouvoirs a inventé un concept : la bureaucratie. Certes, il n'est pas nécessaire d'avoir une démocratie pour avoir une bureaucratie. Ca marche aussi avec les services après vente de n'importe quel produit. Bref, plus vous avez de ministres, plus votre chaîne de commandement se rallonge, plus la moindre mesure devient contraignante, lourde administrativement, et plus les chances que ça capote a cause d'un idiot qui a mal fait son boulot sont grandes. Il n'y a pas de petites économies, et mieux vaut faire les choses soi-mêmes plutôt que de les confier à n'importe qui. Passez donc au dessus de cette séparation des pouvoirs. Après tout, personne ne sait trop a quoi elle sert et pourquoi elle est si importante. Et si vous avez tenus jusque là vous n'êtes pas un démocrate absolu de toute façon. XI. Comment on doit fuir les flatteurs. Un chapitre qui sera beaucoup plus pratique théorique que les autres). Assez court aussi. (et donc moins Avez-vous remarqué comme, lorsque vous gagnez au loto, de nombreux amis se rappellent à vous, y compris ce type qui était en 6ème avec vous, au fond de la classe, et avec qui vous ne parliez jamais ? Certes, probablement pas, puisque si vous étiez riche, vous auriez probablement des milliards de choses plus intéressantes à faire que de lire cet essai, même aux toilettes. Le pouvoir attire le même type de personnes, et vous serez entourés dans votre palais d'intrigants, de faux amis, de personnes qui ne vous aiment que parce que vous avez à la fois le pouvoir de les rendre très riches25 , ou de les envoyer en prison26 , ce qui est tout de même très pratique. Il est pourtant pratique, quand on est un homme de pouvoir, d'avoir sa cour, d'être le Roi Soleil autour de quel orbite un petit univers, et ce pour deux raisons : • • parce que c'est cool parce que c'est parfois utile Le pouvoir, c'est quand n'aurait pas faite sans groupies, plus vous avez facteur déterminant. Vous une personne A fait une action qu'elle l'intervention de B. Plus vous avez de de pouvoir, mais ce n'est pas le seul pouvez aussi avoir des fonctionnaires.27 La cour, les ministres, les groupies, ce sont tout ces méchants que des personnages comme les ennemis de James Bond, l'Empereur Palpatine, ou pire, Fantomas, emploient pour embêter les gentils. Bien sur, vous n'êtes pas obligés d'être un méchant vous même pour disposer de tels soutiens, mais vous devez bien comprendre l'impact que cela a sur la population et l'Aura que cela aide a vous créer. Ca vous rendra également plus populaire auprès des femmes.28 Il faut donc bien faire attention avant de chercher à « fuir les flatteurs ». Mais comme vu plus haut, cela peut s'avérer nécessaire si certaines personnes cherchent à profiter de vous. Il y a deux façons de gérer ce genre de problème. 25 26 27 28 Par l'intermédiaire d'un emploi fictif ou assimilé Par l'intermédiaire de Clearstream ou assimilé Certains diront que c'est la même chose ou assimilé Et si vous êtes une femme (ou assimilé), vous êtes forcément féministe sinon vous ne liriez pas cet essai, vous en tirerez donc profit en ayant des dizaines d'homme a vos pieds, ce qui, pour vous, ne sera qu'un juste retour des choses si l'on prend en compte la longue histoire de l'humanité qui se résume a l'asservissement des femmes par une bande de mecs qui sont tous des gros beaufs au fond. (Essayez de dire cette phrase 10 fois très vite sans respirer) Tout d'abord, montez lui une affaire sur le dos. C'est très facile, rajoutez deux lignes dans un fichier Excel ou bien offrez lui un appartement ou une voiture de fonction luxueuse, avant d'organiser une fuite vers le Canard Enchainé. Absolument personne ne peut résister à ca. S'il essaie, vous pouvez peut-être vous en sortir en l'ayant a l'usure, avec un peu de chance il empruntera la même porte de sortie que Beregovoy. Il existe une autre solution, certes plus pernicieuse mais beaucoup plus efficace, jouissive, et parfaitement légal si vous vous débrouillez bien29. Elle consiste à transformer un inconvénient en avantage, un boulet en atout. Car si le flatteur parvient a être ennuyeux et populaire, c'est tout simplement souvent qu'il a des idées, et qu'il est peut être bon dans ce qu'il fait, même s'il s'agit d'une véritable ordure. Il est bon d'avoir ce genre de personnes près de soi, mais uniquement lorsqu'elles sont a votre service. Amadouez-le. Offrez lui un poste sympathique, tout en étant ferme avec lui. Finalement, il verra que son intérêt et de coopérer avec vous. Vous aurez alors quelques années pour essayer de le torpiller, que ce soit avec la technique du fusible ou en lui collant une ou deux affaires sur le dos. Le tout est de l'avoir près de soi, et d'attendre. Vous commandez, il exécute. Avec un peu de chance, ca marchera pour de vrai. Mais pas toujours, si vous vous débrouillez mal, il vous éclipsera... Tout ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est bien sur fortuite. 29 On trouve de nombreux aspirants Princes en DEUG de Droit, mais la plupart se contentent de juste faire ça pour la sécurité sociale, draguer, et ratent leurs vies de toute façon. Conclusion : Exhortation a delivrer la france des barbares Il faut commencer petit. Notre espèce n'est pas exempte de défauts, nous le savons. Et il est futile d'espérer tous les résoudre. Alors commençons petits, commençons par nous mêmes. Regardons-nous, pour une fois constructivement, le nombril. On parle souvent des déclinologues. Uniquement pour en dire du mal, bien sûr. Allons ! Qui sont-ils ces ronchons qui passent leur temps a se plaindre, critiquer, sans rien proposer (ou pire, proposer des trucs de DROITE), qui ne voient rien de bon dans leur bon pays ? Et vous vous dîtes, logiquement, que cet essai en fait parti. Et vous avez raison. Mais les déclinologues ne cherchent pas qu'a se faire de l'argent. Enfin si, mais pas plus que les autres30 . Souvent le but n'est que de proposer un électrochoc des mentalités. Je me doute que ce texte n'y parviendra pas, mais ceux qui me connaissent savent bien qu'il n'est au fond écrit sans but précis. En fait si, je n'espère que deux petites choses concernant ceux qui sont arrives jusqu'au bout de ce texte. Tout d'abord, qu'il eût été divertissant. La tonalité humoristique de l'ensemble est tout autant pour moi un exercice de style qu'un test pour savoir si j'étais capable d'écrire un essai aussi long sur ce sujet, tout en étant pas ennuyeux. J'espère avoir réussi. Une autre envie, probablement un vain espoir, est que ce misérable essai31 constitue sur un ou deux points parmi soulevé quelques accords, quelques petits débuts de réflexions, ne serait ce que sur un fil d'un forum internet quelconque, ça serait déjà pas mal non ? On ne change pas le monde avec un petit texte de 39 pages, mais si on peut l'amuser tout en le faisant réfléchir un peu ! Et un petit plus, trop prétentieux peut être, ce serait que cela vous fasse vous tourner vers la littérature politique. Celle de Machiavel, peut être... 30 Cet essai est 100% bénévole ! 31 Que je considère moi même comme du vomi écrit, puisqu'il s'agit de faire ressortir tout ce qui m'irrite du corps social auquel j'appartiens....