L`épicier et le perroquet

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L`épicier et le perroquet
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TAPIS VOLANT
« Ohé Ohé …Faites silence, faites silence,
c'est la queue du chat qui danse,
quand le chat a dansé,
quand le perroquet a arrêté de parler,
le silence est arrivé,
CHUUUUU … mes contes magiques peuvent commencer. »
« L’épicier et le perroquet »
d’après un Conte persan
Il était une fois quelque part dans une ville de Perse
(l’Iran aujourd’hui), comme dans toutes les autres villes,
un bazar ; et dans ce bazar, un épicier, Ali dont les
affaires étaient prospères, voire, très prospères ; sa
boutique ne désemplissait pas ; il y avait toujours là
quelqu’un qui voulait acheter quelque chose.
Au milieu de ses jarres, de ses bocaux au milles épices précieuses : cannelle,
safran, curcuma et de ses paniers de remplis de plantes aromatiques, Ali avait
des tapis… pour certains magiques, dont quelques formules secrètes
pouvaient les transformer en tapis volants, c’était des tapis du meilleur
choix …
Notre épicier Ali avait, aussi, un magnifique perroquet, appelé Coco qui, outre
ses superbes plumes vertes, il avait aussi une langue bien pendue, un vrai
moulin à paroles.
Aux yeux d’Ali, l’épicier, Coco, le perroquet était plus qu’un animal de
compagnie : il était un fidèle ami qui gardait la boutique en son absence et qui
de surcroit connaissait tous les modes d’emploi des fameux tapis.
Coco le perroquet se familiarisait, rapidement, avec les clients, qui, tout en
faisant leurs emplettes, s’amusaient à bavarder avec le bel oiseau.
Au fil du temps, le perroquet s’était, donc, transformé en un pôle d’attraction,
pour les clients.
Chaque jour, ils devenaient plus nombreux et s’empressaient chez l’épicier,
rien que pour voir ce fameux perroquet qui parlait si bien et qui selon les
légendes détenait quelques formulettes au pouvoir magique….
Bref, les affaires marchaient très bien pour Ali l’épicier, qui vendait entre
autres mille épices au meilleur prix et quelques rares et précieux tapis ….grâce
au bel oiseau.
Un beau jour, Ali l’épicier est rentré chez lui pour déjeuner ; Coco le perroquet
est donc resté seul, dans la boutique.
Soudain, un gros matou noir a sauté brutalement au milieu de l’échoppe, pour
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poursuivre une souris.
Tout effaré, le pauvre perroquet, craignant pour sa vie, s’est réfugié, dans un
coin de la boutique, et s’est mis à battre, désespérément, des ailes, au milieu
des paniers d’épices…des bocaux de vinaigre, de sirop, de sucre et d’huile, non
loin des tapis magiques…
Et c’est, dans ces instants de panique, que ses ailes ont frôlé une jarre d’huile …
Elle s’est ébranlée, a tangué quelques secondes et a fini par tomber, avec
grand fracas, par terre.
Toute l’huile s’est répandue partout et s’est déversée, avec toutes les épices,
sur le plus beaux des tapis.
Le pauvre perroquet Coco, tremblant comme une feuille, est resté prostré,
figé dans un coin ; il n’a plus dit un mot, jusqu’à ce qu’Ali l’épicier rentre à la
boutique.
Imaginez dès qu’il a ouvert la porte …. à quel point Ali l’épicier, a été choqué
par tout ce désordre !
Il n’a rien pu dire, pendant quelques instants ; il ne savait où mettre les pieds,
où s’asseoir. Il était furieux de voir l’état du sol et des tapis, les mille épices si
précieuses étaient perdues, quel gâchis !
Ali l’épicier a pris la première chose qui lui est tombée sous la main : le manche
d’un balai et pan…..
Il a frappé le perroquet à la tête, lui faisant voler quelques belles plumes vertes.
Le coup a été si dur que le perroquet en a perdu les plus belles plumes de sa
tête et il est devenu tout chauve.
Hélas, si notre épicier avait pu seulement être aussi chauve !! L’histoire aurait
été différente
Coco, le pauvre perroquet de notre histoire, tout en perdant ses plumes, en a
perdu, aussi, l’usage de la parole et est devenu muet comme un carpe.
Or Ali l’épicier, adorait écouter son perroquet parler, d’autant plus qu’il
détenait toutes les formules magiques des fameux tapis. Maintenant il
regrettait son geste mal venu, il s’en mordait les doigts mais le mal était fait.
Il caressait l’oiseau.
- Pardon Coco peut-être me pardonneras-tu, et recommenceras-tu à parler ?
Mais Coco avant si bavard… restait, désespérément, silencieux, pas un mot ne
sortait, désormais, de son bec.
Les tapis ne se vendaient plus, plus personne ne venait lui chercher quelques
épices, pas même un peu de cannelle pour assaisonner ses boulettes ou ses
brochettes de viande.
Lorsqu’Ali l’épicier voulait le caresser, Coco détournait la tête.
Il se renfrognait et restait dans son coin.
Tout penaud, Ali l’épicier essayait de se consoler :
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- quelque chose t’a certainement effrayé mon Coco ! Patience ! Tu t’en
remettras dans quelques jours. Nous nous réconcilierons et nous serons
de nouveau, amis.
Le silence du perroquet était mauvais pour les affaires de l’épicier : avant une
grande majorité de ses clients se rendait à sa boutique, pour voir seulement,
Coco et s’amuser de ses prouesses d’orateur et pour apprendre aussi les
légendaires formules magiques.
Ali avait fait tout ce qui était en son pouvoir, pour que le perroquet parle de
nouveau ; trois jours et trois nuits sont passés ainsi.
Le quatrième jour, le pauvre Ali s’était assis à la porte de son épicerie,
désormais, déserte.
A ce moment un tisserand franchit le seuil de l’épicerie d’Ali.
Le tisserand ne portait, ni bonnet, ni d’autre couvre-chef sur sa tête qu’il avait
toute chauve.
En voyant ce nouveau client, le perroquet s’est mis à battre des ailes,
joyeusement, et a crié
- «Ohé étranger ! tu as, toi aussi, fait une sottise ! tu as jeté par terre la
jarre d’huile et renversé un peu trop d’épices, c’est pour ça que toi
aussi tu es devenu chauve comme un œuf ?»
Ali l’épicier a éclaté de rire en entendant cette comparaison.
Ahuri, le tisserand, quant à lui a regardé, tour à tour, le perroquet et son
maître.
- Je ne comprends pas Monsieur l’épicier pourquoi votre perroquet rit de
ma tête chauve !
L’épicier lui a raconté toute l’histoire.
- Je vais vous raconter toute l’histoire Monsieur le tisserand.
Le pauvre Coco croyait que tous les chauves avaient fait une bêtise
tomber comme lui une jarre d’huile par terre, et qu’en punition ils
avaient reçu de leur maître un coup dur à la tête, pour devenir chauves.
Ali riait, Coco riait, le tisserand riait, ils riaient en chœur….
Depuis ce jour, Ali l’épicier n’a plus vendu que de simples tapis.
Et depuis ce jour aussi on ne trouve plus de tapis magique dans les boutiques,
ni en Iran, ni ailleurs…
Car si Coco a retrouvé l’usage de la parole, il avait tout de même perdu la
mémoire de toutes les formules magiques, celles-là même qui permettaient à
chacun de ces tapis de voler…
Depuis, selon certaines légendes orientales il se raconte que certains génies
apparaissent parfois, souvent dans certains déserts ou dans quelques forêts
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profondes pour offrir un tapis volant et qu’ils indiquent quelques formules
magiques pour les faire s’élever dans le ciel.
Ne connaissez vous pas les histoires des « Mille et unes nuits »
« Ali Baba et les 40 voleurs » ou encore « Aladin et la lampe magique »…
« (...) Je monte sur la queue d'une souris, elle fait tititi, tititi…
…et mes contes sont partis. »